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Dossier. Les espaces alternatifs du politique (monde atlantique, xviiie-xixe siècles)

Le politique au service d’une domination sociale, l’exemple de la Société jacobine de Honfleur (1790-1795)

La política al servicio de la dominación social, el ejemplo de la Sociedad Jacobina de Honfleur (1790-1795)
Politics in the service of social domination, the example of the Jacobin Society of Honfleur (1790-1795)
Michel Biard

Résumés

Cette étude de la Société des amis de la Constitution de Honfleur (Calvados), club né au début de 1791 et vite affilié aux Jacobins de Paris, permet de mettre au jour les différentes voies par lesquelles la vie politique se diffuse de la capitale vers chaque commune, mais surtout comment le politique devient un moyen d’exercer une domination en mettant à profit les nouvelles structures administratives et politiques nées du bouleversement de 1789. En effet, par leurs liens avec la municipalité, les Jacobins de Honfleur parviennent souvent à influencer les décisions et à défendre des intérêts politiques locaux, mais aussi nationaux. Par ailleurs, en raison de sa composition sociale, et plus encore du petit cercle de ceux qui en prennent la direction, le club se transforme aussi en un lieu de défense d’une hégémonie sociale des officiers de marine, négociants, marchands et maîtres artisans qui en font un outil destiné à promouvoir leurs intérêts économiques.

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Texte intégral

  • 1 Pour autant, Cochin n’a pas été le seul à manier cette image, voir à ce sujet le cas d’Ostrogorski (...)
  • 2 Sans pouvoir donner ici une bibliographie par trop immense, la synthèse la plus commode reste le t (...)

1Depuis plus de deux siècles, la Révolution française et tout particulièrement les années d’apprentissage de la Première République sont analysées comme un temps fort de la centralisation auquel est invariablement associé le mot « jacobin ». Aujourd’hui encore, il ne se passe pas une semaine sans que nos médias n’évoquent la notion d’« État jacobin » ou le « jacobinisme », sans même se poser la question du sens de ces mots et surtout en les employant presque systématiquement comme des termes péjoratifs. À tel point que parler d’« État jacobin » finit par relever du pléonasme et que la « décentralisation » est pour sa part associée à une sorte d’idéal transhistorique auquel on prête toutes les vertus. Le tout repose, entre autres, sur toute une historiographie qui nous a transmis une image largement déformée de la Société des Jacobins et de son réseau, avec une hiérarchie supposée très stricte et des mots d’ordre politiques circulant efficacement de Paris vers les départements, bref une « machine jacobine » pour reprendre les mots d’un Augustin Cochin nostalgique de l’Ancien Régime. Cette « machine » à produire du consensus et à épurer se retrouve bien sûr au cœur de diverses critiques portées contre la Révolution française, relayées notamment par François Furet dans son ouvrage Penser la Révolution française1. Pourtant, de nombreux travaux sont venus remettre en cause cette vision et prouver que la Société des amis de la Constitution séante aux Jacobins à Paris était loin de maîtriser le réseau national des sociétés politiques2. Au demeurant, sur les quelque 6 000 sociétés existant en l’an II dans environ 5 500 communes, environ 800 ont été directement affiliées aux Jacobins de Paris, soit moins de 15 % d’entre elles. Qui plus est, une fois rapporté aux quelque 44 000 communes que compte alors la France, le réseau des sociétés affiliées aux Jacobins concerne à peine deux communes sur cent. On pourra certes objecter que le contrôle politique peut très bien s’opérer à partir des chefs-lieux de département, de district et de canton, toutefois l’étude attentive des archives locales tend à mettre au jour avant tout de la diversité et non une « machine » aux rouages parfaitement huilées. Dès lors, il devient possible d’inverser la problématique et de montrer comment des Jacobins dans une ville de province investissent le politique non pas seulement pour servir de relais aux mots d’ordre et consignes venus de la capitale, mais pour asseoir leur pouvoir local, voire régional, et pour exercer une domination sociale. À leurs yeux, le politique n’appartient donc pas à une sphère particulière, autonome et presque située en dehors de la vie sociale ; il apparaît au contraire comme un moyen, parmi d’autres, pour obtenir et/ou conserver un pouvoir d’essence sociale, lequel sert alors la domination des élites sociales en partie recomposées depuis 1789.

  • 3 Biard, 2011. Sauf mention contraire, les citations insérées dans mon texte sont tirées de cet ouvr (...)

