De Paris à Boulogne-Billancourt
Résumés
Foyer culturel majeur pour l’art français de l’entre-deux-guerres, Boulogne-Billancourt conserve de nombreux vestiges de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, à la fois dans ses musées municipaux et dans son espace public. Outre le contexte historique, cette situation s’explique par une politique raisonnée d’acquisitions afin de constituer un fonds patrimonial autour de l’art figuratif « classique » du xxe siècle, en écho aux avant-gardes contemporaines.
Le musée des Années Trente conserve ainsi de nombreuses pièces de Joseph Bernard, Max Blondat, Jacques-Émile Ruhlmann, Carlo Sarrabezolles, Georges Saupique ou encore Valentine Reyre, qui évoquent le rôle important joué par la statuaire, le mobilier, ou encore l’art sacré dans l’Exposition internationale ; œuvres exposées en 1925 comme esquisses préparatoires ou objets dérivés documentent la genèse de ce moment clé de l’histoire de l’art du xxe siècle et sa fortune. Les esquisses et sculptures monumentales liées au projet du Temple de l’Homme, également présenté en 1925, forment un ensemble remarquable des fonds du musée Paul-Landowski autour de l’une des entreprises les plus ambitieuses jamais conçues par le sculpteur.
Ce riche ensemble boulonnais, l’un des plus emblématiques et cohérents dans le domaine public français liés à cette Exposition, témoigne de plusieurs enjeux esthétiques de cette manifestation, comme de son appropriation postérieure dans le domaine muséal.
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Mots-clés :
musées, sculpture, art sacré, arts décoratifs, ferronnerie, mobilier, céramique, dessin, fontaine, Boulogne-Billancourt, Max Blondat, Carlo SarrabezollesKeywords:
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- 1 Albert Bezançon (1879-1983), spécialiste de la tuberculose, conseiller municipal de Boulogne-Billan (...)
- 2 Max Blondat (1872-1925), sculpteur, élève des Beaux-Arts, il fut l’un des fondateurs de la Société (...)
- 3 Marcel Loyau (1895-1936), sculpteur, fondateur de la Société des beaux-arts de Boulogne.
- 4 Paul Landowski (1875-1961), sculpteur, Grand Prix de Rome en 1900.
- 5 Raymond Couvègnes (1893-1985), sculpteur.
- 6 Surnom de Boulogne-Billancourt.
1L’important développement urbain qu’a connu Boulogne-Billancourt durant les années 1920-1930 en fait aujourd’hui l’une des villes de référence du patrimoine francilien de l’entre-deux-guerres. Boulogne a initié de longue date une politique de valorisation de cet héritage, largement préservé dans les édifices de Le Corbusier, de Robert Mallet-Stevens ou d’Auguste Perret, pour ne citer que les architectes les plus connus. À cette sensibilité au bâti s’est ajouté dès les années 1980 un développement muséal, grâce à des collections artistiques et historiques constituées progressivement à partir du début du xxe siècle. Créé en 1939 par le docteur Albert Bezançon1, le musée des Années Trente s’est véritablement affirmé comme institution culturelle en s’installant dans l’espace Landowski en 1998. Il a vocation à présenter la création figurative de l’entre-deux-guerres, et notamment l’Art déco, à l’échelle du territoire national autant que local. L’installation de sculpteurs importants dans le quartier du Parc des Princes tels que Max Blondat2, Marcel Loyau3, Paul Landowski4 ou encore Raymond Couvègnes5 a contribué à une écriture boulonnaise de l’histoire de l’art moderne en France. Dans le cadre de ce dialogue entre l’aventure culturelle de Boulogne-Billancourt et la persistance d’une esthétique classique moderne sont nés deux autres musées municipaux, consacrés à l’œuvre de sculpteurs au destin également lié à « Boulbi6 » : le musée Paul-Landowski, issu de la donation de son fonds d’atelier par ses héritiers à la Ville de Boulogne en 1982 et redéployé dans l’espace Landowski en 2017, et le musée Paul-Belmondo, inauguré en 2010 dans le château Buchillot à l’initiative de ses enfants.
2Ce patrimoine à la fois hétéroclite et spécifique associe un arc chronologique restreint – en gros la période 1914-1945, non sans quelques incursions au-delà de ces bornes – à un foisonnement de personnalités, techniques et iconographies. Une telle circonstance, si singulière et même unique dans le paysage culturel français, permet de compléter la vision généralement choisie dans les musées d’art moderne : l’épanouissement, aux côtés des avant-gardes, d’esthétiques profondément ancrées dans une tradition visuelle et pourtant modernes. Il ne s’agit donc pas d’opposer une lecture de l’histoire de l’art du xxe siècle à une autre mais de justement redonner leur place à des artistes trop longtemps ignorés ou incompris car en dehors des cercles admis du cubisme, de l’abstraction ou du surréalisme. Ou plutôt, de nuancer une approche trop compartimentée, grâce au témoignage manifeste du microcosme boulonnais : dans le même temps que les sculpteurs du Parc des Princes susnommés, la ville accueille au cours de la décennie 1920 Daniel-Henry Kahnweiler (1884-1979), le marchand des cubistes, le peintre Juan Gris (1887-1927) et le sculpteur Jacques Lipchitz (1891-1973).
3Cette lecture historiographique s’articule plus particulièrement dans les musées boulonnais à travers un parcours des collections qui alterne personnalités, idées et événements. Dans le cadre d’un projet scientifique et culturel, inhérent au statut des musées de France, est actuellement développée une réflexion sur la refonte de ce parcours, afin de prendre en compte aussi bien la diversité de fonds constitués de longue date que les enjeux intellectuels et les attentes du public d’aujourd’hui. L’une des pistes de réflexion actuellement privilégiée consiste en la revalorisation des trois grandes manifestations parisiennes de l’entre-deux-guerres : l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, l’Exposition coloniale internationale de 1931 et l’Exposition internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne de 1937. Si le musée des Années Trente et, dans une moindre mesure, le musée Paul-Landowski conservent de nombreux vestiges ou évocations de ces événements majeurs, la destination originelle de ces vestiges reste difficilement lisible par un public non averti. Le cas de l’Exposition de 1925 se révèle particulièrement éloquent, avec la disparition de nombreux éléments, à commencer par l’ensemble des architectures et de nombreux décors immobiliers, et la dispersion des pièces subsistantes, déconnectées de leur contexte originel. À travers ses collections muséales comme son patrimoine urbain, Boulogne-Billancourt offre la possibilité d’évoquer certains aspects emblématiques de la grande manifestation parisienne.
