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Études & Essais

De la dette et des paillettes : invisibilisation et captation du travail des femmes dans la mode de luxe

Debt and Glitter : The Invisibilization and Capture of Women’s Work in Luxury Fashion
Giulia Mensitieri
p. 39-68

Résumés

Par leur travail, les mannequins donnent corps aux imaginaires de la mode de luxe. Or, tout en s’inscrivant dans les dynamiques du hope labor propres au travail créatif de ce secteur, le mannequinat a, dans la grande majorité des cas, une spécificité : il repose sur le travail de la dette. Les agences de mannequins avancent tous les frais nécessaires à l’exercice de ce métier (transports, visas, logement, nourriture, portfolio, soins), si bien que plus les mannequins se déplacent et travaillent, plus leur dette se creuse. Par ailleurs, le mannequinat mobilise une série d’activités, de qualifications et de compétences sur le corps qui ne sont pas considérées comme du travail dans la mesure où elles sont naturalisées sur la base d’une vision genrée. Cet article porte sur ces processus d’invisibilisation et de captation du travail des femmes dans le secteur de la mode. En croisant l’expérience d’Irina, jeune Kazakhe ayant travaillé deux ans dans le mannequinat sans générer de gains financiers mais une dette de plusieurs milliers d’euros, avec d’autres carrières de mannequins, nous mettrons en évidence les logiques capitalistes à l’œuvre au cœur de l’une des industries les plus riches et puissantes de l’économie globalisée.

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Cairn

Texte intégral disponible via abonnement/accès payant sur le portail Cairn. Le texte intégral en libre accès sera disponible à cette adresse en janvier 2028.
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Plan

Visibilité et espoir
La classe et la dette
Le travail de la dette
La révélation de la dette
Travail de la fête et travail de la féminité

Aperçu du texte

« — Que faites-vous dans la vie ?
— Je suis mannequin.
— Mannequin ? Oh là là, rien que d’y penser, j’ai des paillettes dans les yeux »

(Lille, le 13 juin 2020).

Le secteur de la mode de luxe se porte très bien financièrement et la France y joue un rôle clé, puisqu’elle est le premier acteur dans cette économie globale. En 2022, Bernard Arnaud, propriétaire du conglomérat Lvmh Moët Hennessy Louis Vuitton, était l’homme le plus riche de la planète. Cette même année, le marché mondial des produits de luxe a fait un nouveau bond en avant, avec une progression de 13% par rapport à l’année précédente. Cette économie du désir (Lordon 2010) et de l’enrichissement (Boltanski & Esquerre 2017) est produite par des hommes et des femmes dans des usines, des ateliers, des entrepôts, des terres agricoles, des mines, des bureaux, des écoles, des rédactions de presse, des podiums, des studios photographiques, ou encore dans des boutiques. La mode de luxe est le résultat de diverses formes de travail di...

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Pour citer ce document

Référence papier

Giulia Mensitieri, « De la dette et des paillettes : invisibilisation et captation du travail des femmes dans la mode de luxe »L’Homme, 253 | 2025, 39-68.

Référence électronique

Giulia Mensitieri, « De la dette et des paillettes : invisibilisation et captation du travail des femmes dans la mode de luxe »L’Homme [En ligne], 253 | 2025, mis en ligne le 01 janvier 2028, consulté le 20 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/lhomme/51282 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13old

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Auteur

Giulia Mensitieri

Centre national de la recherche scientifique – Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé), Villeneuve d’Ascq

giulia.mensitieri@cnrs.fr

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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