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Construire des bases de données

Les élites italiennes et la monarchie hispanique (xvie-xviiie siècle)

Les apports de la base de données Fichoz pour une approche prosopographique
Italian Elites and the Hispanic Monarchy (16th-18th Centuries): A Prosopographic Approach using the Fichoz Database
Albane Cogné
p. 65-98

Résumés

Cet article présente l’expérience de réutilisation et de continuation d’une base de données déjà existante (Fichoz-Actoz) dans le cadre du projet « Elitesit », orienté dans une perspective prosopographique. Il envisage successivement la constitution du corpus d’étude, le choix de la base de données et la transformation des sources en données. Il insiste sur le double statut des données contenues dans celle-ci (données issues des sources/données objet d’une réélaboration effectuée par le chercheur). Parmi les problèmes abordés au fil de l’article, se trouvent notamment celui des appartenances multiples – qui pose la question de l’articulation de l’individu au groupe – et celui de la catégorisation en histoire.

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Texte intégral

  • 1 Projet financé par l’École française de Rome, la Maison des sciences de l’homme Val de Loire (MSH V (...)
  • 2 Sur la question des appartenances et des nations dans la monarchie hispanique, voir A. Alvarez-Osso (...)

1S’inscrivant dans une histoire sociale du politique, le projet « Les élites italiennes et les monarchies européennes : circulations et réseaux de pouvoir (xvie-xviiie s.) » (Elitesit, 2017-2021)1 visait à évaluer la participation des Italiens au gouvernement de la monarchie hispanique et à mieux comprendre les effets de leur intégration à ce large ensemble politique, composé de divers territoires, à travers l’étude de leurs circulations et de leurs réseaux relationnels. Si le terme « Italien » peut soulever des interrogations dans le cadre de l’Italie pré-unitaire, il détient une légitimité institutionnelle à travers l’existence du Conseil d’Italie à Madrid qui était chargé de gérer les divers territoires de la péninsule italienne et à travers la reconnaissance des appartenances nationales, certes fluides à cette époque, au sein des institutions de la monarchie, en particulier dans le domaine judiciaire, ecclésiastique et militaire2.

  • 3 La perception négative de la « domination étrangère » des territoires italiens s’est largement diff (...)
  • 4 Sur ces trois personnages, voir respectivement N. Bazzano, 2003 ; L. Scalisi, 2012 ; R. Pilo, 2008.

2L’historiographie a désormais largement remis en question l’image d’une « domination étrangère » sur ces territoires italiens, pour souligner plutôt le rôle actif des élites italiennes et les relations de négociations qu’elles entretenaient avec la monarchie hispanique3. Toutefois, les contributions se sont focalisées principalement sur quelques familles ou individus qui se sont particulièrement distingués au service du souverain espagnol, soulevant ainsi la question de leur représentativité : dans quelle mesure le parcours d’un Marco Antonio Colonna, d’un Carlo d’Aragona Tagliavia ou d’un Luigi Guglielmo Moncada peuvent-ils être généralisés4 ?

  • 5 Sur l’intérêt de la prosopographie à ce niveau : C. Lemercier & E. Picard, 2012. Elle permet « de d (...)
  • 6 Sur l’intérêt d’une approche quantitative : K. Karila Cohen et al., 2018 ; C. Lemercier & C. Zalc, (...)

3La démarche adoptée dans le cadre du projet « Elitesit », de nature prosopographique, fut ainsi de recenser tous les Italiens ayant servi le roi d’Espagne à partir d’un certain grade et de comparer leurs parcours pour envisager le champ des possibles et parvenir à mieux évaluer ce qui relevait de la norme ou de l’exception5. La méthodologie adoptée invitait ainsi à dénombrer des individus dans le cadre d’une approche statistique qui croisait les périodes, les différents territoires de l’Italie espagnole et les diverses formes de service6. Elle nécessitait également d’approfondir certains parcours à travers une démarche plus qualitative afin de mieux comprendre les mécanismes d’ascension ou de mise à l’écart des individus. À ce niveau, leur insertion dans des cercles relationnels, qu’ils relèvent de la parenté ou d’autres formes de liens, apparaissait fondamentale pour saisir les appuis dont ils avaient pu bénéficier ou au contraire les antagonismes auxquels ils s’étaient heurtés.

4Le présent article envisagera ainsi successivement la constitution du corpus d’étude puis le choix de la base de données Fichoz et enfin la transformation des sources en données. Parmi les problèmes abordés au fil de l’article, se trouvent notamment celui des appartenances multiples – qui pose la question de l’articulation de l’individu au groupe – et celui de la catégorisation en histoire.

1. Constitution du corpus

Le projet « Elitesit » : objectifs, cadre géographique et chronologique

  • 7 La Sardaigne a été laissée de côté car, étant rattachée au Conseil d’Aragon, elle obéissait à des c (...)
  • 8 Pour les Génois, voir au sein d’une large bibliographie : E. Grendi, 1997 ; M. Herrero Sanchez et a (...)
  • 9 J. H. Elliott, 1992 ; P. Cardim et al., 2012.

5L’étude portait d’abord sur les territoires italiens sous souveraineté directe du roi d’Espagne et dont l’administration passait largement, à Madrid, par l’intermédiaire du Conseil d’Italie (soit le duché de Milan et les royaumes de Naples et de Sicile7), mais elle impliquait également la prise en compte d’autres territoires italiens, tels Gênes ou Rome, dont les élites eurent une place déterminante dans le système politique hispanique, bien que ces territoires ne relèvent pas d’une souveraineté espagnole8. La périodisation envisagée allait du règne de Charles Quint, marquant l’intégration de ces territoires italiens à un ensemble géographique plus large, jusqu’à la Succession espagnole (1700) qui a engendré une reconfiguration de ce vaste ensemble territorial. Des prolongements ponctuels vers le xviiie siècle ont également permis de saisir les effets des changements dynastiques sur les configurations socio-institutionnelles. Il s’agissait ainsi d’étudier la participation des Italiens au gouvernement de la monarchie hispanique et de voir comment les hiérarchies sociales et les phénomènes de mobilités avaient été affectés par l’évolution des configurations politiques. Ces questions étaient abordées dans une optique comparative entre les différents territoires italiens, tenant compte de leur situation géopolitique et de leurs spécificités institutionnelles et sociales. À partir de ce point de vue italien, il s’agissait aussi d’appréhender les liens existants entre les différents nœuds d’un système politique qui a pu être qualifié de « composite » puis de « polycentrique »9, et que l’on pourrait finalement considérer comme s’inscrivant dans des logiques multipolaires hiérarchisées. Les circulations des individus étaient ainsi principalement saisies à travers les services rendus ou les charges obtenues et, plus ponctuellement, à travers la mention de séjours à la cour. L’approche mise en œuvre était également attentive à l’insertion des Italiens dans des réseaux relationnels pour contribuer à expliquer leurs trajectoires, notamment les relations de parenté ou de clientélisme.

  • 10 Sur les positionnements spécifiques des élites italiennes durant les périodes de crise : A. Cogné (...)
  • 11 Les Milanais qui soutenaient la France dans les premières décennies du xvie siècle recevaient, par (...)
  • 12 Sur les exilés de Messine en 1678 : A. Cogné, 2023.

6Au-delà des liens que les Italiens entretenaient avec la monarchie catholique, il s’avérait aussi essentiel d’envisager ceux qui les unissaient à d’autres puissances présentes dans la péninsule italienne, en particulier la papauté, le Saint-Empire et la France. Cette dernière fut la principale concurrente des Trastamare puis des Habsbourg, de la fin du xve siècle au milieu du xvie siècle, lorsqu’ils s’efforcèrent de reconstituer l’emprise aragonaise sur l’Italie du sud et d’acquérir le contrôle du duché de Milan. Par la suite, à plusieurs reprises, des crises ponctuelles menacèrent la prépondérance espagnole, notamment lors des révoltes italiennes du xviie siècle qui se caractérisèrent par une intervention française pour soutenir les rebelles tant à Naples en 1647 qu’à Messine en 1674. Finalement, la France et l’Empire ressurgirent comme acteurs géopolitiques principaux, suite à la mort de Charles II d’Espagne sans héritier direct. Dans le contexte de la guerre de Succession qui s’ensuivit, ces puissances nouèrent de nouveaux liens avec les élites italiennes. Il s’avérait donc essentiel de pouvoir saisir ces relations de fidélité (uniques ou multiples) dans lesquelles s’inscrivaient les Italiens et leurs possibles retournements dans ce contexte politique versatile10. Ces relations de fidélité ou de rupture ont là encore été saisies principalement par les services rendus, les charges et gratifications accordées par les différents souverains11, ou même par l’exil des rebelles12.

  • 13 Fabrizio D’Avenia a étudié les évêques de patronage royal espagnol, Benoît Maréchaux les détenteurs (...)

7Dans le cadre d’une approche prosopographique, la méthodologie déployée consistait à recenser, dans un premier temps, tous les Italiens qui avaient été au service de la monarchie hispanique (à partir d’un certain grade qui permettait de les qualifier d’« élites ») ou qui avaient reçu des honneurs et distinctions du souverain espagnol. Les services pris en compte consistaient en des charges de gouvernement (vice-rois, gouverneurs), des charges curiales (mayordomo, meñinos, etc.), militaires (à partir du grade de maître de camp), diplomatiques, juridiques (juges et présidents des tribunaux royaux), financières (détenteurs de contrats de fournitures et de fermes d’impôts) ou ecclésiastiques (évêques de nomination royale). Les distinctions retenues étaient l’intégration dans les ordres militaires espagnols (Santiago, Alcantara et Calatrava), l’obtention de la Toison d’or et de la dignité de Grand d’Espagne. En revanche, les concessions de fiefs et de titres nobiliaires possédant une dimension largement vénale, elles ne furent pas considérées comme des critères permettant de délimiter le groupe de départ. Elles furent toutefois insérées dans la base de données comme des attributs permettant de caractériser les différents individus et lignages. Le service rendu (ou la gratification obtenue) constituait ainsi la voie d’entrée dans le corpus qui était subdivisé en différents groupes selon les catégories à peine évoquées, groupes qui pouvaient parfois se recouper et dont l’étude fut répartie entre les chercheurs participants au projet13.

