Si l'innovation technologique a monopolisé l'attention tout au long du XXe siècle, nous sommes aujourd'hui confrontés à une situation originale caractérisable par trois traits :

1) il est de plus en plus question d’innovation en dehors du champ économique pour désigner des activités créatrices de nouveauté et dont les modalités et les contenus sont sensiblement différents de l'innovation techno-économique ;

2) Il existe de multiples injonctions à innover, et

3) l'innovation est souvent l'objet d'une valorisation en soi.

Les articles rassemblés dans ce premier des deux numéros spéciaux consacrés à l'Innovation nourrissent cette thèse de différentes façons :

- en analysant le désenchantement et la perte de prééminence de l'innovation technologique (B. Paulré)

- en resituant le concept d'innovation et sa valence dans une perspective historique longue (B. Godin)

- en illustrant et en caractérisant la montée de ce qu'on appelle l'innovation sociale (P. Ledux Browne)

- en soulignant la place qu'a occupée la recherche de la nouveauté dans la philosophie de M. Foucault (C. Ramond)

- en analysant la perception, les manifestations et les effets de la pression à innover dans certains laboratoires de recherche en sciences dures (C.-J. Bourque).

 

Sommaire

- Bernard Paulré, « Avant-propos. Les tendances innovatrices des sociétés contemporaines »,

- Bernard Paulré, « L'innovation en économie ; Vers un désenchantement »,

- Paul Leduc Browne, « La montée de l'innovation sociale »,

- Charles Ramond, « Michel Foucault, la nouveauté comme différence de la philosophie »,

- Benoit Godin, "Making Sense of Innovation: Weapon, Instrument and Buzzword",

- Claude-Julie Bourque, « L'innovation chez les chercheurs canadiens des sciences dites dures. Les effets d'usage paradoxaux d'une notion polémique »