Les soies teintes aux Gobelins
Résumés
Le Mobilier national, héritier des Garde-meubles successifs, conserve un fonds de textiles anciens unique. Riche de près de 30 000 pièces, ce fonds est en grande partie constitué des soieries commandées sous le Premier Empire pour orner les palais de Napoléon Ier. Soucieux de la bonne santé de l’industrie du pays, l’Empereur avait activement encouragé les manufactures lyonnaises. Cette collection a été scrupuleusement cataloguée par Chantal et Jean Coural, dans le catalogue Soieries Empire (Paris, RMN, 1980). Suite aux déceptions causées par la décoloration des étoffes livrées par Camille Pernon dans le grand cabinet de l’empereur au palais de Saint-Cloud en 1807, la mise en place d’un système de contrôle des teintes employées par les soyeux lyonnais s’avéra nécessaire, en particulier pour la grande commande passée en 1811 à destination du palais de Versailles. Ce contrôle fut assuré par le directeur de l’atelier de teinture de la manufacture des Gobelins, Jean-Louis Roard. Le Mobilier national conserve plusieurs boîtes contenant les écheveaux et rubans de soie teints destinés à servir d’étalons pour les soyeux. Document unique et inédit, cet ensemble révèle toute la rigueur du chimiste Jean-Louis Roard et le rôle qui fut le sien dans l’industrie de la soie sous le Premier Empire. Autant d’éléments qui montrent le perfectionnement obtenu dans le domaine de la teinture grâce au contrôle strict instauré par le Garde-Meuble.
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Mots-clés :
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- 1 COURAL Jean, GASTINEL-COURAL Chantal & MÜNTZ de RAÏSSAC Muriel, Paris, Mobilier national. Soieries (...)
1Le Mobilier national, héritier des Garde-meubles successifs, conserve un fonds de textiles anciens unique. Riche de près de 30 000 pièces, ce fonds est en grande partie constitué des soieries commandées sous le Premier Empire pour orner les palais de Napoléon Ier. Soucieux de la bonne santé de l’industrie du pays, l’Empereur avait activement encouragé les manufactures lyonnaises. Cette collection issue des commandes impériales, scrupuleusement cataloguée par Chantal Gastinel-Coural et Jean Coural dans le catalogue Soieries Empire1, peut être considérée comme un véritable conservatoire des soieries lyonnaises. Les pièces qui nous sont parvenues présentent une fraîcheur de coloris remarquable que l’on peut expliquer à la lumière du processus de création des teintes. Derrière la vivacité des couleurs se cache en effet un rigoureux contrôle assuré par le directeur de l’atelier de teinture de la manufacture des Gobelins, Jean-Louis Roard (1775-1853). Chimiste, chargé de réformer le fonctionnement de l’atelier, il se vit en outre confier la mission de contrôler la solidité des teintes employées par les manufactures lyonnaises ; pour ce faire, Roard élabora un procédé de vérification dont le Mobilier national conserve un témoignage unique et inédit [fig. 1].
Figure 1

« Plaque d’échantillons des soies teintes servant de référence pour les tissages réalisés dans les manufactures lyonnaises pour le palais de Versailles : gamme des violets », Atelier de teinture des Gobelins, 1811, 47 x 37,2 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris.
© photographe inconnu (Mobilier national).
Jean-Louis Roard, directeur de l’atelier de teinture des Gobelins
- 2 L. Le Maistre, « Notice biographique sur M. Roard de Clichy », Bulletin de la Société des Sciences (...)
- 3 Archives nationales (ci-après AN), O2 877 ; GASTINEL-COURAL Chantal & SAMOYAULT Jean-Pierre, Les T (...)
2Jean-Louis Roard, né en 1775 à Noyers (Yonne), fut directeur de l’atelier de teinture des Gobelins de 1803 à 18162. Il avait succédé, en nivôse an XII (janvier 1804), à Galley, chef teinturier des Gobelins sous le Consulat, démissionnaire. La fonction de directeur de l’atelier de teinture, supprimée à la Révolution française, avait été rétablie par le ministre de l’Intérieur Jean-Antoine-Claude Chaptal (1756-1832). Ce dernier avait donc choisi comme directeur des teintures des trois manufactures nationales des Gobelins, de la Savonnerie et de Beauvais, un de ses anciens élèves Jean-Louis Roard, polytechnicien, alors professeur de physique et de chimie à l’École centrale du département de l’Oise à Beauvais. Chaptal s’adressait en ces termes aux chefs des manufactures et les sommait de demander à Roard « dorénavant les laines et soies que vous désirez faire teindre en y joignant un échantillon des nuances dont vous avez besoin. Je dois vous prévenir que si, contre mes intentions, il vous arrivait de recourir aux établissements particuliers, je n’allouerais point dans vos comptes les sommes que vous auriez à payer3 ».
3Jean-Louis Roard, qui disposait d’un budget spécial et relevait directement du ministère de l’Intérieur, mit en place une nouvelle organisation. Pendant toute la période où il fut à la tête de l’atelier de teinture des Gobelins, il n’eut de cesse de demander des améliorations matérielles pour l’atelier, réclamant notamment des chaudières et des fourneaux plus efficaces afin de pouvoir porter à un plus haut degré de perfection les teintes que l’on attendait de lui.
