Teindre à Rouen au xixe siècle
Résumés
Tout au long du xixe siècle, Rouen et les communes alentour s’adonnent à une importante activité, la teinture de la laine et du coton. Les sources documentaires classiques qui renseignent l’histoire industrielle restent peu loquaces sur les usines de teinturerie. L’exploitation des annonces de vente et de location de ces dernières parues dans le Journal de Rouen, à ce jour pas ou peu exploitées, livrent heureusement un ensemble de données qui permettent de préciser l’organisation des établissements, les différents ateliers qui les composent, leur aménagement et leur mode de construction.
Entrées d’index
Mots-clés :
architecture industrielle, ateliers, hydraulique, usine, textile, teinturerie, coton, laine, XIXe siècle, étente, passerie, tinnerieKeywords:
industrial architecture, workshops, water power, factory, textile, dyeing, cotton, wool, nineteenth century, thread shop, dye shop, thinner shopPlan
Haut de pageTexte intégral
- 1 Les teintureries normandes ont été peu étudiées. Les nombreuses publications consacrées au textile (...)
1Le projet de recherche « Colorants et textiles de 1850 à nos jours », engagé par l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) sous la responsabilité de Marie-Anne Sarda, a conduit à étudier l’activité des principaux pôles teinturiers normands au xixe siècle (Rouen et les communes environnantes de Darnétal, Elbeuf, Maromme, Orival, Saint-Léger-du-Bourg-Denis… en Seine-Maritime, Lisieux et Condé-sur-Noireau dans le Calvados, Flers et Tinchebray dans l’Orne, Louviers et Évreux dans l’Eure), en considérant à la fois l’aménagement des sites et l’architecture des bâtiments qui les composent, les équipements qu’ils abritent ainsi que la qualification professionnelle des ouvriers. Consacré au premier de ces trois thèmes, le présent article interroge les teintureries de laine ou de coton indépendantes, en particulier celles de la région rouennaise [fig. 1], qui concentre le plus grand nombre d’établissements et pour laquelle les sources documentaires classiques sont les plus riches1.
Figure 1

Objet d’un programme de réhabilitation dans les années 1970, la rue Eau-de-Robec à Rouen (Seine-Maritime) avait vu s’établir de nombreuses teintureries. Créé à cette occasion, le cours d’eau qui la longe évoque le Robec, canalisé et enterré entre 1938 et 1941.
© Yannick Lecherbonnier, 2023.
- 2 Consulté pour les années 1802 à 1898.
2Si abondantes soient-elles, celles-ci ne permettent cependant pas de bien appréhender l’organisation d’une teinturerie au xixe siècle : les plans décrivant précisément les sites sont rares, les données cadastrales imprécises quant à la fonction des ateliers, les arrêtés préfectoraux réglementant ou autorisant les installations tout aussi laconiques, les notices parues dans les bulletins des sociétés savantes peu nombreuses. À ce jour inexploitées, les annonces de vente ou de location insérées dans la presse du xixe siècle viennent heureusement pallier ce manque d’informations. Celles qui sont contenues dans le Journal de Rouen2 sont de loin les plus nombreuses. Reprenant à plusieurs reprises l’intégralité des actes de vente, de location ou de saisie dressés par les officiers publics ou ministériels, avoués ou notaires pour le bâti, commissaires-priseurs pour le mobilier, elles livrent des descriptions détaillées des bâtiments en place (fonction, dispositions intérieures, niveaux d’élévation, matériaux de gros œuvre et de couverture, forme des toits…) et mentionnent les noms des notaires auprès desquels les teinturiers passaient leurs actes, dont l’identification n’est pas toujours aisée.
La présence de l’eau
- 3 Journal de Rouen, 26 juin 1819 (« une grande porte charretière et passage commun à plusieurs, préc (...)
- 4 Journal de Rouen, 7 janvier 1877, 2 novembre 1880, 5 décembre 1888 ; Archives départementales (AD) (...)
- 5 AD Seine-Maritime, étude Lefèvre à Rouen, 13 avril 1826.
- 6 AD Seine-Maritime, 5M775, 5M776.
- 7 Journal de Rouen, 7 janvier 1877 (teinturerie Bulard, quai aux Meules à Rouen). « La clôture de l’ (...)
- 8 Journal de Rouen, 23 janvier 1872.
3Après avoir le plus souvent passé un pont, on pénètre couramment dans une teinturerie par une large porte cochère doublée ou non d’une porte piétonne3, ouvrant sur une cour sur laquelle prennent place les ateliers, une ou plusieurs maisons (dites d’habitation, de maître, de concierge, de portier ou d’ouvriers) et quelques dépendances agricoles [fig. 2]. Les rédacteurs des annonces ont été frappés par l’étendue des cours, qu’ils qualifient de grandes (teintureries Bulard à Rouen en 1877, Brunet et Lefranc à Darnétal en 1880 et 18884…), de très grandes (teinturerie Viel à Rouen en 18265) ou de vastes (teintureries rouennaises Héliot en 1820, Enault et Leblanc en 1821, Delacroix et Delauné en 18226…). Entourées de murs7, elles étaient sans doute toutes pavées, comme celle, en grès, de la teinturerie Morel à Elbeuf8.
Figure 2

Usine de teinturerie, de blanchiment et d’impression sur étoffes Thuillier et Bonnefond, rue Alsace-Lorraine, Darnétal (Seine-Maritime). Ateliers, logement et dépendances se dressent sur une cour close de murs et traversée par un cours d’eau. En-tête de papier à lettre, auteur anonyme, s. d., conservé à la Bibliothèque municipale de Rouen (fonds Fortin).
Reproduction Yvon Miossec (Région Normandie – Inventaire général).
- 9 La teinturerie Lefranc à Darnétal est traversée par l’Aubette et aligne une partie de ses construc (...)
- 10 Journal de Rouen, 6 octobre 1867.
- 11 Le hangar de la teinturerie Jobey à Rouen est pavé de grès. AD Seine-Maritime, 2E2/185, 31 mars 18 (...)
- 12 Journal de Rouen, 8 mai 1830, 19 juin 1808, AD Seine-Maritime, 2E2/185 (31 mars 1824), Journal de (...)
- 13 Journal de Rouen, 23 janvier 1872. AD Eure, Dénombrement décennal de l’industrie manufacturière en (...)
- 14 Journal de Rouen, 1er avril 1826, 23 janvier 1872, AD Seine-Maritime, 2E9/277 : 28 janvier 1886. C (...)
4L’eau est évidemment toujours présente [fig. 3]. Peu utilisée comme énergie motrice (tout au plus donne-t-elle le mouvement à quelques moulins à indigo), elle permet le nettoyage ou dégraissage des laines, le rinçage des toiles teintes, l’alimentation des chaudières… Les teintureries sont ainsi bornées ou traversées d’un ou deux cours d’eau9 sur lesquels sont aménagés des lavoirs [fig. 4]. Couverts ou non, parfois abrités sous une remise comme à Saint-Léger-du-Bourg-Denis10 ou sous un hangar11, tous sont dotés de baquets à laver : six sont en place dans l’une des nombreuses teintureries établies rue Eau-de-Robec à Rouen, pas moins de dix dans celle active dans la même ville au carrefour de la route de Darnétal et de la rue Saint-Gilles, dix aussi en 1824 dans une teinturerie rue Saint-Gilles à Rouen qui n’en compte plus que cinq en 187712. Quelques teinturiers utilisent, en plus, des paniers à laver [fig. 5] : Pierre Maille en installe à Pont-Saint-Pierre en 1817, six sont mentionnés chez Duperrier à Louviers, trois (mécaniques) chez Morel à Elbeuf, d’autres (métalliques) chez Coppé à Roncherolles-sur-le-Vivier dans la seconde moitié du xixe siècle13. Quelques établissements disposent enfin de réservoirs : chez Louis Viel, à Rouen, ce sont « des pièces d’eau courante, sur l’une desquelles existe une hydraulique pompant de l’eau dans les ateliers » ; rue Saint-Étienne à Elbeuf, un grand réservoir en maçonnerie voûté pourvu de deux puits avec pompes hydrofuges mues par la vapeur est alimenté par un cours d’eau privé ; dans le « grand établissement industriel à usage de blanchiment, teinture et apprêt » d’Edmond Daliphard, à Déville-lès-Rouen, une source d’eau pure vient remplir un réservoir en tôle de 40 000 litres14.
