Portraits d’anonymes 1
« Un visage, celui Aïcha Issadounène, caissière dans un Carrefour de Seine-Saint-Denis, fauchée à 52 ans par la Covid dès le mois de mars 2020.
Ses grandes lunettes cachant ses yeux noirs, son air grave, ses cheveux gris en arrière éclairent désormais un mur de Saint‑Ouen.
On se souvient d’elle, très précisément, car elle travaillait sur ce parvis très fréquenté depuis 30 ans.
Le 15 mars 2020, qui a pu oublier ? Ce jour où tout fut soudain suspendu. Le monde s’effondre. Contact zéro. La sidération foudroyant chaque appartement. L’isolement sans témoin. Parfois la mort sans témoin. La mort effacée, sans commémoration, sans trace.
Alors envahir les murs de portraits ?
C’est la façon pour Christian Guémy de rendre hommage aux anonymes : les caissières, réceptionnistes, standardistes, hôtesses d’accueil, secrétaires, repasseuses, téléopératrices, coiffeuses, femmes de ménage. Elles sont connues car chacun a eu l’occasion de les croiser cent fois.
“Pour qu’on se souvi...