Les ensembles de logements sociaux viennois des années 1960 et 1970
Résumés
Vienne compte une vingtaine de grands ensembles construits en utilisant des éléments préfabriqués entre 1962 et 1983. Ces unités abritent des logements sociaux et sont, pour la plupart, situées aux marges de la ville. La municipalité édifie des logements à grande échelle depuis l’époque de « Vienne la Rouge » (1919-1934) ; la réalisation des ensembles des années 1960-1970 peut donc être considérée comme la poursuite d’une tradition bien ancrée (celle des ensembles achevés entre 1980 et 1983 ayant été planifiée dans les années 1970, leur conception et leur design est à attribuer aux années 1970). En termes d’architecture, ces nouveaux ensembles, dont la conception s’appuie sur des principes résolument modernistes, ont pourtant peu en commun avec leurs prédécesseurs de l’entre-deux-guerres.
Jusqu’à ce jour, aucun ensemble n’a été démoli, les logements sont populaires auprès des résidents, et la municipalité les montre au même titre que les structures créées à l’époque de « Vienne la Rouge » qui, depuis 2000, ont été progressivement inscrites sur la liste des monuments historiques autrichiens. Cependant, pour qualifier les ensembles des années 1960-1980, témoignages architecturaux de la fin de l’ère industrielle, on ne saurait parler de statut patrimonial, même s’il existe des tentatives de sensibilisation.
Cette contribution présente les grands ensembles préfabriqués viennois et les replace dans le contexte de la politique sociale-démocrate de la ville ; elle analyse ensuite la perception de ces ensembles, en mettant en avant les facteurs qui vont à l’encontre d’une patrimonialisation ainsi que ceux qui tendraient à la favoriser.
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Mots-clés :
grands ensembles, technologie de préfabrication, urbanisme d’après-guerre, Vienne, patrimoinePlan
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Introduction
- 1 En français : « Vienne Habitat ».
- 2 Aujourd’hui, près de 30 % des Viennois vivent dans des logements municipaux (environ 500 000 person (...)
- 3 PUNZ Matthias, « Ein Paradies für Mieter »‚ Der Tagesspiegel, 11 mars 2019.
1À Vienne, le nombre de grands ensembles, construits en utilisant des éléments préfabriqués, est relativement faible. Il n’y a qu’une vingtaine d’unités dont le nombre de logements se situe entre 400 et 6 000. La plupart de ces grands ensembles se trouvent à l’extérieur de la ville duxixe siècle, dans les banlieues nord, est et sud de Vienne. Ces logements, ayant le statut de logements sociaux, sont sous la responsabilité de la Ville de Vienne. Le service municipal appelé « Wiener Wohnen1 » gère environ 220 000 logements municipaux2. La Ville de Vienne est propriétaire de près d’un quart des logements de la capitale, ce qui en fait le propriétaire immobilier le plus important d’Europe3.
2Depuis l’époque de « Vienne la Rouge », la création de logements sociaux est une préoccupation majeure de la municipalité sociale-démocrate. Entre 1925 et 2020, 1 800 unités de logements ont été construites. La création de grands ensembles dans les années 1960 et 1970 s’inscrit donc dans une histoire urbaine et sociale centenaire. En termes d’architecture, d’échelle, de technologie et d’approche urbanistique, ces ensembles constituent pourtant une étape à part ; ils traduisent les principes du modernisme d’après-guerre. C’est en cela que ces vastes structures se distinguent bien des ensembles de « Vienne la Rouge » ainsi que d’unités plus petites qui ont vu le jour après 1983.
3Au cours des dernières décennies, la plupart des grands ensembles des années 1960 et 1970 ont été réhabilités. Malgré le fait que la Ville les présente volontiers comme vitrine de sa politique sociale et qu’elle sensibilise le grand public à leurs conceptions architecturales et urbanistiques, ces structures n’alimentent pas encore le canon patrimonial viennois. Ce manque de considération s’explique non seulement par le fait qu’il s’agit du produit d’une politique de gauche dont les axes ne sont pas partagés par tous, mais aussi par un changement de paradigmes en termes d’esthétique et d’urbanisme.
4Dans un premier temps, nous présenterons les grands ensembles préfabriqués de Vienne, puis nous les replacerons dans le contexte de la politique du logement du parti social-démocrate, en place depuis 1919. Ensuite, nous analyserons la perception de ces ensembles, de leur achèvement à nos jours, en mettant en avant les facteurs qui vont à l’encontre d’une patrimonialisation ainsi que ceux qui tendraient à la favoriser.
Les grands ensembles préfabriqués de Vienne
5Quelles caractéristiques urbanistiques et architecturales présentent les structures préfabriquées de Vienne ? Il est à remarquer que Vienne se définit tout d’abord par sa ville du xixe siècle, qui s’étend de la rive droite du Danube à l’est vers la Forêt viennoise à l’ouest. Les grands ensembles de logements préfabriqués sont situés dans les banlieues nord-est et sud de la ville [fig. 1] qui, depuis l’après-guerre, constituent des zones d’extension urbaine.
Figure 1

Localisation des grands ensembles préfabriqués viennois disposant de plus de 400 logements (Autriche), 1er juin 2021.
© Barbara Rief Vernay.
- 4 En allemand : Wirtschaftswunder (ce qui correspond au concept associé à la période des Trente Glori (...)
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6L’émergence de ces ensembles est le produit du système de production fordiste, lui-même modèle de développement de ce que l’on appelle le « miracle économique »4. Ce dernier impliquait non seulement la production en série et la standardisation de biens de consommation, mais aussi l’uniformisation des styles et des espaces de vie5. Dans son inventaire des logements sociaux viennois, l’architecte Erich Bramhas identifie, pour les ensembles préfabriqués des années 1960 et 1970, trois générations. Elles se distinguent par l’agencement des volumes, par la conception des façades ainsi que par les plans des appartements6.
- 7 Le nombre respectif d’étages est une conséquence du Code du bâtiment de Vienne (Wiener Bauordnung). (...)
- 8 MUMFORD Eric Paul, The CIAM Discourse on Urbanism, 1928-1960, Cambridge, The MIT Press, 2002.
7La première génération (1962-1968) est marquée par la construction en barres isolées de quatre ou neuf étages7 disposées de façon parallèle ou orthogonale. Dans cette phase, les distances entre les volumes sont encore déterminées par les dimensions des grues de construction, les façades sont sobres et uniformes, des éléments tels que les bandes de fenêtres, les balcons ou les ascenseurs y apparaissent de façon répétitive. Il n’y a que très peu de variations dans le plan des appartements. Quant à leur conception, les ensembles de cette première phase sont aussi ceux qui s’approchent le plus des principes de la séparation des fonctions (habitat, circulation, récréation, consommation) postulés par les architectes modernistes depuis les années 19308.
8La première unité construite selon la nouvelle technologie est l’unité Siebenbürgerstrasse 2-12 avec 1 912 logements [fig. 1, no 9], conçue par Oskar Payer (1903-1973) et son fils Peter (né en 1932). La structure, composée de plusieurs barres droites disposées de façon parallèle [fig. 2], se situe à l’est du Danube. Un autre exemple de cette première génération est l’unité Per-Albin-Hansson Siedlung Ost avec 4 288 logements [fig. 1, no 16] construite entre 1966 et 1973 à la périphérie sud de Vienne. Créées également par le cabinet Payer & Payer, les barres sont désormais disposées de manière à ce qu’à certains endroits, elles forment des espaces publics semi-fermés.
- 9 En allemand : Baukastensystem.