2L’exemple de la Société des amis de la Constitution de Honfleur, née dans cet actif port du Calvados au début de 1791, permet ainsi de saisir les différentes voies par lesquelles la vie politique se diffuse de la capitale vers chaque commune, mais surtout comment le politique devient ici un moyen d’exercer une domination en mettant à profit les nouvelles structures administratives et politiques nées du bouleversement de 1789. Domination à l’échelle de la commune, par le contrôle de l’autorité municipale ; défense des intérêts locaux dans le cadre du district et du département ; prise de parti politique inverse de celle de la majorité du département dans l’été 1793… autant de points qui attestent l’existence d’une société politique ne se limitant pas à être un simple relais local des consignes venues de la « société-mère » à Paris, mais qui attestent aussi comment le domaine politique vit par des liens différents, ici verticaux et là horizontaux. À analyser au plus près ces archives locales3, force est finalement de reconnaître que tout peut être politique dès lors qu’une domination sociale peut se pérenniser en investissant les cadres officiels du pouvoir social, c’est-à-dire des institutions et de la sociabilité politique, en agissant dans le cadre d’un espace politique national intimement mêlé aux enjeux locaux, enfin en diffusant vers les citoyens des principes et des codes qui participent autant d’une politisation que d’un intérêt bien compris.

La Société et la municipalité

  • 4 Cf. annexe 1.

3À Honfleur, la composition sociale de la Société des amis de la Constitution est d’emblée éclairante. Dans cette commune d’environ 9 000 habitants, les activités maritimes pèsent d’un poids considérable et le négoce aussi bien que l’artisanat leur sont intimement liés. La pêche joue un rôle majeur, tant par les embarcations qui capturent du poisson frais que par les navires morutiers expédiés vers Terre-Neuve ; mais d’autres marins pratiquent comme leurs voisins du Havre la traite négrière, tandis que la Seine alimente un important trafic de cabotage et des expéditions de sel du grenier de Honfleur vers Paris. Entre la création de la Société en janvier 1791 et sa disparition en février 1795, 320 Honfleurais y sont admis à un moment ou un autre. Dès les premiers mois de 1791, les effectifs passent de 100 à 150 membres, ce qui représente près de 15 % du nombre des citoyens actifs (hommes exclusivement s’entend) et même le tiers des actifs qui ont voté lors de l’élection des nouvelles autorités municipales en février 1790. Or, l’immense majorité des sociétaires possèdent le statut de citoyen actif, là où les couches populaires sont presque absentes de la Société, notamment tous ceux qui composent les équipages des navires. Sur 204 membres de la Société dont les activités professionnelles ont pu être découvertes4, on ne compte que quatre marins, et tous ne sont d’ailleurs admis qu’en l’an II, c’est-à-dire au moment où dans la France entière la composition sociale du réseau jacobin tend à devenir plus populaire. Deux groupes sociaux dominent largement le recrutement honfleurais : le monde de la mer avec un tiers des membres, parmi lesquels vingt-neuf capitaines et dix autres officiers de marine (soit à eux seuls un cinquième de la Société) ; les professions commerciales et artisanales avec un peu plus de 40 % des membres, dont vingt négociants, vingt-sept marchands et au moins neuf maîtres artisans.

  • 5 Cf. annexe 2.
  • 6 À l’inverse, aucun membre de la municipalité élue en novembre 1790 ne figure parmi les vingt citoy (...)
  • 7 Cf. annexe 3.

4Le constat gagne encore en importance lorsqu’on observe les liens entre la Société et la municipalité. La première administration municipale révolutionnaire a été élue en février 1790, puis renouvelée par moitié (en principe) en novembre, avant de l’être une nouvelle fois en novembre 17915. La Société étant née en janvier de cette année, la troisième équipe municipale permet de repérer le lien entre la sociabilité politique et le pouvoir local. Or ce lien est on ne peut plus fort, ce qui témoigne de la position stratégique conquise par les acteurs de cette sociabilité : le maire, le procureur de la commune, six des huit officiers municipaux et seize des dix-huit notables figurent parmi les membres de la Société. En prenant en compte le greffier, non membre de la Société, déjà secrétaire greffier de la municipalité d’Ancien Régime en 1789, en raison de son expérience du travail administratif, systématiquement confirmé lors des élections et épurations successives, l’équipe municipale rassemble vingt-neuf citoyens. 83 % d’entre eux appartiennent à la Société (contre 59 % de futurs membres en février 1790 et 69 % en novembre de la même année6). D’une part, le lien fusionnel entre municipalité et Société sort renforcé de l’élection de l’automne 1791, d’autre part et surtout, la composition sociale de la municipalité laisse peu de place au hasard. Parmi les Jacobins qui y siègent, on trouve quatre négociants, deux marchands, les deux responsables du commerce du sel et des tabacs, un courtier, deux capitaines de navire, deux maîtres artisans, un médecin et un apothicaire, un ingénieur des Ponts et Chaussées, un notaire… le tout complété par deux curés assermentés qui apportent leur caution religieuse, et un tonnelier dont rien ne permet au demeurant de préciser le statut exact7. Seuls les capitaines et autres officiers de marine peuvent paraître sous-représentés au regard de leur présence dans la Société, mais cela vient naturellement des déplacements fréquents induits par leurs activités. Pour le reste, la municipalité élue en novembre 1791 reflète donc ce qu’est la Société depuis janvier, un cercle de sociabilité révolutionnaire qui sert à asseoir la domination des élites sociales. L’engagement politique ne saurait donc se manifester dans une sphère séparée de la société honfleuraise et nulle autonomie du politique n’intervient ici, bien au contraire, comme en témoignent les activités des Jacobins honfleurais.