Un répertoire de sculptures
- 7 Carlo Sarrabezolles (1888-1971), sculpteur, Second Grand Prix de Rome en 1914.
- 8 Raymond Delamarre (1890-1986), sculpteur, Grand Prix de Rome en 1919.
4Avec deux musées monographiques et de nombreux autres fonds d’ateliers, la sculpture est particulièrement bien représentée dans les collections boulonnaises. Dans cet ensemble foisonnant se trouvent en particulier des pièces exposées en 1925 dont la variété témoigne des tempéraments et des orientations de cet art durant l’entre-deux-guerres, à commencer par la production monumentale. C’est d’ailleurs l’une de ces sculptures qui accueille le visiteur du musée des Années Trente dès la nef de l’espace Landowski : La Danse triomphale de Pallas Athéné par Carlo Sarrabezolles7 [fig. 1] qui se dressait à l’entrée du pavillon du Club des architectes diplômés. La situation de l’œuvre dans un espace largement ouvert permet d’apprécier, sous différents points de vue, son mouvement énergique et son raffinement de détails. Son sujet comme son souci archéologique minutieux en font l’une des œuvres les plus antiquisantes de l’artiste, dans une veine bien différente de sa Vierge de la paix [fig. 2]. Il s’agit pourtant d’une sculpture contemporaine, située à l’origine sur un autel de la chapelle des Saints de France, réalisée par l’Union des catholiques des Beaux-Arts, dans l’église du Village français. Là encore, c’est une sculpture en plâtre polychromée, heureusement conservée par l’artiste après la fin de l’Exposition. D’une facture à la fois plus rugueuse et sobre que la Pallas Athéné, cette Madone trouve plutôt son inspiration dans la sculpture médiévale. Sa frontalité majestueuse et son anatomie solide préludent aux décors monumentaux de Sarrabezolles, sculptant dans le béton en prise, notamment la façade de Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus à Élisabethville (Yvelines ; 1928). Elle permet également d’évoquer la place de la sculpture religieuse dans les grandes expositions parisiennes, et c’est pourquoi elle trouve sa place près des modèles préparatoires des Béatitudes de Raymond Delamarre8, destinées à l’église Notre-Dame-des-Missions lors de l’Exposition coloniale de 1931.
Figure 1

La Danse triomphale de Pallas Athéné, Carlo Sarrabezolles, vers 1925. Plâtre patiné, 245 x 220 x 140 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 1990.2.1).
© Carlo Sarrabezolles, Adagp 2023. © Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt.
Figure 2

Vierge de la paix, Carlo Sarrabezolles, vers 1925. Plâtre polychrome, 215 x 51 x 55 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 1989.5.9).
© Carlo Sarrabezolles, Adagp 2023. © Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt.
- 9 Cette œuvre a été déplacée en 2005 et se trouve aujourd’hui dans le square de la Douce-France.
- 10 Jules Jouant (1863-1938), sculpteur, élève des Beaux-Arts, praticien d’Auguste Rodin.
5Sarrabezolles appartient à cette jeune génération qui, formée avant la Première Guerre mondiale, s’impose durant la décennie 1920. C’est le cas également de Georges Saupique (1889-1961), lui aussi passé par l’École des beaux-arts et un temps collaborateur de Rodin. Il compte, aux côtés d’Ossip Zadkine (1888-1967) et des frères Jan et Joël Martel (1896-1966) notamment, parmi les auteurs de la Pergola de la Douce France, présentée sur l’esplanade des Invalides et remontée en 1935 à Étampes (Essonne) dans le parc de la tour de Guinette9. Sa contribution la plus ambitieuse à l’Exposition internationale, toutefois, reste les reliefs en partie droite de la façade de la Cour des métiers, Le Commerce, l’autre côté étant occupé par L’Industrie de Jules Jouant10. La composition, sous forme de trois grands éléments en plâtre, est parvenue quasi intégralement à Boulogne-Billancourt avec son modèle préparatoire. Dans L’Industrie, Saupique reprend le principe du relief écrasé, pratiqué depuis la Renaissance, pour transcrire la vie contemporaine. Le travail administratif est incarné par trois jeunes gens feuilletant un livre, tapant à la machine à écrire et consultant un meuble de rangement sur la gauche, et au centre un employé de bureau au téléphone ; un ouvrier et deux ingénieurs en blouse sur la droite évoquent l’activité à l’usine. Le grand relief de Saupique est un témoignage éloquent de cette intégration du monde du travail dans l’iconographie artistique, certes entamée au cours du xixe siècle, rappelant que la manifestation de 1925 concernait notamment les arts industriels modernes.
6C’est une approche plus ornementale et classique du relief que propose Ernesto Canto da Maya (1890-1981), artiste portugais installé dès 1913 en France. Sa frise d’enfants, de chèvres et d’oiseaux évoluant au milieu de guirlandes et de fleurs décorait le haut du mur du cabinet de travail de l’ensemblier Paul Follot (1877-1942) au pavillon Pomone des magasins Au Bon Marché. Son style lyrique et fantaisiste participe pleinement de l’ambiance cosmopolite du Paris de l’entre-deux-guerres, où Canto da Maya tient une place éminente. En témoigne sa participation en 1925, outre notre frise, avec La Femme au serpent, au pavillon de la Société de l’art appliqué aux métiers, une Pomone et une Flore dans les jardins entourant le pavillon de la Ville de Paris (toutes deux récompensées par une médaille d’or), et une singulière Maternité, dans le jardin du pavillon de La Maîtrise des Galeries Lafayette. La présence de cet artiste au musée des Années Trente, avec quatorze sculptures, tient notamment au fait qu’il s’établit à Boulogne-Billancourt de 1923 à son retour au Portugal, en 1941.
- 11 RIGAL René, « À l’Exposition des Arts décoratifs. Les œuvres du maître-sculpteur Max Blondat origin (...)
- 12 Jules Vacherot (1862-1925), André Riousse (1895-1952).
- 13 « Équilibre », Le Matin, 17 juillet 1927, p. 1.
- 14 « Une statue a disparu », Le Matin, 2 mars 1934, p. 1.