- 4 AN, O2 849 ; GASTINEL-COURAL Chantal & SAMOYAULT Jean-Pierre, Les Tapis du pouvoir, op. cit., p. 3 (...)
4En outre, par décret impérial du 3 mai 1809, une école pratique fut établie aux Gobelins pour la teinture des soies et des laines dont la direction fut confiée à Roard4.
- 5 Cat. Exposition des Produits de l’Industrie, 1806, p. 221-222 ; GASTINEL-COURAL Chantal & SAMOYAUL (...)
5L’arrivée du chimiste à la tête de l’atelier de teinture des Gobelins eut manifestement un effet positif et très remarqué. Ainsi pouvait-on lire dans le catalogue de l’Exposition des produits de l’industrie de 1806 : « La teinture des laines a beaucoup gagné depuis qu’elle est dirigée par M. Roard », ou encore : « Cet habile chimiste a mis dans les procédés une telle méthode que l’on ne sera plus exposé à voir des couleurs sensiblement égales au moment de l’emploi, devenir différentes après quelque temps d’exposition5. » La nomination de Roard comme directeur de l’atelier répondait donc à une double ambition en passe d’être exaucée : d’une part, atteindre un haut niveau de qualité et de solidité dans les teintes des laines et des soies et, d’autre part, ne plus faire appel aux ateliers de teinture privés.
6Jean-Louis Roard occupa ce poste durant tout l’Empire et maintint l’atelier de teinture des Gobelins à un très haut niveau d’excellence jusqu’à sa démission en 1816. Après cette date, l’atelier fut dirigé par le comte Pierre-Charles de La Boulaye-Marillac (1771-1824). Jean-Louis Roard mourut en 1853.
7Si la mission de Roard était de servir en premier lieu les manufactures impériales des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie, il eut à jouer un rôle crucial dans le perfectionnement des teintes employées par les soyeux lyonnais qui fournissaient le Garde-meuble impérial. Son intervention coïncida avec un âge d’or de la soierie lyonnaise et est attestée par les documents qui nous sont parvenus.
Jean-Louis Roard, contrôleur des teintes pour les soyeux lyonnais
- 6 COURAL Jean, GASTINEL-COURAL Chantal & MÜNTZ de RAÏSSAC Muriel, Paris, Mobilier national, op. cit.(...)
- 7 AN, O2 501 mémoire de Camille Pernon ; COURAL Jean, GASTINEL-COURAL Chantal & MÜNTZ de RAÏSSAC Mur (...)
- 8 AN, O2 603.
- 9 Correspondance de Napoléon Ier publiée par ordre de l’Empereur Napoléon III, Paris, H. Plon, J. Du (...)
- 10 AN, O2 28, dossier 13 ; COURAL Jean, GASTINEL-COURAL Chantal & MÜNTZ de RAÏSSAC Muriel, Paris, Mob (...)
- 11 Rouge vif, « coquelicot ».
- 12 Ibid.
8La Fabrique lyonnaise avait été secouée par une affaire de décoloration qui avait ébranlé sa réputation et plus particulièrement celle du soyeux Camille Pernon (1753-1808). Depuis 1802, celui qui n’était encore que Napoléon Bonaparte avait compris la nécessité de soutenir l’industrie et l’artisanat français. Ainsi, de passage à Lyon, en 1802, le Premier consul, conscient de l’équilibre précaire dans lequel se trouvaient les fabricants lyonnais au sortir de la crise postrévolutionnaire, ordonna d’importantes commandes pour le palais de Saint-Cloud. Estimé « à tous égards et sans comparaison le premier à Lyon », Camille Pernon fut l’unique fournisseur de cette importante commande d’étoffes de soie6. Parmi les étoffes livrées par Pernon se trouvait un damas vert à motif de palmes destiné au salon-bibliothèque de l’empereur au palais de Saint-Cloud, devenu le grand cabinet de l’empereur [fig. 2]. Commandés à Pernon en l’an X (1802), les métrages d’étoffe furent livrés au Garde-meuble impérial entre le 29 floréal an XII et le 29 germinal an XIII (19 mai 1804 et 19 avril 1805). Par soumission du 11 novembre 1806, la commande fut encore complétée et enregistrée au journal du Garde-meuble7. Les étoffes furent confiées au tapissier Terrier qui confectionna l’ensemble du meuble du grand cabinet de l’empereur8. Cependant, dès le 2 septembre 1807, l’Empereur fit parvenir une note à Emmanuel Crétet (1747-1809), ministre de l’Intérieur, dans laquelle on pouvait lire : « La tenture verte avec les bordures roses tissées en or, qui a été placée dans le Cabinet de Sa Majesté à Saint-Cloud, il n’y a pas beaucoup plus d’un an est déjà passée9. » [fig. 3] En conséquence, Napoléon sommait Crétet d’« écrire aux syndics de Lyon que la fabrique de cette ville ne fabrique pas de manière à conserver sa réputation […] Les syndics se transporteront chez le fabricant, examineront d’où provient le vice de fabrication et rendront un compte qui sera mis sous les yeux de Sa Majesté. Les étrangers qui voient dans un tel état des ameublements aussi modernes ne peuvent que prendre une très mauvaise idée de la fabrique de Lyon ». L’enjeu dépassait de loin les simples questions d’ameublement et touchait à la réputation de la France, ouvrant une polémique qui allait durer deux ans, connue sous le nom d’« affaire Pernon ». Des rapports techniques sur la solidité des couleurs des soieries furent demandés au chimiste Claude-Louis Berthollet (1748-1822) et à Jean-Louis Roard. Le 1er avril 1808, Berthollet remit son rapport à Géraud-Christophe-Michel Duroc (1772-1813), grand maréchal du Palais10. Pour expliquer l’altération éprouvée, il avait demandé à Roard de préparer « différents échantillons de soie en étoffe et en fil d’une couleur autant pareille qu’on le pourrait à celle des étoffes des meubles de St Cloud, en insistant particulièrement sur le ponceau11 ». Ces échantillons, accompagnés d’un morceau de chacune des deux étoffes employées à Saint-Cloud, furent fixés sur un carton et exposés « pendant un mois à l’action de la lumière derrière un carreau de vitre ». Le résultat ne se fit guère attendre et l’on constata que le ponceau était déjà fort altéré après deux ou trois jours d’exposition. L’étoffe « avait reçu le plus mauvais teint qu’on ait imaginé ». Quant au meuble vert, le jaune dont il est composé « a été promptement altéré et l’échantillon est passé au bleu »12.
