Navigation – Plan du site

AccueilNuméros1341Au muséeDébatQuelles évolutions des discrimina...

Au musée
Débat

Quelles évolutions des discriminations en France ?

Inès Attoubi
p. 158-165

Résumé

Le 18 janvier dernier, le MNHI a organisé une rencontre-débat sur les évolutions des discriminations en France. Animée par Nora Hamadi et en présence de Claire Hédon, défenseure des droits, Patrick Simon (Ined), Odile Rouhban et Pierre Tanneau (Insee) y ont partagé certains enseignements du deuxième volet de l’enquête « Trajectoires et Origines » (TeO2).

Haut de page

Texte intégral

1TeO2 est une prolongation de l’enquête « Trajectoires et Origines » (TeO1) menée en 2008-2009. Elle comporte des innovations, comme la prise en compte de la « troisième génération » et la présence de questions sur les réactions des individus face aux discriminations. À l’époque, l’Institut national d’études démographiques (Ined) et l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) souhaitaient étudier la diversité des populations en France. L’enquête couvre de nombreuses thématiques de la vie quotidienne : logement, éducation, maîtrise de la langue, accès aux services publics, santé, relations sociales, citoyenneté, religion, etc. Elle permet d’analyser comment la situation individuelle, et notamment l’origine, peut exercer une influence sur les trajectoires d’intégration et modifier les chances d’accès aux principaux biens qui définissent la place de chacun dans la société. TeO1 avait révélé que si les enfants d’immigrés européens ont une meilleure situation sociale et économique que celle de leurs parents, ce n’est pas toujours le cas pour les enfants d’immigrés d’autres origines, dont certains peuvent avoir une moins bonne situation que celle de leurs parents. Plus de dix ans plus tard, le deuxième volet s’est avéré nécessaire, tant il était important d’alimenter le débat public en données objectives sur l’immigration et la diversité des populations en France. L’enquête a également pour but de servir de référence pour les travaux sur les immigrés et leurs enfants, pour la recherche comme pour la statistique publique.

Cadrage et nouveautés de TeO2

2L’enquête TeO2 s’est déroulée du 1er juillet 2019 au 30 octobre 2020. Les enquêteurs ont interrogé 27 200 personnes tirées parmi tous les individus âgés de 18 à 59 ans vivant en logement ordinaire en France métropolitaine. L’échantillon a été scindé en plusieurs sous-groupes de population : les immigrés (personnes nées étrangères à l’étranger et qui sont venues en France métropolitaine) et les domiens ou natifs des DOM qui ont effectué une migration en France métropolitaine ; les enfants de ces personnes ou « deuxième génération » (personnes nées en France métropolitaine et qui ont au moins un parent immigré ou domien) ; le reste de la population ou « population majoritaire » (personnes qui sont françaises depuis deux générations ou plus).

3Si les immigrés et natifs d’Outre-mer, ainsi que leurs enfants nés en France métropolitaine ont été surreprésentés, tout le monde est concerné quelle que soit son origine.

4L’enquête TeO2 occupe une place spécifique dans la statistique publique. Premièrement, il s’agit d’une étude complexe à réaliser car les populations d’intérêt ne représentent pas une part importante de la population dans son ensemble. L’enquête utilise une méthodologie rigoureuse pour surreprésenter des populations rares, tout en restant représentative de la population générale. Par ailleurs, TeO2 est la première enquête qui identifie les personnes qui ont un lien à la migration sur trois générations. Avant cela, il était possible d’identifier les immigrés et les descendants d’immigrés de deuxième génération. Pour la première fois, une enquête est capable de dire qui est petit-enfant d’immigré en France, et peut interroger ces personnes, notamment pour vérifier si les désavantages et les discriminations perdurent à la troisième génération pour certaines origines.

5La multiplicité des thèmes abordés mérite également toute l’attention. Outre les questions classiques, présentes dans toutes les grandes enquêtes de la statistique publique, de nombreuses questions sensibles et directement liées aux thèmes de la diversité et de l’intégration sont présentes dans le questionnaire, très exhaustif (la durée moyenne d’un entretien est d’1 heure 10 par personne). Des questions sont relatives à l’identité et à l’auto-identification des individus ; la pluri-nationalité, le sentiment d’appartenance nationale, le sentiment d’être perçu comme français ou encore l’affiliation religieuse sont abordés.