7Originaire de l’Yonne, Max Blondat connaît un immense succès avec sa fontaine Jeunesse au Salon des Artistes français de 1904, exécutée avec une verve naturaliste qu’il maintiendra longtemps. Il s’établit dans le quartier du Parc des Princes de 1919 à sa mort, et compte de fait parmi les sculpteurs boulonnais bien présents à l’Exposition internationale. En 1925, Blondat adhère assez nettement à l’Art déco avec les médaillons ornant le pavillon de la manufacture de Sèvres, les reliefs pour la salle à manger de l’Ambassade française (aujourd’hui au musée départemental de l’Oise à Beauvais), une frise, des fontaines et un Atlas (collection privée) pour le pavillon de L’Intransigeant, et les étonnants reliefs à motifs stylisés de la façade du pavillon de la Compagnie royale asturienne des mines11. C’est davantage d’une veine rappelant sa création antérieure que relève la statue L’Équilibre [fig. 3], qui domine une fontaine érigée devant le pavillon du Collectionneur, dans le jardin conçu par l’architecte Jules Vacherot, qui meurt à Boulogne en 1925, et le paysagiste André Riousse12. Le sculpteur a pris pour modèle sa fille Marthe afin de représenter un enfant bien potelé, assurément son motif de prédilection, debout frontalement sur une boule. Le marbre de L’Équilibre aujourd’hui dans les collections boulonnaises est-il bien celui exposé en 1925 ? La question mérite d’être posée car si l’œuvre du musée des Années Trente a été généreusement offerte par les descendants de l’artiste en 1990, la fontaine de l’Exposition internationale avait été achetée par la Ville de Paris en décembre 1925, à peine un mois après la mort prématurée de Blondat. Installé à l’automne 1927 près du Petit Palais13, L’Équilibre disparaît lors des émeutes de la crise antiparlementaire de février 193414. L’on en perd ensuite la trace. Se pourrait-il, d’une façon qui nous échappe, que l’œuvre ait été acquise par la famille Blondat avant de venir à Boulogne ? En lieu et place du marbre fut ensuite installé aux abords du Petit Palais un bronze, hélas fondu en 1943. Par ailleurs, l’œuvre a été éditée sous forme de terre cuite (fragment de tête au musée des Beaux-Arts de Calais), de plâtre (musée des Beaux-Arts de Lyon et musée des Années Trente) et même de porcelaine de Sèvres, comme on le verra, attestant de son succès. Sous réserve d’élément contradictoire, il paraît vraisemblable que le marbre boulonnais soit celui qui était placé à l’origine près du pavillon du Collectionneur.
Figure 3

L’Équilibre, Max Blondat, vers 1925. Marbre, H. : 120 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 1991.3.7).
© Thierry Ollivier / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt.
- 15 Lap : nom commercial du ciment alumineux, dont le brevet fut déposé en juin 1923 par l’artiste Sper (...)
- 16 Cette dernière œuvre est connue à travers la photographie et un dessin de 1924 en collection privée (...)
8Dans ce même bâtiment, regroupant une équipe renommée de décorateurs et sculpteurs autour du décorateur Jacques-Émile Ruhlmann (1879-1933), figurait une Tête idéale d’Alfred Janniot (1889-1969), artiste qui connaît une véritable consécration en 1925. Initialement intitulé La Sicilienne, ce délicat buste de jeune femme avait été conçu à la villa Médicis en 1921, soit deux ans après que Janniot remporta le Prix de Rome de sculpture, alors partagé avec Raymond Delamarre. Plusieurs exemplaires en plâtre en ont été édités, celui de Boulogne possédant une patine dorée qui en rehausse la valeur [fig. 4]. Ce témoignage de la participation de Janniot peut paraître modeste au regard de sa production sculpturale monumentale, c’est pourtant un rare exemple en collection publique française de la création de Janniot liée à 1925. L’on rappellera que le célébrissime Hommage à Jean Goujon se trouve depuis 1969 au musée Calouste-Gulbenkian à Lisbonne, tandis que Léda et le cygne, son unique panneau en Lap15, exécuté avec Speranza Calo-Séailles, est aujourd’hui en collection privée. Quant aux autres réalisations de l’artiste pour l’Exposition internationale, la colossale Vigne de la tour de Bordeaux et le relief de L’Hymne à la beauté pour la porte Saint-Dominique Constantine de la galerie des Sections françaises, elles ont tout simplement disparu16. L’on peut considérer notre Tête idéale comme une preuve de la virtuosité intimiste de Janniot, dialoguant au musée avec les meubles contemporains de Ruhlmann.
Figure 4

Tête idéale, Alfred Janniot, 1924. Plâtre patiné, 38,5 x 22 x 26 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 2003.7.1).
© Alfred Janniot / Adagp, Paris 2022. © Thierry Ollivier / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt.
Joseph Bernard : modèles et variations
- 17 Inscrite au titre des monuments historiques en 2000.
- 18 Tribunes des chantres (ou Cantorie), 1433-1439, Donatello et Luca della Robbia, musée de l’Œuvre du (...)
- 19 Paul Nocard (1869-avant 1932), l’un des propriétaires et administrateurs des parfums L. T. Piver.
- 20 Voir LE NORMAND-ROMAIN Antoinette, « Les frise(s) de la danse », in CARLIER Sylvie & MASSÉ Alice (d (...)
9La situation de Joseph Bernard (1866-1931) mérite que l’on s’y arrête, car elle est à la confluence du fonds muséal et du décor monumental. Né à Vienne (Isère), formé à Lyon et à Paris, le sculpteur s’installe en 1921 à Boulogne dans une belle propriété du Parc des Princes17. Si la maison est restée en mains privées, l’atelier construit par Charles Plumet appartient depuis 1990 à la Ville. Cet espace a été vidé des nombreux plâtres offerts en 1985 et 1990 par Jean Bernard, fils de l’artiste, mais s’y trouvent encore des décors sculptés immeubles par nature, encastrés dans le bâtiment. Les plus imposants consistent en deux longues frises, sous la corniche en façade et à l’intérieur, figurant la danse [fig. 5]. Il s’agit d’un motif récurrent dans l’œuvre de Joseph Bernard depuis les années 1910, dans une veine classique inspirée par les Tribunes des chantres de Donatello et Luca della Robbia18. Les reliefs boulonnais, respectivement en ciment et en plâtre, ont été moulés sur l’immense frise en staff d’abord présentée au Salon d’Automne de 1924, puis en intégralité dans le patio Joseph Bernard de la Cour des métiers en 1925, et aujourd’hui au musée d’Art de Nantes. Cette version tardive de La Danse constituait un agrandissement des reliefs en marbre exécutés entre 1911 et 1913 pour l’hôtel particulier de Paul Nocard19 à Neuilly, maintenant visibles au musée d’Orsay. L’artiste tenait sans nul doute cette composition pour l’une de ses plus grandes réussites, au point d’en multiplier les exemplaires jusque dans son atelier. Un autre moulage fut d’ailleurs réalisé à une date inconnue pour être placé dans les salons d’honneur de l’hôtel de ville de Boulogne-Billancourt. L’Exposition de 1925 mettait encore La Danse à l’honneur sur les façades du pavillon du Collectionneur, avec respectivement les trois reliefs en partie supérieure de la rotonde et un couple surmontant la porte d’entrée. Si ces sculptures sont aujourd’hui perdues, celle du couple nous est néanmoins parvenue à travers un moulage conservé au musée des Années Trente. Le riche fonds boulonnais dédié à Joseph Bernard permet ainsi d’appréhender au mieux la place éminente de l’œuvre monumentale du sculpteur dans la manifestation parisienne20.