Figure 2

Damas vert à palme destiné à la tenture murale du grand cabinet de l’empereur au palais de Saint-Cloud, Camille Pernon, 1802-1804, 65 x 50 cm, damas de soie conservé au Mobilier national de Paris (GMMP 1739/4).
© Isabelle Bideau (Mobilier national).
Figure 3
Bordure de tenture ponceau et or destinée au grand cabinet de l’empereur au palais de Saint-Cloud, Camille Pernon, 1802-1804, 398 x 55 cm, conservée au Mobilier national de Paris (GMMP 246/2).
© Isabelle Bideau (Mobilier national).
9Des poursuites furent donc engagées contre le teinturier de Lyon qui avait donné un mauvais teint. Ainsi, Pierre Daru (1767-1829), intendant de la Maison de l’empereur, estimait que Camille Pernon était le seul responsable envers l’administration du Garde-meuble et que les coupables des altérations étaient les teinturiers.
- 13 AN, O2 530, rapport de Roard.
- 14 Correspondance de Napoléon Ier publiée par ordre de l’Empereur Napoléon III, t. XVII, Paris, 1865, (...)
10Bien que le dossier Pernon fût clos, il eut des conséquences considérables sur les commandes que le Garde-meuble passa au cours des années suivantes à la Fabrique lyonnaise. D’une part, Napoléon Ier fit part à Crétet de son intention d’établir une chaire de chimie à Lyon et, d’autre part, afin d’éviter à nouveau de telles malfaçons, Roard proposa à Daru, dès 1808, d’établir un système de vérification de manière à empêcher la livraison de teintures « faux teint » (peu résistantes)13. L’Empereur lui-même avait demandé à Crétet de lui soumettre un projet de règlement sur les teintures des étoffes tissées à Lyon14. Ces différentes propositions aboutirent au système de vérification imposé aux commandes de soieries faites pour le palais de Versailles en 1811.
- 15 AN, O2 164, fo 194-195.
11À nouveau, en 1810, les manufactures lyonnaises connurent de graves difficultés. Face à cette crise plus alarmante que les précédentes, les députés du Commerce de Lyon envoyèrent un mémoire qui fut examiné le 19 décembre 1810 par le Conseil des ministres. Le lendemain, Duroc annonçait l’intention de l’Empereur de venir au secours de la Fabrique en débloquant deux millions de francs devant servir pour l’ameublement de Versailles15. Cette grande commande, qui fit travailler l’ensemble des fabricants lyonnais, aboutit à plus de 80 km d’étoffes unies et façonnées, livrées entre 1811 et 1813.
12Cependant, forts de l’expérience vécue lors de l’affaire Pernon, l’intendant général de la Maison de l’empereur et les hommes du Garde-meuble encadrèrent la création de ces étoffes par un programme très strict.
- 16 COURAL Jean, GASTINEL-COURAL Chantal & MÜNTZ de RAÏSSAC Muriel, Paris, Mobilier national, op. cit.(...)
13Chaque fabricant reçut une soumission comportant onze clauses dont la neuvième était consacrée aux teintes. « L’obligation expresse que les soies, tant de la chaîne, que de la trame et du liseré, seront teintes de la manière la plus solide, en couleurs conformes à celles des échantillons teints à la Manufacture des Gobelins, qui seront adressés pour cet effet à la chambre de commerce, et suivant l’instruction qui accompagnera ces échantillons, et qui fixera d’une manière positive, les obligations des fabricans [sic] sous le rapport des teintures » [fig. 4]. Les échantillons étaient scellés d’un cachet sur la soumission de chaque fabricant. Le Garde-meuble en conservait en dépôt pour servir de comparaison lors de la réception des étoffes16.
Figure 4

« Boîte d’écheveaux de soie et de rubans teints mis à l’exposition », Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 49,5 x 45,5 x ép. 5 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris.
© Isabelle Bideau (Mobilier national).
14Le 24 février 1811, Roard adressait le programme des conditions à remplir par les fabricants lyonnais pour teindre et joignait un carton contenant seize couleurs différentes obtenues en suivant les méthodes prescrites.
