De la parure au mobilier : exposer le bibelot en 1925
Résumés
À l’occasion de l’Exposition internationale de 1925, la tabletterie est regroupée au sein de la 9e classe. Elle intègre désormais le groupe « accessoires du mobilier » et quitte ainsi la catégorie consacrée à la parure où elle était jusqu’à présent rangée. Ce glissement – de la parure au mobilier – doit être interrogé. Cette nouvelle classification n’est-elle pas symptomatique de la place qu’occupe désormais le bibelot dans les intérieurs modernes ? Henri Verne et René Chavance dans l’ouvrage Pour comprendre l’art décoratif moderne publié en 1925 relèvent en effet la fonction profondément individualisante du bibelot. Selon eux, il apporterait une « note personnelle » dans un intérieur devenu homogène et uniforme, celui-là même que défend et expose Le Corbusier en 1925. À travers l’étude attentive et minutieuse de ces menus objets, de leur extrême diversité comme des matières employées, sera mise en exergue l’union de l’art et de l’industrie à l’aune de la problématique revendiquée par l’exposition elle-même. L’intitulé même de la 9e classe est révélateur de cette diversité. Contrairement aux autres classes composant le groupe (la 10e classe est consacrée au métal, la 11e à la céramique, la 12e au verre), elle n’est pas identifiée par une matière en particulier. À travers l’étude de la 9e classe, nous nous proposons de mettre en exergue la singularité ambivalente du bibelot : objets d’art ou d’industrie ?
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Mots-clés :
tabletterie, ivoire, corne, écaille, galalithe, matières plastiques, nécessaire de toilette, maroquinerie, Louis Vuitton, peignes, Auguste Bonaz, Georges Bastard, O’Kin, brosserieKeywords:
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- 2 Quelques études lui ont été consacrées. Signalons : PETY Dominique, Poétique de la collection au xi (...)
- 3 SERPEILLE François, « Des bibelots anciens aux bibelots modernes », Au jardin de l’Infante, no 6, a (...)
1C’est en accordant une attention sérieuse aux propos de Pierre de Trévières que nous nous interrogeons sur le bibelot, sa définition et la place qu’il mérite2. Rappelons que l’étymologie du terme, incertaine – il pourrait s’agir d’une onomatopée –, révèle d’abord la petitesse de l’objet : « bibelot » dériverait de « bimbelot » et serait formé sur la racine « bib » qui signifie, en ancien français, « menue chose ». Le terme désigne en effet un petit objet, de luxe, de collection ou de curiosité. Une connotation péjorative lui est parfois associée à la fin du xixe siècle, car il peut alors renvoyer à une « babiole », c’est-à-dire à une chose de peu de valeur. Cependant, dans le premier tiers du xxe siècle, le bibelot, auquel est accolé l’adjectif « moderne », se voit bien souvent conférer les plus belles qualités. Le journaliste François Serpeille, dans un article intitulé « Des bibelots anciens aux bibelots modernes », publié en 1924, écrit : « De nos jours, le bibelot est devenu l’indispensable superflu3. » C’est dire, par une expression oxymorique, toute l’ambiguïté de ces objets : sont-ils si futiles, si inutiles ou accèdent-ils, dans l’histoire des arts, à un statut particulier qu’il convient de définir et de dater ? Nous verrons combien les bibelots qui ornent, dans le premier tiers du XXe siècle, les intérieurs modernes se définissent clairement par opposition à ceux qui agrémentaient les intérieurs bourgeois de la fin du xixe siècle. Nous qualifierons donc ces derniers de « symbolistes » en référence au mouvement artistique qui leur est contemporain. C’est sous ce prisme antagoniste que nous définirons au mieux les principales caractéristiques du bibelot moderne tel qu’il se conçoit en 1925, en rupture avec la tradition. Nous montrerons ensuite que c’est lors de l’Exposition de 1925, et surtout dans l’organisation de la 9e classe consacrée à la tabletterie et à la maroquinerie, que le bibelot se découvre dans sa singularité ambivalente : est-il objet d’art ou d’industrie ?
Bibelot moderne versus bibelot symboliste
- 4 BOSC Ernest, Dictionnaire d’art, de curiosité et du bibelot, Paris, Firmin-Didot, 1883, p. xiii.
- 5 FLAUBERT Gustave, Bouvard et Pécuchet, Paris, Alphonse Lemerre, 1881, p. 127.
- 6 HUYSMANS Joris-Karl, À Rebours, Paris, G. Charpentier, 1884.
2Au xixe siècle, le bibelot est étroitement associé à l’objet de curiosité et de collection. En 1883, Ernest Bosc, dans son Dictionnaire, explicite ainsi le plan de son ouvrage : « enfin nous traitons des menus objets de la curiosité, du bibelot, puisqu’il faut l’appeler par son nom4 ». La littérature nous fournit par ailleurs quelques exemples de la place qu’occupe le bibelot, en tant qu’objet de collection, dans l’aménagement intérieur. Ces objets sont fortement dépréciés chez Gustave Flaubert, par exemple dans son roman Bouvard et Pécuchet publié à titre posthume en 1881 : la collection de bibelots des deux héros éponymes devient une autre preuve de leur bêtise et de leur mauvais goût5. En 1884, Huysmans dépeint, dans À Rebours, le personnage de Des Esseintes, un esthète maladif et décadent qui s’entoure de multiples objets censés réveiller le plaisir des sens6. En tant qu’objet de curiosité, le bibelot est aussi considéré, de facto, comme un fragment d’art et du passé. C’est ce qu’explique l’écrivain Paul Bourget, dans son Nouvel essai de psychologie contemporaine publié en 1885 :
- 7 BOURGET Paul, Essais de psychologie contemporaine : Baudelaire, M. Renan, Flaubert, M. Taine, Stend (...)
Le bibelot, – ce minuscule fragment de l’œuvre d’art, qui met sur un coin d’une table de salon quelque chose de l’Extrême Orient et quelque chose de la Renaissance, un peu du Moyen Âge français et un peu du xviiie siècle ! le bibelot, – qui a transformé la décoration de tous les intérieurs et leur a donné une physionomie d’archaïsme si continuement [sic] curieuse et si docilement soumise que notre xixe siècle, à force de colliger et de vérifier tous les styles, aura oublié de s’en fabriquer un ! Le bibelot, – manie raffinée d’une époque inquiète où les lassitudes de l’ennui et les maladies de la sensibilité nerveuse ont conduit l’homme à s’inventer des passions factices de collectionneur […]. C’est une mode, et qui s’en ira comme une autre ; mais l’analyste de notre société contemporaine ne peut pas plus la négliger que l’historien du Grand Siècle ne saurait laisser sous silence le paysage taillé du parc de Versailles7.
- 8 THIERS Adolphe, « Bibelot », in BERTHELOT Marcellin (dir.), La Grande Encyclopédie : inventaire rai (...)
- 9 HAVARD Henry, Dictionnaire de l’ameublement et de la décoration depuis le xiiie siècle jusqu’à nos (...)
3En 1895, Adolphe Thiers, auteur de l’article consacré au bibelot publié dans la Grande Encyclopédie, le définit ainsi : « ce terme, qui originairement servit à désigner un assemblage d’objets très divers, petits et de mince valeur, est aujourd’hui employé généralement par les amateurs et les antiquaires dans le sens d’objets d’art, curieux et vieux8 ». Enfin, le Dictionnaire de l’ameublement et de la décoration, publié en 1894, précise qu’il est aujourd’hui « employé pour désigner les objets d’étagère, les menues curiosités et les antiquités ayant un caractère peu sévère9 ».
- 10 Dominique Pety affirme : « Dans le dernier tiers du [xixe] siècle, deux modalités de la collection (...)
- 11 Nous lisons ainsi dans Femina : « Retrouver l’atmosphère de chez vous, votre propre goût grâce à qu (...)
4À mesure qu’un nouvel espace de vie émerge, une nouvelle fonction est attachée aux bibelots10. La place qu’ils doivent occuper dans l’intérieur moderne est ainsi redéfinie. Âprement sélectionné, le bibelot dit moderne prétend relever l’aménagement intérieur d’une note gaie contribuant à l’harmonie d’un ensemble11. C’est ce que précisent Henri Verne et René Chavance dans l’ouvrage Pour comprendre l’art décoratif moderne publié en 1925 :
- 12 CHAVANCE René & VERNE Henri, Pour comprendre l’art décoratif moderne en France, Paris, Hachette, 19 (...)
