La transmission religieuse dans les lycées catholiques bretons (XIXe-XXe siècles)
Résumés
Dans les institutions catholiques d’enseignement secondaire de l’académie de Rennes, la transmission religieuse reposait sur l’imposition d’une norme, jusqu’au milieu du XXe siècle. Ce modèle vertical, fondé sur l’obligation, était globalement accepté parce qu’il portait la promesse de la réussite sociale et spirituelle. Il se fissure au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avant d’être massivement rejeté dans les années 1960. La pratique religieuse imposée disparaît alors et les offices en milieu scolaire se raréfient. Une recomposition s’amorce à partir des années 1980. Désormais, la transmission religieuse passe par une proposition pastorale, qui s’appuie notamment sur des échanges, des temps forts spirituels et une réflexion sociale à la lumière de l’Évangile. L’effondrement de la pratique, associé à la crainte d’une dilution dans un humanisme teinté de christianisme, a débouché au début du XXIe siècle sur une forme de réaffirmation religieuse dans les lycées catholiques bretons.
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- 1 Statut de l’enseignement catholique en France, 1992, paragraphe 6. La formule est empruntée à un t (...)
- 2 Au terme d’une procédure d’évaluation, le Statut de 2013 a fait l’objet d’ajustements mineurs en 2 (...)
- 3 Statut de l’enseignement catholique en France, 2013, art. 41.
- 4 Marie Treps, « Transmettre, un point de vue sémantique », Éthnologie française, t. 30, no 3, juill (...)
- 5 Michel Lagrée, Religion et cultures en Bretagne, Paris, Fayard, 1992, chapitre X, p. 359-404.
- 6 Voir par exemple Jean-René Chotard, Séminaristes… une espèce disparue ? Histoire et structure d’un (...)
- 7 François Bonvin, « Une seconde famille : un collège d’enseignement privé », Actes de la recherche (...)
1L’école catholique, en se présentant comme telle, s’affiche comme un lieu d’enseignement et de transmission religieuse. Le Statut de l’enseignement catholique de 1992 le rappelait, en définissant l’école catholique comme « un lieu d’évangélisation, d’authentique apostolat, d’action pastorale »1. Le Statut de 2013, actuellement en vigueur2, le confirme, en précisant qu’elle est « au service du projet de Dieu » et qu’elle doit être animée par le « souci de la proposition et de l’annonce de la foi »3. Hier comme aujourd’hui, l’école catholique doit être pour ses promoteurs un catalyseur dans l’éveil spirituel et l’éducation religieuse des élèves. En dépit de son caractère central dans l’enseignement catholique, la question de la transmission religieuse, c’est-à-dire du passage de croyances et de pratiques4, a été peu étudiée. Michel Lagrée y a consacré de belles pages à l’échelon du primaire5, mais, au niveau secondaire, la question n’a guère été appréhendée que par des études segmentées et des monographies d’établissement6. Surtout, ces travaux se concentrent sur la période antérieure à la crise catholique des années 1960 et laissent dans l’ombre les mutations de la fin du XXe siècle. Seules quelques enquêtes sociologiques jettent un éclairage scientifique sur un paysage en plein bouleversement7.
- 8 Yann Celton, Samuel Gicquel, Frédéric Le Moigne, Yvon Tranvouez (dir.), Dictionnaire des lycées ca (...)
- 9 Enseignement catholique actualités, no 371, février-mars 2016, p. VIII.
- 10 Samuel Gicquel, Bruno Poucet, « Effectifs », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées (...)
2L’enquête réalisée dans les lycées catholiques de l’académie de Rennes en vue de la publication du Dictionnaire des lycées catholiques de Bretagne8 offre l’opportunité de combler ces manques. Elle permet de dépasser la monographie d’établissement, de proposer une synthèse à l’échelle académique et, en privilégiant le temps long, de saisir les mutations de la transmission religieuse au gré de l’évolution du paysage catholique, social et scolaire. Le terrain d’étude se borne aux classes supérieures du secondaire, lesquelles correspondent au lycée actuel et aux classes de seconde, rhétorique et philosophie des structures d’enseignement antérieures. Il couvre l’actuelle académie de Rennes, dans laquelle 42 000 lycéens fréquentaient un établissement catholique sous contrat en 2015-2016, ce qui représentait alors 10 % des effectifs inscrits dans les lycées catholiques à l’échelle française9. Seule l’académie de Nantes présente des chiffres similaires. Cette enquête est donc une plongée dans un bastion de l’enseignement catholique, qui scolarise aujourd’hui environ 40 % d’une classe d’âge. Il s’agit là d’une tendance lourde, l’ensemble des statistiques antérieures confirmant le succès de l’enseignement catholique sur ce territoire. Ainsi la commission Ribot établit-elle en 1898 que les institutions catholiques et les petits séminaires rassemblent 57 % des élèves du secondaire et des classes préparatoires dans les départements correspondant à l’actuelle académie de Rennes10.
- 11 Michel Lagrée, « L’histoire de l’enseignement primaire catholique. Le problème des sources », in N (...)
- 12 Sur le sujet, voir Yvon Tranvouez, « Religion », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des ly (...)
3Le travail mené a mobilisé pendant quatre ans plusieurs dizaines de personnes au profil différent (universitaires, érudits, acteurs de terrain), ce qui a permis de surmonter l’éparpillement des sources, lequel constitue un obstacle majeur pour quiconque entend travailler de façon thématique sur l’enseignement catholique11. Progressivement, les campagnes menées auprès des lycées, des évêchés, des congrégations et des associations d’anciens élèves ont permis de rassembler un riche matériau (règlements, bulletins d’établissements, correspondances, photographies, témoignages individuels) qui a servi de support à la réalisation de notices d’établissements et de notices thématiques. Leur mise en série, complétée par les archives collectées, met en lumière l’évolution de la transmission religieuse sur le temps long12, c’est-à-dire du début du XIXe siècle, quand émergent des institutions catholiques concurrentes des collèges communaux et des lycées d’État, à aujourd’hui. L’une des interrogations était de connaître l’impact de la crise catholique et des mutations sociales postérieures à la Seconde Guerre mondiale sur la transmission religieuse. La rupture est nette : au temps de l’obligation, qui court jusqu’au milieu du XXe siècle, succède celui de la proposition, marqué par une liberté nouvelle.
I. Le temps de l’obligation
- 13 L'Écho paroissial de Brest, « Pourquoi des écoles libres ? », allocution du curé de Saint-Louis à (...)
4Au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, la religion est omniprésente dans les établissements catholiques. Elle « apparaît partout et vivifie tout […], elle est l’âme de l’école, elle en est la sève »13, comme l’affirme en 1932 le chanoine Moenner, curé de Saint-Louis de Brest. Le succès de la transmission repose alors sur deux piliers : l’imposition d’une norme religieuse à laquelle on ne peut se soustraire et, ce qui est beaucoup moins connu, le fait que l’enseignement catholique apparaisse aux yeux des élèves comme une passerelle vers une vie meilleure.
1. L’imposition d’une norme religieuse
- 14 Pensionnat Saint-Pierre. Règlement, Guingamp, imprimerie E. Thomas, 1930, p. 9.
- 15 Cité par Yvon Tranvouez, « Religion »…, in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées cath (...)
