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Le manifeste s’éclate. Révolutions contemporaines du manifeste artistique et littéraire, entre théorie et pratique

Date limite d’envoi des propositions : 31 octobre 2023

Coordination

Jean-Marc Baud, ENS de Lyon (CERCC), jmarcbaud@gmail.com.

Viviana Birolli, université Paris 1 (HICSA), vivianabirolli@gmail.com.

Camille Bloomfield, université Paris Cité (CERILAC), camille.bloomfield@u-paris.fr.

Argumentaire

Dès le début des années 2000, la critique s’accorde sur un constat : en dépit de sa mort, annoncée dans les années 1980 (Gleize, 1980 ; Noudelmann, 2000), le manifeste est de retour, dans les lettres, dans les arts et au-delà (Gnocchi, 2010). Cependant, il ressemble très peu à ses antécédents littéraires et artistiques du xixe siècle et de la première moitié du xxe siècle.

  • 1 À titre d’exemple, citons la définition donnée dans la 9e édition du Dictionnaire de l’Académie fr (...)

Qu’il s’agisse de leur forme, de leur support, de leurs canaux de diffusion, de leurs usages ou de leur réception critique, les manifestes du xxie siècle s’éloignent sensiblement du modèle littéraire à partir duquel les définitions standard1 du manifeste ont été façonnées : ces nouveaux manifestes « après le manifeste » sont tantôt diffusés en ligne, tantôt lancés sous des formes non textuelles, ou encore commandités par des institutions réceptives à la création expérimentale.

Par leur tendance autoréflexive et individuelle, ces manifestes prolongent une dynamique de métamorphose des écrits d’artiste qui remonte aux manifestes des avant-gardes historiques du début du xxe siècle.

Cette dynamique s’est considérablement accélérée dès la fin de la Seconde Guerre mondiale : dans les années 1960, les manifestes signés par une seule personne ou ne prenant pas la forme d’un texte (action, performance, objet, œuvre d’art…) constituaient déjà un large pan de la production manifestaire européenne (Birolli & Tjell, 2014 ; Bloomfield & Ziane, 2018) ; de nos jours, ces formats sont désormais prédominants.

Comment décrire et analyser ces « manifestes après le manifeste », dont le caractère transversal et les formes largement atypiques rendent caduque la plupart des modèles critiques développés pour les analyser, le plus souvent à partir des seules productions des avant-gardes historiques du premier tiers du xxe siècle ?

Parcourir les territoires du manifeste contemporain

Le numéro « Le manifeste s’éclate » vise à explorer le vaste panorama des manifestes artistiques et littéraires des années 1960 jusqu’à l’extrême-contemporain, dans le but d’enrichir et d’actualiser les cadres critiques et analytiques du manifeste, de sorte à ce qu’ils correspondent à ses évolutions et à ses éclatements les plus récents.

Pour ce faire, le manifeste est appréhendé à la lumière du décloisonnement de ses frontières éditoriales impulsé par les anthologies (Deepwell, 2014 ; Lack, 2015 ; Danchev, 2011 ; Kramer-Mallordy, 2011) et les études critiques récentes sur le sujet, ainsi que des pistes et méthodologies de recherche innovantes mises à disposition par l’équipe du projet Manart.

Depuis 2012, la base de données du projet, entièrement accessible en ligne, recense les manifestes produits dès la fin du xixe siècle dans tous les domaines de la création et jusqu’à aujourd’hui : les 718 manifestes du monde entier qu’elle inclut à ce jour offrent un bon aperçu de l’ampleur des possibles du genre.

Cet éclatement des frontières du manifeste peut se faire de plusieurs manières, qui constituent autant de pistes de recherche possibles :

- décloisonnement géographique (manifestes extra-européens) ;

- décloisonnement temporel (manifestes après l’« âge d’or » des avant-gardes historiques, soit après 1945, avec une attention particulière aux manifestes lancés des années 1960 à nos jours) ;

- renouvellement des formes et des supports du manifeste (manifestes hors du livre, manifeste-œuvre, manifeste-action, manifeste-manifestation, manifestes en ligne…).

Renouveler les cadres d’appréhension du manifeste, entre théorie et pratique

La scission entre ces nouvelles formes manifestaires et les cadres critiques adoptés pour les analyser, le plus souvent à partir de l’analyse des actes de discours, est telle qu’à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale, « […] la définition de ce que les artistes revendiquent comme relevant du manifeste, […] ne correspond pas […] à la définition des historiens de la littérature et de l’art » (Jakobi, 2018).

Afin de mettre en exergue la dialectique complexe qui, depuis le début de l’histoire du manifeste littéraire et artistique, lie intentions des auteurs et intentions des exégètes, et afin d’entendre les différentes voix qui font l’histoire du manifeste contemporain, le dossier accueillera des contributions à la fois de chercheurs, chercheuses, et de créateurs, créatrices.

Trois types de propositions seront dès lors acceptées :

  1. articles consacrés à un ou plusieurs manifestes, à un ou des créateurs ayant produit des manifestes, à la généalogie d’une forme spécifique de manifeste ;
  2. réflexions théoriques sur le manifeste contemporain, retours réflexifs sur des manifestes déjà lancés ;
  3. contributions de recherche-création sur le manifeste, proposées par des artistes ou des créateurs ayant produit un manifeste, souhaitant en lancer un ou s’interrogeant sur la question.

