Maaser, Michael, Humanismus und Landesherrschaft – Herzog Julius (1528-1589) und die Universität Helmstedt
Texte intégral
1Le duc Julius de Brunswick-Lunebourg fut, sans aucun doute, l’une des figures politiques les plus marquantes du XVIe siècle allemand. Troisième fils du duc Henri le Jeune, méprisé par son père en raison de ses tares physiques et de sa sympathie pour le protestantisme, Julius passa de nombreuses années à étudier dans les meilleures universités de l’époque, voyageant de Cologne à Bourges en passant par Louvain. Propulsé de façon inattendue sur le trône après la mort brutale de ses frères et la disparition de son père, il se lança à partir de 1568 dans une profonde réforme de sa principauté, introduisant le luthéranisme et créant les rouages d’un État moderne. Symbole et outil de cette restructuration, la fondation de l’Université de Helmstedt fut sans doute l’œuvre qui lui tint le plus à cœur. En étudiant les premières années de l’Academia Julia, M.M. ne se limite cependant pas à l’enquête sur l’influence et le contrôle qu’exerça le prince sur son université ; ainsi, il affirme d’emblée vouloir montrer, à travers ce cas particulier, la façon dont la pensée humaniste a survécu au sein de l’Empire bien au-delà des ruptures que furent les réformations, les querelles religieuses ou la modernisation étatique. Fondant sa démarche sur la chronologie, l’auteur commence par décrire la genèse du projet, l’obtention des privilèges impériaux puis l’ouverture de l’université en 1576 ; l’attention portée à cette phase de gestation est l’occasion pour lui de souligner la forte présence dans l’entourage de Julius de lettrés comme Chemnitz et Chytraeus, héritiers de l’humanisme chrétien de Melanchthon. Le reste de l’ouvrage s’ordonne autour de l’examen méthodique des quatre facultés entre 1576 et 1589, suivant la hiérarchie officielle à l’époque – la théologie, le droit, la médecine, les arts. Pour chaque faculté, l’auteur rappelle les prescriptions contenues dans les statuts rédigés sous l’œil de Julius, puis il présente les principaux professeurs et tente de reconstruire la trame et le contenu de leurs enseignements à l’aide de nombreuses sources imprimées ou manuscrites. Ce faisant, il insiste notamment sur certains aspects propres à Helmstedt – le poids de l’approche historique, la place de l’éthique – et met à jour la façon dont l’esprit de l’humanisme, notamment son goût pour l’approche critique et philologique, irriguait les différentes disciplines. Une ultime réflexion conduit cependant à nuancer cette démonstration systématique : avec Julius qui apparaît ici comme un incessant maître d’œuvre, l’humanisme se voit insufler une dynamique nouvelle, mais aussi une transformation majeure ; reléguant au second plan l’idéal éthique d’une accumulation infinie de savoirs, Julius insiste pour que les acquis méthodologiques de l’humanisme soient utilisés au sein de son université afin d’orienter les disciplines vers la pratique. Influencé par ses maîtres humanistes mais politicien avisé, le duc contraint en somme l’humanisme, idéal élitiste cultivé au sein des cours princières, à tourner ses moyens et son savoir vers les besoins de la société et de l’État. Une manière subtile d’éviter finalement que l’« humanisme tardif » ne soit que le nom d’une agonie.
2Boris Klein (Université Lumière Lyon 2)
Pour citer cet article
Référence électronique
Boris Klein, « Maaser, Michael, Humanismus und Landesherrschaft – Herzog Julius (1528-1589) und die Universität Helmstedt », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 01 janvier 2010, consulté le 24 mars 2023. URL : http://journals.openedition.org/ifha/2207 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ifha.2207
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