Dans un appartement harmonieusement aménagé, selon des conditions où la raison et le sens pratique ont une bonne part, les bibelots représentent la fantaisie. Comme sur un tableau dont le peintre a doctement construit les plans et les volumes, gradué les valeurs, quelques touches vives, librement posées, viennent relever un ton, accrocher une lumière, de même sur le fond bien composé d’un ameublement, les bibelots apportent l’imprévu de leur coloris, le charme de leur galbe et de leur préciosité. Ils y mettent une note personnelle. Si le choix des maîtres de maison s’exerce sur les pièces principales de leur mobilier, il est limité par le nombre restreint des types que la coutume a consacrés, bridé par les motifs utilitaires ou soumis aux volontés du décorateur qui, parfois, sont impérieuses. Pour les bibelots au contraire, dont la variété est infinie, qui n’existent que pour le plaisir des yeux et qu’on se procure au hasard des rencontres, l’acheteur n’a de guide que son bon goût et son inclination du moment. Par ses préférences, il révèle un peu de lui-même et aussi par la façon dont il dispose chez lui un vase, une coupe ou un bel objet. Chose curieuse : en notre temps, où l’on veut un intérieur net, débarrassé de toute encombrante inutilité, on aime plus que jamais les bibelots sans doute par réaction contre une logique trop rigoureuse12.
- 13 Le décorateur Georges Remon va d’ailleurs jusqu’à évoquer « l’air frelaté des bibelots de l’époque (...)
5Il semble dès lors que le bibelot dit moderne se définisse en opposition frontale au bibelot de l’époque symboliste13. Cette idée est également clairement exprimée par l’orfèvre Henri Lapparra qui écrit en 1929 :
- 14 LAPPARRA Henri, « L’orfèvrerie et la décoration », Art, goût, beauté : feuillets de l’élégance fémi (...)
Il y a quelques années, il était élégant d’encombrer chaque meuble d’une multitude de bibelots, où le bronze, la porcelaine, l’ivoire, étaient mis à contribution. Certains de ces petits objets avaient un caractère artistique indéniable, mais ils perdaient dans la foule des autres tout intérêt. Les décorateurs modernes supprimèrent ce désordre et demandèrent aux orfèvres de concevoir des objets qui, par leur forme et leur matière agrémenteraient en taches lumineuses la sévérité des meubles modernes14.
- 15 Plusieurs d’entre elles consacrent une rubrique au bibelot moderne. Citons, par exemple, la rubriqu (...)
- 16 SERPEILLE François, art. cit., p. 11.
- 17 « Le bibelot d’art de notre époque », Parade, 15 septembre 1928, p. 15.
- 18 « Qu’après le grand bruit fait autour de l’Exposition des arts décoratifs, beaucoup de Français son (...)
6Au regard des différentes publications15, plusieurs caractéristiques émergent. En premier lieu, le bibelot moderne fait l’objet d’une rude sélection. En effet, il n’y a, dans l’intérieur moderne tel qu’il est exposé dans les différents salons, ni amas, ni amoncellement, ni désordre. Il contribue, en second lieu, à égayer l’intérieur, il apporte une certaine fantaisie. François Serpeille insiste plus particulièrement sur cette fonction et écrit : « il donne plus de douceur à la maison, crée pour les yeux et l’esprit une fête légère, une compagnie favorable à notre bonheur domestique […]16 ». De même, en 1928, nous pouvons lire dans Parade : « Chaque époque a eu son bibelot : il fallait le sien à la nôtre17. » Deux ans auparavant, Raymond Lécuyer, dans la revue d’art Le Cousin Pons, répondant à une enquête se souciant du devenir du bibelot, souligne le rôle de l’Exposition de 1925 dans l’engouement pour le bibelot moderne18. C’est l’étude des objets relevant de la tabletterie et de la maroquinerie regroupés au sein de la 9e classe qui peut rendre compte de la place que le bibelot occupe alors dans l’intérieur dit moderne.
L’Exposition de la 9e classe en 1925 : des objets de vitrine utiles
- 19 Dictionnaire de l’Académie française, 8e édition, Paris, Hachette, 1932-1935, t. 2, p. 633.
7Selon Le Dictionnaire de l’Académie française, le tabletier est « celui qui fait et qui vend des échiquiers, des tables pour jouer aux dames, aux échecs, des billes pour jouer au billard, toute sorte d’articles d’ivoire, d’ébène19 ». Les objets relevant de la tabletterie sont donc d’une extrême diversité. Outre l’ivoire et l’ébène, le tabletier sait travailler l’écaille, la corne ou bien encore la nacre. Les menus objets qu’il réalise, du fait de leur petitesse et de la fragilité de leur matière, occupent traditionnellement des vitrines. Comment et où ces objets sont-ils exposés en 1925 ? Au sein de la 9e classe de l’Exposition, la tabletterie et la maroquinerie sont regroupées. Les nombreuses pièces présentées témoignent de l’étroite collaboration entre les artistes et les industriels ; elles sont parfois mises en scène en dehors des emplacements attribués à la 9e classe.
Des articles de voyage dans la 9e classe
- 20 REYLIANE Jacques, « Cadeaux de choix », Le Figaro, no 353, 19 décembre 1923, p. 5.
8Dans un article publié en 1923, le journaliste Jacques Reyliane écrit, évoquant le succès des objets édités par la Maison Louis Vuitton au Salon d’Automne : « Louis Vuitton nous fait augurer ce que sera cette Exposition de 1925 pour laquelle chacun se prépare20. » Lors de l’Exposition, l’organisation matérielle et intellectuelle de la 9e classe est fortement marquée par l’adjonction de la maroquinerie aux traditionnels objets de tabletterie.
- 21 SCRÈVE Clara, Georges Bastard : de l’artisan tabletier à l’artiste décorateur, thèse de doctorat d’ (...)
- 22 Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, Exposition internationale des (...)
- 23 Leur aménagement est confié à deux architectes : Louis Sézille (1881-1955) et Gaston Rapin (1874-19 (...)
- 24 Voir MARCILHAC Félix, Dominique : décorateur-ensemblier du xxe siècle. André Domin, 1883-1962, Marc (...)
9La 9e classe est présidée par Georges Bastard21. Avec la 10e classe consacrée au métal, la 11e à la céramique, la 12e au verre, elle relève du groupe des « accessoires du mobilier » et quitte ainsi la catégorie consacrée à la parure où elle était classée lors des expositions antérieures22. Trois planches aquarellées publiées dans L’Illustration consacrée à l’Exposition laissent penser que les classes 10 et 11 sont regroupées dans une même aile [fig. 1, 2 et 3], ce que confirme le plan de la répartition des classes au Grand Palais23. La 9e classe occupe, au Grand Palais, une galerie située au rez-de-chaussée éclairée par l’avenue Victor-Emmanuel III (actuelle avenue Franklin-D.-Roosevelt) et située à proximité des classes 7 (ensembles mobiliers), 8 (bois et cuir) et 17 (appareils scientifiques). La réalisation du stand est confiée à André Domin (1883-1962)24 :
- 25 Une autre source nous apprend que « Le plan heureux et original permet d’occuper 125 mètres environ (...)
- 26 « Pour l’exposition de 1925 – La part des artistes décorateurs », Bulletin de la vie artistique, 1e (...)
M. Domin […] a dressé le plus ingénieux des plans25. Parfaitement simple, il se réalisera par des matières nouvelles, comme le fibrociment. Il se recommande par une nouveauté de conception vraiment originale. On ne verra pas, chez nous, d’alignements de vitrines monotones et maussades. Pour chaque vitrine, M. Domin a trouvé une place heureuse. À nous d’achever son œuvre26.
Figure 1

Galerie de la céramique à l’Exposition internationale de 1925, architectes Louis Sézille et Henri Rapin, dessin de Louis Sézille reproduit dans « Bibelots. Futilités… » de Léandre Vaillat, L’Illustration, 25 avril 1925, revue conservée à la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), collections Jacques Doucet (Fol 428 U 1).
Reproduction INHA.