Problèmes de délimitation du corpus : qu’est-ce qu’un « Italien » ?

  • 14 A. Alvarez-Ossorio Alvariño, 2004.
  • 15 G. Barone, 2008.
  • 16 Sur les modalités d’intégration des étrangers dans les royaumes de Sicile et de Naples : R. Cancila(...)
  • 17 Le Conseil d’Italie était ainsi composé de deux régents pour chacun des trois territoires italiens (...)
  • 18 P. Burgarella, 1981.
  • 19 Des noms de famille tels Moles ou Salazar provenaient clairement de la péninsule ibérique tandis qu (...)
  • 20 F. D’Avenia, 2025.

8L’appartenance territoriale, qui représentait le principal critère de délimitation du corpus – en sus des services ou dignités à peine évoqués – s’est toutefois révélée problématique à de nombreuses reprises, tant pour identifier « les Italiens » que pour les répartir en sous-groupes (« Napolitains », « Milanais », « Génois », etc.). Le service militaire ou juridique au souverain, les charges de gouvernement dans des territoires éloignés ont en effet engendré une mobilité des individus qui n’était pas toujours suivie d’un retour dans le lieu d’origine. C’est le cas des nombreuses familles aragonaises installées dans les royaumes de Sicile ou de Naples ou encore des familles de jenizaros telles les Ordoño de Rosales ou les Salazar, originaires de la péninsule ibérique, mais dont certaines branches s’étaient fixées à Milan14. Par ailleurs, en récompense à des services rendus à la monarchie, certains individus avaient obtenu des fiefs et titres dans des territoires différents de leur lieu d’implantation. Ce phénomène, couplé aux unions matrimoniales « transnationales », a permis aux grandes familles de posséder des biens dans les divers espaces de la monarchie et de pouvoir revendiquer plusieurs appartenances. Diverses familles espagnoles, romaines ou génoises détenaient ainsi des fiefs napolitains mais leur degré d’enracinement dans ce territoire était très variable selon les cas. Certaines avaient maintenu leur résidence principale dans leur ville d’origine et administraient à distance ces fiefs tandis que d’autres s’étaient transférées dans le royaume de Naples. De prestigieuses familles castillanes avaient obtenu d’immenses territoires en Italie par le jeu des héritages, tels les Enríquez, détenteurs du comté de Modica en Sicile, grâce à l’union matrimoniale de Federico avec Anna Cabrera en 148115. Le mariage avec des Siciliennes ou des Napolitaines avait aussi permis à des juristes espagnols d’obtenir le statut de régnicole dans ces territoires italiens per ductionem uxoris originariae16. Dès lors, certains individus jouaient de cette double appartenance pour se présenter sous des étiquettes diverses, mettant en avant leur condition de Sicilien ou celle d’Espagnol selon les opportunités des postes qui étaient répartis entre les diverses nations17. C’est par exemple le cas de Luca Cifuentes, originaire d’Espagne mais devenu Sicilien par son mariage avec Melchiora Imbarbara, qui présentait cette nouvelle appartenance pour entrer dans les tribunaux siciliens en 1565, puis pour devenir président de la Regia Gran Corte de Palerme (1572). Entre-temps, il n’hésitait pas à faire valoir son identité ibérique pour obtenir un poste de régent « espagnol » au Conseil d’Italie à Madrid18. Les dossiers de pureté de sang, pour les chevaliers des ordres militaires, contenaient la mention « naturel de telle ville » qui constituait un autre indice d’identification de nos Italiens. Cette naturalité correspondait a priori au lieu de naissance attesté par l’acte de baptême mais, là encore, le lieu de naissance était-il la preuve d’une appartenance ? Peut-on considérer comme Siciliens des fils d’Espagnols nés à Palerme parce que leur père y avait une charge militaire temporaire et parce qu’ils étaient dénommés « naturels de Palerme » dans un acte officiel ? Cette fluidité des identités impliquait donc de ne pas opérer de catégorisations hâtives lors de l’insertion des données. Lors de cette première phase du travail, il fut ainsi décidé de rentrer tous les individus pouvant mériter le qualificatif d’italien, soit du fait de leur lieu de naissance (en Italie) soit du fait de leur appartenance familiale (patronyme19), soit encore du fait de leur intégration dans certaines institutions réservées aux Italiens, reportant la phase d’éventuelle sélection au moment de l’exploitation des données, une fois que les informations recueillies sur ces individus permettraient d’avoir davantage d’éléments pour éclairer les choix. En ce qui concerne les membres des tribunaux royaux ou les évêques de patronage royal espagnol, il fut décidé d’insérer dans la base de données les listes complètes, comprenant les membres italiens et espagnols, afin de pouvoir comparer les carrières. Ces données permettaient aussi de vérifier le respect des répartitions nationales dans l’attribution des charges. En effet, un tiers des sièges des tribunaux royaux étaient réservés à des Espagnols à Naples et à Milan tandis qu’en Sicile la totalité de ces sièges était exclusivement attribuée aux régnicoles. En ce qui concerne les évêques de patronage royal espagnol en Italie, la règle de l’alternance entre régnicoles et étrangers gouvernait généralement l’attribution des postes20.

9Si le groupe de départ était délimité par l’exercice d’une des charges mentionnées ou par l’obtention d’une des dignités évoquées, il évoluait dans un ensemble social plus large comprenant des individus qui avaient pu jouer des fonctions d’intermédiation, de recommandation ou qui, au contraire, avaient pu bloquer les carrières et l’obtention de grâces. C’est par exemple le cas des vice-rois des territoires italiens, généralement d’origine ibérique mais parfois aussi italienne, qui jouaient un rôle déterminant dans les processus de nomination selon le principe institutionnalisé de la terna : pour les postes de nomination royale vacants, le vice-roi proposait au Conseil d’Italie trois noms, classés par ordre de préférence et accompagnés de commentaires plus ou moins détaillés. La base de données devait donc garantir la possibilité d’agréger autant que nécessaire de nouveaux acteurs qui interagissaient avec la population de départ. Ceux-ci n’appartenaient pas au corpus principal, objet de l’étude et des dénombrements statistiques, mais représentaient un corpus secondaire, utile pour comprendre les mécanismes d’intégration ou d’exclusion.

2. La base de données Fichoz : croiser données biographiques, relationnelles, généalogiques et géographiques

  • 21 Pour une présentation détaillée de la base de données Fichoz : J.-P. Dedieu, 2005 et le carnet hypo (...)

10Créée à la fin des années 1980, dans le cadre des recherches du groupe Pape (Personnels administratifs et politiques de l’Espagne au xviiie siècle) qui s’interrogeait sur les effets de la transition dynastique des Habsbourg aux Bourbons, la base de données Fichoz constitue un instrument de stockage et de filtrage de l’information. Elle permet de réaliser des requêtes très fines, à partir de différents critères et de classer l’information obtenue21. Les données qu’elle contient sont ensuite généralement destinées à être extraites pour être exploitées avec d’autres logiciels : des logiciels de cartographie informatique comme QGis ou d’analyse de réseaux comme Gephi ou plus simplement par le biais de tableurs Excel.

11Fichoz s’inscrit dès le départ dans une approche prosopographique et a comme unité de référence l’action. Cette action est réalisée par un acteur identifié ; elle est décrite, sourcée, datée et située dans l’espace. Toute action, quelle qu’elle soit, est ainsi décrite selon le même schéma : Qui, Quand, Quoi, Où, Avec qui. Toutes les actions réalisées par un même acteur permettent de produire sa fiche biographique, laquelle comprend aussi ses relations avec d’autres individus (Figure 1).

Figure 1. Structure générale de la table « Actions »

Figure 1. Structure générale de la table « Actions »

Note. Pour une vision plus large des différents champs, avec notamment la mention des sources et des lieux, voir Figure 3.

Source. Extrait de la fiche biographique de Carlo d’Aragona Tagliavia, vue partielle des champs.

  • 22 Sur une première expérience de traitement des relations à partir de Fichoz et du logiciel Pajek : J (...)
  • 23 Sur l’articulation de l’individu aux groupes sociaux : J.-P. Dedieu, 2005 (« Dans chacun des domain (...)

12Chaque action correspond à un enregistrement qui contient systématiquement le nom de l’acteur. Ce principe enfreint celui de la non-redondance mais permet de rendre chaque enregistrement indépendant, modifiable, duplicable et effaçable. L’action étant décrite selon les termes des sources et sans catégorisation a priori, elle ne nécessite pas de multiples tables. Dans le cadre des requêtes, la table « actions » permet d’afficher aussi bien les diverses actions (et relations) liées à un individu (sa fiche biographique, plus ou moins longue selon les cas) que les divers individus caractérisés par une même action (la liste des membres d’une même institution (Figure 6), des participants à une même bataille, etc.). Cette dernière possibilité permet ainsi d’envisager l’existence de relations potentielles entre des individus en tant que membres d’une institution au même moment ou se trouvant dans un même lieu de manière contemporaine, en étant bien sûr conscient des limites inhérentes à une telle démarche22. Le principe de fonctionnement de Fichoz, articulé autour de l’action, permet ainsi de dépasser les critiques de réification de l’individu souvent formulées : l’individu est qualifié à un moment donné, dans un espace donné, par une source spécifique. Cela ne l’empêche pas d’être qualifié différemment dans une autre source au même moment ou bien sûr à une période différente. Ce système, centré sur l’action, apparaît donc particulièrement adapté pour articuler l’individu aux divers groupes sociaux dont il fait partie ou avec lesquels il interagit23.

13Une table généalogique, reliée à la table « actions », permet de recomposer la parenté de l’individu au travers des deux types de liens fondamentaux (la filiation et l’alliance) et d’avoir accès aux données contenues sur ces différents individus dans la table « actions » (Figure 2).

