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1Magnifiquement illustré de vieilles gravures, cartes anciennes, photographies, planches d’encyclopédies ou de manuels, œuvres d’art anciennes ou contemporaines, etc., le catalogue de l’exposition « Le temps de l’île », présentée à Marseille au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) du 16 juillet au 11 novembre 2019, offre un regard kaléidoscopique sur le monde fascinant des îles. Sous la direction de Jean-Marc Besse et Guillaume Monsaingeon, les deux commissaires de l’exposition, il réunit une vingtaine d’auteurs, archéologue, historiens, sociologue ou anthropologue, et quatre géographes réputés pour leurs travaux sur les îles : Nathalie Bernardie-Tahir, Marie Redon, Louis Brigand et Philippe Pelletier. L’ouvrage, qui traite de toutes les îles et pas seulement des îles méditerranéennes, est divisé en quatre parties. La première s’intitule « Les îles de l’ambiguïté » et n’échappe pas à quelques lieux communs sur leur complexité, leur ambivalence, à la fois du côté de l’enfermement et de l’évasion. On a le sentiment que les îles sont des sortes d’auberges espagnoles où tout le monde y trouve ce qu’il veut. La seconde porte sur « Les îles de la connaissance », où il est question de l’île-laboratoire et lieu d’observation pour de nombreux savants, avec pour figure tutélaire Charles Darwin sur le Beagle et son passage par l’archipel des Galapagos. « Les îles du pouvoir » aborde les conflits et des aspects géopolitiques. Philippe Pelletier nous propose un remarquable texte qui permet une montée en généralités salutaire dans un océan de considérations éparses. « Les îles de l’imagination » vient clore ce catalogue avec, comme autre figure tutélaire, Thomas More et son Utopia.

2Notons qu’en complément de ce catalogue, les éditions Parenthèses ont publié une sélection de cartes de toute nature et de toute époque, rassemblée dans un petit ouvrage, intitulé Mappa Insulae, au format à l’italienne. Il est proposé et commenté par le collectif Stevenson qui rassemble cinq historiens, architecte et artiste, qui commentent d’une manière très libre ces pépites cartographiques, sources de ravissement pour l’amateur de cartes. Enfin, signalons la sortie simultanée et associée du hors-série Géopolitique des îles en 40 cartes par Le Monde (juillet-août 2019), dans lequel on trouve, entre autres, les neuf diptyques réalisés pour l’exposition par le service infographie de ce journal ainsi qu’un entretien avec les deux commissaires. On n’échappe pas au discours catastrophiste sur la disparition des îles sous l’effet du réchauffement climatique, sans un mot pour l’épidémie d’obésité qui fait des ravages, en Océanie spécialement. On peut d’ailleurs se demander si la multiplication erronée des îles-hôtels sur la carte des Maldives (p. 78) ne cherche pas à renforcer l’idée de vulnérabilité de ce Micro-État. On remarque, enfin, que Wallis-et-Futuna est oubliée sur la carte des îles du Pacifique (p. 64), qui reprend des limites entre États n’ayant aucune signification alors qu’il aurait fallu tracer les ZEE.