1Une soixantaine d’auteurs (essentiellement féminins) ont été mobilisés pour élaborer ce monumental ouvrage consacré à l’éducation des filles et des femmes du Moyen Âge central à nos jours. Bien que le titre ne le précise pas, il s’agit d’une histoire presque exclusivement centrée sur l’Allemagne (y compris à propos du Moyen Âge). La répartition entre les périodes ne correspond pas à leur durée respective mais à des choix éditoriaux – sans négliger toutefois les nets écarts de richesse de la documentation. Le Moyen Âge est la période la plus mal lotie : il ne commence qu’en 1200 et couvre moins de 100 pages. Il est traité à travers six contributions portant sur la littérature didactique et morale et sur des groupes sociaux particuliers : la noblesse, les moniales, les marchands, les artisans et les universités. Les trois siècles de l’époque moderne bénéficient en revanche de plus de 300 pages, en 22 contributions qui se focalisent soit sur les aspects confessionnels, soit sur les niveaux sociaux, soit sur les spécialités professionnelles, soit sur la prédétermination à la maternité, soit sur les théories et querelles éducatives, soit sur les institutions d’enseignement, soit enfin sur la culture scientifique des femmes.

2Tout le deuxième tome est consacré à l’époque contemporaine, traitée à travers 34 contributions, concernant toutes l’Allemagne de 1830 à 1990. Ces contributions sont elles-mêmes regroupées en six thèmes : « Formation des femmes et mouvement démocratique (1830-1870) » (envisage l’éducation maternelle, la formation des femmes prolétaires et une expérience de grande école pour femmes à Hambourg) ; « Institutionnalisation et normation du système d’enseignement général pour les filles (1870-1933) » (traite des théories et principes d’éducation des filles chrétiennes ou juives, de la mise en place d’un système scolaire pour les filles allant jusqu’au baccalauréat, enfin de la formation d’un corps professoral spécialisé et féminin pour les filles) ; « Socialisation des filles et mouvements sociaux (1870-1945) » (rappelle les conflits autour de la mixité scolaire et les principes éducatifs socialisants, les formes d’encadrement parascolaire des filles et les témoignages autobiographiques sur la situation vers 1900) ; « De la formation à la science (1870-1945) » (souligne les difficultés rencontrées par les femmes pour accéder à l’Université, aux diplômes et à certaines disciplines) ; « La longue marche à travers les écoles (1948-1990) » (concerne les tâtonnements pour remettre sur pied un enseignement féminin à travers les réorientations politiques, les hésitations autour de la mixité et la modernisation des programmes) ; enfin, « La longue marche à travers les universités (1948-1990) » (insiste sur les difficultés d’accès des femmes aux postes universitaires, sur les mesures correctives prises à cet égard, sur la situation comparée entre RDA et RFA, enfin sur les recherches sur les femmes menées dans les deux anciennes Allemagnes).

3Joseph MORSEL