1Le dernier livre de K.M., un des meilleurs spécialistes de l’histoire de l’Ordre allemand, est un excellent manuel introductif à la question. Dans un volume restreint, K.M. donne un panorama complet de l’histoire des Teutoniques, sans se limiter au domaine prussien. Écrivant dans un style dense et précis, il fournit au lecteur un nombre considérable d’informations. L’ouvrage est divisé en trois grandes parties chronologiques. La première s’attache à la naissance et au développement de l’Ordre au XIIIe s. L’auteur y traite successivement de la fondation des Teutoniques, de leur Règle, de la première organisation en Terre Sainte avant d’étudier la politique conduite par les grands maîtres jusqu’en 1291 (chute d’Acre et exil définitif hors de la Terre Sainte). La question du transfert à Marienbourg est ensuite abordée avant trois chapitres consacrés à l’organisation interne, à la formation des provinces et des bailliages, et enfin à l’étude des membres de l’Ordre au XIIIe s. Le chapitre portant sur les bailliages est particulièrement nourri et permet de suivre avec minutie l’édification des différents territoires contrôlés par les Teutoniques (Prusse, Hongrie, Livonie, Allemagne, Italie, etc.).

2Dans une deuxième grande partie, K.M. brosse le tableau de l’apogée de l’Ordre, située entre 1309 et 1410. Il y reprend une division géographique, s’attardant en un premier temps sur la construction de l’Ordensstaat prussien avant d’analyser l’histoire de la branche livonienne, puis celle de l’Empire. Les aspects administratifs y sont de nouveau à l’honneur (création, fusion ou disparition de commanderies) mais l’auteur traite également de la culture propre à l’Ordre, de ses forteresses, de la mise en valeur de l’Ordensland, en soulignant par exemple l’importance du règne de Werner d’Orseln (1324-1331). La troisième et dernière partie du livre court de 1410 aux années de la sécularisation de la Prusse (1525) et de la Livonie (1562). On apprécie la part accordée à une période moins célèbre mais non moins intéressante de l’histoire de l’Ordre, marquée par la séparation de plus en plus nette entre la branche allemande et le grand maître qui ne quitte jamais la Prusse. De bons tableaux sont ainsi donnés de l’évolution en Prusse après Tannenberg (1410), des efforts de la branche livonienne pour tenir le pays au XVIe s. et de l’enracinement de l’Ordre dans les institutions impériales et dans la noblesse d’Empire au XVe s. Un rapide, mais dense, chapitre final traite des XVIe-XXe s.

3K.M., qui maîtrise parfaitement son sujet, multiplie les informations précises, dont on s’étonne qu’un si grand nombre puisse être fourni dans un format si restreint. Plusieurs cartes excellentes et des illustrations bien choisies agrémentent l’ouvrage et donnent au lecteur d’utiles points de repère. La bibliographie est nourrie. Bref, grâce à K.M. on dispose désormais d’un excellent manuel de base, traitant tous les aspects de l’histoire de l’Ordre allemand, donnant une idée de la plupart des débats qui animent la recherche à son sujet, et procurant tous les éléments factuels nécessaires avant des lectures ou des recherches plus poussées.

4Sylvain GOUGUENHEIM (École Normale Supérieure

5Lettres et Sciences et Humaines, Lyon)