9La deuxième génération de grands ensembles (1968-1977) est clairement marquée par le retour à l’idée de la cour, une conséquence de la critique de la monotonie des plans ouverts. La conception des cours, caractéristique majeure de la ville du xixe siècle, est désormais possible grâce au développement continu de l’utilisation d’éléments préfabriqués. Les architectes Payer & Payer, qui n’ont cessé de perfectionner le système durant des décennies, ont élaboré un système modulaire9 qui permet désormais la réalisation de plans, de hauteurs et de façades plus variés. L’exemple le plus emblématique de cette deuxième phase est l’unité « Grossfeldsiedlung » [fig. 1, no 5], réalisée entre 1966 et 1973 par un groupe d’architectes autour du cabinet Payer & Payer. Avec 5 519 logements, cet ensemble situé dans la banlieue nord-est de la ville est le plus grand de Vienne. Il se caractérise par la diversité des hauteurs [fig. 3] et ses cours semi-ouvertes.
Figure 2

Une barre de l’ensemble « Siebenbürgerstrasse », architectes Oskar Payer, Peter Payer (1962-1964), première structure préfabriquée de Vienne (Autriche), 1er juin 2021.
© Barbara Rief Vernay.
Figure 3

L’ensemble « Grossfeldsiedlung » présente des hauteurs variées, architectes Oskar Payer, Peter Payer et associés (1966-1972), Vienne (Autriche), 1er juin 2021.
© Barbara Rief Vernay.
- 10 KAPELLER Vera, Plattenbausiedlungen. Erneuerung des baukulturellen Erbes in Wien und Bratislava, St (...)
10Un autre exemple de cette deuxième génération est l’unité « Rennbahnweg » avec 2 422 logements, implanté près de l’unité « Grossfeldsiedlung » au nord-est de Vienne. Conçue et réalisée entre 1973 et 1977 par Fritz Gerhard Mayr, Walter Vasa et Brigitte Wiedmann, cette structure avec ses espaces intérieurs fermés [fig. 4] reprend de façon plus affirmée l’idée de la cour [fig. 5] et reproduit ainsi l’intimité des constructions de « Vienne la Rouge » tant réclamée10.
Figure 4

Une cour intérieure de l’ensemble « Rennbahnweg », architectes Gerhard Mayr, Walter Vasa et Brigitte Wiedmann (1973-1977), Vienne (Autriche), 1er juin 2021.
© Barbara Rief Vernay.
Figure 5

L’ensemble « Rennbahnweg » montre le retour au concept de la cour fermée de la ville du xixe siècle, Vienne (Autriche), 1er juin 2021.
© Barbara Rief Vernay.
11Avec ses vastes cours fermées, l’ensemble « Am Schöpfwerk » [fig. 1, no 20] avec 869 logements, réalisé entre 1977 et 1980 par Viktor Hufnagl (1922-2007), est également à classer dans cette phase intermédiaire [fig. 6].
Figure 6

L’ensemble « Am Schöpfwerk » présente également des cours fermées, les façades sont désormais graduées, architectes Viktor Hufnagl et associés (1977-1980), Vienne (Autriche), 1er juin 2021.
© Barbara Rief Vernay.
- 11 BRAMHAS Erich, Der Wiener Gemeindebau…, op. cit., p. 90-91.
- 12 FREISITZER Kurt & GLÜCK Harry, Sozialer Wohnbau. Entstehung, Zustand, Alternativen, Vienne, Molden, (...)
12La troisième génération (1977-1983) se situe pendant la période la plus courte, mais aussi celle des nouvelles expériences au niveau de la conception architecturale. Les techniques de construction préfabriquée s’étant développées et améliorées, les conceptions architecturales peuvent s’individualiser davantage11. Durant cette troisième phase sont conçues les unités « Wiener Flur » (1977-1980) et « Heinz-Nittel-Hof » (1982-1983). « Wiener Flur » [fig. 1, no 17], dessinée par Rudolf Hautmann (1935-2013) et Friedrich Rollwagen (1922-2005), se trouve dans la banlieue sud de Vienne et abrite 821 logements : sept structures en forme de U groupées autour d’un vaste espace central vert. Les façades ne constituent plus des barrières verticales lisses, mais présentent au contraire, avec leurs balcons et terrasses, des aspérités. L’unité « Heinz-Nittel-Hof » [fig. 1, no 1], avec 1 422 logements, se dresse du côté nord-est de la ville. Dessinée par Harry Glück (1925-2016), il s’agit du dernier grand ensemble préfabriqué commandé par la Ville de Vienne (1982-1983). Cette structure rompt avec les concepts antérieurs, qui favorisaient les alignements et les angles droits, en faisant apparaître des formes sinueuses [fig. 7] ; les volumes se rétrécissent vers le haut si bien que quelques terrasses sont aménagées sur les parties découvertes [fig. 8]. La conception se fonde sur l’idée de la « maison familiale empilée » développée par Glück lui-même12. De plus, une innovation particulière est apportée avec la réalisation de piscines sur les toits.
- 13 WEBER Stefan, Der Wohnpark Alt-Erlaa im Kontext von sozialem Wohnbau und utopischer Architektur, Vi (...)
13Notons que les principes architecturaux appliqués par Harry Glück pour la réalisation du « Heinz-Nittel-Hof » avaient déjà été mis en œuvre par l’architecte dès 1976 dans le projet « Wohnpark Alt-Erlaa » [fig. 9], un ensemble de 3 200 logements [fig. 1, no 21]. Bien que cet ensemble ne fasse pas partie du parc de logements sociaux de la Ville de Vienne, il est néanmoins intéressant de le signaler, car il est considéré comme un projet représentatif des grands ensembles préfabriqués des années 197013.
Figure 7

L’ensemble « Heinz-Nittel-Hof », architecte Harry Glück (1982-1983), dernière grande structure préfabriquée commandée par la mairie de Vienne (Autriche), présente un plan sous forme de méandre, 1er juin 2021.
© Barbara Rief Vernay.
Figure 8

Des volumes de l’ensemble « Heinz-Nittel-Hof » à Vienne (Autriche) se rétrécissent vers le haut, chaque bloc disposant d’une piscine sur le toit, 1er juin 2021.
© Barbara Rief Vernay.
Figure 9

Des volumes futuristes de l’ensemble très populaire de logements coopératifs « Wohnpark Alt-Erlaa », architecte Harry Glück (1973-1985), à Vienne (Autriche), 1er juin 2021.
© Barbara Rief Vernay.
Le logement comme enjeu politique
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14Si l’on s’interroge sur la perception des grands ensembles préfabriqués viennois, il est indispensable de les resituer dans le contexte de la politique urbaine du parti social-démocrate qui détient la majorité au conseil municipal depuis un siècle14. Dès les premières années, la politique du logement a été considérée comme un élément clé de l’amélioration des conditions de vie de la population urbaine. Le contrôle indirect du marché privé qui découle de la mise à disposition permanente de logements à loyer modéré est, jusqu’à ce jour, un sujet conflictuel entre les acteurs publics et privés, entre la gauche et les conservateurs. Aujourd’hui, les logements sociaux constituent près d’un quart du parc total de logements de la Ville15.
