Au début de l’année 1921, quelque part au Bas-Congo, Simon Kimbangu entend l’appel. En rêve, un homme lui apparaît, lui montre la Bible et lui commande de porter la parole de Dieu. Il tente de résister, mais cet appel est trop fort et il finit par céder. Il se met à prêcher : il exhorte son auditoire à renoncer à la polygamie et aux anciens cultes, il parle avec ferveur du salut. Il guérit également les malades par la prière et même, dit-on, il ressusciterait les morts. La nouvelle se répand telle une traînée de poudre : un ngunza – un « prophète » – est apparu. Comme l’illustre le cas de Simon Kimbangu, la vocation prophétique est toujours une affaire d’appel. Ramon Sarró nous invite à l’entendre et à le prendre au sérieux : si les prophètes se sentent irrésistiblement appelés par Dieu, les anthropologues, à leur tour, sont interpellés par les prophètes et doivent leur répondre.
La proposition est claire et pourtant, pendant longtemps, l’anthropologie n’a pas su s’en saisir. Tout oc...
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