5Avant les années 1960, en Bretagne comme ailleurs en France, une scolarité dans un établissement catholique est un long bain religieux. La messe solennelle et une retraite ouvrent l’année et les fêtes liturgiques rythment le temps et structurent le calendrier. Les photographies conservées dans les établissements scolaires témoignent par exemple de l’éclat des Fête-Dieu, au cours desquelles les élèves et les professeurs parcourent en procession un espace scolaire décoré de fleurs et de végétaux. Dans un autre registre, les rencontres avec le directeur spirituel et les confesseurs ponctuent également l’année. Les journées, comme les années, sont scandées par les obligations religieuses. Dès le réveil, les jeunes filles pensionnaires à l’institution Saint-Pierre de Saint-Brieuc, tenue par les Filles du Saint-Esprit, doivent par exemple répondre « Deo Gratias » au « Benedicamus Domino » lancé par la surveillante du dortoir14. La prière est « la clef du matin et le verrou du soir »15, comme l’écrit le rédacteur du bulletin du Kreisker, l’institution masculine de Saint-Pol-de-Léon. La journée s’ouvre par la messe basse, puis chaque changement d’activité s’accompagne de formules ou de gestes qui concourent à l’imprégnation d’une culture catholique. La liturgie fait alors partie intégrante de la culture scolaire. Les rites participent d’autant plus à l’inculcation que toute la communauté éducative, y compris les enseignants, pour la plupart membres du clergé, les accomplissent. Ce catholicisme triomphant, qui sollicite les sens, se donne aussi à voir. Les soutanes et les voiles sont partout, et les chapelles marquent l’espace. Les nombreuses photographies retrouvées lors des campagnes d’archives montrent que chaque pièce porte l’empreinte du catholicisme. À Saint-Charles de Saint-Brieuc, dans l’entre-deux-guerres, un imposant Christ en croix, entouré de tableaux d’évêques, surplombe le tableau d’honneur. En 1950, les élèves de l’Assomption de Rennes travaillent à la fois sous le crucifix, alors garni du buis béni, et sous le portrait de Pie XII. À la même époque, la photographie du pape est aussi accrochée aux murs de Saint-Pierre de Saint-Brieuc, parmi d’autres pieuses représentations ; ici, les tableaux sont en outre garnis de formules empruntées au rituel liturgique et de phrases invitant les jeunes filles à prier pour les missionnaires d’Afrique (cf. l’illustration).
Ill. 1 : cours de sciences à Saint-Pierre, Saint-Brieuc (1946)

Source : Archives des Filles du Saint-Esprit, 1 C 226.
- 16 Pour la Bretagne, voir par exemple Louis Pouliquen, Le temps des soutanes, Brest, Éditions du Liog (...)
6Cette atmosphère est relativement bien connue, en particulier par les souvenirs laissés par les anciens élèves, profondément marqués par ce cadre16.
- 17 Jean-Luc Marais, « L’aumônier des lycées (1802-1959). Cheval de Troie de l'Église dans l'Universit (...)
- 18 Yvon Tranvouez, « Concours et prix dans l’enseignement catholique », in Yann Celton et al. (dir.), (...)
- 19 Yvon Tranvouez, « Manuels », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques..., (...)
- 20 Archives de Saint-François-Xavier, C 2 : École libre Saint-François-Xavier, brochure de 1925, p. 1
- 21 Encyclique Divini Illius magistri, 31 décembre 1929.
- 22 Gwénaël Riou, « Arts (Enseignement et pratique des) », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire (...)
7L’imprégnation religieuse de l’enseignement, qui laisse peu de place à l’anecdote, a moins été soulignée. L’orientation catholique des cours devient pourtant l’une des spécificités de ce système d’enseignement, quand la loi Camille Sée du 21 décembre 1880 et le décret Paul Bert du 24 décembre 1881 rendent l’enseignement religieux facultatif dans les lycées de filles et de garçons17. Elle se manifeste en premier lieu par l’existence d’un enseignement religieux spécifique, avec des programmes définis par niveau et des horaires dédiés. Dans cette discipline comme dans les autres, les prix et récompenses distinguent dans chaque institution les meilleurs élèves, dont certains peuvent ensuite participer au concours général organisé par l’Université catholique de l’Ouest d’Angers, établi en 1921. Ainsi les élèves de terminale sélectionnés en 1932 eurent-ils à commenter « en philosophe chrétien » le dernier article du Credo, dans lequel le fidèle affirme croire à la vie éternelle18. Au-delà des cours de religion, c’est l’ensemble de l’enseignement qui est catholique. Les programmes, lorsque les institutions catholiques ne sont pas contraintes par la préparation aux examens, et les manuels, soigneusement sélectionnés à partir de la fin du XIXe siècle19, teintent les matières profanes de culture religieuse. « Tout est ordonné pour munir les élèves d’une foi éclairée », précise une brochure de Saint-François-Xavier de Vannes en 192520. Les institutions catholiques bretonnes s’inscrivent ainsi dans la voie prônée par le concile Vatican I et précisée par Pie XI, souhaitant « que tout l’enseignement, toute l’ordonnance de l’école, personnel, programmes et livres, en tout genre de discipline, soient régis par un esprit vraiment chrétien »21. L’enseignement des arts, mis au service de la liturgie, notamment à travers l’apprentissage du plain-chant, en offre un exemple probant22.
- 23 Danièle Hervieu-Léger, « La transmission des faits religieux », in Daniel Verba, Faïza Guélamine ( (...)
- 24 Arthur du Bois de la Villerabel, L’école Saint-Charles à Saint-Brieuc. Souvenirs et récits, Saint- (...)
- 25 Matthieu Brejon de Lavergnée, « À l'école de la charité : les conférences de Saint-Vincent-de-Paul (...)
- 26 Le Creis-Ker, no 143, avril-mai 1933, p. 500-502.
8La solidité et la relative stabilité de ce cadre ne doivent pas laisser penser qu’il n’évolue pas. Dans le domaine de la transmission religieuse, « continuité ne signifie pas immuabilité »23, comme l’affirme Danièle Hervieu-Léger ; bien au contraire, ce sont les petites adaptations qui rendent le cadre ancien acceptable et lui permettent de durer. Le milieu scolaire n’est pas étanche aux mutations pastorales que l’on observe dans le cadre paroissial. De ce point de vue, les mouvements destinés à consolider la piété dans les établissements sont un bon observatoire. Ces structures de sociabilité internes aux établissements, destinées à promouvoir l’image du bon chrétien, se multiplient dans la seconde moitié du XIXe siècle. À Saint-Charles de Saint-Brieuc, par exemple, la Congrégation de la Sainte-Vierge naît en 1851, quelques mois après l’institution. Elle rassemble les élèves qui se sont distingués par leur travail et leur comportement et qui s’engagent à promouvoir la piété mariale, alors en plein essor. S’y ajoute, à partir de 1869, une conférence de Saint-Vincent-de-Paul24, qui forme, comme dans les maisons d’éducation parisiennes, une « école de la charité »25. Dans l’entre-deux-guerres, ce paysage associatif change avec l’apparition des troupes scoutes dans les établissements secondaires catholiques et des cercles d’études, dans lesquelles les grands élèves posent un regard catholique sur le monde, en confrontant leur foi, les questions de société et les problèmes d’actualité. Chaque séance débute par une prière et un commentaire d’Évangile, puis se prolonge par une conférence suivie d’une discussion. Réflexions théologiques et pratiques s’entremêlent souvent, comme lors de cette séance du 2 mars 1933 que les élèves du Kreisker consacrèrent au mariage, au cours de laquelle les jeunes hommes s’interrogèrent sur les raisons qui ont conduit Dieu à permettre le divorce ou sur la conduite à adopter face à une épouse qui change de comportement26.
- 27 Octave Mirbeau, Sébastien Roch, Paris, G. Charpentier, 1890.
9Les établissements secondaires d’enseignement catholique apparaissent donc comme des institutions totalisantes, dans le sens où elles prennent en charge la totalité de l’individu. L’instruction se prolonge par l’imposition d’une norme sociale et comportementale cimentée par le catholicisme. La force du modèle est telle qu’on s’y plie et qu’on le reproduit, ou que l’on entre en rébellion contre lui, à l’image d’un Octave Mirbeau qui tenta d’exorciser les violences qu’il avait subies à Saint-François-Xavier de Vannes par l’écriture de son roman Sébastien Roch27, inspiré de sa propre histoire. S’il est impossible de quantifier ces insurrections personnelles qui conduisent vers l’indifférence voire vers l’athéisme militant, il est certain qu’elles demeurent marginales. La verticalité et l’imposition d’une norme religieuse demeurent partout la règle jusqu’au milieu du XXe siècle. Cette norme apparaît alors comme une évidence, qu’il est impensable de contester, d’autant qu’elle touche au divin. Mais si la plupart des élèves optent pour la conformité, c’est aussi parce que le chemin tracé leur apparaît comme la voie de la réussite personnelle et de la reconnaissance sociale.