Figure 2. Structure de la table généalogique

Figure 2. Structure de la table généalogique

Lecture. L’individu principal est au centre (Carlo d’Aragona Tagliavia), son père en haut à gauche (Giovanni Tagliavia d’Aragona), sa mère en haut à droite (Maria Antonia d’Aragona), son ou ses épouses en bas à gauche (Catalina Ventimiglia puis Isabella Moncada avec la date du mariage), ses enfants en bas à droite (Giovanni, Isabella, Simone, Margherita, Pietro, Ferdinando, Cesare). Pour chaque individu, il est prévu d’insérer les dates et lieux de naissance et de mort (Carlo est né à Castelvetrano en 1521 et mort à Madrid en 1599), les sources de ces informations (Geneanet/Frebault) et les titres ou charges principales de l’individu pour faciliter son identification. Carlo possède ainsi deux identifiants : celui de la table généalogique (00511421) et celui de la table action (0094999A) qui permet de rappeler sa fiche biographique dont un extrait est donné dans la Figure 1.

  • 24 La concession d’habits d’ordres militaires espagnols à de jeunes individus qui n’ont pas encore pu (...)

14Ce module généalogique, grâce à la fonctionnalité « Kinship network », permet d’avoir la liste des parents d’un individu au 2e, 3e ou 4e degré de parenté et de connaître leurs actions, charges ou distinctions marquantes, en fonction bien sûr des informations disponibles dans la base. Il devient dès lors très facile de savoir si tel individu avait eu dans sa parenté une personne ayant occupé une charge à la cour de Madrid (et donc susceptible de l’avoir appuyé dans ses requêtes). Par ailleurs, l’appartenance familiale apparaît déterminante dans les concessions de gratifications à un individu qui récompensent souvent non tant ses propres mérites que ceux de tout son lignage24. La possibilité de croiser, à un niveau aussi développé, informations généalogiques et informations biographiques a ainsi représenté un élément déterminant pour l’adoption de la base de données Fichoz.

15Au-delà de ces deux tables maîtresses (la table « actions » et la table généalogique), la base de données comportait d’autres tables qui répondaient aux attentes initiales du projet « Elitesit » : la table géographique offrait une localisation précise du lieu à travers ses coordonnées géographiques, permettant ainsi de réaliser facilement des travaux de cartographie. La table « sources et bibliographie » renvoyait à un descriptif des sources utilisées, distinguant sources archivistiques, sources imprimées et bibliographie secondaire. Enfin, un dictionnaire des institutions, librement créé et complété par les utilisateurs au fur et à mesure qu’ils les rencontraient renseignait, par exemple, sur le rôle et le fonctionnement des institutions (durée des charges, nombre d’individus nommés, processus de nomination, etc.).

Figure 3. Détail des champs principaux de Fichoz

Figure 3. Détail des champs principaux de Fichoz
  • 25 Ce projet initial de base de données SQL prévoyait une table centrale consacrée aux individus s’art (...)

16La souplesse offerte par Fichoz dans le maniement et l’insertion des données fut un autre argument en faveur du choix de ce système. Le chercheur ne travaille plus dans un cadre prédéfini, remplissant en quelque sorte les cases d’un formulaire préétabli, comme l’imposait le projet de base SQL, initialement élaboré pour « Elitesit » et abandonné à cause de sa trop grande rigidité25. Il peut charger n’importe quelle information qui lui semble pertinente, obtenant un volume de données, différent d’un acteur à l’autre, en fonction des renseignements disponibles. Quitte à accumuler, dans certains cas, un flot d’informations dépassant de loin les objectifs initiaux du projet mais utile pour saisir plus finement les mécanismes sociaux et politiques à l’œuvre.

L’articulation d’« Elitesit » à la base Fichoz-Actoz préexistante

  • 26 Fichoz est le système de base de données dont on vient de décrire les caractéristiques (sur ce suje (...)

17Une fois la décision prise d’adopter le système Fichoz, une première interrogation émergea autour du choix possible entre la réalisation d’une nouvelle base de données, spécifique aux élites italiennes (soit l’adoption de la structure Fichoz mais vide de données préalables) ou la confluence de nos données dans la grosse base de Fichoz-Actoz, déjà existante26, dont une très large partie concernait l’Espagne des xviiie et xixe siècles. Notre projet portant sur l’intégration des Italiens dans la monarchie hispanique, il était probable que de nombreux acteurs espagnols, en relation avec eux, voire certains de nos Italiens eux-mêmes, aient déjà été présents dans la base, notamment pour la fin du xviie siècle et la période postérieure à la guerre de Succession espagnole qui avait été au cœur des recherches du groupe fondateur de Fichoz. Nos hypothèses de travail accordant par ailleurs une grande signification aux mariages entre Espagnols et Italiens, il s’avérait extrêmement intéressant de pouvoir rattacher les informations les concernant à celles déjà existantes dans la base sur la famille du conjoint espagnol. Étant a priori favorable aux synergies des ressources, le choix de rejoindre la base de Fichoz-Actoz a donc été considéré comme partie prenante de l’expérimentation scientifique. Une grande majorité de notre corpus direct ne figurait pas encore dans la base de données (à l’exception de certains Grands d’Espagne, de chevaliers de la Toison d’or et de quelques militaires et juristes actifs dans les dernières décennies du xviie siècle). En revanche, les données déjà présentes ont été particulièrement utiles pour acquérir des informations sur le corpus élargi (individus en relation avec les membres de nos groupes, notamment les vice-rois, diplomates, membres des conseils centraux de Madrid, etc.).

  • 27 Une tentative pour marquer du nom du programme scientifique concerné chacune des données introduite (...)

18Dans la mesure où la démarche d’« Elitesit » était prosopographique et où le corpus des acteurs était généré à partir de marqueurs clairement identifiables (membres de certaines institutions, récipiendaires de dignités précises), il était facile de retrouver les individus concernés au sein de la masse d’acteurs contenus dans la base de données et de reconstituer une population homogène pour une étude spécifique : par exemple les juges des tribunaux royaux de Sicile ou les détenteurs de la Toison d’or. La masse de données contenues dans la base pouvait tout au plus ralentir l’affichage des résultats de requêtes ou de classement lorsque la connexion internet n’était pas très bonne. Mais, in fine, chaque chercheur a eu la possibilité de travailler sur « ses » données sans être perturbé par l’existence d’une grande masse d’informations qu’il pouvait très bien ne jamais voir apparaître à l’écran sauf cas particuliers, rencontres de hasard qui pouvaient parfois être porteuses d’une richesse informative27. On aurait pu craindre des confusions dues à l’existence parallèle de branches italiennes et espagnoles de familles portant le même nom, comme les Moncada ou les Requesens. Mais la possibilité de porter sur un même écran les données généalogiques et biographiques fut d’une grande aide pour identifier de manière certaine les individus. Cette facilité d’identification est toutefois probablement fonction de la masse d’informations dont on dispose en travaillant sur de grandes familles nobiliaires pour lesquelles les titres constituent aussi un élément d’identification important et systématiquement présent dans les sources. Pour d’autres catégories sociales, le caractère plus restreint des données pourrait en effet compliquer la tâche. En ce qui concerne le groupe des juristes, pour lequel la reconstitution des généalogies n’a été que partielle et a concerné essentiellement ceux qui avaient intégré les groupes nobiliaires (ou en faisaient déjà partie), l’identification pouvait, ponctuellement, demeurer incertaine. Si l’on peut par exemple supposer que Giuseppe La Placa, juge au tribunal de la Regia Gran Corte de Palerme en 1682, ait de bonnes probabilités de correspondre à l’individu du même nom qui siégea au Sénat de la même ville en 1685, aucun élément autre que le nom et la coïncidence spatio-temporelle ne vient conforter ce fait. Ces cas de figure sont toutefois extrêmement limités au niveau de notre corpus et les possibles erreurs d’identification sont facilement modifiables par un simple changement d’identifiant de l’individu.

19L’existence de données antérieures au projet « Elitesit » dans la base a nécessité une vérification systématique avant l’introduction de nouvelles données. Ce préalable obligatoire n’est toutefois pas causé uniquement par la taille du fichier et par son usage collectif ; il provient aussi de l’utilisation de sources multiples, qui se recoupent, et que l’utilisateur, par la force des choses, dépouille à des dates différentes, ne pouvant donc se souvenir de tout ce qu’il a chargé. Dans certains cas, la vérification préalable montrait que l’acteur était totalement absent de la base, dans d’autres cas il était déjà présent mais il s’agissait d’insérer de nouvelles actions le concernant. Il fallait dans ce dernier cas récupérer son identifiant pour l’associer au nouvel enregistrement.

20L’intégration de l’espace italien à la base de données Fichoz-Actoz a imposé de compléter l’ontologie des actions propres à cet espace, notamment en ce qui concerne le codage des charges institutionnelles et les emboîtements territoriaux et administratifs (ontologie complexe). Dans les deux cas, la mise à jour a été réalisée à partir du modèle déjà en place pour l’Espagne moderne. L’existence de comparaisons et d’équivalences entre les institutions des divers territoires italiens et les institutions espagnoles dans les sources du Conseil d’Italie offrait ponctuellement des points d’appui. Le fait que de nombreux éléments de codage utilisés pour l’Espagne fonctionnent, avec des adaptations mineures, pour l’Italie marque la similitude des structures institutionnelles entre les deux espaces et laisse présager les usages possibles des grandes bases de données pour une étude comparative des systèmes institutionnels. Au fil de l’utilisation de Fichoz, dans le cadre du projet « Elitesit », de nouveaux champs furent ajoutés à la table « actions » pour rendre compte de dimensions qui n’avaient pas été initialement prévues, telles les aires d’inscription des fonctions détenues selon l’organisation administrative du territoire, à l’époque concernée (qu’il s’agisse d’un comté, d’un diocèse, d’une ville, d’un royaume, etc.). Par exemple, la nomination d’un juge du tribunal de la Regia Gran Corte de Sicile s’inscrivait dans plusieurs espaces : la nomination était effectuée à Madrid par le souverain, la cour siégeait à Palerme, mais son aire de compétence concernait tout le royaume de Sicile. Le nouveau champ permit donc de renvoyer à cet espace juridictionnel, tout en préservant la mention du siège (Figure 3 : « aire d’application de l’action »).

