Architecture et urbanisme à Rabat au début du XXe siècle : le cas d’Adrien Laforgue (1871-1952) et de l’avenue Dar-el-Makhzen à partir des fonds d’archives du Protectorat marocain.
Résumés
L’édification des villes nouvelles marocaines durant le Protectorat constitue une étape charnière pour l’histoire urbaine du Maroc et résulte d’une décision politique prise par le maréchal Lyautey, premier résident général entre 1912 et 1925. Pour mettre en place sa politique, il fait appel dès 1913 à l’architecte et urbaniste Henri Prost (1874-1959) afin de dessiner et organiser l’extension des principales villes du pays. Rabat, choisie comme capitale administrative, bénéficie des premières interventions. Pour mener à bien son projet, Henri Prost s’entoure dès 1914 d’une équipe composée d’architectes. Albert Laprade (1883-1978) est aujourd’hui le plus connu mais un des premiers à rejoindre le Maroc est Adrien Laforgue (1871-1952). Né à Montevideo, cet architecte sans formation officielle a peu construit avant son arrivée à Rabat en 1913. Pourtant, en quelques années, il contribue à l’édification de la ville nouvelle de Rabat, faisant évoluer son style d’un académisme convenu vers une architecture moderne, sous l’influence de Prost et de ses confrères présents sur place. Adrien Laforgue impose sa marque sur ce qui reste son intervention la plus notable, l’ordonnance de l’avenue Dar-el-Makhzen, actuelle avenue Mohammed V. Cette avenue constitue l’axe principal de la ville nouvelle et concentre les grands monuments de Rabat. S’il contribue à donner forme à cette avenue par la construction de la poste, la gare, la Trésorerie générale, les colis postaux, le palais de justice et la direction des P.T.T, Adrien Laforgue participe également à l’élaboration du cadre réglementaire de son ordonnance en fournissant les plans des édifices types à construire sur l’ensemble de l’axe. Cet article expose des recherches ponctuelles menées dans le cadre d’un stage international de l’INP dans les fonds du Protectorat aux archives nationales du royaume du Maroc, de la commune de Rabat et des descendants de l’architecte. Au-delà des théories liées à cet urbanisme déjà largement commentées, l’enjeu est d’analyser des fonds archivistiques encore peu exploités et d’apporter une relecture du processus d’urbanisation marocain mythifié par ses promoteurs et ses détracteurs à travers l’exemple d’un axe de circulation majeur de la capitale et d’un architecte qui n’a fait l’objet d’aucune étude malgré ses nombreuses interventions dans la capitale marocaine.
Entrées d’index
Haut de pagePlan
Haut de pageTexte intégral
1Les archives nationales du Maroc conservent une grande partie des fonds du Protectorat français institué entre 1912 et 1956. En 2012, l’inauguration de cette institution a été l’occasion d’organiser une exposition consacrée à l’inscription de Rabat sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO. Cette reconnaissance s’attache à des sites emblématiques de la cité mais elle consacre également les qualités urbanistiques de la ville de la première moitié du XXe siècle, période durant laquelle Rabat voit se développer un modèle urbain à grande échelle, à une époque où de nouvelles théories liées à l’urbanisme commencent à émerger à l’international.
- 1 Janet Abu-Lughod, Rabat, Urban Apartheid in Morocco, Princeton, Princeton University Press, 1980, 3 (...)
- 2 On pense notamment aux travaux de Charlotte Mus-Jelidi sur Fès et Jean-Louis Cohen et Monique Eleb (...)
2Dès 1912, le Maroc se dote d’une législation qui permet d’organiser les conditions de création des villes nouvelles. Le promoteur de cette politique, le maréchal Lyautey, premier résident général entre 1912 et 1925 se passionne pour ce sujet. De cet urbanisme expérimental largement mythifié par ses acteurs et des études consacrées à ce moment de l’histoire urbaine, ce sont les noms de Lyautey, Henry Prost et Albert Laprade qui reviennent régulièrement au détriment de nombreuses autres personnalités. Les critiques produites plus tard contre cet urbanisme ont également largement contribué à renforcer ce mythe1 et l’historiographie a souvent consacré une part importante aux théories urbaines sur la base des écrits publiés a posteriori par ses acteurs. Les études basées sur des fonds d’archives restent aujourd’hui encore trop rares2.
3Pourtant, l’analyse des archives du Protectorat apporte un éclairage sur les modalités de mise en œuvre de cette politique sur le plan des pratiques administratives, législatives et architecturales. Parmi la pléiade d’intervenants qui s’y côtoient, l’architecte Adrien Laforgue occupe une place de choix. Installé au Maroc en 1913, son expérience marocaine constitue un véritable bouleversement personnel et l’acte de renouvellement de sa pratique architecturale. Ses réalisations ont marqué durablement Rabat, et l’avenue Dar-el-Makhzen, actuelle avenue Mohammed V et principale artère de la capitale, constitue un jalon essentiel de sa carrière. L’architecte y a édifié les bâtiments les plus emblématiques tout en contribuant à l’écriture de l’ordonnance architecturale de l’avenue. Au-delà des théories d’urbanisme largement étudiées, il s’agira de comprendre à travers l’étude des documents produits par l’administration coloniale la manière dont s’est constitué progressivement cet axe majeur, fruit d’un cadre réglementaire en cours de constitution et œuvre d’un architecte parvenu à sa maturité.
L’urbanisme au Maroc : construction d’une discipline
- 3 Phénomène resté essentiellement urbain. Cf. Bernard Toulier, « Introduction », Architecture colonia (...)
- 4 Gaëlle Gillot, « La ville nouvelle coloniale au Maroc : moderne, salubre, verte, vaste », Dire les (...)
4La production d’Adrien Laforgue s’inscrit dans deux champs d’étude : l’urbanisme, auquel est associé le phénomène de l’architecture coloniale3. Son cadre, le Maroc, rassemble toute une série d’acteurs décisifs qui ont marqué leurs contemporains dans le renouvellement de l’aménagement urbain en mettant en œuvre des théories longtemps débattues. Les sociologues et les urbanistes qui rêvaient d’une ville idéale y trouveront un champ d’expérimentation pour mettre en œuvre leur prétention assumée d’universalisme en réalité calquée sur un modèle européen4.
