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Dossier : Histoires, matérialités et muséographies des collections océaniennes. Études de cas

Histoires, matérialités et muséographies des collections océaniennes. Études de cas

Histories, materiality and museographies of Oceanic collections. Some case studies
Hélène Guiot et Magali Mélandri
p. 255-256

Texte intégral

1Cet ensemble de textes fait suite au dossier Musées et collections océaniennes en France, paru dans le jso 152 en 2021. Leur publication complémentaire dans ce numéro confirme l’implication croissante des équipes muséales et de recherche autour d’une meilleure contextualisation et valorisation des objets océaniens conservés dans les musées de par le monde.

2Les thématiques abordées ici sont plus que jamais d’actualité : les musées qui conservent des collections extra-européennes inscrivent l’étude de ces dernières dans leurs priorités, selon différentes approches, comme l’a montré la récente journée d’échanges « Grand Département collections extra-européennes » organisée par le musée du quai Branly-Jacques Chirac le 22 septembre 2022. La recherche de provenances est un axe majeur, auquel s’ajoute également un questionnement sur les dénominations et les classifications des objets, préalable incontournable à leur médiation. La volonté de mettre à disposition des corpus muséographiques auprès des populations/communautés sources, d’engager un travail de réflexion avec ces dernières, d’en proposer un récit à plusieurs voix et de valoriser les créations contemporaines produites dans ces contextes collaboratifs, est également manifeste au sein des musées répartis sur le territoire métropolitain comme ultramarin.

  • 1 Voir Magali Mélandri et Hélène Guiot, 2021. Introduction. Pour un inventaire des collections océani (...)

3Afin de montrer le cheminement accompli depuis le milieu du xxe siècle, cet ensemble de textes s’ouvre sur une présentation du travail fondateur réalisé par Anne Lavondès. Grâce aux entretiens menés par Véronique Mu-Liepmann en 2020 et 2021, le témoignage précieux d’Anne Lavondès nous est livré, révélant l’envergure des inventaires qu’elle a pu dresser à la suite de Marie-Charlotte Laroche1, leur méthodologie structurante et la mise au jour de collections muséales alors invisibles ou méconnues.

4Tout travail fondateur offre les premières marches qui ouvrent la voie et font progresser la réflexion, la recherche et la pratique.

5L’actuelle équipe du musée de Tahiti et des Îles-Te Fare Manaha (mti) opère ainsi dans l’article publié ici un retour sur les origines de l’institution, trait d’union avec la figure d’Anne Lavondès, avant de se projeter vers son avenir et son identité renouvelée. Partant de la nature plurielle des collections conservées, de l’analyse des publics et des enjeux actuels autour des cultures et langues de Polynésie française, le mti souhaite, dans son futur programme scientifique, culturel et muséographique répondre à l’impérieuse nécessité de transmission patrimoniale aux générations futures, tout en étant pleinement ancré dans son temps, marqué par les problématiques sociétales et environnementales.

6En prenant le cas particulier des figures anthropomorphes tiki et ti’i, Marine Vallée propose de questionner les pratiques de collecte puis d’exposition en Polynésie française de ces marqueurs culturels, tant au sein des musées que dans l’espace public, les lieux touristiques et au sein de la création contemporaine. Ces réappropriations engagées depuis le xxe siècle révèlent les tensions entre identités locales et trans-polynésiennes.

7Pour une meilleure compréhension des multiples niveaux de sens qui investissent les objets, considérer leurs dénominations permet de revivifier la réflexion. Ainsi, l’article d’Hélène Guiot analyse un corpus restreint de maquettes ou modèles de pirogues océaniennes, conservé au muséum d’Histoire naturelle de Toulouse. À partir de l’étude matérielle de ces objets et de leurs correspondances ou non avec leur équivalent à échelle 1, elle propose de désigner désormais ce type d’artefact par un terme plus neutre et générique, en l’occurrence le terme « miniature ». Le recours à cette dénomination permet en effet de prendre en compte un large spectre d’informations (formes, usages, acteurs concernés, parcours, …). Elle pose ainsi les prémices d’une analyse à déployer à plus grande échelle sur les pièces miniatures, afin de mieux en comprendre les intentionnalités propres.

8Enfin, l’article de Nicolas Garnier repense les objets collectés par le père Patrick O’Reilly à Bougainville en 1934-1935, à la lumière d’enquêtes engagées sur cette même île. En 2010, il initie avec ses étudiants de l’University of Papua New Guinea (upng), une exposition itinérante à partir de reproductions photographiques des collections O’Reilly, suscitant des échanges auprès de détenteurs de savoirs sur les usages, les techniques et sur les niveaux de signification des objets. Si ce travail collaboratif de reconnexion à un patrimoine perdu est, dans un contexte politique controversé, une source de prestige pour les étudiants de Bougainville auprès de leur communauté et un levier efficace de revitalisation culturelle in situ, il soulève le délicat problème de la propriété des objets sacrés et secrets conservés dans les musées, attestant encore aujourd’hui leur puissance, malgré la disparition des pratiques rituelles.

9Ces études de cas illustrent une tendance forte et la pluralité des projets de documentation et de recherche menés actuellement. Les personnels des musées et les chercheurs spécialisés sur ces sujets réévaluent ainsi la matérialité de ces œuvres, leurs origines, leurs parcours biographiques dans des études circonscrites, afin de documenter pleinement ces objets qui intéressent aussi bien le passé des communautés sources que leur présent et leur avenir.

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Notes

1 Voir Magali Mélandri et Hélène Guiot, 2021. Introduction. Pour un inventaire des collections océaniennes en France : regard rétrospectif en 2021, Journal de la Société des Océanistes 152, pp. 5-20 (https://doi.org/10.4000/jso.13023).

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Pour citer cet article

Référence papier

Hélène Guiot et Magali Mélandri, « Histoires, matérialités et muséographies des collections océaniennes. Études de cas »Journal de la Société des Océanistes, 155 | 2022, 255-256.

Référence électronique

Hélène Guiot et Magali Mélandri, « Histoires, matérialités et muséographies des collections océaniennes. Études de cas »Journal de la Société des Océanistes [En ligne], 155 | 2022, mis en ligne le 01 décembre 2022, consulté le 24 mars 2023. URL : http://journals.openedition.org/jso/14464 ; DOI : https://doi.org/10.4000/jso.14464

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Auteurs

Hélène Guiot

Chercheuse indépendante, membre associée au credo, inalco (asep), helenguiot@gmail.com

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Magali Mélandri

Directrice déléguée à la conservation, musée départemental Albert-Kahn, Boulogne-Billancourt, mmelandri@hauts-de-seine.fr

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Droits d’auteur

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