Figure 3

Teinturerie Jules-Voisin, puis Gustave-Hue, au 16, rue du Pré-Bazile, Elbeuf (Seine-Maritime). Affectée au traitement des déchets de laine et à la teinture de la laine en bourre, l’usine est construite en bordure de Seine vers 1870. Inactive à la veille de la Seconde Guerre mondiale, elle est détruite au cours des années 1970 lors de la rénovation du quartier du Puchot. En-tête de papier à lettre, auteur anonyme, 1900, conservé à la Bibliothèque municipale de Rouen (fonds Fortin).
Reproduction Christophe Kollmann (Région Normandie – Inventaire général).
Figure 4

Au milieu du xixe siècle, la teinturerie Flavigny est l’une des plus importantes d’Elbeuf (Seine-Maritime). En 1864, elle livre quotidiennement 2800 kg à 3200 kg de laine teinte. Le long de la Seine des ateliers flottants sont aménagés pour le lavage des laines. Magasins, lavage de laine et pontons, gravure de H. de Laville, extrait de Les Grandes Usines, Jules Turgan, 1860-1882, tome V, Paris, M. Lévy, p. 73.
Reproduction Christophe Kollmann (Région Normandie – Inventaire général).
Figure 5

Teinturerie de laine Plantrou, puis Dubost, à Saint-Pierre-lès-Elbeuf (Seine-Maritime), route de Louviers. Plan pour la construction d’une dérivation pour l’établissement de deux paniers à laver les laines, auteur anonyme, 1859, conservé aux Archives départementales de Seine-Maritime (série 7S).
Reproduction Christophe Kollmann (Région Normandie - Inventaire général).
Les ateliers
- 15 Le terme « teinturerie » désigne à la fois un établissement de teinture, ou usine de teinturerie, (...)
- 16 Journal de Rouen, 26 juin 1819.
- 17 Journal de Rouen, 13 octobre 1802 (teinturerie « proche la Cressonnière de Longpaon), AD Seine-Mar (...)
- 18 Journal de Rouen, 14 mars 1822 ; AD Seine-Maritime, étude Lefèvre, à Rouen, 13 avril 1826.
- 19 GODEFROY Frédéric, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du xie au (...)
- 20 Journal de Rouen, 27 septembre 1839. D’autres, en bois et de différentes tailles, pour certaines c (...)
5Plusieurs ateliers se dressent dans l’enceinte d’une teinturerie15. La fonction précise de deux d’entre eux, les passeries et les tinneries, demeure incertaine. Figurant dans les annonces du Journal de Rouen, elles n’apparaissent que rarement dans les sources consultées aux archives départementales. Les passeries sont équipées de baquets (trois dans celle de la teinturerie rouennaise de Nicolas Philippe Leroy, rue Eau-de-Robec16), de terrines, récipients en terre vernissée (six dans celle d’une teinturerie de Darnétal spécialisée dans la teinte en rouge des Indes et chez Jobey17), et de cuves en ciment (trois à Darnétal et chez Jobey). Les tinneries abritent des équipements identiques : établie à côté d’une sècherie et communicant avec l’atelier de teinture – cette proximité est également signalée à Saint-Léger-du-Bourg-Denis en 1820 –, la tinnerie de la teinturerie Leroy est dotée de trois terrines, d’un baquet et de quatre cuves en ciment. Six terrines disposées sur un massif en briques et trois baquets prennent place chez Gervais à Darnétal18, six réservoirs en ciment chez Jobey à Rouen. Des « tinnes », ou « tines », terme désignant aussi bien une cuve, un baquet, un tonneau qu’une mesure pour le vin19, sont par ailleurs mentionnées dans l’annonce de la faillite du teinturier Levaillant à Maromme20.
- 21 GRUTER Édouard, La Naissance d’un grand vignoble. Les seigneuries de Pizay et Tanay en Beaujolais (...)
- 22 ESCANDE Jean, « Le dénombrement du Duc de Roquelaure à Préchac (entre 1652 et 1683) », Bulletin de (...)
- 23 MAHUL Alphonse, Cartulaire et archives des communes de l’ancien diocèse et de l’arrondissement adm (...)
6En l’état actuel des recherches, le terme « tinnerie » apparaît surtout dans des documents de la période moderne concernant l’Occitanie et le Beaujolais : dans cette dernière région, Édouard Gruter a relevé dans un terrier de la seigneurie de Pizay dressé au xvie siècle la mention d’un « bâtiment ou local nouveau, dont la dénomination est incertaine (tinerie – également orthographié “thinerie” et “tinery” ou “thinallier”) qui est la cuverie et le local à fûts (tines)21 ». Dans un article publié en 1984 dans le Bulletin de la Société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers, Jean Escande écrit que le terme « tinnerie », qui désigne une cave (tinal en languedocien), figure parmi ceux « aujourd’hui disparus mais bien vivants au xviie siècle22 ». Un dénombrement des biens dépendant du chapitre de l’abbaye Sainte-Marie de Lagrasse (Aude) réalisé le 20 septembre 1687 livre une information plus explicite : les religieux possèdent en effet à Lagrasse « une tinerie ruinée pour teindre draps, laines23 ».
- 24 VOINESSON de LAVELINES H., Cuirs et peaux. Bibliothèque de chimie industrielle, Paris, J.-B. Baill (...)
- 25 ROUX Augustin, GOULIN Jean & AUBERT de LA CHESNAYE des BOIS François Alexandre, Dictionnaire domes (...)
- 26 LABOULAYE Charles, Complément du Dictionnaire…, op. cit., p. 621. Louis FIGUIER (Les Merveilles de (...)
- 27 LAMI Eugène-Oscar, Dictionnaire encyclopédique et biographique de l’industrie et des arts industri (...)
7La passerie – le mot échappe à toute recherche en ligne lorsqu’il est associé à celui de teinturerie ou de teinture – est un atelier bien connu dans les tanneries. On y réalisait « un second gonflement des peaux ou cuirets, de manière à ce que le tanin puisse en pénétrer l’intérieur le plus complétement possible24 ». Édité à la fin du xviiie siècle, le Dictionnaire domestique portatif omet cette référence pour ne citer que celle, mieux connue, relative à un traité ou une convention pour le commerce entre les habitants de la frontière franco-espagnole, s’exerçant en temps de paix comme en temps de guerre. Mais il consacre une entrée au terme passer, « usité pour désigner les apprêts qu’on donne à plusieurs sortes de marchandises. On dit passer les soies, les laines, les fils, ou les étoffes en différentes teintures, pour exprimer qu’on les met dans des cuves pleines de drogues pour les teindre25 ». Décrivant en 1861 le vocabulaire en usage dans les teintureries, Alphonse Salvetat explique que « donner une passe : c’est immerger une étoffe, un écheveau, un fil même, dans un bain de teinture ou dans une préparation métallique, lorsque la teinture exige, pour être complète, deux ou plusieurs immersions ; on obtient ainsi les bleus, les noirs etc. par deux, trois ou quatre passes26 ». Publié en 1887, le dictionnaire de Lami précise que la passe est un terme de teinturerie et que « donner une passe c’est donner une seule entrée au bain de teinture27 ».
- 28 La dernière mention figure dans le Journal de Rouen du 8 mai 1830 (teinturerie en rouge des Indes, (...)
- 29 Dossier d’Inventaire IA00022211 (sans références documentaires).
8Une activité étroitement liée à l’opération de teinture s’exerçait donc dans les tinneries et les passeries. Leur disparition dans les annonces du Journal de Rouen dans la décennie 183028 témoigne peut-être d’une évolution des procédés entre la fin du xviie siècle et les premières décennies du xixe siècle ou, hypothèse plus vraisemblable, d’une nouvelle organisation du travail, plus rationnelle, regroupant sous un même toit des opérations longtemps réparties dans des ateliers distincts (chez Auvray, à Rouen, l’un d’eux est réservé au mordançage jusqu’en 1827 au moins29).
- 30 Journal de Rouen, 26 juin 1819.
- 31 La teinturerie Lefranc à Darnétal comprend un atelier de teinture divisé en deux chambres à teintu (...)