S’approprier le politique pour défendre des intérêts locaux

  • 8 Rappelons que, à la différence du département et du district, le canton ne possède aucune administ (...)
  • 9 Honfleur dépendait de la généralité et donc de l’intendant de Rouen, non de Caen.
  • 10 Lettre de Dunepveu et Guérard, du 19 frimaire an II - 9 décembre 1793 (Archives municipales, Honfl (...)

5Pour eux, s’insérer dans l’espace politique nouveau ouvert par la Révolution consiste notamment à se soucier en permanence de défendre les intérêts de leur commune, davantage que de se préoccuper de la situation nationale. Non que cette dernière ne trouve aucun écho dans leurs délibérations et décisions, bien au contraire, mais parce que l’essentiel de leurs débats est consacré à des questions locales. Sans les citer toutes, je mentionnerai par exemple leur véritable obsession d’obtenir pour la ville une place meilleure dans la hiérarchie administrative mise en place dans l’ancienne Normandie. Il convient ici de souligner au préalable que, lors des découpages faisant naître les départements au début de 1790, la commune de Honfleur s’est vue attribuer un modeste rôle de chef-lieu de canton avec rattachement au district de Pont-l’Evêque8. Cette décision ne pouvait manquer de soulever de multiples contestations, en raison du rôle administratif important de Honfleur sous l’Ancien Régime (chef-lieu d’un bailliage secondaire dépendant de celui de Rouen, d’une subdélégation et d’une Amirauté), mais aussi en raison du souhait des Honfleurais d’être intégrés au département de l’Eure et non à celui du Calvados. Le raisonnement était on ne peut plus logique vu de Honfleur : rattaché au Calvados, le port devenait un port parmi d’autres, totalement excentré à l’est du département ; rattaché à l’Eure, il aurait constitué le seul débouché maritime de ce département et donc eu une importance considérable. Qui plus est, aucune route directe ne reliait alors Honfleur à Caen, là où les liaisons étaient traditionnelles vers le futur département de l’Eure et au-delà vers Rouen9. Enfin, last but not least, la ville, forte d’environ 9 000 habitants, se voyait soumise administrativement à un chef-lieu de district dominé par une bourgeoisie rentière et d’office, Pont-l’Evêque, qui ne comptait que 1 200 à 1 500 habitants ! Après plusieurs protestations, à l’automne 1790, la municipalité envoya à l’Assemblée constituante un Mémoire sur les avantages qui résulteraient de la réunion du port d’Honfleur au département de l’Eure. En vain, d’autant que les Constituants étaient alors assaillis de protestations similaires venues de la France entière. De plus, le 15 décembre 1790, l’administration départementale de l’Eure refusait d’avaliser la demande, arguant du fait que l’aménagement d’un canal doublant la Seine entre l’Eure et le port situé dans l’estuaire suffirait à développer les liens commerciaux. Or, non seulement la Société des amis de la Constitution naît à Honfleur un mois après ce refus, mais ses membres ne vont avoir de cesse de poursuivre le combat en faveur d’un redécoupage territorial. Deux commissaires de la Société sont ainsi envoyés à Paris en brumaire an II (octobre-novembre 1793), sous le titre de « députés extraordinaires », pour réclamer que le chef-lieu de district soit transféré de Pont-l’Evêque à Honfleur. Leur mission s’apparente à un véritable lobbying avant la lettre, puisqu’ils agissent notamment auprès de quatre membres de la Convention nationale qui ne sont pas choisis au hasard : Lindet, Oudot, Le Cointre et Taveau. Le dernier est originaire de Honfleur, avocat puis négociant, membre de la Société depuis le 10 avril 1791, officier municipal en novembre 1790, élu à l’administration départementale du Calvados en novembre 1791 puis à la Convention nationale en septembre 1792. Les trois autres ont rempli plusieurs missions en Normandie en 1793 et Robert Lindet a par ailleurs été élu dans l’Eure. Enfin, dans le cadre d’une de ces missions, Lindet et Oudot ont été chargés à l’été 1793 de réprimer les « fédéralistes » du Calvados. Pour autant, la démarche des Honfleurais échoue à nouveau, les représentants du peuple leur conseillant en frimaire « […] d’abandonner pour le moment ce projet contre lequel tout s’oppose »10, même si cela n’empêche pas la question de resurgir plus tard.