- 5 Charlotte Mus-Jelidi, La fabrication d’une ville nouvelle sous le Protectorat français au Maroc (19 (...)
5La venue de Jean-Claude Nicolas Forestier au Maroc, par l’entremise du Secrétaire général du Protectorat Paul Tirard, constitue un acte décisif5. Conservateur des promenades de Paris et membre du Musée Social, Forestier théorise en 1906 dans Grandes villes et systèmes de parcs le Park System de Frederick Law Olmsted. En 1913, il remet à Lyautey son Rapport des réserves à constituer au-dedans et aux abords des villes capitales du Maroc. Il y développe l’importante notion de zoning et celle d’espaces libres qui se matérialisent notamment par la création de vastes jardins. Forestier indique des « réserves à constituer » et cherche à appliquer le concept de « système de parc » expérimenté en Europe dès la fin du XIXe siècle à l’échelle de la ville. Rabat sera l’exemple le plus accompli de ces théories.
6La mise en pratique n’intervient qu’avec l’arrivée de l’urbaniste Henri Prost en 1914. Dès son arrivée, il est chargé par Lyautey de créer le service spécial d’architecture et des plans de villes, qu’il dirige jusqu’en 1923. Ce service a pour mission d’élaborer le plan d’une dizaine de villes nouvelles. D’abord rattaché directement au pouvoir central, il est réorganisé à partir de 1919 pour dépendre du service de contrôle des municipalités avec un bureau du plan chargé d’appliquer ses directives dans chaque ville. Afin d’organiser ce service, Prost regroupe autour de lui plusieurs architectes dont Adrien Laforgue, Albert Laprade, Joseph Marrast, Auguste Cadet, Brion, Rigolet, Leblanc, Dupuy, Royer et Brossard. « L’agence Prost » poursuit un objectif de planification des villes de manière globale qui repose sur le principe du zoning, définissant des espaces en lien avec leur fonction (administration, travail, loisir, habitat, etc.), la création de grands axes de circulation, qui prennent très tôt en considération la place grandissante de l’automobile, et l’intégration de la nature via des parcs et une ossature végétale qui parcourt l’espace.
7Si le service spécial d’architecture et des plans de villes a pour objectif la planification de la ville en articulation avec le contrôle des municipalités, celui des beaux-arts, des antiquités et monuments historiques, s’attache à faire appliquer les règles en matière d’esthétique et d’ordonnance des futures avenues. Ce service est créé dès 1912 en même temps que la première loi sur les monuments historiques et témoigne des préoccupations de Lyautey en matière d’art et de culture et d’une vision globale de la ville, qui mêle considérations historiques et esthétiques au sein d’une structuration de l’espace urbain. Son second directeur, Jules Borély, peintre et poète, juriste de formation, nommé par Lyautey, sera l’une des chevilles ouvrières des grandes ordonnances mises en œuvre à travers le Maroc, occupant son poste jusqu’à la fin des années 30.
8À ces deux services est associé le service législatif. C’est ce dernier qui coordonne la rédaction des textes de lois, décrets, arrêtés viziriels ou dahirs qui réglementent l’urbanisme et l’architecture. Guillaume de Tarde est un des premiers juristes attachés à la Résidence et une des figures importantes de ce service. Ses conceptions sont largement développées à l’occasion du congrès de 1931, consacré à l’urbanisme dans les colonies, durant lequel il rappelle l’importance du cadre législatif en lien avec l’aménagement des villes. Mais, dit-il :
- 6 Guillaume de Tarde, « L’urbanisme en Afrique du Nord. Rapport général », L'urbanisme aux colonies e (...)
« Une législation n’est rien par elle-même. Une législation ne crée pas ; nous en avons la preuve, hélas ! […] Il faut encore – et c’est la seconde condition nécessaire – une organisation pratique, organisation qui, en matière d’urbanisme, doit être à la fois double de corps (c’est-à-dire à la fois technique et administrative), et une d’esprit (l’organisation technique et l’organisation administrative restant en étroite collaboration et réagissant l’une sur l’autre). »6
9À partir de cette organisation administrative s’élaborent les plans des grandes villes du Maroc. Rabat occupe parmi elles une place à part car la ville revêt une importance stratégique pour le Protectorat en tant que capitale administrative. Le plan établi par Prost dès 1915 tient compte de la topographie et de la géographie des lieux, conservant certains axes et jardins préexistants. À partir de ce contexte, l’architecte urbaniste dessine un plan qui consacre la ville en véritable cité-jardin, préservant la médina et projetant la ville nouvelle en dehors de l’enceinte almohade dont elle est séparée par une zone non aedificandi. Le principe du zonage est mis en œuvre avec des espaces réservés à l’administration (quartier de la Résidence), à l’habitat résidentiel ou à la promenade. Le plan est conçu à partir des espaces libres dont Jean-Claude Nicolas Forestier avait défini l’importance. Trois grands jardins s’inscrivent dans cet ensemble et organisent l’urbanisme alentour, le jardin d’Essais, le jardin du Triangle de vue et le jardin du Belvédère. À ces trois grands espaces verts sont associés les sites de la Tour Hassan et du Chellah ainsi que des squares et les promenades plantées le long des grands axes. À partir de cette ossature verte, Prost dessine les grands axes de circulation de la ville selon une trame orthogonale, prenant en compte d’anciennes pistes. Une colonne vertébrale s’établit à travers la ville, à partir de laquelle s’organise l’ensemble des voies de circulation. Dans le prolongement des rues de la médina partent trois grands axes en direction des hauteurs de la ville, recoupés par plusieurs grandes voies de circulation (Ill. 1).
Ill. 1 : Détail de l’avenue Dar-el-Makhzen sur le plan de Rabat-Salé

Échelle 1/10000, tirage, Service géographique du Maroc, 1929, ANRM, cote D100
cl. Simon Ducros.
