• 1 Exposition « Michel Dufet, un concepteur de l’Art déco à redécouvrir », musée-jardin Bourdelle d’É (...)
• 2 Je remercie Claudine Cartier, conservatrice du patrimoine honoraire, co-responsable avec Jean-Fran (...)
• 3 CAMARD Florence, Michel Dufet, architecte décorateur, Paris, Éditions de l’amateur, 1988.

2L’institution concernée est le musée Antoine Bourdelle, de la Ville de Paris, installé dans les anciens ateliers du sculpteur, dans le XV^e arrondissement. Rhodia Dufet-Bourdelle (1911-2002), fille du sculpteur, et son époux Michel Dufet (1888-1985), ancien élève des Beaux-Arts et architecte-décorateur Art déco reconnu1, furent, de fait, conservateurs du lieu. Leur appartement avait été laissé en l’état depuis le décès de Rhodia. À l’occasion de sa transformation, les éléments mobiliers subsistants furent inventoriés, et l’on découvrit des cartons contenant des échantillons de tissus, de toutes tailles, plus ou moins poussiéreux et aux motifs majoritairement non figuratifs. Il est immédiatement apparu que ceux-ci étaient, pour la plupart, des tests de teintures effectués sur des toiles de coton imprimées datant du xix^e siècle, appelées « indiennes », quelques-unes portant des inscriptions imprimées ou manuscrites [fig. 1]. Un lien existait vraisemblablement avec le grand-père maternel de Michel Dufet, Charles Henri Grosrenaud (1832-1910), chimiste de manufactures d’indiennes, originaire de Mulhouse (Haut-Rhin), qui s’installa en 1864 à Déville-lès-Rouen (Seine-Maritime) où se déroula alors l’essentiel de sa carrière. À partir de ces maigres indices et à la demande de la directrice du musée Bourdelle, Amélie Simier, un travail de recherche fut donc mené afin de documenter les ascendants maternels de Michel Dufet2, dans le cadre du master 1 de muséologie de l’École du Louvre. Si le travail d’architecte-décorateur de Michel Dufet a peu fait l’objet de recherches jusqu’ici3, le musée conserve un important fonds concernant cet artiste qui reste à explorer. Que nous apprennent donc ces échantillons sur Charles Henri Grosrenaud et, partant, sur Michel Dufet ? Nous en disent-ils autant sur l’homme et l’artiste que ses œuvres de création ?

• 4 http://cths.fr/an/societe.php?id=896&proso=y&soc_liees [lien valide en avril 2023].
• 5 http://cths.fr/an/societe.php?id=2833&proso=y&soc_liees [lien valide en avril 2023].

3Dans un premier temps, si les bulletins des Sociétés industrielles de Mulhouse4 (SIM) et de Rouen5 (SIR), dont Charles Henri Grosrenaud était membre, nous ont fourni des informations sur celui-ci, il a été établi qu’il n’avait pas laissé une œuvre majeure dans le domaine de la chimie des colorants, pourtant marqué par de très nombreuses avancées au xix^e siècle, et alors que son réseau de sociabilité dans ce secteur comptait de grands noms de la chimie de l’époque : Camille et Horace Koechlin, Jean-François Persoz, Auguste Rosensthiel, Paul Schützenberger… S’intéresser plus largement à la famille Grosrenaud fut alors indispensable, d’autant plus qu’il apparut qu’elle était l’exemple même d’une lignée d’ouvriers de l’indiennerie alsacienne depuis le xviii^e siècle, Charles Henri en étant le dernier représentant dans la branche familiale menant à Michel Dufet, de ses nombreux ascendants graveurs sur planches de bois de Mulhouse et Cernay au xviii^e siècle au diplômé des Beaux-Arts devenu architecte-décorateur puis architecte d’État au xx^e siècle.

• 6 Je remercie Aziza Gril-Mariotte, alors présidente, et Véronique Lourenço, responsable des collecti (...)
• 7 Mulhouse, musée de l’Impression sur étoffes, Serge Chassagne, Fichier personnel manuscrit des impr (...)
• 8 Professeur émérite d’histoire moderne aux universités de Rouen puis de Lumière-Lyon 2, spécialiste (...)
• 9 GRIL-MARIOTTE Aziza, « Dessiner pour les arts textiles, sources, documents et historiographie d’un (...)
• 10 MILLET Audrey, Les Dessinateurs de fabrique en France (xviii^e-xix^e siècles), thèse d’histoire mode (...)

