1La pratique et la transmission des musiques et danses traditionnelles comme la création artistique qui en procède, à la croisée des musiques actuelles et de celles de l’oralité, jouissent aujourd’hui d’une réelle vitalité et d’un ancrage institutionnel plus que trentenaire.

2Elles entretiennent en outre un lien étroit avec les collectes sonores formant un patrimoine qui a peu à peu trouvé sa place au sein de centres d’archives. Pour autant, le traitement documentaire de ces données, parfois des décennies après la réalisation des enregistrements, questionne les professionnels du patrimoine, de même que leur utilisation, dans des contextes profondément renouvelés par rapport aux pratiques enregistrées et aux contextes et présupposés des enregistrements, interpelle chercheurs et pédagogues mobilisés par leur médiation.

3Produit d’une dynamique de recherche française et italienne dans le domaine de l’ethnomusicologie, ce numéro propose ainsi une vue d’ensemble des processus de patrimonialisation des musiques et danses dites traditionnelles, interrogeant les ambitions, les intentions et les réalisations d’une pluralité d’acteurs de l’entrée dans l’ère revivaliste – au cours des années 1960 – jusqu’à l’ère post-revivaliste, à partir de la seconde moitié des années 2000.

4Il explore selon trois axes les modalités d’avènement et les déclinaisons de cet « âge patrimonial » (Daniel Fabre) des musiques de l’oralité. Il aborde en premier lieu les présupposés et les ressorts du mouvement de collecte comme ceux de sa réinterprétation. Le deuxième axe présente divers jalons monographiques de l’histoire des revivalismes que prolonge le troisième axe, s’attachant plus particulièrement à l’institutionnalisation des pratiques ainsi qu’aux legs du revivalisme.

5Sans rechercher systématiquement une approche comparative entre les deux pays, ces seize articles et restitutions de tables rondes dessinent entre territoires français et italiens, réseaux transrégionaux et transnationaux de chercheurs et de collecteurs, une dynamique commune qui se décline différemment dans le temps et dans l’espace, au gré des décalages générationnels et des histoires politiques, universitaires et culturelles.

The issue in brief

6The practice and transmission of traditional music and dance, and the artistic creation that stems from it, at the crossroads of contemporary and oral music, now enjoy a real vitality and an institutional base that goes back more than thirty years.

7They also maintain a close link with the sound collections that form a heritage that has gradually found its place in archive centres. However, the documentary processing of this data, sometimes decades after the recordings were made, raises questions for heritage professionals, just as its use, in contexts that are profoundly different from the practices recorded and the contexts and presuppositions of the recordings, challenges researchers and educationalists involved in its mediation.

8This issue, as the product of a dynamic process of French and Italian research in the field of ethnomusicology, offers an overview of the processes involved in the patrimonialisation of so-called traditional music and dance, examining the ambitions, intentions and achievements of a number of players from the start of the revivalist era – in the 1960s – to the post-revivalist era, from the second half of the 2000s onwards.

9It explores the ways in which this “patrimonial age” (Daniel Fabre) of oral music came into being and the ways in which it has developed in three ways. Firstly, it looks at the presuppositions and driving forces behind the collection movement and its reinterpretation. The second section presents various monographic milestones in the history of revivalism, which the third section extends, focusing in particular on the institutionalisation of practices and the legacies of revivalism.

10Without systematically seeking a comparative approach between the two countries, these sixteen articles and round table reports outline a common dynamic between French and Italian territories, trans-regional and transnational networks of researchers and collectors, which is expressed differently in time and space, according to generational shifts and political, academic and cultural histories.