  • 11 Taveau expose alors que les habitants du Calvados n’ont été que « trompés » et sont de « bons patr (...)

6Ce « tout s’oppose » a pourtant sans aucun doute pu s’accompagner quelques mois plus tôt d’un « tout est favorable »… En effet, le mouvement « fédéraliste » normand, avec Caen pour centre, est venu en juin-juillet 1793 joindre ses forces à celles des autres départements soulevés contre les Montagnards après l’éviction des meneurs de la Gironde le 2 juin. Or, cet épisode atteste justement la capacité des Jacobins honfleurais à s’approprier le champ politique pour l’utiliser à leur profit. En effet, dès le 9 juin, donc seulement une semaine après le coup de force à Paris, plusieurs représentants du peuple girondins en fuite se rassemblent à Caen, les autorités du Calvados se déclarent en état d’insurrection et deux représentants en mission montagnards envoyés auprès de l’armée des côtes de Cherbourg (Prieur de la Côte-d’Or et Romme) sont arrêtés et incarcérés à Caen. Le mouvement se répand comme une traînée de poudre dans le département et, le 14, les autorités du district de Pont-l’Evêque s’y rallient. Comme partout ailleurs, ces autorités écrivent à leur tour aux communes de leur circonscription territoriale pour leur demander « […] de faire la guerre aux tyrans et aux anarchistes, de ne mettre bas les armes que lorsque la Convention nationale sera libre et la France vengée des attentats commis contre la Souveraineté du peuple ». Ce texte parvient aux autorités de Honfleur le 17, et, après quelques jours de débats et donc d’hésitations, les citoyens refusent de se rallier aux protestations et la municipalité envoie à Paris deux commissaires, présentés le 29 à la Convention nationale où ils se prononcent en faveur de l’union et disent leur « horreur pour le fédéralisme »11. Si les registres de la Société honfleuraise sont muets entre le 23 juin et le 9 août, témoignage clair de l’agitation politique ambiante, plusieurs indices prouvent que les Jacobins locaux ont tenu un rôle clé dans cette transformation de la ville en pôle de résistance face au « fédéralisme » et il est tout aussi flagrant que la faille avec Pont-l’Evêque a ici rejoué. Dès lors, s’il n’y a pas pour autant à douter de l’engagement des citoyens de Honfleur derrière la Convention nationale, il s’agit là fondamentalement d’un intérêt bien compris et donc d’une prise de position politique nationale dont ils attendaient un retour favorable à leurs demandes.

S’approprier le politique pour défendre des intérêts économiques

  • 12 Règlement de la Société adopté le 18 mai 1791, titre III, article 6.

7Le tout s’accompagne au demeurant de logiques très proches en matière économique, puisque la Société des amis de la Constitution sait également servir de relais tout à fait précieux pour toutes les questions liées à des enjeux économiques et sociaux. D’ailleurs, parmi les comités créés en son sein, outre le classique et ô combien stratégique comité de Correspondance, un comité de Commerce et d’Agriculture voit le jour le 21 juin 1791. Les quatre membres qui y sont portés représentent on ne peut mieux l’influence des élites sociales honfleuraises : Jean-François Lallemand, négociant, par ailleurs président de la Société en décembre 1792-janvier 1793 ; Thomas Neveu, capitaine de navire ; Charles Herblin, lui aussi capitaine de navire, nommé en mars 1792 pour six ans lieutenant du port ; Jean-Baptiste d’Albiac, ancien religieux, né en Angleterre. Tous sont des connaisseurs des questions commerciales et maritimes. Leur mission : s’occuper « […] des manufactures, des inventions utiles, des différentes branches de commerce de terre et de mer, ainsi que des primes & encouragements dont elles peuvent être susceptibles, de la culture des terres, des progrès de l’agriculture, de tous les objets de bienfaisance publique ou particulière […] »12. Peu à peu, toutefois, ce comité laisse la place à des commissaires nommés par la Société et envoyés au cas par cas (par exemple pour porter la bonne parole auprès des agriculteurs du canton et promouvoir la culture de la pomme de terre). Mais le 3 brumaire an III (24 octobre 1794), la Société crée une commission permanente de huit membres, chargée de la navigation, de la pêche et du commerce. Une fois de plus, sa composition ne relève évidemment pas du hasard : Pierre Gabriel Fallouard, capitaine de navire, nommé en mars 1792 et pour six ans capitaine du port ; son subordonné immédiat, Pierre Bunel, lieutenant du port et hydrographe ; Jean Guillaume Antoine Giffard, capitaine de navire ; Barthélemy Christophe Pomet, ingénieur aux constructions de la marine ; Nicolas Lyon, négociant ; à nouveau le négociant Jean-François Lallemand ; Louis Nicolle, marchand ; enfin, Pierre Michel Vallée, directeur de la Poste aux lettres. Nul hasard non plus à ce que ce dernier propose un programme pour un cours périodique que la Société accepte de lui confier le 3 nivôse an II (23 décembre 1793), et dont la composition rend bien compte du mélange opéré entre politique, vie sociale et développement économique :