Diversification des origines et « hybridation »

6Les premiers résultats de l’enquête TeO2 ont été publiés en juillet 2022. En France, 9 % de la population est immigrée, 12 % de la population est descendante d’immigrés, et un tiers de la population a un lien à l’immigration sur trois générations.

7Les immigrés représentent une part de la population plus importante aux âges actifs, entre 30 et 60 ans. Pour cause, les immigrés arrivants en France sont souvent au début de leur vie active. Les descendants d’immigrés, eux, sont moins nombreux parmi les classes d’âge les plus élevées, notamment passé 60 ans. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il s’agit de personnes nées en France à une période où les immigrés représentaient une part de la population moins élevée que ces dernières années. Ainsi, la part des descendants directs d’immigrés dans la population est plus importante chez les jeunes générations, et notamment les mineurs.

8La composition de la population reproduit les flux d’immigration passés. Parmi les immigrés, les origines européennes sont majoritaires pour les personnes les plus âgées, au-delà de 70 ans. Pour les catégories intermédiaires, les origines africaines deviennent majoritaires. Pour les immigrés plus jeunes, un phénomène de diversification des origines s’opère (origines asiatiques et autres pays du monde). Le même phénomène est observable pour les descendants d’immigrés, avec un décalage temporel d’environ 30 ans. Les plus âgés sont majoritairement d’origine européenne, alors que, parmi les mineurs, 8 descendants directs d’immigrés sur 10 sont d’origine non européenne. Concernant les petits-enfants d’immigrés de plus de 30 ans, les ascendances européennes sont prédominantes. Pour les plus jeunes, notamment les mineurs, une progression des ascendances africaines s’observe.

  • 1 Voir Gerhard Steingress, « Couples mixtes et hybridation transculturelle en Espagne. Réflexions à p (...)

9Par ailleurs, le lien avec l’immigration s’estompe au fil des générations. À la deuxième génération, plus d’un descendant d’immigrés sur deux est issu d’un couple mixte (un parent immigré, un parent non immigré). Ces personnes pourraient tout aussi bien être désignées comme descendants de non-immigrés. À la troisième génération, 9 petits-enfants d’immigrés sur 10 âgés de moins de 60 ans n’ont qu’un seul ou deux grands-parents immigrés. Les généalogies se diversifient avec la mixité des unions, de plus en plus forte d’une génération à l’autre, conduisant à un phénomène d’« hybridation1 ». Aujourd’hui, un quart des immigrés vivent en couple avec un conjoint qui n’est ni immigré ni descendant direct d’immigrés. C’est le cas de deux tiers des descendants directs d’immigrés.

Une augmentation des discriminations ressenties et effectives

10Si la population française se diversifie, les discriminations perdurent. Pour les mesurer, plusieurs méthodes existent. TeO2 s’est fondée sur les déclarations des enquêtés, à travers cette question : « Au cours des cinq dernières années, pensez-vous avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations ? » La même question ayant été posée dans TeO1, il est possible de comparer l’évolution entre les deux périodes d’enquête. Des questions relatives à des situations de traitements injustes dans des contextes spécifiques ont également été posées. Par exemple : « Au cours des cinq dernières années, est-il arrivé qu’on vous refuse injustement un emploi ? » Parmi les raisons suggérées de ces discriminations ou injustices figurent des motifs comme l’origine, nationale ou sociale, le sexe, l’âge, l’orientation sexuelle, la couleur de peau, etc. Cette étude ne porte pas uniquement sur les ressentis des enquêtés. Elle confirme que les personnes qui se déclarent discriminées le sont effectivement. À niveau d’études et d’expériences équivalentes, par exemple, les immigrés et descendants d’immigrés se retrouvent dans des positions plus défavorables sur le marché du travail. La perception des discriminations correspond à la réalité de ce qu’elles sont.

