e-graine : cultiver les migrations
Résumé
e-graine, mouvement d’éducation populaire, s’est emparé des enjeux d’éducation aux migrations et développe un programme qui va à l’encontre des préjugés.
Plan
Haut de pageTexte intégral
1Depuis 15 ans, le mouvement associatif e-graine est engagé en faveur de l’éducation à la citoyenneté mondiale, référentiel promu par l’Unesco. L’association agit pour faire émerger un sentiment d’appartenance à notre humanité commune au travers de méthodes éducatives actives. Elle a pour volonté de cultiver l’envie d’agir, pour un monde solidaire et responsable chez le plus grand nombre, tout au long de la vie.
2e-graine est convaincue que, par-delà les crises sociales, économiques, environnementales, c’est une crise du cosmopolitisme (du grec cosmos, monde et politês, citoyen) qui domine, si bien que nous ne parvenons plus à nous considérer comme des êtres humains habitant la même planète. Symbole de cette crise d’humanité : la gestion des enjeux migratoires par les États les plus puissants du monde et leur perception par leurs sociétés. En effet, on observe que la couverture des médias de grande diffusion et la parole de certains acteurs politiques fabriquent et diffusent des représentations caricaturales autour de la figure de l’immigré, reposant sur des amalgames forts mêlant enjeux sécuritaires, économiques, identitaires. Pour proposer une réponse éducative et sociétale forte, le mouvement e-graine, soutenu par l’Agence française de développement, déploie depuis quatre ans le programme national et coopératif d’éducation aux migrations, « Un univers citoyen ». Celui-ci a reçu deux prix européens décernés par le Global Education Network Europe (GENE) et le Bridge 47 pour récompenser l’innovation thématique et l’ambition coopérative de ce programme éducatif.
3L’ensemble des huit associations régionales e-graine développe, avec les acteurs des territoires, des projets éducatifs visant à déconstruire les préjugés les plus courants sur les migrations et à réconcilier l’expérience personnelle de nos concitoyens avec la représentation qu’ils se font des migrations.
4Nombreux sont les acteurs associatifs, élus, universités, chercheurs ou artistes à s’engager en faveur de l’inclusion, du lien social, de la lutte contre les préjugés et les discriminations à l’égard des migrants. Tous affirment que le changement de regard sur la diversité des migrations doit se concrétiser par des rencontres : entre citoyens du monde, des hommes, des femmes et des enfants – sédentaires ou en situation de mobilité – égaux dans leur diversité et leurs droits, culturels et humains, mais aussi avec des acteurs et des militants des territoires.
5e-graine est convaincue que ses expériences, ses savoir-faire et ses engagements sont une partie de la réponse pour rendre notre société plus inclusive, plus résiliente et plus solidaire : l’éducation aux migrations doit donc rayonner davantage dans tous nos territoires.
Quand l’éducation populaire s’empare des savoirs académiques
6Autre enjeu : les travaux de recherche sur le phénomène migratoire se multiplient, mais ils peinent à atteindre les citoyens. En témoigne la constante dominante des termes négatifs dans le traitement médiatique de ce sujet, conduisant à un décalage profond entre les résultats de la recherche et l’ignorance dans laquelle le public continue de se trouver cantonné. Ainsi, Catherine Wihtol de Wenden, spécialiste reconnue des migrations internationales, témoigne : « Il est très important de s’adresser à un vaste public sur les migrations internationales compte tenu des très nombreuses idées fausses qui ont alimenté le débat politique, y compris celui des présidentielles. Les idées reçues continuent à circuler au sein de la droite et de l’extrême droite tout particulièrement et les citoyens sont souvent désarmés en arguments pour y répondre. »
7C’est pourquoi, e-graine a pris l’initiative de constituer un comité scientifique afin que l’éducation populaire s’empare des expertises académiques et des sciences issues du terrain pour les exposer dans la sphère publique et permettre au plus grand nombre d’éveiller son esprit critique. Composé de chercheurs issus de champs variés, ce comité réunit des experts en sciences sociales et des spécialistes du fait migratoire. Une démarche qui s’inscrit en écho à l’impératif de démocratisation des résultats de la recherche et qui garantit la qualité des productions du programme « Un Univers Citoyen ». Madame Wihtol de Wenden affirme : « La question des migrations est mal connue. Elle n’a pas été enseignée à la plupart des Français car la France peine à se considérer comme pays d’immigration. Un constat qui s’observe en Europe également. C’est, de plus, un savoir assez récent qui était découpé à travers de nombreuses thématiques dans le passé et qui n’existait pas comme tel : l’économie du marché du travail, la sociologie du travail, le droit des étrangers et des réfugiés... Il est assez récent qu’un corpus complet, national et international ait émergé et il faut valoriser la diffusion de la recherche dans le grand public pour éviter la circulation des populismes de tous bords. »