- 17 AN, O2 521, dossier 1, p. 70.
- 18 AN, O2 196, f°35-36.
15Afin de garantir la stabilité des teintes sur les étoffes d’ameublement destinées aux palais impériaux, un système de contrôle rigoureux à destination des soyeux lyonnais avait été mis en place. La vérification des couleurs était faite tout d’abord « en comparant les étoffes avec les soies teintes aux Gobelins : ensuite, pour s’assurer de leur solidité, on emploiera les moyens chimiques ou l’exposition au soleil… en ayant soin de faire subir aux échantillons les mêmes épreuves qu’aux étoffes envoyées de Lyon » [fig. 5]. Pour aider les fabricants à atteindre ce but, Roard dressa la liste des seules matières colorantes autorisées dans les teintures17. À cette époque, malgré les progrès de la chimie, seules les matières tinctoriales étaient encore employées. La cochenille était préconisée pour les teintes amarante, cramoisi, ponceau et tous les rouges. Les jaunes devaient être obtenus avec de la gaude. Les verts se faisaient avec de la gaude et de l’indigo. Les bleus résultaient seuls de l’indigo tandis que les violets étaient obtenus à partir de la cochenille et de l’indigo. Jugée comme étant le seul moyen fiable pour s’assurer de la solidité des couleurs, l’exposition au soleil fut préférée aux méthodes chimiques pour tester ces étoffes nouvellement teintes18.
Figure 5

« Plaque d’échantillons des soies teintes servant de référence pour les tissages réalisés dans les manufactures lyonnaises pour le palais de Versailles : rouge à la garance de Mr Roard et gris de Mr Roard », Atelier de teinture des Gobelins, 1811, 48,5 x 37 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris.
© photographe inconnu (Mobilier national).
16Roard envoya à chaque fabricant impliqué dans la commande de Versailles un carton contenant seize couleurs différentes obtenues en suivant les méthodes de teintes indiquées par son programme. Chaque couleur était divisée en douze écheveaux portant tous son cachet [fig. 6]. Une fois l’étoffe terminée, il était prévu d’y prélever à chaque extrémité des morceaux auxquels on ferait subir les mêmes épreuves qu’aux échantillons matrices. Parallèlement, Roard avait fait confectionner des rubans en satin et en taffetas pour tester de son côté les teintes et répertorier toutes les nuances pouvant être employées dans les ameublements des palais impériaux [fig. 7 et 8]. Ce sont ces échantillons de référence que conserve aujourd’hui le Mobilier national.
Figure 6

Écheveau teint en vert jaune portant le cachet de Roard et celui de l’atelier de teinture, Atelier de teinture des Gobelins, 1811, soie, carton, cire, conservé au Mobilier national de Paris.
© photographe inconnu (Mobilier national).
Figure 7

Boîte d’écheveaux de soie « Nuance Cramoisie », Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 49,5 x 45,5 x ép. 5 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris.
© Isabelle Bideau (Mobilier national).
Figure 8

Boîte d’écheveaux de soie « Nuance Verte », Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 49,5 x 45,5 x ép. 5 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris.
© Isabelle Bideau (Mobilier national).
L’héritage matériel des procédés de teintures de Jean-Louis Roard
17Le Mobilier national conserve ces archives matérielles depuis désormais plus de deux siècles. Elles étaient manifestement stockées dans la réserve « matières premières » depuis 1936, dans la partie haute de l’armoire 81 ; elles étaient connues de Chantal Gastinel-Coural qui les évoque dans le catalogue des soieries Empire sans en révéler pourtant toute la richesse. Elles furent retrouvées à l’occasion de l’inventaire de cette réserve en 1998. Elles ont depuis lors été rangées au sein de la réserve « soieries » dans leurs boîtes en carton d’origine. Ces boîtes contiennent des écheveaux et des rubans teints correspondant indéniablement au programme établi par Roard. Elles rendent ainsi palpable tout le processus de contrôle imaginé par le chimiste.
18Ce fonds est composé de neuf boîtes et de quatorze plaques en carton.
- 19 Bione, province de Brescia, Lombardie.
19Deux types de boîtes ont été identifiés : sept boîtes rectangulaires en carton vert pâle à liseré rose mesurant 49,5 cm de long, 41,5 cm de large et 5 cm d’épaisseur, portant sur le couvercle les inscriptions relatives aux teintes et, sur la tranche, des précisions quant au type de soie : celle de la trame et celle provenant du Piémont pour la chaîne – comme indiqué dans la réglementation des soumissions [fig. 9 et 10]. Cinq d’entre elles sont divisées en dix compartiments contenant des écheveaux de soie teints dans la même gamme de coloris et pourvus du cachet de l’atelier de teinture des manufactures impériales. La sixième est divisée en cinq longs compartiments abritant des écheveaux plus longs composés de soies de différentes qualités et identifiés par des étiquettes cartonnées ovales inscrites à l’encre noire [fig. 11]. Cette boîte-ci est accompagnée d’une notice manuscrite à l’encre noire sur papier précisant que la soie provient de plusieurs variétés de cocon, de la soie grège filée avec des cocons de la même variété et de la soie tordue décreusée et teinte en diverses nuances. Sont représentés des cocons des Cévennes, des cocons « Sina blanc (ceux qui donnent la soie blanche) », des cocons de Chine « dont les graines de vers à soie ont été envoyées par le gouvernement à la chambre de commerce de Lyon », des cocons gros milanais, de petits cocons milanais, des cocons espagnols et des cocons de Bioné19 (Italie).