Figure 5

La Danse, Joseph Bernard, après 1924. Plâtre, L. : 1300 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 2010.0.44.9).
© Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt.
10À l’instar des sculpteurs les plus âgés participant à l’Exposition de 1925, de la génération de François Pompon et Antoine Bourdelle, Joseph Bernard était ainsi représenté par une œuvre conçue avant la Première Guerre mondiale. C’est également le cas de sa Femme à la cruche, dont un plâtre grandeur nature avait d’abord été exposé au Salon d’Automne de 1912, à travers une version de mêmes dimensions placée dans le bureau du pavillon du Collectionneur. Une marque d’attention rappelle les liens privilégiés qui existaient entre Bernard et Ruhlmann, qui conçoit en 1925-1926 le mobilier de la résidence boulonnaise du sculpteur, acheté en 1990 par le musée des Années Trente. Ce dernier conserve également un grand plâtre patiné de la Femme à la cruche, annonciatrice par son rythme souple et ses volumes sobres des tendances sculpturales développées au cours des années 1920.
Le Temple de l’Homme de Paul Landowski, de l’esquisse au colossal
11Prix de Rome en 1900, Paul Landowski fut assurément une figure majeure de la sculpture de la première moitié du xxe siècle, auteur de nombreux monuments en France et à l’étranger, en particulier le Christ rédempteur, exécuté de 1926 à 1931 pour le Corcovado à Rio de Janeiro et connu dans le monde entier. L’Exposition de 1925 lui donne l’occasion de présenter un projet très ambitieux par son envergure spatiale et intellectuelle : le Temple de l’Homme. Nourri par ses lectures de Romain Rolland et Paul Valéry, le monument se compose d’une série d’éléments architecturaux retraçant le destin de l’humanité : la Porte de la Science et la Porte de Psyché, ainsi que le Mur de Prométhée, le Mur des Religions, le Mur des Légendes, le Mur des Hymnes. Sur le parvis du Temple devait se dresser le groupe dit des Fils de Caïn, dernier envoi de Landowski à Rome en 1905. Le projet du Temple de l’Homme, fruit d’un long travail de réflexion du sculpteur entamé dès les premières années du xxe siècle, donnera lieu à une série de développements jusque dans la décennie 1950, mais sans jamais parvenir à son aboutissement.
- 21 LEFRANÇOIS Michèle, Paul Landowski. L’œuvre sculpté, Grâne, Créaphis, 2009, p. 422-443.
12Sa présentation en 1925 en constitue la forme la plus complète et aboutie, au sein d’une salle qui lui était entièrement dédiée. Le public pouvait alors découvrir les maquettes des deux portes et quatre murs, les statues monumentales de saint François et sainte Claire destinées au Mur des Hymnes, et surtout la partie du Mur des Légendes exécutée à une échelle colossale, qui comptent aujourd’hui parmi les pièces majeures du musée Paul-Landowski de Boulogne-Billancourt21. Ce fonds comprend également, outre diverses études sculptées, une série de dessins très aboutis pour la structure architecturale du Temple de l’Homme, qui n’est pas sans rappeler les projets visionnaires de la fin du xviiie siècle [fig. 6] – quelques feuilles furent exposées en 1925, hélas sans précision, qui pourraient aussi correspondre à certains dessins aujourd’hui conservés au musée du Petit Palais à Paris. Cet ensemble est maintenant visible au musée Paul-Landowski dans un espace consacré, évoquant à une moindre échelle la présentation de 1925 ; n’y figure pas la grande section du Mur des Légendes [fig. 7] qui doit prochainement quitter le jardin de l’ancienne demeure du sculpteur pour un emplacement plus approprié.
Figure 6

Mur du Christ-Mur de Prométhée, Paul Landowski, vers 1925. Dessin, encre de Chine et crayons de couleur sur calque, 28 x 44,6 cm, conservé au musée Paul-Landowski, Boulogne-Billancourt (inv. 1982.1.121).
© Paul Landowski, Adagp 2023 / reproduction Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt.
Figure 7

Mur des Légendes, Paul Landowski, vers 1925, pierre, 650 x 460 x47 cm, musée Paul-Landowski, Boulogne-Billancourt (inv. 1982.1.35).
© Paul Landowski, Adagp 2023 © Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt.
Grands décors peints : l’exemple de l’art sacré
- 22 Bordeaux, musée d’Aquitaine : La Forêt landaise de François-Maurice Roganeau (inv. 74.31.1), La Vig (...)
13Aux côtés de l’architecture, des sculptures et des objets d’art, la peinture monumentale tient une place notable au sein des pavillons, en particulier dans les cycles où s’expriment les meilleurs décorateurs du temps. La série des mois de Gustave-Louis Jaulmes (1873-1959) pour la salle à manger d’honneur actuellement au musée des Beaux-Arts d’Arras, les quatre immenses toiles d’Henri Marret (1878-1964) dont deux sont aujourd’hui au lycée Ernest-Renan de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), et les quatre grandes compositions qui ornaient la tour de Bordeaux désormais au musée d’Aquitaine22 comptent parmi les réalisations emblématiques heureusement parvenues jusqu’à nous.
14Dans un registre plus modeste, le musée des Années Trente conserve un ensemble de grands dessins relatifs au décor mural de l’église du Village français, véritable vitrine des maîtres de l’art sacré en 1925. Ces interventions sont réparties entre plusieurs sociétés artistiques, invoquant le modèle des anciennes confréries, gravitant autour des figures tutélaires de Maurice Denis (1870-1943) et George Desvallières (1861-1950). Formée par ce dernier à l’académie de la Grande Chaumière, Valentine Reyre (1889-1943) est co-fondatrice en 1916 de l’Arche puis en 1919 des Ateliers d’art sacré, regroupant artistes et architectes catholiques. C’est à ce titre que lui furent confiées les quatre fresques dans les angles de la contre-façade, entourant une rosace ornée de vitraux de son invention, voisinant avec des peintures octogonales dues à l’artiste ukrainien Wladimir Polissadiw. La genèse des fresques de Reyre est documentée à Boulogne par une grande feuille pour l’ensemble et les quatre cartons à l’échelle des figures saintes peintes sur ce mur. Exécutées avec un trait ferme et large, ces compositions témoignent de l’influence de l’art roman sur ces artistes dévots.