8Ces richesses humaines, toutes bénévoles, se mobilisent sur différents axes, tels que l’argumentaire du plaidoyer en faveur de l’éducation aux migrations. Marie-José Bernardot, autrice de l’ouvrage Étrangers, immigrés (re)penser l’intégration, membre du comité scientifique, soutient ainsi que « le débat public est manipulé depuis l’essor des migrations vers la France, au milieu du XIXe siècle. Il construit des raccourcis non conformes à la réalité qui ne permettent pas une prise en compte de la complexité des phénomènes migratoires. Quand nos concitoyens sont tiraillés entre fidélité aux principes d’accueil et peur de ne plus avoir les moyens d’intégrer de nouveaux arrivants, il est urgent de contribuer à rétablir les conditions d’un “vivre ensemble” dans une société marquée par la diversité des origines et qui le restera : il y a près de 5 millions d’étrangers en France, pour la grande majorité “intégrés” ».
9Il s’agit également d’identifier les enjeux stratégiques dont doit s’emparer « Un univers citoyen ». Ainsi, des échanges avec Yves Pascouau, spécialiste des politiques nationales et européennes en matière d’immigration, d’asile et d’intégration, sont nées de nouvelles orientations. « Par essence, les migrations ne s’arrêtent pas aux frontières nationales et impliquent une relation d’État à État pour la réguler. Dans le cadre de l’Union européenne, la nécessité de coopérer dans le champ des migrations est plus grande encore, puisque les États européens ont décidé de construire entre eux un espace sans contrôles aux frontières intérieures, l’espace Schengen. Ce dernier impose pour exister que les États coordonnent voire harmonisent leurs politiques migratoires. De sorte que la politique migratoire est désormais l’un des éléments centraux des politiques de l’Union européenne. Pourtant, nos concitoyens manquent d’outils de compréhension sur ces enjeux européens au moment même où la montée des populismes risque de fragiliser le droit des étrangers et plus largement les Droits de l’Homme. » De ce constat partagé est né l’impératif de se saisir de cet enjeu éducatif avec des partenaires européens.
10Le contenu scientifique est déterminant pour l’ingénierie de nos outils pédagogiques. Mélodie Beaujeu, administratrice de Desinfox-Migrations, association spécialisée dans le fact-checking sur les migrations auprès des journalistes, témoigne : « Nous avons mobilisé nos expertises pour la construction de modules d’éducation aux médias sur la question spécifique des migrations afin de toucher aussi le public jeune et leur permettre, par le biais de l’éducation populaire, de se forger une opinion fondée sur les faits. »
Et NOUS d’ailleurs ?
11Le « mythe du Gaulois », ce « français de souche », prévaut encore dans notre société alors qu’un quart de la population française a des parents ou des grands-parents issus de l’immigration. Le patrimoine français résulte donc des métissages culturels de notre société. Ce paradoxe palpable révèle à quel point la France est un pays d’immigration qui se nie et s’ignore.
12Afin de proposer un dispositif éducatif moderne et inédit, l’association e-graine, soutenue par son comité scientifique, a conçu l’exposition expérientielle NOUS d’ailleurs pour déconstruire la ligne imaginaire entre Nous et Eux, supposément si différents. Des films témoignages aux ateliers pratiques, chaque visiteur embarque pour une expérience sur la genèse de son identité et réinterroge les notions d’être français et de citoyenneté. Convaincue que la pédagogie active, qui place l’individu au cœur de ses apprentissages, est un levier qui permet à chacun d’appréhender le sujet sous l’angle de la pensée complexe, l’exposition NOUS d’ailleurs se compose d’une vingtaine d’ateliers, jeux et défis nourris de cette pédagogie.
13La proposition de NOUS d’ailleurs va au-delà de l’interactivité de ses outils pédagogiques pour proposer une visite expérientielle. Il ne s’agit pas d’être un simple spectateur, ni de se « mettre dans la peau » d’une personne en exil. En conjuguant apports théoriques et contributions personnelles, l’exposition accompagne les visiteurs au cœur de leurs représentations des migrations afin que l’expérience de visite soit nourrie d’histoires personnelles ou familiales, qui sont aussi une histoire nationale. L’ambition ? Créer un espace immersif qui engage le corps et l’esprit.
