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Leçons de portraits

Appel à contribution
Portrait Lessons

Leçons de portraits

(Dossier proposé par Catherine Deschamps, Laetitia Overney et Bruno Proth)

Les cartons d’archives, les entretiens, les observations sont constitués de bribes de portraits. Pour donner vie aux restitutions d’enquêtes, des portraits, tout comme des montages d’extraits d’entretiens, bribes de conversation, récits, anecdotes significatives, pourcentages, photographies et références triées sur le volet, parsèment les interventions scientifiques et accompagnent les conceptualisations. Les portraits sont autant matériaux que méthodes lorsqu’on se focalise sur leur recueil ou leur potentiel langage de partage de la recherche. Cet appel à article encourage les contributions qui, partant de portraits verbaux et non verbaux, questionnent leur place, statut et leur pertinence en anthropologie et en sociologie, mais aussi en histoire et en sciences politiques. Doit-on nommer la théorie pour faire théorie ? En quoi le portrait est une manière spécifique de la porter ? Quelles formes d’écritures font légitimité ? Comment se dessinent les traits d’un portrait ? Déchéance, oraison, hommage, ego-histoires de HDR, lynchage, in memoriam ne sont-ils que des mises en scène de l’autre ou de soi, de simples instrumentalisations ? Sont-ils à l’inverse toujours davantage que des singularités ? Que propose le portrait pour faire sens et garder trace ? Comment dialogue la rencontre – l’émotion de cette rencontre, la possibilité de projection qu’elle provoque – et la prétention de faire recherche ?

Ce dossier invite à rassembler, parfois tordre et distendre un ensemble de portraits, de personnes ou de choses, inconnues ou connues, ordinaires ou prestigieuses, à les faire parler autant d’elles-mêmes qu’au delà d’elles-mêmes, du poids du monde social qu’elles portent, des peines et des bonheurs arrachés ou arrangés dont elles témoignent. Il vise autant à penser la complexité par le petit trou de la serrure, qu’à dire parfois une illusion, un manque, une futilité. Il peut se faire à charge, être inventé, verser dans la caricature, le grotesque, l’absurde. Il peut jouer de styles pour mieux faire éprouver, ou se conformer aux canons parfois plus arides de la forme académique. Parce qu’il a pu servir des entreprises dogmatiques, glorifier des dictateurs, établir la hiérarchie des « Grands Hommes », il a pu être suspecté d’établir des hagiographies héroïques trompeuses et d’asseoir des propagandes. Il aurait donc un pouvoir, un pouvoir à ne pas mettre entre toutes les mains. Transposés aux sciences sociales, ces risques continuent-ils de se manifester ou sont-ils contrés ? Si oui, comment ? En somme, de quoi le portrait est-il le nom pour qui s’en empare pour faire parfois sens, parfois communication ? Que trouver de commun ou de divergent entre la peinture du monarque, les selfies des smartphones et le garçon de café de Jean-Paul Sartre dans L’Être et le Néant, qui « joue à être garçon de café » faute d’oser ou de pouvoir exister librement ?

Pour ce dossier où sont attendues des contributions relevant d’une définition large des sciences humaines et sociales, les articles pourront être fondés sur une enquête originale ou relever davantage de réflexions épistémologiques. Trois approches des portraits sont envisagées, sans toutefois qu’elles soient exclusives les unes des autres :

  1. Partir d’un portrait de personne, d’un paysage, d’un objet ou de choses, et questionner en filigrane ce que permet de penser ce portrait, ses débordements et ses points aveugles.

  2. Questionner le recours au portrait comme forme de méthode et comme forme de restitution en sciences humaines et sociales.

  3. Questionner les portraits issus d’enquêtes faites par d’autres.

  4. Du portrait du dictateur aux selfies contemporains, du portrait de la star aux portraits de ses admiratrices et admirateurs, proposer une socio-histoire des modes de mises en scène de l’art de portraiturer.