15Dans le chœur de l’église du Village français est notamment actif Henri de Maistre (1891-1953), proche collaborateur de Maurice Denis, qui rejoint dès 1920 les Ateliers d’art sacré avant d’en prendre la direction en 1925. Il orne le mur gauche d’un Bon Pasteur, préparé par deux études conservées dans les collections boulonnaises : un calque avec mise au carreau, qui présente la scène dans son entier en incluant les inscriptions latines [fig. 8], et une huile sur carton limitée au buste du Christ, indiquant la palette chromatique de la fresque. La présence de ces études d’Henri de Maistre est d’autant plus précieuse que l’essentiel de ses œuvres religieuses est maintenant conservé au musée des Beaux-Arts de Bernay.
Figure 8

Le Bon Pasteur, Henri de Maistre, vers 1925. Dessin, encre bleue et crayon graphite sur papier calque, 23 x 26,6 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 1998.9.1).
Reproduction Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt.
16À la confluence du sacré et du profane, du mystique et du pittoresque, de la peinture murale et du tableau de chevalet, se situe une gouache sur ciment d’Élisabeth Branly (1889-1972), Les Anges gardiens. Si ce panneau prenait place en 1925 dans la chambre d’enfant du pavillon de la Provence, où l’artiste conçoit aussi le mobilier, il est bien empreint d’une certaine atmosphère religieuse. En effet, Élisabeth Branly compte également parmi les figures notables des Ateliers d’art sacré, et s’y investit pleinement au même titre que ses illustrations de mode ou ses projets publicitaires. En ce sens, les réalisations de l’Exposition de 1925 constituent une préfiguration exemplaire du grand chantier qui accaparera quelques années plus tard Reyre, de Maistre, Branly et de nombreux autres artistes : l’église du Saint-Esprit à Paris, bâtie de 1928 à 1935 par Paul Tournon, par ailleurs mari d’Élisabeth Branly.
Quelle place pour les arts décoratifs ?
17Par un curieux paradoxe, ou plutôt les hasards de l’histoire de la collection, les arts décoratifs consacrés par l’Exposition de 1925 sont assez peu représentés dans les fonds boulonnais. L’orientation prise autour de la sculpture, reflétant la configuration de la scène artistique locale de l’entre-deux-guerres, peut expliquer en partie cette carence. Si le musée des Années Trente n’est pas représentatif du faste et de la variété des arts appliqués de 1925, il possède néanmoins deux pièces de belle facture dues à des créateurs majeurs.
18Jacques-Émile Ruhlmann connaît alors un véritable triomphe, en particulier dans le pavillon du Collectionneur dont il supervise l’aménagement. Du grand salon de cet édifice emblématique provient un fauteuil [fig. 9], qui compte parmi les fleurons du riche ensemble Ruhlmann du musée, partagé entre une trentaine de meubles et surtout plus de 3 000 pièces graphiques et archives. Ses lignes simples et élégantes à la fois témoignent du souci historiciste de l’ensemblier d’inscrire sa production dans une histoire du mobilier français, en l’occurrence les sièges produits par Jacob-Desmalter sous le Directoire et le Consulat. La sobriété presque austère de ce siège, toutefois, est aujourd’hui un peu trompeuse : sa garniture bleu sombre n’est pas celle d’origine, qui était rythmée par de larges compositions florales sur le dossier et l’assise. Il s’agissait d’une tapisserie de la manufacture de Beauvais réalisée par Émile Gaudissard (1872-1956), dont la recréation à partir des documents de 1925 peut être sérieusement envisagée pour restituer au fauteuil Collectionneur un état plus proche de celui originel.
Figure 9
Fauteuil Collectionneur, Jacques-Émile Ruhlmann, vers 1925. Bois de hêtre teinté rouge, tissu et bronze, 100,5 x 96 x 44 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 2016.0.540).
© Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt.
19Du mobilier réalisé, l’on passe à une série d’études préparatoires de meubles issues du très riche fonds de dessins et d’archives de Ruhlmann conservé à Boulogne, à savoir des dessins cotés et des bleus d’atelier préparant le bureau Ambassadeur, le bureau, la coiffeuse et la table Collectionneur ainsi que des éléments de cheminée et des luminaires du pavillon du Collectionneur. Les étapes de création du tapis du cabinet de travail d’Une Ambassade française sont précieusement documentées par une série de trois feuilles d’Henri Stéphany (1880-1934) [fig. 10], collaborateur plutôt versé dans le textile et le papier peint. Une série de neuf calques de format triangulaire, aux motifs géométriques variés, permet aujourd’hui de connaître l’élaboration à l’échelle du grand lustre en verre gravé du pavillon de Pomone ; Ruhlmann réalise également, avec son collaborateur Pierre Laurent, le grand vitrail en façade de ce bâtiment, érigé par Louis-Hippolyte Boileau pour le grand magasin Au Bon Marché. La numérisation prochaine des fonds graphiques et photographiques liés à Ruhlmann permettra de mieux faire connaître aux chercheurs comme au grand public la conception d’ensembles Art déco parmi les plus emblématiques de 1925.
Figure 10

Tapis 3107 NR, d’Henri Stéphany, vers 1925. Dessin, crayon gras noir, crayon rouge, encre rouge sur papier calque, 38 x 24 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 2002.18.7.56.3).
Reproduction Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt.
- 23 Cette entreprise, fondée en 1923 par l’homme d’affaires canadien Victor-Napoléon Siégel, était spéc (...)
- 24 KJELLBERG Pierre, Le Mobilier du xxe siècle. Dictionnaire des créateurs, Paris, Éditions de l’Amate (...)
- 25 HERBST René, Devantures, vitrines, installations de magasins à l’Exposition internationale des arts (...)
