Le territoire alpin s’étend aujourd’hui sur neuf départements du côté français. Parmi ces derniers, seul le département des Hautes-Alpes témoigne d’une singularité au sein des résultats de l’enquête Maggiolo sous l’Ancien Régime. Il détient un taux d’alphabétisation masculin élevé (plus de 70 % des époux ont signé leur acte de mariage), et même le premier rang français à la fin du XVIIe siècle. À cette même époque, et ce depuis 1343, le nord de ce département a acquis – par l’intermédiaire d’une transaction dénommée La grande charte des libertés briançonnaises – de nombreux droits en échange d’une rente perpétuelle. Tout en instaurant un régime politique particulier, dénommé aujourd’hui la République des Escartons, terme que nous emploierons dans cette recherche, une identité propre s’est forgée au cours de ces quatre siècles. Symbole fort pour toute une communauté, le rôle de ses représentants était de défendre le contenu de la Charte, comme à chaque avènement de dauphin, car de no...
Comprendre l’alphabétisation en territoire haut-alpin : de l’enquête Maggiolo à la considération de l’aisance de la signature
Résumés
L’enquête Maggiolo cherchait à mesurer le taux d’alphabétisation des Français — principalement en zone rurale — en répertoriant le nombre de signatures d’épouses et d’époux dans les registres de mariage. Néanmoins, ce procédé a eu l’inconvénient de ne pas prendre en compte le rapport à l’écrit qui différait selon les signataires. Peut-on en déduire, sur la seule base de la présence d’une signature, qu’une personne sait écrire ou lire ? En croisant les résultats de l’enquête Maggiolo, qui souligne de forts taux en territoire haut-alpin, avec le dépouillement systématique des registres d’état civil d’un échantillon de communes de ce département montagnard, cette recherche vise à questionner les résultats de cette enquête — pour les deux premières périodes de celle-ci (1686-1690 et 1786-1690) — et à en offrir une nouvelle lecture. Pour ce faire, nous nous appuyons, tout en l’affinant, sur la méthodologie utilisée respectivement par René Grevet, Jean Quéniart ou encore Marc Loison qui associent au processus d’alphabétisation non pas la seule présence de la signature au bas d’un registre mais plutôt la forme et l’aisance de celle-ci.
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Angélique Blanc-Serra, « Comprendre l’alphabétisation en territoire haut-alpin : de l’enquête Maggiolo à la considération de l’aisance de la signature », Histoire de l’éducation, 162 | 2024, 227-262.
Référence électronique
Angélique Blanc-Serra, « Comprendre l’alphabétisation en territoire haut-alpin : de l’enquête Maggiolo à la considération de l’aisance de la signature », Histoire de l’éducation [En ligne], 162 | 2024, mis en ligne le 01 janvier 2027, consulté le 15 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/histoire-education/10419 ; DOI : https://doi.org/10.4000/1387w
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