Figure 9

Boîte d’écheveaux de soie « Sept nuances » (vue du couvercle), Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 49,5 x 45,5 x ép. 5 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris.
© Isabelle Bideau (Mobilier national).
Figure 10

Boîte d’écheveaux de soie « Sept nuances » (vue de la tranche), Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 49,5 x 45,5 x ép. 5 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris.
© Isabelle Bideau (Mobilier national).
Figure 11

Boîte d’écheveaux de soie issus de cocon de diverses variétés, Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 49,5 x 45,5 x ép. 5 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris.
© Isabelle Bideau (Mobilier national).
20La septième boîte compte neuf compartiments abritant uniquement des rubans teints dans différents coloris et accompagnés de petites étiquettes annotées précisant le temps d’exposition à la lumière et aux intempéries pour tester la résistance de la teinte [fig. 12].
Figure 12

Boîte de rubans de soie teints, Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 49,5 x 45,5 x ép. 5 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris.
© Isabelle Bideau (Mobilier national).
21À ces sept boîtes viennent s’ajouter deux boîtes en carton vert très foncé également à liseré rose pâle mais dépourvues d’inscription sur le couvercle, mesurant 48 cm de long, 36,5 cm de large et 4 cm d’épaisseur. Elles sont divisées en trente compartiments. L’une contient des écheveaux de soie et des morceaux de rubans teints de diverses couleurs [fig. 13], l’autre uniquement des écheveaux de soie formant des dégradés de jaune, bleu, vert et violet. Il n’est pas absolument certain que ces deux dernières boîtes fassent partie de l’ensemble élaboré par Roard. Un doute subsiste également sur l’intégrité du rangement à l’intérieur de ces boîtes qui a pu être perturbé au fil du temps. Cependant, ces écheveaux et morceaux de rubans rendent tangible la méthode élaborée par Roard qui, malgré les formules chimiques malheureusement inconnues des teintes, avait recours à l’expérience visuelle et à l’analyse sensorielle pour approuver ou non les teintes proposées par les soyeux lyonnais.
Figure 13

Boîte d’écheveaux de soie et de rubans teints de diverses couleurs, Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 48 x l36,5 x ép. 4 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris.
© Isabelle Bideau (Mobilier national).
22Les quatorze plaques en carton se répartissent en deux groupes de sept. Les sept premières mesurent 47 cm de haut sur 35,2 cm de large et portent toutes l’inscription : « Palais de Versailles/Echantillons des soyes teintes aux Gobelins en couleurs solides suivant les procédés de Monsieur Roard Directeur des teintures et échantillons de rubans fabriqués avec les mêmes soyes ». Elles se réfèrent donc indéniablement à la commande passée pour le palais de Versailles en 1811 et devaient servir d’étalons pour vérifier le respect du protocole imaginé à la suite de l’affaire Pernon. À chaque plaque est associée une ou deux familles de coloris répartie(s) en deux colonnes ; chaque colonne présente dix échantillons d’étoffes de soie tissés en satin pour ceux qui sont cousus à gauche et tissés en taffetas pour ceux qui sont cousus à droite. Les effets de la teinte sur des armures différentes étaient ainsi immédiatement perceptibles à l’œil nu. Ces sept plaques portent la mention « couleurs non éprouvées », signifiant ainsi que les écheveaux et rubans qui y sont appliqués n’avaient pas été soumis au test de la lumière ni à celui des intempéries [fig. 14].
Figure 14

« Plaque d’échantillons des soies teintes aux Gobelins en couleurs solides suivant les procédés de Monsieur Roard et échantillons de rubans fabriqués avec les mêmes soies : en jaune et en bleu », Atelier de teinture des Gobelins, 1811, 47 x 35,2 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris.
© photographe inconnu (Mobilier national).
23Sept autres plaques en carton à liseré rose et mesurant 48,5 cm de haut par 37 cm de large répertorient encore d’autres gammes colorées. Excepté deux d’entre elles, ces plaques sont organisées en quatre colonnes regroupées deux par deux et correspondant à deux teintes représentées chacune par cinq écheveaux de soie et cinq rubans en satin (à gauche) et cinq rubans en taffetas (à droite). Contrairement aux précédentes, ces teintes ont été « éprouvées », attestant de la bonne tenue des teintes élaborées par Roard. La sixième présente cinquante écheveaux de « soies de diverses couleurs non éprouvées ».
- 20 CAYEZ Pierre, Métiers Jacquard et hauts fourneaux. Aux origines de l’industrie lyonnaise, Lyon, Pr (...)
- 21 AN, O2 521, dossier 1, p. 123.
- 22 Des lés de ces étoffes sont conservés au Mobilier national sous les numéros GMMP 1024, pour celle (...)