20L’art de la ferronnerie, en plein âge d’or au cours des décennies 1920-1930, figure en bonne place avec la porte joliment ouvragée du magasin Siégel23 [fig. 11], originellement situé dans la galerie des Boutiques sur l’esplanade des Invalides. Son exécution est due à Pierre Petit (1900-1969), passé par l’École Boulle et alors au service de Siégel24. Elle compte parmi les quelques travaux en métal conservés de cette personnalité polyvalente, également versée dans le mobilier et le vitrail puis l’architecture. La situation exacte de cette porte nous est bien connue à travers une photographie d’un portfolio de René Herbst, Devantures, vitrines, installations de magasins à l’Exposition internationale des arts décoratifs, Paris 192525 : elle prenait place entre deux têtes de mannequins dans des vitrines, supportées par des fûts cannelés, et se voyait coiffée par un fronton circulaire frappé du nom de Siegel. L’importance de cette porte ne tient pas seulement à sa qualité technique et esthétique ou à sa rareté mais également à son remploi fonctionnel. De Siégel, l’élément passa à la chemiserie Hanriot, dans la boutique autrefois située au 56, rue de la Chaussée-d’Antin à Paris. Or, la porte est arrivée au musée des Années Trente avec une enseigne en fer forgé et deux cache-radiateurs en Lap, produits en 1923 et provenant également de la chemiserie. Cet ensemble atteste ainsi d’une fortune singulière de la ferronnerie d’art de 1925 et de son intégration à un ensemble Art déco cohérent adapté à un usage commercial.
Figure 11

Porte de la boutique Siegel, Pierre Petit, vers 1925. Fer forgé et verre, 228,5 x 75,8 x 7,2 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 2017.0.288).
© Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt.
21Hasardons une hypothèse susceptible d’étoffer ce maigre corpus : un vase à motif de nuages sur fond d’or, produit vers 1925 par Jacques Adnet (1900-1984) dans l’atelier de La Maîtrise des Galeries Lafayette et aujourd’hui à Boulogne, figurait-il à l’Exposition internationale ? L’ensemble des pièces présentées par le décorateur dans le pavillon du grand magasin ne nous est pas clairement connu. S’il est donc impossible de rattacher notre céramique à la manifestation, son vocabulaire librement naturaliste et son style délicieusement poétique permettent néanmoins de l’envisager.
Souvenirs d’une Exposition
- 26 FOUCART Bruno (dir.), Le Sculpteur Max Blondat, 1872-1925. Du Modern Style à l’Art Déco, cat. exp., (...)
22Le caractère éminemment commercial de la manifestation de 1925 a suscité la production d’une grande série d’objets-souvenirs ou de réductions de pièces monumentales qui constituent de véritables produits dérivés. Ce qualificatif paraît des plus judicieux pour un biscuit de Sèvres d’après L’Équilibre de Blondat [fig. 12], qui propose une variante miniature de la fontaine jouxtant le pavillon du Collectionneur. L’objet est sans doute une création postérieure à l’Exposition internationale, et donc à la mort de Blondat, déclinant l’un de ces monuments enfantins qui assurèrent la renommée de leur auteur. De la sculpture de jardin au bibelot d’intérieur, L’Équilibre conserve ainsi sa fonction éminemment ornementale, rappelant que cet artiste est toujours resté fidèle dans sa production à sa formation en arts appliqués26.
Figure 12

L’Équilibre, manufacture de Sèvres, Max Blondat, après 1925. Biscuit de porcelaine, H. : 41 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 2010.14.1).
© Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt.
- 27 Entré en 1925 à l’École des arts appliqués à l’industrie, Raymond Martin y suit l’enseignement de J (...)
23Sur le modèle des précédents événements de ce type, l’Exposition internationale a donné lieu à la création d’une médaille commémorative, exécutée par Pierre Turin (1981-1968) et éditée par la Monnaie de Paris. Le musée des Années Trente possède deux exemplaires de ce relief octogonal, présentant sur l’avers Flore, assise sur un nuage, tenant une corbeille de fleurs, au vocabulaire éminemment Art déco. De petites plaques de bronze ont également joué un certain rôle pour diffuser et garder le souvenir de fins reliefs aux formes stylisées, qui s’adaptaient particulièrement bien à un tel support. C’est le cas de La Maternité des frères Jan et Joël Martel, associée à une Danseuse des mêmes artistes dans le fumoir d’Une Ambassade française. Sa transcription miniature en bronze patiné par La Gerbe d’or a permis de populariser une composition audacieuse, dont l’esthétique confine au cubisme. D’une veine plus naturaliste, une autre plaquette rend hommage aux corps de métier ayant contribué à l’édification du pavillon de la Ville de Paris, visible à l’arrière-plan. Sa signature « RAY. MARTIN / 1926 » indique une création commémorative, comptant parmi les nombreuses pièces éditées par Arthus-Bertrand pour conserver la mémoire des grandes expositions internationales. Faut-il reconnaître dans son auteur le sculpteur et médailler Raymond Martin (1910-1992)27 ? C’est peu probable, car en 1926 cet artiste n’avait que seize ans et débutait à peine sa formation ; il pourrait donc plutôt s’agir d’un homonyme encore à identifier.
24Les comptes rendus de l’Exposition nous apprennent que de nombreux artistes furent primés pour leurs travaux. Le diplôme, s’il peut être considéré comme une pièce d’archive, n’en constitue pas moins une œuvre graphique digne d’intérêt. Il a en effet été dessiné par Gustave-Louis Jaulmes, qui figure parmi les plus éminents artistes décorateurs triomphant en 1925. Le musée des Années Trente conserve ainsi l’exemplaire remis au relieur d’art André Depelley, avec deux élégantes cariatides supportant des guirlandes, selon cette allègre vision antiquisante chère à leur créateur.
25Quatre affiches assuraient la promotion de l’Exposition dans l’espace public, avec différents visuels de grande qualité qui en font de véritables objets d’art. Au musée des Années Trente se trouve un exemplaire de la plus fameuse, confiée à Antoine Bourdelle (1861-1929), auteur de la lithographie en couleurs figurant un génie ailé dominant un taureau et inscrite « Par labeur & par génie ». La prestigieuse manifestation s’assurait ainsi l’heureux patronage d’un artiste parmi les plus éminents et respectés en 1925, dont l’œuvre a marqué beaucoup de jeunes sculpteurs présents à l’Exposition, jouant de ce fait un rôle notable dans les développements de l’esthétique Art déco.
Un « arbre » et deux fontaines dans la ville
26Impossible d’accéder à l’espace Landowski sans passer devant l’arbre cubiste. Il s’agit précisément d’une réplique créée en 1998 par Alexandre Chemetoff et Marc Mimram d’après l’un des exemplaires dressés dans les jardins du pavillon de Roubaix-Tourcoing en 1925. Cette création conjointe des frères Jan et Joël Martel et de l’architecte Robert Mallet-Stevens nous est bien connue par une série d’esquisses sculptées et de photographies, qui ont permis cette reconstitution précise et à l’échelle.
- 28 Les bornes Vauthier sont érigées au cours de la décennie 1920 en France et en Belgique suivant la l (...)