Informations Pratiques

Format de la proposition

Les propositions de contribution, sous forme de résumé (environ 1000 caractères espaces compris, soit 200 mots environ), accompagnées d’une notice bio-bibliographique (500 caractères espaces compris, soit une centaine de mots environ), sont à envoyer à :

camille.bloomfield@u-paris.fr

vivianabirolli@gmail.com

jmarcbaud@gmail.com

Pour plus d’information sur la sélection et la publication des textes, consulter la page : https://journals.openedition.org/itineraires/2252.

Pour ce numéro, les auteurs sont invités à proposer des textes de 25 000 signes minimum et 40 000 signes maximum (espaces comprises), en respectant les consignes de la revue (https://journals.openedition.org/itineraires/2255).

Les contributions pourront être accompagnées d’images libres de droits et d’une résolution de 300 dpi (voir la partie « Illustrations » des consignes auteurs sur le site de la revue).

Calendrier prévisionnel

  • 1er juin 2023 : lancement de l’appel à contribution
  • 31 octobre 2023 : date limite de réception des propositions
  • 22 décembre 2023 : date limite réception d’article V1
  • Printemps 2024 : retour des évaluations
  • Hiver 2024 : révision des articles et envoi V2
  • Publication prévue : 2025

Bibliographie

Anthologies de manifestes

Caws, M. A. (dir.) (2001). Manifesto:A Century of isms. Lincoln/Londres : University of Nebraska Press.

Peyton-Jones, J., & Obrist, H. U. (dir.) (2009). Serpentine Gallery Manifesto Marathon. Catalogue de la manifestation, Serpentine Gallery Pavillion, 18-19 octobre 2008. Cologne/Londres : Walther Koenig/Serpentine Gallery.

Danchev, A. (dir.) (2010). 100 Artist’s Manifestos: From the Futurist to the Stuckist. Londres : Penguin Classics.

Kramer-Mallordy, A. (dir.) (2011). Les grands manifestes de l’art des xixe et xxe siècle. Paris : Beaux-Arts éditions.

Deepwell, K. (dir.) (2014). Feminist Art Manifestos: An Anthology. KT Press.

Foucard, D. (dir.) (2013-2014). « Degré 48 ». Aubervielliers : Les Laboratoires d’Aubervilliers, 26 avril, 24 mai, 28 juin, 6 juillet, 13 septembre, 18 octobre, 15 novembre, 6 décembre 2013 ; 17 janvier et 14 février 2014. http://www.leslaboratoires.org/projet/degre-48/degre-48.

MacKenzie, S. (dir.) (2014). Film Manifestos and Global Cinema Cultures: A Critical Anthology. Oakland : University of California Press.

Lack, J. (dir.) (2017). Why Are We 'Artists'?: 100 World Art Manifestos. Londres : Penguin Books.

Pichler, M. (dir.) (2019). Publishing Manifestos: An international anthology from artists and writers. Cambridge : MIT Press.

Stiles, K., & Selz, P. (dir.), (1996). Theories and Documents of Contemporary Art. A Sourcebook of Artists’ Writings. Berkeley/Los Angeles/Londres : University of California Press.

Études critiques

Ariel, N. (2021). “Language games with ‘manifesto’”. Communication, « Éthos manifestaire : modes d’énonciation et spécificités génériques du manifeste », journée d’étude organisée par Sarah-Jeanne Beauchamp Houde, 4 juin 2021, KU Leuven et en ligne.

Birolli, V., & Tjell, M. (dir.) (2014). « MANIFESTE/S ». Études littéraires, 44(3).

Bloomfield, C., & Ziane, A. (dir.) (2018). « Le manifeste à travers les arts : devenirs d’un genre indiscipliné ». Itinéraires, Littérature, textes, cultures, 1. https://journals.openedition.org/itineraires/4097.

Bloomfield, C., Birolli, V., Ziane, A., & Tjell, M. (2018). « Manart : une base de données sur les manifestes artistiques et littéraires au xxe siècle ». Biens symboliques. Revue de sciences sociales sur les arts, la culture et les idées. Symbolic Goods. A Social Science Journal on Arts, Culture and Ideas, 2.

Gleize, J.-M. (1980, octobre). « Manifestes préfaces. Sur quelques aspects du prescriptif ». Littérature, 39, 12-16.

Glicenstein, J. (dir.) (2015). « Manifestes ». Marges, 21.

Gnocchi, M.C. (dir.) (2010, automne). « Les manifestes littéraires au tournant du xxie siècle ». Francofonia, 59.

Hanna, J. (2019). “‘Future Shock’: Manifestos in the Digital Age”. Hyperrhiz: New Media Cultures, 20, http://www.researchgate.net/publication/333359877.

Jakobi, M. (2018). « Manifeste artistique, un genre anachronique aujourd’hui ? Le catalogue de la 12e Biennale d’art contemporain de Lyon ». ). Itinéraires, Littérature, textes, cultures, 1. https://journals.openedition.org/itineraires/4433.

Larue, A. (dir.) (2008). « L’art qui manifeste ». Itinéraires et contacts de culture, 43.

« Manifestes » (2019). Inter. Art actuel, 133.

Margel, S., & Yampolsky, E. (dir.) (2013, février). « Le manifeste entre littérature, art et politique ». Lignes, 40.

Noudelmann, F. (2000). Avant-gardes et modernité. Paris : Hachette.

Yanoshevsky, G. (2009, été). “Three Decades of Writing on Manifesto: The Making of a Genre”. Poetics Today. International journal for theory and analysis of literature and communication, 30(2).

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Notes

1 À titre d’exemple, citons la définition donnée dans la 9e édition du Dictionnaire de l’Académie française : « Texte écrit par lequel un mouvement littéraire ou artistique expose ses intentions, ses aspirations ».

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