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1La publication de ce volume en italien par l'historienne de l'art italo-allemande Eva Bracchi vient combler une lacune historiographique dans le domaine des études relatives à la peinture de la soi-disant piccola maniera dans une période particulière de sa production en Europe, entre le maniérisme et le baroque. Magnifiquement illustré, ce volume est l'une des premières monographies de la maison d'édition Darte, basée en Ombrie, en Italie. Le point de départ de ce travail est la thèse de doctorat de l'auteure sur le peintre Sigismond Laire (Munich, 1552-Rome, 1639), thèse soutenue à l'Université de Rome III. L'ouvrage présente une organisation interne classique qui s'inscrit parfaitement dans le genre méthodologique du catalogue raisonné, genre qui a permis, depuis le xix^e siècle, d'écrire sur les grandes œuvres consacrées aux peintres et aux sculpteurs en Europe. Ainsi, la table des matières est divisée en quatre parties et la conclusion, qui traite du profil biographique du peintre, né à Munich en 1552, mais qui s'est installé à Rome à une date encore incertaine, certainement avant 1585. Afin de reconstituer l'arbre généalogique, l'enfance et l'adolescence du peintre et ses premiers pas dans le monde artistique de sa Bavière natale, des sources imprimées, telles que la vie de Giovanni Baglione de Laire, ainsi que des manuscrits, tels que le testament de l'artiste et d'autres documents d'archives, ont été passés en revue. Dans le deuxième chapitre, l'auteure se penche sur le rôle de la famille Crivelli en tant qu'agent des ducs de Bavière à Rome, sur son rôle de médiateur pour l'arrivée d'artistes bavarois à Rome et sur la politique culturelle des Wittelsbach, après avoir examiné une vaste correspondance, en grande partie inédite. La troisième partie du volume évoque l'activité prolifique de Sigismond Laire pendant sa longue vie à Rome entre la date approximative de 1578, puisque la date exacte de son arrivée dans la ville papale est encore inconnue, et 1639, l'année de sa mort. L'auteure souligne ici l'apprentissage de Laire auprès du peintre et miniaturiste flamand Francesco da Castello, nom italianisé de Frans van de Kasteele (Bruxelles, 1536-Rome, 1621), qui jouissait d'une grande renommée artistique dans la ville, comme en témoigne sa présence dans de nombreux documents aux côtés de peintres flamands et italiens de l'époque. Toutes les informations présentées dans cette section (p. 84-101) sont essentielles pour comprendre l'assimilation progressive par Laire des propositions stylistiques élaborées dans le contexte flamand, avec lequel Castello a entretenu des liens jusqu'à sa mort. Le troisième chapitre aborde également des sujets très intéressants comme les liens que le peintre allemand a établis avec des corporations artistiques romaines telles que l'Accademia di San Luca et la Compagnia di San Giuseppe di Terrasanta al Pantheon, qui ont permis à Eva Bracchi de concevoir un schéma des relations que l'artiste a établies avec des artistes tels que Caravaggio, Ottavio Leoni et Ventura Salimbeni, entre autres, publié à la p. 103 du volume analysé. La reconstruction de ce réseau de contacts a été possible grâce à la consultation de documents précédemment conservés dans les institutions susmentionnées et à la comparaison avec des monographies et d'autres publications imprimées, étant donné que l'historiographie romaine a déjà révélé ce réseau complexe de noms et d'affiliations picturales. Le quatrième chapitre est consacré à la production la plus connue de Sigismond Laire, à savoir la maniera piccola sur cuivre et sur différents types de pierre, même si l'auteure s'est également intéressée, dans la section précédente, aux autoportraits de Laire et à ses œuvres de grand format conçues pour différents supports artistiques. En ce sens, la reconstitution de la formation des collections romaines avec des pièces de très petite taille et l'identification des principaux commanditaires ont constitué un défi, d'autant plus qu'Eva Bracchi a tenu compte de l'hétérogénéité culturelle et sociale de Rome à partir de 1600 et de la présence d'étrangers parmi les clients de Sigismond Laire.

2Les dernières études sur la promotion artistique active des communautés étrangères installées dans la ville, telles que celles parrainées par Susanne Kubersky et Alexander Koller, ont eu un impact favorable sur les recherches de l'auteure, qui a complété ce qui avait été publié précédemment par de nouvelles conclusions basées sur la lecture de textes inédits conservés dans les archives européennes. La mise en évidence de la commande d'œuvres à Laire par l’ambassadeur d’Espagne à Rome, le duc de Pastrana (1596-1626), et l'identification de nouvelles pièces fait partie de la tâche ambitieuse de l'auteure dans le processus de catalogage des œuvres certaines, incertaines et rappelées par les sources qui clôturent l’ouvrage. Pour faciliter sa lecture, une annexe de documents a été incluse pour reconstruire la vaste carrière de Sigismond Laire entre Munich, Rome et Madrid.

3Ce livre va devenir un outil précieux pour les spécialistes du maniérisme et du baroque et met en évidence la difficulté de reconstituer un réseau complexe de voyages, de contacts et de dépendances stylistiques, même dans la production d'œuvres de petite taille. Les récentes expositions consacrées à la production de Sigismond Laire et d'autres artistes de l'époque moderne, tels que Jacques Stella et Antonio Tempesta, dans Paintings on Stone: Science and the Sacred 1530-1800 (Saint Louis Art Museum) et Meraviglia senza tempo: pittura su pietra a Roma tra Cinquecento e Seicento (Galleria Borghese à Rome) ont déjà mis en évidence l'intérêt des spécialistes et du grand public, qui devrait être renforcé à l'avenir par de nouvelles recherches sur l'arrivée de pièces de ce type en Amérique et aux Philippines.