21Chaque action pouvait donc correspondre à un emboîtement de lieux, tout comme elle pouvait aussi correspondre à un emboîtement de dates. La nomination d’un évêque de patronage royal, par exemple, comportait plusieurs étapes réparties sur plusieurs mois, entre le choix du roi, l’acceptation de ce choix par Rome et les délais matériels de route pour que l’évêque rejoigne son poste et en prenne possession. Fallait-il créer autant d’entrées dans la base que d’étapes dans le processus de nomination ? Dans le cadre du projet « Elitesit », la décomposition de la nomination en plusieurs actions ne fut pas considérée une donnée utile. Ne fut donc retenue qu’une seule date, qui correspondait généralement – mais pas exclusivement – à la nomination pontificale, du fait des sources utilisées. Une recherche postérieure, qui s’intéresserait par exemple au délai d’enregistrement des actes promulgués à Madrid par la chancellerie de Sicile ou de Milan pourrait facilement compléter la base de données en distinguant ces deux types d’actions. Il s’agirait simplement d’ajouter une nouvelle entrée pour cette seconde action et éventuellement une troisième pour la prise de fonction effective. La « granulométrie » de l’action peut ainsi très facilement s’adapter et s’affiner selon les besoins sans devoir repenser toute la structure de la base et l’architecture des champs. Cette fluidité est un grand avantage, car elle permet des ajustements faciles aux évolutions des projets de recherche ainsi que l’utilisation de la même base par plusieurs d’entre eux. Au terme de la recherche, le projet « Elitesit » a enrichi la table « Actions » d’environ 50 000 nouvelles entrées caractérisant plusieurs milliers d’individus.

L’identification des individus, des actions et la question des langues

  • 28 Ettore Pignatelli (1742-1800) est le fils de Fabrizio Pignatelli Aragona et de Costanza Medici Caet (...)

22Ces questions, qui peuvent sembler a priori distinctes, sont en fait liées car la solution apportée se fonde sur le même principe, ce qui explique qu’elles soient ici traitées ensemble. L’une des difficultés pour repérer certains individus, déjà présents dans la base, provenait des variations du nom de famille d’une source à l’autre. Les sources espagnoles avaient ainsi tendance à hispaniser les noms italiens et vice versa. Les Di Napoli devenaient les De Napoles, les Ventimiglia se transformaient en Veintemilla et les Bologna s’écrivaient Boloña. La pratique espagnole d’associer le nom de famille maternel au nom paternel constituait généralement un élément bienvenu pour aider à identifier les individus mais elle pouvait parfois compliquer la tâche lorsque le standard « nom du père-nom de la mère » n’était pas respecté. En effet, dans certains cas, on observait une inversion de ceux-ci, lorsque le nom maternel s’avérait plus prestigieux ou était d’origine espagnole. Dans d’autres cas, et pour les mêmes raisons, pouvait être repris le nom d’une arrière-grand-mère. Identifier le « Hector Aragon Cortes » présent dans la base, comme « Ettore Pignatelli Aragona » donné par les sources italiennes (avec également la variation d’Ettore Pignatelli Medici), n’était ainsi pas forcément évident (Figure 4)28.

Figure 4. Les variations des noms de famille : le cas d’Ettore Pignatelli

Figure 4. Les variations des noms de famille : le cas d’Ettore Pignatelli

23Ce problème s’avère toutefois inhérent au croisement des sources par l’historien, exigence indispensable dans le cadre des approches transnationales aujourd’hui valorisées par l’historiographie. Pour aider à l’identification, les titres nobiliaires possédés, les dates de vie, les charges occupées, la mention des parents représentaient des indices utiles. À ce niveau, la base de données pouvait aussi devenir un précieux auxiliaire en mémorisant les différentes formes d’un nom. Il s’avérait également très facile de corriger une éventuelle erreur en changeant l’identifiant de l’individu. Sans même envisager des sources de langue différente, des variations peuvent parfois exister au sein d’une même provenance documentaire avec le changement d’une voyelle (par exemple, Sorbelloni au lieu de Serbelloni) ou le redoublement d’une consonne. Face à ces variations orthographiques, bien connues des historiens, le choix a donc été fait de conserver la forme donnée par la source en précisant éventuellement ensuite « [alias] » suivi de la forme usuelle du nom. Le même individu peut donc figurer dans la base avec des noms orthographiés différemment. C’est son identifiant unique qui permet d’avoir la confirmation qu’il s’agit bien du même acteur et de rappeler à l’écran l’ensemble des actions de son parcours de vie sous ses diverses appellations.

24Tout comme le champ « nom de l’individu » était susceptible de variations, celui de « l’action » l’était également. Fichoz-Actoz comportait initialement des données qui étaient principalement en espagnol du fait des sources utilisées par le projet « Pape ». Le projet « Elitesit » se fondait quant à lui sur des sources italiennes comme espagnoles. Le principe adopté fut de maintenir la langue de la source. Tel Sicilien, qui était déjà présent dans la base, pouvait ainsi être qualifié de « juez en el tribunal de la Gran Corte de Sicilia » alors que son collègue entré dans le cadre d’« Elitesit », à partir de sources italiennes, l’était comme « giudice del tribunale della Gran Corte ». Tel individu pour lequel la naissance avait été entrée à partir de sources espagnoles (« Nacimiento en Madrid ») pouvait voir sa mort entrée en italien (« Morte a Palermo »). Outre les différences linguistiques, une même action pouvait être exprimée de manière différente selon la source consultée. Par exemple, la fonction de « membro del Consiglio Generale di Milano » pouvait être exprimée comme « decurione di Milano » ou « membro del Consiglio dei Sessanta decurioni », pour ne conserver que les variantes italiennes. L’existence d’un code propre à une charge ou à une action spécifique permettait toutefois de résoudre ce problème, tout comme l’identifiant de l’acteur suppléait aux diverses formes anthroponymiques (couche des ontologies complexes). Une requête exprimée avec le code de l’action permettait ainsi d’appeler toutes les occurrences de celle-ci sous leurs formes variées, qui pouvaient (ou non) être liées à la diversité linguistique des sources.

25L’existence de plusieurs langues, à ce niveau, ne représentait finalement pas un gros problème. Elle était traitée de la même manière que les variations anthroponymiques d’un individu ou les diverses formes de dénomination d’une charge : identifiant individuel et codes des actions permettaient de donner une unité sémantique aux acteurs et à leurs actes. Le respect de la diversité linguistique possède toutefois ses limites : il est en effet nécessaire que le chercheur comprenne ce qu’il lit à l’écran pour s’assurer de la fiabilité des données qu’il utilise. À ce niveau, l’espagnol et l’italien sont deux langues proches qui permettent assez facilement une compréhension réciproque. Il en irait bien sûr tout autrement si certaines données étaient inscrites en idéogrammes chinois ou en norvégien. Face à cette diversité linguistique des données, entrées à partir de sources variées, les métadonnées sont systématiquement formulées en anglais. L’usage de cette langue garantit alors une forme unique et les mots utilisés deviennent en quelque sorte des étiquettes, faciles à retrouver : c’est par exemple le cas de certains mots clés dans le champ « remarques » ou « actions ». L’usage de la forme anglaise, lorsqu’elle existe, a également été choisi pour le champ contenant les noms de lieux afin de garantir une homogénéité (qui se retrouve par ailleurs avec le code renvoyant aux coordonnées géographiques) ou pour le champ caractérisant le type de relations unissant deux individus.

3. Des sources aux données

Divers types de sources

  • 29 F. M. Emanuele e Gaetani, 1754.

26Dans un premier temps, les informations destinées à être insérées dans la base de données furent des listes, permettant de circonscrire les individus ayant rendu un certain type de service à la monarchie et de délimiter ainsi le corpus principal. Elles provenaient de sources anciennes publiées ou résultaient de travaux d’historiens et furent, dans la mesure du possible, l’objet de vérifications en croisant diverses formes de documentation. Dans le cas des juristes, les listes des juges et présidents des tribunaux royaux de Sicile provenaient de l’ouvrage du marquis de Villabianca publié en 1754 (Figure 5)29.

Figure 5. Liste des juges et présidents des tribunaux royaux de Sicile

Figure 5. Liste des juges et présidents des tribunaux royaux de Sicile

Source. F. M. Emanuele e Gaetani, 1754, vol. 1, p. 231-233.

  • 30 Archivo General de Simancas (désormais AGS), Secretarias provinciales (SP), Privilegios de Sicilia (...)
  • 31 G. Intorcia, 1987 pour Naples et C. Cremonini, 2008 pour Milan (réédition des listes de F. Arese).
  • 32 D. M. Cheney, 1996-2022.
  • 33 C. Eubel et al., 1913.
  • 34 Archivo Histórico Nacional, Madrid (désormais AHN), Ordenes Militares, Expedientes de pruebas del C (...)
  • 35 V. Vignau y Ballester & F. R. Uhagón y Guardamino, 1901 ; id., 1903. Ces catalogues sont utiles pou (...)
  • 36 Biblioteca Nacional de España, Madrid (désormais BNE), ms. 2447, Genealogías de los que tomaron el (...)

