2La première partie du livre établit les fondements de la sociologie relationnelle, avec un récit historique sur la manière dont différentes philosophies, d’Aristote aux contemporains, présentent un élément commun : comment la perception crée notre monde, et comment c’est dans cette relation entre les objets et nos sens que se trouve une première base relationnelle. Ensuite, certaines des principales définitions (et confusions du quotidien) sont clarifiées, comme la distinction entre la simultanéité d’une interaction et le concept plus général et potentiellement distant de relation (où des éléments tels que les attentes, la confiance et l’information joueront un rôle, comme illustré plus tard à travers l’étude de l’argent). L’auteur fournit ensuite un résumé des contributions fondamentales de trois des plus importants sociologues de l’époque : Simmel, Mauss et Elias. Simmel a décrit les formes sociales comme des cadres stylisés de relations fondées sur des attentes et des informations réciproques, Mauss a expliqué comment la dynamique du pouvoir dans les échanges créait des normes de réciprocité et établissait des cycles dynamiques de dons et de contre-dons, et Elias a situé les individus comme agissant au sein d’un ensemble interdépendant de relations sociales.

3Le deuxième chapitre introduit les principes du relationnisme méthodologique. Situant cette approche entre les deux autres extrêmes (individualisme et holisme), Philippe Steiner propose une introduction au débat à la fois simple et nuancée. Il convient de souligner la remarque selon laquelle, pour la sociologie actuelle, les relations ne sont pas nécessairement un facteur créant la réalité, mais un point de départ analytique – et donc un choix pour analyser la réalité – comme d’autres perspectives privilégient l’individu ou les structures sociales. Le chapitre se termine par un aperçu des critiques (et des réponses à celles-ci) que les différentes sociologies relationnelles ont affrontées de la part d’autres paradigmes (tels que le réalisme ou le nominalisme). Parmi ces problèmes, citons la manière dont les chercheurs en sciences sociales traduisent leurs recherches dans les catégories quotidiennes qui orientent et sont mobilisées dans l’action sociale (problème de l’ontologie des entités), les réponses méthodologiques à la difficulté de saisir les processus temporels (problème de la dynamique) et les implications normatives de la recherche (problème normatif).

6L’information est présentée de manière particulièrement bien structurée : les principaux éléments de chaque théorie sont suivis d’une introduction à la recherche empirique qui a suivi, de manière à couvrir les différentes applications des cadres – avec un accent particulier sur la sociologie économique, auquel s’ajoutent des exemples tirés de la sociologie des organisations. Cette structure du texte illustre les contributions des différentes traditions comme les problèmes sociologiques distinctifs et les découvertes qu’elles aident à révéler. Ces exemples s’avèrent complémentaires aux élaborations théoriques parfois ardues des sources primaires, en ce qu’ils en atténuent la complexité pour un public plus général, illustrant les concepts et propositions avancées. L’auteur inclut également des extraits méthodologiques dans les chapitres qui fournissent une compréhension plus approfondie des outils de recherche mobilisés, ce qui peut s’avérer utile pour ceux qui s’intéressent au sujet mais qui ont peu d’expertise, ou pour ceux qui connaissent bien les méthodologies d’une des traditions mais ignorent celles des autres. De tels extraits couvrent, entre autres, la variété des mesures et indices de réseau développés par l’analyse des réseaux sociaux (centralité, densité, clusterization…) ainsi que l’analyse des correspondances multiples comme principal outil pour cartographier les champs dans l’école bourdieusienne.

7En conclusion, le livre offre une revue approfondie et pertinente des sociologies relationnelles – de leurs fondements épistémologiques à leurs applications empiriques. Il s’agit d’un résumé juste et nuancé de leurs principales idées qui n’évite pas pour autant les débats, les incohérences et les conflits au sein du domaine. De plus, un langage facile à lire et une grande variété d’exemples provenant de différents domaines d’étude substantiels peuvent éveiller l’intérêt du lecteur qui recherche une introduction précise comme de celui qui souhaite relier les différents courants de la littérature existante.