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1C’est le 1^er mars 1822 qu’eut lieu à Mulhouse le premier cours de chimie appliquée aux arts, à la demande des manufacturiers de l’impression textile. L’année 2022 a donc vu l’école de chimie de Mulhouse célébrer son bicentenaire. A cette occasion un historien, Régis Boulat, et un chimiste, Serge Neunlist, ont rassemblé une trentaine de contributeurs pour donner naissance à un ouvrage présentant à la fois l’histoire et l’actualité de la plus ancienne école de chimie française.

2L’ouvrage est divisé en trois parties qui correspondent à des changements de structure administrative, tour à tour école municipale (1822-1930), puis gérée par une fondation privée (1930-1977) et finalement nationalisée avec une intégration par l’éducation nationale pour permettre la création de l’université de Haute-Alsace (1977 à nos jours). Cependant, l’ouvrage montre bien la continuité de la formation associant étroitement l’enseignement de la chimie à une solide pratique expérimentale à la recherche, et ce dès la fin du xix^e siècle.

3La première partie revient sur sa création à l’initiative des industriels, et sur le lien fort avec ceux-ci qui perdure sous le contrôle exercé par la Société industrielle de Mulhouse, via son comité de chimie, exemple de ce qui sera appelé le « modèle mulhousien ». Après l’annexion de l’Alsace en 1871, et alors même que l’administration allemande lui refuse le statut d’établissement d’enseignement supérieur, l’école va connaitre un âge d’or : construction de locaux, recrutement international des élèves, développement de l’enseignement et de la recherche par Emilio Noelting, directeur de l’École supérieure de chimie de Mulhouse. Elle sert alors de modèle à la création d’écoles similaires en France, écoles avec lesquelles elle se retrouve en compétition après son retour dans la mère-patrie.

4À partir de 1930, deuxième partie, l’école est une fondation autonome privée reconnue d’utilité publique. Derrière la période dramatique de la seconde guerre mondiale pendant laquelle elle a dû se replier à Toulouse puis à Lyon, l’école est au cœur du projet universitaire mulhousien, tout en s’adaptant à l’évolution de la science : École nationale supérieure d'ingénieurs (ENSI) en 1948, nouveaux locaux, création de laboratoires de recherches CNRS et d’un centre de recherche textile, elle n’échappe pas aux contestations de mai 1968.

5Consacrée à l’école nationalisée, composante de l’université de Haute-Alsace crée en 1977, la troisième partie permet de faire plus étroite connaissance avec l’école actuelle grâce en particulier à plusieurs témoignages, entre autres d’anciens étudiants. L’augmentation des effectifs, la féminisation, le développement et l’internationalisation de la recherche, le lien étroit avec les industriels, le renforcement des relations transfrontalières et la vie étudiante sont parmi les nombreux thèmes abordés.

6D'une lecture aisée (sans présence d'équations chimiques), richement illustré par des documents tirés des archives, ce livre permet de s’imprégner agréablement de la riche histoire et de la vitalité actuelle de la plus ancienne école de chimie française.