2. La voie de la réussite
- 28 Archives de l’évêché de Vannes, Z 4 : Mémoires de Jean-Augustin Guillevic.
10La perpétuation de ce modèle d’imposition verticale repose aussi sur la confiance dont jouit l’enseignement catholique auprès des familles dont il scolarise les enfants. Jusqu’au milieu du XXe siècle, dans une Bretagne encore massivement pratiquante, sa popularité repose sur le fait qu’il est aux mains du clergé. Les Mémoires de Jean-Augustin Guillevic, vicaire général du diocèse de Vannes, qui racontent comment sa scolarité secondaire se décida à l’occasion d’une visite du prêtre de la paroisse au domicile de ses parents, un jour de 1875, sont de ce point de vue éclairants28. Plus encore que dans telle ou telle institution scolaire, on envoie son enfant chez les prêtres, les frères ou les sœurs, ce qui apparaît comme la garantie d’une bonne éducation portant le sceau chrétien. Un catholique breton ne peut alors s’opposer à la forme de transmission religieuse observée dans les établissements. Ce serait risquer d’entrer en confrontation avec le clergé, offenser Dieu et s’exposer à la réprobation des proches.
- 29 Octave Mirbeau, Sébastien Roch, Paris, 10/18, 1977, p. 48 (1re éd. : Paris, Charpentier, 1890).
- 30 Jérôme Buléon, Eugène Le Garrec, Sainte-Anne-d’Auray, t. 3 : « Le petit séminaire », Vannes, Lafol (...)
- 31 Archives de Saint-Joseph de Lannion, association des anciens du petit séminaire de Tréguier. Merci (...)
- 32 Samuel Gicquel, « Coût des études », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholi (...)
11Le rôle de l’enseignement catholique dans l’amélioration des conditions de vie et l’élévation sociale doit aussi être examiné avec soin. Sur ce sujet également, le Sébastien Roch d’Octave Mirbeau constitue une source remarquable. On y lit le tiraillement d’un enfant maltraité, entre ses rêves de fuite et la belle carrière qu’a dessinée son père. Son entourage est alors persuadé que « quand on a les Jésuites dans sa manche, on est sûr de faire son chemin »29, comme le certifie un curé au père du jeune Octave, pour le féliciter d’avoir choisi Saint-François-Xavier. Toutes les congrégations n’ont certes pas la réputation des Jésuites, mais il est indéniable que le passage dans une institution catholique doit aussi former un tremplin vers une vie meilleure. C’est sans doute dans les petits séminaires, essentiellement fréquentés par des enfants de la paysannerie moyenne, que l’ascension sociale est la plus significative, que ce soit au terme d’une carrière cléricale ou laïque. Du petit séminaire de Sainte-Anne-d’Auray « sont sorties de grandes valeurs sociales : cultivateurs influents, magistrats, fonctionnaires, officiers supérieurs, professeurs de l’Université, membres de l’Institut, évêques »30, attestent Buléon et Le Garrec en 1921. Le survol des professions mentionnées dans le registre des anciens élèves le confirme. L’absence d’enquête sur des cohortes empêche d’évaluer précisément la mobilité sociale des élèves passés par une institution secondaire catholique. Cette mobilité existe certainement, l’enseignement secondaire catholique n’étant pas réservé aux familles aisées, du moins en Bretagne. À Notre-Dame de Guingamp, un contrat passé avec la ville en 1851 fait par exemple obligation à l’institution de recevoir des indigents ; au petit séminaire de Tréguier, à partir de 1888, les anciens élèves accordent un secours financier aux nécessiteux pour élargir le recrutement31 ; ailleurs, la prise en charge des frais de scolarité par quelque famille aisée ou des bourses de vocation assurent une diversification du recrutement et offrent l’espoir d’une belle carrière à des enfants modestes, en particulier dans le clergé32. Pour tous, l’ascension sociale passe par l’acceptation du modèle de transmission en vigueur.
12Au-delà de l’espoir d’une vie meilleure, l’institution catholique peut apporter une certaine forme de confort ou de prestige dans le présent. Sur le plan matériel, le tableau doit bien sûr être nuancé : avant le milieu du XXe siècle, de nombreux témoignages d’élèves conservent la marque douloureuse d’une promiscuité mal vécue, d’une nourriture peu ragoûtante ou de locaux inconfortables qui rendent insupportables la séparation d’avec les proches. Mais l’institution catholique peut aussi matérialiser une forme de modernité, en particulier sur le plan architectural. C’est le cas à Saint-Martin de Rennes, où la direction eudiste a fait le choix, au milieu du XIXe siècle, d’édifier tout près du centre-ville de majestueux bâtiments blancs, une couleur que les ressources naturelles locales n’autorisent guère. De façon similaire, Saint-Charles, bâti dans un style néogothique à Saint-Brieuc à partir de la fin des années 1850 ou Saint-Vincent, qui amène le style toscan à Rennes au lendemain de la Séparation, ont cherché à asseoir leur réputation sur l’architecture. Les parcs et jardins, qui servent d’écrins à ces nouvelles constructions, traduisent également l’ordre et la régularité, mais aussi l’ouverture, à travers l’introduction d’espèces exotiques par exemple. Au fil des décennies, le magnolia à grandes fleurs et les cèdres du Liban sont ainsi devenus emblématiques de Saint-Martin et de Saint-Charles.
- 33 Véronique Riou, Les Cordeliers (enseignement privé) et le collège communal (enseignement public) : (...)
- 34 Archives départementales des Côtes-d’Armor, 1 T 1128 : rapport de l’inspecteur d’académie, 1883.
- 35 Ibid. : rapport de l’inspecteur d’académie, 1904.
- 36 Michel Lagrée, Religion et cultures…, op. cit.
- 37 Arnaud Berthonnet, « L’électrification rurale », Histoire et sociétés rurales, vol. 19, 2003, p. 1 (...)
13La modernité peut aussi se lire à l’intérieur, en particulier quand, à la fin du XIXe siècle, les préoccupations hygiénistes poussent à de nouveaux aménagements. Aux Cordeliers, à Dinan, des lits en fer et des tables en marbre remplacent l’ancien mobilier du pensionnat et des toilettes sont installées près des dortoirs dès les années 1860-187033. L’ensemble est « conforme aux règles de l’hygiène »34, certifie l’inspecteur d’académie en 1883. Les efforts se poursuivent les années suivantes avec la rénovation de l’infirmerie, dans laquelle est créée, en 1904, une chambre d’isolement35. De nombreux élèves peuvent ainsi se familiariser avec des principes d’hygiène ignorés à la maison. Plus tard, ils découvriront l’eau courante, le chauffage central ou l’électricité. Dès l’entre-deux-guerres, des séances de cinéma sont organisées dans les établissements catholiques qui participent de cette manière à la modernisation portée par l’Église, modernisation que Michel Lagrée a examinée sans prendre en compte ses manifestations dans l’enseignement secondaire36. Avoir à l’esprit cette dimension, à la fois réelle et symbolique, permet de comprendre que les institutions catholiques se sont inscrites pleinement dans leur temps, du moins aux yeux de nombre de leurs élèves. C’est tout particulièrement le cas en Bretagne, où les maisons rurales, dont provenaient de nombreux élèves, furent tardivement électrifiées37. L’institution catholique peut donc être porteuse d’une forme de progrès matériel et social, qui rejaillit sur la sphère religieuse.