10L’avenue Dar-el-Makhzen constitue l’axe majeur de la ville et concentre les principales administrations du Protectorat. Bâtie dès 1918 dans sa partie basse au départ de la muraille andalouse, l’avenue s’élargit à partir de l’hôtel des postes pour constituer une sorte de place que les Français baptiseront en l’honneur du maréchal Lyautey. Le haut de la place se divise ensuite en deux voies de part et d’autre de la mosquée Es-Sounna conduisant d’une part au quartier de la Résidence, siège du pouvoir colonial, et d’autre part au quartier du palais du sultan, siège du pouvoir chérifien. L’avenue Dar-el-Makhzen par sa position, les proportions monumentales qui lui sont données et son rôle stratégique de liaison entre médina et ville nouvelle, et centre économique et centre politique de la ville, bénéficie d’une attention particulière (Ill. 2). Adrien Laforgue, dont le service des plans de villes a déjà usé des compétences pour le quartier de la Résidence, a l’occasion pendant près de quinze ans de participer à l’élaboration architecturale de cet ensemble monumental.
Ill. 2 : Rabat, vue aérienne de l’avenue Dar-el-Makhzen, vers 1940

De gauche à droite : le palais de justice, la Trésorerie générale, les colis postaux et l’hôtel des postes
Carte postale, collection particulière
Adrien Laforgue au Maroc
- 7 Gustave Labat est le mari de sa sœur aînée Marie.
- 8 « Nos architectes – Adrien Laforgue, architecte du Protectorat », Bâtir, revue marocaine d’architec (...)
11L’architecte arrive au Maroc dès 1913 dans un contexte qui voit se mettre en place la politique urbaine de Lyautey et à laquelle il prend part jusqu’à sa mort en 1952. Rien ne prédestinait ce jeune homme né à Montevideo à venir s’installer au Maroc pour y édifier les grands monuments rabatis. Élevé à Tarbes, Adrien Laforgue est formé par son beau-frère Gustave Labat7. C’est par le biais de ses amitiés tarbaises qu’il rejoint dès 1902 l’atelier de Dominique Vergez à Limoges, où il exerce jusqu’en 1913, construisant essentiellement des hôtels particuliers8.
- 9 Il aurait logé dans un premier temps chez le consul Leriche, dont la villa se situait près de la Ré (...)
- 10 Base Léonore, dossier 19800035/21/2641, en ligne sur : www2.culture.gouv.fr/LH/LH102/PG/FRDAFAN84_O (...)
12En 1913, lorsqu’il décide de partir au Maroc tenter une nouvelle aventure, Adrien Laforgue a déjà 42 ans. Il débarque avec sa famille à Casablanca et rejoint rapidement Rabat9 où il poursuit dans un premier temps sa carrière d’architecte privé et construit dès 1913 l’hôtel de la Tour Hassan. Au début de la guerre, l’architecte est rappelé comme lieutenant au premier bataillon de réserve de Rabat10. Cette affectation est un moyen pour Lyautey de garder à ses côtés un vivier d’architectes avec lesquels il va pouvoir lancer une série de grands travaux dont la Résidence générale sera une des premières réalisations.
- 11 Adrien Laforgue achève les travaux de la Résidence après le départ de Laprade et collabore avec lui (...)
13Très vite, Laforgue intègre le service des plans de villes dirigé par Prost. Il y fait la connaissance d’Albert Laprade avec qui il collaborera à plusieurs reprises11. Dans un ouvrage consacré à Henri Prost, Joseph Marrast évoque l’importance de Laforgue au sein du service :
- 12 Joseph Marrast, « Maroc », L’œuvre de Henri Prost : architecture et urbanisme, Paris, Académie d’ar (...)
« À son arrivée au Maroc, il [Henri Prost] avait eu la chance de tomber sur notre confrère Adrien Laforgue, le frère de Jules le poète, installé depuis quelques temps à Rabat et déjà imprégné du climat et des idées de Lyautey. Il fut le premier de ses collaborateurs et l’embryon de ce qu’on a appelé justement plus tard, suivant la tradition de notre métier : « l’agence Prost ». »12
14En effet, Laforgue est un des premiers à rejoindre le Maroc, avant Laprade en 1915 et Marrast en 1916. Évoluant en tant qu’architecte libéral, il saura conserver tout au long de sa carrière des liens directs avec l’administration lui permettant d’obtenir de nombreuses commandes officielles.
- 13 « Nos architectes – Adrien Laforgue, architecte du Protectorat », Bâtir, revue marocaine d’architec (...)
- 14 Henri Prost, « L’urbanisme au Maroc », Urbanisme, revue mensuelle de l’urbanisme français, première (...)
- 15 Adrien Laforgue, « Propos d’urbanisme », Bâtir, revue marocaine d’architecture, supplément illustré (...)
- 16 D’Arcos, « Le Maroc à la recherche d’une formule d’architecture », L’art et les artistes, nouvelle (...)
15Sous l’influence de ses confrères, il fait également évoluer sa manière de concevoir l’architecture. Du pseudo-marocain qu’il qualifiera ironiquement lui-même de style Jonnart13, sa production tend progressivement vers une recherche de simplification. Pour Prost, « c'est Laforgue et Marchisio notamment qui dirigent le mouvement, pour continuer une architecture franchement moderne adaptée au climat et utilisant dans toute la mesure du possible les belles ressources encore vivantes des artisans marocains »14. Toutefois, cette modernité regroupe à l’époque une pluralité d’expressions dont celle du Corbusier qui n’y est pas associée, et Adrien Laforgue le revendique clairement15. Dans un article de L’art et les artistes d’Arcos résume : « Unité, simplicité, pureté, tels sont les trois termes de la nouvelle formule d'architecture française au Maroc, dont on peut dire que fut l'animateur Laforgue »16.
- 17 Maurice Culot, Albert Laprade, Paris, Cité de l'architecture et du patrimoine, Norma éd., 2007, p. (...)
- 18 La chapelle de Foucauld ou l’église de Port-Lyautey (actuelle Kénitra) construite quelques années p (...)
