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Dossier : Histoires, matérialités et muséographies des collections océaniennes. Études de cas

Miniatures et histoires d’Océanie, une recherche à redéployer. Prémices : les pirogues du muséum d’Histoire naturelle de Toulouse

Reconsidering research on miniatures and narratives from Oceania. Premises: the miniature canoes collection in the Toulouse Natural History Museum
Hélène Guiot
p. 301-310

Résumés

Les miniatures de pirogues océaniennes, à l’instar d’autres formes de miniatures, restent des objets peu considérés par les institutions et par les recherches muséales qui se sont développées au cours de la seconde moitié du xxe siècle. Aussi, cet article présente l’étude de la collection du muséum de Toulouse. Ce travail, qui fut l’occasion d’approcher ces pièces dans leur matérialité, permet de questionner ce type d’objets et de corpus, afin d’ouvrir des pistes de recherche sur leur dénomination, leur identité, leur origine et leur histoire complexe.

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Texte intégral

Je remercie Sylviane Bonvin-Pochstein pour sa volonté, durant toutes ces années, à mettre en œuvre l’étude des objets océaniens conservés au mhnt. Je lui suis reconnaissante de m’avoir transmis, pour ce texte, des éclaircissements sur la teneur et l’histoire des registres, ainsi que des informations provenant de ses recherches aux archives de la ville de Toulouse. Mes remerciements s’adressent également aux relecteurs qui m’ont permis de préciser ma pensée et d’élargir les perspectives de ce texte.

1Parmi les objets conservés au sein de collections muséographiques, les miniatures ont rarement suscité des travaux spécifiques, à l’exception notable et récente de ceux de Davy (2017, 2018).

2Toutefois, au sein de cette catégorie, les miniatures de pirogues océaniennes tiennent une place particulière. Lorsqu’elles furent intégrées à des réflexions ou à des travaux de recherche, c’est en qualité de représentantes des embarcations d’Océanie et non pas en tant qu’objets à part entière produits par des Océaniens.

3Il faut ici faire référence aux quatre précurseurs attachés à ces objets et à cette approche.

4Francis-Edmond Pâris, lorsqu’il dirigea le Musée naval du Louvre, entre 1871 et 1893, fit réaliser un ensemble de maquettes de bateaux (européens et extra-européens) par des modélistes de métier (Rieth, 2010), selon les plans, dessins et observations qu’il avait rassemblés durant ses voyages autour du monde (Pâris, 1841). Ces pièces, aujourd’hui conservées au musée national de la Marine, constituent donc des illustrations des traditions nautiques extra-européennes situées dans le temps et demeurent en cela des témoins et des sources d’informations remarquables.

5D’autre part, les typologies pionnières et les synthèses sur les embarcations des îles d’Océanie proposées par Alfred C. Haddon et James Hornell (1975), puis par le père Jean Neyret (1974), s’appuyèrent en partie sur l’étude de miniatures de pirogues conservées dans des institutions muséales. Ces auteurs établirent des liens entre les formes des embarcations, leur évolution et les phases de peuplement du Pacifique.

6Ainsi, on étudiait le bateau et non la miniature de bateau.

7Ces artefacts cumulent certes plusieurs handicaps. Comme beaucoup d’autres, les données sur leurs usages, leur contexte de production et de collecte, leur trajectoire jusqu’aux réserves des musées, restent éparses. En outre, leurs caractéristiques structurelles complexifient leur approche : les nombreux éléments, fragiles et/ou amovibles qui constituent une pirogue (balancier, mât, voilure, pagaies…) se trouvent souvent brisés, dissociés, voire disparus, entraînant autant de pertes d’information.

  • 1 Le terme « miniature » est ici employé pour désigner « une production en réduction » et ne fait pas (...)

8À cela, s’ajoute encore une difficulté rencontrée pour tous les objets de dimensions réduites que nous appellerons ici « miniatures »1 : conservateurs et chercheurs peinent à désigner ces artefacts (modèle réduit, maquette, miniature) et donc à les associer à une catégorie (jouet, prototype, produit pour touristes).

9Pour reprendre le constat de Jack Davy :

« […] miniature objects are a distinct and troublesome object typology, not always easy for scholars to describe or seriate. » (Davy, 2018 : 270)

10L’intérêt et le regard européens portés sur ces objets ont souvent restreint ces miniatures à des représentations iconiques des cultures qui les avaient produites (un modèle de pirogue à balancier évoquant ainsi la culture maritime polynésienne), empêchant de penser leurs multiples dimensions, notamment celle de support de communication (Davy, 2017 : 274). En effet, les miniatures sont des objets dont l’usage est parfois indépendant de la forme à laquelle ils se réfèrent. Ainsi, un modèle réduit de pirogue n’a pas été nécessairement produit pour naviguer sur l’eau. Les miniatures, objets destinés à être manipulés et observés, sont avant tout des représentations (Davy, 2018 : 976).

11Dans ses travaux sur les miniatures des sociétés de la côte Nord-Ouest du Pacifique, Davy identifie les publics auxquels elles étaient destinées, afin de dévoiler la variété des idéologies qui sous-tendent la fabrication de ces artefacts. Il révèle ainsi leur pouvoir de communication : déclaration d'identité et de propriété, représentation d’esprits protecteurs, image ambassadrice à destination des sociétés non-autochtones, manifestation politique d’une communauté, support pédagogique, … (Davy, 2017 : 267-276).

12Pour l’Océanie, le message s’avère aujourd’hui difficile à décrypter, tant les informations contextuelles restent éparses.