24La septième plaque comprend beaucoup plus d’éléments et permet notamment de comparer le ponceau et le bleu prussiate conçu par le chimiste Jean-Michel Raymond (1756-1837) avec ceux que créa Roard [fig. 15]. Elle peut être placée en regard d’étoffes tissées par la maison Grand frères à Lyon dans le cadre des réflexions autour du bleu. En effet, le 3 juillet 1810, un décret impérial promettait 25 000 F de récompense pour l’invention d’une couleur bleue teinte sans indigo en raison de la hausse du coût de cette plante tinctoriale20. Le 17 septembre 1811, Alexandre-Jean Desmazis (1768-1841), administrateur du Mobilier impérial, soumit à Jean-Baptiste de Nompère, duc de Cadore (1756-1834) – qui succédait à Pierre Daru comme intendant général de la Maison de l’empereur – un projet de commande d’étoffes de soie à adresser à la Fabrique de Lyon pour les 200 000 F restant sur le crédit de 2 millions de francs accordé par l’Empereur pour Versailles21. Il signalait également : « parmi les meubles que je […] propose de faire exécuter à Lyon, il en est un qui sera teint au bleu pastel par M. Roard, Directeur des Teintures des manufactures impériales. S.E. le Ministre de l’Intérieur a chargé M. Roard de faire des expériences sur ce nouveau genre de teintures. Elles ont parfaitement réussi. La couleur faite avec ces ingrédients sera aussi solide que le bleu indigo. On sera à même d’en juger par ce que dans ce même devis je propose à V.E. de faire exécuter un meuble semblable teint à l’indigo. Cette comparaison ne pourra être que très avantageuse pour le commerce22. »
Figure 15

« Plaque d’échantillons des soies teintes servant de référence pour les tissages réalisés dans les manufactures lyonnaises pour le palais de Versailles : Cramoisi à la cochenille et bleu au prussiate de Mr Raymond », Atelier de teinture des Gobelins, 1811, 48,5 x 37 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris.
© photographe inconnu (Mobilier national).
25Il était précisé que pour le premier meuble, « les soies de la chaîne et des deux liserés bleu seront teints avec du pastel, à la Manufacture impériale des Gobelins, sous la surveillance et d’après les procédés de M. Roard ».
26Ces deux damas commandés à Grand frères avaient pour destination un salon de l’appartement de l’empereur à Versailles où ils ne furent jamais posés. Le deuxième meuble devait également être teint aux Gobelins, mais à l’indigo, afin de pouvoir établir une comparaison entre les deux procédés de teinture. Des échantillons furent exposés à l’air et au soleil avec succès du 4 juin au 6 juillet 1813, en même temps que des échantillons du second meuble. La bonne tenue du pastel était ainsi prouvée.
- 23 AN, O2 521, dossier 2, p. 130, soumission de Lacostat ; Paris, Mobilier national, GMMP 1716/1 : ht (...)
27D’autres essais étaient faits dans les recherches autour du bleu pour s’émanciper de la dépendance à l’indigo, comme ce damas commandé à Jean-Pierre Lacostat pour deux cabinets de toilette des appartements de l’empereur et de l’impératrice au palais de Versailles suivant la soumission du 29 octobre 181223. Dans ce cas précis, les « échantillons ont été teints par M. Raimond, professeur de chimie à l’école spéciale de Lyon, qui a trouvé le moyen de teindre en couleurs solides les soies au bleu de Prusse ». Roard, à qui les échantillons furent soumis et qui s’assura de leur solidité, confirma qu’il était possible de passer la commande de ces étoffes dans ces nuances. Les conclusions de Roard validaient la découverte de Raymond.
- 24 Description du procédé de M. Raymond, professeur de chimie à Lyon, pour teindre la soie avec du bl (...)
- 25 CAYEZ Pierre, Métiers Jacquard et hauts fourneaux, op. cit., p. 107.
28Jean-Michel Raymond, dit Raymond-Latour (1766-1837) avait mis au point son colorant bleu en juin 1811 et obtint le prix de 25 000 F complété par 8 000 F d’encouragement, ayant réussi un « bleu plus beau et plus vif que celui obtenu par l’indigo ». Roard, qui avait proposé un autre procédé, fut mis hors concours, étant lui-même membre du jury chargé de décerner le prix. Toutefois, le jury avait estimé que le procédé ne donnait pas le même éclat ni la même solidité que la couleur d’indigo24. Le Moniteur universel du 22 août 1813 souligna tout l’intérêt du nouveau procédé, qui contribua à « diminuer la consommation de l’indigo exotique que font les ateliers où l’on teint la soie25. »
29Archives matérielles uniques et inédites, ces soies teintes révèlent toute la rigueur du chimiste Jean-Louis Roard et le rôle crucial qu’il joua dans l’industrie textile sous le Premier Empire. Elles laissent percevoir un univers encore largement fondé sur l’expérience sensorielle et l’empirisme alors que se développait la chimie tinctoriale. Enfin, l’étonnant perfectionnement de ce contrôle strict du Garde-meuble permit de pousser à un très haut degré la « solidité des teintes » et de rendre presque inaltérables les coloris des étoffes d’ameublement commandées par le Garde-meuble impérial. Ces écheveaux et rubans ne permettent cependant pas de tout comprendre et ne livrent pas les recettes des teintures, profondément dissimulées au cœur des ateliers et probablement disparues avec Jean-Louis Roard lui-même.
Notes
1 COURAL Jean, GASTINEL-COURAL Chantal & MÜNTZ de RAÏSSAC Muriel, Paris, Mobilier national. Soieries Empire, Paris, Réunion des musées nationaux, 1980.