- 19 Léandre Vaillat, Le visage français du Maroc, Paris, Horizons de France, 1931, p. 34.
16À l’image de Laprade, il produit au Maroc une architecture empreinte de monumental ayant pour référence les canons néoclassiques. Son œuvre s’inscrit dans le sillon tracé par Lyautey lorsque ce dernier évoque les « grandes ordonnances architecturales de France au XVIIe et XVIIIe siècles »17 pour la future composition de la grande place de Casablanca. Simple et dépouillée, son architecture fait néanmoins quelques allusions discrètes à l’architecture locale par l’emploi de zelliges, de toitures en tuiles vernissées et de la pierre de Salé (Ill. 3). La cathédrale Saint-Pierre de Rabat édifiée en 1919-1921, puis agrandie en 1934-1938, illustre cette première esthétique rapidement abandonnée18. En réalité, son architecture illustre les revirements des instances coloniales qui ne souhaitent pas reproduire l’expérience de l’Algérie qui a conduit à une production académique usant d’un style néo-mauresque. Cette doctrine n’est pourtant pas établie clairement dès l’arrivée de Lyautey et de Prost, et le critique d’art Léandre Vaillat prend pour exemple les constructions de Laforgue au sein de la Résidence depuis la direction des eaux et forêts construite en 1922 où « le goût se dépouille. Plus de chapiteaux ni de bases aux colonnes. Un grand nu, qu’orne un portique de trois arcs fragiles », en passant par les Travaux publics de 1926 où « le grand parti se précise », jusqu’aux finances publiques où « La belle matière devient de règle »19. Cette évolution marquera également le visage de l’avenue Dar-el-Makhzen.
Ill. 3 : Bureau de postes des Tourga (quartier de la Résidence), Rabat

Henri Descamps, L’architecture moderne au Maroc, Paris, Librairie de la Construction moderne, 1931, planche 11a
cl. Simon Ducros
Le cas de l’avenue Dar-el-Makhzen
- 20 Il exécute notamment la direction des eaux et forêts, le service des mines, la direction des financ (...)
17En parallèle de son activité au sein de la Résidence générale20, Laforgue participe à sa grande œuvre, l’écriture de la principale artère de Rabat entre l’hôtel des postes et l’office chérifien des Phosphates. L’analyse des archives permet de suivre la construction de l’ordonnance architecturale de cette avenue à travers l’interaction entre l’application législative via les différents services du Protectorat et l’intervention de Laforgue à titre d’architecte libéral. Si les premiers bâtiments construits sur l’avenue correspondent à une implantation prévue par l’agence Prost, l’ordonnance des édifices ne s’est construite que de manière empirique et l’aspect législatif prend progressivement le pas sur les premières initiatives esthétiques des architectes.
- 21 Son gendre Serge de Mazières poursuit les travaux d’aménagement après l’Indépendance en surélevant (...)
- 22 Les bâtiments du Balima I et II sont antérieurs et l’œuvre des architectes Paul Hanquet et François (...)
18L’intervention de Laforgue est d’abord caractérisée par la concentration de ses réalisations et notamment sur le versant ouest de l’avenue à vocation quasi administrative. L’hôtel des postes et la gare qui en encadrent la partie basse sont les premiers à être construits par l’architecte, respectivement en 1918 et entre 1923 et 1925, en même temps que la première cour d’appel de Marrast et la banque d’état édifiée par Cadet et Brion. Transport, banque, justice et postes constituent alors des secteurs et des administrations clés pour le Protectorat. Entre l’hôtel des postes et la gare, la construction de l’ensemble des bâtiments est également confiée à Laforgue dans les années suivantes : les colis et chèques postaux entre 1926 et 1928, à l’emplacement de l’ancienne banque algéro-tunisienne qu’il avait élevée dès 1922, la Trésorerie générale entre 1924 et 1925 et enfin le palais de justice achevé en 1932. Sur chacun de ces monuments, l’architecte est amené à réintervenir au cours des années 1930-1940 afin de procéder à des agrandissements ou des modifications21. Au-delà de la gare, Laforgue achève l’ordonnance de l’avenue en 1932 par la construction de la direction de l’office des postes, télégraphes et téléphones, au croisement avec l’avenue Moulay Hassan. Son intervention sur le versant est de l’avenue est plus limitée mais néanmoins marquante. Il y édifie l’emblématique hôtel du Balima III (Ill. 4) situé dans l’axe du palais de justice22.
19La poste et la gare, au même titre que la cour d’appel et la banque d’état, témoignent des premières hésitations du Protectorat en matière de style à donner à ces édifices officiels. Les arts traditionnels marocains y sont encore largement présents par l’emploi de couvertures en tuiles vertes, de discrets décors de zelliges ou de frises en pierre de Salé. La référence de l’hôtel des postes est à chercher dans la grande poste néo-mauresque d’Alger édifiée par Voinot et Toudoire en 1910. Ce choix esthétique est appliqué au même moment à l’hôtel des postes de Casablanca, construit par Laforgue et qui donne une idée précise de son pendant rabati transformé dans les années 1950.
- 23 Cf. Bulletin Officiel 78, 24 avril 1914, p. 271-277, en ligne sur : http://www.sgg.gov.ma/Legislati (...)
- 24 Cf. Bulletin officiel 603, 13 mai 1924, p. 778, en ligne sur : http://www.sgg.gov.ma/Legislation/Bu (...)
- 25 Cf. Bulletin officiel 613, 22 juillet 1924, p. 1137-1138, en ligne sur : http://www.sgg.gov.ma/Legi (...)
- 26 Cf. Bulletin officiel 684, 1er décembre 1925, p. 1905, en ligne sur : http://www.sgg.gov.ma/Legisla (...)