13Pourtant, les miniatures de pirogues océaniennes ne sont pas rares dans les collections. On relève ainsi : 37 pièces au musée du quai Branly-Jacques Chirac, 25 au musée d’Océanie de La Neylière, 15 au musée de l’Hospice Saint-Roch d’Issoudun, 9 au muséum d’Histoire naturelle de La Rochelle, 6 au musée d’Aquitaine, 4 au musée Hèbre de Saint-Clément de Rochefort. D’autres encore sont conservées au musée d’Angoulême, au muséum d’Histoire naturelle de Nantes, au musée des Confluences de Lyon, au muséum d’Histoire naturelle de Nîmes, de Lille, de Rouen, au musée des Beaux-Arts et de la Dentelle d’Alençon. Cette liste s’avère à ce jour imprécise et incomplète, l’inventaire de ces objets restant à établir.

14En partant du corpus de miniatures conservé au muséum d’Histoire naturelle de Toulouse (mhnt), nous souhaitons proposer ici des éléments de réflexion, entendus comme les prémices d’une étude plus large à déployer.

Catégoriser les miniatures de pirogues océaniennes

15Comme pour toute étude d’objet, la question initiale est celle de la terminologie et de la catégorisation.

16La recherche bibliographique (Beaudouin, 1983 ; Poujade, 1948) ainsi que l’observation de quelques-uns des corpus listés ci-dessus permettent aujourd’hui de proposer différentes catégories, adaptées au contexte des miniatures de pirogues océaniennes.

17Quatre critères principaux peuvent être discriminés, selon que l’on s’intéresse aux détails de la construction, à l’usage des miniatures, à leur fabricant, ou bien encore à leur lieu de production.

18Selon la structure et les détails de construction des miniatures, on distinguera :

  • Le modèle réduit : il s’agit de la miniaturisation du prototype dans le respect de la forme, des proportions, des détails de construction ;

  • La miniature qui reproduit les formes générales du prototype, et dont certains détails architecturaux ou ornementaux peuvent être mis en exergue, ou d’autres absents, ou bien les deux ;

  • La miniature éloignée du prototype dans sa forme, ses proportions et ses détails.

19Si l’on s’attache à leur usage, on distingue :

  • Les miniatures destinées à un public océanien. Certaines peuvent être des jouets, destinés aux activités ludiques et à une forme d’apprentissage. Par ailleurs, il semble avoir existé des miniatures impliquées dans des cérémonies propitiatoires pour la pêche, aux îles Marquises (Guiot, 2017).

  • Les miniatures destinées à un public non-océanien. Les pièces conservées dans les collections muséales sont la plupart du temps assimilées à des objets confectionnés pour être échangés ou vendus aux Occidentaux, des premiers marins et explorateurs, aux personnes installées par la suite tels qu’administrateurs, marchands, missionnaires. Dans l’ensemble, le contexte dans lequel prirent place ces relations n’est pas mentionné, notamment pour les plus anciennes.

20Quant aux concepteurs de ces miniatures, ils ont pu être océaniens ou bien européens.

21Enfin, il faut envisager le lieu de production. Si, selon toute vraisemblance, les Océaniens ont essentiellement œuvré en Océanie, il est important de ne pas omettre la possibilité de productions hors de ce contexte. Si des Européens ont sans doute réalisé des miniatures en Océanie (des marins par exemple), ils en ont assurément produit en Europe. Les modèles réduits de l’amiral Pâris évoqués en introduction illustrent particulièrement ce cas de figure.

22Ce premier essai de catégorisation permet d’entrevoir la variabilité qui s’exprime au sein des corpus de miniatures de pirogues océaniennes.

23Voyons à présent la façon dont la collection du muséum de Toulouse s’inscrit dans ce tableau.

Les miniatures de pirogues et de pagaies océaniennes du mhnt

  • 2 Des restaurations antérieures à cette étude apparaissent sur certaines pièces mais aucune informati (...)

24En 2008, à la demande de Sylviane Bonvin-Pochstein, chargée des collections d'ethnographie du muséum d’Histoire naturelle de Toulouse, j’ai eu la possibilité d’observer cinq miniatures de pirogues, identifiées comme provenant d’Océanie2. Douze pagaies et deux écopes faisaient également partie de cet ensemble.

25L’étude, qui comprenait alors la description et la documentation des provenances et des usages locaux, a permis de raccorder des éléments épars (pagaies, écopes) à certaines miniatures, ainsi que de mettre en avant quelques spécificités de certaines pièces (Guiot, 2009). Depuis, la collaboration se poursuivant (Bonvin et al., 2021 : 57), nous avons pu associer à ces miniatures des données issues des anciens registres du muséum.

Une maquette de pirogue double kanak (MHNT-ETH-AC-1709)

  • 3 On notera une erreur au niveau du point d’amure* qui devrait se trouver en position basse.

26Cette miniature (91 cm de long x 42 cm de haut) est constituée d’une coque principale et d’une coque secondaire (plus courte), reliées par 9 traverses sur lesquelles reposent un pont à écoutilles, lequel supporte une cabine, deux garde-corps et le gréement à voile triangulaire (photo 1)3.