- 32 AD Eure, 5M229, teinturerie Ferret à Pacy-sur-Eure, arrêté préfectoral du 6 avril 1868. Les eaux d (...)
- 33 Journal de Rouen, 2 mars 1838.
- 34 L’Encyclopédie, vol. 23, p. 489.
- 35 Conformément à plusieurs règlements pris au cours de l’époque moderne (règlement de 1666, lettres (...)
- 36 Journal de Rouen, 28 janvier 1872, 4 février 1877.
- 37 TURGAN Jules, Les Grandes Usines…, op. cit., p. 95 : « Les chaudières sont d’inégale grandeur pour (...)
- 38 Ibid., p. 98 (Établissements de M. Charles Flavigny à Elbeuf) : « l’atelier de chaudières ou petit (...)
- 39 Ces cuves (diam. 2 m, haut. 2,66 m), estimées plus économiques que celles à la potasse, demandaien (...)
- 40 Journal de Rouen, 20 février 1840, 6 juin 1884. La cuve à la chaux et au vitriol, l’une des trois (...)
- 41 Journal de Rouen, 2 novembre 1880. Des cuves en maçonnerie sont installées en 1886 chez Coppé à Ro (...)
9Ceux qui sont dévolus à la teinture des fils [fig. 6] ou des toiles, voûtés en brique pour certains, parfois aménagés sur une cave abritant une citerne et sa pompe30, sont divisés en différentes pièces31 et reçoivent tous une pente suffisante pour permettre l’écoulement des eaux de nettoyage et de rinçage32. Six d’entre eux, répartis sur deux sites, sont mentionnés chez Sèbe à Elbeuf33, trois autres dans un établissement spécialisé dans la teinture en bleu d’indigo à Rouen, quatre chez Morel à Elbeuf : un pour le degrais [fig. 7, 8] (ou dégraissage)34, deux pour le petit teint35 et un pour la guède36. Leur équipement est conséquent. Chez Sèbe, l’un des six ateliers de teinture contient douze cuves en cuivre d’un diamètre de 1,30 m, dix d’entre elles ayant une profondeur de 1,40 m, les deux autres de 2,50 m ; un autre atelier est doté de sept chaudières en cuivre dont les contenances ne sont pas exprimées en litres mais en draps (1/4 de drap, 1/2 drap, un, deux, trois, quatre et cinq draps)37. Chez Morel, l’un des espaces dédiés au petit teint est aménagé pour recevoir huit chaudières, l’autre six affectées à la teinte de la laine38, l’atelier de guède étant pourvu de trois cuves allemandes en cuivre39. Le nombre de cuves s’accroit au cours du xixe siècle : on en compte quarante, cerclées de fer, pour teindre en bleu et six autres à la chaux et au bois chez Bouteleu, rue Préfontaine à Rouen en 1840, quarante et une au Petit-Quevilly en 188440. Pas moins de cent soixante-cinq cuves en maçonnerie dont l’usage n’est pas précisé (sans doute le rinçage) sont signalées en 1880 chez Brunet à Darnétal dans un grand hangar servant de teinturerie41.
Figure 6

« Mise en teinture », manufacture de draps Bruyant-Desplanques, Elbeuf (Seine-Maritime), 1867. « Bain de teinture. Le bain de teinture est contenu dans une grande cuve en cuivre, encastrée dans un massif de maçonnerie en brique et chauffée au moyen d’un foyer à charbon situé en-dessous. À l’aide de grands râteaux, les ouvriers retournent la laine dans la cuve, puis la laissent égoutter ». Photographie extraite d’un album de la société Bruyant-Desplanques, conservé au Centre d’archives patrimoniales de la Fabrique des savoirs, Elbeuf.
© photographe inconnu / Reproduction Centre d’archives patrimoniales de la Fabrique des savoirs, Elbeuf.
Figure 7

« Dégraissage de la laine », manufacture Bruyant-Desplanques, Elbeuf (Seine-Maritime), 1867. Au sortir des cuves de dégraissage, les laines sont essorées sur une machine dite à exprimer les laines dégraissées, ou exprimeuse. Une machine semblable à celle-ci est représentée dans le chapitre consacré à la teinturerie Flavigny d’Elbeuf par Jules Turgan (Les Grandes Usines, 1860-1882, tome V, p. 80) qui en décrit ainsi le fonctionnement : « L’exprimeuse se compose de deux rouleaux en fonte, marchant l’un sur l’autre et dans le même sens, et d’un système de leviers permettant d’augmenter ou de diminuer […] la pression de ces rouleaux […]. À l’avant et à l’arrière […] se trouvent deux tabliers mobiles, dont l’un prend la laine que l’on y pose avec la fourche […] l’autre la reçoit après l’opération ». Photographie extraite d’un album de la société Bruyant-Desplanques, conservé au Centre d’archives patrimoniales de la Fabrique des savoirs, Elbeuf.
© photographe inconnu / Reproduction Centre d’archives patrimoniales de la Fabrique des savoirs, Elbeuf.
Figure 8

« Atelier des chaudières », usine de teinturerie Louis Robert Flavigny, 29, rue de la République, Elbeuf (Seine-Maritime). Dessin de Jonnard, extrait de Les Grandes Usines, Jules Turgan, 1860-1882, tome V, Paris, M. Lévy, p. 105.
Reproduction Christophe Kollmann (Région Normandie – Inventaire général).
Le séchage
- 42 Journal de Rouen, 15 août 1835. En 1863, un Rouennais, Lechevallier, présenta un système d’étentes (...)
- 43 Journal de Rouen, 27 juillet 1820, 1er avril 1826.
- 44 Journal de Rouen, 13 octobre 1802, 26 juin 1819, 15 janvier 1888.
- 45 Journal de Rouen, 9 septembre 1807, 27 juillet 1820, 14 mars 1822, 8 mai 1830, 7 janvier 1877. Les (...)
- 46 Journal de Rouen, 7 janvier 1877.
- 47 Journal de Rouen, 9 septembre 1807, 19 juin 1808, 28 octobre 1878.
10Le séchage des pièces teintes est réalisé soit à l’air libre, soit dans un bâtiment dédié, dit sècherie chaude. Le séchage à l’air libre peut s’effectuer en disposant les toiles teintes directement sur le sol, comme l’illustre le peintre Jean-Baptiste Huet (1745-1845) pour la manufacture de Jouy [fig. 9]. Dans la région rouennaise, les teinturiers utilisaient cependant plus couramment des « étentes », système de perches et de fils tendus, sur lesquels étaient étalés les produits teints (l’annonce d’une vente d’ustensiles de teinturerie à Rouen en 1840 précise qu’elles sont en toile avec des crochets en cuivre42). Elles peuvent prendre place sur une cour43 ou dans un jardin comme à Darnétal, à Rouen rue Eau-de-Robec ou au Petit-Quevilly44. Elles peuvent aussi être disposées à l’étage d’un bâtiment dénommé étente, séchoir ou sècherie, ou dans un grenier dit grenier à étentes ou grenier-étente45. Garnies de jalousies sur leurs élévations latérales46, les sècheries occupent toujours des surfaces importantes : à Saint-Léger-du-Bourg-Denis, en 1820, existe une « très grande sècherie à l’ouvert » ; en 1888, allée de Carville à Darnétal, un séchoir couvert à air libre est long de 70 mètres. Les greniers à étentes [fig. 10] se caractérisent par un toit débordant protégeant les façades ouvertes des combles ainsi aménagés pour permettre aux teinturiers d’effectuer le séchage des produits teints en toutes saisons. Tout au long du xixe siècle, les deux procédés de séchage sont en usage : l’un et l’autre sont signalés à Rouen dans la description de la teinturerie Osmont en 1807 et de celle spécialisée dans la teinte en rouge des Indes, route de Darnétal, l’année suivante. Dans cette même ville, l’usine de teinturerie et de blanchiment de coton située au carrefour de la rue des Petites-Eaux et du boulevard Martainville possède en 1878 des étentes à air, des étentes « avec persiennes » et des sècheries chaudes47.
Figure 9

La manufacture Oberkampf de Jouy-en-Josas, huile sur toile de Jean-Baptiste Huet, 1807, conservée au musée de la Toile de Jouy (Inv.920.1).
Reproduction musée de la Toile de Jouy.