2 L. Le Maistre, « Notice biographique sur M. Roard de Clichy », Bulletin de la Société des Sciences historiques et de la nature de l’Yonne, Auxerre, 1855, p. 431-446 ; Annuaire historique du département de l’Yonne. Recueil de documents authentiques destinés à former la statistique départementale, table analytique, 1re série, t. XXV, Auxerre, 1862 ; COURAL Jean, GASTINEL-COURAL Chantal & MÜNTZ de RAÏSSAC Muriel, Paris, Mobilier national, op. cit., p. 4 ; GASTINEL-COURAL Chantal & SAMOYAULT Jean-Pierre, Les Tapis du pouvoir. La manufacture de la Savonnerie dans la première moitié du xixe siècle, Dijon, Faton, 2020, p. 34. Jean-Louis Roard était aussi l’auteur d’un ouvrage sur la culture de la vigne : Abrégé du traité théorique et pratique sur la culture de la vigne, avec l’art de faire le vin, les eaux-de-vie, esprit de vin, vinaigres simples et composés par MM. Jean-Antoine Chaptal, François Rozier, Antoine Parmentier et Dussieux, Paris, Arthus-Bertrand, 1806.
3 Archives nationales (ci-après AN), O2 877 ; GASTINEL-COURAL Chantal & SAMOYAULT Jean-Pierre, Les Tapis du pouvoir, op. cit., p. 67, note 127.
4 AN, O2 849 ; GASTINEL-COURAL Chantal & SAMOYAULT Jean-Pierre, Les Tapis du pouvoir, op. cit., p. 36.
5 Cat. Exposition des Produits de l’Industrie, 1806, p. 221-222 ; GASTINEL-COURAL Chantal & SAMOYAULT Jean-Pierre, Les Tapis du pouvoir, op. cit., p. 36.
6 COURAL Jean, GASTINEL-COURAL Chantal & MÜNTZ de RAÏSSAC Muriel, Paris, Mobilier national, op. cit., p. 20 ; PRIVAT-SAVIGNY Maria-Anne, « Le Renouveau de l’industrie textile », in ZINS Ronald (dir.), Lyon et Napoléon, cat. exp., Lyon, musée des Tissus, 9 avril-2 juillet 2005, Dijon, Faton, 2005, p. 128 ; BARBIER Muriel, « Les fabricants et marchands d’étoffes » in SARMANT Thierry (dir.), Palais disparus de Napoléon. Tuileries, Saint-Cloud, Meudon, cat. exp., Paris, galerie des Gobelins, 15 septembre 2021– 15 janvier 2022, Paris, Mobilier national, In Fine éditions d’art, p. 441-442.
7 AN, O2 501 mémoire de Camille Pernon ; COURAL Jean, GASTINEL-COURAL Chantal & MÜNTZ de RAÏSSAC Muriel, Paris, Mobilier national, op. cit., p. 306-307.
8 AN, O2 603.
9 Correspondance de Napoléon Ier publiée par ordre de l’Empereur Napoléon III, Paris, H. Plon, J. Dumaine, 1858-1870, t. XVI, 1864, p. 6 ; COURAL Jean, GASTINEL-COURAL Chantal & MÜNTZ de RAÏSSAC Muriel, Paris, Mobilier national, op. cit., p. 307 ; BARBIER Muriel, « Les textiles d’ameublement à Saint-Cloud, aux Tuileries et à Meudon », in SARMANT Thierry (dir.), Palais disparus de Napoléon, op. cit., p. 326.
10 AN, O2 28, dossier 13 ; COURAL Jean, GASTINEL-COURAL Chantal & MÜNTZ de RAÏSSAC Muriel, Paris, Mobilier national, op. cit., p. 307-308.
11 Rouge vif, « coquelicot ».
12 Ibid.
13 AN, O2 530, rapport de Roard.
14 Correspondance de Napoléon Ier publiée par ordre de l’Empereur Napoléon III, t. XVII, Paris, 1865, p. 249.
15 AN, O2 164, fo 194-195.
16 COURAL Jean, GASTINEL-COURAL Chantal & MÜNTZ de RAÏSSAC Muriel, Paris, Mobilier national, op. cit., p. 467-469.
17 AN, O2 521, dossier 1, p. 70.
18 AN, O2 196, f°35-36.
19 Bione, province de Brescia, Lombardie.
20 CAYEZ Pierre, Métiers Jacquard et hauts fourneaux. Aux origines de l’industrie lyonnaise, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1978, p. 107.
21 AN, O2 521, dossier 1, p. 123.
22 Des lés de ces étoffes sont conservés au Mobilier national sous les numéros GMMP 1024, pour celle teinte au pastel et GMMP 1025 pour celle teinte à l’indigo : https://collection.mobiliernational.culture.gouv.fr/objet/GMMP-1024-004 et https://collection.mobiliernational.culture.gouv.fr/objet/GMMP-1025-000 [liens valides en mai 2023].
23 AN, O2 521, dossier 2, p. 130, soumission de Lacostat ; Paris, Mobilier national, GMMP 1716/1 : https://collection.mobiliernational.culture.gouv.fr/objet/GMMP-1716-001 [lien valide en mai 2023].