14Jusqu’au milieu du XXe siècle, le processus de transmission repose sur l’imposition d’une norme, qui est d’autant moins rejetée qu’elle est valorisée dans le milieu familial, qu’elle s’inscrit dans une forme de modernité et que son acceptation conditionne la réussite personnelle. Le retournement intervient après la Seconde Guerre mondiale, sous l’effet des mutations sociales.
II. Le temps de la proposition
15La seconde moitié du XXe siècle correspond au glissement de l’obligation religieuse vers la proposition pastorale. Plus précisément, les mutations se font en deux temps. Le premier, qui court de la Seconde Guerre mondiale aux années 1970, correspond à la décomposition du modèle vertical de transmission. Puis, la période qui suit est marquée par une recomposition, qui laisse apparaître un nouveau paysage dans le monde éducatif.
1. Décomposition
- 38 Denis Pelletier, La crise catholique. Religion, société, politique en France (1965-1978), Paris, P (...)
- 39 Louis Pouliquen, Le temps des soutanes, op. cit., ch. 5 « La révolution ».
- 40 Natalie Malabre, « Bellec (Joël) », in Marie-Dominique Dauzet, Frédéric Le Moigne (dir.), Dictionn (...)
16Les récents travaux en histoire religieuse ont conduit à centrer le regard sur les années 1960, au cours desquelles les mutations s’accélèrent38. Dans le domaine de la transmission en milieu scolaire, elles correspondent aussi à un basculement. La rapidité des changements observés ne doit toutefois pas laisser croire que le modèle d’inculcation précédemment décrit n’avait pas été au préalable remis en question. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, un desserrement des obligations est noté dans les institutions catholiques bretonnes. Les interrogations se multiplient alors sur l’efficacité du mode de transmission hérité de l’entre-deux-guerres et les premières voix s’élèvent pour réclamer que les pieuses habitudes laissent place à un engagement fondé sur la liberté et la conviction. Dès 1946, le supérieur du Kreisker de Saint-Pol-de-Léon, Joël Bellec, supprime la messe matinale obligatoire et met en place une forme d’autodiscipline, par l’allègement de la surveillance et la responsabilisation des élèves à l’occasion des sorties39. Le libre choix est alors mis en avant, non seulement sur le plan spirituel mais, d’une façon générale, dans le domaine éducatif. Le supérieur souhaite ouvrir la bibliothèque, afin que les esprits curieux puissent aller se documenter sur le monde qui les entoure. Mais face à la contestation rencontrée, en particulier chez les prêtres professeurs, Joël Bellec doit quitter sa fonction. Il incarne néanmoins l’esprit nouveau, ce qui lui permet d’obtenir la fonction de vicaire général puis de directeur diocésain de l’enseignement catholique, une position qui précède son accession à l’épiscopat comme évêque de Saint-Jean-de-Maurienne40.
- 41 Herménégilde Cadouellan, « Regard sur les mutations du Petit Séminaire de Sainte-Anne-d’Auray à pa (...)
- 42 Archives des Filles du Saint-Esprit, 1 C 226.
- 43 Hervé Le Goff, « Groupes d’études économiques et sociales », in Yann Celton et al. (dir.), Diction (...)
17L’innovation ne se limite pas à cet établissement. À la même époque, les élèves du petit séminaire de Sainte-Anne-d’Auray découvrent l’autodiscipline et les messes dialoguées41. À Saint-Pierre de Saint-Brieuc, l’assouplissement du modèle hérité se mesure à la convocation de la première assemblée de parents d’élèves en 1948 et au recrutement d’enseignantes laïques par les Filles du Saint-Esprit42. Progressivement, la formation de l’élève capable de réfléchir et d’agir socialement devient un objectif prioritaire, qui éclipse les exigences en matière de piété. Sous l’impulsion de jeunes surveillants et enseignants, l’esprit de l’Action catholique pénètre dans les établissements et les sections de la JEC (Jeunesse étudiante catholique) se multiplient. À l’échelle bretonne, la volonté d’engagement des catholiques revêt une forme régionaliste originale, à travers les Groupes d’études économiques et sociales (GEES), dont on ne trouve pas l’équivalent dans l’enseignement public. Créés à partir de 1959, ils contribuèrent à sensibiliser une génération d’élèves aux problèmes bretons et à lui donner une culture économique et sociale43. L’obligation s’assouplit, mais elle demeure néanmoins la règle. Partout, l’éducation religieuse reste fondée sur la répétition des gestes et des prières, la mémorisation de connaissances et la reproduction d’un modèle comportemental, qui valorise l’assistance aux offices et les exercices de piété.
- 44 Agathe Bréjon, La religion à Saint-Vincent. Évolution de la transmission catholique dans la deuxiè (...)
- 45 Yves Moigno, Histoire du Petit Séminaire de Quintin, 1934-1975, association des anciens élèves du (...)
18L’ancien modèle commence donc à se fissurer au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, mais le véritable tournant se produit dans les années 1960. Comme en paroisse, la diminution des célébrations religieuses en milieu scolaire en est l’illustration la plus spectaculaire. À Saint-Vincent de Rennes, un des fleurons de l’enseignement catholique breton, ces cérémonies disparaissent progressivement de l’emploi du temps trimestriel. La dernière mention de la Fête-Dieu dans le calendrier date de 1965, et la messe dominicale obligatoire disparaît en 1966-1967. À cette date, le journal de l’établissement ne mentionne plus que la célébration d’une messe, le premier vendredi du mois44. Les chapelles sont alors délaissées au profit d’oratoires, plus confortables, adaptés aux effectifs et propices à la personnalisation. Cette évolution va pleinement dans le sens de ce que souhaitent nombre d’élèves de l’époque, comme en témoigne le compte rendu d’une réunion des élèves de seconde du petit séminaire de Quintin, consultés à la rentrée 1969 : « Pour nous, prier, ce n’est pas réciter un amas incohérent de formules vides, mais réaliser un contact, une conversation intime et amicale avec le Seigneur »45.
- 46 Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien…, op. cit.
- 47 Bruno Poucet, La Loi Debré, paradoxe de l’État éducateur, Amiens, CNDP, 2001 et, sous la direction (...)
- 48 Marcel Launay, Le prêtre professeur, XIXe-XXe siècles. Un ministère oublié, Paris, Salvator, 2020.
- 49 Archives de l’évêché de Quimper, témoignage de Michel Scouarnec, professeur au petit séminaire de (...)
19Les principaux moteurs de cette évolution, à savoir les mutations d’une société en pleine croissance et la réforme liturgique portée par le concile Vatican II, sont connus46. Les facteurs propres à l’enseignement catholique, qui contribuent à accélérer ces transformations, le sont en revanche moins. Parmi eux, figure l’entrée en vigueur des contrats d’association, consécutifs à l’adoption de la loi Debré de 195947. Désormais, la religion n’est plus le pivot central de l’enseignement, mais elle est cantonnée dans le domaine flou du « caractère propre ». Le temps scolaire n’est plus soumis au calendrier de l’Église. En outre, il se produit à cette époque une profonde mutation de l’encadrement. La crise des vocations assèche le recrutement des clercs surveillants et professeurs48, qui vivaient dans les établissements et consacraient leurs loisirs à l’animation d’activités périscolaires imprégnées de culture religieuse (action catholique, scoutisme, théâtre, chant). L’horizon des laïcs qui les remplacent est différent : ils ont une vie de famille à l’extérieur de l’établissement, un contrat de travail qui définit leurs obligations et ils ne se sentent moralement pas tenus de prolonger leur classe par un apostolat bénévole. Le rapport des élèves au clergé, aux activités proposées par les établissements et à la pratique religieuse dans les institutions catholiques se distend d’autant plus que les années 1960 marquent la fin généralisée de l’internat, dont l’importance n’a sans doute pas été assez soulignée. Le retour chez soi le week-end, permis par le développement des circuits de car, contribue à la relégation de la pratique religieuse dans le milieu familial et ruine les initiatives des jeunes prêtres qui rêvaient d’associer leurs élèves à la rénovation liturgique49.