Figure 2

Salle de la classe du métal et de la céramique à l’Exposition internationale de 1925, architectes Louis Sézille et Henri Rapin, dessin de Louis Sézille reproduit dans « Bibelots. Futilités… » de Léandre Vaillat, L’Illustration, 25 avril 1925, revue conservée à la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), collections Jacques Doucet (Fol 428 U 1).
Reproduction INHA.
Figure 3

La salle de la céramique et de la verrerie à l’Exposition internationale de 1925, architectes Louis Sézille et Henri Rapin, dessin de Louis Sézille reproduit dans « Bibelots. Futilités… » de Léandre Vaillat, L’Illustration, 25 avril 1925, revue conservée à la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), collections Jacques Doucet (Fol 428 U 1).
Reproduction INHA.
- 27 CHAVANCE René, « Exposition internationale des arts décoratifs : Louis Vuitton », Mobilier et décor (...)
10Une vue d’ensemble de la section est publiée dans la revue L’Amour de l’Art et nous permet d’apprécier la répartition des stands et des vitrines [fig. 4]. Outre les différents rapports de l’Exposition, les principales sources documentaires sur lesquelles notre étude s’appuie sont constituées pour l’essentiel par les commentaires publiés dans la presse27 et une brochure présentant la tabletterie. Dans celle-ci, est précisée en premier lieu la localisation de la section au sein du Grand Palais. La disposition exacte des stands des exposants y est par ailleurs donnée sur un plan.
Figure 4

La section de la maroquinerie à l’Exposition internationale de 1925, Maison Dominique, photographie reproduite dans L’Amour de l’Art, janvier 1925, p. 326, revue conservée à la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), collections Jacques Doucet (4 Per Res 47).
Reproduction INHA.
- 28 Voir à ce sujet : VAJDA Joanne, « La production et le commerce parisiens d’objets de voyage, 1855-1 (...)
- 29 CHAVANCE René, « Exposition internationale des arts décoratifs : Louis Vuitton », art. cit., p. 82.
- 30 La société Vuitton et Vuitton SARL dépose, à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI (...)
- 31 Courbevoie, INPI, modèle no 41 474-003 : voir https ://data.inpi.fr/dessins_modeles/FR41474-003 ?q= (...)
- 32 Courbevoie, INPI, modèle no 41 474-004 : voir https://data.inpi.fr/dessins_modeles/FR41474-004?q=vu (...)
- 33 Courbevoie, INPI, modèle no 41 474-005 : voir https://data.inpi.fr/dessins_modeles/FR41474-005?q=vu (...)
- 34 Un nécessaire de fumeur constitué de cinq pièces en ivoire et en bois a été acquis en compensation (...)
- 35 Elle expose de 1919 à 1924 au Salon des artistes décorateurs des tapis, papiers peints et des sacs. (...)
- 36 Sous le numéro d’enregistrement 40 882, neuf modèles ont en effet été déposés à l’INPI le 16 mars 1 (...)
- 37 L’un d’eux est particulièrement semblable à un nécessaire reproduit dans la revue Mobilier et décor (...)
11Un bref aperçu de ces documents suffit à mesurer la place qu’occupe la maroquinerie : sur près de trente-neuf exposants, vingt-trois en relèvent directement. Ainsi, à côté des traditionnels objets en ivoire ou en bois tourné ou sculpté, tels que les bonbonnières, boîtes à poudre, ou accessoires de bureau, sont rassemblés de nombreux articles de maroquinerie et notamment les articles de voyage, particulièrement abondants. C’est dire si les recommandations de Georges Vuitton, rapporteur des expositions de Saint-Louis (1904) et de Bruxelles (1910), ont été suivies. Il regrettait le peu d’importance accordée aux objets de voyage28. La maison Vuitton, installée face à l’entrée, occupe dans la galerie une place de choix. Le critique d’art René Chavance nous livre une description détaillée de cet espace : « Au fond, symétriquement disposées sur des marches, séparées par des bandes de velours vert, qui s’étagent comme les portants d’une scène, des malles ouvertes dont la parure fauve s’accorde avec le tapis brun et gris29 » [fig. 5]. Ces malles se singularisent par leur extrême diversité30 : malle d’auto, malle-armoire, malle à chaussures31, malle à chapeaux32 ou bien encore la malle de bureau33. Dans les deux vitrines disposées face-à-face, nous discernons aisément, dans le registre supérieur, des sacs et des poches et, dans le registre inférieur, de nombreux nécessaires et trousses de voyage pour la réalisation desquelles Vuitton a eu recours à de nombreux collaborateurs : André Ballet, Madeleine Nitard34, Jacques Singery, Camille-Pauline Cless-Brothier35. Une illustration reproduisant une mallette garnie d’un nécessaire de toilette [fig. 6] nous informe que la maison a déposé le modèle des « brosses à coulisse »36. Ce type d’objet, le nécessaire de toilette, est, du reste, particulièrement bien représenté dans le fonds de la photographe Thérèse Bonney37.
Figure 5

Le stand Louis Vuitton à l’Exposition internationale de 1925, dessin reproduit dans « Exposition internationale des arts décoratifs : Louis Vuitton », de René Chavance, Mobilier et décoration d’intérieur, revue française technique des industries s’y rattachant, no 3, 1er février 1925, p. 81.
Reproduction BnF.
Figure 6

Le Milano. Orfèvrerie et brosserie de G.-L. Vuitton. Mallette garnie d’un nécessaire de toilette, dessin reproduit dans « Exposition internationale des arts décoratifs : Louis Vuitton », de René Chavance, Mobilier et décoration d’intérieur, revue française technique des industries s’y rattachant, no 3, 1er février 1925, p. 81.
Reproduction BnF.
12L’Exposition de 1925, à travers notamment la 9e classe, donne ainsi à voir que, dans de nombreux domaines de la vie (sport, beauté, voyage, travail), l’homme moderne peut s’entourer d’objets aussi beaux qu’utiles. C’est ce qu’explique, du reste, le décorateur Francis Paul dans l’article qu’il consacre aux bibelots utiles :
- 38 PAUL Francis, « Les bibelots utiles », Le Figaro, no 353, 19 décembre 1923, p. 5.
Qu’il soit en cuir, en porcelaine, en écaille ou en ivoire, si la matière en est travaillée avec art et avec intelligence, l’objet usuel devient une source de plaisir : les garnitures de toilette nouvelles traitées dans cet esprit sont le complément indispensable de la coiffeuse moderne et dans le bureau de travail même on reconnaît l’homme raffiné si le coupe-papier égaré sur le sous-main de maroquin porte dans son ivoire l’empreinte d’un artiste38.
- 39 SERPEILLE François, art. cit., p. 13.
- 40 « Dans l’art décoratif, – d’un renouveau toutefois troublant et dont l’envolée peut être sans limit (...)
13François Serpeille considère en effet que le bibelot moderne est à la fois un objet d’art et un objet pratique39. Outre sa dimension artistique, les critiques ne manquent pas de relever son coût abordable. Cette industrie du bibelot constitue ainsi pour les artistes décorateurs une véritable aubaine40.
Une étroite et nécessaire collaboration entre les artistes et les industriels
- 41 C’est ce que constate le journaliste et homme de théâtre Lucien Farnoux-Reynaud : « […] la cherté s (...)
- 42 « Bastard a mené les opérations de sa classe avec un tact, une diligence et un zèle animateurs dont (...)
- 43 Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, Exposition internationale des (...)
- 44 Il s’attache, lui aussi, à de nombreuses formes de décoration : depuis les vases de Sèvres jusqu’au (...)
14Du fait du coût élevé des emplacements, de nombreux artistes isolés n’ont pu prendre part à l’Exposition41. Aussi relève-t-on sans surprise la place prépondérante des industriels dans la 9e classe. La presse remarque et souligne le tact de son président, Georges Bastard, pour convaincre ces derniers, et ne manque pas, par ailleurs, de regretter amèrement leur absence dans d’autres classes. La presse signale aussi à quel point la collaboration entre artistes et industriels est, au sein de la 9e classe, particulièrement réussie et en attribue le mérite à son président42. Aussi croise-t-on dans cette classe les noms d’artistes réputés comme Jean Dunand [fig. 7]43 et Gérard Sandoz ou bien encore Édouard Bénédictus44. Ce dernier déclare :
- 45 Ces propos sont retranscrits dans l’article publié dans Le Gaulois du Dimanche : voir FARNOUX-REYNA (...)