14Surprise par la créativité de la démarche, Odile Reveyrand Coulon, psychologue clinicienne interculturelle et chercheure à l’université Jean Jaurès de Toulouse, ayant contribué à l’ingénierie pédagogique, affirme : « L’exposition invite à prendre conscience que le migrant est un alter-ego, chacun est porteur de psychisme et de culture. »
15Cette perspective est renforcée par une scénographie immersive. Goliath Dyevres, designer et scénographe, souligne que « l’immersion permet d’englober, de baigner un spectateur dans un univers, une ambiance et suscite une concentration accrue sur le contenu ». Il présente sa démarche artistique en ces termes : « L’exposition NOUS d’ailleurs propose un contenu fort et politiquement important. Ces enjeux devaient être soutenus par une mise en forme cohérente. Nous avons travaillé deux axes qui se complètent : la symbolique de la porte et du passage comme métaphore d’une progression de la compréhension d’un sujet complexe et la boîte de transport en accord avec la thématique du voyage, du déplacement évoqué dans le contenu exposé. »
16C’est pourquoi la progression pédagogique de NOUS d’ailleurs plonge le visiteur dans deux univers visuels, celui d’une aérogare puis d’un pays imaginaire. Accompagnés des équipes d’animation, tour à tour costumées en agents aéroportuaires puis en guides touristiques, les visiteurs pénètrent dans une aérogare où les contrôles de rigueur sont transposés en contrôle des bagages culturels. Il s’agit de faire prendre conscience aux visiteurs de leurs mécanismes de construction des stéréotypes, préjugés et discriminations en les rendant acteurs du contrôle de leurs propres représentations. Accompagnés de leur guide touristique, ils partent ensuite vers un voyage historique des migrations en France et chemineront sur les traces des métissages culturels dont notre société française est le fruit.
17De surcroît, la dimension immersive de l’exposition se double d’une démarche expérientielle nourrie des pratiques issues des laboratoires de psychologie comportementale. À titre d’exemple : dans « l’aérogare » les visiteurs sont invités à choisir, à l’aide d’un plan d’avion où figurent des vignettes de passagers, le voyageur à côté duquel ils préfèrent voyager et celui à côté duquel ils ne souhaitent pas être assis. Un premier choix qui reflète stéréotypes et préjugés. Une fois leur carte d’embarquement attribuée, ils « voyagent » donc sur des rangées de couleurs différentes. Mais, avant de décoller, l’agent au sol sollicite leur aide pour la répartition des collations par rangée. Une expérience qui révèle généralement le biais d’endogroupe, les passagers favorisant la rangée de leur couleur, discriminant ainsi les autres.
18Conçue pour circuler sur les territoires au plus près des citoyens, l’exposition NOUS d’ailleurs a récemment effectué une tournée en Occitanie. Laura Rossignol, coordinatrice à l’Association de la fondation étudiante pour la ville (AFEV), témoigne : « Avec cette exposition, e-graine nous a permis de bénéficier d’un voyage réflexif dans un cadre bien pensé. NOUS d’ailleurs est d’utilité publique, elle contribue à la diffusion des connaissances et à l’ouverture des consciences au plus grand nombre. »
19Un souhait partagé par l’ensemble des équipes du mouvement e-graine qui s’emploie au quotidien à calibrer des projets éducatifs de territoire en partenariat avec les acteurs locaux.
L’éducation aux migrations fait son festival
20Illustration concrète de la volonté d’e-graine de territorialiser ses projets d’éducation aux migrations : la co-organisation de la première édition du festival « Identités croisées » avec l’université Jean Moulin Lyon-3.
- 1 Lauréat du programme européen H2020, le projet Merging se déploie de janv. 2021 à dec 2023. Plus d’ (...)
21Programmé à la rentrée universitaire, ce festival résulte de la rencontre de deux engagements politiques : celui d’e-graine et celui d’une université qui, en qualité d’établissement d’enseignement supérieur et de recherche (ESR), coordonne un projet de recherche multi acteurs européen, « MERGING : housing project1 ». Trois villes ont ainsi été retenues dans le cadre de ce projet de recherche action MERGING : Valence en Espagne, Göteberg en Suède et Lyon en France. Dans ce cadre sont programmées des actions de vulgarisation destinées à sensibiliser les habitants de ces pays qui accueillent les personnes en exil.