Dimanche – Devoirs d’un Républicain.
Lundi – Agriculture, Commerce, Marine.
Mardi – Travaux publics ; Intérêts de la Commune ; Bienfaisance.
Mercredi – Explication générale des Lois et particulières. Subsistances.
Jeudi – Contributions publiques, leur utilité, le mode de leur répartition, les abus qui en proviennent et les moyens de les faire disparaître.
Vendredi – Des causes du désordre. Moyens de les faire cesser. Explications des droits de l’homme et du bon citoyen.
Samedi – Lecture des meilleurs passages de l’histoire, tant ancienne que moderne, et surtout les crimes des rois et des reines de France. Explications des avantages de la lecture.

  • 13 Le 3 germinal an II (23 mars 1794), Mascot, devenu à son tour membre du comité de Commerce et d’Ag (...)
  • 14 Le spécialiste de cette question est Pierre Guillaume Jean-Baptiste Picquefeu de Bermon, négociant (...)
  • 15 Il s’agissait de creuser un canal depuis la rive gauche de la Seine à hauteur de Villequier jusqu’ (...)
  • 16 Le 9 germinal an II (29 mars 1794), jour où la Société apprend l’exécution d’Hébert et de ses « co (...)
  • 17 Séance de la Société du 13 germinal an II (2 avril 1794).
  • 18 La nouvelle a été connue de la Société la veille par l’intermédiaire de plusieurs missives, dont, (...)
  • 19 Balzac, 1845, Livre VI, p. 664.
  • 20 Ibid.

8Outre tout ce qui touche à la culture des pommes de terre, devenu un sujet de débats important en 179413, et bien sûr au développement de la pêche, notamment les campagnes lointaines pour les morues et les baleines14, les procès-verbaux de la Société sont remplis de discussions autour du fameux projet de canal supposé favoriser le commerce sur la Seine15. Ce projet est surtout porté par Joseph Marie François Cachin, dont le parcours à lui seul résume le mélange entre le politique et l’économique. Né à Castres, installé à Honfleur, il en devient maire en novembre 1790 et est réélu un an plus tard, or l’homme est ingénieur des Ponts et Chaussées. Il exerce aussi comme ingénieur au service de l’administration du Calvados à partir de 1791, participe dès 1792 aux études sur les transformations du port de Cherbourg et sera le principal maître d’œuvre de ses aménagements sous l’Empire. Le 4 ventôse an II (22 février 1794), la Société adjoint à Cachin des commissaires pour porter à la Convention nationale le plan qu’il a dressé pour ce canal, avec une fois de plus le relais et l’appui à Paris du représentant Taveau16. Un mois et demi plus tard17, Cachin écrit à la Société que le comité de Salut public est sensible au projet, mais qu’il faut, plus que jamais, jouer sur le lien entre politique et économie : « Il demande que la Société s’occupe d’une adresse à faire au comité de Salut public à ce sujet, dans laquelle on fasse sentir surtout l’intérêt de la République pour les bâtiments qui se construisent à Honfleur et la nécessité de l’exécution du canal pour sauver ce port ». Enfin, le 13 thermidor an II (31 juillet 1794), peu après l’élimination de Robespierre et de ses partisans18, Cachin, de retour à Honfleur, parle encore et toujours de son projet, d’après lui en bonne voie, mais sans oublier de demander que la Société « […] veuille bien le continuer au nombre de ses membres, quoiqu’obligé d’habiter la commune de Caen, rapport au poste [d’ingénieur en chef du département] qu’il occupe […] ». En fait, avec la rade de Cherbourg, Cachin allait trouver un terrain bien plus important et prestigieux pour ses travaux. Le baron d’Empire décoré de la Légion d’honneur se souvenait-il d’avoir été jacobin y compris au moment de « la Terreur » et qu’il avait demandé à le rester trois jours après l’exécution de Robespierre ? En tout cas, la plume alerte de Balzac ne retint de lui que ses qualités d’ingénieur, allant jusqu’à associer son nom à ceux de Brunelleschi, Bramante, Léonard de Vinci, Michel-Ange, Palladio, et autres Vauban19 ! Pure exagération littéraire ? Certes, mais tout à la fois Balzac résumait aussi à sa façon le lien entre politique et économie : « Sans Napoléon, Cachin, l’homme de génie à qui l’on doit Cherbourg, eût-il existé ? »20.