Je crois au succès de l’Exposition malgré l’abstention forcée de nombreux artistes n’ayant pas réussi à trouver des éditeurs ou des capitaux. Mais des maisons d’édition fournirent un certain effort et sollicitèrent des artistes à la tête du mouvement actuel45.
Figure 7

« Sacs à main composés par J. Dunand, exécutés par M. Michenon, édités par A. Cohn & Cie ; sac à main composé à Mme M. Guilly, exécuté par M. Michenon, édité par A. Cohn & Cie », reproduits dans Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925. Rapport général. Section artistique et technique, vol. V, Librairie Larousse, Paris, 1931, pl. x.
Reproduction Cnum – Conservatoire numérique des Arts et Métiers – https://cnum.cnam.fr.
- 46 CLÉMENT-JANIN, « Exposition internationale des arts décoratifs – le livre et ses éléments », L’Art (...)
- 47 Voir aussi MISME Jane, « Nouvelles carrières féminines : la reliure d’art », Minerva, 20 septembre (...)
- 48 La confection des articles de maroquinerie comme celle des reliures exige en effet de savoir travai (...)
15La liste des collaborateurs de la 9e classe révèle la part singulière qu’occupent les artistes femmes. Comme le note l’écrivain et critique d’art Noël Clément-Janin dans un article publié dans L’Art vivant et commentant la section consacrée aux livres, la reliure devient l’exclusivité des femmes : « La femme y trouve l’application de dons qui s’exerçaient, il y a vingt ans, sur les cuirs pyrogravés et repoussés, des buvards, des liseuses, des portefeuilles46. » Les femmes artistes s’illustrant dans la reliure47 trouvent ainsi dans la maroquinerie de quoi mettre en œuvre leur savoir-faire48.
- 49 VOUILLOUX Bernard, « Le devenir-bibelot », in CABANÈS Jean-Louis, Les Frères Goncourt : art et écri (...)
- 50 « Le champ de la maroquinerie s’est, depuis un quart de siècle, étendu à la gainerie en vue de la f (...)
- 51 Camille Pauline Cless-Brothier pour la Manufacture de Sèvres, Projet de décor pour une assiette, de (...)
16À la fin du xixe siècle comme dans le premier tiers du xxe, c’est essentiellement pour une clientèle féminine que sont conçus de nombreux bibelots. C’est ce qui fait dire à Bernard Vouilloux, professeur de littérature française, commentant les écrits des frères Goncourt, que « le monde de la femme est bibelotier, et il l’est, pour ainsi dire, au plus proche d’elle-même, à travers les parures, colifichets, bijoux et autres accessoires qui sont des extensions de la toilette et de sa personne […]49 ». De même, les objets exposés dans la 9e classe, en 1925, relèvent principalement de la parure et de la « coquetterie » féminine50. Intégrés désormais aux « accessoires du mobilier », ils agrémentent aussi l’environnement domestique. L’espace de vie est conçu et pensé comme un tout et le style moderne se répand même dans les plus petits ouvrages du quotidien et dans toutes les formes de décoration. En effet, la plupart de ces artistes fournissent des modèles pour d’autres industries. Un rapide examen des domaines artistiques dans lesquels ils exercent en rend compte : Camille Pauline Cless-Brothier51 comme Madeleine Nitard livrent aussi des modèles pour la Manufacture de Sèvres, par exemple.
- 52 « Un succès aixois », L’Avenir provençal, 8 novembre 1925, n. p.
- 53 « La mode des cheveux coupés a ralenti l’industrie des peignes à chignon. On ne rencontre guère que (...)
- 54 Minerva, no 4, 30 août 1925, n. p.
- 55 Courbevoie, INPI, brevet d’invention no 593 866, « peigne imperdable pour la coiffure », demandé le (...)
17Certains artistes, qui n’ont alors pas une grande notoriété, obtiennent des récompenses. Ainsi en est-il de Gaby Barjavel, à qui une médaille de bronze pour un service de toilette en ivoire est délivrée52. Marguerite Marie Bailly, veuve d’Auguste Bonaz se voit également attribuer un grand prix pour des peignes réalisés en plastique. Le rapport de l’Exposition nous fournit une illustration des peignes d’ornement qu’elle expose [fig. 8]53. Nous les apercevons, portés, cette fois-ci, dans les reproductions publiées dans la revue Minerva54. Ces modèles s’adressent plus particulièrement aux femmes « ayant gardé leur chevelure ». L’entreprise d’Auguste Bonaz, spécialisée dans la fabrication de peignes, avait par ailleurs conçu et pensé des modèles de peignes « imperdables », plus spécialement destinés aux femmes ayant cédé à la mode de « la chevelure dite à cheveux coupés55. »
Figure 8

Peignes composés par Fromenti, dessinés par Mlle Shmuckel, exécutés par Mme Auguste Bonaz, reproduits dans Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925. Rapport général. Section artistique et technique, vol. V, Librairie Larousse, Paris, 1927, pl. vi.
Reproduction Cnum – Conservatoire numérique des Arts et Métiers – https://cnum.cnam.fr.
- 56 Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, Exposition internationale des (...)
- 57 Il reçoit un Grand Prix. Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, Expo (...)
- 58 DUFRÈNE Maurice, Ensembles mobiliers : Exposition internationale 1925, Paris, Ch. Moreau, 1925, vol (...)
- 59 Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, Exposition internationale des (...)
- 60 Fondée en 1845 par Alphonse Dupont, la société est dirigée ensuite par son fils, Émile Dupont. En 1 (...)
- 61 Paris. Arts décoratifs, 1925. Guide de l’Exposition, Paris, Hachette, 1925, p. 294.
- 62 CHAVANCE René, « Georges Bastard », Art et décoration, t. LII, juillet 1927, p. 10.
18Il convient ici de signaler des collaborations fructueuses au sein de la 9e classe. Elles concernent plus particulièrement le domaine de la brosserie. Illustrée dans le rapport de l’Exposition56, la garniture de toilette que compose Madeleine Sougez, en galuchat vert, cristal gravé et argent a été éditée par Primavera, atelier d’art du Printemps [fig. 9]. Ékiel Raby expose, quant à lui, un ensemble de brosses en ivoire dans le pavillon de la Maîtrise, atelier des Galeries Lafayette57. Si la photographie d’ensemble de la chambre de dame58 ne nous permet guère d’apprécier dans le détail l’œuvre de Raby, celle publiée dans le rapport nous en livre plus précisément les contours59. Enfin, Georges Bastard collabore avec la maison Dupont et Cie60. Le premier a fourni des modèles de brosses au second61. Certaines ont été réalisées en matière synthétique, probablement en bakélite ou en galalithe62.
Figure 9

Garniture de toilette composée par Madeleine Sougez, en galuchat vert, cristal gravé et argent, éditée par Primavera, atelier du Printemps, reproduite dans Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925. Rapport général. Section artistique et technique, vol. V, Librairie Larousse, Paris,1931, pl. V.
Reproduction Cnum – Conservatoire numérique des Arts et Métiers – https://cnum.cnam.fr.
La tabletterie en dehors des emplacements attribués à la classe 9
- 63 SEDEYN Émile, Exposition des arts industriels et décoratifs modernes. Paris 1925. Classe 7. Ensembl (...)
19À l’exception des brosses exposées au pavillon de la Maîtrise et de celles exposées dans celui de l’atelier Primavera, nous n’avons évoqué que les ouvrages exposés au Grand Palais. Dans son rapport, Émile Sedeyn étudie les ensembles mobiliers disséminés en dehors des emplacements attribués à la classe 763 ; de même, il nous faut considérer les objets relevant de la tabletterie, exposés ailleurs que dans la galerie du Grand Palais.
- 64 Du latin haliotis, -idis, composé à partir du grec halios, « marin », et ous, ôtos, « oreille ». Mo (...)
- 65 Cette œuvre fut présentée aux enchères en 2015. Bijoux, tableaux, mobilier et objets d’art, argente (...)