22Par ailleurs, l’université Lyon-3 destine certains de ses enseignements à la poursuite ou à la reprise d’études de chercheurs et d’étudiants en exil. En effet, les ESR français accueillent depuis longtemps au sein de leur communauté étudiante et de leur personnel scientifique ou administratif des personnes réfugiées ou en demande d’asile. Dans cette perspective, l’université Lyon-3 a été l’une des premières à proposer une formation pour l’accueil et l’intégration des réfugiés (FAIRE) pour prendre en charge les nombreux étudiants exilés arrivant en France. Une initiative qui s’est consolidée en 2019 tandis qu’une trentaine d’ESR français constituait le réseau MEn’S (Migrants dans l’enseignement supérieur) avec l’objectif de mettre en œuvre des actions pour favoriser l’insertion académique de personnes exilées.
23Depuis 4 ans, l’université Lyon-3 propose deux diplômes d’universités : les « D.U. Passerelle - étudiants en exil ». Accessibles gratuitement, ils garantissent un statut étudiant aux inscrits (bourses, CROUS, etc.). Ces « D.U. Passerelle » sont généralement calibrés pour durer de six à douze mois et s’emploient à faire la passerelle entre les connaissances préalables des étudiants et le niveau requis par l’enseignement supérieur en France. En parallèle de ce parcours académique, les « D.U. Passerelle » à Lyon encouragent, sur la base du volontariat, la rencontre interculturelle via la mise en place d’un système de mentorat ou de tutorat. Un dispositif qui suscite l’intérêt des étudiants et du personnel et dont les effets s’observent à deux niveaux : l’intégration facilitée des étudiants et des chercheurs en exil via la pratique soutenue du français et la mise en place de leviers de compréhension de leur environnement administratif, culturel et social ; l’opportunité – en creux – d’éduquer les populations d’accueil à l’arrivée de personnes immigrées. Un troisième « D.U. Passerelle » grands débutants ouvrira à la rentrée 2022-2023 à Lyon, répondant à la demande croissante de personnes bénéficiaires de la protection internationale ou de la protection temporaire.
24Bien que le contexte à l’université Lyon-3 soit favorable à l’accueil – l’inclusion et l’égalité étant portées avec beaucoup de volontarisme par les équipes administratives et pédagogiques de l’université –, il n’en demeure pas moins que le lieu est perméable aux préjugés et aux discriminations à l’encontre des personnes immigrées ou des exilés. Ainsi, tandis que de nombreux candidats ne peuvent poursuivre leurs études au regard des capacités d’accueil ou des critères de sélection fixés par les universités, l’accueil d’étudiants exilés suscite parfois des réactions de rejet. Certains préjugés demeurent enracinés, comme l’idée que des dispositifs paraissent favoriser les exilés au détriment d’étudiants français (accès aux études, aux bourses, au marché de l’emploi), alors que leur objectif est bien de normaliser les situations par le haut. « Ces réactions démontrent que, partout, l’éducation aux migrations est une nécessité », déclare Madame Mercier-Suissa, coordinatrice du projet MERGING à l’université Lyon-3. Cette conviction l’a conduite à rencontrer Isabelle Mole, directrice de l’association e-graine locale. De ces constats et de leurs ambitions partagées est née l’envie d’unir leurs efforts pour mettre en place des actions visant faire entendre des arguments rationnels sur ces sujets complexes et de susciter des rencontres entre étudiants de tous les horizons. C’est ainsi que s’est nouée la collaboration entre l’université Lyon-3 et l’association e-graine.
25Entre février et avril 2022, un groupe d’étudiants français et étrangers s’est engagé dans un projet pédagogique interrogeant leur sentiment d’appartenance à notre humanité commune. Accompagnés de Mathias Schlosser, éducateur aux migrations, et d’Hugo Ribes, photo reporter du collectif lyonnais Item, les étudiants ont progressivement conçu l’exposition Portraits croisés. Affichée pendant plus d’un mois sur les grilles de l’université, si elle a pu générer quelques réactions, elle a surtout reçu un accueil positif des étudiants et des passants.
