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Burkina Faso : musées des communes et développement

Burkina Faso: municipal museums and development
Bély Hermann Abdoul-Karim Niangao
p. 82-90

Résumés

Au Burkina Faso, la gestion de certains musées a été transféré aux communes dans le cadre de la décentralisation. Célébrant les 50 ans de la Table Ronde de Santiago, nous proposons cette réflexion qui a pour objectif d’actualiser les principes qui ont été proposés à l’occasion de cette réunion sur la muséologie au regard du contexte burkinabè. Dans une perspective de développement quels peuvent être les changements à opérer dans les milieux professionnels pour permettre une meilleure acceptation des musées aussi bien par les membres des communautés à la base que par les pouvoirs locaux décentralisés et déconcentrés de l’Etat ?

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Mots-clés :

musées, communes, Burkina Faso
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Texte intégral

  • 1 Décret n° 2009-105/PRES/PM/MATD/MCTC/MJE/MSL/MEF/MFPRE.

1Depuis le décret en 20091 portant sur le transfert des compétences et des ressources de l’État aux communes dans les domaines de la culture, de la jeunesse, des sports et des loisirs et en application de la loi du 21 décembre 2004 se référant au Code général des collectivités territoriales, trois musées ont été placés sous tutelle administrative des communes au Burkina Faso. Il s’agit du musée communal de Gaoua, situé dans le sud-ouest du territoire, le musée communal de Bobo-Dioulasso, dans l’ouest et enfin le musée communal de Kaya, dans le centre-nord, une zone déclarée dangereuse à cause des multiples attaques terroristes qui y sont légion. En rappel, les textes de la décentralisation reconnaissent deux entités comme collectivités territoriales : la commune et la région, la seconde étant territorialement plus importante que la première.

2Une décennie plus tard, le destin de ces musées transférés aux communes n’a pas fondamentalement changé. Cette réflexion, tout en essayant de rechercher les causes de cette apparente « exclusion » du musée des politiques locales, va s’attacher également à montrer, par des exemples, l’importance d’inscrire le musée communal dans les stratégies de développement local, entendu comme l’amélioration des conditions économiques, sociales et humaines d’un territoire donné (en référence aux stratégies nationales élaborées au niveau multiscetoriel).

3Notre méthodologie est fondée sur l’observation du comportement des acteurs intervenant à la fois dans le domaine de la culture et du politique, à savoir les responsables des collectivités territoriales (mairies), les agents publics affectés au niveau déconcentré et les populations. C’est une observation participante dans la mesure où nous avons accès et contribuons directement à la production de toute la littérature grise sur le sujet. Mais avant, un détour historique nous permettra de situer le contexte muséologique du Burkina Faso par rapport à la Déclaration de Santiago intervenue au début des années 1970.

La muséologie au Burkina Faso

4Au Burkina Faso, ex Haute-Volta (ancienne colonie française devenue indépendante en 1960), le premier musée a été officiellement été créé en 1962 suivant la loi n°42/62/AN du 13 novembre 1962. Il s’agit du musée national qui a hérité d’une partie des collections de l’Institut français d’Afrique Noire (IFAN). Les collections du musée national sont qualifiées d’ethnographiques parce que l’objectif premier qui soutenait leur constitution était de permettre l’étude et la connaissance des peuples concernés par ces collections. Aujourd’hui, ces collections font l’objet de nombreuses expositions thématiques et sont de plus en plus analysées comme participant à la construction de l’identité nationale. Le premier directeur du musée fut El Hadj Toumani Triandé. Né en 1928, Toumani Triandé a été à la fois un homme politique et un homme de culture. Premier responsable du Musée national à partir de 1963, il a contribué activement par plusieurs collectes à l’enrichissement des collections du musée. À partir de 1972, il occupe les fonctions de directeur des musées, sites et monuments. Entre 1975 et 1979, il est le directeur des affaires culturelles. Ministre de l’environnement et du tourisme dans le gouvernement du Comité militaire de redressement pour le progrès militaire (CMRPM), Toumani Triandé a donc exercé ses charges de muséologue dans la même décade que l’adoption de la Déclaration sur le musée intégral et interdisciplinaire à l’occasion de la table ronde de Santiago qui s’est déroulée du 20 au 31 mai 1972.