Les débuts du logement social
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15Dès 1922 à Vienne, la politique du logement est une préoccupation majeure. Cette date constitue un marqueur essentiel, car elle correspond au moment où la municipalité de Vienne accède aussi au titre de Land et détient donc un pouvoir fédéral. Ce double pouvoir permet à Vienne d’édicter ses propres politiques sociale, sanitaire, culturelle et en matière de logement. Ayant ainsi obtenu la souveraineté fiscale et la compétence décisionnelle en termes d’urbanisme, la municipalité de « Vienne la Rouge » fait construire, entre 1924 et 1935, 64 000 logements à loyer modéré à destination des ouvriers16. Les constructions sont intégrées à la ville du xixe siècle, une particularité qui les distingue des ensembles de logements des décennies d’après-guerre. Ils se présentent soit sous forme de bâtiments classiques à plusieurs étages, soit sous forme d’îlot entier17. La plupart des structures comprennent non seulement des logements, mais aussi des infrastructures telles que des laveries, des écoles, des cabinets médicaux, des petits commerces, etc. L’exemple le plus connu est le « Karl-Marx-Hof », « forteresse des ouvriers »18, avec 1 382 logements [fig. 10]. L’architecture des ensembles est un compromis entre l’architecture et l’urbanisme du xixe siècle et l’idée de la cité-jardin, ce qui leur vaut des critiques de la part des représentants contemporains du modernisme tels que Adolf Loos ou encore Josef Frank19.
Figure 10

« Karl-Marx-Hof », la « forteresse des ouvriers », façade principale de l’ensemble le plus emblématique de « Vienne la Rouge », architecte Karl Ehn (1927-1933), 1er juin 2021.
© Barbara Rief Vernay.
- 20 SCHORSKE Carl E., Fin-de-siècle Vienna. Politics and Culture, New York, Alfred A. Knopf, 1979.
- 21 BDA (Bundesdenkmalamt), « Verordnung des Bundesdenkmalamtes betreffend den 19. Wiener Gemeindebezir (...)
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16Depuis les années 1980, la période de « Vienne la Rouge » est reconnue comme étant consubstantielle au courant intellectuel et culturel de « Vienne 1900 »20. Entre 2000 et 2008, les ensembles de logements sociaux de l’époque de « Vienne la Rouge » ont été progressivement inventoriés, une grande partie a été placée sur la liste des monuments historiques21. Sur son site web, l’office de tourisme de Vienne leur consacre une rubrique entière22 et propose des visites guidées autour de ce thème, sur réservation ; plusieurs livres ont par ailleurs été publiés sur « Vienne la Rouge », période également appelée la « deuxième modernité »23. Depuis 2010, l’ensemble Karl-Marx-Hof dispose d’un espace d’exposition sur cette époque dans une ancienne laverie [fig. 11].
Figure 11

Une ancienne laverie dans l’ensemble « Karl-Marx-Hof » abrite une exposition permanente sur l’époque de « Vienne la Rouge », Vienne (Autriche), 1er juin 2021.
© Barbara Rief Vernay.
L’avènement de nouveaux principes en urbanisme
17Les années du deuxième après-guerre sont marquées par le souci de la reconstruction des structures détruites. Plus d’un quart des logements sont démolis ou endommagés [fig. 12], la Ville de Vienne doit donc engager une politique pour faire face à la pénurie de logements. Il s’agit de réparer et de reconstruire, et de façon concomitante, de poursuivre la politique de « logement social » commencée dans les années 1920 et brutalement interrompue par le gouvernement fédéral fasciste en 1934.
Figure 12

Fortement endommagés par les bombes, des bâtiments datant du xixe siècle, dans le 14e arrondissement de Vienne (Autriche), 1945. Photo conservée aux archives municipales de Vienne (C 12396/M).
© Martin Gerlach / reproduction Archives municipales de Vienne.
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18« Reconstruire, c’est améliorer », c’est ce qui ressort d’une enquête conduite par la municipalité en 1945. Cette enquête donne également lieu à des débats autour des stratégies d’urbanisme, et pour la première fois sont avancées des idées telles que la dédensification de la ville du xixe siècle, la séparation des fonctions du logement et de l’industrie ainsi que la réalisation de logements neufs grâce à l’assemblage d’éléments préfabriqués24.
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- 26 DENK Marcus, Zerstörung als Chance?..., thèse cit., p. 147. Dans le texte original, rédigé en allem (...)
19Jusqu’à la fin des années 1940, les initiatives de la Ville se limitent toutefois à la réparation des structures existantes. En 1952, la municipalité publie un « Programme de l’urbanisme social en huit points » dont la devise principale est : « Du logement social à l’urbanisme social »25. Parmi les objectifs principaux, les logements sociaux sont repensés avec plus de confort et de modernité, mais aussi en les réinscrivant dans un maillage urbain qui favorise les principes de l’urbanisme moderniste. La ville du xixe siècle, avec ses structures denses, est considérée comme étant inappropriée à un habitat sain, la dédensification, demandée depuis 1945, est reformulée ; la ville doit pouvoir s’étendre sous forme de villes nouvelles26, dans lesquelles la séparation des fonctions de l’habitat et de l’industrie est effective. Les zones périphériques nord, est et sud de la ville sont désignées pour accueillir ces villes nouvelles [fig. 13].
- 27 EIGNER Peter, « Erwacht aus dem Dornröschenschlaf... », art. cit., p. 35.
- 28 MAGISTRAT DER STADT WIEN, Jahrbuch der Stadt Wien, Vienne, Der Magistrat der Stadt Wien, 1962, p. 1 (...)
20Malgré les programmes mis en place, force est de constater qu’aucune modification radicale n’est apportée à la structure de la ville du xixe siècle27 et que l’extension de la ville, fondée sur le recours aux éléments préfabriqués, est refusée par le conseil municipal, jusqu’au début des années 1960. Ces techniques de construction sont jugées comme étant « trop radicales et trop éloignées de la réalité28 ».
Figure 13

La maquette de l’ensemble « Siemensstrasse » à Vienne (Autriche), conçu dans les années 1950 selon les principes de l’urbanisme social des années 1940, architecte Franz Schuster (1950-1954), 1949. Photo conservée aux archives municipales de Vienne (inv. 3.3.2.FC1.12396M).
© Martin Gerlach / reproduction Archives municipales de Vienne.
La mise en pratique des techniques de préfabrication
- 29 MAGISTRAT DER STADT WIEN, Jahrbuch der Stadt Wien, Vienne, Der Magistrat der Stadt Wien, 1960, p. 2 (...)
- 30 RAINER Roland, Planungskonzept Wien, Vienne, Verlag für Jugend und Volk, coll. « Der Aufbau », 1962
21Au début des années 1960, la pénurie de logements, bien que largement moindre qu’après la guerre, persiste. La Ville de Vienne est à cette époque fortement contrainte financièrement, elle opte donc finalement, à l’image d’autres métropoles européennes, pour la construction d’ensembles de logements préfabriqués. Les avantages tels que la rapidité de la production ainsi que les coûts deviennent déterminants29. L’architecte Roland Rainer (1910-2004), représentant d’un urbanisme résolument moderniste et chef du département de Planification urbaine de Vienne entre 1958 et 1962, contribue à la mise en place de ces nouvelles orientations. Dans son ouvrage Planungskonzept Wien30 (« Concept pour la planification urbaine de Vienne ») de 1962, Rainer illustre les faiblesses de la ville du xixe siècle et met en avant les qualités des principes urbanistiques de la « ville fonctionnelle ». Il propose la création de nouveaux ensembles de logements constitués d’éléments préfabriqués sur des terrains vagues en banlieue, pour lesquels il fournit des plans détaillés. Les volumes proposés par Rainer se caractérisent par des hauteurs très modestes (max. quatre étages).