Figure 10

Atelier textile, 27, rue Guynemer, Elbeuf (Seine-Maritime), 1994. Élévation extérieure ouest, détail.
© Christophe Kollmann (Région Normandie – Inventaire général).
- 48 BACHELU L., « Note sur un nouveau tuyau de chauffage à grande surface de chauffe », Société des sc (...)
- 49 LABOULAYE Charles, Complément du Dictionnaire…, op. cit., p. 618.
11Attestées dès le début du xixe siècle à Rouen et dans les communes alentour, les sècheries chaudes sont entièrement closes et équipées d’un système de chauffage assuré par des poêles (le plus souvent deux par sècherie) ou des calorifères (deux chez Lefranc à Darnétal). Chez Bulard, un bâtiment comprend une sècherie au rez-de-chaussée et une chambre chaude à l’étage, disposition que l’on retrouve chez Brunet (avec deux fourneaux sur les côtés de la sècherie) et chez Daliphard (avec étendage mécanique, élévateur et chauffage par tuyaux à ailettes48). Décrivant en 1861 les chambres chaudes (« de vastes chambres chauffées avec des poêles ou des courants d’air appelés soit par des ventilateurs, soit par des foyers spéciaux, soit enfin par des calorifères à eau chaude ou à vapeur »), Salvetat précise que leur largeur doit être de 4 à 5 m et qu’elles sont plus particulièrement adaptées aux tissus teints avec des couleurs « délicates » qui ont besoin de sécher rapidement49.
Les dépendances
- 50 AD Seine-Maritime, 2E2/185, 31 mars 1824 (Jobey à Elbeuf), Journal de Rouen, 4 février 1877.
- 51 Journal de Rouen, 2 novembre 1880 (Brunet à Darnétal).
- 52 Journal de Rouen, 23 juillet 1872 (Morel à Elbeuf).
12Les établissements de teinture comptent encore plusieurs hangars (trois en 1824 chez Jobey à Rouen, en 1872 chez Morel à Elbeuf et en 1877 chez Bulard à Rouen), affectés à divers usages, dont la teinture : à Darnétal, chez Gervais, la moitié d’un grand hangar abrite « un magasin et une tinnerie montée de six terrines et de trois baquets, ainsi que l’emplacement de cinq fourneaux avec quatre cheminées en briques et trois chaudières, dont une à teindre » ; celui faisant partie de la vente d’une « grande propriété » hameau de Bapeaume à Canteleu par le marquis Ducroc de Chabannes à Pierre Samuel Lecœur est « à usage de teinture » ; l’atelier de degrais de la teinturerie Morel à Elbeuf prend place sous un hangar où se trouvent « une essoreuse, trois paniers mécaniques à laver la laine et deux moulins à indigo », celui du petit teint sous un vaste hangar pouvant recevoir « huit chaudières pour teindre la laine ». D’autres accueillent des pompes, des fourneaux, des baquets, des étentes comme chez Gervais à Darnétal ou chez Jobey à Elbeuf50, une soute à charbon et des chaudières51 ou un magasin à laines52.
- 53 Journal de Rouen, 1er avril 1826, 3 août 1834, 15 août 1835, 20 février 1840, 4 septembre 1864, 23 (...)
- 54 Journal de Rouen, 1er avril 1826, 23 janvier 1872, 7 janvier 1877 ; AD Seine-Maritime, étude Lefèv (...)
- 55 Journal de Rouen, 1er avril 1826.
- 56 AD Seine-Maritime, étude Lefèvre, 13 avril 1826 ; Journal de Rouen, 27 juillet et 13 août 1820, 17 (...)
13Les moulins à indigo (un à trois selon les sites) sont également partie constituante des teintureries. Attestés dans plusieurs établissements à Rouen (Viel, Depeaux, place Saint-Hilaire, Bouteleu, Bulard), au Petit-Quevilly (Huet, Debons et Papin), à Elbeuf (Morel) et à Darnétal (Brunet, Querval)53, ils sont animés au moyen d’un manège chez Bulard, par l’énergie hydraulique chez Viel ou par la vapeur chez Morel54. Celui de la « très grande fabrique à usage de teinture en rouge des Indes, en bleu et autres couleurs » appartenant à Louis Viel broie indigo et noix de galle55. Des moulins à alizari sont mentionnés à Saint-Léger-du-Bourg-Denis (ici à neuf sillons), à Rouen, Déville-lès-Rouen et Notre-Dame-de-Bondeville56.
- 57 Journal de Rouen, 22 juillet 1838 (« moulin à bois de teinture abritant une paire de meules à effi (...)
14Plus exceptionnelle est la présence de moulins à bois de teinture, attestée en 1877 dans l’usine d’apprêt et de teinture du Camp Franc à Lisieux. La réduction de ces bois en poudre s’effectuait en effet plutôt dans des établissements indépendants, tels qu’on en trouve à Maromme, Manneville, Déville-lès-Rouen, Saint-Paul-sur-Risle, Elbeuf, Pont-Audemer et Darnétal57.
- 58 Journal de Rouen, 13 octobre 1802, 11 décembre 1838, 28 octobre 1878, 16 août 1879.
- 59 Journal de Rouen, 11 décembre 1838, 28 octobre 1878, 16 août 1879.
- 60 Journal de Rouen, 26 juin 1819, 24 novembre 1875, 7 janvier 1877.
- 61 Journal de Rouen, 13 octobre 1802, 14 mars 1822, 11 décembre 1838.
15Un logement patronal, des remises (à coton ou à voitures) ainsi que quelques parties agricoles – écuries surmontées ou non de greniers, magasins à fourrage, poulaillers… – complètent l’aménagement d’une teinturerie. Enfin, des jardins – potagers58, d’agrément ou anglais59 – sont plusieurs fois signalés. Parfois entourés en tout ou partie de haies ou de murs60, leur superficie peut atteindre une acre (environ 5 000 m²). En d’autres lieux se trouvent des vergers ou la présence « de quelques arbres d’espérance61 ».
Superficies
- 62 Journal de Rouen, 27 juillet 1820 (Saint-Léger-du-Bourg-Denis), 1er avril 1826 (rue du Cat-Rouge à (...)
- 63 Journal de Rouen, 2 août 1877.
16Les établissements de teinture et leurs ateliers sont souvent, comme les cours, qualifiés de grands ou de vastes62. Il y a sans doute derrière l’emploi de ces adjectifs le souhait de les rendre attractifs à la vente ou à la location, mais on peut aussi penser que les rédacteurs des annonces ont été impressionnés par leur superficie. Quelques-unes nous sont connues : la teinturerie Leroy, rue Eau-de-Robec à Rouen, s’étend sur environ 303 m² en 1819, celle en rouge des Indes et autres couleurs exploitée par Delahaye à Déville-lès-Rouen sur environ 1 800 m² en 1822, celle de Jean-Baptiste et Frédéric Gervais à Darnétal sur 3 696 m², celle qu’acquiert en 1838 Pierre Samuel Lecœur à Canteleu sur 21 370 m², l’usine Daliphard (blanchiment, teinture et apprêt) à Déville-lès-Rouen sur 32 770 m² environ en 1886. En 1877 à Rouen63, un tissage situé route de Caen occupe 10 860 m², la filature qui en dépend, route d’Elbeuf, 6 112 m².
- 64 Journal de Rouen, 11 août 1822, 1er juin et 29 octobre 1840.
17Les ateliers offrent de beaux volumes [fig. 11] : ceux qui constituent la teinturerie Gervais sont pour la plupart longs d’une dizaine de mètres et larges d’environ six mètres : ainsi en est-il pour une sècherie surmontée d’une étente (10 m x 6,10 m), une autre surmontée d’un logis et prolongée d’une étente (11,32 m x 4 m). Un des séchoirs de la teinturerie Lefranc, on l’a dit, est long de 70 m. De telles mesures ne sont pas exceptionnelles : chez Sèbe, deux ateliers de teinture atteignent chacun une vingtaine de mètres de longueur et plus de six mètres de largeur. Les hangars sont longs de 6 m ou de plus de 10 m, larges et hauts de plus de 7 m. En 1855, chez Daliphard, l’atelier de teinture et d’apprêt occupe 2 125 m², celui de blanchiment des apprêts de blanc 884 m², celui des écrus 1 360 m², le magasin aux drogues 206 m². Certaines filatures ont de bien moindres superficies : 144 m² au Petit-Quevilly, 176 m² à Malaunay, 213 et 439 m² à Saint-Pierre-de-Varengeville64.