11L’étude dévoile une mauvaise nouvelle : en 11 ans, les discriminations ne se sont pas améliorées. Au contraire, on observe même une augmentation des déclarations de discriminations : en 2019-2020, 18 % des personnes de 18-49 ans déclarent avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations au cours des cinq dernières années, contre 14 % en 2008-2009. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette augmentation entre les deux enquêtes. D’une part, un effet de composition : les personnes les plus exposées aux discriminations depuis 2008-2009 sont devenues plus nombreuses en 2019-2020, ce qui augmente le nombre de déclarations. Ensuite, il existe aujourd’hui une plus grande prise de conscience des discriminations. La montée dans le débat public de sujets autour de ces enjeux a pu mener à une sensibilité plus forte et à une libération de la parole, là où, 11 ans auparavant, il pouvait être plus difficile d’en parler. Enfin, cette augmentation peut également être le reflet du durcissement et de la dégradation dans la vie sociale des discriminations et des traitements qui peuvent en être faits.

12Cette situation se répercute de manière différente sur l’ensemble des groupes d’intérêt. Les personnes immigrées déclarent plus de discriminations tous motifs confondus (24 %) que les personnes qui n’ont pas d’ascendance migratoire (14 %). Les descendants d’immigrés, quant à eux, déclarent encore plus de discriminations (25 %), en particulier quand leurs deux parents sont immigrés. Constat moins étonnant que regrettable, là où l’on pouvait espérer que les descendants d’immigrés – qui sont nés en France, qui ont pour la majorité la nationalité française, un niveau d’éducation similaire à celui de la population sans ascendance migratoire et des conditions d’emploi équivalentes – se sentent plus légitimes en France et soient « mieux » protégés contre les inégalités auxquelles sont confrontés les immigrés.

13Le premier lieu d’expérience de discriminations est le marché du travail, que ce soit lors d’une recherche d’emploi ou sur leur lieu de travail : 53 % des immigrés et de leurs descendants ayant connu des discriminations déclarent que celles-ci ont eu lieu dans ce contexte, ainsi que 58 % des natifs d’Outre‐mer et 59 % de leurs descendants. Le deuxième contexte le plus souvent cité est l’interaction avec des administrations ou des services publics.

Les motifs de discriminations

14L’origine, la nationalité ou la couleur de peau représentent le premier motif de discriminations évoqué, suivi du sexe, de l’âge, de l’état de santé ou du handicap, de la religion, puis du lieu de résidence ou quartier d’habitation.

1580 % des immigrés ont déclaré avoir subi une discrimination en raison de leur origine. Au sein des différentes origines, la manière d’aborder les discriminations diffère. Tous motifs confondus, on observe un niveau de déclaration de discriminations plus élevé chez les personnes originaires d’Afrique subsaharienne et du Maghreb. Un phénomène de cristallisation des effets de discriminations semble s’opérer chez les personnes que l’on peut qualifier de « minorités visibles ». Évidemment, il est possible de rapporter les discriminations aux personnes qui y sont exposées. Ainsi, la discrimination envers l’origine et la couleur de peau sera beaucoup plus déclarée par les personnes dont l’origine et la couleur de peau les surexposent à des traitements défavorables. Toutefois, entre les deux enquêtes, un tassement des discriminations déclarées par ces personnes s’observe, là où elles étaient déjà à l’époque et restent toujours aujourd’hui les plus exposées aux discriminations. Cela semble s’expliquer par une forme de saturation des déclarations.

16La mention plus faible de l’origine dans les déclarations de discriminations peut également s’expliquer par l’imposition d’un autre motif, le sexe. 10 % de l’ensemble des femmes disent avoir été discriminées en raison de leur sexe. De manière générale, parmi les groupes exposés aux discriminations, les femmes déclarent davantage de discriminations que les hommes, un effet en augmentation depuis TeO1.

17Un autre motif, moins perceptible car assez peu déclaré, est la religion. Si seules 7 % des personnes ayant vécu un traitement inégalitaire déclarent que celui-ci était lié à leur religion, ce motif est plus important pour les personnes originaires de pays où la religion musulmane est majoritaire : les immigrés d’Algérie (20 %) et leurs descendants (23 %), les immigrés et descendants d’immigrés du Maroc et de Tunisie (30 %), et les immigrés de Turquie ou du Moyen‐Orient (25 %) et leurs descendants (29 %) citent ce motif beaucoup plus fréquemment que les natifs d’Outre‐mer (4 %) et leurs descendants (1 %) ou la population sans ascendance migratoire (2 %). La mention de ce motif a par ailleurs augmenté depuis l’enquête TeO1.