4Dans un deuxième temps, les ressources du musée de l’Impression sur étoffes (MISE) de Mulhouse6 ont livré de précieux éléments. Le fichier manuscrit des travailleurs de l’indiennerie alsacienne7 établi par Serge Chassagne8 facilita l’identification de plusieurs membres de la famille Grosrenaud, ainsi que leur profession, confirmée par la consultation des actes d’état civil. Ces derniers aidèrent en outre à repérer d’autres membres de la famille. Cela permit de reconstituer l’arbre généalogique des Grosrenaud et contribua au choix de présenter l’ensemble de cette famille, composée d’ouvriers de l’indiennerie sur plusieurs générations, illustrant la transmission de savoir-faire ouvriers spécialisés puis leur ascension sociale au xix^e siècle. Le musée conserve en outre des dessins du père de Charles Henri, Charles Henry (1804-1884), arrière-grand-père de Michel Dufet, dessinateur pour les manufactures d’indiennes alsaciennes Dollfus, Mieg & Cie puis Steinbach, Koechlin & Cie. Spécialiste des fleurs, celui-ci était un exemple représentatif des nombreux dessinateurs industriels employés dans la soierie et l’indiennage9, et avait commencé à exercer au moment où le métier de dessinateur de manufacture vivait ses plus belles heures [fig. 2]10.

• 11 RUC Philippe & PERROY Jean-Michel, Déville-lès-Rouen, Millau, Maury, 1994 et ALEXANDRE Alain & RUC (...)
• 12 Je remercie Alain Alexandre, historien de la vallée du Cailly, de m’avoir communiqué des copies de (...)
• 13 Je remercie Mylène Beaufils, chargée des collections de la Fabrique des savoirs d’Elbeuf et du mus (...)
• 14 LEBERTHIER Marie, Le Musée industriel de Rouen aux xix^e et xx^e siècles, mémoire de master 2 « Hist (...)

5Une fois cette indispensable remise en contexte effectuée, le parcours professionnel rouennais de Charles Henri Grosrenaud put être en grande partie retracé grâce à des sources primaires singulières : des enveloppes vides adressées à celui-ci, sur lesquelles figuraient sa qualité de chimiste et sa manufacture d’appartenance, ainsi que la date d’envoi. De tels documents se trouvent à la fois dans le fonds Michel Dufet du musée Bourdelle et dans le fonds privé de Philippe Ruc, un habitant de Déville-lès-Rouen, féru de l’histoire de sa ville [fig. 3]11. À partir de ces informations, les manufactures pour lesquelles Charles Henri Grosrenaud avait travaillé purent être identifiées et partiellement documentées, la difficulté résidant dans l’absence de versement de leurs archives aux archives départementales et dans la durée de vie parfois brève de ce type d’entreprises12. Sur les trois manufactures concernées, deux purent être localisées, la manufacture d’Alphonse Cordier (Bapeaume-lès-Rouen) et celle d’Henri Wallon (Val d’Eauplet), tandis qu’une hypothèse de localisation fut formulée pour la maison Loisel (Déville-lès-Rouen). Parallèlement à cela, la consultation des registres d’échantillons de tissus du musée industriel de la Corderie Vallois (MICV) de Notre-Dame-de-Bondeville13, donnés par la SIR après la Seconde Guerre mondiale, permit de constater la proximité d’échantillons du fonds Dufet avec des spécimens figurant dans ces registres, attribués aux trois manufactures suscitées. Cette proximité fut confirmée par l’analyse iconographique des échantillons conservés par le musée14 : des décors végétaux d’inspiration indienne, simplifiés et de petite taille, sur un fond uni ou à motifs [fig. 4 et 5] ; des mignonettes, c’est-à-dire des petits motifs – fleurs, formes géométriques, ancres marines ou fers à cheval ; des impressions à effets, qui imitent des techniques ou des tissus plus nobles, dentelle ou cachemire et son motif végétal caractéristique « boteh » ; des motifs floraux ; des rayures et des carreaux. Les échantillons du musée Bourdelle étaient donc bien issus de la production textile rouennaise.

• 15 Musée Bourdelle, FR_MB_ARCH_BO_MD/B.1 à B.5, correspondance familiale.

6Parallèlement à cela, le contenu de l’inventaire après décès de Charles Henri Grosrenaud nous éclaire sur la raison de la présence de si nombreuses enveloppes vides : celui-ci collectionnait les timbres-poste. Mais une collection beaucoup plus intéressante fut découverte. Les paragraphes qui suivent témoignent d’une confrontation de la liste des biens de l’inventaire avec le contenu du fonds Michel Dufet du musée Antoine Bourdelle, qui a permis de replacer dans son contexte un cahier répertoriant 1 520 lettres autographes ainsi que les lettres elles-mêmes15 [fig. 6]. Elles avaient appartenu à Charles Henri, qui les collectionnait, ce qui contribue à nous renseigner sur sa personnalité. Un nouveau lien avec Michel Dufet pouvait également être tissé puisque ce dernier était lui-même collectionneur de lettres autographes. On en trouve d’ailleurs qu’il dut lui-même acquérir, comme une du poète Paul Fort (1872-1960), du 5 décembre 1929, complétant ainsi la collection de son aïeul.