Figure 11

Teinturerie, 38-42, rue Eau-de-Robec, Rouen (Seine-Maritime), 2023. Cet établissement (restauré), à deux étages carrés en pan de bois surmontés d’un étage de comble à usage de grenier-étente, ne compte pas moins de 13 travées.
© Yannick Lecherbonnier.
Matériaux de gros-œuvre et de couverture, niveaux et répartitions
- 65 Journal de Rouen, 3 septembre 1884 (Rouen, route de Darnétal).
- 66 Journal de Rouen, 26 juin 1819 (Rouen, rue Eau-de-Robec), 24 octobre 1838 (Canteleu, hameau de Bap (...)
- 67 « …en pierre jusqu’au premier plancher, le surplus en charpente et plâtre », Journal de Rouen, 26 (...)
18Les ateliers sont en rez-de-chaussée, parfois sur des caves « énormes65 » voûtées en pierre66, ou s’élèvent sur un ou deux étages carrés que surmonte un étage de comble. Le premier niveau est en brique ou en pierre, les niveaux supérieurs sont en pan-de-bois, ou charpente, hourdé de plâtre ou reçoivent, comme chez Duruflé à Louviers67, un essentage d’ardoise [fig. 12]. Plusieurs bâtiments, dont la fonction n’est pas toujours précisée, associent pan-de-bois et galandage (Morel à Elbeuf, Bulard à Rouen). Chez Daliphard, à Déville-lès-Rouen, l’une des dépendances est en brique, fer et bois, sans que l’on sache précisément s’il s’agit ici de pan-de-fer.
Figure 12

Teinturerie, 84, rue Eau-de-Robec, Rouen (Seine-Maritime), 2023. Lorsqu’elles n’ont pas été détruites, les teintureries rouennaises ont toutes été reconverties, le plus souvent en logements ou magasins pour celles situées rue Eau-de-Robec. Les programmes de réhabilitation ont été menés sans masquer ou modifier les matériaux de gros œuvre d’origine.
© Yannick Lecherbonnier.
- 68 AD Calvados, 5M777. Cet arrêté est rappelé dans un arrêté préfectoral du 21 mai 1816 autorisant pl (...)
19Conformément à un arrêté de la cour de parlement de Normandie du 12 août 1785, les sècheries chaudes sont couramment en rez-de-chaussée, en brique ou en pierre, voûtées et distantes des autres constructions afin de prévenir tout risque d’incendie68. Certaines, toutefois, reçoivent un niveau supplémentaire en pan-de-bois, comme chez Gervais en 1822 (« petite sècherie en maçonnerie de briques jusqu’au premier plancher, le surplus en charpente et plâtre ») ou chez Brunet en 1880 (« bâtiment construit partie en brique partie en charpente et galandage, comprenant un rez-de-chaussée à usage de sècherie).
- 69 Journal de Rouen, 23 janvier 1872 (« Un hangar en charpente en bois de chêne et galandage »), 14 m (...)
20Les hangars sont tous sur poteaux (douze pour celui de la teinturerie Gervais) reposant sur des dés en pierre. Ils sont partiellement clos, soit en maçonnerie, soit en briques (à chant entre les dés et au pourtour chez Gervais), les pignons recevant un pan-de-bois hourdé de plâtre69.
- 70 « L’atelier doit être pavé proprement, avec pente pour l’écoulement des eaux ; et lorsque le sol n (...)
21Sans que cela soit systématiquement signalé, les ateliers sont, comme les lavoirs et les cours, soigneusement pavés70 : disposées à plat dans une teinturerie rouennaise rue du Cat-Rouge, les briques forment couramment pavage dans les teintureries Leroy et Sèbe, ce dernier établissement faisant également usage de grès ou d’un assemblage de grès et de brique. Chez Ducroc de Chabannes, à Canteleu, plusieurs ateliers sont pavés en grès et sable ou en grès et ciment. Les greniers-étentes sont planchéiés en totalité ou seulement en partie, le reste étant alors pavé [fig. 13].
Figure 13

Manufacture de draps de laine Petou, 2, rue aux Bœufs, Elbeuf (Seine-Maritime). Vue intérieure du 4e étage. Lors de la réalisation de ce cliché, en 1984, le vaste grenier-étente conservait une partie de son pavage.
© Denis Couchaux (Région Normandie – Inventaire général).
22L’ardoise est le matériau de couverture privilégié tout au long du xixe siècle. La tuile n’est mentionnée que pour le petit teint et une remise chez Morel à Elbeuf, deux hangars et l’abri d’un moulin à indigo et de son manège chez Bulard à Rouen, un bâtiment contenant logement, magasin et passerie chez Leroy à Rouen. Dépendant de cette même teinturerie, la « boutique neuve » est la seule à être couverte en zinc.
- 71 Ibid. (article « Teinture » par Salvetat, p. 615-617).
23« Dans une teinturerie bien installée, pour ne pas gêner le service, il faut au moins trois salles affectées aux opérations de la teinture. Si on teint des laines, il est bon de réserver une salle spéciale pour le blanchiment ou essuintage ; on a dans tous les cas un atelier pour le bleu d’indigo […] et deux chambres spéciales dans lesquelles on exécute les autres nuances de grand et petit teint. Le laboratoire doit être spacieux, bien éclairé, suffisamment élevé […], les marchandises teintes, celles à teindre, celles à dessuinter […] doivent être séparées et placées dans des magasins distincts […]. L’atelier doit être pavé proprement […]. Un étendoir à air libre, un étendoir à couvert […] sont le complément forcé de tout atelier de teinture71… ». Les teintureries de la région rouennaise répondent globalement à ces prescriptions énoncées en 1861 par le chimiste Alphonse Salvetat (1820-1882). Spécialisées dans le rouge des Indes ou l’indigo, traitant la laine ou le coton, elles s’apparentent pour la plupart, au moins par leurs superficies, aux grandes usines textiles établies en milieu urbain. Les annonces parues dans la presse offrent des données essentielles sur leur aménagement. Livrant le nom des notaires des teinturiers, elles ouvrent également de nouvelles perspectives de recherche sur l’histoire sociale et économique de la teinturerie et de ses acteurs.
Notes
1 Les teintureries normandes ont été peu étudiées. Les nombreuses publications consacrées au textile portent sur les filatures, les tissages et les draperies, ignorant ou n’évoquant qu’allusivement les ateliers de blanchiment, d’apprêt et de teinture. L’article de FRUIT Véronique, « Lieux de travail, lieux de labeur. L’homme et l’eau dans la vallée de Darnétal (II) », Études normandes, no 37-2, 1988, p. 5-31, demeure essentiel. Les recherches, toujours en cours, ont été menées dans les archives départementales à partir des séries M (enquêtes et statistiques industrielles, demandes d’autorisation, arrêtés préfectoraux…), P (états de section des matrices cadastrales, matrices cadastrales et plans cadastraux), S (règlements d’eau) et U (actes de société), d’articles et de notices contenus dans les bulletins des sociétés savantes (Annuaire normand, Bulletin de la Société industrielle de Rouen, Bulletin de la Société de l’histoire d’Elbeuf…), de la presse locale, des dossiers de l’Inventaire et d’ouvrages généraux (LABOULAYE Charles, Complément du Dictionnaire des arts et manufactures, Paris, E. Lacroix, 1861, article « Teinture » par Salvetat ; FIGUIER Louis, Les Merveilles de l’industrie. Industries chimiques, Paris, Jouvet et Cie, s. d. ; TURGAN Jules, Les Grandes Usines, Paris, M. Lévy, 1865 ; L’Encyclopédie, vol. 23 et 40…). Une bibliographie exhaustive est consultable à l’INHA.
2 Consulté pour les années 1802 à 1898.
3 Journal de Rouen, 26 juin 1819 (« une grande porte charretière et passage commun à plusieurs, précédé d’un pont en pierre sur la rivière de Robec »), 2 novembre 1880 (« une grande cour ayant une sortie principale par une porte cochère sur la place de Carville et une autre sortie sur cette même place par un pont établi sur la rivière »).