24 Description du procédé de M. Raymond, professeur de chimie à Lyon, pour teindre la soie avec du bleu de Prusse, d’une manière égale, solide et brillante… précédée du rapport fait à Sa Majesté sur cette découverte, et du décret impérial qui en récompense l’auteur Paris, Imprimerie impériale, 1811 ; COURAL Jean, GASTINEL-COURAL Chantal & MÜNTZ de RAÏSSAC Muriel, Paris, Mobilier national, op. cit., p. 237-240.
25 CAYEZ Pierre, Métiers Jacquard et hauts fourneaux, op. cit., p. 107.
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Figure 1 |
Légende | « Plaque d’échantillons des soies teintes servant de référence pour les tissages réalisés dans les manufactures lyonnaises pour le palais de Versailles : gamme des violets », Atelier de teinture des Gobelins, 1811, 47 x 37,2 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris. |
Crédits | © photographe inconnu (Mobilier national). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 104k |
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Titre | Figure 2 |
Légende | Damas vert à palme destiné à la tenture murale du grand cabinet de l’empereur au palais de Saint-Cloud, Camille Pernon, 1802-1804, 65 x 50 cm, damas de soie conservé au Mobilier national de Paris (GMMP 1739/4). |
Crédits | © Isabelle Bideau (Mobilier national). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 258k |
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URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 260k |
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Titre | Figure 4 |
Légende | « Boîte d’écheveaux de soie et de rubans teints mis à l’exposition », Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 49,5 x 45,5 x ép. 5 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris. |
Crédits | © Isabelle Bideau (Mobilier national). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 196k |
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Titre | Figure 5 |
Légende | « Plaque d’échantillons des soies teintes servant de référence pour les tissages réalisés dans les manufactures lyonnaises pour le palais de Versailles : rouge à la garance de Mr Roard et gris de Mr Roard », Atelier de teinture des Gobelins, 1811, 48,5 x 37 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris. |
Crédits | © photographe inconnu (Mobilier national). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 113k |
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Titre | Figure 6 |
Légende | Écheveau teint en vert jaune portant le cachet de Roard et celui de l’atelier de teinture, Atelier de teinture des Gobelins, 1811, soie, carton, cire, conservé au Mobilier national de Paris. |
Crédits | © photographe inconnu (Mobilier national). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 219k |
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Titre | Figure 7 |
Légende | Boîte d’écheveaux de soie « Nuance Cramoisie », Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 49,5 x 45,5 x ép. 5 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris. |
Crédits | © Isabelle Bideau (Mobilier national). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 297k |
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Titre | Figure 8 |
Légende | Boîte d’écheveaux de soie « Nuance Verte », Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 49,5 x 45,5 x ép. 5 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris. |
Crédits | © Isabelle Bideau (Mobilier national). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 197k |
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Titre | Figure 9 |
Légende | Boîte d’écheveaux de soie « Sept nuances » (vue du couvercle), Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 49,5 x 45,5 x ép. 5 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris. |
Crédits | © Isabelle Bideau (Mobilier national). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 135k |
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Titre | Figure 10 |
Légende | Boîte d’écheveaux de soie « Sept nuances » (vue de la tranche), Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 49,5 x 45,5 x ép. 5 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris. |
Crédits | © Isabelle Bideau (Mobilier national). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 89k |
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Titre | Figure 11 |
Légende | Boîte d’écheveaux de soie issus de cocon de diverses variétés, Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 49,5 x 45,5 x ép. 5 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris. |
Crédits | © Isabelle Bideau (Mobilier national). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 247k |
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Titre | Figure 12 |
Légende | Boîte de rubans de soie teints, Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 49,5 x 45,5 x ép. 5 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris. |
Crédits | © Isabelle Bideau (Mobilier national). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 195k |
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Titre | Figure 13 |
Légende | Boîte d’écheveaux de soie et de rubans teints de diverses couleurs, Atelier de teinture des Gobelins, 1811-1812, 48 x l36,5 x ép. 4 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris. |
Crédits | © Isabelle Bideau (Mobilier national). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-13.jpg |
Fichier | image/jpeg, 205k |
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Titre | Figure 14 |
Légende | « Plaque d’échantillons des soies teintes aux Gobelins en couleurs solides suivant les procédés de Monsieur Roard et échantillons de rubans fabriqués avec les mêmes soies : en jaune et en bleu », Atelier de teinture des Gobelins, 1811, 47 x 35,2 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris. |
Crédits | © photographe inconnu (Mobilier national). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-14.jpg |
Fichier | image/jpeg, 168k |
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Titre | Figure 15 |
Légende | « Plaque d’échantillons des soies teintes servant de référence pour les tissages réalisés dans les manufactures lyonnaises pour le palais de Versailles : Cramoisi à la cochenille et bleu au prussiate de Mr Raymond », Atelier de teinture des Gobelins, 1811, 48,5 x 37 cm, carton, soie, conservée au Mobilier national de Paris. |
Crédits | © photographe inconnu (Mobilier national). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/37719/img-15.jpg |
Fichier | image/jpeg, 180k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Muriel Barbier, « Les soies teintes aux Gobelins », In Situ [En ligne], 50 | 2023, mis en ligne le 25 mai 2023, consulté le 27 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/insitu/37719 ; DOI : https://doi.org/10.4000/insitu.37719
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