27Il s’agissait ainsi d’informations très standardisées associant un nom à une charge et à une date. Les données de Villabianca ont été vérifiées auprès du fonds Privilegios de Sicilia de l’Archivio General de Simancas et complétées, à cette occasion, avec d’autres informations relatives à ce corpus30. Les décalages observés entre les deux sources étaient extrêmement limités et correspondaient généralement à des nominations effectuées à Madrid mais qui ne furent pas enregistrées en Sicile pour cause de décès de l’individu concerné avant sa prise de charge. Ces éventuels décalages ont été signalés dans le champ « remarques » de la base. Pour les juristes de Naples et Milan, les listes avaient été reconstituées par les historiens Gaetana Intorcia et Franco Arese31. En ce qui concerne le service ecclésiastique, la liste des évêques des 55 diocèses de patronage royal espagnol, situés dans les territoires italiens, a été tirée principalement du site internet de David M. Cheney, The Hierarchy of the Catholic Church. Current and historical information about its bishops and dioceses32 dont la source primaire principale est la Hierarchia Catholica de Eubel33. Pour les chevaliers des ordres militaires espagnols (Santiago, Calatrava, Alcantara), les données provenaient des expedientes de pruebas34 sur lesquels se basaient également les annuaires publiés par Vicente Vignau et Francisco Uhagón au début du xxe siècle35. Ces données ont aussi été croisées avec trois manuscrits de la Biblioteca Nacional de España pour vérification36. Ce ne sont là que quelques exemples parmi divers autres documents utilisés durant cette première phase du travail qui a consisté à insérer ces listes dans la base de données. La Figure 6 présente un résultat de cette insertion des listes de charges institutionnelles.

Figure 6. Liste des présidents de la Regia Gran Corte de Sicile dans la base de données Fichoz

Figure 6. Liste des présidents de la Regia Gran Corte de Sicile dans la base de données Fichoz

Lecture. Vue partielle des champs : identifiant de l’individu, nom, « action » soit ici la charge occupée, date d’entrée en charge et de sortie, durée de la charge en année, calculée automatiquement.
Note. Les informations relatives aux lieux et sources ne sont pas visibles sous ce format de présentation des champs mais apparaissent dans celui de la Figure 3.

  • 37 Pour un exemple de traitement d’une source « complexe » : T. Skowroński et al., 2021.
  • 38 Pour la reconstitution d’une liste des Grands : F. Fernández de Béthencourt, 1897-1910 ; J. Salazar (...)

28L’insertion des données provenant de ces listes, généralement très standardisées, ne posait pas les problèmes spécifiques liés au traitement de sources archivistiques complexes37 telles qu’auraient pu l’être les consultas du Conseil d’Italie qui voient intervenir de multiples acteurs et qui auraient impliqué, par exemple, la prise en compte de diverses annotations sur le document. La résolution du principal problème, dans cette phase de constitution du corpus – celui d’identifier les Italiens au sein de certaines listes qui mêlaient des individus provenant des différents territoires de la monarchie hispanique38 –, fut reportée à une phase ultérieure. Rappelons que la démarche a consisté à prendre en considération tout individu susceptible d’être caractérisé comme « italien » (par son nom, par son titre, par son lieu de naissance ou par la charge occupée), reportant l’éventuelle sélection à opérer à la phase d’exploitation des données.

29Finalement, l’ampleur des différents corpus d’individus variait selon les catégories : on a dénombré, par exemple, 1 052 individus occupant des charges de juges ou présidents dans les tribunaux royaux de Naples, Milan et Palerme entre 1556 et 1700 (dont 208 Espagnols présents uniquement à Milan et Naples) ; 516 nominations épiscopales entre 1529 et 1700 ; environ un millier de chevaliers des ordres militaires espagnols entre 1556 et 1700 ; 104 chevaliers italiens de la Toison d’or entre 1519 et 1700, 95 créations de Grands d’Espagne entre 1520 et 1808, etc. Les extrémités chronologiques prises en compte variaient quelque peu selon les différents groupes en fonction des sources et des caractéristiques institutionnelles. En effet, si les premières concessions de la Toison d’or et de la Grandesse correspondent aux premières années du règne de Charles Quint, les listes de juristes débutent plus tardivement, à partir du moment où se met en place le Conseil d’Italie, amené à jouer un rôle central dans les procédures de recrutement des tribunaux.

  • 39 Dizionario biografico degli italiani, Istituto dell’Enciclopedia Italiana Treccani, en ligne (URL : (...)
  • 40 Diccionario biográfico electrónico, Real Academia de la Historia, en ligne (URL : https://dbe.rah.e (...)
  • 41 F. Ughelli, 1717-1721 ; R. Pirri, 1733 ; G. Cappelletti, 1844-1870.
  • 42 R. M. Filamondo, 1717 [1694] ; J. de Pinedo y Salazar, 1787.
  • 43 F. D’Andrea, 1990 [1696] sur les juristes.

30Dans un second temps, ces listes de noms ont été complétées avec diverses informations relatives à leurs dates et lieux de naissance, de mariage et de mort, aux charges exercées au service de la monarchie espagnole – mais aussi dans d’autres cadres –, à l’obtention de titres nobiliaires et de fiefs, aux déplacements, aux lieux de formation et de résidence, aux prises de position politique et aux aspects relationnels. Les articles du Dizionario biografico degli italiani39 et du Diccionario biográfico electrónico40 furent particulièrement utiles à cet égard ainsi que des ouvrages anciens tels ceux de Ferdinando Ughelli, Rocco Pirri ou Giuseppe Cappelletti en ce qui concerne les ecclésiastiques41, de Filamondo et de Pinedo y Salazar pour les chevaliers de la Toison d’or ou d’ordres militaires espagnols42, de D’Andrea pour les juristes43, etc. Un extrait de l’ouvrage de Filamondo concernant Camillo Caracciolo permet de voir les informations tirées de ce type de source (Figure 7). Bien évidemment, nous ne disposions pas de toutes les informations recherchées pour tous les individus du corpus, pour des raisons qui tiennent à la fois aux sources documentaires mais aussi aux « ressources humaines » du projet.

Figure 7. Notice biographique de Camillo Caracciolo

Figure 7. Notice biographique de Camillo Caracciolo

Note. On retient notamment de cet extrait que Camillo Caracciolo fut militaire dans les Flandres en 1594 (« venturiere »), qu’il était proche du gouverneur des Pays-Bas (l’archiduc Ernest) et qu’il participa aux escarmouches près de Laon aux côtés de la Ligue (soit 3 actions correspondant à 3 enregistrements dans la base de données).

Source. R. M. Filamondo, 1717, p. 82, extrait.

  • 44 C’est notamment le cas des militaires dont les listes mentionnant les charges occupées proviennent (...)
  • 45 Il s’agit d’un fonds très important de l’AGS, réparti selon les trois secrétariats provinciaux de N (...)

31Ce recours massif aux sources éditées a permis de compenser les difficultés d’accès aux archives durant la période du Covid, mais aussi le caractère complexe des missions archivistiques dans le cadre d’un projet de recherche qui ne disposait pas des moyens financiers et humains affectés aux projets ANR ou ERC. Les fonds archivistiques ont toutefois été également mobilisés pour reconstituer certains corpus44. De même, les consultas du Conseil d’Italie, qui contenaient aussi des mémoires envoyés par les requérants de grâces ou des correspondances avec les vice-rois, ont été utilisées ponctuellement45. Particulièrement utiles pour saisir les mécanismes de sélection des individus et ceux d’attribution des grâces, elles font émerger le système de recommandations au sein duquel les candidats se meuvent. Elles n’ont toutefois pas été l’objet d’une insertion systématique dans la base de données. Plus ponctuellement, des informations issues d’une littérature secondaire ont également permis de compléter les fiches biographiques des individus au sein de la base de données.

Les données issues d’opérations de catégorisation : un statut spécifique

  • 46 Voir sur ce point la notion d’ontologie minimale et d’ontologie complexe dans le texte introductif (...)

32Le recours aux catégories est inhérent à la réflexion intellectuelle et scientifique et étroitement lié à l’opération de conceptualisation présente au niveau même du langage. Fichoz ayant vocation à être une base de données réutilisable dans le cadre de divers projets, les données qu’elle contient doivent refléter les sources au plus près et identifier clairement ce qui relève d’interprétations effectuées par le chercheur. Indispensables au traitement de l’information, les données issues d’opération de catégorisation sont ainsi stockées dans des champs spécifiques qui n’ont pas le même statut que les données provenant de la transcription des sources46. On peut distinguer trois types principaux de catégories dans la base de données Fichoz, correspondant chacun à un champ spécifique. Le premier consiste en une ontologie des actions qui transparaît à travers l’application d’un code (Figure 3 : « code de catégorisation de l’action ») ; le second renvoie à une typologie des relations unissant deux individus qui permet de manier plus facilement l’information détaillée exprimée dans le champ « actions » (Figure 1, « backed party », « enmity », etc.) ; le troisième est lié à l’application d’étiquettes provisoires attribuées aux individus le temps d’une recherche spécifique (par exemple, dans le cas d’« Elitesit », une étiquette leur attribuant une appartenance territoriale). Avec ce système, la catégorisation des données devient postérieure à leur insertion ce qui évite le problème de catégories préétablies inadaptées ou manquantes. Certaines données peuvent très bien figurer dans la base sans être « catégorisées ». Elles ne seront alors pas l’objet d’une analyse systématique mais servent à apporter des éléments d’information complémentaires sur une trajectoire individuelle. Cette catégorisation des actions peut aussi être reportée dans le temps et évoluer au fil de la recherche.

  • 47 J. P. Dedieu, 2025.