Photo 1. – Miniature de pirogue double kanak, MHNT-ETH-AC-1709

Photo 1. – Miniature de pirogue double kanak, MHNT-ETH-AC-1709

(cliché Daniel Martin, © mhnt)

27Une base monoxyle, surélevée par des fargues*, constitue chacune des deux coques. Leurs extrémités sont fermées par un couvercle, présentant un décor en léger relief sur la coque principale. Tous les éléments de bois sont assemblés par des cordelettes tressées, composées de fibre végétale et de poils de roussette (Pteropus sp. ?). Les joints sont obstrués par des éléments végétaux et des baguettes de bois, sur lesquelles passent les liens, tandis que les perforations sont bouchées par une cheville de bois. La cabine présente une structure élaborée, faite de cloisons en bois et d’une couverture du toit à une pente en tronçons de feuilles de Pandanus sp.

28La voile triangulaire est une vannerie de type natte, diagonale, armature toile (Balfet, 1952 : 264-265), en feuilles de Pandanus refendues. Des tresses de fibres et poils de roussette, enfilées dans la vannerie, ornent la surface de grands rectangles. Ces derniers figurent peut-être les coutures assemblant les nattes qui formaient les grandes voiles de pirogue.

  • 4 Son rapport longueur-largeur est d’environ trois alors qu’il était bien supérieur sur les pirogues (...)

29Si cette miniature ne suit pas les proportions du prototype4, elle reproduit la forme et grand nombre d’éléments architecturaux des pirogues doubles en usage jusqu’au xixe siècle à l’île des Pins, sur la côte est de la Grande Terre ainsi qu’à Maré.

  • 5 Ces similitudes formelles expliquent pourquoi les registres et notices des musées indiquent souvent (...)
  • 6 La forme de pirogue double alors en usage en Nouvelle-Calédonie possédait un mât parallèle à la ver (...)

30Cette forme de pirogue double fut introduite par des populations en provenance de Tonga5, Fidji ou Wallis, et adoptée par les marins kanak6. Ces relations entre l’archipel et les îles situées plus à l’est sont bien connues, notamment dans la littérature orale qui relate l’arrivée d’hommes et de femmes en provenance de Tonga, leur installation à l’île des Pins et à Lifou, où ils transmirent l’art de la construction des pirogues (voir par exemple Glaumont, 1888 ; Guiart, 1963 ; Vienne et Frimigacci, 2006).

  • 7 Si l’on s’accorde aujourd’hui sur l’origine micronésienne de la voile latine océanienne, il reste d (...)

31Cette forme de pirogue double se caractérise notamment par une voile latine océanienne (mât positionné au centre de la coque principale et vergue reliée en son centre à la tête du mât). Cette voile gréait non seulement les pirogues de voyages des îles de la Polynésie occidentale, de Fidji à la fin du xviiie siècle (Clunie, 2015), de quelques îles des Polynesian outliers, comme Santa Cruz et Anuta ; elle gréait également les pirogues micronésiennes7. Il semble qu’il s’agisse aussi de la forme décrite par le capitaine James Cook lors de son passage dans l’archipel en 1774, qui parle de pirogues doubles similaires à celles de Tonga naviguant avec des voiles latines (1784 : 125).

32Les extrémités de la coque de cette miniature, identiques et en pointe, reproduisent une forme antérieure au xixe siècle, les étraves verticales des pirogues de l’ouest ayant été adoptées durant la première moitié de ce siècle (Neyret, 1974 : 27).

33Cette miniature porte une caractéristique que je n’ai jamais observée par ailleurs : deux motifs très légèrement incisés sur la face extérieure de la fargue* de la grande coque. Il s’agit d’un X et d’un dessin assimilable à celui d’une tortue. Le corps de l’animal est représenté par une forme à 8 côtés inégaux et une ligne brisée, bien visible, figure une nageoire. Ces motifs, qui n’apparaissent que d’un seul côté, ont-ils été ajoutés par la personne qui a réalisé l’objet ou bien ultérieurement, par quelqu’un d’autre ? Cette miniature a-t-elle quitté son atelier avant que le travail ne soit terminé ? Si ces questions restent sans réponse, on ne peut manquer de faire référence à la valeur considérable que tient la tortue dans les sociétés océaniennes, et notamment dans le sud de l’archipel calédonien. Cet animal marin intègre les échanges coutumiers, notamment à l’île des Pins. Seuls les membres des clans pêcheurs ont le droit de la pêcher sur demande du grand chef, soit pour nourrir la population de l’île, soit à l’occasion de cérémonies telles que mariages, décès ou fêtes des premières ignames (Leblic, 2008 : 161-167 ; 209).

  • 8 La galerie Gallieni est inaugurée en 1932, puis dédoublée en 1950 pour devenir galerie de Roquemaur (...)
  • 9 Il s’agit d’un inventaire manuscrit probablement rédigé durant l’aménagement de la galerie Gallieni (...)

34D’après l’étude des différents registres du muséum de Toulouse, cette miniature correspondrait au numéro « 245 -1- Modèle réduit de Chaland sur 2 pirogues avec voiles [sic] latine en sparterie cousues de cordonnet en poil de Roussette. (Nlle Calédonie.) », exposée dans une vitrine des galeries Gallieni8, au centre de la salle consacrée à Madagascar (Galerie d’ethnographie9, 1930-1935 : 16). Le terme « chaland » désigne vraisemblablement les bateaux plats, utilisés sur les fleuves et rivières pour le transport des marchandises. Son emploi fait référence au faible tirant d’eau des pirogues océaniennes, tout en reflétant une méconnaissance des capacités de ces grandes pirogues doubles qui naviguaient en haute mer.

