ISENBERG, Gabriele, ROMMÉ, Barbara, Liudger wird Bischof. Spuren eines Heiligen zwischen York, Rom und Münster
Texte intégral
1Le 30 mars 805, Liudger était ordonné évêque à Cologne par l’archevêque Hildebald. Cette cérémonie reconnaissait le fruit de la prédication que ce fils d’une grande famille aristocratique frisonne menait inlassablement depuis plusieurs années déjà chez les Saxons occidentaux. Liudger s’installa alors à Mimigernaford où, une dizaine d’années plus tôt, il avait fondé une première communauté de chanoines. Ce monasterium a donné son nom à la ville de Münster, qui a ainsi tenu à célébrer ses origines sous la forme d’une exposition organisée en collaboration avec le Westfälisches Museum für Archäologie (11 mars-11 septembre 2005). Le présent ouvrage en est le catalogue. Il est organisé en trois sections. La première est consacrée aux origines du diocèse de Münster, des premiers temps de la christianisation du pagus Sudtergois – avec quelques contributions plus générales sur la Saxe dans son ensemble – jusqu’au XIe s. Il faut en effet savoir que les frontières avec les diocèses voisins, Utrecht et Osnabrück, se fixèrent lentement. La seconde partie s’intéresse à la personnalité de Liudger. Celle-ci fut assurément exceptionnelle : il fut éduqué à York auprès d’Alcuin et séjourna trois années au Mont-Cassin avant de se consacrer à la prédication. Mais sa mémoire fut servie par un plume qui ne l’était pas moins, celle de son neveu et successeur Altfrid. La Vita Liudgeri qu’il composa à la demande des moines de Werden (sur la Ruhr) offre un éclairage saisissant sur l’environnement familial, social, religieux et culturel de l’évêque que les historiens – Stéphane Lebecq, Hedwig Röckelein, Karl Schmid, Lutz E. von Padberg – n’ont pas cessé exploité ces dernières années. La dernière partie du catalogue a une tonalité plus archéologique : les différentes contributions se portent en effet sur les premiers développements de Mimigernaford. Ceux-ci furent hésitants. Il faut attendre l’extrême fin du IXe s. pour voir le bourg – en fait quelques bâtiments et fonds de cabanes rassemblés autour de l’enclos canonial – être entouré d’une palissade doublée d’un fossé. C’est surtout à la fin du Xe s. que l’on peut parler d’un bourg marchand digne de ce nom. Cette lenteur s’explique en partie : Mimigernaford n’eut pas le privilège de recevoir la sépulture de son fondateur et de bénéficier ainsi de son prestige posthume. En 809, c’est à Werden que l’on accueillit le tombeau de Liudger et que l’on entretint pieusement sa mémoire, comme cela est aussi opportunément rappelé. En témoignent les objets dont on était intimement persuadé au XVIe s. qu’ils avaient appartenu au saint : le petit calice sur lequel son nom est gravé et surtout le coffret-reliquaire qu’il a bien pu ramener d’Italie. Il faut enfin savoir que le rayonnement de Werden à l’époque carolingienne se mesure aussi au nombre exceptionnel de manuscrits conservés dont plusieurs, contemporains de Liudger, proviennent de scriptoria insulaires. Une partie d’entre eux a été présentée lors de l’exposition. En somme, comme c’est souvent le cas en ce genre d’occasion, le catalogue offre, sous la forme de contributions concises, un excellent état de la question et une bibliographie à jour concernant la christianisation des confins de la Frise et de la Saxe. L’ensemble, très illustré, est en outre accompagné d’un DVD contenant un très pédagogique film d’animation présentant le développement topographique de Münster pendant le haut Moyen Âge.
2Charles MERIAUX (Université Charles de Gaulle-Lille III)
Pour citer cet article
Référence électronique
Charles Mériaux, « ISENBERG, Gabriele, ROMMÉ, Barbara, Liudger wird Bischof. Spuren eines Heiligen zwischen York, Rom und Münster », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 01 janvier 2005, consulté le 09 novembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/ifha/839 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ifha.839
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