5Le contexte socio-politique burkinabè des années 1970 était marqué par des préoccupations d’ordre politique avec une quête de stabilité au niveau institutionnel à la suite du soulèvement populaire qui a ébranlé le pouvoir de Maurice Yaméogo, sept ans plutôt. À cette époque, le domaine culturel était caractérisé par une dénonciation de l’inadéquation des programmes d’enseignements par rapport aux exigences sociales des communautés locales, des réformes avaient été proposées et tendaient au développement d’une culture authentique, fondée sur les valeurs endogènes et dont le vecteur serait les langues nationales. C’est d’ailleurs ce que pointait du doigt César Picon Espinoza au cours de la table ronde de Santiago quand il faisait remarquer que les systèmes d’enseignement d’Amérique Latine (comme ceux de l’Afrique) ne correspondaient pas aux réalités socio-économiques des pays colonisés. Les musées n’étant pas très développés pendant cette période, il faut se référer aux différentes politiques culturelles comme annoncées ci-dessus pour comprendre les mutations intervenues plus tard dans les domaines des musées.

6Le début des années 1970 a été marqué par des revendications et des mouvements en faveur du retour aux cultures africaines après une décennie d’indépendance. En Haute-Volta, les revendications sociales ont abouti à l’avènement de la Révolution conduite par le capitaine Thomas Sankara (1949-1987) qui a opéré des changements majeurs dans le domaine de la culture, à commencer par le changement de l’appellation du pays, de Haute-Volta en Burkina Faso (entendu comme le pays des hommes intègres). Cette période verra l’adoption de la première loi sur la protection du patrimoine culturel, l’Ordonnance n°85-049/CNR/PRES du 29 août 1985, avec une orientation de la politique culturelle vers la promotion des valeurs endogènes au service du développement.

7Depuis cette période, les préoccupations soulevées au cours de la table ronde de Santiago sont encore présentes comme des défis à relever pour tous les musées au Burkina Faso : on continue de s’interroger sur le rôle social du musée et de se poser des questions sur sa contribution à la solution des problèmes de la société comme cela a été relevé au cours des discussions de Santiago en 1972. À cela s’ajoute que le musée burkinabè est demeuré pendant longtemps, une institution de délectation ouverte aux visiteurs étrangers notamment occidentaux. Pour les nationaux, il est un lieu-mort, où sont conservés des objets inanimés pour satisfaire la curiosité du premier groupe. C’est pourquoi, la plupart des expositions ont été pendant longtemps conçues pour un public dit étranger. Masques, statuettes, cotonnade et autres sujets d’ethnologie ont longtemps été les plus développés dans les musées. Ainsi, les groupes culturels locaux qui par tradition n’ont pas été accoutumés à contempler ces objets en observant une certaine « distance », manifestent peu d’intérêt pour ces sujets qui se sont vite révélés dépassés ou en contradiction avec leurs principaux centres d’intérêt (Coulidiati, 6 juin 2022).Il s’en suit que les expositions ne peuvent plus suffire à elles seules pour mobiliser les publics locaux autour de leurs musées. D’autres réflexions doivent s’ouvrir, dans le sillage de celles déjà entamé en 1972 au Chili, afin de permettre aux musées de constituer des réponses ou des repères pour les communautés locales.

De la création des musées communaux

  • 2 Dibloni, V. Musée des civilisations des peuples du sud-ouest : Le musée de Madeleine père. Disponib (...)

8Les trois musées communaux du Burkina Faso ont vu le jour en 1990. Le musée de Gaoua, construit sur une superficie de 11 979 m², a une collection d’environ 1 000 objets en rapport avec les cultures locales. Il y a environ sept groupes culturels de la commune qui sont concernés. Le bâtiment du musée, d’un style architectural ancien2, porte les souvenirs du séjour du colonisateur dans cette partie du Burkina Faso. Gaoua est le chef-lieu de la Province du Pouni située dans l’extrême sud du Burkina Faso à la frontière avec la Côte d’Ivoire.

9Quant au musée de Bobo-Dioulasso, situé dans la province du Houet, il a été baptisé le 17 mai 2011 “musée communal Sogossira Sanon”, du nom d’un chef de canton de Bobo-Dioulasso et fervent défenseur des cultures locales. Ce musée est un exemple de musée communautaire puisqu’il est constitué à l’origine par les trois groupes ethnoculturels majeurs de la commune à savoir les bobo, les senoufo et les peuls qui entretiennent d’ailleurs entre eux des relations de parenté à plaisanterie, une pratique sociale à l’occasion de laquelle les individus se lancent injures et railleries à travers des joutes oratoires et qui sont empreintes de cordialité.