35On la retrouve inscrite à l’entrée numéro 45 (pour l’année 1893) du Catalogue de vente des Frères Savès (Répertoire de la collection ethnographique, s.d. : 41) : « Spécimen de pirogue double » dans la liste des objets de Nouvelle-Calédonie, vendu au prix de « 40 f ». Les frères Alexis et Théophile Savès, neveux de Benjamin Balansa, botaniste en Nouvelle-Calédonie et aux îles Loyauté de 1868 à 1872, partirent chacun leur tour faire de la « prospection et du négoce, non seulement en Nouvelle-Calédonie, mais aussi dans les autres îles du Pacifique » (Astre, 1962 : 109). Installés comme marchands à Toulouse, ils firent commerce d’objets ethnographiques (Laroche, 1953 : 307-308 ; Bonvin et al., 2021 : 49-60).

36Cette miniature de pirogue double kanak, acquise par le muséum de Toulouse en 1893, fut probablement réalisée au cours de la seconde moitié du xixe siècle, tout en reproduisant un type plus ancien.

Une miniature de pirogue à balancier, kanak (MHNT-ETH-AC-AU.17)

37Cette miniature de pirogue à balancier à voile (96 cm de long x 81 cm de haut) possède une coque monoxyle, pontée aux extrémités, et sur laquelle ont été cousues de fines baguettes de bois comme celles qui recouvrent, traditionnellement, les jointures coque/fargue* des coques faites de plusieurs pièces de bois. Or ici, la coque est monoxyle. Il s’agit donc d’un skeuomorphisme, un procédé qui consiste à donner l’illusion de la forme originale, technique largement employée dans le domaine des miniatures (Davy and Dixon, 2019 : 6-7). Ces baguettes sont fixées par des liens tressés de fibres végétales et de poils de roussette, tandis que des chevilles de bois obstruent les perforations. Le balancier possède deux traverses (au lieu de trois généralement) et un flotteur relié à ces dernières par des piquets en forme de Y, caractéristiques des attaches kanak (Haddon and Hornell, 1975 : 4).

Photo 2. – Miniature de pirogue à balancier kanak, MHNT-ETH-AC-AU-17

Photo 2. – Miniature de pirogue à balancier kanak, MHNT-ETH-AC-AU-17

(cliché François Pons, © mhnt)

38Le pont, confectionné à partir de planchettes de bois assemblées, porte au centre l’emplanture* du mât. Celui-ci est constitué de deux éléments : un espar* (encoché à sa base) surmonté d’une tête de mât, sub-losangique, perforée pour le passage de la drisse*. La voile triangulaire est une vannerie de type natte, diagonale, armature croisée (Balfet, 1952 : 264-265), en feuilles de Pandanus refendues. Elle est ourlée de tapa (étoffe de liber battu, dont l’essence reste à identifier) brun et épais, cousu avec un fil d’importation.

39Cet objet a souffert en divers points de sa structure (liens rompus, bris de pièces de bois) et les restaurations anciennes (non datées) des éléments endommagés demanderaient à être reprises.

40Cette miniature illustre une des anciennes formes de pirogues à balancier de l’île des Pins ou de la côte sud-est de la Grande Terre (Neyret, 1974 : 23-24).

41Une étiquette rectangulaire (à angles biseautés) à double liseré bleu (ruban à l’extérieur et guirlande de feuilles à l’intérieur) est collée sur la surface supérieure de la poupe. Les mentions manuscrites restent difficilement lisibles, mais il est possible de lire « 17 nov », ainsi qu’une année « 188. » et « Nelle Calédonie ». Ces informations relient l’objet à l’achat d’une « Collection d’objets ethnographiques achetés à Mr Th Savès (350 [francs]) », entrée au muséum le 17 novembre 1885 (Musée d’ethnographie, s.d. : 65-66).

42De plus, elle semble correspondre à la mention de l'inventaire de la galerie Gallieni n° « 243 », « Modèle réduit d'une Pirogue à balancier de la Nouvelle-Calédonie » (Galerie d’ethnographie, 1930-1935 : 16). Elle aurait ainsi été présentée avec la miniature précédente, associée à des objets de Madagascar.

43Au regard des matériaux, de leur facture et de leurs formes, quatre pagaies (MHNT-ETH-AC.NC.54, 57, 58 et 59) (photo 3), ainsi que deux écopes miniatures (MNHT-ETH-AC-1709-2 et 3) (photos 4) devaient être associées à l’une ou l’autre de ces miniatures de pirogues kanak.

Photo 3. – Miniatures de pagaies kanak MHNT-ETH-AC-NC-58, 59, 57 et 54

Photo 3. – Miniatures de pagaies kanak MHNT-ETH-AC-NC-58, 59, 57 et 54

(cliché François Pons, © mhnt)

Photo 4. – Miniatures d’écopes MNHT-ETH-AC-1709-2 et 3

Photo 4. – Miniatures d’écopes MNHT-ETH-AC-1709-2 et 3

(cliché François Pons, ©mhnt)

Une miniature de pirogue à balancier, Vanuatu (MHNT-ETH-AC.NH.58)

44Cette miniature (48 cm x 43 cm x 7,5 cm), qui pourrait paraître relativement anodine au premier regard, présente un certain nombre de caractéristiques intéressantes (photo 5).

Photo 5. – Miniature de pirogue à balancier du Vanuatu, n°MHNT-ETH-AC.NH.58

Photo 5. – Miniature de pirogue à balancier du Vanuatu, n°MHNT-ETH-AC.NH.58

(cliché Daniel Martin, © mhnt)

45Les fargues* qui rehaussent la coque en son centre (fixées par des liens près desquels on observe une coloration rouge) sont positionnées de façon très évasée sur l'extérieur par rapport au mode de construction habituel. Le balancier est formé d’un flotteur (aux deux extrémités différenciées) relié à la coque par trois traverses et deux paires de piquets qui se croisent sous chacune d’elles. Des lattes de bois épointées, ligaturées sur les traverses, forment de petites plateformes, de part et d'autre de la coque. Une autre latte est liée au centre de la coque, dans l’axe longitudinal. Des traces noires marquent diverses surfaces de cette miniature de bois au grain fin.