33Revenons à la question des appartenances territoriales, déjà évoquée au début de cet article, et fondamentale pour le projet « Elitesit » puisqu’elle commandait la délimitation du corpus (les Italiens) mais aussi sa répartition en sous-catégories (« Napolitain », « Génois », etc.) indispensables pour une recherche qui souhaitait comparer les situations des différents territoires italiens en tenant compte de leurs spécificités institutionnelles, politiques et sociales. Rappelons que le choix opéré au moment de la saisie des données avait été de « ratisser large » en prenant en compte tous les individus susceptibles d’une appartenance italienne du fait de leur lieu de naissance ou de leur passage dans des institutions italiennes ou de leurs origines familiales, en reportant à la phase de traitement des données les éventuels choix à opérer. À ce niveau, la base de données Fichoz n’intègre pas de manière pérenne des catégories qui seraient construites par le chercheur. Elle n’enregistre que des données transmises par les sources : « né à tel endroit », « détenteur d’un fief à tel endroit », « marié avec telle personne dans tel lieu », « obtient la cittadinanza de telle ville à telle date ». À partir de ces différentes informations contenues dans la base et de critères qu’il a établis en fonction de ses connaissances historiques, le chercheur peut appliquer des étiquettes provisoires aux individus pour leur attribuer une appartenance territoriale. À ce sujet, les discussions, dans le cadre du projet « Elitesit », pour tenter d’établir des critères communs n’ont pas toujours débouché sur des solutions concordantes. Il a donc été demandé à chaque chercheur, dans le cadre de son étude, de présenter les critères qu’il avait retenus pour déterminer l’appartenance des individus en exposant les cas problématiques rencontrés. Un exemple extrême de cette application de critères différents est celui des deux chercheurs ayant étudié des détenteurs italiens de la Toison d’or au sein du projet « Elitesit » à partir de points de vue différents. Jean-Pierre Dedieu envisageait ceux-ci dans le large cadre de l’ensemble des territoires de la monarchie hispanique, mettant en évidence la place importante des Italiens dans l’ordre fondé par Philippe le Bon47. Le critère qu’il a retenu pour affecter aux individus une appartenance territoriale était celui du titre nobiliaire principal mobilisé lors de la concession de la distinction et de sa localisation. De ce fait, et en raison du statut bien connu de « réservoir de fiefs et de titres » du royaume de Naples pour de nombreux serviteurs de la monarchie, il a qualifié de « Napolitains » quelques individus que l’on aurait pu considérer comme Espagnols, Romains ou Génois du fait de leurs origines familiales et de leur lieu principal de résidence. Situant son étude à une échelle plus restreinte, Angelantonio Spagnoletti envisageait les détenteurs de la Toison d’or à l’intérieur du royaume de Naples, un cadre qu’il connaissait particulièrement bien ayant consacré toute sa carrière de chercheur à étudier les élites de ce royaume. Il était ainsi en mesure de mobiliser des critères qui dépassaient les informations présentes dans la base de données pour juger du fait que certains individus, considérés comme Napolitains en raison de leur titre nobiliaire principal, ne méritaient pas ce qualificatif car ils ne vivaient pas dans le royaume :

  • 48 A. Spagnoletti, 2025, p. 359-360 (ici traduit de l’italien).

« J’ai choisi de ne pas prendre en compte ceux qui, bien que dotés d’un titre nobiliaire dans le royaume de Naples, n’y étaient pas implantés, qu’ils soient d’origine espagnole (par exemple les Gonzalo Fernández de Córdoba, ducs de Sessa) ou proviennent d’autres territoires italiens (par exemple les Doria, Vespasiano Gonzaga di Sabbioneta, Ferrante Gonzaga di Guastalla, Ottavio Piccolomini) ou encore qu’ils appartiennent à des familles romaines qui détenaient des fiefs de part et d’autre de la frontière entre le royaume de Naples et les États pontificaux (Colonna, Caetani, Borghese, Savelli, Ludovisi) ou qui comprenaient parmi leurs membres des individus qui, comme Francesco Caetani, connurent un « destin espagnol » ou qui, bien que nés dans le royaume ont réalisé leur carrière complètement en dehors de celui-ci (par ex. Antonio Carafa). De nombreux Romains, qui vécurent dans des horizons familiaux hispano-napolitains, obtinrent de prestigieuses charges à l’intérieur de la monarchie, tant au niveau central que périphérique. Ils présentaient des identités plurielles et, tout en étant avant tout des sujets du pape, se reconnaissaient vassaux du roi d’Espagne et participaient ainsi à la course aux honneurs que celui-ci distribuait. Je n’ai pas considéré comme Napolitain, Ferdinand d’Aragon, duc de Calabre et fils du dernier roi de Naples, qui vécut en Espagne et fut vice-roi de Valence ni Nicola Maria de Guzmán, fils de Ramiro (duc de Medina de Las Torres et vice-roi de Naples entre 1637 et 1644) et d’Anna Carafa (napolitaine), chevalier de la Toison en 1647, prince di Stigliano et surtout duc de Sabbioneta. En revanche, j’ai pris en compte des familles qui bien que d’origine étrangère, étaient établies dans le royaume de Naples de manière stable (Avalos, Lannoy)48. »

34J.-P. Dedieu ne pouvait pas, dans le cadre de cette recherche, reprendre les critères appliqués par A. Spagnoletti car son corpus était beaucoup plus large, comprenant des Portugais, des Flamands, des Castillans et des Aragonais. Par ailleurs, ces décalages dans l’étiquetage des individus pouvant être qualifiés de Napolitains – un cas certes tout à fait spécifique –, ne bouleversaient pas les proportions globales des évaluations statistiques. Cet exemple montre la complexité de ces questions et l’influence de l’échelle d’étude sur les choix opérés. On peut toutefois imaginer que de nouvelles recherches, menées dans le futur à partir des données actuellement contenues dans Fichoz et complétées par d’autres informations, permettront d’affiner ces classements. Ceci explique pourquoi Fichoz se refuse à fixer de manière pérenne des catégories construites par l’historien et, par conséquent, ne met pas à disposition du chercheur des données toutes prêtes à l’emploi. Celles-ci doivent être l’objet de réélaborations selon les objectifs et les critères de la recherche en cours. En s’arrêtant à ce degré d’élaboration sommaire dans la phase d’insertion des données, on facilite leur réutilisation par d’autres chercheurs, dans le cadre d’autres projets de recherche, porteurs d’autres questionnements et d’autres informations.

Conclusion

  • 49 Sur cette méthode des « cercles », voir C. Lemercier & E. Picard, 2012, p. 627.

35Comme pour la plupart des démarches prosopographiques, les données recueillies sur les divers individus du corpus s’avèrent inégales : abondantes pour certains, pauvres pour d’autres, elles peuvent poser la question de la pertinence d’une comparaison des diverses trajectoires. Cette dissymétrie de l’information est particulièrement marquée pour le groupe des juristes (notamment entre présidents de tribunaux et simples juges) alors qu’elle apparaît plus atténuée pour les chevaliers de la Toison d’or ou les vice-rois. Comme on pouvait s’y attendre, ce sont les individus qui ont obtenu les charges les plus prestigieuses qui sont les mieux documentés dans les sources consultées. Il est donc possible d’appliquer la « méthode des cercles49 » et de dégager des sous-groupes au sein de l’étude, qui peuvent être l’objet d’approfondissements. La possibilité de voir dans quelle mesure ces différentes listes de charges et dignités se recoupaient sur de mêmes individus a aussi représenté un apport important pour mieux saisir le « champ des possibles », valorisant alors pleinement la dimension collective du travail. Dans quelle mesure les juristes pouvaient-ils, par exemple, intégrer des ordres militaires espagnols ? Dans quelle mesure les Grands d’Espagne étaient-ils aussi détenteurs de la Toison d’or ? La base de données offre des réponses rapides à ces questions.

  • 50 Voir A. Cogné & B. Maréchaux, 2025.
  • 51 Sur le parcours de cet individu : L. Scalisi, 2012.

36Les résultats du projet « Elitesit » ont ainsi permis de mettre en évidence une participation différenciée des élites italiennes au gouvernement de la monarchie hispanique50. Au sommet, une poignée de familles qui correspondent aux grands feudataires des différents territoires, apparaissent comme les relais principaux de la monarchie hispanique dans la péninsule italienne (les Colonna, Gonzaga, Moncada, Pignatelli, etc.). Leurs membres sont amenés à circuler dans les divers espaces relevant de la souveraineté espagnole, notamment par leurs fonctions militaires qui les portent parfois à obtenir des charges d’ambassadeurs puis, éventuellement, de vice-rois ainsi que les principales dignités telles la Grandesse et/ou la Toison d’or. Ces familles disposent d’un pouvoir et d’un contrôle social important au niveau local, profil qui en fait les relais privilégiés du pouvoir impérial. Au sein de ce groupe, les quelques familles génoises (Doria, Spinola, Centurione, etc.) ont joué un rôle majeur en étant les destinataires des asientos de galères et en reliant ainsi les divers territoires qui composent la monarchie espagnole. Si les militaires se caractérisent par la plus forte mobilité à l’intérieur des territoires de la monarchie et, au-delà de celle-ci, sur les principaux champs de bataille européens, les juristes des tribunaux royaux s’inscrivent en revanche dans une mobilité beaucoup plus limitée. Pour l’élite restreinte des présidents de tribunaux et des régents au Conseil d’Italie, les circulations sont surtout réduites aux voyages entre leur territoire d’appartenance et la cour de Madrid. Cette proximité avec les sphères du pouvoir leur donne des avantages spécifiques et apparaît déterminante dans les parcours d’ascension sociale mais elle ne leur donne pas un rôle comparable au groupe précédent. Pour répondre à la question posée en introduction, des parcours comme ceux de Carlo d’Aragona Tagliavia, de Luigi Guglielmo Moncada ou de Marco Antonio Colonna, qui occupent des charges de vice-rois, sont tout à fait exceptionnels : ils ne concernent que quelques individus dans chaque territoire italien de la monarchie, avec des effectifs toutefois un peu plus élevés parmi les Napolitains. Les données généalogiques ont également permis de réaliser une étude des réseaux de parenté qui met en évidence la centralité d’un personnage comme Carlo d’Aragona Tagliavia (1521-1599) à l’intérieur du Parlement de Sicile. Après avoir obtenu au cours de sa vie les principales charges et dignités de la monarchie (Grand d’Espagne en 1564, vice-roi de Catalogne en 1580 et chevalier de la Toison d’or en 1585)51, il apparaît, à la veille de sa mort, comme l’homme clé du royaume de Sicile du fait du pouvoir d’intermédiation important dont il dispose avec la cour de Madrid où il réside alors. C’est ce statut tout à fait exceptionnel qui rend les alliances avec ses proches particulièrement recherchées par les élites siciliennes (et même au-delà par les élites italiennes) mais c’est aussi grâce aux liens de parenté qu’il est parvenu à tisser avec la noblesse de l’île et de la péninsule italienne que Madrid le considère comme un personnage incontournable pour le gouvernement du territoire.