22La Ville lance en 1962 la construction de logements préfabriqués à grande échelle en banlieue [fig. 14]. Cependant, les projets architecturaux initiaux de Rainer sont revus et fortement modifiés, les structures sont plus hautes afin d’augmenter la densité de logements.
- 31 En français : « construction préfabriquée », MAGISTRAT der STADT WIEN, Jahrbuch der Stadt Wien, Vie (...)
- 32 DENK Marcus, Zerstörung als Chance?..., thèse cit., p. 80 et 149.
23La réalisation technique des grands ensembles est conduite tout d’abord par la société à responsabilité limitée Fertigteilbau Wien31. Deux usines de production d’éléments préfabriqués sont construites à l’occasion de ces travaux d’urbanisme. La production des plaques s’appuie sur le système développé par l’ingénieur français Raymond Camus (1911-1980)32.
Figure 14

Un panneau sur un chantier renseigne sur le premier ensemble préfabriqué dans la Siebenbürgerstrasse à Vienne (Autriche), 1964. Photo conservée aux archives municipales de Vienne (inv. 3.3.4.FC.70000/6080).
© Franz Palka / reproduction Archives municipales de Vienne.
Un héritage dont la perception est controversée
La critique du concept moderniste
- 33 JACOBS Jane, The Death and Life of Great American Cities, New York, Random House, 1961 ; MITSCHERLI (...)
- 34 CZASNY Karl & FEIGELFELD Heidrun, Großwohnanlagen in Österreich. Zustand, Nachbesserung, Perspektiv (...)
- 35 KAPELLER Vera, Plattenbausiedlungen…, op. cit., p. 84.
24Au niveau international, depuis les années 1960, le concept de « ville fonctionnelle » suscite des critiques ; on lui reproche une monotonie architecturale, une monofonctionnalité des quartiers et un manque d’urbanité33. Les ensembles viennois n’échappent pas à ces critiques. Les problèmes mis en avant sont globalement les mêmes qu’à l’étranger bien qu’à Vienne, la ségrégation sociale qui y est associée est moins accentuée qu’ailleurs34. Roland Rainer, l’un des promoteurs de l’urbanisme moderniste viennois, devient néanmoins un critique véhément ; il stigmatise avant tout la hauteur des ensembles, parle de « maladie et agression dans les villes satellites » et constate que « […] celui qui peut, fuit les grands ensembles […] en direction des jardins familiaux ou vers la campagne »35.
- 36 MATZNETTER Walter & VORAUER-MISCHER Karin, « Sozialer Wohnbau », art. cit., p. 262 ; EIGNER Peter, (...)
25Les médias autrichiens parlent quant à eux de « villes-dortoirs » ; s’ils ne remettent pas en question la qualité des logements, ils pointent du doigt la carence de services (transports publics, infrastructures sociales et culturelles) et de centres commerciaux, tout comme le manque de mixité sociale36.
- 37 HEINRITZ Günter & LICHTENBERGER Elisabeth (dir.), The Take-off of Suburbia and the Crisis of the Ce (...)
- 38 PIRHOFER Gottfried & STIMMER Kurt, Pläne für Wien..., op. cit., p. 52.
26En dépit de ces critiques, la Ville de Vienne poursuit la production de ces logements jusqu’au début des années 1980, à un rythme cependant moins soutenu. Depuis 1970, la demande en logements neufs en banlieue est, par ailleurs, en diminution constante, d’une part parce que Vienne, de par sa position géographique près du Rideau de fer, souffre d’isolement et n’attire plus, et d’autre part, parce que la ville du xixe siècle est réévaluée et retrouve une certaine attractivité37. Dès 1972, la municipalité adopte des lois et prévoit des moyens financiers en faveur du « renouvellement urbain », remplaçant progressivement le paradigme de l’extension urbaine38.
27En 1984, la Ville de Vienne sonne le glas des constructions d’ensembles de logements sociaux à grande échelle et préfère s’investir dans des projets en partenariat avec des organismes privés afin de construire des logements coopératifs dans le tissu urbain ancien.
Les grands ensembles : des approches ambivalentes
28Contrairement à l’Allemagne ou à la France, aucun des ensembles viennois n’a été démoli et aucun d’eux ne présente de très fortes concentrations de populations défavorisées. Depuis les années 1980, ces ensembles, toujours gérés par le département « Wiener Wohnen » de la Ville, font l’objet de réhabilitations (installation d’isolations thermiques, rénovation des façades et de l’intérieur, réaménagement des espaces publics, etc.). Ces structures ont été reliées au réseau de transports publics de Vienne et dans ces zones, on trouve désormais des services administratifs, socioculturels, médicaux ainsi que des commerces.
- 39 CSER Josef, HUEMER Claudia et al., Wiener Wohnwunder. Der Gemeindebau in 100 Geschichten, Vienne, B (...)
29L’ensemble de ces aménagements et améliorations font de ces logements des objets recherchés, d’autant plus que les loyers y restent modestes. Par ailleurs, depuis 1989, les occupants peuvent participer aux décisions prises concernant leur immeuble39.
30Cinquante ans après leur achèvement, les grands ensembles viennois se portent donc plutôt bien, mais peut-on pour autant percevoir l’émergence d’une considération patrimoniale à leur égard, à l’image, par exemple, des ensembles de logements de « Vienne la Rouge » ?
31Si des scientifiques issus de musées ou de l’Université en font un objet d’étude et d’exposition, le grand public, quant à lui, ne lui accorde pas, pour l’instant, de valeur patrimoniale.
- 40 Par exemple : KADRIC Mira, « Österreich hält einige Parallelwelten aus », Der Standard, 22 octobre (...)
- 41 Par exemple : MOSENEDER Michael, « Einbruchsprozess: Jugendliche Fadesse in Transdanubien », Der St (...)
- 42 WIENER WOHNEN 2021 « Wohnhausanlage Rennbahnweg 27 », descriptions des logements sociaux viennois, (...)
32Ceci s’explique, en partie, par l’image accolée à ces grands ensembles, les médias ayant tendance à stigmatiser les côtés négatifs de ces lieux de vie. Le quotidien Der Standard, d’orientation centre gauche, troisième plus gros tirage en Autriche, associe de façon répétitive l’ensemble « Rennbahnweg » à la misère sociale40 et à la délinquance41. Les statistiques montrent cependant que le nombre d’infractions commises dans l’ensemble en question n’est pas plus élevé qu’ailleurs dans la ville42.
- 43 Émission « In der Grossfeldsiedlung », première diffusion le 27 décembre 2002 sur la chaîne publiqu (...)
- 44 « Attacken gegen Spira und den ORF im Wiener Gemeinderat », Wiener Zeitung, 30 janvier 2003.
- 45 Par exemple : SCHUBERTH Gregor, « Hier ist man nie allein », Die Presse, 9 novembre 2012.
33Dans le même ordre d’idée, l’ensemble « Grossfeldsiedlung » a été le sujet du reportage « In der Grossfeldsiedlung43 » qui a fait une grande audience. Diffusé pour la première fois le 27 décembre 2002 par la chaîne publique autrichienne ORF, le parti pris de ce reportage a suscité de nombreux débats au sein du conseil municipal viennois qui a critiqué cette enquête, l’apparentant à du « voyeurisme social »44. Signalons enfin que des ensembles tels que « Am Schöpfwerk », qui devaient constituer une alternative aux barres, n’ont pas meilleure presse45.
- 46 Par exemple : GSCHMEIDLER Julia, « Harry Glück: Der Visionär der “schönen Betonburg” Alterlaa », Ku (...)
