Franco-Néo-Zélandaise, et passionnée par mes deux pays, je suis aujourd’hui étudiante à Sciences Po Paris, dans le campus Havrais dédié à la région Asie-Pacifique. En remarquant un manque de représentation dans le cursus et les activités étudiantes sur l’Océanie lors de ma première année, j’ai pris l’initiative de créer un journal, The Pacific Post, (photo 1) pour présenter cette région aux étudiants du campus, sur des thématiques à la fois artistiques et académiques.

Photo 1. – Numéro de mai 2024

(cliché Lilou Hardonnière)

Arrivant postbac dans ce contexte académique, en tant que jeune Franco-Néo-Zélandaise étudiant en France, le campus du Havre m’avait naturellement séduite par son appellation « Pacifique ». Seulement, je me suis rapidement rendue compte que l’expertise sur la région Océanique se trouvait concentrée en un unique cours de deuxième année. L’entièreté des cours dispensés rendaient compte de réalités sociales du continent asiatique, et non des îles océaniennes. Région plus densément peuplée, continent aux mégalopoles les plus connectées au monde, l’Asie s’octroie toute l’attention et les moyens du campus havrais. Cette disproportion rend compte d’une certaine réalité et prend tout son sens dans un établissement animé par ses propres élèves.

En arrivant au Havre, seule Néo-Zélandaise du campus, en compagnie seulement de quelques Australiens, que j’ai pris conscience de ce déséquilibre fondé sur une absence de diaspora océanienne au sein du Campus du Havre de Sciences Po Paris. Décidant de saisir cette opportunité en deuxième année, dorénavant accompagnée d’autres Néo-Zélandais, Tahitiens et Australiens, j’ai cherché à faire valoir nos cultures, à l’image de mes camarades asiatiques.

L’idée d’un journal a émergé à la fin de ma première année de licence, en juin 2023. Soutenu dès sa conception par l’administration du campus sous la direction de Michael Hauchecorne, le projet cherche à présenter l’Océanie aux étudiants. Au lieu des côtes pacifiques du Japon et des Philippines, nous nous orientons plus au Sud, vers les îles polynésiennes, mélanésiennes et micronésiennes. L’initiative se base sur une double représentation de la région, reflétant l’ambition du campus : à la fois artistique et académique. Ainsi, notre journal, The Pacific Post, est né après avoir été élu par le corps étudiant en octobre 2023 parmi une dizaine d’autres projets. D’abord sous le format imprimé d’un journal classique, puis accompagné d’un site web (https://www.the-pacific-post.com/), The Pacific Post publie des articles sur les mêmes thématiques que nos cours de licence (anthropologie, droit, économie, histoire, linguistique, colonisation etc.), et sur des sujets artistiques qui passionnent également les sciencespistes (tatouages, cinéma, littérature, musique, mode et cuisine). Son édition papier permet au Pacific Post d’éviter une saturation digitale déjà existante au sein des activités des étudiants. Soucieux de l’écologie, nous imprimons le journal avec une encre à base d’eau sur du papier recyclé et recyclable.

Jeune de quelques mois, The Pacific Post a déjà recueilli un grand succès. Dès la distribution de la première édition, les étudiants demandaient quand sortirait la deuxième. Désormais, The Pacific Post invite des anthropologues et artistes sur le campus pour organiser conférences et ateliers artistiques. À travers notre site web, nous publions encore plus de contenus qui tend vers l’académique grâce à l’inclusion de bibliographies et d’interviews avec des chercheurs et experts de la région, comme le docteur Mélissa Nayral ou le professeur Sharelle Gauvignon-Sweet. Cet intérêt s’explique par la diversité et la curiosité au sein de Sciences Po, véritables marqueurs de l’identité de l’école. L’administration, ainsi que les élèves, intègrent cette valeur dès leur arrivée dans l’institution. Ainsi, tout est organisé pour accueillir au mieux ce genre de projets et en faire des parties intégrantes de chaque campus.

Aujourd’hui, nous sommes dans l’optique de pérenniser ce projet. Pour ce faire, nous avons déjà établi des partenariats entre les campus régionaux de l’école. Honorés d’avoir rencontré des membres du credo (Centre de Recherche et de Documentation sur l’Océanie) ainsi que du Journal de la Société des Océanistes, notre réseau hors Sciences Po ne cesse de s’élargir pour accueillir experts, chercheurs et enseignants. La porte reste donc ouverte à tout chercheur qui voudrait partager son travail de recherche avec nous, via les contacts de l’administration du Havre (disponibles sur le site web de Sciences Po Paris), dirigée par Michael Hauchecorne.

Ainsi, je laisserai en fin d’année The Pacific Post entre les mains des nouveaux sciencespistes qui auront pour mission de continuer l’épanouissement du projet, et de façon plus large, celui de l’intérêt pour la région océanienne au sein du collège universitaire Sciences Po Paris.