37L’expérimentation de Fichoz, en tant que réutilisation et continuation d’une base de données déjà existante, a bien répondu aux attentes du projet « Elitesit ». L’orientation prosopographique, qui caractérisait ce système depuis ses débuts, y a sans doute contribué ainsi que les principes sur lesquels il était fondé et qui lui ont permis de conserver son caractère général sans se « particulariser » dans le cadre d’une recherche spécifique. Son adaptabilité a toutefois permis de répondre aux exigences propres à ce projet. L’ontologie sur laquelle la base de données repose (codification des actions en particulier) n’est pas totalement intuitive et le non-initié peut peiner à s’y retrouver mais une réflexion future pourra peut-être améliorer cet aspect. Les données chargées dans le cadre du projet « Elitesit » constituent une première ossature pour une étude des élites italiennes, qui peut encore se prêter à de multiples traitements dans son état actuel mais qui pourra aussi être complétée par l’apport d’autres sources archivistiques (consultas du Conseil d’Italie et correspondance pour approfondir les aspects relationnels, documentation fiscale ou notariale pour renforcer les informations de nature économique).

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Bibliographie

Sources

Archives

Archivo General de Simancas

Fondo Secretarias provinciales, Privilegios de Sicilia, Registros 1728 à 1791.

Fondo Secretarias provinciales, Consultas, leg. 1044 à 1051.

Fondo Estado.

Archivo Histórico Nacional, Madrid

Fondo Estado, leg. 1885, 1888, 2171.

Fondo Ordenes Militares, Expedientes de pruebas del Consejo de Órdenes.

Fondo Ordenes Militares, Expedientes de concesión del título de caballero del Consejo de Órdenes.

Biblioteca Nacional de España, Madrid

Ms. 2447, Genealogías de los que tomaron el hábito de la orden militar de Calatrava, durante los años 1602 a 1700.
URL : https://bdh.bne.es/bnesearch/detalle/bdh0000010851

Ms. 6588, Libro de inventario de los hábitos de la Orden de Santiago que se han despachado desde el año 1551 hasta 1777.
URL : https://bdh.bne.es/bnesearch/detalle/bdh0000010098

Ms. 18011, Registro de informaciones sobre órdenes militares.
URL : https://bdh.bne.es/bnesearch/detalle/bdh0000133895

Sources imprimées

Cappelletti, Giuseppe, Le Chiese d’Italia : dalla loro origine sino ai nostri giorni, 21 vol., Venise, Giuseppe Antonelli, 1844-1870.

Cheney, David M., The Hierarchy of the Catholic Church. Current and Historical Information about its Bishops and Dioceses, en ligne, 1996-2022.
URL : https://www.catholic-hierarchy.org

D’Andrea, Francesco, Avvertimenti ai nipoti, Naples, Jovene, 1990 [1696].

Emanuele e Gaetani, Francesco Maria (marquis de Villabianca), Della Sicilia Nobile, 4 vol., Palerme, Pietro Bentivenga, 1754.

Eubel, Conrad et al., Hierarchia Catholica Medii et Recentioris Aevi, 9 vol., Regensburg, Monasterii Sumptibus et typis librariae Regensbergianae, 1913.

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Notes

1 Projet financé par l’École française de Rome, la Maison des sciences de l’homme Val de Loire (MSH VdL) et l’Institut universitaire de France (IUF). Je remercie vivement Jean-Pierre Dedieu d’avoir accueilli les données du projet « Elitesit » dans la base Fichoz-Actoz et de sa grande disponibilité pour former les membres du projet à son usage.

2 Sur la question des appartenances et des nations dans la monarchie hispanique, voir A. Alvarez-Ossorio Alvariño & B. Garcia Garcia, 2004 ; T. Herzog, 2016 ; T. Glesener, 2017.

3 La perception négative de la « domination étrangère » des territoires italiens s’est largement diffusée à l’époque du Risorgimento : A. Musi, 2003.

4 Sur ces trois personnages, voir respectivement N. Bazzano, 2003 ; L. Scalisi, 2012 ; R. Pilo, 2008.

5 Sur l’intérêt de la prosopographie à ce niveau : C. Lemercier & E. Picard, 2012. Elle permet « de découvrir une norme statistique, de la comparer avec une éventuelle norme institutionnelle ou sociale, mais aussi de pointer et de comprendre les exceptions : en quelque sorte fixer les frontières du possible et de l’impossible au sein d’un groupe » (p. 625).

6 Sur l’intérêt d’une approche quantitative : K. Karila Cohen et al., 2018 ; C. Lemercier & C. Zalc, 2021.

7 La Sardaigne a été laissée de côté car, étant rattachée au Conseil d’Aragon, elle obéissait à des circuits administratifs et relationnels différents.

8 Pour les Génois, voir au sein d’une large bibliographie : E. Grendi, 1997 ; M. Herrero Sanchez et al., 2011 ; D. Balestra, 2017 ; Y. R. Ben Yessef Garfia, 2022.

9 J. H. Elliott, 1992 ; P. Cardim et al., 2012.

10 Sur les positionnements spécifiques des élites italiennes durant les périodes de crise : A. Cogné & H. Hermant, 2023.

11 Les Milanais qui soutenaient la France dans les premières décennies du xvie siècle recevaient, par exemple, des pensions du roi de France : M. Di Tullio & M. Ferri, 2023.

12 Sur les exilés de Messine en 1678 : A. Cogné, 2023.

13 Fabrizio D’Avenia a étudié les évêques de patronage royal espagnol, Benoît Maréchaux les détenteurs d’asientos de galères, Alejandra Franganillo et Francisco Javier Álvarez, les titulaires de charges à la cour de Madrid, Albane Cogné les juristes des tribunaux royaux, Davide Balestra les chevaliers d’ordres militaires espagnols, Angelantonio Spagnoletti les Napolitains ayant obtenu la Toison d’or et Jean-Pierre Dedieu les détenteurs de la Grandesse. Leurs contributions sont publiées dans A. Cogné & B. Maréchaux, 2025.

14 A. Alvarez-Ossorio Alvariño, 2004.

15 G. Barone, 2008.

16 Sur les modalités d’intégration des étrangers dans les royaumes de Sicile et de Naples : R. Cancila, 2014 ; P. Ventura, 2018.

17 Le Conseil d’Italie était ainsi composé de deux régents pour chacun des trois territoires italiens concernés (le duché de Milan, les royaumes de Naples et de Sicile) : un régent « provincial », originaire du territoire concerné et un régent « espagnol » qui avait généralement occupé un poste dans le territoire en question au cours de sa carrière et connaissait ainsi son fonctionnement institutionnel et ses caractéristiques sociales.

18 P. Burgarella, 1981.

19 Des noms de famille tels Moles ou Salazar provenaient clairement de la péninsule ibérique tandis que l’italianisation de certains patronymes (Ordoño devenu Ordogno) était toute relative puisque que la deuxième composante du nom (Ordogno de Rosales) inscrivait bien son détenteur dans une origine hispanique. Cette logique onomastique, dans les cas douteux, était confirmée par les informations relatives au parcours de l’individu et de ses ancêtres.

20 F. D’Avenia, 2025.

21 Pour une présentation détaillée de la base de données Fichoz : J.-P. Dedieu, 2005 et le carnet hypothèses (URL : https://bases.hypotheses.org/).

22 Sur une première expérience de traitement des relations à partir de Fichoz et du logiciel Pajek : J.-P. Dedieu & À. Chaparro, 2013. Sur l’analyse de réseaux en histoire : C. Lemercier, 2005 ; id., 2015.

23 Sur l’articulation de l’individu aux groupes sociaux : J.-P. Dedieu, 2005 (« Dans chacun des domaines de la vie, l’individu appartient à un collectif différent, doté de sa logique propre. Il combine ces logiques dans son action qui en est la synthèse. Celles-ci sont elles-mêmes le produit des interactions entre les acteurs qui constituent les collectifs en action hic et nunc », p. 2).

24 La concession d’habits d’ordres militaires espagnols à de jeunes individus qui n’ont pas encore pu faire preuve de leurs mérites sur le champ de bataille en est bien la preuve et se fonde sur les mémoires présentés par les requérants qui énumèrent les mérites de leurs ancêtres (D. Balestra & A. Cogné, 2022). De même, la concession de titres nobiliaires se fait souvent aux fils, en reconnaissance des mérites du père : c’est notamment le cas pour les régents au Conseil d’Italie.

25 Ce projet initial de base de données SQL prévoyait une table centrale consacrée aux individus s’articulant à sept tables principales (résidence, fiefs, lieux de formation et de sociabilité, mariages, titres, statuts, services, gratifications). Avant même sa mise en œuvre, il s’est toutefois heurté à des problèmes. La table individu comprenait à la fois des éléments objectifs (genre, dates de naissance et de décès) et d’autres plus subjectifs (position politique, nationalité, etc.) qui ne pouvaient être renseignés qu’au vu de l’ensemble des données fournies par les autres tables et qui pouvaient également varier au fil du temps. Il s’avérait par ailleurs délicat de prévoir tous les champs au préalable en n’ayant qu’une connaissance partielle des sources. L’architecture proposée reflétait ainsi les facteurs que le projet attendait a priori comme déterminants, mais en oubliait certainement d’autres.