4 Journal de Rouen, 7 janvier 1877, 2 novembre 1880, 5 décembre 1888 ; Archives départementales (AD) Seine-Maritime, 2E2/438.
5 AD Seine-Maritime, étude Lefèvre à Rouen, 13 avril 1826.
6 AD Seine-Maritime, 5M775, 5M776.
7 Journal de Rouen, 7 janvier 1877 (teinturerie Bulard, quai aux Meules à Rouen). « La clôture de l’établissement est primordiale à plusieurs titres. Elle délimite matériellement l’espace propre à la fabrique. Et elle évite les regards indiscrets prompts à s’emparer d’éventuels “secrets”, tout comme elle décourage les vols. Ce modèle est bien adapté aux zones semi-rurales où il s’inspire du schéma local de l’exploitation agricole. Mais on peut le retrouver jusqu’au centre des villes… ». FRUIT Véronique, art. cit., p. 22.
8 Journal de Rouen, 23 janvier 1872.
9 La teinturerie Lefranc à Darnétal est traversée par l’Aubette et aligne une partie de ses constructions le long du Robec.
10 Journal de Rouen, 6 octobre 1867.
11 Le hangar de la teinturerie Jobey à Rouen est pavé de grès. AD Seine-Maritime, 2E2/185, 31 mars 1824.
12 Journal de Rouen, 8 mai 1830, 19 juin 1808, AD Seine-Maritime, 2E2/185 (31 mars 1824), Journal de Rouen, 4 février 1877, et AD Seine-Maritime, 2E95/154.
13 Journal de Rouen, 23 janvier 1872. AD Eure, Dénombrement décennal de l’industrie manufacturière en 1860, 14 novembre 1861, et 19S2. FRUIT Véronique, op. cit., p. 19-20.
14 Journal de Rouen, 1er avril 1826, 23 janvier 1872, AD Seine-Maritime, 2E9/277 : 28 janvier 1886. Citons aussi la teinturerie Plantrou à Saint-Pierre-lès-Elbeuf, avec un bassin de 256 m² pour le dégraissage des laines.
15 Le terme « teinturerie » désigne à la fois un établissement de teinture, ou usine de teinturerie, et l’une des parties constituantes de celui-ci, où s’opère la teinture.
16 Journal de Rouen, 26 juin 1819.
17 Journal de Rouen, 13 octobre 1802 (teinturerie « proche la Cressonnière de Longpaon), AD Seine-Maritime, 2E2/185, 31 mars 1824.
18 Journal de Rouen, 14 mars 1822 ; AD Seine-Maritime, étude Lefèvre, à Rouen, 13 avril 1826.
19 GODEFROY Frédéric, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du xie au xve siècle, Paris, Émile Bouillon, 1892, t. 7, p. 720. La tine désigne aussi un « tonnelet dont le fond est plus large que haut pour le transport du beurre salé ou fondu » et un cuvier pour transporter la vendange dans les vignobles du sud de la France (ROUSSELIN Pierre, Les Mots oubliés de la forêt et du bois : dictionnaire des termes anciens, Paris, CNPF, 2018). Ce mot figure sous son diminutif tinette à la fin du xiiie siècle dans L’Oustillement au vilain (BnF, ms 837 ; NYSTRÖM Urban, Poèmes français sur les biens d’un ménage, depuis l’« Oustillement au villain » du xiiie siècle jusqu’aux « Controverses » de Gratien du Pont…, Helsinki, Société de littérature finnoise, 1940).
20 Journal de Rouen, 27 septembre 1839. D’autres, en bois et de différentes tailles, pour certaines cerclées de fer, garnissent la fabrique de garancine Busnot et Cie à Blosseville-Bonsecours (Journal de Rouen, 7 décembre 1840).
21 GRUTER Édouard, La Naissance d’un grand vignoble. Les seigneuries de Pizay et Tanay en Beaujolais au xvie et au xviie siècles, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1977, p. 75.
22 ESCANDE Jean, « Le dénombrement du Duc de Roquelaure à Préchac (entre 1652 et 1683) », Bulletin de la Société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers, 3e trimestre 1984, p. 336.
23 MAHUL Alphonse, Cartulaire et archives des communes de l’ancien diocèse et de l’arrondissement administratif de Carcassonne, Paris, V. Didron et Dumoulin, 1857-1882, vol. 2, p. 425.
24 VOINESSON de LAVELINES H., Cuirs et peaux. Bibliothèque de chimie industrielle, Paris, J.-B. Baillière et fils, coll. « Encyclopédie industrielle », 1894, p. 113.
25 ROUX Augustin, GOULIN Jean & AUBERT de LA CHESNAYE des BOIS François Alexandre, Dictionnaire domestique portatif, par une société de gens de lettres, Paris, Vincent, 1762-1764, t. III, 1764, p. 292.
26 LABOULAYE Charles, Complément du Dictionnaire…, op. cit., p. 621. Louis FIGUIER (Les Merveilles de l’industrie…, op. cit., p. 698) reprend cette définition.
27 LAMI Eugène-Oscar, Dictionnaire encyclopédique et biographique de l’industrie et des arts industriels, Paris, Librairie des Dictionnaires, 1881-1888, t. VII, 1887, p. 102. Sur les passes, voir également DUMAS Jean-Baptiste, Précis de l’art de la teinture, Paris, Béchet jeune, 1846. De nombreuses activités artisanales ou industrielles (textile, savonnerie, parfums…) font appel au terme de « passée » pour décrire différentes manutentions d’un produit ou ses passages successifs dans des machines.
28 La dernière mention figure dans le Journal de Rouen du 8 mai 1830 (teinturerie en rouge des Indes, rue Eau-de-Robec à Rouen). Le terme est utilisé dans un acte notarié du 18 octobre 1838 concernant la vente d’une teinturerie située Hameau de Bapeaume à Canteleu par le marquis Ducroc de Chabannes et sa femme à Pierre Samuel Lecœur (AD Seine-Maritime, 2E35/32).
29 Dossier d’Inventaire IA00022211 (sans références documentaires).
30 Journal de Rouen, 26 juin 1819.
31 La teinturerie Lefranc à Darnétal comprend un atelier de teinture divisé en deux chambres à teinture (AD Seine-Maritime, 2E2/438, 5 décembre 1888).
32 AD Eure, 5M229, teinturerie Ferret à Pacy-sur-Eure, arrêté préfectoral du 6 avril 1868. Les eaux devaient être recueillies dans une citerne étanche et rejetées dans la rivière seulement la nuit.
33 Journal de Rouen, 2 mars 1838.
34 L’Encyclopédie, vol. 23, p. 489.
35 Conformément à plusieurs règlements pris au cours de l’époque moderne (règlement de 1666, lettres patentes du 5 mai 1779…), les teinturiers étaient soit des teinturiers de grand teint, ou bon teint, soit des teinturiers de petit teint, ou faux teint. Les premiers ne devaient utiliser « que les meilleures drogues, et celles qui font les couleurs solides et assurées ». Les seconds ne pouvaient faire usage que « des drogues médiocres, et qui font de fausses couleurs, des couleurs qui ne tiennent point ». Les étoffes de qualité étaient réservées au grand teint auquel appartenait, de préférence, le bleu, le rouge, le jaune et le vert (PEUCHET Jacques, Dictionnaire universel de la géographie commerçante, Paris, Blanchon, an VII-an VIII, t. 1 ; SAVARY des BRUSLONS Jacques, Dictionnaire universel du commerce, Paris, Vve Estienne et fils, 1748, t. 3 ; LEHMAN Christine, « L’art de la teinture à l’Académie royale des sciences au xviiie siècle », Méthodos. Savoirs et Textes, 12-2012, [en Ligne], http://journals.openedition.org/methodos/2874 [lien valide en septembre 2022].)