46Malgré deux caractéristiques prononcées (position des traverses, qui passent par des perforations dans les fargues* et présence des fargues* évasées), il reste délicat d’attribuer une origine précise à cette pièce. Elle rappelle à la fois des formes de pirogues à balancier de la région du sud-est de Malakula, Uripiv et Epi (Haddon and Hornell, 1975 : 21, 27, 32 ; Neyret, 1974 : 37), mais aussi de Santo (Haddon and Hornell, 1975 : 37 ; Neyret, 1974 : 43-44).

47Sur un flanc de la coque est collée une étiquette rectangulaire à double liseré bleu (similaire à la pièce MHNT-ETH-AC-AU.17) dont l’inscription manuscrite reste difficilement lisible "1 [Nov ?] 188 [?]... Nelle Hebr.". Cette mention raccorderait cet objet à « Collection d’objets ethnographiques achetés à M. Th Savès (350) », du 17 novembre 1885 « Pirogues simples [sic] Nelles Hébrides » (Musée d’ethnographie, s.d. : 65 et 66).

48Cette miniature porte également une autre étiquette, plus récente, sur laquelle est écrit « Modèle de pir… à balanci… – Nouvelles He… ». Cette mention pourrait la raccorder soit au n° « 686 – 1 – Modèle de Pirogue à balancier (Nouvelles-Hébrides) » enregistré dans la « Suite de la vitrine N°3 de la Nouvelle-Calédonie » (Galerie d’ethnographie, 1930-1935 : 45), soit au n° « 702 – 1 – Modèle réduit de Pirogue à balancier (Nelle Calédonie et Nelles Hébrides) dans la « Suite du Haut de la 3me Vitrine de Nouvelle-Calédonie et Nelles Hébrides » (Galerie d’ethnographie, 1930-1935 : 46).

49Au regard des matériaux, de leur facture et de leurs formes, deux pagaies (MHNT-ETH-AC.NC.63 et MHNT.ETH.AC.64) pourraient être associées à cette miniature de pirogue (photo 6).

Photo 6. – Miniatures de pagaies MHNT-ETH-AC.NC.63 et MHNT.ETH.AC.64, possiblement associées à la pirogue à balancier du Vanuatu, n°MHNT-ETH-AC.NH.58

Photo 6. – Miniatures de pagaies MHNT-ETH-AC.NC.63 et MHNT.ETH.AC.64, possiblement associées à la pirogue à balancier du Vanuatu, n°MHNT-ETH-AC.NH.58

(cliché François Pons, © mhnt)

Miniature de pirogue à balancier, Vanuatu (MHNT-ETH-AC.NH.59)

50Cette miniature de pirogue à balancier (84 cm x 49 cm x 13 cm) a été confectionnée dans un bois clair, de faible densité. La coque est rehaussée de fargues*, assemblées par des liens qui forment des croisillons. Le balancier est constitué de deux paires de traverses, reliées au flotteur par des piquets de couleur noire, contrastant avec la couleur du reste de la miniature. Deux registres de baguettes, posées et liées aux traverses, forment des plateformes de part et d’autre de la coque. Les surfaces des pièces de bois sont ornées de motifs pyrogravés. On reconnaît des losanges, des motifs ponctiformes, des végétaux (2 variétés différentes dont peut-être une Arécacée ou un bananier), un motif de feuillage stylisé et des croisillons. Enfin, le terme FILA est gravé sur la face externe des fargues*, ce qui permet d’identifier l’origine de cette pièce (photo 7). En effet, au sud de l'île d’Efate se trouvent d'autres petites îles, dont une, dans le lagon de Port Vila, porte le nom de Fila island ou Ifira Tunuku. À moins que Fila ne corresponde plus directement à Port Vila/Fila.

Photo 7. – Miniature de pirogue à balancier, Vanuatu (MHNT-ETH-AC.NH.59)

Photo 7. – Miniature de pirogue à balancier, Vanuatu (MHNT-ETH-AC.NH.59)

(cliché François Pons, © mhnt)

  • 10 La présence des gravures (vocable, représentations végétales) l’atteste.

51Cette miniature, d’un type plus récent que les précédentes10, est accompagnée d’une étiquette (cartonnée, rectangulaire, avec liseré bleu foncé) volante qui porte la mention « Modèle très réduit de pirogue à balancier Nouvelles-Hébrides ».

  • 11 Aucune information n’a encore été trouvée sur cette donatrice.

52Cette indication permettrait de raccorder la pièce au n° « 617 – 1 – Modèle très réduit de Pirogue à balancier » dans la liste d’objets de « Nouvelles Hébrides » présentés dans la « Vitrine des masques de la Nouvelle-Calédonie » (Galerie d’ethnographie, 1930-1935 : 40). Ces objets font partie du don de Mme de Touris11, effectué en 1935. Cette miniature, de type « curios », correspondrait assez bien au style de production de la première moitié du xxe siècle.

53Au regard des matériaux, de leur facture et de leurs formes, quatre pagaies (MHNT.ETH.AC.67, MHNT.ETH.AC.NC.62, 65 et 66) (photo 8), pourraient être associées à cette miniature de pirogue.