26 Fichoz est le système de base de données dont on vient de décrire les caractéristiques (sur ce sujet, voir aussi le texte introductif à ce dossier de J.-P. Dedieu). Sa mise au point initiale, dans le cadre du projet « Pape », a donné naissance à la base Fichoz-Actoz, aujourd’hui riche de plus de 660 000 entrées pour la table « actions » et de plus de 150 000 entrées pour la table « généalogie ». Cette base de données est accessible en ligne (URL : https://actoz.db.huma-num.fr/fmi/webd). Il existe d’autres déclinaisons de Fichoz réalisées pour des projets collectifs d’histoire maritime (S. Marzagalli, infra, pour Navigocorpus), d’histoire de l’art (URL : https://arachne.hypotheses.org pour Arachné), d’histoire démographique (C. Rathier & F.-J. Ruggiu, 2013). Le système Fichoz a été repris aussi par des chercheurs, à titre individuel, sans que leurs données confluent dans la grande base collective de Fichoz-Actoz (T. Glesener, 2017).

27 Une tentative pour marquer du nom du programme scientifique concerné chacune des données introduites dans Fichoz avorta du fait que chaque donnée relève potentiellement de plusieurs programmes, ce qui compliquait outre mesure le dispositif. Chaque nouvelle entrée ainsi que sa dernière modification est toutefois signée par son auteur.

28 Ettore Pignatelli (1742-1800) est le fils de Fabrizio Pignatelli Aragona et de Costanza Medici Caetani. L’héritage Cortes est plutôt lointain puisqu’il remonte à 1617, date de l’alliance de Diego d’Aragona Tagliavia avec Estefania Carrillo de Mendoza Cortes, fille de Pedro de Mendoza et Juana Cortes. Le maintien de ce dernier patronyme dans le nom d’usage, au xviiie siècle – du moins dans les sources espagnoles –, entretient la mémoire du prestigieux conquérant du Mexique.

29 F. M. Emanuele e Gaetani, 1754.

30 Archivo General de Simancas (désormais AGS), Secretarias provinciales (SP), Privilegios de Sicilia (Registros 1728 à 1791). La documentation concerne les diverses nominations et concessions réalisées par le roi d’Espagne pour ce territoire : nomination des juges et présidents des tribunaux royaux, concessions de fiefs, d’autorisations de peuplement, de titres nobiliaires, de pensions, etc. Des fonds similaires existent pour le royaume de Naples ou le duché de Milan, sous forme de catalogues détaillés et publiés : R. Magdaleno, 1980 ; A. Gonzalez Vega & A. M. Diez Gil, 1991 ; pour les Privilegios de Sicilia, une base de données, à usage interne, existe à l’Archivo de Simancas.

31 G. Intorcia, 1987 pour Naples et C. Cremonini, 2008 pour Milan (réédition des listes de F. Arese).

32 D. M. Cheney, 1996-2022.

33 C. Eubel et al., 1913.

34 Archivo Histórico Nacional, Madrid (désormais AHN), Ordenes Militares, Expedientes de pruebas del Consejo de Órdenes. La documentation, qui servait à s’assurer de la noblesse et de la pureté de sang du candidat, est en partie accessible sur internet (URL : https://pares.mcu.es/ParesBusquedas20/catalogo/description/178123?nm).

35 V. Vignau y Ballester & F. R. Uhagón y Guardamino, 1901 ; id., 1903. Ces catalogues sont utiles pour repérer les quelques noms de chevaliers dont les expedientes de pruebas ont été perdus mais pour lesquels demeure la documentation de la Cámara avec les expedientillos (AHN, Ordenes Militares, Expedientes de concesión del título de caballero del Consejo de Órdenes).

36 Biblioteca Nacional de España, Madrid (désormais BNE), ms. 2447, Genealogías de los que tomaron el hábito de la orden militar de Calatrava, durante los años 1602 a 1700 (URL : https://bdh.bne.es/bnesearch/detalle/bdh0000010851) ; BNE, ms. 6588, Libro de inventario de los hábitos de la Orden de Santiago que se han despachado desde el año 1551 hasta 1777 (URL : https://bdh.bne.es/bnesearch/detalle/bdh0000010098) ; BNE, ms. 18011, Registro de informaciones sobre órdenes militares (URL : https://bdh.bne.es/bnesearch/detalle/bdh0000133895).

37 Pour un exemple de traitement d’une source « complexe » : T. Skowroński et al., 2021.

38 Pour la reconstitution d’une liste des Grands : F. Fernández de Béthencourt, 1897-1910 ; J. Salazar Acha, 2012.

39 Dizionario biografico degli italiani, Istituto dell’Enciclopedia Italiana Treccani, en ligne (URL : https://www.treccani.it/biografico/).

40 Diccionario biográfico electrónico, Real Academia de la Historia, en ligne (URL : https://dbe.rah.es/).

41 F. Ughelli, 1717-1721 ; R. Pirri, 1733 ; G. Cappelletti, 1844-1870.

42 R. M. Filamondo, 1717 [1694] ; J. de Pinedo y Salazar, 1787.

43 F. D’Andrea, 1990 [1696] sur les juristes.

44 C’est notamment le cas des militaires dont les listes mentionnant les charges occupées proviennent des états de service de l’AGS, Fondo Estado. Je remercie très vivement Davide Maffi d’avoir mis à notre disposition ces données.

45 Il s’agit d’un fonds très important de l’AGS, réparti selon les trois secrétariats provinciaux de Naples, Milan et de la Sicile. Il a été consulté notamment pour la Sicile, dans le contexte de la révolte de Messine (AGS, SP, leg. 1044 à 1051), pour éclairer les mécanismes présidant aux nominations des présidents de tribunaux royaux (AHN, leg. 1885, 1888, 2171) ou aux concessions d’habits d’ordres militaires (voir D. Balestra & A. Cogné, 2022).

46 Voir sur ce point la notion d’ontologie minimale et d’ontologie complexe dans le texte introductif à ce dossier de J.-P. Dedieu.

47 J. P. Dedieu, 2025.

48 A. Spagnoletti, 2025, p. 359-360 (ici traduit de l’italien).

49 Sur cette méthode des « cercles », voir C. Lemercier & E. Picard, 2012, p. 627.

50 Voir A. Cogné & B. Maréchaux, 2025.

51 Sur le parcours de cet individu : L. Scalisi, 2012.

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Table des illustrations

Titre Figure 1. Structure générale de la table « Actions »
Légende Note. Pour une vision plus large des différents champs, avec notamment la mention des sources et des lieux, voir Figure 3.
Crédits Source. Extrait de la fiche biographique de Carlo d’Aragona Tagliavia, vue partielle des champs.
URL http://journals.openedition.org/histoiremesure/docannexe/image/21652/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 636k
Titre Figure 2. Structure de la table généalogique
Légende Lecture. L’individu principal est au centre (Carlo d’Aragona Tagliavia), son père en haut à gauche (Giovanni Tagliavia d’Aragona), sa mère en haut à droite (Maria Antonia d’Aragona), son ou ses épouses en bas à gauche (Catalina Ventimiglia puis Isabella Moncada avec la date du mariage), ses enfants en bas à droite (Giovanni, Isabella, Simone, Margherita, Pietro, Ferdinando, Cesare). Pour chaque individu, il est prévu d’insérer les dates et lieux de naissance et de mort (Carlo est né à Castelvetrano en 1521 et mort à Madrid en 1599), les sources de ces informations (Geneanet/Frebault) et les titres ou charges principales de l’individu pour faciliter son identification. Carlo possède ainsi deux identifiants : celui de la table généalogique (00511421) et celui de la table action (0094999A) qui permet de rappeler sa fiche biographique dont un extrait est donné dans la Figure 1.
URL http://journals.openedition.org/histoiremesure/docannexe/image/21652/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 615k
Titre Figure 3. Détail des champs principaux de Fichoz
URL http://journals.openedition.org/histoiremesure/docannexe/image/21652/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 1,3M
Titre Figure 4. Les variations des noms de famille : le cas d’Ettore Pignatelli
URL http://journals.openedition.org/histoiremesure/docannexe/image/21652/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 2,7M
Titre Figure 5. Liste des juges et présidents des tribunaux royaux de Sicile
Crédits Source. F. M. Emanuele e Gaetani, 1754, vol. 1, p. 231-233.
URL http://journals.openedition.org/histoiremesure/docannexe/image/21652/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 1,1M
Titre Figure 6. Liste des présidents de la Regia Gran Corte de Sicile dans la base de données Fichoz
Légende Lecture. Vue partielle des champs : identifiant de l’individu, nom, « action » soit ici la charge occupée, date d’entrée en charge et de sortie, durée de la charge en année, calculée automatiquement. Note. Les informations relatives aux lieux et sources ne sont pas visibles sous ce format de présentation des champs mais apparaissent dans celui de la Figure 3.
URL http://journals.openedition.org/histoiremesure/docannexe/image/21652/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 690k
Titre Figure 7. Notice biographique de Camillo Caracciolo
Légende Note. On retient notamment de cet extrait que Camillo Caracciolo fut militaire dans les Flandres en 1594 (« venturiere »), qu’il était proche du gouverneur des Pays-Bas (l’archiduc Ernest) et qu’il participa aux escarmouches près de Laon aux côtés de la Ligue (soit 3 actions correspondant à 3 enregistrements dans la base de données).
Crédits Source. R. M. Filamondo, 1717, p. 82, extrait.
URL http://journals.openedition.org/histoiremesure/docannexe/image/21652/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 1,2M
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Pour citer cet article

Référence papier

Albane Cogné, « Les élites italiennes et la monarchie hispanique (xvie-xviiie siècle) »Histoire & mesure, XXXIX-2 | 2024, 65-98.

Référence électronique

Albane Cogné, « Les élites italiennes et la monarchie hispanique (xvie-xviiie siècle) »Histoire & mesure [En ligne], XXXIX-2 | 2024, mis en ligne le 01 mai 2025, consulté le 19 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/histoiremesure/21652 ; DOI : https://doi.org/10.4000/140kj

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Auteur

Albane Cogné

Centre tourangeau d’histoire et d’études des sources (CETHIS, UR 6298), Université de Tours
albane.cogne@univ-tours.fr

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