36 Journal de Rouen, 28 janvier 1872, 4 février 1877.
37 TURGAN Jules, Les Grandes Usines…, op. cit., p. 95 : « Les chaudières sont d’inégale grandeur pour faciliter le travail de la laine dont la quantité est très variable car les teints sont plus ou moins forts, suivant le désir du fabricant… On compte à peu près 40 kilogrammes de laine sèche par 1 000 litres de capacité, et cette quantité déterminée s’appelle drap. »
38 Ibid., p. 98 (Établissements de M. Charles Flavigny à Elbeuf) : « l’atelier de chaudières ou petit-teint comprend 16 chaudières de différentes grandeurs, toutes sur la même ligne, et dans lesquelles on peut teindre facilement par jour en opérations simples de 55 à 56 draps, soit 2 200 kilogrammes de laine sèche. » Les chaudières sont chauffées à la houille ou à la vapeur ; ce dernier procédé est mis en œuvre en 1823 par le teinturier Duruflé à Louviers (dossier d’Inventaire IA00019061, sans référence documentaire).
39 Ces cuves (diam. 2 m, haut. 2,66 m), estimées plus économiques que celles à la potasse, demandaient plus de soin, étaient plus difficiles à conduire mais n’exigeaient que deux hommes pour deux cuves (DUMAS Jean-Baptiste, Traité de chimie appliquée aux arts, Paris, Béchet jeune, 1828-1846, t. 8, 1846, p. 212).
40 Journal de Rouen, 20 février 1840, 6 juin 1884. La cuve à la chaux et au vitriol, l’une des trois cuves utilisées pour la teinture en bleu par l’indigo (ORFILA Matthieu Jacques Bonaventure, Éléments de chimie appliquée à la médecine et aux arts, 4e édition, Paris, Baillière, Gabon et Cie, Villeret et Cie, 1828, t. 2, p. 211), était réputée donner de très belles nuances (Dictionnaire technologique ou nouveau dictionnaire universel des arts et métiers, Paris, Thomine, 1822-1835, t. 11, 1827, p. 218).
41 Journal de Rouen, 2 novembre 1880. Des cuves en maçonnerie sont installées en 1886 chez Coppé à Roncherolles-sur-le-Vivier.
42 Journal de Rouen, 15 août 1835. En 1863, un Rouennais, Lechevallier, présenta un système d’étentes en fer « composé de montants verticaux reliés par des traverses sur lesquelles se placent des cadres munis de toiles métalliques ». Le jury chargé d’apprécier cette invention conclut que son seul avantage était de « substituer le fer au bois » ; il décerna toutefois à son inventeur une mention honorable (Annuaire des Cinq départements de la Normandie, 1863, p. 618). Sur les étentes, voir CHAPLAIN Jean-Michel, La Chambre des tisseurs. Louviers, cité drapière : 1680-1840, Seyssel, Champ Vallon, 1984, p. 199 et suivantes.
43 Journal de Rouen, 27 juillet 1820, 1er avril 1826.
44 Journal de Rouen, 13 octobre 1802, 26 juin 1819, 15 janvier 1888.
45 Journal de Rouen, 9 septembre 1807, 27 juillet 1820, 14 mars 1822, 8 mai 1830, 7 janvier 1877. Les greniers-étentes ne sont pas spécifiques à la région rouennaise. De tels bâtiments sont signalés à Sainte-Marie-aux-Mines, en Alsace. Voir FLUCK Pierre, Diagnostic des sites industriels du Val d’Argent. 1re partie : Sainte-Marie-aux-Mines, côté dit « d’Alsace », CRESAT, septembre 2007.
46 Journal de Rouen, 7 janvier 1877.
47 Journal de Rouen, 9 septembre 1807, 19 juin 1808, 28 octobre 1878.
48 BACHELU L., « Note sur un nouveau tuyau de chauffage à grande surface de chauffe », Société des sciences industrielles de Lyon, Lyon, 1880, p. 218-222. Il s’agit d’un tuyau en fonte (puis en tôle soudée ou en fer), plus solide qu’un tuyau en cuivre, avec un pouvoir rayonnant plus important que celui offert par un tuyau à surface unie et une plus grande surface de chauffe.
49 LABOULAYE Charles, Complément du Dictionnaire…, op. cit., p. 618.
50 AD Seine-Maritime, 2E2/185, 31 mars 1824 (Jobey à Elbeuf), Journal de Rouen, 4 février 1877.
51 Journal de Rouen, 2 novembre 1880 (Brunet à Darnétal).
52 Journal de Rouen, 23 juillet 1872 (Morel à Elbeuf).
53 Journal de Rouen, 1er avril 1826, 3 août 1834, 15 août 1835, 20 février 1840, 4 septembre 1864, 23 janvier 1872, 30 avril 1875, 7 janvier 1877, 7 octobre 1879, 2 novembre 1880, 15 janvier 1888, 14 décembre 1888.
54 Journal de Rouen, 1er avril 1826, 23 janvier 1872, 7 janvier 1877 ; AD Seine-Maritime, étude Lefèvre à Rouen, 13 avril 1826.
55 Journal de Rouen, 1er avril 1826.
56 AD Seine-Maritime, étude Lefèvre, 13 avril 1826 ; Journal de Rouen, 27 juillet et 13 août 1820, 17 avril 1821, 8 février et 27 août 1822.
57 Journal de Rouen, 22 juillet 1838 (« moulin à bois de teinture abritant une paire de meules à effiler le bois, une batterie de vingt pilons pour l’alizari, une autre de vingt et un pilons pour battre les galles, une papilloteuse ou machine à couper les buches ». Sur les papilloteuses, voir TURGAN Jules, op. cit., p. 94), 28 avril 1843 (moulin Fauquet-Lemaitre), 30 juin 1861, 22 et 26 mai 1874 (scierie Picard, avec scies et coupeuse à bois de teinture, « le tout mis en mouvement par des cuirasses ». Les cuirasses désignent des courroies. Cette dernière annonce précise que le moulin à triturer le tartre et ses accessoires ne sont pas compris dans la vente), 4 août 1875 (matériel d’établissement de trituration de bois de teinture, dont moulin à pilon, papilloteuses, meule, cabestan, bluteries, scies circulaires), 17 juin 1886 (usine Blin, rue Thiers. L’annonce contient une description détaillée de l’outillage).
58 Journal de Rouen, 13 octobre 1802, 11 décembre 1838, 28 octobre 1878, 16 août 1879.
59 Journal de Rouen, 11 décembre 1838, 28 octobre 1878, 16 août 1879.
60 Journal de Rouen, 26 juin 1819, 24 novembre 1875, 7 janvier 1877.
61 Journal de Rouen, 13 octobre 1802, 14 mars 1822, 11 décembre 1838.
62 Journal de Rouen, 27 juillet 1820 (Saint-Léger-du-Bourg-Denis), 1er avril 1826 (rue du Cat-Rouge à Rouen), 27 janvier 1884 (place Carville à Rouen), 6 juin 1884 (Petit-Quevilly) ; 5M775, Rouen, rue Eau-de-Robec (1821 et 1822, vaste hangar ; 1846, très vaste hangar), Journal de Rouen, 23 janvier 1872 (vaste hangar).
63 Journal de Rouen, 2 août 1877.
64 Journal de Rouen, 11 août 1822, 1er juin et 29 octobre 1840.
65 Journal de Rouen, 3 septembre 1884 (Rouen, route de Darnétal).
66 Journal de Rouen, 26 juin 1819 (Rouen, rue Eau-de-Robec), 24 octobre 1838 (Canteleu, hameau de Bapeaume).
67 « …en pierre jusqu’au premier plancher, le surplus en charpente et plâtre », Journal de Rouen, 26 juin 1819 ; « grand atelier construit en partie en brique et le surplus en charpente, à usage de teinturerie » (Journal de Rouen, 2 novembre 1880).
68 AD Calvados, 5M777. Cet arrêté est rappelé dans un arrêté préfectoral du 21 mai 1816 autorisant plusieurs constructions. Un arrêté préfectoral du 4 juin 1841 réglementant les installations dans la teinturerie de Charles François Leveillé à Rouen précise que la sècherie doit être en maçonnerie de brique avec voûte en brique et tirants en fer, « le tout de la manière la plus solide possible ». Aucun bois ne doit être déposé à l’intérieur ; les deux fourneaux installés à chaque extrémité du bâtiment doivent être construits « aussi solidement que possible de manière que les tuyaux au pourtour puissent être recouverts afin d’éviter les accidents de feu » ; les cheminées en brique doivent être « édifiées jusqu’à 1 m au-dessus du faîte de la sècherie » (AD Seine-Maritime, 5M776).