Une programmation ludique, interactive et artistique
26De cet enthousiasme partagé est né ensuite le festival d’éducation populaire Identités croisées2. Programmé du 12 au 23 septembre 2022 sur le campus de la Manufacture des Tabacs à l’université Lyon-3, ce festival, ouvert au grand public et gratuit, propose une programmation ludique, interactive et artistique pour déconstruire les préjugés sur les migrations et permettre au plus grand nombre d’éveiller son esprit critique.
27Pendant deux semaines, les festivaliers sont invités à reconsidérer leur rapport à l’Autre et à leur environnement. De l’expatrié, au chibani ou au sans-papiers, il est question, avec ce festival, de dépasser ces frontières clivantes, pour parler de cet Autre, en parlant de soi. L’intention est de donner la parole aux personnes étrangères, exilées, souvent invisibilisées au sein de notre société. Le témoignage, fruit d’une histoire individuelle ou collective, est empreint d’un vécu émotionnel qui facilite l’identification et l’expression d’un Commun.
28Il s’agit donc de parler de ce qui fait écho à chacun, lorsqu’une réalité devient sa réalité : celle d’une histoire, d’un territoire, d’un quotidien, d’une émotion… partagés. Ainsi, faire le choix de parler de ce commun, c’est prendre le risque d’apporter une vision parcellaire de la question migratoire, c’est aussi faire le pari d’un processus d’identification qui fait trace.
29C’est pourquoi Identités croisées est une invitation à une immersion en métropole lyonnaise. Il s’agira de parler d’un territoire commun, d’une proximité, permettant ainsi de solliciter le savoir expérientiel de chacun.e. Sa programmation résonne avec l’orientation donnée aux journées du patrimoine du samedi 17 septembre 2022 dont le thème est : « Migrations et immigrations : la construction du paysage et de la société de la Métropole de Lyon ». Son offre conjugue des approches pluridisciplinaires sur le plan universitaire et culturel, et ouvre la possibilité à chacun, de « transformer » son expérience, d’asseoir sa réflexion sur des données scientifiques et vérifiables. Enfin, souhaitant s’adresser au plus grand nombre, le festival propose des formats variés pour que chacun trouve, en fonction de sa sensibilité, la possibilité d’expérimenter, de s’informer et d’être bousculé.
30Plus concrètement, l’exposition NOUS d’ailleurs est installée durant deux semaines dans la salle d’exposition de la bibliothèque universitaire. Calibrée pour accueillir le grand public dès 12 ans, cette exposition se visite uniquement par petits groupes de 12 à 16 personnes, permettant à chaque visiteur de se retrouver dans une posture d’acteur au travers d’une dizaine d’activités pédagogiques. L’ensemble des partenaires du territoire, établissements scolaires, structures socio-éducatives, se mobilisent fortement pour attirer les publics.
31Le festival propose également un autre type d’événement de vulgarisation scientifique : un cycle de conférences. Programmé à l’occasion des journées du Patrimoine, il permet à chacun d’appréhender l’histoire et les dynamiques des migrations au sein de l’agglomération lyonnaise et de questionner ses représentations. En complément, et afin de toucher la sensibilité et les émotions du public, le festival propose un troisième format : une série de spectacles qui s’adressent à la fois à la tête et au cœur des spectateurs. Conçus à partir d’un objectif documentaire, ces spectacles vivants – conférence-gesticulée, ciné-débat, concert-débat, et performance danse-théâtre – mêlent le sensible et le poétique à la présentation de faits historiques et de témoignages individuels ou collectifs.
32e-graine est convaincue que la coopération est un levier d’accélération des transitions qui s’imposent à nos sociétés. Le festival Identités croisées fait la démonstration que, lorsque les ambitions sociétales d’acteurs diversifiés – ESR, association, collectivité, fondation – accordent leurs complémentarités sur une stratégie d’impacts partagés, nous sommes capables d’avancer vers une société plus résiliente et moins perméable à tous les obscurantismes.
Notes
1 Lauréat du programme européen H2020, le projet Merging se déploie de janv. 2021 à dec 2023. Plus d’informations voir le site https://www.merging-housing-project.eu/.
2 https://www.identites-croisees.com/.
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Nathalie Porte, « e-graine : cultiver les migrations », Hommes & migrations, 1338 | 2022, 180-189.
Référence électronique
Nathalie Porte, « e-graine : cultiver les migrations », Hommes & migrations [En ligne], 1338 | 2022, mis en ligne le 01 janvier 2024, consulté le 09 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/hommesmigrations/14365 ; DOI : https://doi.org/10.4000/hommesmigrations.14365
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page