Photo 8. – Miniatures de pagaies (MHNT.ETH.AC.NC.62, 65, 66 et 67), possiblement associées à la pirogue du Vanuatu MHNT-ETH-AC.NH.59

Photo 8. – Miniatures de pagaies (MHNT.ETH.AC.NC.62, 65, 66 et 67), possiblement associées à la pirogue du Vanuatu MHNT-ETH-AC.NH.59

(cliché François Pons, © mhnt)

Miniature de pirogue à balancier, Niue (MHNT-ETH-AC.OC.20)

54Cette miniature de pirogue à balancier mesure 115 cm de long pour 19 cm de large et 9 cm d’épaisseur. Elle présente une coque de forme caractéristique en torpille, aux extrémités très fines, chacune rehaussée d'un couvercle, présentant une crête longitudinale médiane (photo 9).

Photo 9. – Miniature de pirogue à balancier de Niue MHNT-ETH-AC.OC.20

Photo 9. – Miniature de pirogue à balancier de Niue MHNT-ETH-AC.OC.20

(cliché Daniel Martin, © mhnt)

55De plus, le plateau de proue présente une forme en H qui évoque le brise-lames des pirogues grandeur nature. Fargues* et plateaux sont gravés de lignes brisées, obliques, losanges. Les différentes pièces de bois sont reliées par de fines tresses de fibre de coco en très peu de points : onze de chaque côté. Trois traverses (avec chacune deux paires de piquets) relient la coque au flotteur qui présente un avant différencié (pointu). La ligne de jointure coque-fargue* est ornée d'une tresse de coco où sont enfilés des coquillages blancs (genre Cauris) et quelques autres Cypraea sp. intercalés, mesurant tous entre 1 et 2 cm de long. La forme et les ornements de cette miniature de pirogue à balancier sont caractéristiques de l’île de Niue (Haddon et Hornell, 1975 : 276-277).

  • 12 Notamment par le biais de la London Missionary Society, laquelle envoya des missionnaires samoans à (...)

56Il apparaît assez probable que cet objet corresponde à l’enregistrement « Modèle de pirogue sculptée avec son balancier » dans la liste des « Objets d’Ethnographie achetés à M. Gauran, aide médecin de marine », « 8 Mars 1883 » (Répertoire de la collection ethnographique, s.d. : 35). Cet enregistrement figure également dans un autre inventaire, noté dans la liste des « Objets d’Ethnographie achetés à M. Gauran, aide major (marine) », objets provenant des « Îles Hamoa » (Musée d’ethnographie, s.d. : 44, 45), qui vient confirmer la date d’entrée du « 8 Mars 1883 », « 1 Modèle de pirogue sculptée avec son balancier ». D’après les recherches menées aux archives municipales, M. Gauran serait Jules Joseph Charles François Clément Guillaume Gauran (1858-1920), médecin de 2e classe de la marine, au 2e d’infanterie de marine, domicilié en Guadeloupe, 1879 » (Bulletin de la Société de géographie de Toulouse, 1906 : 3) et membre de la Société d’histoire Naturelle de Toulouse dès 1879. Le Dr Gauran, aide-major à Toulon, fait un don au muséum en 1880, et l’institution lui achète deux lots, en 1881 et en 1883, comprenant cette miniature. L’appellation « Îles Hamoa » (terminologie en usage dans les récits de Dumont d’Urville) correspond aux « Îles Samoa ». Certes, Niue n'est pas Samoa, mais ces îles sont géographiquement, culturellement et historiquement12 très proches. La forme des coques de pirogues en est d’ailleurs une illustration. À ce jour, il s’agit du seul objet en provenance de Niue identifié dans les collections du muséum de Toulouse.

57Les miniatures de pagaies et pagaies-gouvernails n’ont pas toutes été corrélées à des pirogues.

58En revanche, elles semblent avoir été présentées dans une vitrine isolée, au centre de la salle Madagascar, si l’on se réfère au n° « 244 – 10 – Modèles réduits de diverses pagaies de la Nlle Calédonie » (Galerie d’ethnographie, 1930-1935 : 16).

Quelles catégories, quelles histoires ?

59Les cinq miniatures de la collection du muséum de Toulouse respectent les formes générales des pirogues dont elles s’inspirent, ainsi que l’agencement des éléments architecturaux.

60Dans le détail, chaque pièce présente ses spécificités. Ainsi, la pirogue double kanak (MHNT-ETH-AC-1709), en dépit d’un défaut de proportions, donne à voir les caractéristiques architecturales de ce type de voilier, tandis que d’autres s’attachent à reproduire des traits spécifiques (telle la pirogue de Niue MHNT-ETH-AC.OC.20 et ses ornements de coquillages), ou bien encore des caractéristiques qui signent un auteur ou une provenance selon des codes esthétiques plus récents, telle la miniature MHNT-ETH-AC.NH.59 du Vanuatu.

61La présence d’une miniature de Niue dans cette collection pose la question du contexte de production et de collecte de cette forme d’objet. En effet, les artefacts originaires de Niue sont relativement peu fréquents au sein des collections océaniennes conservées dans les institutions muséales. Or, bien qu’un décompte précis reste à établir, j’ai pu constater que la présence d’un corpus d’objets de Niue s’accompagne régulièrement de la présence d’au moins une miniature de pirogue. On peut donc s’interroger sur les raisons qui ont présidé à cette relative sur-représentation catégorielle. Une relecture de la littérature, notamment sur l’histoire des contacts avec les Européens (périodes, durée des séjours, catégories d’Occidentaux –explorateurs, missionnaires, marchands…), permettra vraisemblablement de fournir quelques éléments de réponse.