20La crise culmine dans les années 1970 et au début des années 1980. Faute de clercs en nombre suffisant, les heures d’enseignement religieux sont désormais de plus en plus fréquemment prises en charge par les laïcs, dont l’entretien de recrutement inclut désormais des questions sur leur capacité à s’investir sur le plan pastoral. Leur tâche est d’autant plus ardue qu’ils n’ont pas été formés pour cela et que les équipes pédagogiques se sont divisées autour des réponses à apporter, comme l’explique un des témoins interrogés dans le cadre de l’enquête, Jean Cléarc’h, un professeur laïc qui assura l’enseignement religieux à Saint-Charles (Saint-Brieuc) :
- 50 Témoignage de Jean Cléarc’h, 15 septembre 2017.
« Mon sentiment est que les choses ont été davantage vécues que décidées durant la décennie 1970-1980, ce qui est révélateur des tensions internes. Le nombre d’enseignants se portant volontaires pour aborder l’enseignement ou les sujets religieux se restreignait d’année en année, à la fois par manque de formation, par l’accroissement rapide du nombre de classes et par les débats d’idées entretenus par des enseignants chrétiens progressistes assez peu convaincus du maintien du caractère propre des établissements et par des familles sensibles aux orientations minimisant le rôle institutionnel d’un établissement scolaire dans la formation spirituelle ou même ecclésiale »50.
- 51 Yvon Tranvouez, « Chrétiens contre l’école libre », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des (...)
21Le constat établi se vérifie dans les autres établissements bretons : certains chrétiens, marqués à gauche, affirment leur souhait de voir l’école catholique se fondre dans un système d’enseignement unifié51 et donnent parfois à leurs collègues le sentiment de renoncer à la transmission religieuse en milieu scolaire. Devant l’ampleur des mutations, beaucoup d’acteurs ont alors le sentiment qu’un monde s’en va.
- 52 Bruno Poucet, « Caractère propre », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiq (...)
- 53 Agathe Bréjon, La religion à Saint-Vincent…, op. cit., p. 129. Archives de Saint-Vincent, 5 V : « (...)
- 54 Matthieu Brejon de Lavergnée, « Charité et solidarité », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnair (...)
22C’est le temps des expérimentations, rendues nécessaires par l’évolution de la loi et les mutations religieuses. Théoriquement, depuis 1960, l’enseignement religieux était facultatif, mais, dans les années qui suivent, la plupart des établissements tardent à appliquer cette disposition légale52. À Saint-Vincent de Rennes, en 1970, les classes de seconde ont encore un enseignement religieux hebdomadaire, auquel s’ajoutent, pour les volontaires, des rencontres avec un animateur adulte. Les classes de première, elles, ont un cours tous les quinze jours et peuvent en sus participer à des équipes de réflexion. L’obligation n’a alors disparu qu’en terminale. Tout autant que les contraintes juridiques, ce sont les évolutions de l’Église et la crise catholique des années 1970 qui accélèrent les transformations. En 1978, le régime initialement proposé aux terminales se généralise, tous les lycéens se voyant offrir la possibilité de former des « équipes de réflexion religieuse » et de « participer à des réunions générales sur des thèmes définis »53. Dès lors, à Saint-Vincent, la formation religieuse en lycée repose sur le volontariat et l’obligation ne concerne plus que les collégiens. Sur le fond, dans tous les établissements, l’instruction religieuse, ancienne version, cède la place à une réflexion sur le monde et la vie en société, à la lumière des valeurs évangéliques. La solidarité avec les pays du tiers-monde s’affirme comme un sujet incontournable. Les actions de charité, qui permettent d’exprimer cette lecture chrétienne du monde, en sont le fréquent prolongement54. C’est le temps des « bols de riz », dont se contentent les lycéens volontaires tout en payant le prix normal d’un repas pour alimenter un fonds de solidarité. Les années 1970 marquent l’achèvement du vieux modèle de transmission religieuse, qui avait été ébranlée dans les années 1960
2. Recomposition
- 55 Paul Lamotte, Guide pastoral de l’enseignement catholique pour la réflexion et l’action, Paris, Dr (...)
- 56 Joël Molinario, Catéchèse/pastorale, tension et évolution dans l'enseignement catholique depuis le (...)
- 57 Voir par exemple « Lycée Saint-Paul : culture religieuse à la carte », Le Télégramme, 25 mars 2009 (...)
- 58 « Comment parler de Dieu aux lycéens », La Croix, 26 septembre 2017.
- 59 Site internet de l’établissement : <https://st-charles.eu/la-pastorale-a-saint-charles/ (consulté (...)
23Cette mue forcée débouche sur un nouveau paysage, qui semble se stabiliser à partir des années 1990-2000, quand la phase aiguë de la crise est passée et que, même dans les lycées catholiques, la pratique religieuse régulière devient un fait minoritaire. À l’échelle nationale, la volonté de bâtir un nouveau cadre débouche sur la publication en 1988 du Guide pastoral de l’enseignement catholique55, dû à Paul Lamotte, qui entérine le passage d’une situation de chrétienté à une situation missionnaire56. Dans les établissements, la dimension chrétienne est désormais portée par la pastorale, dont le rôle est d’offrir une proposition religieuse dans un monde sécularisé. Les animateurs en pastorale, nouveaux venus dans les établissements catholiques, sont les figures-clés de cette recomposition. De nombreux lycées, en Bretagne comme ailleurs, en ont confié la responsabilité à un laïc, spécifiquement recruté pour accomplir cette mission. Mais tandis que l’enseignement religieux était autrefois l’affaire de clercs voués à l’apostolat, l’emploi d’animateurs en pastorale représente une charge financière nouvelle. Rares sont par conséquent les établissements qui peuvent se permettre d’en avoir un à plein temps. Le plus souvent, cette mission est confiée à un professeur qui conserve quelques heures d’enseignement ou à une personne qui partage son service entre plusieurs institutions scolaires. Dans la plupart des cas, ces animateurs sont finalement devenus, au début du XXIe siècle, des acteurs incontournables à l’intérieur des lycées, autour desquels se définissent et se mettent en œuvre les politiques d’établissement en matière de pastorale. Il en résulte une grande variété de situations, que l’enseignement catholique revendique, soulignant que cette diversité permet de répondre aux besoins du terrain. De toutes les initiatives pastorales observées, celle de Stéphane Girardot est la plus médiatisée57. Cet animateur du lycée Saint-Paul de Vannes a mis sur pied, à la fin des années 1990, un cursus de découverte des religions, avec des séjours extérieurs à la clé. Ce parcours est devenu une véritable option suivie par plus de la moitié des élèves de seconde en 201758. Le succès rencontré par cette initiative n’est pas représentatif de l’audience de la pastorale à l’échelle de l’académie de Rennes. Mais, sur le plan qualitatif, elle traduit bien les évolutions des dernières années. Dans beaucoup de lycées, les cours de « culture religieuse » ont supplanté les cours d’« instruction religieuse ». Saint-Charles de Saint-Brieuc propose aussi à ses élèves de première un « approfondissement sur les trois religions monothéistes et le dialogue inter-religieux »59, ce qui permet de réfléchir à l’islam comme à l’œcuménisme et de proposer une approche englobante, qui n’exclut pas les non-catholiques.
- 60 Entretien avec Philippe Gerbel, directeur des Cordeliers à Dinan, 21 mars 2015.
- 61 Guillaume Dupuy, « Affirmations différenciées du caractère religieux des institutions catholiques (...)
- 62 Yann Celton, « Chapelles », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques…, op (...)
