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AccueilNumérosTome VIII-n°2Éditorial

Texte intégral

1À l’occasion de la publication de ce nouveau numéro de la revue Histoire de la recherche contemporaine nous avons décidé de faire partager à nos lecteurs, peut-être même de leur faire découvrir, les contenus d’un champ de recherches difficile, soulevant parfois des débats passionnés et passionnants. On ne pouvait indéfiniment laisser de côté le domaine très vivant et très actif de travaux en sciences humaines et sociales que l’on appelle les « études africanistes ».

2N’est-il pas de nos jours, indispensable de fournir des éléments pour clarifier, mettre en perspective ou pour le moins apporter quelques pierres afin de dégager, dans le champ des relations avec les États africains et le monde africain, des pistes pour démêler des notions et des concepts qui font débat et qui, bien souvent, nourrissent sous des formes diverses, parfois très polémiques, l’actualité ?

3À cette fin, tout en laissant volontairement la parole libre, il nous est apparu prioritaire de rapporter des témoignages, des réflexions, mais aussi des points de vue et des engagements. Il ne va pas de soit, en effet, de rendre compte en sciences humaines et sociales de travaux portant sur des recherches qui furent engagées au lendemain du processus de la décolonisation (que signifie d’ailleurs exactement ce processus du point de vue du politique et de l’épistémologique ?) et de l’émergence des indépendances dans le contexte français de la reconstruction (les Trente glorieuses) et dans celui mondial de la guerre froide où, de plus, viennent converger les intérêts souvent contradictoires des anciennes puissances coloniales.

4Comment dans cet environnement apprécier les travaux et le sens des recherches qui furent menés, et qui le sont encore, à partir de structures de recherches telles que l’ORSTOM (Office de la recherche scientifique et technique outre-mer) devenu aujourd’hui l’IRD (Institut de recherche pour le développement), le CNRS (Centre national de la recherche scientifique), l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales) et l’EPHE (École pratique des hautes études) ?

5Peut-on parler dans ce cadre, comme l’indique Jean-Pierre Dozon au début de son article d’une « singularité française dans le domaine des sciences sociales » et, en outre, comment doit-on comprendre les processus d’interrogations et de partages des savoirs où l’histoire de l’Afrique, en tant que telle, doit aussi avoir pleinement sa place ?

6Différentes études et approches ont été rassemblées afin de dessiner les premiers contours d’autres travaux à venir. Ces études et approches portent tant sur la formation des chercheurs comme en témoigne l’article intitulé « Framing Rural France as an African studies laboratory : The Formation à la recherche en Afrique noire (FRAM), 1969-1983 » (Allison Sanders), que sur la constitution de savoirs en rapport avec leurs statuts épistémologiques dans des contextes socio-politiques complexes (articles d’Hélène Quashie et de Marie-Emmanuelle Pommerole). Mais aussi, si l’on peut dire, s’est imposé, à l’inverse, de considérer l’importance et le rôle, tout comme les vicissitudes sur la longue durée de la formation des étudiants en provenance des territoires d’Outre-mer dans la mesure où ces étudiants allaient devenir, par la suite, les futurs cadres des pays ayant acquis leur indépendance. Dans cette perspective il convenait de prendre en compte l’évolution des destinations pour suivre des études en relation avec les choix politiques des pays d’origine (articles d’Abdoulaye Gueye et de Jean-Yves Blum Le Coat).

7L’ensemble de ces questions résonne également à des titres divers et dans des perspectives différentes dans l’article portant sur « Le Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociales en Afrique (CODESRIA) » de Martin Mourre ainsi que dans celui plus spécifique relatif à « L’africanisme dans les sciences de l’information et de la communication » de Thomas Atenga.

8Autant de textes et d‘articles à lire et à méditer, où viennent comme s’imposer à nous des questions qui, aujourd’hui, traversent notre actualité. Pour ne prendre que deux exemples : qu’en est-il au regard de ces textes de ce qu’on dénomme les études postcoloniales ? Qu’en est-il des rapports socio-politiques traversant nos sociétés devenues peut-être multiculturelles ?

9Un dossier difficile ouvrant sur d’importants questionnements et interrogations, mais auxquels il convient, aujourd’hui, plutôt de s’y confronter que de s’en détourner car l’avenir, notre avenir, pour une part en dépend largement.

10 Bonne lecture à tous !

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Pour citer cet article

Référence papier

Michel Blay, « Éditorial »Histoire de la recherche contemporaine, Tome VIII-n°2 | 2019, 120.

Référence électronique

Michel Blay, « Éditorial »Histoire de la recherche contemporaine [En ligne], Tome VIII-n°2 | 2019, mis en ligne le 15 mars 2020, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/hrc/3399 ; DOI : https://doi.org/10.4000/hrc.3399

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Auteur

Michel Blay

Président du comité pour l’histoire du CNRS

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Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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