27Dispersées en ville, deux fontaines autrefois dans les jardins du pavillon de la Ville de Paris ont pu être heureusement préservées par Boulogne-Billancourt. Elles participent évidemment à l’embellissement urbain et rendent hommage à deux sculpteurs un temps boulonnais. En parcourant les allées du square Léon-Blum, on ne peut manquer la fontaine en grès cérame intitulée Rire est le propre de l’homme [fig. 13], achetée en 1926 par la Ville. Elle est l’œuvre de Paul Moreau-Vauthier (1871-1936), autrement connu pour ses bornes du front de la Première Guerre mondiale28, dont un prototype se trouve toujours dans le jardin de son ancienne demeure à Boulogne, réalisé en collaboration avec l’entreprise de céramique Gentil et Bourdet, également implantée dans la ville. Ce petit monument d’un style Art nouveau tardif rend hommage, comme le précise la signature à l’arrière, à son ami Charles Armand Ménard, dit Dranem, chansonnier vedette du café-concert parisien en son temps. Ce dernier a prêté ses traits au faune grimaçant, couvert de grappes de raisin, peut-être exécuté d’après le buste naturaliste de Dranem réalisé en terre cuite par Moreau-Vauthier et aujourd’hui au musée des Années Trente.
Figure 13

Rire est le propre de l’homme, fontaine de Paul Moreau-Vauthier, vers 1925, grès cérame, square Léon-Blum, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), 2022.
© Alain de Baudus / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt.
- 29 Inspiré par le bassin de Latone à Versailles, ce monument a été exécuté par le sculpteur en collabo (...)
- 30 Sur les fontaines de Boulogne-Billancourt, voir DUSCH Sabine, « La balade des fontaines boulonnaise (...)
28L’autre fontaine, acquise en 1955, trône au centre de la place Denfert-Rochereau, face à la bibliothèque Marmottan. Marcel Loyau, l’auteur de cette Fontaine des cygnes [fig. 14], est autrement connu pour une réalisation américaine du même genre quoique bien plus imposante, la Buckingham Fountain, inaugurée en 1927 à Chicago29. Le grand bronze boulonnais est un heureux groupe d’enfants et d’oiseaux d’un esprit néo-versaillais, dont la première idée est conservée dans un petit plâtre du musée des Années Trente30.
Figure 14

Fontaine des cygnes, de Marcel Loyau, 1925, bronze d’aluminium, place Denfert-Rochereau, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), février 2023.
© Benjamin Couilleaux.
29La prochaine restauration de ces fontaines permettra de mieux les valoriser, en développant également une médiation écrite et numérique pour évoquer leur origine comme leur importance. C’est une étape parmi d’autres, actuellement en cours d’étude ou de réalisation, pour valoriser le patrimoine muséal et urbain de 1925 aujourd’hui présent à Boulogne-Billancourt, afin de rappeler à chacune et chacun le rôle notable de cette ville dans un événement déterminant de l’histoire de l’art du xxe siècle.
Notes
1 Albert Bezançon (1879-1983), spécialiste de la tuberculose, conseiller municipal de Boulogne-Billancourt, historien local et artiste amateur.
2 Max Blondat (1872-1925), sculpteur, élève des Beaux-Arts, il fut l’un des fondateurs de la Société des arts décoratifs français.
3 Marcel Loyau (1895-1936), sculpteur, fondateur de la Société des beaux-arts de Boulogne.
4 Paul Landowski (1875-1961), sculpteur, Grand Prix de Rome en 1900.
5 Raymond Couvègnes (1893-1985), sculpteur.
6 Surnom de Boulogne-Billancourt.
7 Carlo Sarrabezolles (1888-1971), sculpteur, Second Grand Prix de Rome en 1914.
8 Raymond Delamarre (1890-1986), sculpteur, Grand Prix de Rome en 1919.
9 Cette œuvre a été déplacée en 2005 et se trouve aujourd’hui dans le square de la Douce-France.
10 Jules Jouant (1863-1938), sculpteur, élève des Beaux-Arts, praticien d’Auguste Rodin.
11 RIGAL René, « À l’Exposition des Arts décoratifs. Les œuvres du maître-sculpteur Max Blondat originaire de Crain », Le Bourguignon, 18 juin 1925, p. 2 : Rigal y évoque aussi quelques autres sculptures réalisées antérieurement et présentées à cette Exposition.
12 Jules Vacherot (1862-1925), André Riousse (1895-1952).
13 « Équilibre », Le Matin, 17 juillet 1927, p. 1.
14 « Une statue a disparu », Le Matin, 2 mars 1934, p. 1.
15 Lap : nom commercial du ciment alumineux, dont le brevet fut déposé en juin 1923 par l’artiste Speranza Calo-Séailles (1885-1949), (https://fr.wikipedia.org/wiki/Lap_(marque) [lien valide en février 2025]).
16 Cette dernière œuvre est connue à travers la photographie et un dessin de 1924 en collection privée : voir GIRAUD Michel & FRAVALO Fabienne, Alfred Janniot 1889-1969. Propos mythologiques et modernes, Paris, Galerie M. Giraud, Librairie du passage, 2006, p. 36-37.
17 Inscrite au titre des monuments historiques en 2000.
18 Tribunes des chantres (ou Cantorie), 1433-1439, Donatello et Luca della Robbia, musée de l’Œuvre du Dôme, Florence.
19 Paul Nocard (1869-avant 1932), l’un des propriétaires et administrateurs des parfums L. T. Piver.
20 Voir LE NORMAND-ROMAIN Antoinette, « Les frise(s) de la danse », in CARLIER Sylvie & MASSÉ Alice (dir.), Joseph Bernard, 1866-1931. De pierre et de volupté, cat. exp., Villefranche-sur-Saône, musée municipal Paul-Dini, Roubaix, La Piscine, musée d’Art et d’Industrie André-Diligent, 2020-2021, Gand, Snoeck, 2020, p. 223-227.
21 LEFRANÇOIS Michèle, Paul Landowski. L’œuvre sculpté, Grâne, Créaphis, 2009, p. 422-443.
22 Bordeaux, musée d’Aquitaine : La Forêt landaise de François-Maurice Roganeau (inv. 74.31.1), La Vigne et le vin de Jean Dupas (inv. 74.31.2), L’Agriculture de Jean Despujols (inv. 74.31.4), Les Colonies de Marius de Buzon (inv. 74.31.3).
23 Cette entreprise, fondée en 1923 par l’homme d’affaires canadien Victor-Napoléon Siégel, était spécialisée dans la réalisation de devantures de boutiques et de mannequins de présentation.