18Le lieu de résidence ou le quartier d’habitation constitue un autre motif, dont l’effet sur la perception sociale des phénomènes migratoires peut être important. 7 % des hommes et 5 % des femmes discriminés citent le lieu de résidence et le quartier d’habitation comme motif de discriminations. La localisation des immigrés et des descendants d’immigrés sur le territoire est très inégale. Ils sont les plus nombreux en proportion de la population dans les agglomérations urbaines les plus denses, notamment les 8 départements d’Île-de-France, Marseille, Lyon, dans les zones frontalières de la métropole et en Guyane.

19Il s’avère primordial de penser les discriminations dans leur pluralité. TeO2 permet ainsi d’analyser les croisements entre les différents motifs, qui ne se combinent pas de façon équivalente entre les groupes. Près de 90 % des personnes discriminées d’origine maghrébine ou africaine disent l’être en raison de leur origine ou de leur couleur de peau. Ces personnes, lorsqu’elles parlent de discriminations, vont laisser de côté les autres motifs. Au contraire, les personnes sans ascendance migratoire vont mettre beaucoup plus en avant la question de la classe, du sexe ou de l’âge. Autrement dit, les personnes dont les critères d’identité sont ceux de l’origine ou de la couleur de peau vont sous-déclarer la classe sociale comme élément fondateur de leur identité. Même si elles en parlent, elles mentionnent leur appartenance de classe en moyenne moins souvent que les personnes qui ne sont pas marquées par leur origine ou leur couleur de peau. Ce constat s’applique également aux femmes. Là où les femmes d’origine européennes vont beaucoup plus parler de discriminations en raison du sexe, le motif de la couleur de peau et de l’origine chez les femmes d’origine non européenne écrase les discriminations sexistes. Dans l’expérience sociale de ces personnes, le fait d’être confronté à un regard, et peut-être également aussi leur propre construction identitaire, va conduire à des mécanismes de sous-déclarations, de compensations internes entre différents motifs, voire de minorations d’autres motifs. Notons ici qu’un individu exerçant une profession qualifiée et/ou ayant fait de hautes études ne disparaît toutefois pas face à la discrimination. Au contraire, il peut parfois même être confronté à des niveaux encore plus durs de discriminations, dans la mesure où il constitue un intrus dans un monde où les personnes dotées des mêmes caractéristiques sont moins représentées.

Les réactions face aux discriminations

20Après avoir évoqué le vécu discriminatoire des personnes, le questionnaire aborde la question des réactions face à ces discriminations, nouveauté dans TeO2. Les personnes ayant subi des discriminations peuvent entamer des démarches auprès de structures dédiées (associations, syndicats, Défenseur des droits) ou les porter en justice (plainte). Mais, dans la majorité des cas, les réactions consistent à s’indigner ou à contester (38 %), ou à en parler à des proches (48 %). Seules 8 % des personnes ayant déclaré avoir subi une discrimination ont entrepris une démarche auprès de structures dédiées, et 2 % ont porté plainte. Les réactions varient fortement en fonction des motifs. Les discriminations en raison de l’état de santé ou du handicap donnent lieu à plus de réactions : 7 % ont porté plainte et 12 % se sont adressées à des structures dédiées. La résignation est beaucoup plus forte et développée chez les personnes discriminées en raison de leur origine ou couleur de peau ou de leur religion (3 % déposent plainte). Ce fatalisme traduit un sentiment de moindre légitimité ou d’impuissance face à certaines discriminations. Malgré une plus forte sensibilisation ces dix dernières années, entamer des démarches à la suite de discriminations reste donc rare. Mais il serait injuste de faire porter sur la victime le poids de la lutte contre les discriminations, au regard de procédures complexes et souvent peu accessibles, de la faible probabilité que l’action aboutisse, voire de la peur, réelle et omniprésente, de représailles.

Les points forts de l’enquête

21Un des nombreux apports de TeO2 est de rendre visibles les discriminations, et en particulier les discriminations en raison de l’origine ou de la couleur de peau. En 2021, sur les 115 000 réclamations reçues par le Défenseur des droits, seules 7 000 portaient sur la question des discriminations. En grande majorité, elles avaient trait au handicap et à la santé. L’origine n’arrive que bien plus tard. Les données de l’enquête, pour les enquêtés, les enquêteurs et les utilisateurs, sont donc très utiles. Le questionnaire a une portée généraliste : il aborde de nombreux thèmes, permettant de couvrir l’ensemble des dimensions de la vie sociale, en combinant plusieurs domaines des trajectoires des individus et en récoltant des informations à la fois sur leurs pratiques et sur leurs opinions.