9Somme toute, Cachin à lui seul ne pourrait-il résumer les quelques années de vie de la Société des amis de la Constitution de Honfleur ? Un patriote modéré, converti sans peine à la République, mais surtout occupé à faire prospérer ses projets en usant de son entregent politique. Lorsque le 6 mars 1791, quelques semaines après sa naissance, la Société approuvait un projet d’allégorie destinée à figurer sur un cachet destiné à ses documents, le programme était déjà on ne peut plus limpide : « Sur un socle d’ordre toscan, symbole de la stabilité et de la durée de la Constitution française, s’élève un piédestal sur lequel repose l’écusson aux trois fleurs de lys de France, un bonnet phrygien couronné ; l’écusson ayant une branche de palmier pour panache, le bonnet et chaque côté de l’écusson sont accompagnés des cornes d’abondance. Le bonnet est le symbole de la Liberté, la branche de palmier est le signe de la paix et de l’union, les cornes d’abondance annoncent l’industrie d’un peuple libre, chez lequel le commerce répand ses richesses ». Dans l’article 2 de la Déclaration des droits d’août 1789, les droits naturels de l’Homme avaient été ainsi définis : la liberté, la propriété, la sûreté, la résistance à l’oppression. D’évidence, les amis de la Constitution de Honfleur comprirent d’emblée quelles pouvaient être les perspectives ouvertes par l’association des deux premiers droits, le troisième étant supposé les garantir tandis que le quatrième n’était en rien applicable à une « oppression sociale » dès lors que les citoyens étaient désormais déclarés égaux en droits (et en droits uniquement). Tout comme Cachin, qui ne fut pas élu maire par hasard, ils surent s’adapter au cours de la Révolution, sans jamais perdre de vue ni les intérêts des élites sociales, ni ceux de leur ville qui leur étaient bien sûr intimement liés. On saisit donc là comment, à partir de ses ambitions concrètes au plan local, cette bourgeoisie mit à profit la Révolution pour se placer en position représentative de l’intérêt commun. Les choix politiques opérés au moment de la crise « fédéraliste » sont un témoignage évident de cette révolution bourgeoise ici venue « d’en bas » autant que des bouleversements issus de la capitale, pour peu qu’on n’oublie pas la rivalité entre Honfleur et Pont-l’Evêque. De même, les choix politiques de Taveau, seul représentant du Calvados issu de Honfleur et de sa Société jacobine, sont-ils imprégnés de cet esprit de prudence et d’intérêt bourgeois bien compris. Siégeant à la Plaine, il vota en faveur de l’appel au peuple lors du procès de Louis XVI, puis pour la mort et pour le sursis à exécution. Ce choix de la peine capitale fut son unique audace et il garda au sein de la Convention nationale un silence prudent (dix-huit prises de parole en trois ans, toutes après la mort de Robespierre, à l’exception de ses votes en janvier 1793). Le 27 décembre 1792, les Jacobins de Honfleur avaient reçu une lettre de Taveau leur demandant « […] l’opinion de la Société sur le jugement de Louis Capet ». Leur réponse illustre tout à la fois les votes à venir du représentant du peuple, mais aussi leurs conceptions politiques quant à une République défendant la tranquillité et donc la prospérité bourgeoise, bien loin des principes politiques défendus par Saint-Just ou Robespierre :

Après la lecture, la discussion s’est ouverte sur cet objet comme sur la dissension qui déchire la Convention nationale, et sur ce dernier état, la Société a arrêté qu’il serait répondu à Taveau qu’elle a pour les agitateurs l’aversion la plus prononcée et pour les factieux qui entravent les travaux de la Convention et qui entretiennent et perpétuent l’anarchie dans la République ; que notre désir serait de voir ces perturbateurs exclus du sein de l’Assemblée conventionnelle, et que, quant au jugement de Louis Capet, la Société attend avec confiance ce qu’elle prononcera, mais dans le cas où ce jugement porterait contre lui la peine de mort, la majorité bien prononcée de la Société est qu’il serait digne des sentiments d’humanité et de fierté de véritables républicains de laisser la vie à Louis Capet.

10Resterait naturellement à confronter le cas de Honfleur avec celui d’autres villes de taille et d’importance proches, afin de vérifier s’il s’agit là d’un cas exceptionnel ou non. Cela suppose justement de se plonger dans les archives locales, notamment dans celles des sociétés jacobines lorsque leurs papiers ont été conservés, afin d’échapper à cette vision par trop globalisante de la prétendue « machine jacobine ». Travail de longue haleine que celui-ci, esquissé depuis quelques années dans le cadre du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques (CTHS) et où seule une poignée de volumes a pour l’instant pu voir le jour, dont trois concernent l’espace normand : Crépy-en-Valois, Honfleur, Compiègne, Bernay, Montivilliers. Toutefois, d’autres travaux consacrés à la sociabilité jacobine incitent d’ores et déjà à penser que régna la diversité beaucoup plus qu’une uniformité imposée depuis Paris par la Société mère. Aussi les travaux à venir devraient-ils confirmer cette impression, en la fondant en archives.

