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Les apparences au travail au prisme de la photographie

Les apparences au travail au prisme de la photographie
Description

 

Trois points de vue autour de la photographie de la couverture

 

Point de vue du photographe, David Desaleux, sur la couverture

J’ai pris cette image pour plusieurs raisons : tout d’abord, parce que nous voyons ici deux types de vêtement de travail : la blouse blanche et la blouse verte, qui chacune révèle des moments différents de la vie de sage-femme. Mais aussi parce que nous pouvons percevoir la diversité des tâches qui leur incombent. J'ai cadré et « déclenché » sur ce moment particulier, qui n’a a priori besoin d’aucun vêtement spécifique et qui pourtant prend une grande place dans leur travail : l’administratif.

Ce n’était pas une scène que j’avais pensée capter de prime abord… Nous sommes à côté de la salle des accouchements, l'accouchement vient d'avoir lieu, et pourtant la sage-femme au centre de l'image a encore à remplir de nombreux papiers.

Mais la magie de cette photographie au moment de sa nouvelle lecture évoque plus que ce qui a été pensé pendant la prise de vue, à cause d’un vêtement qui s’est rajouté dans le cadre. Une simple veste en laine sur le dossier de la chaise, qui nous parlera à son tour des conditions de travail…

 

Point de vue du sociologue, Philippe Charrier

Nous observons trois types de vêtements qui représentent plusieurs aspects du métier de ces sage-femmes. La sage-femme au centre de l’image, bien que fatiguée par l’accouchement qu’elle vient d’assurer, s’est attelée à ses tâches administratives (peu valorisées mais incontournables) sans avoir pris le temps de quitter cette tenue verte presque inopportune, puisqu’elle devrait être au rebut. Le temps de travail de la sage-femme est fait de tâches multiples, mais ses limites sont aussi celles imposées par la parturiente et son bébé, même si les planifications d’accouchement tentent de réduire l’incertitude et donc l’amplitude horaire effectuée. La veste de laine évoque le travail de nuit, celui où elles sont dans l’attente ou dans le besoin de se réchauffer alors que la température est plus basse. Elle révèle ainsi les horaires atypiques d’une sage-femme de maternité hospitalière.

 

Point de vue des coordinatrices,Michèle Dupré et Anne Monjaret

L’intérêt de cette photographie tient au fait qu’elle ne montre pas les sage-femmes là où nous les attendons. Nous les retrouvons dans un local de dimension réduite, débordant de paperasserie, équipé d’ordinateurs. Elles sont trois qui s’affairent : l’une se tient debout main posée sur une hanche et les deux autres, cheveux ramassés en chignon, sont assises plus ou moins confortablement à leur poste. Ce qui intrigue à les regarder de plus près, c’est non seulement leur posture, mais aussi leur tenue : tunique (pantalon et blouse) verte ou blanche, aux matières plus ou moins souples, veste blanche en polaire ou laine, surchaussures jetables encore au pied alors même que la salle d’accouchement a été quittée. Ainsi, les vêtements de travail semblent décalés par rapport à l’activité administrative en cours et ils soulignent en réalité le continuum qui existent entre les tâches plurielles à exécuter et le temps qui leur est imparti. L’image révèle ainsi au moins deux choses : l’apparence plurielle au travail selon l’activité exercée, et les glissements qui s’opèrent en fonction de contraintes temporelles difficiles à maîtriser.

Droits d’auteur

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