20Afin de contrôler les constructions, le Protectorat met peu à peu en place une législation normative et l’ordonnance de l’avenue repose sur l’application de plusieurs dahirs. Le texte fondateur du 16 avril 1914 relatif aux alignements, plans d’aménagement et d’extension des villes, servitudes et taxes de voierie23 institue un contrôle des principales artères. Il constitue l’outil législatif qui permet de mettre en œuvre le plan Prost mais il ne concerne pas encore le traitement des élévations. C’est le dahir du 1er avril 1924 relatif au contrôle du service des beaux-arts et des monuments historiques qui permet d’imposer un visa préalable en accord avec le Service des contrôles civils et les municipalités, sur « toutes demandes en autorisation de bâtir portant sur des constructions à édifier le long des voies ou des places publiques dont il paraît nécessaire d’assurer l’unité d’ordonnance architecturale »24. Ces voies sont définies par l’arrêté viziriel du 31 mai 1924 qui comprend l’avenue Dar-el-Makhzen dans sa partie comprise entre la poste et la mosquée du Sultan25. Le cadre général est donné pour imposer une ordonnance à l’avenue dont les prescriptions sont finalement édictées dans l’arrêté viziriel du 18 novembre 1925 relatif à l’ordonnance architecturale de l’avenue Dar-el-Makhzen, modifié par arrêté du 29 janvier 192626. Ce texte entérine définitivement les prescriptions à adopter.
21Il y est précisé que les « façades formeront, sur les voies [..] une muraille ininterrompue. Les corniches du couronnement de ces façades et les linteaux des portiques [..] s’étendront en horizontales continues ». Pour les élévations et les portiques, les architectes doivent se conformer à une série de cotes adaptées en fonction de la situation de la construction dans l’avenue. Des prescriptions de matériaux sont édictées, la pierre de l’oued Akreuch ou de l’oued Ykem pour les chapiteaux des portiques, la pierre de Salé ou similaire pour les corniches, encadrements des baies et appuis, badigeon de chaux blanche sur le nu des murs, panneaux de ferronnerie pour les balconnets et les grands balcons et conception des baies avec des linteaux.
22Les archives du Protectorat permettent de suivre le processus d’élaboration de ce texte durant deux ans et démontrent l’importance prise par Laforgue à cette occasion. Ces arrêtés, bien qu’ils conduisent à imposer des règles et des côtes, nécessitent également une mise en application par la publication de modèles et de façades-types qui seront dessinées par Laforgue et auxquels devront se conformer les architectes. Les réflexions cherchent à avancer en parallèle sur le projet législatif tout en continuant à définir des prescriptions pour les édifices qui doivent s’élever sur l’avenue, dans un dialogue institué entre le secrétariat général et la direction de l’instruction publique et des beaux-arts.
- 27 Lettre du 21/09/1923, Le Premier Président au Secrétaire général de la résidence Sorbier de Pougnad (...)
- 28 Lettre du 06/07/1923, Henri Prost au Secrétaire général du Protectorat, Rabat, ANRM, cote S272.
23Les débats engagés au même moment pour clore la partie basse de l’axe et former le départ de la future place Lyautey cristallise la réflexion et témoigne de l’importance prise par Laforgue. L’administration souhaite y édifier un nouveau palais de justice à l’emplacement de la cour d’appel, en pendant de l’hôtel des postes. En 1923, le nom de Laforgue est avancé sur les conseils d’Henri Prost27 qui juge nécessaire de « disposer les façades de ce nouvel édifice en harmonie avec celle de la Poste »28. Cet édifice est finalement construit plus haut sur l’avenue et la villa du premier président de la cour d’appel subsiste aujourd’hui seule. Toutefois, même après l’abandon du projet de palais de justice à cet emplacement, le service des beaux-arts reste attaché à la cohérence de cette partie de l’avenue. En janvier 1924 Borély adresse en ce sens au directeur de l’administration municipale un dessin de l’ordonnance de la place par Antoine Marchisio. Ce dernier a cherché à prendre en considération l’élévation de l’hôtel des postes en appliquant cette esthétique à l’ensemble des édifices. Borély précise :
- 29 29 Lettre du 26/01/1924, Jules Borély au directeur de l’administration municipale, Rabat, ANRM, cot (...)
« Au sujet de la façade qui fera « pendant » à l’Hôtel des postes, il serait nécessaire que le gouvernement se montre aussi exigeant qu’il le serait pour la construction d’un monument public. […] Ce qu’on fait est peu, c’est la suite des travaux qui donnera de la valeur à l’ensemble. »29
- 30 Ibid.
24Il ajoute que les règlements de voirie du quartier ont été respectés avec des édifices prévus sur trois étages avec portique. L’utilisation des matériaux de l’hôtel des postes est recommandée : mais sans aucune décoration qu’il juge inutile30. Ce premier projet d’ordonnance témoigne de l’intérêt porté à l’œuvre de Laforgue afin d’harmoniser la place tout en se dirigeant vers une première recherche de simplification.
- 31 Lettre du 13/05/1925, le directeur du service des contrôles civils et des municipalités au directeu (...)
25En 1924, le nom de Laforgue est de nouveau avancé. Cette fois-ci, il s’agit de fournir un dessin d’ordonnance de l’avenue côté banque d’état mais le bâtiment type a changé, l’hôtel des postes étant remplacé par la Trésorerie générale31. Cette dernière constitue la clé de voûte de l’avenue à partir de laquelle sera finalement définie l’ordonnance de l’ensemble. Construite en 1924-1925, son style dépouillé tranche avec la poste et la gare. Le rez-de-chaussée est composé d’un soubassement à bossage en pierre et d’un portique à doubles-colonnes. L’enduit lisse rouge du fond du portique contribue à créer un effet de profondeur et de légèreté de l’élévation qui comprend deux niveaux rythmés par des baies simples. Une grande corniche en pierre et ornée en sous-face par un motif géométrique de zelliges est une des seules concessions à la recherche de décor (Ill. 5 et 6). Le choix de cet édifice pour l’ordonnance générale est entériné au début de l’année 1926 par Borély en ces termes :
- 32 Lettre du 30/01/1926, le directeur du service des contrôles civils et du contrôle des municipalités (...)
« M. LAFORGUE étant l’auteur de la Trésorerie et du Palais de Justice, qui occuperont tout un côté de la place, personne n’est mieux qualifié que lui pour donner aux façades, de l’autre côté de la place, l’aspect nécessaire à un effet d’ensemble. »32
- 33 Ibid.
