Johannes Hasselbeck,dan der krig ist ein wüdtentes tihr
Johannes Hasselbeck, dan der krig ist ein wüdtentes tihr. Der Dreißigjährige Krieg und die Bewältigung seiner Folgen in Bamberg 1632–1693, Baden-Baden: NOMOS (Stadt und Region in der Vormoderne, 9), 2021, 973 p., 149,- €
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Histoire des villes et des régionsTexte intégral
1Cette thèse consacrée à la guerre de Trente Ans et à ses conséquences à Bamberg jusque vers 1660 voire 1700, remet de façon salutaire la rupture de la signature des traités de Westphalie le 24 octobre 1648 en question. Siège et résidence d’une principauté épiscopale, dénuée de murailles défensives, la ville de Bamberg est constamment impliquée dans les combats à partir de 1632, et en devient même un enjeu en 1633, lorsqu’elle est attribuée avec Wurtzbourg à Bernard de Saxe-Weimar, en tant que possession héréditaire ; plus tard s’y éprouvent aussi des pratiques de neutralité. Le site est donc tout à fait intéressant et la documentation archivistique surabondante. L’auteur nous livre ici sa Dissertation, soutenue à l’Université de Bamberg à l’hiver 2017-2018. Il annonce un « léger retravail » du texte (p. 11). Le lecteur a plutôt l’impression d’un texte académique livré tel quel à l’édition. En témoigne le sommaire même, qui décortique la matière jusqu’à un niveau de sous-points 1.2.4.3.1 etc., et la rédaction, qui attribue aux notes de bas de page un bon tiers jusqu’aux huit dixièmes de la surface de la page ; la seule introduction, longue de 81 pages, est munie de 373 notes de bas de page.
2L’auteur ne se soucie guère de son lecteur dans la présentation formelle de son texte. Le contenu lui aussi est un squelette de chiffres et de tableaux qui suppose un lecteur particulièrement motivé. La matière est pourtant intéressante, même si l’auteur, tournant le dos à l’historiographie récente, laisse délibérément de côté la culture et les relations confessionnelles ainsi que le vécu et le traumatisme consécutif à la guerre. Sans justifier la terminologie suivie, l’auteur distingue les « années de guerre » de l’« après-guerre » ; pourquoi choisit-il cette expression non justifiée, qui fait directement écho au XXe siècle ? D’autres termes, plus usuels dans l’historiographie existante, ainsi « pacification » ou « reconversion » auraient tout aussi bien ou mieux fait l’affaire. Pour les « années de guerre » (1632-1650), après un rappel de l’événementiel, l’auteur structure son propos en un plan à tiroirs, évoquant successivement « la politique et l’administration », « les impôts et les finances », « la ville et l’armée », « les bâtiments et leur qualité », « les conséquences démographiques de la guerre ». « l’économie et le commerce ». La seconde partie sur l’« après-guerre » (1650-1693) est structurée sur le même modèle.
3En dépit de son format peu amène, l’auteur livre d’intéressants résultats. Le début des années 1630 coïncide avec une crise démographique sans précédent ; faute d’habitants en âge de procréer, la ville met plus qu’une génération à retrouver le niveau d’avant-guerre. L’immigration ne peut pas combler le déficit, d’autant qu’un grand nombre d’immigrants décède peu après son arrivée sur place. Forte d’environ 7000 habitants vers 1650, la ville aurait perdu 50 % de sa population durant la guerre. Elle parvient certes à mobiliser en peu de temps de nouvelles ressources pour subvenir aux différentes taxes et contributions exigées par les occupants, en particulier à la fin de la guerre. Pourtant, la ville semble ne pas avoir tiré les conséquences des différents sièges pour préparer un plan d’évacuation ou éviter les pillages.
4Après la guerre, la reconstruction est très rapide, puisqu’elle est achevée dès le début des années 1660, mais dans des matériaux de piètre qualité. La population stagne au niveau d’après-guerre jusque vers 1700 en raison d’un faible taux de natalité. Les autorités étant ici favorables à une croissance modérée de la population locale, l’immigration joue un rôle faible dans la reconstruction, au plus tard à partir des années 1660. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que la ville peut à nouveau prendre son essor, d’autant qu’elle n’est pas directement confrontée aux guerres de Louis XIV.
5Au total, même si de nouveaux traits ressortent de cette thèse, l’auteur verse plus dans l’archivisme que dans l’analyse historienne. On ne saurait aussi répéter à quel point il est important qu’un livre ne se réduise pas une thèse académique imprimée. Un livre synthétique d’environ 500 pages aurait été plus percutant que ces 973 pages.
Pour citer cet article
Référence électronique
Claire Gantet, « Johannes Hasselbeck,dan der krig ist ein wüdtentes tihr », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 19 décembre 2023, consulté le 23 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/ifha/13154 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ifha.13154
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