10Le musée de Kaya, lui, a ouvert ses portes le 7 juillet 1995. Le bâtiment affecté au musée est une ancienne maison de la femme. À l’origine, sa mission première était de promouvoir la teinture, le tissage et la maroquinerie locale. Sa particularité est qu’il abrite également l’atelier de Souleymane Sawadogo, proclamé Trésor humain vivant, spécialiste du tissage traditionnel. Aujourd’hui, le musée communal de Kaya est fermé pour cause de menace terroriste et une bonne partie de ses collections a été transférée au Musée national du Burkina Faso, à Ouagadougou.

11Ces musées ont été pendant longtemps confrontés aux mêmes problèmes à savoir l’insuffisance des ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de leurs programmes d’activités, la non étanchéité des bâtiments affectés par le poids de l’âge pour certains, la non fréquentation des publics locaux, et même une remise en cause de leur pertinence sociale dans certains milieux.

Musées des communes, un mariage forcé ?

12C’est dans ce contexte socio-politique, que la gestion de ces musées a été officiellement transférée aux communes depuis 2009 avec l’adoption du décret portant sur le transfert des compétences et des ressources de l’État aux communes dans les domaines de la culture, de la jeunesse, des sports et des loisirs. Notons au passage que ce transfert concerne plusieurs secteurs ministériels à savoir la culture, la jeunesse, les sports et les loisirs.

13Dans le cadre dudit transfert, des protocoles d’accords ont été signés entre le ministère de la culture et les mairies. Ce transfert implique le transfert des ressources (financières et matériels) et des compétences (humaines notamment) aux mairies pour la gestion des matières transférées dont en l’occurrence les musées. Dans la pratique, deux remarques s’imposent :

  • Dans un premier temps, il se trouve que le ministère de la culture accorde peu de crédit budgétaire aux institutions en charge du patrimoine en général et des musées en particulier. La conséquence directe de cette indigence du secteur de la culture est l’affectation de montants dérisoires dans les caisses des municipalités pour la prise en charge des musées. Or, en sens inverse, les gestionnaires de musées présentent chaque année des programmes d’activités en totale inadéquation avec les budgets qui leur sont traditionnellement alloués. Les subventions, quand elles existent, ne suffisent pas à la mise en œuvre de leurs activités. Jusque-là, la subvention accordée aux musées transférés, est accordée par l’État central et rarement, le montant de cette subvention n’a dépassé 1500 euros pour chaque musée suivant les statistiques de la Direction générale du patrimoine culturel.

  • La deuxième observation est que les maires ne sont pas toujours favorables à l’idée de consacrer entièrement le montant qui leur est octroyé à la gestion des musées. Le résultat qu’engendre cette situation est la nature conflictuelle des rapports entre le personnel affecté dans les musées et la municipalité, le premier groupe exigeant le financement de leurs activités.

14De plus, le statut de ce personnel demeure imprécis en ce qui concerne le ministère de la culture en comparaison avec les autres départements ministériels qui font suivre les ressources financières et qui ont bien élaboré les statuts de leurs personnels désormais transférés aux communes. Au ministère de la culture, l’heure est encore aux querelles entre le personnel travaillant dans ces musées et l’administration centrale en charge de la gestion des carrières professionnelles, ce qui ne favorise pas la bonne administration de ces équipements culturels.

15Une autre situation qui complique davantage la gestion des musées placés sous la tutelle administrative des communes est la mauvaise compréhension des maires qui ne se sont pas encore appropriés ces musées. Plusieurs d’entre eux appréhendent avec beaucoup de curiosité et de méfiance les musées. En effet, pour les maires d’autres secteurs sont prioritaires tel que l’éducation et la santé contrairement à ce qui relève du loisir. Entre la réalisation d’infrastructures sociales de base telles que la construction d’écoles, de centres de santé, des équipements d’accès à l’eau potable, et l’entretien d’un musée, le choix s’impose en faveur des services sociaux de base. Cet état de fait rappelle un problème qui a été soulevé par Enrique Ensenat au cours de la table ronde de Santiago en 1972 et qui est encore d’actualité : il s’agit de la question de l’impact socio-économique des musées par rapport à ce qu’ils coûtent ou doivent coûter, une question que les maires analysent en profondeur avant la mise en œuvre de toute action susceptible d’engager la mobilisation de leurs ressources financières.