62Pris dans son ensemble, le corpus de miniatures conservé au muséum de Toulouse reflète les grandes catégories de pirogues que construisaient les Océaniens : pirogues à balancier, pirogue double, à voile ou à pagaie.

63Si les pirogues originaires de Nouvelle-Calédonie apparaissent régulièrement dans les collections françaises, ces objets, éminemment composites, présentent souvent des lacunes. Le mât, les traverses (ou les éléments du balancier) et divers espars* se trouvent brisés ; et plus encore, la voile et l’ensemble des pièces mobiles ont disparu au cours du parcours de l’objet. La pirogue double kanak conservée par le muséum de Toulouse, aussi complète dans son équipement (gréement, jeu de pagaies, cabine) et détaillée dans sa structure (pièces cousues), est donc un objet rare et, à ce titre, précieux pour la connaissance du patrimoine maritime océanien.

64Notons au passage que les miniatures de pirogues de Nouvelle-Calédonie portent souvent des coupons de tapa (comme ici la voile de la pirogue à balancier MHNT-ETH-AC-AU.17), ce qui ne semble pas avoir fait l’objet d’observations systématiques. Ces objets pourraient donc constituer un support d’étude complémentaire aux étoffes kanak, peu fréquentes dans les collections muséales.

  • 13 Solution classique dans le travail de miniaturisation.

65Sur cette même miniature (MHNT-ETH-AC-AU.17), la présence d’un skeuomorphe suscite la réflexion. Le fait de ne pas reproduire la technique des planches cousues n’est pas une erreur du fabricant puisqu’il a mis en place un procédé qui en donne l’illusion. Dès lors, on s’interroge sur les raisons d’un tel choix. Cette simplification13 est-elle le produit d’une méconnaissance technique ? C’est ici peu probable puisqu’il a fixé les baguettes par des liens de part en part. A-t-il agi par facilité ? Si l’on imagine qu’il a débuté son travail par la réalisation de la coque, il a pu vouloir gagner du temps, en façonnant une seule pièce de bois, obtenant directement la forme définitive de la coque, avec ses détails de couvercles et coffre central, sans avoir à confectionner des planches et pièces de bois qu’il aurait dû ajuster.

66L’effet obtenu est confondant pour un public qui méconnaît les techniques traditionnelles de construction de pirogues océaniennes. On peut donc se demander si le fabricant s’est libéré de cette contrainte technique en raison de la destination de son produit : un auditoire non océanien ?

67L’on peut encore s’interroger sur la temporalité d’une telle pièce. Il est possible qu’une demande exponentielle pour ce type d’articles ait conduit leurs fabricants à opter pour des choix techniques facilitant leur travail. La question se pose donc de savoir si les procédés skeuomorphes signent une évolution dans la production des miniatures de pirogues.

Décrypter les messages

68Les miniatures de pirogues constituent une source d’un grand intérêt :

« […] à la différence des relevés architecturaux en deux dimensions, elles permettent de percevoir directement et globalement la réalité, à échelle réduite, du volume d’une coque ou de l’envergure d’un gréement, d’isoler les détails d’un équipement de bord ou d’accastillage et de pouvoir replacer immédiatement ce détail dans l’ensemble, resitué en trois dimensions, du bateau. » (Rieth, 1997 : 67)

69En contexte océanien, ces artefacts relatent une histoire complexe et constituent des témoignages d’un patrimoine souvent disparu, reflet d’un lien originel et fondamental au monde maritime. Les pirogues grandeur nature sont rares dans les musées, et notamment celles de Nouvelle-Calédonie. La pirogue double pontée à voile, béérëwè, de l’île des Pins, construite en 1975, et conservée au musée de Nouvelle-Calédonie (MNC 86.5.109) semble être le seul exemple de ce type d’objet. Les miniatures s’avèrent dès lors des sources documentaires de haute valeur.

70Mais lorsque l’on veut s’attacher à la miniature pour elle-même, comme nous l’avons déjà souligné, les informations contextuelles manquent, et les systèmes de valeurs dont étaient investis ces objets océaniens nous échappent.

71Leurs fonctions, leurs modalités de fabrication, l’histoire de leur production avant l’arrivée des Européens restent à préciser ; autant que les créateurs de ces bateaux, encore non identifiés même pour les périodes plus récentes : s’agissait-il d’une seule personne, existaient-ils des ateliers ?

72Bien qu’il ne soit pas réellement, un réseau commercial est souvent associé à la production de ces miniatures. On peut donc aussi s’interroger sur la possibilité d’une production exponentielle visant à répondre à la demande occidentale, à l’instar des pagaies sculptées des îles Australes (Richards, 2012).

73Les miniatures de pirogues océaniennes ne sont pas rares dans les collections muséales. S’il paraît évident qu’une approche par leur matérialité et leur identité catégorielle, à l’instar de notre étude sur le corpus de Toulouse, mérite d’être élargie à un corpus plus vaste, un travail dédié à l'étude de ces corpus reste à engager avec les cultures autochtones. Alors, nous commencerons à décrypter le message polysémique des miniatures de pirogues océaniennes.

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Bibliographie

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Annexe

Lexique

- Drisse : cordage qui sert à hisser une voile, un pavillon.

- Emplanture : pièce destinée à recevoir le pied d’un mât.

- Espar : longue pièce de bois utilisée comme élément du gréement (mât, vergue, bôme).

- Fargue : planche supérieure du bordé (ensemble des planches, ou bordages, constituant une coque).

- Point d’amure : point bas d’une voile.