26Le directeur des beaux-arts corrigera néanmoins à la marge le projet d’ordonnance finalement commandé à Laforgue en janvier 1926 en lui demandant de supprimer les éléments qui révèleraient trop « la particularité de sa manière »33 comme les colonnes engagées encadrant les baies du 1er et du 3e étage.
Ill. 5 : Trésorerie Générale, élévation de la façade sur l’avenue Dar-el-Makhzen

Tirage, 15/03/1924, Agence urbaine Rabat-Salé, plan non coté, dossier Trésorerie Générale
cl. Simon Ducros
Ill. 6 : Trésorerie Générale, architecte Adrien Laforgue, Rabat, avant 1930

Carte postale, collection particulière.
27En juin, le projet n’est pas encore fixé mais Borély maintient l’importance de voir confier la réalisation de l’ordonnance à Laforgue. Il rappelle qu’il :
- 34 Lettre du 22/06/1926, Jules Borély au Secrétaire général du Protectorat, Rabat, ANRM, cote A1383.
« est l’architecte de l’hôtel des Postes, de la Trésorerie, du Palais de Justice, c’est-à-dire de tout un côté de la place ; il y aurait avantage à le voir imprimer sa manière sur les façades de l’autre côté, si l’on veut obtenir un effet dont l’unité (même si les détails ne sont pas des chefs-d’œuvre) contribuera singulièrement à donner de l’allure à cette place »34.
- 35 Note du 30/07/1926 adressée par Jules Borély (?) au chef du service du contrôle des municipalités, (...)
- 36 C’est le cas des chèques postaux pour lesquels Jules Borély enjoint dès décembre 1926 le directeur (...)
28Malgré quelques atermoiements35, la proposition de Laforgue annexée à l’ordonnance architecturale de l’avenue Dar-el-Makhzen est adoptée au cours de l’année 1926 (Ill. 7) et plusieurs édifices bénéficient de remaniements suite à sa promulgation36.
Ill. 7 : Détail d’une façade type dessinée par Adrien Laforgue pour l’avenue Dar-el-Makhzen, janvier 1926

ANRM, cote A1383
cl. Simon Ducros
- 37 Laforgue collabore avec lui à l’église Sainte-Marie de l’Océan et au Sacré-Cœur de Casablanca.
- 38 Lettre du 15/02/1928, Jules Borély à Paul Tournon, Rabat, ANRM, cote E0736.
29Grâce à cette ordonnance dont le module de base est la Trésorerie, le ton est donné, reproduit à une échelle monumentale pour le palais de justice voisin. Inauguré en 1932, ce dernier vaut la légion d’honneur à son architecte. Sa construction débattue dès 1923 fait l’objet d’une attention scrupuleuse du service des beaux-arts qui n'hésite pas à demander son avis à un comité composé de Marrast, Laprade et Tournon37. En février 1928, Borély adresse au comité une série de quatre projets dessinés par Laforgue tout en disant préférer le premier projet qu’il juge « d’un effet grandiose » avec sa porte unique et monumentale placée au centre, tandis que le directeur adjoint des travaux publics et Antoine Marchisio préfèrent le troisième composé d’une colonnade38. Paul Tournon résume les observations du comité ainsi :
- 39 Lettre du 19/01/1928, Paul Tournon à Jules Borély, Rabat, ANRM, cote E0736.
« D’une manière générale on n’aime pas la colonnade sur le soubassement plein ou troué et l’unique porte où doit passer un public nombreux. Il est cependant regrettable de priver un artiste d’un parti qui paraît lui tenir à cœur. J’ai donc dit à Laforgue ce que je ferais à sa place »39.
30Le 19 avril de la même année, Borély demande au premier Président de la Cour d’appel de prendre une décision avec Laforgue pour choisir entre le premier et le troisième projet car l’administration n’y est pas parvenue. Malgré les réticences, le projet de la colonnade souhaité par Laforgue est choisi, démontrant la marge de manœuvre de l’architecte face à l’administration (Ill. 8).
Ill. 8 : Avant-corps central du palais de justice de Rabat, Adrien Laforgue

Travaux d’architecture, Strasbourg, EDARI, 1932, n.p., ANRM, cote F089
cl. Simon Ducros
- 40 Lettre du 17/02/1932, Jules Borély à Adrien Laforgue, Rabat, ANRM, Cote E0811.
31Laforgue dispose de moins de latitude pour la direction des PTT, dernier édifice construit sur l’avenue et sans doute le moins original. L’architecte est contraint de se conformer aux règlements d’urbanisme auxquels il a lui-même participé. Borély cherche à faire respecter les prescriptions et s’emporte contre les modifications que voudrait imposer le directeur des postes à la façade principale. Il écrit à ce sujet : « Notre contrôle a été institué pour éviter que les architectes ne cèdent aux vues diverses des occupants du moment. Il y a dans notre discipline de l’esthétique de la ville une vue d’ensemble qui leur échappe »40. Avec ce monument qui clôt l’avenue, le service des beaux-arts parvient à imposer cette esthétique de la ville dont parle Borély, gommant l’intérêt particulier d’un édifice pour le faire rentrer au sein d’une ordonnance générale. Celle de l’avenue Dar-el-Makhzen est particulièrement réussie tout en restant originale parce que les monuments qui s’y sont élevés l’ont été en même temps que la législation se construisait dans un processus d’interaction entre la pratique et la théorie. Il n’est pas certain qu’un texte strict qui aurait précédé dès le départ l’ensemble des constructions ait conduit à cet effet monumental.
32À partir de cette étude de cas, il apparaît que la constitution des villes-nouvelles du Maroc ne s’est pas opérée immédiatement et sans délai, contrairement à l’idée largement véhiculée par l’historiographie et la documentation produite par les instances du Protectorat. L’édification d’une ville et a fortiori d’une capitale ne peut s’établir que progressivement et s’appuie sur une longue gestation faite de réflexions et de compromis. Le départ des figures tutélaires de cet urbanisme ne marque pas la fin de l’aménagement des villes. Au début des années 1920, seuls sont tracés les plans directeurs et l’ordonnance architecturale des bâtiments s’engage à peine sur la voie d’une rationalisation législative et esthétique. Il aura fallu quatorze ans pour voir fixé le cadre réglementaire de l’avenue la plus importante de Rabat, période marquée par une longue réflexion sur le style à adopter.