16Bien que la loi reconnaisse la possibilité pour les communes et les régions de créer et de gérer des musées, ces collectivités observent une sorte d’indifférence vis-à-vis des musées qui leur ont été transférés. Ce flegmatisme se justifie-t-il par l’insuffisance des budgets qui leur sont alloués par le ministère de la culture ? Ou bien, faut-il y voir une crise de légitimité qui conduit les mairies à considérer les musées transférés comme une sorte de ʺpatate chaudeʺ dont le ministère de la culture s’est débarrassée. Dans la recherche de solution pour une meilleure gestion, certains milieux professionnels estiment qu’il faut transférer ces musées aux régions en tant que collectivités territoriales. Mais à l’analyse, cette hypothèse ne fera que déplacer le problème sans fondamentalement impacter le devenir des musées communaux. Pourtant dans ce ʺmariage forcéʺ, une entente est bien envisageable sous certaines conditions qui vont exiger une remise en cause de la forme même de l’institution muséale au Burkina Faso.

La recherche de l’adhésion sociale ou le musée intégral

17Dans la quête de l’ancrage social des musées, les recommandations issues de la table ronde de Santiago peuvent constituer une réelle source d’inspiration pour réadapter le musée au contexte burkinabè. Il s’agit d’ajuster la mission du musée avec les préoccupations sociales du moment.

18Dans un premier temps, il est nécessaire de procéder à une véritable révolution dans les milieux professionnels. Pendant longtemps, la gestion des musées s’est opérée à travers une sorte de bureaucratie de l’élite composée en majorité de professionnels inspirés par les modèles de musées occidentaux qui ne s’appliquent pas forcément au contexte du Burkina Faso. Il y a donc lieu d’opérer un premier changement à ce niveau. Une ouverture d’esprit surtout au niveau communal est nécessaire. Les personnels des musées communaux doivent dans un premier temps s’adapter aux grands sujets et aux problèmes du territoire, en s’associant aux changements structurels indispensables comme cela a été recommandé par les résolutions énoncées au cours de la table ronde de Santiago. Pour cela, ils doivent suivre les actualités des autres services déconcentrés de l’État car ils y trouveront le ferment et les inspirations nécessaires pour, par exemple, concevoir des expositions pour lesquelles ils recherchent tant l’adhésion des populations. Une exposition sur l’utilisation des pesticides, une table ronde au musée sur les moyens de combattre l’extrémisme violent, une projection de film documentaire dans les locaux du musée et tendant à mettre en lumière les méfaits du travail des enfants dans les sites d’orpaillages, ou encore un scénario sur les méthodes d’optimisation de la production des cultures maraîchères, en collaboration avec les services de l’agriculture et de l’environnement, voici quelques moyens pour les musées de montrer directement leur utilité au sein de la communauté au niveau rural. C’est d’ailleurs ce qui ressort des débats sur le musée et le milieu rural qui ont eu lieu au cours de la table ronde Santiago, à la suite des réflexions faites par le Professeur Enrique Ensenat. Tout cela exige que les professionnels changent de prisme de réflexion ce qui n’est pas chose aisée à l’étape actuelle des pratiques administratives au Burkina Faso.

  • 3 Par exemple, commerçants, agriculteurs, éleveurs, chefferie, religieux, jeunesse, genre, scolaires, (...)

19Ensuite, et cela est valable pour tous les musées de manière générale, il faut repenser le modèle de gestion même du musée. À côté des différents conseils scientifiques ou des conseils d’administration (pour le musée national et les musées publics de façon générale), où se retrouvent encore les mêmes élites autocentrés sur leur propre discipline comme cela a été relevé à Santiago au cours des débats sur la formation du personnel des musées, il faut envisager la mise en place des conseils de gestion qui vont rassembler des représentants des publics de proximité3 et dont le mandat sera de définir la politique du musée et d’aider les communes à les inscrire dans une politique culturelle communale. Pour cela, il faut s’inspirer du modèle des conseils villageois de développement qui sont un bel exemple permettant à la population locale de participer et de prendre en charge la gestion de leur développement. Les conseils communaux de gestion des musées peuvent être de réels instruments de refonte de la structure des musées en vue de les adapter aux exigences locales. Dans certains endroits, notamment au Musée national du Burkina Faso, une action a été mise en place pour tenter de régler la question : la création des associations des amis des musées. Cette action s’est révélée être inefficace faute de n’avoir pas fait un travail de fond, quant à son rôle et son moyen d’action.

20Ensuite, les musées doivent dépasser le cadre traditionnel de leurs missions telles qu’elles sont élaborées jusque-là. Les expositions développées autour des éléments ethnographiques du patrimoine tangible montrent de plus en plus leur limite. Dans leur conception du musée intégral, les participants à la table-ronde de Santiago ont montré que :

les fonctions techniques [du musée] ne sont plus suffisantes pour répondre aux attentes émergentes. Le musée intégré est considéré comme un élément intégral et organique d’une structure sociale et culturelle plus grande, désormais considérée comme un maillon d’une chaine et non comme une forteresse restreinte à un groupe (Teruggi, 1972 in IBRAM, 2012).