69 Journal de Rouen, 23 janvier 1872 (« Un hangar en charpente en bois de chêne et galandage »), 14 mars 1822.
70 « L’atelier doit être pavé proprement, avec pente pour l’écoulement des eaux ; et lorsque le sol n’est pas en pierre inattaquable aux acides, il convient de l’enduire de chaux et de ciment pour que les eaux d’éclaboussure et d’égouttage n’y séjournent pas. » (LABOULAYE Charles, Complément du Dictionnaire…, op. cit., p. 616).
71 Ibid. (article « Teinture » par Salvetat, p. 615-617).
Haut de pageTable des illustrations
![]() |
|
---|---|
Titre | Figure 1 |
Légende | Objet d’un programme de réhabilitation dans les années 1970, la rue Eau-de-Robec à Rouen (Seine-Maritime) avait vu s’établir de nombreuses teintureries. Créé à cette occasion, le cours d’eau qui la longe évoque le Robec, canalisé et enterré entre 1938 et 1941. |
Crédits | © Yannick Lecherbonnier, 2023. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/38460/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 338k |
![]() |
|
Titre | Figure 2 |
Légende | Usine de teinturerie, de blanchiment et d’impression sur étoffes Thuillier et Bonnefond, rue Alsace-Lorraine, Darnétal (Seine-Maritime). Ateliers, logement et dépendances se dressent sur une cour close de murs et traversée par un cours d’eau. En-tête de papier à lettre, auteur anonyme, s. d., conservé à la Bibliothèque municipale de Rouen (fonds Fortin). |
Crédits | Reproduction Yvon Miossec (Région Normandie – Inventaire général). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/38460/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 341k |
![]() |
|
Titre | Figure 3 |
Légende | Teinturerie Jules-Voisin, puis Gustave-Hue, au 16, rue du Pré-Bazile, Elbeuf (Seine-Maritime). Affectée au traitement des déchets de laine et à la teinture de la laine en bourre, l’usine est construite en bordure de Seine vers 1870. Inactive à la veille de la Seconde Guerre mondiale, elle est détruite au cours des années 1970 lors de la rénovation du quartier du Puchot. En-tête de papier à lettre, auteur anonyme, 1900, conservé à la Bibliothèque municipale de Rouen (fonds Fortin). |
Crédits | Reproduction Christophe Kollmann (Région Normandie – Inventaire général). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/38460/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 311k |
![]() |
|
Titre | Figure 4 |
Légende | Au milieu du xixe siècle, la teinturerie Flavigny est l’une des plus importantes d’Elbeuf (Seine-Maritime). En 1864, elle livre quotidiennement 2800 kg à 3200 kg de laine teinte. Le long de la Seine des ateliers flottants sont aménagés pour le lavage des laines. Magasins, lavage de laine et pontons, gravure de H. de Laville, extrait de Les Grandes Usines, Jules Turgan, 1860-1882, tome V, Paris, M. Lévy, p. 73. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/38460/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 397k |
![]() |
|
Titre | Figure 5 |
Légende | Teinturerie de laine Plantrou, puis Dubost, à Saint-Pierre-lès-Elbeuf (Seine-Maritime), route de Louviers. Plan pour la construction d’une dérivation pour l’établissement de deux paniers à laver les laines, auteur anonyme, 1859, conservé aux Archives départementales de Seine-Maritime (série 7S). |
Crédits | Reproduction Christophe Kollmann (Région Normandie - Inventaire général). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/38460/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 220k |
![]() |
|
Titre | Figure 6 |
Légende | « Mise en teinture », manufacture de draps Bruyant-Desplanques, Elbeuf (Seine-Maritime), 1867. « Bain de teinture. Le bain de teinture est contenu dans une grande cuve en cuivre, encastrée dans un massif de maçonnerie en brique et chauffée au moyen d’un foyer à charbon situé en-dessous. À l’aide de grands râteaux, les ouvriers retournent la laine dans la cuve, puis la laissent égoutter ». Photographie extraite d’un album de la société Bruyant-Desplanques, conservé au Centre d’archives patrimoniales de la Fabrique des savoirs, Elbeuf. |
Crédits | © photographe inconnu / Reproduction Centre d’archives patrimoniales de la Fabrique des savoirs, Elbeuf. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/38460/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 180k |
![]() |
|
Titre | Figure 7 |
Légende | « Dégraissage de la laine », manufacture Bruyant-Desplanques, Elbeuf (Seine-Maritime), 1867. Au sortir des cuves de dégraissage, les laines sont essorées sur une machine dite à exprimer les laines dégraissées, ou exprimeuse. Une machine semblable à celle-ci est représentée dans le chapitre consacré à la teinturerie Flavigny d’Elbeuf par Jules Turgan (Les Grandes Usines, 1860-1882, tome V, p. 80) qui en décrit ainsi le fonctionnement : « L’exprimeuse se compose de deux rouleaux en fonte, marchant l’un sur l’autre et dans le même sens, et d’un système de leviers permettant d’augmenter ou de diminuer […] la pression de ces rouleaux […]. À l’avant et à l’arrière […] se trouvent deux tabliers mobiles, dont l’un prend la laine que l’on y pose avec la fourche […] l’autre la reçoit après l’opération ». Photographie extraite d’un album de la société Bruyant-Desplanques, conservé au Centre d’archives patrimoniales de la Fabrique des savoirs, Elbeuf. |
Crédits | © photographe inconnu / Reproduction Centre d’archives patrimoniales de la Fabrique des savoirs, Elbeuf. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/38460/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 206k |
![]() |
|
Titre | Figure 8 |
Légende | « Atelier des chaudières », usine de teinturerie Louis Robert Flavigny, 29, rue de la République, Elbeuf (Seine-Maritime). Dessin de Jonnard, extrait de Les Grandes Usines, Jules Turgan, 1860-1882, tome V, Paris, M. Lévy, p. 105. |
Crédits | Reproduction Christophe Kollmann (Région Normandie – Inventaire général). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/38460/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 383k |
![]() |
|
Titre | Figure 9 |
Légende | La manufacture Oberkampf de Jouy-en-Josas, huile sur toile de Jean-Baptiste Huet, 1807, conservée au musée de la Toile de Jouy (Inv.920.1). |
Crédits | Reproduction musée de la Toile de Jouy. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/38460/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 222k |
![]() |
|
Titre | Figure 10 |
Légende | Atelier textile, 27, rue Guynemer, Elbeuf (Seine-Maritime), 1994. Élévation extérieure ouest, détail. |
Crédits | © Christophe Kollmann (Région Normandie – Inventaire général). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/38460/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 427k |
![]() |
|
Titre | Figure 11 |
Légende | Teinturerie, 38-42, rue Eau-de-Robec, Rouen (Seine-Maritime), 2023. Cet établissement (restauré), à deux étages carrés en pan de bois surmontés d’un étage de comble à usage de grenier-étente, ne compte pas moins de 13 travées. |
Crédits | © Yannick Lecherbonnier. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/38460/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 218k |
![]() |
|
Titre | Figure 12 |
Légende | Teinturerie, 84, rue Eau-de-Robec, Rouen (Seine-Maritime), 2023. Lorsqu’elles n’ont pas été détruites, les teintureries rouennaises ont toutes été reconverties, le plus souvent en logements ou magasins pour celles situées rue Eau-de-Robec. Les programmes de réhabilitation ont été menés sans masquer ou modifier les matériaux de gros œuvre d’origine. |
Crédits | © Yannick Lecherbonnier. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/38460/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 168k |
![]() |
|
Titre | Figure 13 |
Légende | Manufacture de draps de laine Petou, 2, rue aux Bœufs, Elbeuf (Seine-Maritime). Vue intérieure du 4e étage. Lors de la réalisation de ce cliché, en 1984, le vaste grenier-étente conservait une partie de son pavage. |
Crédits | © Denis Couchaux (Région Normandie – Inventaire général). |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/38460/img-13.jpg |
Fichier | image/jpeg, 241k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Yannick Lecherbonnier, « Teindre à Rouen au xixe siècle », In Situ [En ligne], 50 | 2023, mis en ligne le 07 juin 2023, consulté le 27 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/insitu/38460 ; DOI : https://doi.org/10.4000/insitu.38460
Haut de pageDroits d’auteur
Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
Haut de page