34Si les structures précédemment citées souffrent d’un problème d’image, d’autres ensembles sont a contrario présentés de façon plus positive. Le « Heinz-Nittel-Hof » ou le « Wohnpark Alt-Erlaa », réalisés par l’architecte Harry Glück, bénéficient d’un meilleur traitement médiatique. Les médias mettent en avant une architecture plus diversifiée, voire originale, ainsi que des équipements intrinsèques de qualité, tels que les piscines sur les toits46.
- 47 https://www.wienerwohnen.at/wiener-gemeindebau.html [lien valide en février 2023].
35Pour contrer ces problèmes d’image, la municipalité de Vienne, propriétaire de ces ensembles, a chargé le département « Wiener Wohnen » d’améliorer la visibilité de ces biens ; cette communication s’opère en particulier par le biais de son site web. On y trouve des explications historiques, une contextualisation socio-économique, une lecture architecturale ainsi que des photos. Sur ce site, les grands ensembles préfabriqués des années 1960-1980 font l’objet de la même exposition que les ensembles de « Vienne la Rouge »47.
- 48 https://www.iba-wien.at/projekte/quartiere [lien valide en février 2023].
- 49 WIENER WOHNEN, « IBA_Wien: Modernisierungsoffensive Per-Albin-Hansson-Stadtteil», [en ligne], https (...)
36De manière concrète, la Ville a intégré l’ensemble Per-Albin-Hansson Ost, cité ci-dessus, dans l’« Internationale Bauausstellung_Wien 2022 » (« Exposition internationale d’architecture Vienne 2022 ») intitulée « Wie wohnen wir morgen ? » (« Comment habiterons-nous demain ? »). L’IBA dont l’objectif est de présenter, sur une période de plusieurs mois, des concepts innovants en matière d’architecture et d’urbanisme, se matérialise à travers vingt-et-un sites répartis dans la ville. Dans le cas de l’ensemble Per-Albin-Hanson Ost, l’accent est mis sur l’amélioration de la qualité des espaces publics dans l’enceinte de la structure. Les aménagements entrepris sont : des nouvelles plantations pour créer des zones d’ombre, la réalisation de chemins accessibles à tous et de nouveaux revêtements du sol, ainsi que l’installation de fontaines de désaltération, des nouveaux systèmes d’éclairage et de mobilier urbain. Ces efforts d’aménagements ont été mis en avant par le biais d’un affichage sur site et sur la page web de l’exposition48. Ces travaux ont fait suite à une enquête de satisfaction commandée, en 2017, par « Wiener Wohnen ». Les résultats ont montré que 70 % des participants étaient satisfaits, voire très satisfaits, de leurs logements, mais seulement 56 % étaient satisfaits des espaces publics et de leurs aménagements49.
Les ensembles comme sujet d’étude scientifique
37Depuis les années 1990, ces structures attirent l’attention des chercheurs.
- 50 CZASNY Karl & FEIGELFELD Heidrun, Großwohnanlagen in Österreich..., op. cit.
- 51 L’étude montre aussi que les ensembles viennois sont moins concernés par des problèmes liés à la dé (...)
- 52 KAPELLER Vera, Plattenbausiedlungen…, op. cit., p. 16.
38Une étude, réalisée en 1991, s’intitulant Großwohnanlagen in Österreich50 (« Grands ensembles de logements en Autriche »), analyse les ensembles de logements de toutes les époques au regard de différents critères : l’état des constructions, l’aménagement des espaces publics, la typologie des occupants (âge, revenus) et leur niveau de satisfaction. Pour les ensembles préfabriqués viennois, les auteurs soulignent, entre autres choses, la grande satisfaction de la plupart des occupants51. Entre 1993 et 2002, plusieurs études sont consacrées à la démographie, aux conditions de vie de la jeunesse ou encore à l’aménagement des espaces publics de ces ensembles52.
- 53 En collaboration avec la faculté d’architecture de l’Université technique de Slovaquie.
- 54 KAPELLER Vera, Plattenbausiedlungen…, op. cit., p. 7, 12.
- 55 Cette exposition a été présentée du 15 juin 2005 au 12 août 2005 à l’Académie des sciences autrichi (...)
39Entre 2003 et 2006, les grands ensembles préfabriqués de Vienne et de Bratislava font l’objet d’un projet intitulé « Plattenbausiedlungen. Erneuerungen des baukulturellen Erbes in Wien und Bratislava » (« Ensembles de logements préfabriqués. Réhabilitation d’un patrimoine culturel à Vienne et Bratislava ») conduit, dans le cadre du programme INTERREG IIIA, par l’Institut de recherche urbaine et régionale de l’Académie des sciences autrichienne et l’Institut de construction et d’architecture de l’Académie des sciences slovaque53. L’objectif de ce projet est d’identifier les aspects positifs et négatifs de cette technique de construction et de faire des propositions en vue d’une réhabilitation globale et durable. Il est intéressant de remarquer que dans cette étude, les bâtiments préfabriqués sont, pour la première fois, approchés en tant que patrimoine culturel (comme le précise le titre) d’une époque spécifique : « Ils représentent l’idée de l’architecture et de l’urbanisme modernistes de la deuxième moitié du xxe siècle avec tous ses avantages et inconvénients54. » Le projet a donné lieu à la publication de plusieurs livres, à l’organisation d’un concours d’étudiants en architecture ainsi qu’à l’exposition « Plattenbausiedlungen in Wien und Bratislava zwischen Vision, Alltag und Innovation »55 (« Les grands ensembles préfabriqués de Vienne et de Bratislava, entre visions, réalité quotidienne et innovations »).
Le rôle des acteurs du patrimoine culturel
40Qu’en est-il des acteurs du patrimoine culturel ? Y a-t-il une considération de la part des musées ou du Bureau fédéral des monuments historiques ?
41Depuis quelques années, ce dernier s’intéresse en effet à l’héritage du modernisme d’après-guerre et a classé quelques bâtiments tels que la Wiener Stadthalle, dessinée par Roland Rainer en 1958, ou encore le Wien Museum conçu par Oswald Haerdtl (1899-1959) en 1959 ; à noter cependant que ce sont des objets représentatifs, qui n’ont pas de fonction de logement. Aucun des grands ensembles préfabriqués des années 1960 et 1970 ne figure sur la liste des monuments historiques.
- 56 Lancé par l’historien de l’art Georg Dehio et publié dans une série d’ouvrages à partir de 1905, le (...)
42Si les ensembles tels que « Heinz-Nittel-Hof », « Wohnpark Alt-Erlaa » ou encore « Am Schöpfwerk », qui présentent une architecture singulière, n’ont pas fait l’objet d’un classement et donc d’une protection particulière, ils sont néanmoins mentionnés succinctement dans le guide encyclopédique des monuments artistiques de Vienne, le Dehio Handbuch Wien56.
- 57 VILLGRATTER Stefanie & EGGERS Jörg, Architekturführer Wien [2014], Berlin, DOM, 2020, p. 445.
43Il existe pour la ville de Vienne un guide de l’architecture, Architekturführer Wien, édité en 2014 et réédité en 2020. Ce guide présente, entre autres choses, les réalisations architecturales et urbanistiques des xxe et xxie siècles. Il n’est toutefois mention que de l’unité « Wohnpark Alt-Erlaa »57 comme représentante de l’ère de la préfabrication des années 1960 et 1970.
- 58 Titre original : Ein Stück Beton aus dem HAK 214.
- 59 BÉKÉSI Sándor, « Plattenbauten in Wien. Ein Stück Beton aus dem HAK 214 », Wien Museum Magazin, 202 (...)