Modalités de soumission

Les propositions d’articles (environ 3 000 signes + une présentation des auteur·es, leur statut et organisme de rattachement, ainsi que leur adresse électronique) sont attendues pour le 30 mai 2022. Elles sont à envoyer, tout comme les articles retenus à :

Les articles retenus, rédigés en français ou en anglais, sont à envoyer pour le 30 novembre 2022 au plus tard. Ils ne devront pas excéder les 40 000 signes espaces compris et respecter les consignes de forme du Journal des anthropologues.
Ils seront accompagnés d’un résumé en français et en anglais (10 lignes maximum pour chacun des résumés), de 5 mots-clés (français et anglais). Les titres seront en français et en anglais.

 

Parution prévue : novembre 2023

 

Portrait lessons

(Proposed by Catherine Deschamps, Laetitia Overney and Bruno Proth)

Archive boxes, interviews and observations are made up of snippets of portraits. Portraits, as well as montages of interview extracts, snippets of conversation, stories, significant anecdotes, percentages, photographs, hand-picked references,.. are scattered throughout the scientific interventions and accompany the conceptualisations, giving life to the restitutions of surveys. When we focus on their collection or their potential as a language for sharing research, portraits are as much material as they are methods. Usingverbal and non-verbal portraits as a point of entry, this call for papers encourages contributions that question their place, status and relevance not only in anthropology and sociology, but in history and political science as well. Do we have to name theory to make it theory? In which specific way is the portrait supporting it? What forms of writing are able to convey legitimacy? How are the features of a portrait drawn? Could decay, oration, homage, ego- stories of HDR, lynchings, in memoriam only be staging of the other or of oneself, simple instrumentalisation? Are they, on the contrary, always more than singularities? What do portraits propose to make sense and keep track of? How do we dialogue the encounter - the emotion of this encounter, the possibility of projection that it provokes - and the claim to research?

This dossier is an invitation to gather, sometimes twist and distend a series of portraits, of people or things, known or unknown, ordinary or prestigious, and make them speak as much of themselves as beyond themselves, expressing the weight of the social world they carry, of the sorrows and happinesses they have torn away or arranged. Its aim is both thinking complexity through looking through the keyhole and revealing an illusion, a lack of, a futility. It can be incriminating, invented, caricatured, grotesque, absurd. It can play with styles to make people feel better, or conform to the sometimes more arid canons of academic form. Because it has been able to serve dogmatic undertakings, glorify dictators, establish the hierarchy of Great Men, the portrait has been suspected of establishing deceptive heroic hagiographies and endowing propaganda. It would hence hold power, a power that should not be placed in everyone’s hands. Transposed to social sciences, do these risks continue to manifest themselves or are they countered? If so, how? What do we find common or divergent between the painting of the monarch, smartphone selfies and Jean-Paul Sartres waiter in Being and Nothingness, who plays at being a waiter because he doesnt dare or cant exist freely?

For this dossier, where contributions from a broad definition of the humanities and social sciences are expected, articles may be based on an original survey or be more epistemological in nature. Three approaches to portraits are envisaged, although they are not mutually exclusive:

  1. Start with a portrait of a person, a landscape, an object or things, and question in filigree what this portrait allows us to think, its overflows and its blind spots.

  2. Question the use of the portrait as a form of method and as a form of restitution in the human and social sciences.

  3. Question the portraits resulting from surveys carried out by others.

  4. From the portrait of the dictator to contemporary selfies, from the portrait of the star to the portraits of his or her admirers, propose a socio-history of the modes of staging the art of portraiture.

Proposals for articles (about 3000 signs + a presentation of the authors) are expected by 30 May 2022. They should be sent, as well as the selected articles:

The selected articles, written in French or in English, must be sent by 30 November 2022 at the latest. They should not exceed 40,000 characters including spaces and should respect the JDA’s formal guidelines. They must be accompanied by an abstract in French and English (10 lines maximum for each abstract), 5 keywords (French and English). The titles must be in French and English.

 

Publication: November 2023

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