21Le patrimoine vivant des communautés offre des perspectives dans ce sens. Le Musée national a depuis quelques années maintenant mis en place un programme de médiation tendant à associer directement les communautés ethnoculturelles. Il s’agit des occasions qui sont offertes aux différents groupes ethniques de montrer leur patrimoine culturel au musée à travers l’organisation de plusieurs activités (expositions-arts du spectacle-conversations, etc.). Les succès de ce modèle peuvent être exploités pour la gestion des musées des communes. La mise en place des structures de proximité de gestion facilitera cette ouverture du musée au patrimoine vivant. Dans la suite de cette même réflexion, des professionnels ont même imaginé de coupler l’organisation des festivals avec les activités des musées au niveau local. Cela est bien possible à condition que la compréhension même du musée évolue.

22Enfin sur la question du financement, le ministère de la culture devrait augmenter ses subventions au soutien des collectivités pour la gestion des musées. De leur côté, les maires doivent également considérer que les musées sont pour eux de véritables instruments de politiques culturelles qui peuvent servir leurs intérêts à condition qu’ils se les approprient davantage. À chaque maire, son musée de ville, voici un beau slogan qui pourrait favoriser le développement culturel d’une ville ou d’une commune ainsi que son attractivité.

23En conclusion, 50 ans après la table-ronde de Santiago sur les musées, les recommandations des participants demeurent pertinentes en ce qui concerne les musées au Burkina Faso. Pourquoi en un demi-siècle la situation n’a pas beaucoup évolué au Burkina Faso ? S’il est plus facile de pointer du doigt la responsabilité des politiques qui n’intègrent pas suffisamment dans leurs programmes la culture comme secteur prioritaire du développement, il faut également interroger l’attitude des professionnels du domaine qui en 50 ans, n’ont osé les remises en cause nécessaires et qui leur impose de mettre le nez hors de leur zone de confort, pour se mesurer aux initiatives de gestion communautaire qui devront être prises en compte, tôt ou tard. En cela, les recommandations de la table-ronde de Santiago, hier comme aujourd’hui, doivent être réexaminer, en cette année 2022 où nous célébrons les 60 ans de muséologie au Burkina Faso.

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Bibliographie

Coulidiati, P. (2022). Emma Patricia TAMINI/TUINA: Spécialiste en tourisme. ArtistesBF. www.artistesbf.org/emma-patricia-tamini-tuina-specialiste-en-tourisme/

Décret n° 2009-105/PRES/PM/MATD/MCTC/MJE/MSL/MEF/MFPRE.

Dibloni, V. (2018). Musées des civilisations des peuples du Sud-Ouest: Le Musée de Madeleine père. https://bafujiinfos.com/musee-des-civilisations-des-peuples-du-sud-ouest-le-musee-de-madeleine-pere/

Nascimento Junior, J., Trampe, A., & Santos, P. A. (Eds.). (2012). Mesa redonda sobre la importancia y el desarrollo de los museos en el mundo contemporáneo: Mesa Redonda de Santiago de Chile, 1972. Ibram/Programa Ibermuseos.

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Notes

1 Décret n° 2009-105/PRES/PM/MATD/MCTC/MJE/MSL/MEF/MFPRE.

2 Dibloni, V. Musée des civilisations des peuples du sud-ouest : Le musée de Madeleine père. Disponible sur https://bafujiinfos.com/musee-des-civilisations-des-peuples-du-sud-ouest-le-musee-de-madeleine-pere/

3 Par exemple, commerçants, agriculteurs, éleveurs, chefferie, religieux, jeunesse, genre, scolaires, etc.

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Pour citer cet article

Référence papier

Bély Hermann Abdoul-Karim Niangao, « Burkina Faso : musées des communes et développement »ICOFOM Study Series, 50-1 | 2022, 82-90.

Référence électronique

Bély Hermann Abdoul-Karim Niangao, « Burkina Faso : musées des communes et développement »ICOFOM Study Series [En ligne], 50-1 | 2022, mis en ligne le 01 décembre 2022, consulté le 06 novembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/iss/4176 ; DOI : https://doi.org/10.4000/iss.4176

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Auteur

Bély Hermann Abdoul-Karim Niangao

Ministère de la culture, Burkina Faso

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Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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