Hommage(s) à Marcel Dorigny
Texte intégral
- 1 Collectif, Les abolitions de l’esclavage, de L.F. Sonthonax à V. Schoelcher, 1793-1794-1848, Paris, (...)
- 2 Yves Bénot, Marcel Dorigny (dir.), Le rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises, 1 (...)
1La mort de Marcel nous a tous douloureusement surpris. Quelques jours auparavant, j’étais encore au téléphone avec lui. Je l’ai d’abord connu en tant qu’étudiant lecteur des colloques dont il a coordonné la publication, et notamment Les abolitions de l’esclavage, de Léger-Félicité Sonthonax à Victor Schoelcher1. J’ai ensuite eu l’occasion de faire sa connaissance lors du colloque du CTHS organisé en Martinique en 1998. Il est l’un des premiers à m’avoir invité à un colloque, lorsque j’étais jeune docteur. Il s’agissait du colloque commémorant le bicentenaire du rétablissement de l’esclavage2, en 2002. On ne peut parler de Marcel Dorigny, sans évoquer Yves Benot et Bernard Gainot, historiens et amis avec qui il fonda l’APECE (Association pour l’étude de la colonisation européenne) en 1993 et organisa de nombreuses rencontres scientifiques. Marcel Dorigny était un historien qui s’adressait à tous les publics : aux historiens, auxquels il permettait d’échanger lors de colloques restés célèbres ; aux enseignants, auxquels il a donné accès à des outils de connaissance historique, comme ses atlas ; au grand public, par le nombre considérable de conférences publiques qu’il a données au cours de sa vie. En 2021, il a participé au débat autour du bicentenaire de Napoléon. J’ai eu l’occasion avec lui, Bernard Gainot et Malick Gachem d’écrire une note sur Napoléon et l’esclavage.
2Marcel avait un rayonnement international comme en témoigne les quatre hommages effectués par des collègues de différents pays – Jeremy D. Popkin, Anna Maria Rao, Pernille Røge, Alyssa Goldstein Sepinwall – aux côtés de celui d’Anne de Mathan. Marcel aimait voyager : outre l’hexagone, je l’ai croisé en Guadeloupe, en Martinique, à La Réunion, en Guyane, à Haïti… Il aimait les Outre-mer et Haïti, même s’il ne les comprenait pas toujours. Dans les colloques, il se signalait par sa participation intense aux débats. Il relançait les discussions suscitées par les communications. Ces débats se poursuivaient lors des repas. Sa voix portait et était écoutée. Il a ouvert la voie en France à une recherche universitaire sur l’esclavage, la colonisation et l’abolitionnisme débarrassée de ses oripeaux colonialistes. Anne de Mathan précisera plus en détail le rôle de Marcel Dorigny dans l’historiographie. Il a su trouver l’équilibre entre recherche universitaire et diffusion large du savoir. Il a créé des outils qui ont servi et continueront de servir des générations d’historiens et d’amateurs d’histoire. Marcel est entré dans l’histoire des historiens.
3Soucieux de pérenniser son œuvre, il m’avait sollicité pour lui succéder à la présidence de l’APECE en 2018. J’espère pouvoir continuer le travail engagé au sein de l’association, véritable jalon entre savoir universitaire et diffusion à tous les publics.
Notes
1 Collectif, Les abolitions de l’esclavage, de L.F. Sonthonax à V. Schoelcher, 1793-1794-1848, Paris, Presses universitaires de Vincennes/UNESCO, 1995.
2 Yves Bénot, Marcel Dorigny (dir.), Le rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises, 1802. Ruptures et continuités de la politique coloniale française (1800-1830). Aux origines d'Haïti, Paris, Maisonneuve & Larose, 2003.
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Référence électronique
Frédéric Régent, « Hommage(s) à Marcel Dorigny », La Révolution française [En ligne], 23 | 2022, mis en ligne le 24 juin 2022, consulté le 23 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/lrf/7024 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lrf.7024
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