- 66 Georges Bastard, coupe en ivoire sculpté, localisation inconnue. (Photographie en ligne : https://w (...)
- 67 Georges Bastard, poudrier en écaille marbrée, localisation inconnue. (Photographie en ligne : https (...)
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- 69 Georges Bastard, éventail en nacre sculpté, localisation inconnue. (Photographie en ligne : https:/ (...)
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- 71 « Si l’auteur vend ses œuvres, l’État se rembourse, sinon, il les garde après l’exposition sans aut (...)
- 72 Paris, musée des Arts décoratifs, inv. 2008.56.25.
- 73 Paris, musée des Arts décoratifs, inv. MIN B.A. ss no (80).
20Deux planches publiées dans le rapport de l’Exposition illustrent les œuvres de deux artistes alors pleinement reconnus : Georges Bastard [fig. 10] et Eugénie Jubin O’Kin (1880-1948) [fig. 11]. Au pavillon des Artisans français contemporains, Georges Bastard expose ainsi une boîte à poudre. Il traite son couvercle en employant plusieurs nacres : l’haliotide64 et la nacre blanche. Elles sont assemblées, sculptées et imbriquées de façon à former une fleur aux multiples pétales 65. D’autres œuvres exposées dans ce pavillon sont répertoriées dans les bases de données du ministère de la Culture : signalons une coupe en ivoire sculpté66, un poudrier en écaille marbrée67, une veilleuse68 ou bien encore un éventail69. Une coupe en écaille également reproduite dans le rapport est passée en vente en 201270. Enfin, une tabatière de forme rectangulaire, en ivoire, aux bords arrondis, présentant un couvercle légèrement concave sculpté de fleurs stylisées est exposée dans Une Ambassade française, programme de la Société des artistes décorateurs. Pour contrer l’impossibilité de certains artistes d’exposer, l’État est allé jusqu’à consentir une avance à ceux qui contribuèrent à l’élaboration de l’Ambassade en contrepartie de l’entrée des œuvres exposées dans les collections publiques71. C’est ainsi que la tabatière est entrée dans les collections du musée des Arts décoratifs72. Comme Bastard, O’Kin expose quelques-unes de ses œuvres au pavillon des Artisans français contemporains. Le vase en ivoire sculpté que conserve actuellement le musée des Arts décoratifs73 était en revanche exposé dans l’Hôtel du collectionneur aménagé sous la conduite de Jacques-Émile Ruhlmann.
Figure 10

Boîte à poudre et coupes par Georges Bastard, reproduites dans Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925. Rapport général. Section artistique et technique, vol. V, Librairie Larousse, Paris,1931, pl. I.
Reproduction Cnum – Conservatoire numérique des Arts et Métiers – https://cnum.cnam.fr.
Figure 11

Pendentif et boîtes par Mme O’Kin Simmen, reproduits dans Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925. Rapport général. Section artistique et technique, vol. v, Librairie Larousse, Paris, 1931, pl. viii.
Reproduction Cnum – Conservatoire numérique des Arts et Métiers – https://cnum.cnam.fr.
21Au sein de ces différents pavillons, le bibelot d’art est sévèrement sélectionné et ponctue d’une note gaie l’aménagement intérieur. Ainsi, nous trouvons très simplement et sobrement exposées une garniture de toilette sur une coiffeuse ou bien encore de rares coupes dont les matières contrastent avec le mobilier sur lequel elles sont disposées. La simplicité est de mise. Mais l’écrivain et critique d’art Ernest Tisserand, qui loue cette logique, met aussi le public en garde contre une certaine propension aux excès en rappelant :
- 74 TISSERAND Ernest, « La décoration moderne », L’Art vivant, 15 février 1927, p. 134.
Autant il est valable et convenable que de belles choses soulignent en des points nécessaires un intérieur bien construit, autant la multiplication des objets « gentils », des colifichets et menues curiosités, est affadissante et odieuse. Or, on pensait que la leçon de l’Exposition de 1925 avait détruit à jamais, chez les gens de goût, le foisonnement des petites saletés. Il n’en est rien. De toutes parts, le bibelot s’avance. Et voici que de nouveau il déborde des tiroirs, il s’élance des vitrines et s’installe en maître sur les tables, sur les cheminées, sur les mille guéridons qu’il réclame. Et toutes les recherches sobres, qui étaient l’honneur de la nouvelle décoration française, s’en trouvent menacées74.
La beauté rationnelle du bibelot
- 75 En 1925, Léandre Vaillat écrit : « Car enfin, nous avons autant besoin de choses inutiles que de ch (...)
- 76 Remarquons qu’une autre lecture, moins dichotomique, est adoptée par Guillaume Janneau (critique d’ (...)
- 77 DUFRÈNE Maurice, Ensembles mobiliers : Exposition internationale 1925, vol. 1, op. cit., n. p.
- 78 CHAVANCE René, « Promenade à l’Exposition – appareils scientifiques tabletterie et maroquinerie », (...)
22Aux bibelots est ainsi conféré, à l’Exposition de 1925, un rôle spécifique : ils donnent aux intérieurs une cohérence et en complètent savamment l’harmonie75. L’étude de la 9e classe en témoigne. Maurice Dufrène, président de la 7e classe, oppose l’art de 1900 à celui de 192576 : les objets qui y sont exposés « relèvent du domaine de la raison en ce sens qu’ils obéissent aux lois de la matière, de la technique, de l’usage et de la destination77. » Dans la 9e classe, des œuvres réalisées avec des matériaux communs comme le celluloïd ou la galalithe avoisinent celles, plus précieuses, exécutées en ivoire, en écaille ou bien encore en corne. René Chavance y voit un satisfaisant témoignage de la diffusion des arts décoratifs78 et semble, en cela, rejoindre Léandre Vaillat pour qui il importe peu que l’objet, ou le bibelot, soit le produit de l’industrie ou de l’art :
- 79 VAILLAT Léandre, « Bibelots. Futilités… », art. cit.
Entre un objet ouvré à la main, selon un mauvais dessein, et un objet fabriqué à la machine d’après un bon dessein, je n’hésiterai pas un seul instant. Dans cette dernière hypothèse, la valeur du dessin original qui sert de type à l’objet exécuté en série, en standard, doit compenser le charme que produit une exécution personnelle ; ce dessin, d’autre part, doit être conçu par l’artiste de manière à tenir compte, voire même [sic] à tirer parti des qualités particulières à la machine, telles que la régularité, égalité de traitement, etc. Il y a intérêt, du point de vue de la diffusion d’un certain goût général, à ce qu’un excellent modèle soit répandu à des milliers d’exemplaires. Il y a intérêt, du point de vue de l’art pur, à ce que la main interprète le croquis initial et fasse œuvre individuelle. Les deux points de vue ne s’excluent pas79.
- 80 CHAVANCE René, « Exposition internationale des arts décoratifs… », art. cit., p. 87.
- 81 SOURIAU Paul, La Beauté rationnelle, Paris, Félix Alcan, 1904.
- 82 DUCROS Françoise, « L’Art décoratif d’aujourd’hui de Le Corbusier. Polémique et théorie critique de (...)
23L’Exposition de 1925, par son intitulé même, aspirait à opérer l’attendue fusion entre les arts et l’industrie, à unir le beau à l’utile. Une vraie beauté est reconnue au bibelot, celle qui découle de la parfaite adaptation de l’objet à sa fonction. C’est ainsi que René Chavance conclut l’article consacré à Louis Vuitton : « Tout cela est conçu et mis en œuvre avec une logique sévère qui prévoit l’utilité de chaque détail et par là même, tout cela est harmonieux. Car la vraie beauté découle de la parfaite adaptation de l’objet à sa fonction80. » Cette beauté rationnelle avait été définie en 1904 par Paul Souriau81 dont l’ouvrage figurait, du reste, dans la bibliothèque de Le Corbusier. « L’artisanat français finit par séduire [ce dernier] sous la forme de la maroquinerie par son association entre usage, simplicité et luxe82. » Le bibelot se révèle ainsi moderne par sa parfaite adaptation ou convenance aux nouveaux usages. Ainsi, les expositions organisées par l’Union des artistes modernes à partir de 1929 continueront à l’exposer, et l’on comptera d’ailleurs, parmi ce groupement, quelques tabletiers de renom, comme Georges Bastard. Ce dernier énoncera en 1934 :
- 83 MELLAC Jean, « À l’École des arts décoratifs de Limoges. Le nouveau directeur : M. Georges Bastard (...)