44Les musées, quant à eux, commencent à s’intéresser au développement urbain viennois de la seconde moitié du xxe siècle. Le Wien Museum, pionnier en termes de recherches sur le patrimoine bâti de la capitale, est l’institution la plus avancée en ce qui concerne la sensibilisation du public pour ce type de patrimoine. Dans sa revue en ligne Wien Museum Magazin, le musée annonce une exposition permanente, prévue pour 2023, qui replacera le phénomène des grands ensembles préfabriqués dans le contexte du développement urbain des décennies d’après-guerre. Afin d’expliquer au grand public les techniques de construction de ces grands ensembles, le musée s’est procuré un échantillon de plaque préfabriquée (« Un morceau de béton du HAK 214 »58). Avec cet objet, les organisateurs entendent mettre en avant que le béton est un matériau spécifique des constructions du xxe siècle. Au-delà de l’aspect technique, ce morceau de béton, matériau dont l’industrialisation est aisée et le coût bas, crée un lien avec l’exposition voisine, « Les années de miracle économique et les nouveaux univers de consommation »59.
- 60 ERHALT Hubert Christian, « Die Neuerfindung Wiens – Carl E. Schorske », in ERHALT Hubert Christian, (...)
45Les institutions muséales, par leurs actions scientifiques, explicatives et descriptives telles que la promotion de la recherche, l’organisation d’expositions, la publication de livres sur ce sujet et la diffusion à travers les médias, constituent, en effet, les véritables moteurs de la patrimonialisation des biens. C’est par ces mêmes actions que les époques de la Vienne 1900 et de Vienne la Rouge ont obtenu un statut patrimonial, suite à l’exposition « Traum und Wirklichkeit, Wien 1870–1930 » (« Vienne, rêve et réalité, 1870-1930 ») organisée au Künstlerhaus de Vienne en 1985. L’exportation de cette exposition, en 1986, sous le titre « Vienne, naissance d’un siècle, 1880-1938 » à Paris (Centre Georges-Pompidou) et à New York (MOMA) a entériné et conforté ce statut60.
Conclusion : Les grands ensembles préfabriqués de Vienne, un patrimoine encore sous-considéré
46Les grands ensembles de logements préfabriqués des années 1960 et 1970 sont des fleurons de l’économie et des politiques urbaines fordistes d’après-guerre, ils constituent des témoignages significatifs de l’architecture et de l’urbanisme modernes de la seconde moitié du xxe siècle. Les grands ensembles sont dans un bon état général et ces logements sont recherchés, en tout premier lieu à cause de leurs loyers modestes. Sur son site web, la municipalité de Vienne, propriétaire et gérante, les inventorie et décrit avec le même soin que les logements de Vienne la Rouge, patrimoine culturel depuis les années 2000.
47Les grands ensembles des années 1960 et 1970 n’ont pourtant pas encore obtenu de statut patrimonial, même si des initiatives de sensibilisation existent. Les raisons pour lesquelles ce patrimoine a du mal à être accepté en tant que tel sont multiples.
48Tout d’abord, la fonction sociale désignée de ces objets semble poser problème ; ces logements présentent, par nature, une plus grande proportion de population socialement vulnérable. De ce fait, les médias leur attribuent une image plutôt négative. De plus, ces ensembles sont les produits d’une politique sociale-démocrate qui ne fait pas l’unanimité.
- 61 HIEN Wolfgang, « Körper und Arbeit – die Schattenseiten des Wirtschaftswunders in Deutschland und Ö (...)
49Le patrimoine de Vienne la Rouge, pourrait-on arguer, se compose, lui aussi, de logements sociaux, il est aussi le produit d’une politique de gauche, ce qui n’a pas empêché sa patrimonialisation. À la différence de l’urbanisation des années 1960 et 1970, Vienne la Rouge est, aujourd’hui, associée au courant intellectuel et culturel de la célèbre période « Vienne 1900 ». La période de la Vienne des années 1960 et 1970 n’occupe pas la même place, même si aujourd’hui, le « miracle économique » autrichien constitue un phénomène historique étudié par les scientifiques et cristallisé dans l’imaginaire collectif61.
- 62 RIEF VERNAY Barbara, Construire sur le passé. Patrimoine culturel urbain et politiques de développe (...)
50Enfin, il est à remarquer que l’architecture et l’urbanisme de « Vienne la Rouge » s’inscrivent encore dans la tradition du xixe siècle, tandis que les ensembles préfabriqués marquent clairement une rupture avec cette tradition. Dans une optique postmoderne, caractérisée par la réanimation du topos de la vieille ville européenne et de ses couches historiques62, le patrimoine des ensembles préfabriqués aux marges de la ville apparaît inadéquat. La sacralisation et la marchandisation de la ville historique laissent en effet peu de place à une appréciation des structures modernistes.
51La politique urbaine postfordiste, dont l’objectif est le positionnement international de la ville dans toute sa diversité, devrait pourtant pleinement intégrer le patrimoine des ensembles préfabriqués dans l’image de la capitale. En tant que témoignage de la fin de l’ère industrielle, ce patrimoine marque une phase importante du développement urbain et constitue donc une part intégrale de Vienne, au même titre que la ville du xixe siècle.
Notes
1 En français : « Vienne Habitat ».
2 Aujourd’hui, près de 30 % des Viennois vivent dans des logements municipaux (environ 500 000 personnes).
3 PUNZ Matthias, « Ein Paradies für Mieter »‚ Der Tagesspiegel, 11 mars 2019.
4 En allemand : Wirtschaftswunder (ce qui correspond au concept associé à la période des Trente Glorieuses en France).
5 EIGNER Peter, « Erwacht aus dem Dornröschenschlaf. Stadtraum Wien 1945-1990: Rahmenbedingungen und Entwicklungslinien », in TAMÁSKA Máté & RIEF VERNAY Barbara (dir.), Wien-Budapest. Stadträume des 20. Jahrhunderts im Vergleich, Vienne, Praesens, coll. « Österreich Studien Szeged », 2020, p. 17-46, ici p. 41.
6 BRAMHAS Erich, Der Wiener Gemeindebau: vom Karl Marx-Hof zum Hundertwasserhaus, Bâle, Boston, Stuttgart, Birkhäuser, 1987, p. 90.
7 Le nombre respectif d’étages est une conséquence du Code du bâtiment de Vienne (Wiener Bauordnung). Ce dernier stipule que tout bâtiment jusqu’à quatre étages ne requiert pas d’ascenseur et tout bâtiment au-delà de neuf étages est considéré comme une « tour », exigeant des équipements supplémentaires dont les coûts contrecarrent la rentabilité du projet.
8 MUMFORD Eric Paul, The CIAM Discourse on Urbanism, 1928-1960, Cambridge, The MIT Press, 2002.
9 En allemand : Baukastensystem.
10 KAPELLER Vera, Plattenbausiedlungen. Erneuerung des baukulturellen Erbes in Wien und Bratislava, Stuttgart, Fraunhofer-IRB, 2009, p. 75-76.
11 BRAMHAS Erich, Der Wiener Gemeindebau…, op. cit., p. 90-91.
12 FREISITZER Kurt & GLÜCK Harry, Sozialer Wohnbau. Entstehung, Zustand, Alternativen, Vienne, Molden, 1979, p. 78.
13 WEBER Stefan, Der Wohnpark Alt-Erlaa im Kontext von sozialem Wohnbau und utopischer Architektur, Vienne, mémoire de master, Université de Vienne, 2014, p. 27.