Annexes

Activités Nombre %
Clercs 9 3.75
Nobles 2 1
Officiers de marine (dont capitaines) 39 (dont 29) 19 (dont 14.25)
Autres métiers de la marine 27 13.25
Négociants 20 10
Autres métiers liés au négoce 2 1
Marchands 27 13.25
Petits commerçants 10 5
Artisans (dont maîtres) 25 (dont 9) 12.25 (dont 4.4)
Autres activités 36 18
Volontaires et militaires en garnison à Honfleur 7 3.5
Total (*) 204 100

(*) 204 membres dont les activités sont connues sur un effectif total de 320

Élections des 15-18 novembre 1790

Maire De la Croix de Saint-Michel
Procureur Le Carpentier Bruneaux
Greffier Pottier père
Officiers municipaux (8) Maharu, Picquefeu de Bermon, Lacoudrais l’aîné, Mallet père, Cansmans, Letorey, Renout, Le Bourguoys
Notables (18) Hamelin des Essards, Delomône père, Bougourd, Nivelet père, Romain, Gaillard, Voisard, Duhault, Daufresne, de la Salle l’aîné, Boudin, Coulon le jeune dit aussi Coulon neveu, Stonnestreck, Chevallier (horloger), Paul Le Lièvre, Aubert, Guérard, Allais

Le premier renouvellement des municipalités devait se faire par moitié, avec tirage au sort des sortants. En réalité, Cansmans, Mallet et Lacoudrais démissionnent volontairement, aussi un seul officier municipal est tiré au sort : Letorey. Les quatre autres, Maharu, Picquefeu de Bermon, Renout et Le Bourguoys, restent en place (mais ce dernier démissionne aussitôt, car il vient d’être élu juge de paix). Du côté des notables, Voisard étant démissionnaire et de la Salle élu juge au tribunal de district, sept, et non neuf, sont désignés comme sortants par le sort : Delomosne, Nivelet, Romain, Duhault, Chevallier, Lelièvre et Guérard.

Élections des 14-16 novembre 1791

Maire Cachin
Procureur Le Carpentier Bruneaux
Greffier Pottier père
Officiers municipaux (8) Coulon neveu, Michel Lion Dumontry, Desclosets, Taveau fils, Hamelin des Essards, Maharu, Renout, Picquefeu de Bermon
Notables (18) Guérard, Mallet père, Louis Caresme, Nivelet père, Letorey, Groud, Duhault, Delasalle le jeune, Romain père, Benoîst prêtre, Lefebvre prêtre, Bougourd, Gaillard, Daufresne, Boudin curé de Notre Dame et Saint-Léonard, Aubert, Allais curé de Saint-Étienne et Sainte-Catherine, Morel Beaulieu

Cette fois, le sort et deux démissions entraînent le renouvellement de six officiers municipaux, seuls Coulon et Lion restant en place. S’agissant des notables, le renouvellement concerne neuf sortants dont les quatre clercs (Benoîst, Lefebvre, Bougourd, Gaillard, Daufresne, Boudin, Aubert, Allais, Morel Beaulieu), tandis que Nivelet, Romain, Delasalle, Mallet, Guérard, Caresme, Letorey, Guéroult et Duhault restent en place.

Les membres de la Société des amis de la Constitution sont indiqués en italiques.

3- Activités connues des Jacobins membres de la municipalité élue en novembre 1791

Maire Cachin
Procureur Le Carpentier Bruneaux
Greffier Pottier père
Officiers municipaux (8) Pierre Gabriel Fallouard, Hamelin Desessards père, Lallemand, Delomosne père, Pierre Lecesne, Vaquet l’aîné, Coulon neveu, Michel Lion
Notables (18) Renout, Martin, Goguet, Deschamps, Mazire, Millon, Hérault, Nivelet père, Romain père, Delasalle le jeune, Mallet père, Guérard, Caresme, Letorey, Groud, Flahaut, Liébard, Duhault
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Bibliographie

Audier, Serge (2004), Tocqueville retrouvé. Genèse et enjeux du renouveau tocquevillien français, Paris, Vrin.

Balzac, Honoré de (1845), Scènes de la vie de campagne. Le curé de village, Œuvres complètes, Livre VI, Paris, Furne-Dubochet-Hetzel.

Biard, Michel (2011), Procès-verbaux de la Société populaire de Honfleur (1791-1795), Paris, Éd. du CTHS.

Boutier, Jean, Boutry, Philippe, et Bonin, Serge [dir.] (1992), Atlas de la Révolution française, t. 6, Paris, Éd. de l’EHESS.