24La pratique religieuse en milieu scolaire n’a pas disparu, mais elle se limite à la minorité d’élèves qui fréquente l’aumônerie du lycée. Aucune statistique n’est disponible pour évaluer cette participation, mais les responsables interrogés s’accordent pour dire qu’elle ne concerne guère plus de 10 à 15 % des élèves60. Il faudrait une enquête de terrain pour affiner ces données et analyser les variations observées, en fonction de l’impulsion donnée par les animateurs en pastorale ou les directions et, comme le souligne Guillaume Dupuy, la position des établissements dans l’espace scolaire local61. Il semble en effet que le décrochage ait été plus tardif et moins brutal dans les vieilles institutions catholiques de centre-ville, que fréquentent les enfants d’une bourgeoisie attachée à la perpétuation des formes traditionnelles de transmission. En 2019, les lycéens de Saint-Vincent de Rennes et de Saint-François-Xavier de Vannes peuvent encore assister à une messe hebdomadaire, le mardi midi, dans la chapelle de leur établissement. Ailleurs, les chapelles ne sont plus guère ouvertes qu’à l’occasion des célébrations de Noël ou de Pâques, lorsqu’elles n’ont pas été converties en salle de sports, en lieu d’exposition ou en réfectoire, comme c’est le cas à Fénelon (Brest), Saint-François (Lesneven) ou au Likès (Quimper)62.
- 63 Liliane Voyé, « Mutations normatives dans la socialisation religieuse. De la transmission à l’inve (...)
25La participation régulière ne fait plus recette, mais les temps forts connaissent de beaux succès et constituent l’un des piliers de la recomposition pastorale. Ils prennent la forme de camps bibliques, de stages dans des organisations caritatives, de travaux d’entretien du patrimoine religieux ou de retraites dans des monastères, le temps d’un week-end, par exemple. Pour séduire, l’expérience religieuse doit générer de l’expérience sociale. Plus que jamais, la transmission repose aussi sur l’émotion. Elle ne se fait plus verticalement, mais par l’échange, en particulier lors des rencontres avec des « témoins » qui viennent exposer leur vision du monde et répondre aux interrogations des lycéens. La formule n’est pas nouvelle, mais les missionnaires en tournée de recrutement ont cédé la place au personnel humanitaire ou aux figures médiatiques et l’on s’interroge désormais davantage sur le bonheur ou l’éthique que sur l’évangélisation du monde. Cette évolution dépasse largement le cadre breton et même français. Liliane Voyé a montré que les ambitions normatives de l’enseignement catholique belge avaient aussi cédé la place à un humanisme chrétien, qui fait la part belle au respect de l’autre et à l’épanouissement personnel63.
26Outre la redéfinition de la pastorale, l’autre pilier de la recomposition à l’œuvre dans les lycées catholiques est la réaffirmation de l’identité religieuse. Un de ses aspects les plus visibles est le réarmement symbolique, à travers la présence de signes religieux sur et dans les établissements. Alors que les années de décomposition ont conduit à la relégation de la présence visible du christianisme, la période postérieure, qui s’ouvre dans les années 1990, est celle de sa nouvelle affirmation, dans le sillage du pontificat de Jean-Paul II. C’est d’ailleurs le nom de ce pape qui a été donné au lycée catholique de Saint-Grégoire, inauguré en 2007 dans la banlieue nord de Rennes. Les choix architecturaux opérés traduisent le tournant observé. Le temps des chapelles converties est révolu : au lycée Jean-Paul II, la chapelle, de couleur brique et distinguée par une grande croix qui donne sur le parking, est un des éléments visuels qui témoigne du caractère propre du nouvel établissement. Avec son ambitieuse élévation et sa petite surface au sol, elle symbolise la situation actuelle du catholicisme en milieu scolaire.
- 64 Secrétariat général de l’enseignement catholique, Annonce explicite de l’Évangile dans les établis (...)
- 65 « Mgr Cattenoz veut recentrer l’enseignement catholique », La Croix, 28 septembre 2006.
- 66 « Une rencontre avec l’évêque au lycée Xavier-Grall », Ouest-France, 10 janvier 2013.
27Cette affirmation, à l’échelle des établissements, est la traduction de la volonté des tutelles, qui redoutent la dilution de la dimension religieuse. On l’observe à l’échelle nationale, avec, par exemple, la publication en 2009 du document Annonce explicite de l’Évangile dans les établissements catholiques d’enseignement, publié sous la houlette du Secrétariat général de l’enseignement catholique. La réflexion sur la transmission y est centrale, à tel point que le mot est utilisé treize fois en quatorze pages, en particulier pour souligner que l’enseignement catholique doit veiller à la « transmission de la culture propice à l’annonce »64 de l’Évangile. Cette orientation, portée par une nouvelle génération de directeurs diocésains et de chefs d’établissement, a trouvé sa traduction dans l’académie de Rennes. Dans le réseau mennaisien, solidement implanté en Bretagne, la figure de Jean-Marie de Lamennais (1780-1860), qui avait pâli, a retrouvé de la vigueur. C’est le cas à Saint-Joseph de Loudéac, où la statue du fondateur des frères de l’Instruction chrétienne accueille le visiteur. Les évêques eux-mêmes, sans suivre les appels conservateurs d’un Mgr Cattenoz65, multiplient les signes d’attention à l’égard des établissements catholiques. Le lycée professionnel Xavier-Grall de Loudéac, né sur les fondations d’un centre de formation professionnelle ménagère agricole, en offre un exemple probant. Dans cet établissement qui scolarise beaucoup d’adolescents au parcours tourmenté, la décomposition était allée jusqu’à l’abandon de toute proposition religieuse. Mais, depuis une dizaine d’années, une nouvelle offre catholique, portée à la fois par des bénévoles et par le clergé, a ressurgi. En 2013, l’évêque de Saint-Brieuc, Mgr Moutel, est venu à la rencontre des élèves qui sont parties servir à Lourdes comme hospitalières66. Tous les deux ans, un groupe d’élèves fait ainsi sa rentrée en accompagnant le pèlerinage diocésain. Le clergé local a dans le même temps redéfini sa politique pastorale et retrouvé le chemin d’un lycée qu’il avait pour ainsi dire cessé de fréquenter : lors de l’enquête réalisée en 2016, un prêtre venait tous les vendredis à la rencontre des élèves désireux d’échanger avec lui. Incontestablement, l’école en général et les établissements secondaires en particulier sont redevenus un objet d’attention pour le clergé, ce qui participe à la stabilisation de l’offre religieuse en milieu scolaire.
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- 67 Cité par Fanch Olivier, « Enseignement catholique : dissocier les faits de la foi », Le Télégramme(...)
28Au cours de la période contemporaine, les modalités de la transmission religieuse dans les lycées de l’académie de Rennes ont donc profondément évolué. Pendant longtemps, celle-ci a reposé sur l’imposition d’un modèle, qui prenait en charge la totalité de la personne et prescrivait une norme. Par conformisme, ambition, crainte de décevoir ou conviction religieuse, la plupart des élèves l’ont acceptée et ont contribué à sa reproduction, une fois devenus parents. Mais progressivement, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les premières interrogations sur la pertinence d’un modèle qui privilégie l’obligation à la liberté se sont fait jour, sur fond de mutations culturelles et sociales. Les années 1960-1970 précipitent sa dislocation. Vient alors le temps de la proposition, qui se conjugue avec les idéaux de liberté, de solidarité et d’ouverture. L’objectif n’est plus tant de former de pieux catholiques que de délivrer un « SMIC culturel religieux »67, pour reprendre la formule utilisée par le directeur diocésain de l’enseignement catholique du Finistère en 1996. L’expression, qui valorise la culture et gomme le catholicisme derrière le religieux, est révélatrice. Frotter de culture religieuse le maximum d’élèves tout en permettant à certains d’approfondir leur foi est aujourd’hui le dénominateur commun des lycées catholiques bretons.