14 Les cent ans de règne social-démocrate n’ont été interrompus que par les périodes fasciste et national-socialiste (1934-1945) durant lesquelles l’autonomie du Land de Vienne fut suspendue.
15 En 2020, le nombre de logements sociaux s’élève à 220 000 ; les chiffres actuels sont affichés sur le site de la Ville de Vienne : https://www.wien.gv.at/presse/hintergrund/wohnbau [lien valide en février 2023].
16 MATZNETTER Walter & VORAUER-MISCHER Karin, « Sozialer Wohnbau », in FASSMANN Heinz, HATZ Gerhard & MATZNETTER Walter (dir.), Wien-Städtebauliche Strukturen und gesellschaftliche Entwicklungen, Vienne, Böhlau, 2009, p. 245-269, ici p. 248.
17 WEIHSMANN Helmut, Das Rote Wien. Sozialdemokratische Architektur und Kommunalpolitik, 1919-1934 [1985], Vienne, Promedia, 2002, p. 130.
18 KÓKAI Károly, « Der soziale Wohnbau der Zwischenkriegszeit in Wien und in Budapest », in TAMÁSKA Máté & RIEF VERNAY Barbara (dir.), Wien-Budapest..., op. cit., p. 281-299, ici p. 288.
19 ACHLEITNER Friedrich, Wiener Architektur: zwischen typologischem und Fatalismus und semantischem Schlamassel, Vienne, Böhlau, 1996, p. 56-63.
20 SCHORSKE Carl E., Fin-de-siècle Vienna. Politics and Culture, New York, Alfred A. Knopf, 1979.
21 BDA (Bundesdenkmalamt), « Verordnung des Bundesdenkmalamtes betreffend den 19. Wiener Gemeindebezirk » (Bureau fédéral des monuments historiques, règlementation légale concernant le 19e arrondissement de Vienne), 2008.
22 Voir https://www.wien.info/fr/visites-%C3%A0-vienne/les-100-ans-de-vienne-la-rouge [lien valide en février 2023].
23 MCFARLAND Rob, SPITALER Georg & ZECHNER Ingo (dir.), Das Rote Wien: Schlüsseltexte der Zweiten Wiener Moderne 1919-1934, Berlin, De Gruyter Oldenbourg, 2020.
24 DENK Marcus, Zerstörung als Chance? Städtebauliche Konzepte, Leitlinien und Projekte in Wien 1945-58, thèse de doctorat, Vienne, université de Vienne, 2007, p. 97, 130.
25 PIRHOFER Gottfried & STIMMER Kurt, Pläne für Wien. Theorie und Praxis der Wiener Stadtplanung von 1945 bis 2005, Vienne, Stadtentwicklung Wien, 2007, p. 40.
26 DENK Marcus, Zerstörung als Chance?..., thèse cit., p. 147. Dans le texte original, rédigé en allemand, ces villes nouvelles étaient appelées « Tochterstädte », littéralement « ville-fille ».
27 EIGNER Peter, « Erwacht aus dem Dornröschenschlaf... », art. cit., p. 35.
28 MAGISTRAT DER STADT WIEN, Jahrbuch der Stadt Wien, Vienne, Der Magistrat der Stadt Wien, 1962, p. 138, disponible en ligne, https://www.digital.wienbibliothek.at/wbrobv/periodical/pageview/2145501 [lien valide en février 2023.
29 MAGISTRAT DER STADT WIEN, Jahrbuch der Stadt Wien, Vienne, Der Magistrat der Stadt Wien, 1960, p. 29, disponible en ligne, https://www.digital.wienbibliothek.at/wbrobv/periodical/pageview/2144248?query=Montagebau [lien valide en février 2023].
30 RAINER Roland, Planungskonzept Wien, Vienne, Verlag für Jugend und Volk, coll. « Der Aufbau », 1962.
31 En français : « construction préfabriquée », MAGISTRAT der STADT WIEN, Jahrbuch der Stadt Wien, Vienne, Der Magistrat der Stadt Wien, 1960..., op. cit., p. 29.
32 DENK Marcus, Zerstörung als Chance?..., thèse cit., p. 80 et 149.
33 JACOBS Jane, The Death and Life of Great American Cities, New York, Random House, 1961 ; MITSCHERLICH Alexander, Die Unwirtlichkeit unserer Städte: Anstiftung zum Unfrieden, Francfort, Suhrkamp, 1982.
34 CZASNY Karl & FEIGELFELD Heidrun, Großwohnanlagen in Österreich. Zustand, Nachbesserung, Perspektiven, Vienne, Institut für Stadtforschung, 1991, p. 301-303.
35 KAPELLER Vera, Plattenbausiedlungen…, op. cit., p. 84.
36 MATZNETTER Walter & VORAUER-MISCHER Karin, « Sozialer Wohnbau », art. cit., p. 262 ; EIGNER Peter, « Erwacht aus dem Dornröschenschlaf... », art. cit., p. 36.
37 HEINRITZ Günter & LICHTENBERGER Elisabeth (dir.), The Take-off of Suburbia and the Crisis of the Central City. Proceedings of the International Symposium in Munich and Vienna 1984, Stuttgart, Franz Steiner, coll. « Erdkundliches Wissen », 1986.
38 PIRHOFER Gottfried & STIMMER Kurt, Pläne für Wien..., op. cit., p. 52.
39 CSER Josef, HUEMER Claudia et al., Wiener Wohnwunder. Der Gemeindebau in 100 Geschichten, Vienne, Brandstätter, 2020, p. 32.
40 Par exemple : KADRIC Mira, « Österreich hält einige Parallelwelten aus », Der Standard, 22 octobre 2010.
41 Par exemple : MOSENEDER Michael, « Einbruchsprozess: Jugendliche Fadesse in Transdanubien », Der Standard, 15 décembre 2016 ; « Bub “turnte” in Wien auf Balkon: Knochenbrüche und Schädelprellung », Der Standard, 7 mai 2017 ; « 65-Jähriger in Wiener U-Bahn-Station krankenhausreif geprügelt », Der Standard, 6 mai 2014 ; « Schüsse in Wien-Donaustadt: Alkohol und Eheprobleme als Auslöser », Der Standard, 2 juin 2018 ; « Jugendliche legten Brand in Wohnsiedlung am Rennbahnweg », Der Standard, 21 février 2012.
42 WIENER WOHNEN 2021 « Wohnhausanlage Rennbahnweg 27 », descriptions des logements sociaux viennois, 2021, [en ligne], https://www.wwpipe.at/web-portal/complex-description/1222369 [lien valide en février 2023].
43 Émission « In der Grossfeldsiedlung », première diffusion le 27 décembre 2002 sur la chaîne publique ORF 2.
44 « Attacken gegen Spira und den ORF im Wiener Gemeinderat », Wiener Zeitung, 30 janvier 2003.
45 Par exemple : SCHUBERTH Gregor, « Hier ist man nie allein », Die Presse, 9 novembre 2012.
46 Par exemple : GSCHMEIDLER Julia, « Harry Glück: Der Visionär der “schönen Betonburg” Alterlaa », Kurier, 5 février 2020, ou ELMER Claudia, « Wo bleibt das Revival? », Kurier, 26 octobre 2017, émission radio (ORF) « Baden auf dem Dach hat Zukunft » du 4 août 2019 (https://wien.orf.at/stories/3006099/ [lien valide en février 2023]).
47 https://www.wienerwohnen.at/wiener-gemeindebau.html [lien valide en février 2023].
48 https://www.iba-wien.at/projekte/quartiere [lien valide en février 2023].