• 16 Jean-François Persoz (1805-1868), chimiste, enseigne la teinturerie et l’impression sur tissus au (...)

7Fasciné par les scientifiques de son temps, Charles Henri Grosrenaud utilisait son réseau professionnel et amical pour obtenir de précieux courriers, mais alimentait aussi sa collection de ses propres échanges avec des chimistes, des inventeurs et des industriels. Lorsqu’elles sont adressées à Grosrenaud, ces lettres livrent des informations sur sa vie et sur la qualité de ses relations avec ses interlocuteurs. Il conservait par exemple dans sa collection son certificat de travail, entre 1849 et 1851, dans le laboratoire parisien de Jean-François Persoz16, rue de Varenne [fig. 7] ; Grosrenaud avait donc complété à Paris sa formation initiale de chimiste, vraisemblablement effectuée au cours de chimie du collège municipal de Mulhouse, créé en 1822. Seul ce document atteste cette expérience dans la capitale de la chimie au début du xix^e siècle. Grosrenaud notait soigneusement par ordre d’acquisition dans son carnet les noms des auteurs des lettres, ainsi que de succinctes informations biographiques ; la date et le nom des personnes lui ayant procuré les lettres figurent pour certaines entrées. Suit un nouveau classement alphabétique. En premier lieu, Grosrenaud s’intéressait aux grands noms de la science, et plus particulièrement de la chimie : Berzelius, Dumas, Persoz, Fresenius [fig. 8], Liebig, Hofmann, Berthelot, Girardin, Despretz, Kopp, Payen, Penot, Raspail, Rosenstiehl, Nölting, Graebe, Camille et Horace Koechlin, Kekulé, Penot, Perkin…

• 17 JACQUÉ Jacqueline, Andrinople, le rouge magnifique, Paris, Mulhouse, La Martinière, musée de l’Imp (...)
• 18 BENSAUDE-VINCENT Bernadette & STENGERS Isabelle, Histoire de la chimie, Paris, La Découverte, coll (...)
• 19 Un colorant naturel est une substance colorante obtenue à partir de matières végétales ou animales
• 20 Un colorant artificiel est une substance colorante obtenue à partir de matières naturelles traitée (...)
• 21 Un colorant synthétique est une substance colorante obtenue en reproduisant la structure chimique (...)
• 22 Je remercie Marie-Anne Sarda, conservatrice en chef du patrimoine et conseillère scientifique à l’ (...)

10Les échantillons de tissus étudiés étant des « brouillons de laboratoire17 » [fig. 9], il a fallu tenter de comprendre où se situait Charles Henri Grosrenaud dans la « bataille de colorants » qui marqua l’époque18 : utilisait-il des colorants naturels19, artificiels20, synthétiques21 ? Appliquait-il uniquement des recettes de colorants mises au point par d’autres, sans chercher à créer ou améliorer leurs formules chimiques mais en essayant de les faire tenir sur le tissu tout en rendant le meilleur effet possible22 ? Nous nous garderons de formuler une réponse définitive à cette dernière question, la limite de cet exercice résidant dans l’absence de point de vue scientifique sur les données chimiques récoltées, ce qui souligne l’impérieuse nécessité de croiser les regards de chercheurs de différents horizons pour appréhender un tel sujet dans sa globalité : histoire de l’art, histoire des techniques, histoire des sciences, histoire des mentalités.

• 23 Préparation à base de sels métalliques, épaissie à la gomme, imprimée ou peinte sur l’étoffe afin (...)
• 24 Professeur honoraire d’histoire de sciences et des techniques de l’université de Nantes, spécialis (...)
• 25 EMPTOZ Gérard, « Chimie des colorants et qualité des couleurs face au changement technique dans le (...)
• 26 SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE DE ROUEN, « Discours prononcé sur la tombe de Charles-Henri Gros-Renaud par M (...)
• 27 WORONOFF Denis, Histoire de l’industrie en France, du xvi^e siècle à nos jours, Paris, Éditions du (...)