33La constitution de l’avenue Dar-el-Makhzen permet d’appréhender matériellement ce processus urbain en révélant sa complexité et ses acteurs. La personnalité de Jules Borély mériterait une étude plus approfondie tandis que l’emblématique Adrien Laforgue constitue un cas à part. D’architecte intégré au service du Protectorat pour la construction de la Résidence, il travaille ensuite à titre privé pour de nombreuses administrations. Sa présence au Maroc tout au long de la période protectorale constitue également l’intérêt de cet homme qui lie l’évolution de sa production architecturale aux doctrines et aux instances officielles. Son intervention considérable sur l’avenue Dar-el-Makhzen fait de cet axe un unicum. L’écriture de la plupart des bâtiments, du moins sur son versant ouest, par un seul maître d’œuvre et la concentration d’institutions étatiques limitant le nombre d’acteurs privés n’a pas d’équivalent au Maroc. L’analyse de cet axe révèle les atermoiements des instances dirigeantes et témoigne des limites du mythe historiographique de la construction des villes marocaines que seule une relecture des fonds archivistiques permet de remettre en perspective.
Notes
1 Janet Abu-Lughod, Rabat, Urban Apartheid in Morocco, Princeton, Princeton University Press, 1980, 356 p.
2 On pense notamment aux travaux de Charlotte Mus-Jelidi sur Fès et Jean-Louis Cohen et Monique Eleb sur Casablanca.
3 Phénomène resté essentiellement urbain. Cf. Bernard Toulier, « Introduction », Architecture coloniale et patrimoine. L’expérience française, Marc Pabois, Bernard Toulier, (dir.), Paris, INP, Somogy, 2005, p. 12.
4 Gaëlle Gillot, « La ville nouvelle coloniale au Maroc : moderne, salubre, verte, vaste », Dire les villes nouvelles, François Leimdorfer (dir.), Paris, Édition de la Maison des sciences de l’homme, 2014, p. 19, disponible sur : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01272511, p. 2, consulté le 27/04/2022.
5 Charlotte Mus-Jelidi, La fabrication d’une ville nouvelle sous le Protectorat français au Maroc (1912-1956) : Fès-nouvelle, thèse de doctorat en histoire, Bernard Heyberger (dir.), Tours, Université François Rabelais, 2007, p. 55, d’après Hélène Vacher, Projection coloniale et ville rationalisée, le rôle de l’espace colonial dans la constitution de l’urbanisme en France, 1900-1931, Aalborg, Danemark, Aalborg Universit Press, 1997, p. 202.
6 Guillaume de Tarde, « L’urbanisme en Afrique du Nord. Rapport général », L'urbanisme aux colonies et dans les pays tropicaux, tome premier, communications & rapports du Congrès international de l'urbanisme aux colonies et dans les pays de latitude intertropicale, Paris-Vincennes, du 10 au 15 octobre 1931, La Charité-sur-Loire, Delayance, 1932, p. 28.
7 Gustave Labat est le mari de sa sœur aînée Marie.
8 « Nos architectes – Adrien Laforgue, architecte du Protectorat », Bâtir, revue marocaine d’architecture, supplément illustré de l’entreprise au Maroc, nouvelle série, 11e année, no 2, avril 1932.
9 Il aurait logé dans un premier temps chez le consul Leriche, dont la villa se situait près de la Résidence, avant d’habiter au 20 rue du Chellah jusqu’à sa mort.
10 Base Léonore, dossier 19800035/21/2641, en ligne sur : www2.culture.gouv.fr/LH/LH102/PG/FRDAFAN84_O19800035v0039156.htm, consulté le 27/04/2022.
11 Adrien Laforgue achève les travaux de la Résidence après le départ de Laprade et collabore avec lui à la construction de la villa du prince Murat à Mohammedia (anciennement Fédala).
12 Joseph Marrast, « Maroc », L’œuvre de Henri Prost : architecture et urbanisme, Paris, Académie d’architecture, 1960, p. 56.
13 « Nos architectes – Adrien Laforgue, architecte du Protectorat », Bâtir, revue marocaine d’architecture, op. cit., s.p.
14 Henri Prost, « L’urbanisme au Maroc », Urbanisme, revue mensuelle de l’urbanisme français, première année, numéro hors-série, mars 1932, p. 70.
15 Adrien Laforgue, « Propos d’urbanisme », Bâtir, revue marocaine d’architecture, supplément illustré de l’entreprise au Maroc, nouvelle série, 11e année, no 1, février 1932.
16 D’Arcos, « Le Maroc à la recherche d’une formule d’architecture », L’art et les artistes, nouvelle série, tome XX, nos 105 à 109, mars-juillet 1930, p. 208.
17 Maurice Culot, Albert Laprade, Paris, Cité de l'architecture et du patrimoine, Norma éd., 2007, p. 87.
18 La chapelle de Foucauld ou l’église de Port-Lyautey (actuelle Kénitra) construite quelques années plus tard en témoigne.
19 Léandre Vaillat, Le visage français du Maroc, Paris, Horizons de France, 1931, p. 34.
20 Il exécute notamment la direction des eaux et forêts, le service des mines, la direction des finances, le palais du gouvernement, la poste de la Résidence, le service du génie militaire, la direction des domaines, la direction des travaux publics et l’ensemble des pergolas assurant la liaison entre les différents édifices.
21 Son gendre Serge de Mazières poursuit les travaux d’aménagement après l’Indépendance en surélevant la poste entre 1954 et 1957.
22 Les bâtiments du Balima I et II sont antérieurs et l’œuvre des architectes Paul Hanquet et François Robert.
23 Cf. Bulletin Officiel 78, 24 avril 1914, p. 271-277, en ligne sur : http://www.sgg.gov.ma/Legislation/BulletinsOfficiels.aspx, consulté le 27/04/2020.