Il est nécessaire que les arts appliqués, qui jusqu’à présent se manifestent sous forme de pièces uniques, s’adaptent à une vie nouvelle, à toute la vie, et que les grands principes de l’art se répandent sur l’art dit populaire. Il faut donner à tous, même aux plus humbles, leur part de beauté, et introduire l’art dans les plus humbles manifestations de la vie83.
Notes
1 TRÉVIÈRES Pierre de, « Bibelots d’art », Parures, revue des industries de la mode, no 18, décembre 1927, p. 16.
2 Quelques études lui ont été consacrées. Signalons : PETY Dominique, Poétique de la collection au xixe siècle : du document de l’historien au bibelot de l’esthète, Nanterre, Presses universitaires de Paris Ouest, 2010 ; CHARPY Manuel, « Réductions, miniatures et fragments. La religion du souvenir et du passé dans les espaces intimes du xixe siècle », in DUHEM Sophie, GALBOIS Estelle & PERRIN KHELISSA Anne (dir.), Penser le « petit » de l’Antiquité au premier xxe siècle. Approches textuelles et pratiques de la miniaturisation artistique, Lyon, Fage, coll. « Varia. Réflexions critiques », 2017, p. 115-127 ; CARAION Marta (dir.), Usages de l’objet. Littérature, histoire, arts et techniques, xixe-xxe siècles, Seyssel, Champ Vallon, coll. « Détours », 2014.
3 SERPEILLE François, « Des bibelots anciens aux bibelots modernes », Au jardin de l’Infante, no 6, août 1924, p. 10-13.
4 BOSC Ernest, Dictionnaire d’art, de curiosité et du bibelot, Paris, Firmin-Didot, 1883, p. xiii.
5 FLAUBERT Gustave, Bouvard et Pécuchet, Paris, Alphonse Lemerre, 1881, p. 127.
6 HUYSMANS Joris-Karl, À Rebours, Paris, G. Charpentier, 1884.
7 BOURGET Paul, Essais de psychologie contemporaine : Baudelaire, M. Renan, Flaubert, M. Taine, Stendhal, Paris, A. Lemerre, 1883, p. 149-150.
8 THIERS Adolphe, « Bibelot », in BERTHELOT Marcellin (dir.), La Grande Encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts par une société de savants et de gens de lettres, Paris, H. Lamirault, 1885-1902, t. 6, 1888, p. 584.
9 HAVARD Henry, Dictionnaire de l’ameublement et de la décoration depuis le xiiie siècle jusqu’à nos jours, Paris, Librairies-imprimeries réunies, 1894, p. 323.
10 Dominique Pety affirme : « Dans le dernier tiers du [xixe] siècle, deux modalités de la collection vont en effet s’opposer. D’une part, une pratique savante de la collection qui repose sur l’érudition, l’identification et l’accumulation des objets […], d’autre part une pratique esthétisante qui repose sur la sélection et le goût personnel ». PETY Dominique, « Décoration vs Collection », in Ead, Poétique de la collection au xixe siècle : du document de l’historien au bibelot de l’esthète, Nanterre, Presses universitaires de Paris Ouest, coll. « Orbis litterarum », 2010, p. 257-290, disponible en ligne, https://books.openedition.org/pupo/647?lang=fr [lien valide en février 2025].
11 Nous lisons ainsi dans Femina : « Retrouver l’atmosphère de chez vous, votre propre goût grâce à quelques bibelots personnels et peu encombrants », Femina, 1er juin 1926, p. 35.
12 CHAVANCE René & VERNE Henri, Pour comprendre l’art décoratif moderne en France, Paris, Hachette, 1925, p. 181.
13 Le décorateur Georges Remon va d’ailleurs jusqu’à évoquer « l’air frelaté des bibelots de l’époque symboliste, toujours un peu tarabiscoté et un peu morbide » : REMON Georges, « Le bibelot moderne », Revue des marques de la parfumerie et de la savonnerie, 1er juin 1927, p. 31.
14 LAPPARRA Henri, « L’orfèvrerie et la décoration », Art, goût, beauté : feuillets de l’élégance féminine, septembre 1929, n. p.
15 Plusieurs d’entre elles consacrent une rubrique au bibelot moderne. Citons, par exemple, la rubrique « Le bibelot d’art de notre époque » insérée dans Parade, ou encore « Le bibelot moderne chez soi » dans Les Annales politiques et littéraires.
16 SERPEILLE François, art. cit., p. 11.
17 « Le bibelot d’art de notre époque », Parade, 15 septembre 1928, p. 15.
18 « Qu’après le grand bruit fait autour de l’Exposition des arts décoratifs, beaucoup de Français songent à se meubler avec des meubles, de leur temps et à s’entourer de bibelots modernes, c’est possible, c’est probable, c’est même certain. » : LÉCUYER Raymond, « À propos des biens oisifs », Le Cousin Pons, revue des collectionneurs et des curieux, janvier 1926, p. 7-9.
19 Dictionnaire de l’Académie française, 8e édition, Paris, Hachette, 1932-1935, t. 2, p. 633.
20 REYLIANE Jacques, « Cadeaux de choix », Le Figaro, no 353, 19 décembre 1923, p. 5.
21 SCRÈVE Clara, Georges Bastard : de l’artisan tabletier à l’artiste décorateur, thèse de doctorat d’histoire de l’art, dir. Jean-François Luneau et Évelyne Possémé, université Clermont-Auvergne, École du Louvre, 2022.
22 Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925. Rapport général. Section artistique et technique, vol. I, Paris, Librairie Larousse, 1931, p. 93.
23 Leur aménagement est confié à deux architectes : Louis Sézille (1881-1955) et Gaston Rapin (1874-1944).
24 Voir MARCILHAC Félix, Dominique : décorateur-ensemblier du xxe siècle. André Domin, 1883-1962, Marcel Genevrière, 1885-1965, Paris, Les Éditions de l’Amateur, 2008.
25 Une autre source nous apprend que « Le plan heureux et original permet d’occuper 125 mètres environ sur les 350 accordés par le commissariat. La redevance qu’auront à payer les exposants pour l’installation générale, les vitrines, le gardiennage, l’éclairage, l’organisation d’un service de vente commun, etc., s’élèvera à 2 000 francs par mètre superficiel. Grâce au bon esprit, à la générosité des industriels faisant partie du comité, on a pu décider que les artistes qui ne sont pas inscrits au registre du commerce seraient invités gratuitement. Il y en aura probablement huit. » : Le gardien de classe, « Courrier de l’expo de 1925 – Les travaux de la classe 9 », Comoedia, 9 février 1925, p. 3.
26 « Pour l’exposition de 1925 – La part des artistes décorateurs », Bulletin de la vie artistique, 1er janvier 1925, p. 11-15.
27 CHAVANCE René, « Exposition internationale des arts décoratifs : Louis Vuitton », Mobilier et décoration, no 3, 1er février 1925, p. 81-88 ; CHAVANCE René, « Promenade à l’Exposition – appareils scientifiques tabletterie et maroquinerie », La Liberté, no 22 345, 5 juillet 1925, p. 5 ; Le gardien de classe, « Courrier de l’exposition de 1925 », Comoedia, 7 février 1925, no 4 430, p. 5 ; Id., « Courrier de l’expo de 1925 – Les travaux de la classe 9 », Comoedia, 9 février 1925, p. 3.
28 Voir à ce sujet : VAJDA Joanne, « La production et le commerce parisiens d’objets de voyage, 1855-1925 », in TISSOT Laurent (dir.), L’Attrait d’ailleurs. Images, usages et espaces du voyage à l’époque contemporaine [Actes du 130e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Voyages et voyageurs », La Rochelle, 2005], Paris, Éditions du CTHS, 2010, p. 123-134, disponible en ligne, https://www.persee.fr/doc/acths_1764-7355_2010_act_130_10_1716 [lien valide en février 2025].
29 CHAVANCE René, « Exposition internationale des arts décoratifs : Louis Vuitton », art. cit., p. 82.
30 La société Vuitton et Vuitton SARL dépose, à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), cinq modèles de malles, sous le numéro 41 474, le 17 juin 1925.
