TREPP, Anne-Charlott, LEHMANN, Hartmut, Antike Weisheit und kulturelle Praxis. Hermetismus in der Frühen Neuzeit
Texte intégral
1Ancré dans un double renouveau, vers une histoire des sciences encline à ne plus voir dans l’occultisme une aberration marginale, et vers une histoire religieuse considérée autrement que comme l’imposition irrémédiable de la confessionnalisation, ce colloque pluridisciplinaire propose un panorama des différentes approches de l’hermétisme. La diversité délibérée des outils et méthodes mobilisés se double du caractère fuyant de l’objet. L’hermétisme, souligne T. LEINKAUF, est un terme vague rassemblant des éléments très divers, qui relèvent de deux filiations, philosophique et mystique d’une part, alchimique et technique d’autre part. Le type même de la vision mystique, relève B. DOHM, recouvre des formes divergentes, depuis la résurrection individuelle jusqu’au Jugement dernier en passant par le millénarisme. Les traditions intellectuelles, religieuses et politiques, dont se nourrissent ces doctrines sont aussi distinctes, comme le note K. VON GREYERZ. Enfin, des éléments essentiels de l’hermétisme, ainsi le « paracelsisme », résultent moins d’une œuvre-clef que d’une stratégie éditoriale délibérément polémique, lancée après la mort de l’auteur contre de multiples fronts (W. KÜHLMANN).
2L’unité de l’ouvrage doit donc sans doute être recherchée moins dans la méthode employée ou l’objet suivi, que dans un questionnement central : les liens entre la science et la religion. Marquée par le double rejet de la philosophie aristotélicienne et de la médecine galénique, la réflexion sur l’expérience et la pratique scientifiques ne s’effectue pas d’abord dans le cadre des sciences naturelles, mais dans l’art, le droit, et surtout la théologie. Nul hasard donc, à ce que des figures de proue de l’hermétisme soient à la fois médecins et pasteurs (Johann Arndt et Johann Rist), ou astronomes et jésuites (Athanasius Kircher). Ce colloque est l’occasion de souligner la permanence du syncrétisme, même au temps de la confessionnalisation et au-delà (D. YEARSLEY par exemple montre le poids de ces traditions dans le contre-point musical, P.H. REILL la double réaction de fascination et de scepticisme suscitée par l’hermétisme chez les Aufklärer), la sélection précise de certains éléments au détriment d’autres (Athanasius Kircher, par exemple, reconnaissait dans les hiéroglyphes une vérité originelle cautionnée par Hermès Trismégite, tout en rejetant l’alchimie) et l’ambivalence de la plupart des intellectuels (ainsi R. FELFE, sur Johann Jakob Scheuchzer, auteur vers 1730 d’une Physica sacra), et de revenir sur certaines personnalités, dont la polyvalence est déjà connue (cas de Johann Arndt résumé par H. GEYER, d’Athanasius Kircher par D. STOLZENBERG, et d’Ernst Jünger par T. LÖFFLER) ou l’est moins (Johann Rist présenté par A.-C. TREPP). Au-delà de la biographie ou de la monographie (R. SCHLÖGL sur l’œuvre de Gottfried Arnold), certains intervenants tentent d’insérer ces individus dans des structures sociales et de communication : M. MULSOW essaie ainsi de retracer le champ de controverses opposant les partisans et les opposants de la philosophie leibnizienne, tandis que M. NEUGEBAUER-WÖLK expose les échanges entre l’éditeur berlinois Friedrich Nicolai, le professeur de langues anciennes Dietrich Tiedemann, et Herder, qui incarnent chacun une attitude typique des années 1780 face à l’hermétisme.
3Dans un champ si vaste d’interventions, les désaccords entre les auteurs sont inévitables : M. Mulsow est le seul à soutenir que l’ésotérisme est marginalisé au plus tard à partir de 1750 ; dans plusieurs contributions, on ne sait si l’attention à l’hermétisme est suscitée par le luthéranisme ou par l’irénisme. Des thématiques, comme les représentations du corps, l’importance de la violence et de l’opposition politique et religieuse, sont à peine évoquées, la « tolérance », le statut du langage ne sont pas problématisés. Bien plus, le « contexte » et des généralités comme « la crise du XVIIe s. » sont parfois considérés comme des grilles d’explication plaquées sur le cas étudié. Enfin, les évolutions chronologiques ne sont pas rattachées à une évolution dans la hiérarchie des savoirs. Cet ouvrage représente toutefois un jalon d’importance dans l’histoire de l’hermétisme.
4Claire GANTET
Pour citer cet article
Référence électronique
Claire Gantet, « TREPP, Anne-Charlott, LEHMANN, Hartmut, Antike Weisheit und kulturelle Praxis. Hermetismus in der Frühen Neuzeit », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 01 janvier 2002, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/ifha/1209 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ifha.1209
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