49 WIENER WOHNEN, « IBA_Wien: Modernisierungsoffensive Per-Albin-Hansson-Stadtteil», [en ligne], https://www.wienerwohnen.at/dms/workspace/SpacesStore/790d9bb8-bfe3-44fd-bbd4-8d9a71dfa375/20171108_IBA_WIEN.pdf [lien valide en février 2023].
50 CZASNY Karl & FEIGELFELD Heidrun, Großwohnanlagen in Österreich..., op. cit.
51 L’étude montre aussi que les ensembles viennois sont moins concernés par des problèmes liés à la délinquance ou à de grandes disparités sociales que leurs homologues à l’étranger.
52 KAPELLER Vera, Plattenbausiedlungen…, op. cit., p. 16.
53 En collaboration avec la faculté d’architecture de l’Université technique de Slovaquie.
54 KAPELLER Vera, Plattenbausiedlungen…, op. cit., p. 7, 12.
55 Cette exposition a été présentée du 15 juin 2005 au 12 août 2005 à l’Académie des sciences autrichienne (Vienne).
56 Lancé par l’historien de l’art Georg Dehio et publié dans une série d’ouvrages à partir de 1905, le « Dehio » correspond à un inventaire des monuments d’Allemagne et d’Autriche. Pour Vienne ont été publiés trois volumes, par arrondissements, entre 1993 et 2007, chez Schroll.
57 VILLGRATTER Stefanie & EGGERS Jörg, Architekturführer Wien [2014], Berlin, DOM, 2020, p. 445.
58 Titre original : Ein Stück Beton aus dem HAK 214.
59 BÉKÉSI Sándor, « Plattenbauten in Wien. Ein Stück Beton aus dem HAK 214 », Wien Museum Magazin, 2020, [en ligne], https://magazin.wienmuseum.at/plattenbauten-in-wien [lien valide en février 2023].
60 ERHALT Hubert Christian, « Die Neuerfindung Wiens – Carl E. Schorske », in ERHALT Hubert Christian, STADLER Friedrich, TIMMS Edward & UHL Heidemarie (dir.), Schorskes Wien: Eine Neuerfindung, Vienne, Picus, 2012, p. 13-35.
61 HIEN Wolfgang, « Körper und Arbeit – die Schattenseiten des Wirtschaftswunders in Deutschland und Österreich », Sozial. Geschichte Online, no 21, 2017, p. 125-172, ici p. 139.
62 RIEF VERNAY Barbara, Construire sur le passé. Patrimoine culturel urbain et politiques de développement : étude comparative sur le rôle des quartiers historiques dans les politiques de développement urbain de Vienne et de Budapest, Paris, thèse de doctorat, Nanterre, université Paris 10, 2014, p. 114.
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Figure 1 |
Légende | Localisation des grands ensembles préfabriqués viennois disposant de plus de 400 logements (Autriche), 1er juin 2021. |
Crédits | © Barbara Rief Vernay. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37119/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 206k |
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Titre | Figure 2 |
Légende | Une barre de l’ensemble « Siebenbürgerstrasse », architectes Oskar Payer, Peter Payer (1962-1964), première structure préfabriquée de Vienne (Autriche), 1er juin 2021. |
Crédits | © Barbara Rief Vernay. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37119/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 442k |
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Titre | Figure 3 |
Légende | L’ensemble « Grossfeldsiedlung » présente des hauteurs variées, architectes Oskar Payer, Peter Payer et associés (1966-1972), Vienne (Autriche), 1er juin 2021. |
Crédits | © Barbara Rief Vernay. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37119/img-3.jpg |
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Titre | Figure 4 |
Légende | Une cour intérieure de l’ensemble « Rennbahnweg », architectes Gerhard Mayr, Walter Vasa et Brigitte Wiedmann (1973-1977), Vienne (Autriche), 1er juin 2021. |
Crédits | © Barbara Rief Vernay. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37119/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 372k |
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Titre | Figure 5 |
Légende | L’ensemble « Rennbahnweg » montre le retour au concept de la cour fermée de la ville du xixe siècle, Vienne (Autriche), 1er juin 2021. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37119/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 394k |
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Titre | Figure 6 |
Légende | L’ensemble « Am Schöpfwerk » présente également des cours fermées, les façades sont désormais graduées, architectes Viktor Hufnagl et associés (1977-1980), Vienne (Autriche), 1er juin 2021. |
Crédits | © Barbara Rief Vernay. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37119/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 352k |
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Titre | Figure 7 |
Légende | L’ensemble « Heinz-Nittel-Hof », architecte Harry Glück (1982-1983), dernière grande structure préfabriquée commandée par la mairie de Vienne (Autriche), présente un plan sous forme de méandre, 1er juin 2021. |
Crédits | © Barbara Rief Vernay. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37119/img-7.jpg |
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Titre | Figure 8 |
Légende | Des volumes de l’ensemble « Heinz-Nittel-Hof » à Vienne (Autriche) se rétrécissent vers le haut, chaque bloc disposant d’une piscine sur le toit, 1er juin 2021. |
Crédits | © Barbara Rief Vernay. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37119/img-8.jpg |
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Titre | Figure 9 |
Légende | Des volumes futuristes de l’ensemble très populaire de logements coopératifs « Wohnpark Alt-Erlaa », architecte Harry Glück (1973-1985), à Vienne (Autriche), 1er juin 2021. |
Crédits | © Barbara Rief Vernay. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37119/img-9.jpg |
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Titre | Figure 10 |
Légende | « Karl-Marx-Hof », la « forteresse des ouvriers », façade principale de l’ensemble le plus emblématique de « Vienne la Rouge », architecte Karl Ehn (1927-1933), 1er juin 2021. |
Crédits | © Barbara Rief Vernay. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37119/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 216k |
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Titre | Figure 11 |
Légende | Une ancienne laverie dans l’ensemble « Karl-Marx-Hof » abrite une exposition permanente sur l’époque de « Vienne la Rouge », Vienne (Autriche), 1er juin 2021. |
Crédits | © Barbara Rief Vernay. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37119/img-11.jpg |
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Titre | Figure 12 |
Légende | Fortement endommagés par les bombes, des bâtiments datant du xixe siècle, dans le 14e arrondissement de Vienne (Autriche), 1945. Photo conservée aux archives municipales de Vienne (C 12396/M). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37119/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 309k |
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Titre | Figure 13 |
Légende | La maquette de l’ensemble « Siemensstrasse » à Vienne (Autriche), conçu dans les années 1950 selon les principes de l’urbanisme social des années 1940, architecte Franz Schuster (1950-1954), 1949. Photo conservée aux archives municipales de Vienne (inv. 3.3.2.FC1.12396M). |
Crédits | © Martin Gerlach / reproduction Archives municipales de Vienne. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37119/img-13.jpg |
Fichier | image/jpeg, 132k |
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Titre | Figure 14 |
Légende | Un panneau sur un chantier renseigne sur le premier ensemble préfabriqué dans la Siebenbürgerstrasse à Vienne (Autriche), 1964. Photo conservée aux archives municipales de Vienne (inv. 3.3.4.FC.70000/6080). |
Crédits | © Franz Palka / reproduction Archives municipales de Vienne. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37119/img-14.jpg |
Fichier | image/jpeg, 248k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Barbara Rief Vernay, « Les ensembles de logements sociaux viennois des années 1960 et 1970 », In Situ [En ligne], 49 | 2023, mis en ligne le 15 février 2023, consulté le 23 mars 2023. URL : http://journals.openedition.org/insitu/37119 ; DOI : https://doi.org/10.4000/insitu.37119
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