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Hélène Harter

Hélène Harter

Présidente du Comité pour l’histoire du CNRS (CHC)

©Cyril Frésillon

1L’année 1968 évoque à toutes et tous une période de profonds bouleversements. Ce n’est pas pour rien que les historiens et historiennes parlent d’un « moment 1968 » qui donne corps et sens à des évolutions latentes depuis plusieurs années et porte des changements qui se font sentir aujourd’hui encore dans nos sociétés. Le monde des sciences en est pleinement acteur, et pas uniquement les sciences sociales qui en sont au cœur. C’est ce que nous rappelle le Laboratoire de météorologie dynamique (LMD) auquel nous consacrons ce numéro de notre revue Histoire de la recherche contemporaine.

2Sa création en 1968 correspond au moment où la météorologie, science descriptive du temps, se mue en météorologie dynamique autour de la science de l’atmosphère en mouvement et, ce faisant, impose le climat comme une science dure. Celle-ci s’appuie sur les mathématiques et la physique et la mécanique des fluides. Les appareils de mesure se font de plus en plus sophistiqués : ballon sondes, satellites qui permettent de recueillir des données à l’échelle planétaire en temps réel et de constituer des bases de données. Observations et expérimentations se doublent d’un important travail d’analyses rendu possible grâce à des calculateurs électroniques de plus en plus puissants. Les développements théoriques suivent. On entre dans le temps des modélisations numériques qui créent des modèles de circulation générale atmosphérique qui nous permettent de mieux comprendre la circulation atmosphérique et la dispersion de l'énergie dans l'atmosphère ; le tout au service des études climatiques. Une véritable révolution intellectuelle est à l’œuvre.

3Cette nouvelle science du climat porte très tôt une dimension sociétale. Elle permet dès les années 1970 de prendre conscience de la dimension anthropique du changement climatique. Aujourd’hui, sa contribution à cette question majeure n’est plus à démontrer, entre observation de la terre pour mieux comprendre les évolutions du climat, mobilisation de ses savoirs lors des COPs et contribution à la définition des objectifs de développement durable des Nations Unies.

4Ce dossier nous permet de découvrir le parcours d’hommes et de femmes qui ont fait naître en France une discipline et accompagner son développement jusqu’à aujourd’hui. L’année 1968 correspond à un temps fort de son institutionnalisation avec la naissance du LMD. Ce laboratoire né de la fusion du Laboratoire de Physique de la Basse Atmosphère dirigé par Paul Queney, et d’un groupe constitué par un jeune professeur physicien théoricien Pierre Morel, s’impose rapidement comme un espace fédérateur des recherches autour de l’étude du climat et de l’environnement.

5La création d’un laboratoire est le produit d’un contexte national de la recherche. Et celui des années 1960 est très propice en France en raison de politiques publiques gaulliennes volontaristes. La guerre froide y contribue aussi ; celle-ci ayant aussi une dimension résolument scientifique, comme le rappelle le lancement du premier satellite artificiel Spoutnik en 1957 alors que se tient l’année géophysique internationale. La recherche est l’objet de compétitions. Elle est aussi faite de collaborations comme le rappelle la participation éminente du LMD dès les années 1970 au programme Eole, qui associe les agences spatiales française (CNES) et américaine (NASA) et au programme européen de satellites Météostat ; au programme européen Copernicus qui vise à la mise au point d’un système de surveillance de la qualité de l’air et du climat ; et plus récemment ses collaborations avec l’Inde – le programme Megha-Tropiques qui depuis 2011 vise à étudier le cycle de l’eau tropicale – et la Chine. L’horizon d’observation n’est plus seulement l’atmosphère mais aussi les océans, notre planète mais aussi Mars. Le LMD est ainsi à l’origine du LMDz, le premier modèle capable de simuler un cycle intégral des saisons sur la planète rouge ; une prouesse qui ouvre bien des perspectives pour l’avenir.

6Malgré la longue histoire de notre revue, nous avons eu peu l’occasion d’aborder ces questions essentielles – hormis de manière périphérique à l’occasion d’un dossier de 2008 consacré à la recherche aux pôles [https://journals.openedition.org/​histoire-cnrs/​6823]. Il était temps d’y remédier. L’histoire d’un laboratoire est toujours originelle. Elle se comprend cependant dans ses interactions dans un ensemble plus vaste. Telle est notre ambition. Bonne lecture.

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Table des illustrations

Titre Hélène Harter
Légende Présidente du Comité pour l’histoire du CNRS (CHC)
Crédits ©Cyril Frésillon
URL http://journals.openedition.org/hrc/docannexe/image/12862/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 55k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Hélène Harter, « Éditorial »Histoire de la recherche contemporaine [En ligne], Tome XIII n°1 | 2024, mis en ligne le , consulté le 21 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/hrc/12862 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13dgp

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Auteur

Hélène Harter

Présidente du Comité pour l’histoire du CNRS

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