  • 2 La question divise autant le monde académique que le monde politique. La nécessité de décrire la ré (...)

22Or une fois le constat fait que les discriminations existent, demeurent, voire augmentent, l’heure est désormais à l’action. TeO2 met à disposition des outils de connaissances et d’informations qui peuvent aider à conduire des politiques publiques. Cependant, une politique de prévention et de lutte active contre les discriminations nécessite de pouvoir anticiper les nombreux biais qui se produisent, et notamment dans le secteur de l’emploi. Des quotas et des objectifs, des protocoles et mécanismes de discrimination positive existent sur la question des inégalités femmes/hommes et du handicap, bien qu’il reste encore beaucoup à faire. Sur la question des origines, il n’en est rien. Cette absence révèle une sorte d’effet de disjonction à la française. La France est l’un des pays où les personnes déclarent le plus penser qu’il existe des discriminations ethniques et raciales, avec la conviction généralisée que ces discriminations sont nuisibles. Mais la chose s’arrête là. Il y a un paradoxe : le constat est communément partagé, mais il n’est suivi d’aucune mise en pratique2. La France semble mal à l’aise à l’idée de donner l’impression de favoriser des minorités, là où des grandes majorités ne se trouvent pas toujours très bien traitées non plus.

23La défenseure des droits, Claire Hédon, présente lors de la rencontre, déplore ce manque de prise d’actions. Elle souhaite la création d’un Observatoire des discriminations : puisqu’une partie d’entre elles ne sont pas visibles, et le seraient encore moins sans une étude comme TeO2, il paraît indispensable de mettre en place un outil qui évalue régulièrement les discriminations. Par ailleurs, afin de rendre les procédures plus accessibles et efficaces, l’institution du Défenseur des droits a lancé une plateforme (antidiscriminations.fr) et a créé une ligne téléphonique (3928). Ces deux outils ont permis une forte augmentation des réclamations et la simplification des actions des requérants. Parce qu’il y a réelle urgence à agir. Les effets des discriminations existent dans la société française. Les expériences négatives dans la vie sociale ont de réelles conséquences sur la santé, psychique et physique, pour ne citer que ces derniers domaines. La priorité est à donner à la parole et à l’expérience des premiers concernés, ceux qui la vivent, la discrimination. Cette année, 40 ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, le cœur ne semble pas à la célébration. La devise républicaine, « Liberté, Égalité, Fraternité », semble se diluer toujours un peu plus dans un débat public prônant le repli sur soi et la xénophobie, sur fond de grand remplacement et de rémigration.

Haut de page

Notes

1 Voir Gerhard Steingress, « Couples mixtes et hybridation transculturelle en Espagne. Réflexions à partir d’une recherche en cours et perspectives de comparaisons européennes », in Migrations Société, n° 134-135, 2011, p. 28 : « L’hybridation n’est pas une simple fusion des différences culturelles [à l’image du métissage], mais un processus interactif complexe de négociation de ces différences qui vient en réponse à la multiculturalité de plus en plus importante au sein des sociétés contemporaines. »

2 La question divise autant le monde académique que le monde politique. La nécessité de décrire la réalité discriminatoire en la nommant fait consensus, mais l’attitude à adopter pose problème. Faut-il continuer à privilégier la posture universaliste color blind et abandonner la possibilité de mesurer le rejet de l’autre ? Ou, au contraire, adopter une posture race conscious au risque de contribuer à la cristallisation de catégories ethniques ? Voir Solène Brun, Patrick Simon, « “Ceci n’est pas du racisme”. Controverses publiques et scientifiques dans la qualification du racisme », Mouvements, HS n° 2, 2022, pp. 20-38.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Inès Attoubi, « Quelles évolutions des discriminations en France ? »Hommes & migrations, 1341 | 2023, 158-165.

Référence électronique

Inès Attoubi, « Quelles évolutions des discriminations en France ? »Hommes & migrations [En ligne], 1341 | 2023, mis en ligne le 01 janvier 2024, consulté le 08 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/hommesmigrations/15465 ; DOI : https://doi.org/10.4000/hommesmigrations.15465

Haut de page

Auteur

Inès Attoubi

Étudiante du Master Migrations (ICM)

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search