24 Cf. Bulletin officiel 603, 13 mai 1924, p. 778, en ligne sur : http://www.sgg.gov.ma/Legislation/BulletinsOfficiels.aspx, consulté le 27/04/2020.
25 Cf. Bulletin officiel 613, 22 juillet 1924, p. 1137-1138, en ligne sur : http://www.sgg.gov.ma/Legislation/BulletinsOfficiels.aspx, consulté le 27/06/2022.
26 Cf. Bulletin officiel 684, 1er décembre 1925, p. 1905, en ligne sur : http://www.sgg.gov.ma/Legislation/BulletinsOfficiels.aspx, consulté le 27/06/2022.
27 Lettre du 21/09/1923, Le Premier Président au Secrétaire général de la résidence Sorbier de Pougnadoresse, Rabat, ANRM, cote S272.
28 Lettre du 06/07/1923, Henri Prost au Secrétaire général du Protectorat, Rabat, ANRM, cote S272.
29 29 Lettre du 26/01/1924, Jules Borély au directeur de l’administration municipale, Rabat, ANRM, cote A1384.
30 Ibid.
31 Lettre du 13/05/1925, le directeur du service des contrôles civils et des municipalités au directeur de l’instruction publique et des beaux-arts Rabat, ANRM, cote A1384.
32 Lettre du 30/01/1926, le directeur du service des contrôles civils et du contrôle des municipalités à Jules Borély, Rabat, ANRM, cote A1383.
33 Ibid.
34 Lettre du 22/06/1926, Jules Borély au Secrétaire général du Protectorat, Rabat, ANRM, cote A1383.
35 Note du 30/07/1926 adressée par Jules Borély (?) au chef du service du contrôle des municipalités, Rabat, ANRM, cote A1383.
36 C’est le cas des chèques postaux pour lesquels Jules Borély enjoint dès décembre 1926 le directeur des PTT à adapter sa façade en fonction des nouvelles prescriptions. Faute de crédit, les travaux se limiteront à une élévation à deux étages et non trois comme il était prévu à l’origine. Plan non signé, non daté, Rabat, ANRM, cote A1383.
37 Laforgue collabore avec lui à l’église Sainte-Marie de l’Océan et au Sacré-Cœur de Casablanca.
38 Lettre du 15/02/1928, Jules Borély à Paul Tournon, Rabat, ANRM, cote E0736.
39 Lettre du 19/01/1928, Paul Tournon à Jules Borély, Rabat, ANRM, cote E0736.
40 Lettre du 17/02/1932, Jules Borély à Adrien Laforgue, Rabat, ANRM, Cote E0811.
Haut de pageTable des illustrations
![]() |
|
---|---|
Titre | Ill. 1 : Détail de l’avenue Dar-el-Makhzen sur le plan de Rabat-Salé |
Légende | Échelle 1/10000, tirage, Service géographique du Maroc, 1929, ANRM, cote D100 |
Crédits | cl. Simon Ducros. |
URL | http://journals.openedition.org/lha/docannexe/image/4746/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 716k |
![]() |
|
Titre | Ill. 2 : Rabat, vue aérienne de l’avenue Dar-el-Makhzen, vers 1940 |
Légende | De gauche à droite : le palais de justice, la Trésorerie générale, les colis postaux et l’hôtel des postes |
Crédits | Carte postale, collection particulière |
URL | http://journals.openedition.org/lha/docannexe/image/4746/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 606k |
![]() |
|
Titre | Ill. 3 : Bureau de postes des Tourga (quartier de la Résidence), Rabat |
Légende | Henri Descamps, L’architecture moderne au Maroc, Paris, Librairie de la Construction moderne, 1931, planche 11a |
Crédits | cl. Simon Ducros |
URL | http://journals.openedition.org/lha/docannexe/image/4746/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 484k |
![]() |
|
Titre | Ill. 4 : Hôtel Balima, architecte Adrien Laforgue, Rabat |
Crédits | cl. Simon Ducros |
URL | http://journals.openedition.org/lha/docannexe/image/4746/img-4.png |
Fichier | image/png, 261k |
![]() |
|
Titre | Ill. 5 : Trésorerie Générale, élévation de la façade sur l’avenue Dar-el-Makhzen |
Légende | Tirage, 15/03/1924, Agence urbaine Rabat-Salé, plan non coté, dossier Trésorerie Générale |
Crédits | cl. Simon Ducros |
URL | http://journals.openedition.org/lha/docannexe/image/4746/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 584k |
![]() |
|
Titre | Ill. 6 : Trésorerie Générale, architecte Adrien Laforgue, Rabat, avant 1930 |
Crédits | Carte postale, collection particulière. |
URL | http://journals.openedition.org/lha/docannexe/image/4746/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 208k |
![]() |
|
Titre | Ill. 7 : Détail d’une façade type dessinée par Adrien Laforgue pour l’avenue Dar-el-Makhzen, janvier 1926 |
Légende | ANRM, cote A1383 |
Crédits | cl. Simon Ducros |
URL | http://journals.openedition.org/lha/docannexe/image/4746/img-7.png |
Fichier | image/png, 159k |
![]() |
|
Titre | Ill. 8 : Avant-corps central du palais de justice de Rabat, Adrien Laforgue |
Légende | Travaux d’architecture, Strasbourg, EDARI, 1932, n.p., ANRM, cote F089 |
Crédits | cl. Simon Ducros |
URL | http://journals.openedition.org/lha/docannexe/image/4746/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 801k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Simon Ducros, « Architecture et urbanisme à Rabat au début du XXe siècle : le cas d’Adrien Laforgue (1871-1952) et de l’avenue Dar-el-Makhzen à partir des fonds d’archives du Protectorat marocain. », Livraisons de l'histoire de l'architecture [En ligne], 44 | 2023, mis en ligne le 31 janvier 2023, consulté le 28 mars 2023. URL : http://journals.openedition.org/lha/4746 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lha.4746
Haut de page