31 Courbevoie, INPI, modèle no 41 474-003 : voir https ://data.inpi.fr/dessins_modeles/FR41474-003 ?q=vuitton#FR41474-003 [lien valide en février 2025].
32 Courbevoie, INPI, modèle no 41 474-004 : voir https://data.inpi.fr/dessins_modeles/FR41474-004?q=vuitton#FR41474-004 [lien valide en février 2025].
33 Courbevoie, INPI, modèle no 41 474-005 : voir https://data.inpi.fr/dessins_modeles/FR41474-005?q=vuitton#FR41474-005 [lien valide en février 2025].
34 Un nécessaire de fumeur constitué de cinq pièces en ivoire et en bois a été acquis en compensation de la subvention allouée à la Société des artistes décorateurs : Archives nationales, F/21/4252, archives du Bureau des travaux d’art, musées et expositions, commandes et achats d’œuvres d’art, dossier de Madeleine Nitard, 1925.
35 Elle expose de 1919 à 1924 au Salon des artistes décorateurs des tapis, papiers peints et des sacs. Elle fournit pour Vuitton le modèle de quelques flacons de toilette en verre.
36 Sous le numéro d’enregistrement 40 882, neuf modèles ont en effet été déposés à l’INPI le 16 mars 1925. Voir par exemple : Courbevoie, INPI, modèle n° 40 882-009 : https://data.inpi.fr/dessins_modeles/FR40882-009?q=vuitton#FR40882-009 [lien valide en février 2025].
37 L’un d’eux est particulièrement semblable à un nécessaire reproduit dans la revue Mobilier et décoration (CHAVANCE René, « Exposition internationale des arts décoratifs : Louis Vuitton », art. cit., p. 82). Voir Charenton-le-Pont, Médiathèque de l’architecture et de la photographie (MAP), fonds Thérèse Bonney, série « Les arts décoratifs à Paris (1920-1937) », négatif no BNN000124, https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/APBNN000124[lien valide en février 2025].
38 PAUL Francis, « Les bibelots utiles », Le Figaro, no 353, 19 décembre 1923, p. 5.
39 SERPEILLE François, art. cit., p. 13.
40 « Dans l’art décoratif, – d’un renouveau toutefois troublant et dont l’envolée peut être sans limites –, le bibelot moderne a plus que jamais sa place tout indiquée dans le commerce de la vie ; son utilité est profonde et j’ajouterai même, presque indispensable. Il est un des grands charmes de la demeure familiale et un des corollaires les plus actifs du bien-être physique, en même temps qu’il constitue pour l’artiste décorateur et l’artisan un débouché industriel incomparable puisqu’il est à la portée de toutes les compréhensions et de toutes les bourses. » : DENOINVILLE Georges, « Les nouveaux bibelots de ROBJ », Mobilier et décoration, décembre 1926, 7e année, no 1, p. 178.
41 C’est ce que constate le journaliste et homme de théâtre Lucien Farnoux-Reynaud : « […] la cherté sans cesse accrue des emplacements, des manœuvres de la dernière heure comme d’imposer à tous les exposants une assurance générale, d’ailleurs plus onéreuse, découragèrent les artistes isolés. » : FARNOUX-REYNAUD Lucien, « L’Exposition de demain nous apportera-t-elle un style nouveau », Le Gaulois du Dimanche, 4 avril 1925, p. 1.
42 « Bastard a mené les opérations de sa classe avec un tact, une diligence et un zèle animateurs dont il faut le féliciter. Il a, par ses démarches et ses explications [sic] personnelles dans les milieux industriels, fait une remarquable besogne de propagande et d’enseignement, ne regardant pas à sa peine dans un moment où ses minutes étaient comptées pour ses propres travaux. » : Le gardien de classe, « Courrier de l’expo de 1925 – Les travaux de la classe 9 », Comoedia, 9 février 1925, p. 3.
43 Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925, op. cit., vol. V, pl. X.
44 Il s’attache, lui aussi, à de nombreuses formes de décoration : depuis les vases de Sèvres jusqu’aux tissus, en passant par la reliure d’art.
45 Ces propos sont retranscrits dans l’article publié dans Le Gaulois du Dimanche : voir FARNOUX-REYNAUD Lucien, art. cit., p. 2.
46 CLÉMENT-JANIN, « Exposition internationale des arts décoratifs – le livre et ses éléments », L’Art vivant, 1er février 1925, p. 26.
47 Voir aussi MISME Jane, « Nouvelles carrières féminines : la reliure d’art », Minerva, 20 septembre 1925, n. p.
48 La confection des articles de maroquinerie comme celle des reliures exige en effet de savoir travailler le maroquin, cette peau de chèvre épaisse tannée au sumac ou à la noix de galle.
49 VOUILLOUX Bernard, « Le devenir-bibelot », in CABANÈS Jean-Louis, Les Frères Goncourt : art et écriture, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 1998, disponible en ligne, https://books.openedition.org/pub/47445?lang=fr&nomobile=1 [lien valide en février 2025].
50 « Le champ de la maroquinerie s’est, depuis un quart de siècle, étendu à la gainerie en vue de la fabrication des boîtes de toute espèce, destinées à renfermer les gants, les voilettes, les dentelles, la lingerie, les cols, les mouchoirs, les cravates. De plus en plus il y faut joindre les gaines pour la parfumerie. La fabrication des enveloppes destinées aux flacons d’essence occupe un nombre considérable d’ouvrier. La séduction de l’écrin ajoute à la valeur du parfum. Pour les boîtes à fards, à poudre, à savons, articles de consommation courante, même souci de mise en valeur. […] L’art du sac présente aussi une infinie diversité : sac de dame où les couleurs s’harmonisent à la gamme des soies, pochettes en or et en argent assorties aux robes perlées, fermoirs précieusement ouvrés. À notre époque utilitaire, la coquetterie féminine, imposant les robes sans poches, a ressuscité l’escarcelle et l’aumônière d’autrefois. » : Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925, op. cit., vol. V, p. 14.
51 Camille Pauline Cless-Brothier pour la Manufacture de Sèvres, Projet de décor pour une assiette, dessin au crayon sur papier, 25 x 32,3 cm, musée national de la Céramique, inv. 2023.D.7580, https://pop.culture.gouv.fr/notice/joconde/50190081589 [lien valide en février 2025].
52 « Un succès aixois », L’Avenir provençal, 8 novembre 1925, n. p.
53 « La mode des cheveux coupés a ralenti l’industrie des peignes à chignon. On ne rencontre guère que quelques pièces curieuses, de volume espagnol avec dessins 1925 » : HARLOR Thilda, « La parure, ses accessoires et quelques bibelots », L’Amour de l’art, no 1, janvier 1925, p. 334-338.
54 Minerva, no 4, 30 août 1925, n. p.
55 Courbevoie, INPI, brevet d’invention no 593 866, « peigne imperdable pour la coiffure », demandé le 29 novembre 1924 et délivré le 6 juin 1925. Voir : https://data.inpi.fr/brevets/FR593866?q=bonaz#FR593866 [lien valide en février 2025].
56 Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925, op. cit., vol. V, pl. V.
57 Il reçoit un Grand Prix. Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes. Paris 1925. Liste des récompenses, Paris, Imprimerie nationale, 1925, p. 62.
58 DUFRÈNE Maurice, Ensembles mobiliers : Exposition internationale 1925, Paris, Ch. Moreau, 1925, vol. 1, pl. 32.
59 Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925, op. cit., vol. V, pl. ix.
60 Fondée en 1845 par Alphonse Dupont, la société est dirigée ensuite par son fils, Émile Dupont. En 1922, son proche parent et collaborateur émérite, Jean Dupont, lui succède. Voir : « La fabrication de la brosserie fine – La Maison E. Dupont & Cie à Beauvais », L’Illustration économique et financière, 16 décembre 1922, p. 44-45.
61 Paris. Arts décoratifs, 1925. Guide de l’Exposition, Paris, Hachette, 1925, p. 294.
62 CHAVANCE René, « Georges Bastard », Art et décoration, t. LII, juillet 1927, p. 10.
63 SEDEYN Émile, Exposition des arts industriels et décoratifs modernes. Paris 1925. Classe 7. Ensembles de mobiliers. Rapport de la commission d’examen et du comité d’installation, Paris, G. de Malherbe, 1925, p. 50.