- 68 Yann Raison du Cleuziou, « L’essor des écoles hors-contrat et la dissidence scolaire des catholiqu (...)
- 69 Samuel Gicquel, « L’académie de Rennes, un bastion de l’enseignement secondaire catholique », Carr (...)
- 70 Sur le sujet, voir Guillaume Dupuy, « Affirmations différenciées du caractère religieux des instit (...)
29La concordance des mutations religieuses observées dans la société et dans les lycées catholiques de l’académie de Rennes amène à s’interroger sur le lien qu’entretiennent ces évolutions, au-delà du territoire d’études. Les établissements sous contrat subissent-ils l’effondrement du catholicisme ou le précipitent-ils par leurs adaptations ? Le passage d’une transmission verticale à une pastorale de la proposition est-il un renoncement, comme le leur reprochent les conservateurs tentés par le hors-contrat68 ? Incontestablement, l’enseignement catholique n’est pas à l’origine d’une crise, qui l’atteint de plein fouet, par le haut et par le bas, par la crise des vocations et par l’évolution des attentes sociales. En Bretagne comme ailleurs, l’effondrement de la pratique religieuse a modifié la demande scolaire. On est alors passé d’un enseignement libre qui séduisait parce qu’il était catholique à un enseignement qui se revendique comme catholique mais qui attire parce qu’il est privé69. Ce dernier point est fondamental : un établissement catholique est une entreprise, qui doit recruter pour perdurer et donc proposer une offre susceptible de séduire les familles installées dans son aire de recrutement70. Les vieilles institutions de centre-ville ont donc pu localement tenter de freiner les mutations et maintenir une offre religieuse significative, parce que cette politique correspondait à la demande d’une population à laquelle elles étaient historiquement adossées. Cela a moins été le cas dans de nombreux lycées agricoles ou professionnels ou dans les petits établissements qui, pour survivre, n’ont eu d’autre choix que de reléguer la religion dans l’arrière-boutique et de la remplacer en vitrine par des gages d’insertion sur le marché du travail. Là, l’ampleur et la rapidité des mutations ont sans doute contribué à accélérer la crise religieuse. Il faudrait multiplier les monographies d’établissements pour le vérifier. Ce serait un bel apport pour une historiographie de la crise catholique, qui délaisse trop souvent le terrain scolaire.
Notes
1 Statut de l’enseignement catholique en France, 1992, paragraphe 6. La formule est empruntée à un texte de la Congrégation pour l’éducation catholique intitulé « dimension religieuse de l’éducation dans l’école catholique » et daté du 7 avril 1988.
2 Au terme d’une procédure d’évaluation, le Statut de 2013 a fait l’objet d’ajustements mineurs en 2018.
3 Statut de l’enseignement catholique en France, 2013, art. 41.
4 Marie Treps, « Transmettre, un point de vue sémantique », Éthnologie française, t. 30, no 3, juillet-septembre 2000, p. 361-367.
5 Michel Lagrée, Religion et cultures en Bretagne, Paris, Fayard, 1992, chapitre X, p. 359-404.
6 Voir par exemple Jean-René Chotard, Séminaristes… une espèce disparue ? Histoire et structure d’un petit séminaire. Guérande (1822-1906), Sherbrooke (Québec), Naaman, 1977 ou Alain Brélivet, La formation chrétienne dans les grands collèges catholiques (Bretagne, 1920-1940), Paris, L’Harmattan, 2001 (cette étude porte sur Saint-François de Lesneven et le Kreisker).
7 François Bonvin, « Une seconde famille : un collège d’enseignement privé », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 30, novembre 1979, p. 47-64 ; Id., « L’école catholique est-elle encore religieuse ? », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 44-45, novembre 1982, p. 95-108 ; Gabriel Langouët, Alain Léger, Le choix des familles. École publique ou école privée ?, Paris, Fabert, 1997.
8 Yann Celton, Samuel Gicquel, Frédéric Le Moigne, Yvon Tranvouez (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques de Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018.
9 Enseignement catholique actualités, no 371, février-mars 2016, p. VIII.
10 Samuel Gicquel, Bruno Poucet, « Effectifs », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques..., op. cit., p. 192.
11 Michel Lagrée, « L’histoire de l’enseignement primaire catholique. Le problème des sources », in Nadine-Josette Chaline, Gérard Cholvy (dir.), L’enseignement catholique en France aux XIXe et XXe siècles, Revue d’histoire de l’Église de France, t. 81, no 206, 1995, p. 25-34.
12 Sur le sujet, voir Yvon Tranvouez, « Religion », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques..., op. cit., p. 450-457. Je remercie Yvon Tranvouez pour ses réflexions stimulantes et l’aide qu’il m’a apportée sur le terrain documentaire.
13 L'Écho paroissial de Brest, « Pourquoi des écoles libres ? », allocution du curé de Saint-Louis à l'Amicale des anciennes élèves de l'Institution Jeanne d'Arc, 15 décembre 1932.
14 Pensionnat Saint-Pierre. Règlement, Guingamp, imprimerie E. Thomas, 1930, p. 9.
15 Cité par Yvon Tranvouez, « Religion »…, in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques…, op. cit., p. 450-451.
16 Pour la Bretagne, voir par exemple Louis Pouliquen, Le temps des soutanes, Brest, Éditions du Liogan, 1993 ; Marcel Thomas, Au collège en Basse-Bretagne : formation, déformation, insoumission. Lesneven (1951-1958) avec les écoles de Plabennec et de Lannilis, Rennes, Éditions Goater, 2010 ou Prosper Jardin, Mémoires d’un enfant du pays gallo, Janzé, imprimerie Hérissey, 2009.
17 Jean-Luc Marais, « L’aumônier des lycées (1802-1959). Cheval de Troie de l'Église dans l'Université ? », in Pierre Caspard, Jean-Luc Noël, Philippe Savoie (dir.), Lycées, lycéens, lycéennes, deux siècles d'histoire, Lyon, Institut national de recherche pédagogique, 2005, p. 99-115.
18 Yvon Tranvouez, « Concours et prix dans l’enseignement catholique », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques..., op. cit., p. 140.
19 Yvon Tranvouez, « Manuels », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques..., op. cit., p. 322-324.
20 Archives de Saint-François-Xavier, C 2 : École libre Saint-François-Xavier, brochure de 1925, p. 1.
21 Encyclique Divini Illius magistri, 31 décembre 1929.
22 Gwénaël Riou, « Arts (Enseignement et pratique des) », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques..., op. cit., p. 68-73.
23 Danièle Hervieu-Léger, « La transmission des faits religieux », in Daniel Verba, Faïza Guélamine (dir.), Interventions sociales et faits religieux, Paris, Presses de l’EHESP, 2014, p. 35.
24 Arthur du Bois de la Villerabel, L’école Saint-Charles à Saint-Brieuc. Souvenirs et récits, Saint-Brieuc, Prud’Homme, 1891, p. 302-316.
25 Matthieu Brejon de Lavergnée, « À l'école de la charité : les conférences de Saint-Vincent-de-Paul dans les maisons d'éducation catholiques parisiennes aux XIXe et XXe siècles », in Christian Sorrel (dir.), Éducation et religion. XVIIIe-XXe siècle, Chambéry, université de Savoie, 2006, p. 155-181.
26 Le Creis-Ker, no 143, avril-mai 1933, p. 500-502.
27 Octave Mirbeau, Sébastien Roch, Paris, G. Charpentier, 1890.
28 Archives de l’évêché de Vannes, Z 4 : Mémoires de Jean-Augustin Guillevic.
29 Octave Mirbeau, Sébastien Roch, Paris, 10/18, 1977, p. 48 (1re éd. : Paris, Charpentier, 1890).
30 Jérôme Buléon, Eugène Le Garrec, Sainte-Anne-d’Auray, t. 3 : « Le petit séminaire », Vannes, Lafolye, 1921, p. 373.
31 Archives de Saint-Joseph de Lannion, association des anciens du petit séminaire de Tréguier. Merci à Jean-Yves Marjou pour le travail effectué sur ce fonds très riche.