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Notes

1 Le terme « miniature » est ici employé pour désigner « une production en réduction » et ne fait pas référence au domaine pictural (lettrine, genre de peintures ou manuscrits).

2 Des restaurations antérieures à cette étude apparaissent sur certaines pièces mais aucune information ne leur est associée à ce jour.

3 On notera une erreur au niveau du point d’amure* qui devrait se trouver en position basse.

4 Son rapport longueur-largeur est d’environ trois alors qu’il était bien supérieur sur les pirogues de ce type grandeur nature.

5 Ces similitudes formelles expliquent pourquoi les registres et notices des musées indiquent souvent « Tonga » comme étant la provenance de ce type de miniature. Ici, la présence des poils de roussette signe l’origine kanak de la pièce.

6 La forme de pirogue double alors en usage en Nouvelle-Calédonie possédait un mât parallèle à la vergue, et les coques présentaient des extrémités tronquées et non pointues. Notons que ces deux formes de pirogues doubles coexistèrent après l’introduction du « type récent », tel que le nomme Neyret (1974 : 25-29).

7 Si l’on s’accorde aujourd’hui sur l’origine micronésienne de la voile latine océanienne, il reste difficile de définir qui fut à l’initiative du contact et du transfert de cette technologie (Nuttall, D’Arcy and Philp, 2014).

8 La galerie Gallieni est inaugurée en 1932, puis dédoublée en 1950 pour devenir galerie de Roquemaurel (consacrée à l’Océanie et à l’Asie) tandis que la première présente l’Afrique/Madagascar.

9 Il s’agit d’un inventaire manuscrit probablement rédigé durant l’aménagement de la galerie Gallieni, dans les années 1930-1935 et qui s’apparente à un inventaire détaillant le contenu des vitrines présentes dans la « galerie du maréchal Gallieni ». Il donne lieu à une numérotation sans lien avec l’ancienne numérotation des objets des anciens registres.

10 La présence des gravures (vocable, représentations végétales) l’atteste.

11 Aucune information n’a encore été trouvée sur cette donatrice.

12 Notamment par le biais de la London Missionary Society, laquelle envoya des missionnaires samoans à Niue à partir de 1844.

13 Solution classique dans le travail de miniaturisation.

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Table des illustrations

Titre Photo 1. – Miniature de pirogue double kanak, MHNT-ETH-AC-1709
Crédits (cliché Daniel Martin, © mhnt)
URL http://journals.openedition.org/jso/docannexe/image/14425/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 128k
Titre Photo 2. – Miniature de pirogue à balancier kanak, MHNT-ETH-AC-AU-17
Crédits (cliché François Pons, © mhnt)
URL http://journals.openedition.org/jso/docannexe/image/14425/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 634k
Titre Photo 3. – Miniatures de pagaies kanak MHNT-ETH-AC-NC-58, 59, 57 et 54
Crédits (cliché François Pons, © mhnt)
URL http://journals.openedition.org/jso/docannexe/image/14425/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 450k
Titre Photo 4. – Miniatures d’écopes MNHT-ETH-AC-1709-2 et 3
Crédits (cliché François Pons, ©mhnt)
URL http://journals.openedition.org/jso/docannexe/image/14425/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 367k
Titre Photo 5. – Miniature de pirogue à balancier du Vanuatu, n°MHNT-ETH-AC.NH.58
Crédits (cliché Daniel Martin, © mhnt)
URL http://journals.openedition.org/jso/docannexe/image/14425/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 462k
Titre Photo 6. – Miniatures de pagaies MHNT-ETH-AC.NC.63 et MHNT.ETH.AC.64, possiblement associées à la pirogue à balancier du Vanuatu, n°MHNT-ETH-AC.NH.58
Crédits (cliché François Pons, © mhnt)
URL http://journals.openedition.org/jso/docannexe/image/14425/img-6.png
Fichier image/png, 725k
Titre Photo 7. – Miniature de pirogue à balancier, Vanuatu (MHNT-ETH-AC.NH.59)
Crédits (cliché François Pons, © mhnt)
URL http://journals.openedition.org/jso/docannexe/image/14425/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 417k
Titre Photo 8. – Miniatures de pagaies (MHNT.ETH.AC.NC.62, 65, 66 et 67), possiblement associées à la pirogue du Vanuatu MHNT-ETH-AC.NH.59
Crédits (cliché François Pons, © mhnt)
URL http://journals.openedition.org/jso/docannexe/image/14425/img-8.png
Fichier image/png, 714k
Titre Photo 9. – Miniature de pirogue à balancier de Niue MHNT-ETH-AC.OC.20
Crédits (cliché Daniel Martin, © mhnt)
URL http://journals.openedition.org/jso/docannexe/image/14425/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 134k
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Pour citer cet article

Référence papier

Hélène Guiot, « Miniatures et histoires d’Océanie, une recherche à redéployer. Prémices : les pirogues du muséum d’Histoire naturelle de Toulouse »Journal de la Société des Océanistes, 155 | 2022, 301-310.

Référence électronique

Hélène Guiot, « Miniatures et histoires d’Océanie, une recherche à redéployer. Prémices : les pirogues du muséum d’Histoire naturelle de Toulouse »Journal de la Société des Océanistes [En ligne], 155 | 2022, mis en ligne le 01 janvier 2024, consulté le 19 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/jso/14425 ; DOI : https://doi.org/10.4000/jso.14425

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Auteur

Hélène Guiot

Chercheuse indépendante, associée au credo, inalco (asep), helenguiot@gmail.com

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Droits d’auteur

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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