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Notes

1 Pour autant, Cochin n’a pas été le seul à manier cette image, voir à ce sujet le cas d’Ostrogorski rappelé par Audier, 2004, pp. 148-151.

2 Sans pouvoir donner ici une bibliographie par trop immense, la synthèse la plus commode reste le tome 6 de Boutier, Boutry, Bonin, 1992, consacré aux sociétés politiques.

3 Biard, 2011. Sauf mention contraire, les citations insérées dans mon texte sont tirées de cet ouvrage et les références aux dates des séances fournies.

4 Cf. annexe 1.

5 Cf. annexe 2.

6 À l’inverse, aucun membre de la municipalité élue en novembre 1790 ne figure parmi les vingt citoyens qui créent la Société en janvier 1791, et un seul de ces derniers a fait partie de celle de février 1790. Dès lors, la Société ne peut apparaître comme une émanation de la municipalité. Ce sont bel et bien les membres de celle-ci qui ont peu à peu rejoint la Société, prélude à une domination sans partage lors du renouvellement de novembre 1791. Tel est par exemple le cas de Joseph Cachin, élu maire en novembre 1791, réélu un an après, et qui adhère à la Société le 5 juin 1791. Même chose pour Jacques Le Carpentier, élu procureur de la commune en février 1790, réélu en novembre 1790 puis novembre 1791, et qui est agrégé à la Société le 26 juillet 1791. Les ralliements de membres de la municipalité se produisent surtout entre avril et août 1791, soit au moment où la crise religieuse née de l’obligation faite aux clercs de prêter serment puis la fuite royale avortée à Varennes tendent peu à peu la situation politique. Au cours de ces mois, le procureur de la commune, six des huit officiers municipaux et six des dix-huit notables élus en février 1790 intègrent la Société, de même que plusieurs des élus de novembre 1790 (au premier rang desquels le nouveau maire, Cachin).

7 Cf. annexe 3.

8 Rappelons que, à la différence du département et du district, le canton ne possède aucune administration propre. Il est une simple circonscription territoriale qui sert avant tout pour les opérations électorales et l’exercice de la justice de paix. Dès lors, si Pont-l’Evêque possède une administration municipale et une administration de district, Honfleur est réduite à son administration municipale.

9 Honfleur dépendait de la généralité et donc de l’intendant de Rouen, non de Caen.

10 Lettre de Dunepveu et Guérard, du 19 frimaire an II - 9 décembre 1793 (Archives municipales, Honfleur, D*34).

11 Taveau expose alors que les habitants du Calvados n’ont été que « trompés » et sont de « bons patriotes », puis il obtient le vote d’un décret accordant aux Honfleurais une mention honorable de leur civisme (Archives parlementaires, t. LXVII, pp. 640-641).

12 Règlement de la Société adopté le 18 mai 1791, titre III, article 6.

13 Le 3 germinal an II (23 mars 1794), Mascot, devenu à son tour membre du comité de Commerce et d’Agriculture, « […] donne lecture de son travail sur la culture des pommes de terre » ; la Société ordonne alors l’impression d’une « instruction sur la culture de la pomme de terre » à « […] cent cinquante exemplaires pour être distribués aux habitants des campagnes ».

14 Le spécialiste de cette question est Pierre Guillaume Jean-Baptiste Picquefeu de Bermon, négociant, échevin en 1789, élu officier municipal en février puis en novembre 1790, qui est admis à la Société le 10 juillet 1791. Le 9 août suivant, il donne lecture devant la Société « […] d’un mémoire renfermant tous les détails concernant le commerce de la morue », document aussitôt envoyé à l’impression.

15 Il s’agissait de creuser un canal depuis la rive gauche de la Seine à hauteur de Villequier jusqu’à Honfleur, canal dans lequel devaient se déverser les eaux de la Risle, permettant ainsi de désensabler les bassins du port de Honfleur.

16 Le 9 germinal an II (29 mars 1794), jour où la Société apprend l’exécution d’Hébert et de ses « complices », les commissaires lui annoncent que sa pétition a reçu un bon accueil et a été renvoyée à la commission chargée des Ponts et Chaussées au sein de l’Assemblée.

17 Séance de la Société du 13 germinal an II (2 avril 1794).

18 La nouvelle a été connue de la Société la veille par l’intermédiaire de plusieurs missives, dont, une fois de plus, un courrier du représentant Taveau qui donne « […] des détails d’une nouvelle conspiration dont les chefs ont été arrêtés et vont payer de leur tête le prix dû à leurs forfaits ».

19 Balzac, 1845, Livre VI, p. 664.

20 Ibid.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Michel Biard, « Le politique au service d’une domination sociale, l’exemple de la Société jacobine de Honfleur (1790-1795) »Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 52-1 | 2022, mis en ligne le 08 avril 2022, consulté le 19 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/mcv/15828 ; DOI : https://doi.org/10.4000/mcv.15828

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