32 Samuel Gicquel, « Coût des études », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques..., op. cit., p. 150-152.
33 Véronique Riou, Les Cordeliers (enseignement privé) et le collège communal (enseignement public) : Dinan (1871-1914), maîtrise d’histoire, université Rennes 2, 1994, p. 14-15.
34 Archives départementales des Côtes-d’Armor, 1 T 1128 : rapport de l’inspecteur d’académie, 1883.
35 Ibid. : rapport de l’inspecteur d’académie, 1904.
36 Michel Lagrée, Religion et cultures…, op. cit.
37 Arnaud Berthonnet, « L’électrification rurale », Histoire et sociétés rurales, vol. 19, 2003, p. 193-219.
38 Denis Pelletier, La crise catholique. Religion, société, politique en France (1965-1978), Paris, Payot, 2002 et Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement, Paris, Le Seuil, 2018.
39 Louis Pouliquen, Le temps des soutanes, op. cit., ch. 5 « La révolution ».
40 Natalie Malabre, « Bellec (Joël) », in Marie-Dominique Dauzet, Frédéric Le Moigne (dir.), Dictionnaire des évêques de France au XXe siècle, Paris, Cerf, 2010, p. 64-65.
41 Herménégilde Cadouellan, « Regard sur les mutations du Petit Séminaire de Sainte-Anne-d’Auray à partir de 1945 », in Bertrand Frelaut, Georges Provost, Yvon Tranvouez (dir.), Le Petit Séminaire de Sainte-Anne-d’Auray. Histoire et héritage, Sainte-Anne-d’Auray, Académie de musique et d’arts sacrés, 2018, p. 130-131.
42 Archives des Filles du Saint-Esprit, 1 C 226.
43 Hervé Le Goff, « Groupes d’études économiques et sociales », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques..., op. cit., p. 213-215.
44 Agathe Bréjon, La religion à Saint-Vincent. Évolution de la transmission catholique dans la deuxième moitié du XXe siècle, mémoire de master, université Rennes 2, 2018.
45 Yves Moigno, Histoire du Petit Séminaire de Quintin, 1934-1975, association des anciens élèves du Petit Séminaire de Quintin, 2012, p. 251.
46 Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien…, op. cit.
47 Bruno Poucet, La Loi Debré, paradoxe de l’État éducateur, Amiens, CNDP, 2001 et, sous la direction du même auteur, L’État et l’enseignement privé. L’application de la loi Debré (1959), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011.
48 Marcel Launay, Le prêtre professeur, XIXe-XXe siècles. Un ministère oublié, Paris, Salvator, 2020.
49 Archives de l’évêché de Quimper, témoignage de Michel Scouarnec, professeur au petit séminaire de Pont-Croix, recueilli par Yann Celton et Yvon Tranvouez, le 23 août 2016.
50 Témoignage de Jean Cléarc’h, 15 septembre 2017.
51 Yvon Tranvouez, « Chrétiens contre l’école libre », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques..., op. cit., p. 125-126. Voir aussi Bruno Poucet, Entre l'Église et la République. Une histoire de la Fédération de la formation et de l'enseignement privés CFDT, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 1998.
52 Bruno Poucet, « Caractère propre », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques..., op. cit., p. 109-112. Merci à Bruno Poucet pour les renseignements complémentaires fournis.
53 Agathe Bréjon, La religion à Saint-Vincent…, op. cit., p. 129. Archives de Saint-Vincent, 5 V : « Éducation religieuse », Bulletin d’information des parents, septembre 1978.
54 Matthieu Brejon de Lavergnée, « Charité et solidarité », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques…, op. cit., p. 121.
55 Paul Lamotte, Guide pastoral de l’enseignement catholique pour la réflexion et l’action, Paris, Droguet-Ardant, 1988.
56 Joël Molinario, Catéchèse/pastorale, tension et évolution dans l'enseignement catholique depuis le Guide pastoral de Paul Lamotte, communication réalisée lors du colloque de Ploërmel sur les institutions secondaires d’enseignement catholique, 14 juin 2019, actes en cours d’édition.
57 Voir par exemple « Lycée Saint-Paul : culture religieuse à la carte », Le Télégramme, 25 mars 2009 et l’écho donné au livre de Stéphane Girardot, Culture religieuse, Paris, Jubilé, 2016.
58 « Comment parler de Dieu aux lycéens », La Croix, 26 septembre 2017.
59 Site internet de l’établissement : <https://st-charles.eu/la-pastorale-a-saint-charles/> (consulté le 20 janvier 2020).
60 Entretien avec Philippe Gerbel, directeur des Cordeliers à Dinan, 21 mars 2015.
61 Guillaume Dupuy, « Affirmations différenciées du caractère religieux des institutions catholiques d’enseignement secondaire », communication réalisée lors du colloque de Ploërmel sur les institutions secondaires d’enseignement catholique, 14 juin 2019, actes en cours d’édition.
62 Yann Celton, « Chapelles », in Yann Celton et al. (dir.), Dictionnaire des lycées catholiques…, op. cit., p. 118-120.
63 Liliane Voyé, « Mutations normatives dans la socialisation religieuse. De la transmission à l’invention : normes en transaction et paradigme identitaire », Éducation et sociétés, no 11, 2003, p. 35-46.
64 Secrétariat général de l’enseignement catholique, Annonce explicite de l’Évangile dans les établissements catholiques d’enseignement, paragraphe I-C.
65 « Mgr Cattenoz veut recentrer l’enseignement catholique », La Croix, 28 septembre 2006.
66 « Une rencontre avec l’évêque au lycée Xavier-Grall », Ouest-France, 10 janvier 2013.
67 Cité par Fanch Olivier, « Enseignement catholique : dissocier les faits de la foi », Le Télégramme, 18 janvier 1996. Cet article est le quatrième et dernier volet d’une enquête intitulée « Quelle place pour Dieu à l'école ? » et publiée à partir du 15 janvier 1996.
68 Yann Raison du Cleuziou, « L’essor des écoles hors-contrat et la dissidence scolaire des catholiques observants au début du XXIe siècle », communication réalisée lors du colloque de Ploërmel sur les institutions secondaires d’enseignement catholique, 14 juin 2019, actes en cours d’édition.
69 Samuel Gicquel, « L’académie de Rennes, un bastion de l’enseignement secondaire catholique », Carrefours de l’éducation, 2020, no 49, p. 211-224.
70 Sur le sujet, voir Guillaume Dupuy, « Affirmations différenciées du caractère religieux des institutions catholiques d’enseignement secondaire », communication faite lors du colloque de Ploërmel sur les institutions catholiques d’enseignement secondaire en France, 13-14 juin 2019, actes en cours d’édition.
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Titre | Ill. 1 : cours de sciences à Saint-Pierre, Saint-Brieuc (1946) |
Crédits | Source : Archives des Filles du Saint-Esprit, 1 C 226. |
URL | http://journals.openedition.org/histoire-education/docannexe/image/6226/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 415k |
Pour citer cet article
Référence papier
Samuel Gicquel, « La transmission religieuse dans les lycées catholiques bretons (XIXe-XXe siècles) », Histoire de l’éducation, 155 | 2021, 69-88.
Référence électronique
Samuel Gicquel, « La transmission religieuse dans les lycées catholiques bretons (XIXe-XXe siècles) », Histoire de l’éducation [En ligne], 155 | 2021, mis en ligne le 02 janvier 2023, consulté le 28 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/histoire-education/6226 ; DOI : https://doi.org/10.4000/histoire-education.6226
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