11Auteur de l’ouvrage Des mordants en teinture et en impression23 (1898), Charles Henri Grosrenaud a laissé en outre au moins trois recettes : le velours en rouge d’Andrinople (1866), l’indigo à l’hydrosulfite (1875) et le noir d’aniline au chromate d’aniline (1879). Les deux premières concernaient des colorants naturels tandis que la troisième était une des nombreuses applications d’un des résidus du goudron de houille, l’aniline, substance qui donne une large palette de couleurs synthétiques. Il y aurait par conséquent eu un moment charnière où les indienneurs seraient passés des colorants naturels aux colorants synthétiques. Mais s’ils continuèrent à utiliser les deux types de colorants, il serait intéressant de savoir pendant combien de temps. Gérard Emptoz24 précise qu’au milieu du xix^e siècle, les colorants synthétiques étaient de plus en plus présents mais que les colorants naturels restaient parallèlement utilisés25. Michel-Eugène Chevreul, directeur des teintures de la manufacture des Gobelins dès 1826, ou Jean-François Persoz travaillaient sur les colorants naturels, comme Paul Schützenberger. Les colorants synthétiques occupaient quant à eux de très nombreux chimistes, tels Émile Kopp, Emilio Nölting ou Auguste-Daniel Rosenstiehl. Colorants naturels et colorants synthétiques étaient donc produits en même temps. En 1861, Chevreul souligna la supériorité des colorants naturels, qui donnaient des couleurs durables. Jean-François Persoz entrevit en 1862 le succès des colorants synthétiques, et ses conséquences désastreuses pour les artisans. Quant à Schützenberger, dans son Traité des matières colorantes de 1867, il s’intéressa aux colorants de synthèse, même s’ils ne représentaient qu’une petite partie des colorants décrits. Gérard Emptoz note en outre que la Société industrielle de Mulhouse joua un rôle de premier plan dans le passage de la production des colorants naturels à celle des colorants synthétiques. Les échantillons de tissus de Charles Henri Grosrenaud doivent par conséquent bien témoigner de ce moment charnière d’utilisation concomitante des colorants naturels et synthétiques par l’industrie textile notamment. Mais la seule façon d’en avoir la preuve serait de les faire analyser. Les échantillons comportant des mentions manuscrites, quand ils présentent des dates, ont été réalisés entre 1875 et 1886. Ils pourraient être des essais d’application de colorants synthétiques, d’autant que la couleur rouge domine, dont un « rouge ROM » [fig. 10]. Celui-ci pourrait être l’essai d’un tel colorant car, dans les années 1870, Charles Henri Grosrenaud travaillait au sein de la SIR sur ce matériau. Émile Blondel, président du comité de chimie de cette dernière, dans le discours prononcé lors de ses funérailles, déclara d’ailleurs que « le premier en Normandie, il créa dès l’apparition de l’Alizarine artificielle [1869] l’article Andrinople, dans la maison Cordier, qui conserva longtemps une juste réputation due tout entière à la science et aux persévérants efforts de notre savant collègue »26. Le rouge ROM était peut-être un autre essai de rouge. Ceci se déroulait dans un contexte international de recherche d’un colorant rouge synthétique adapté au coton, après le développement des rouges ponceau et écarlate pour la laine. Ce ne fut qu’avec le rouge Congo, découvert en 1884 par l’Allemand Paul Böttiger (né en 1850), qu’un tel colorant rouge fut efficace sur cette matière. Cette hypothèse est d’autant plus plausible que les lettres autographes d’Émile Kopp collectionnées par Charles Henri Grosrenaud, issues de sa propre correspondance avec celui-ci, évoquent ses recherches sur les violet et rouge d’aniline. Dans une lettre du 16 janvier 1861, il dit d’ailleurs que « pour la teinture sur soie, il n’y a aucune difficulté. […] il reste maintenant à trouver comment la fixer sur laine et coton et là [est] le problème dont je cherche la solution. » Cette correspondance fait état de la circulation d’échantillons entre les deux interlocuteurs, mais également avec de nombreux chimistes dont nous avons, pour certains, déjà mentionné le nom. Et les deux hommes échangent sur l’avancement de leurs travaux, Émile Kopp demandant son avis à Charles Henri Grosrenaud, dans une lettre du 14 avril 1861 : « Je soumets maintenant mon procédé [violet d’aniline sur coton et laine] à votre expérience de praticien. » Charles Henri Grosrenaud serait donc bien un chimiste « de terrain », ayant une grande maîtrise de l’art de la teinture, et désireux de se mettre au service de ses contemporains. Ainsi, Jean-François Persoz, dans une lettre du 6 novembre 1866, écrit : « Vous m’offrez vos services avec tant de cordialité que je viens encore aujourd’hui mettre votre obligeance à contribution. […] Voulez-vous avoir la complaisance de recommencer la même expérience sur 1 ou 2 kg de résidu ; d’épuiser complètement le résidu par la soude caustique et le recueillir ensuite sur un filtre, de le laver à l’eau distillée et de me l’expédier une fois desséché ? » De son côté, Grosrenaud envoie également des échantillons de sa réalisation : « Je n’ai pas reçu l’échantillon de rouge turc que vous m’aviez annoncé. » Ces petits morceaux de tissu en apparence anodins témoignent pourtant de l’esprit d’émulation et de collaboration animant les membres des sociétés industrielles, désireux de faire progresser l’industrie grâce à la science, dans le sillage de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale ; Denis Woronoff parle au sujet de ces sociétés de « recherche collaborative appliquée27. »