24 KJELLBERG Pierre, Le Mobilier du xxe siècle. Dictionnaire des créateurs, Paris, Éditions de l’Amateur, 1994, p. 487-488.
25 HERBST René, Devantures, vitrines, installations de magasins à l’Exposition internationale des arts décoratifs, Paris, Charles Moreau, s. d. [1925], pl. VI.
26 FOUCART Bruno (dir.), Le Sculpteur Max Blondat, 1872-1925. Du Modern Style à l’Art Déco, cat. exp., Beauvais, musée départemental de l’Oise, 1979.
27 Entré en 1925 à l’École des arts appliqués à l’industrie, Raymond Martin y suit l’enseignement de Jules Jouant, puis rejoint l’atelier de Jules Coutan aux Beaux-Arts entre 1927 et 1929. Dans le même temps, le jeune artiste se lie avec Robert Wlérick, dont il est l’un des plus fervents héritiers.
28 Les bornes Vauthier sont érigées au cours de la décennie 1920 en France et en Belgique suivant la ligne de front de juillet 1918. Au nombre de 120 initialement, il en subsiste aujourd’hui 97, auxquelles s’ajoute la borne prototype, toujours en place dans le jardin de la maison ayant appartenu à Paul Moreau-Vauthier à Boulogne-Billancourt : voir https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM92000476 [lien valide en février 2025].
29 Inspiré par le bassin de Latone à Versailles, ce monument a été exécuté par le sculpteur en collaboration avec l’architecte américain Edward H. Bennett (1874-1954), formé aux Beaux-Arts à Paris. La Buckingham Fountain valut à Loyau le prix national des Beaux-Arts à l’unanimité du conseil supérieur des Beaux-Arts. Les plâtres des chevaux et des roseaux sont conservés au musée des Années Trente à Boulogne-Billancourt.
30 Sur les fontaines de Boulogne-Billancourt, voir DUSCH Sabine, « La balade des fontaines boulonnaises », Boulogne-Billancourt Information, no 502, février 2022, p. 29-31, disponible en ligne : https://www.boulognebillancourt.com/fileadmin/medias/Publications/BBI/BBI_2022/BBI_Fevrier_2022.pdf [lien valide en février 2025].
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Figure 1 |
Légende | La Danse triomphale de Pallas Athéné, Carlo Sarrabezolles, vers 1925. Plâtre patiné, 245 x 220 x 140 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 1990.2.1). |
Crédits | © Carlo Sarrabezolles, Adagp 2023. © Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/44012/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 209k |
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Titre | Figure 2 |
Légende | Vierge de la paix, Carlo Sarrabezolles, vers 1925. Plâtre polychrome, 215 x 51 x 55 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 1989.5.9). |
Crédits | © Carlo Sarrabezolles, Adagp 2023. © Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/44012/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 117k |
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Titre | Figure 3 |
Légende | L’Équilibre, Max Blondat, vers 1925. Marbre, H. : 120 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 1991.3.7). |
Crédits | © Thierry Ollivier / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/44012/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 253k |
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Titre | Figure 4 |
Légende | Tête idéale, Alfred Janniot, 1924. Plâtre patiné, 38,5 x 22 x 26 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 2003.7.1). |
Crédits | © Alfred Janniot / Adagp, Paris 2022. © Thierry Ollivier / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/44012/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 164k |
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Titre | Figure 5 |
Légende | La Danse, Joseph Bernard, après 1924. Plâtre, L. : 1300 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 2010.0.44.9). |
Crédits | © Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/44012/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 242k |
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Titre | Figure 6 |
Légende | Mur du Christ-Mur de Prométhée, Paul Landowski, vers 1925. Dessin, encre de Chine et crayons de couleur sur calque, 28 x 44,6 cm, conservé au musée Paul-Landowski, Boulogne-Billancourt (inv. 1982.1.121). |
Crédits | © Paul Landowski, Adagp 2023 / reproduction Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/44012/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 304k |
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Titre | Figure 7 |
Légende | Mur des Légendes, Paul Landowski, vers 1925, pierre, 650 x 460 x47 cm, musée Paul-Landowski, Boulogne-Billancourt (inv. 1982.1.35). |
Crédits | © Paul Landowski, Adagp 2023 © Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/44012/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 245k |
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Titre | Figure 8 |
Légende | Le Bon Pasteur, Henri de Maistre, vers 1925. Dessin, encre bleue et crayon graphite sur papier calque, 23 x 26,6 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 1998.9.1). |
Crédits | Reproduction Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/44012/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 288k |
Titre | Figure 9 |
Légende | Fauteuil Collectionneur, Jacques-Émile Ruhlmann, vers 1925. Bois de hêtre teinté rouge, tissu et bronze, 100,5 x 96 x 44 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 2016.0.540). |
Crédits | © Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/44012/img-9.JPG |
Fichier | image/jpeg, 94k |
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Titre | Figure 10 |
Légende | Tapis 3107 NR, d’Henri Stéphany, vers 1925. Dessin, crayon gras noir, crayon rouge, encre rouge sur papier calque, 38 x 24 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 2002.18.7.56.3). |
Crédits | Reproduction Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/44012/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 372k |
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Titre | Figure 11 |
Légende | Porte de la boutique Siegel, Pierre Petit, vers 1925. Fer forgé et verre, 228,5 x 75,8 x 7,2 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 2017.0.288). |
Crédits | © Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/44012/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 240k |
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Titre | Figure 12 |
Légende | L’Équilibre, manufacture de Sèvres, Max Blondat, après 1925. Biscuit de porcelaine, H. : 41 cm, conservé au musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt (inv. 2010.14.1). |
Crédits | © Philippe Fuzeau / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/44012/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 168k |
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Titre | Figure 13 |
Légende | Rire est le propre de l’homme, fontaine de Paul Moreau-Vauthier, vers 1925, grès cérame, square Léon-Blum, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), 2022. |
Crédits | © Alain de Baudus / Musées de la Ville de Boulogne-Billancourt. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/44012/img-13.jpg |
Fichier | image/jpeg, 352k |
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Titre | Figure 14 |
Légende | Fontaine des cygnes, de Marcel Loyau, 1925, bronze d’aluminium, place Denfert-Rochereau, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), février 2023. |
Crédits | © Benjamin Couilleaux. |
URL | http://journals.openedition.org/insitu/docannexe/image/44012/img-14.jpg |
Fichier | image/jpeg, 331k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Benjamin Couilleaux, « De Paris à Boulogne-Billancourt », In Situ [En ligne], 55 | 2025, mis en ligne le 26 avril 2025, consulté le 17 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/insitu/44012 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13tdl
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