64 Du latin haliotis, -idis, composé à partir du grec halios, « marin », et ous, ôtos, « oreille ». Mollusque gastéropode, dont la coquille nacrée et renflée peut rappeler la forme d’une oreille humaine.
65 Cette œuvre fut présentée aux enchères en 2015. Bijoux, tableaux, mobilier et objets d’art, argenterie, orfèvrerie, Bordeaux, Baratoux-Dubourg, vente du 3 juin 2015, réf. : 57 751-5.
66 Georges Bastard, coupe en ivoire sculpté, localisation inconnue. (Photographie en ligne : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/00158858 [lien valide en février 2025]).
67 Georges Bastard, poudrier en écaille marbrée, localisation inconnue. (Photographie en ligne : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/00159348 [lien valide en février 2025].
68 Georges Bastard, veilleuse en nacre sculptée, localisation inconnue. (Photographie en ligne : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/00159349 [lien valide en février 2025].
69 Georges Bastard, éventail en nacre sculpté, localisation inconnue. (Photographie en ligne : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/00158859 [lien valide en février 2025].
70 Arts décoratifs du xxe siècle, Neuilly-sur-Seine, Aguttes, Paris, Drouot-Richelieu, vente du 14 novembre 2012, p. 91-92.
71 « Si l’auteur vend ses œuvres, l’État se rembourse, sinon, il les garde après l’exposition sans autre dédommagement. » : FARNOUX-REYNAUD Lucien, art. cit., p. 1.
72 Paris, musée des Arts décoratifs, inv. 2008.56.25.
73 Paris, musée des Arts décoratifs, inv. MIN B.A. ss no (80).
74 TISSERAND Ernest, « La décoration moderne », L’Art vivant, 15 février 1927, p. 134.
75 En 1925, Léandre Vaillat écrit : « Car enfin, nous avons autant besoin de choses inutiles que de choses utiles, et le décor de notre vie nous semblerait bien imparfait si, entre les meubles où s’inscrit la nécessité des usages quotidiens ne s’insérait la délicieuse futilité des mille rien [sic] que nous aimons pour eux-mêmes, sans leur demander compte de leur emploi. » : VAILLAT Léandre, « Bibelots. Futilités… », L’Illustration, 25 avril 1925, n. p.
76 Remarquons qu’une autre lecture, moins dichotomique, est adoptée par Guillaume Janneau (critique d’art et futur administrateur du Mobilier national), par exemple, qui écrit : « Aujourd’hui, comme il y a trente ans, on est rationaliste ». JANNEAU Guillaume, Techniques du décor intérieur moderne, Paris, Albert Morancé, s. d, [1928].
77 DUFRÈNE Maurice, Ensembles mobiliers : Exposition internationale 1925, vol. 1, op. cit., n. p.
78 CHAVANCE René, « Promenade à l’Exposition – appareils scientifiques tabletterie et maroquinerie », art. cit., p. 5.
79 VAILLAT Léandre, « Bibelots. Futilités… », art. cit.
80 CHAVANCE René, « Exposition internationale des arts décoratifs… », art. cit., p. 87.
81 SOURIAU Paul, La Beauté rationnelle, Paris, Félix Alcan, 1904.
82 DUCROS Françoise, « L’Art décoratif d’aujourd’hui de Le Corbusier. Polémique et théorie critique de l’aile gauche de Vers une architecture », LC. Revue de recherches sur Le Corbusier, no 8, septembre 2023, p. 135.
83 MELLAC Jean, « À l’École des arts décoratifs de Limoges. Le nouveau directeur : M. Georges Bastard », Le Limousin de Paris, 23 décembre 1934 [coupure de presse].
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Figure 1 |
Légende | Galerie de la céramique à l’Exposition internationale de 1925, architectes Louis Sézille et Henri Rapin, dessin de Louis Sézille reproduit dans « Bibelots. Futilités… » de Léandre Vaillat, L’Illustration, 25 avril 1925, revue conservée à la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), collections Jacques Doucet (Fol 428 U 1). |
Crédits | Reproduction INHA. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/43899/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 302k |
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Titre | Figure 2 |
Légende | Salle de la classe du métal et de la céramique à l’Exposition internationale de 1925, architectes Louis Sézille et Henri Rapin, dessin de Louis Sézille reproduit dans « Bibelots. Futilités… » de Léandre Vaillat, L’Illustration, 25 avril 1925, revue conservée à la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), collections Jacques Doucet (Fol 428 U 1). |
Crédits | Reproduction INHA. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/43899/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 246k |
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Titre | Figure 3 |
Légende | La salle de la céramique et de la verrerie à l’Exposition internationale de 1925, architectes Louis Sézille et Henri Rapin, dessin de Louis Sézille reproduit dans « Bibelots. Futilités… » de Léandre Vaillat, L’Illustration, 25 avril 1925, revue conservée à la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), collections Jacques Doucet (Fol 428 U 1). |
Crédits | Reproduction INHA. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/43899/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 253k |
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Titre | Figure 4 |
Légende | La section de la maroquinerie à l’Exposition internationale de 1925, Maison Dominique, photographie reproduite dans L’Amour de l’Art, janvier 1925, p. 326, revue conservée à la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), collections Jacques Doucet (4 Per Res 47). |
Crédits | Reproduction INHA. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/43899/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 356k |
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Titre | Figure 5 |
Légende | Le stand Louis Vuitton à l’Exposition internationale de 1925, dessin reproduit dans « Exposition internationale des arts décoratifs : Louis Vuitton », de René Chavance, Mobilier et décoration d’intérieur, revue française technique des industries s’y rattachant, no 3, 1er février 1925, p. 81. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/43899/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 281k |
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Titre | Figure 6 |
Légende | Le Milano. Orfèvrerie et brosserie de G.-L. Vuitton. Mallette garnie d’un nécessaire de toilette, dessin reproduit dans « Exposition internationale des arts décoratifs : Louis Vuitton », de René Chavance, Mobilier et décoration d’intérieur, revue française technique des industries s’y rattachant, no 3, 1er février 1925, p. 81. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/43899/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 317k |
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Titre | Figure 7 |
Légende | « Sacs à main composés par J. Dunand, exécutés par M. Michenon, édités par A. Cohn & Cie ; sac à main composé à Mme M. Guilly, exécuté par M. Michenon, édité par A. Cohn & Cie », reproduits dans Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925. Rapport général. Section artistique et technique, vol. V, Librairie Larousse, Paris, 1931, pl. x. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/43899/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 321k |
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Titre | Figure 8 |
Légende | Peignes composés par Fromenti, dessinés par Mlle Shmuckel, exécutés par Mme Auguste Bonaz, reproduits dans Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925. Rapport général. Section artistique et technique, vol. V, Librairie Larousse, Paris, 1927, pl. vi. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/43899/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 341k |
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Titre | Figure 9 |
Légende | Garniture de toilette composée par Madeleine Sougez, en galuchat vert, cristal gravé et argent, éditée par Primavera, atelier du Printemps, reproduite dans Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925. Rapport général. Section artistique et technique, vol. V, Librairie Larousse, Paris,1931, pl. V. |
Crédits | Reproduction Cnum – Conservatoire numérique des Arts et Métiers – https://cnum.cnam.fr. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/43899/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 277k |
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Titre | Figure 10 |
Légende | Boîte à poudre et coupes par Georges Bastard, reproduites dans Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925. Rapport général. Section artistique et technique, vol. V, Librairie Larousse, Paris,1931, pl. I. |
Crédits | Reproduction Cnum – Conservatoire numérique des Arts et Métiers – https://cnum.cnam.fr. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/43899/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 271k |
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Titre | Figure 11 |
Légende | Pendentif et boîtes par Mme O’Kin Simmen, reproduits dans Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925. Rapport général. Section artistique et technique, vol. v, Librairie Larousse, Paris, 1931, pl. viii. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/43899/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 372k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Clara Scrève, « De la parure au mobilier : exposer le bibelot en 1925 », In Situ [En ligne], 55 | 2025, mis en ligne le 27 avril 2025, consulté le 18 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/insitu/43899 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13tdk
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