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Proximité résidentielle

“Culture of place” or fragmentation of the public space?

Citizen practices and co‑production of the public space in a former working neighbourhood of Rome
« Culture de la place » ou fragmentation de l’espace public  ? Pratiques habitantes et coproduction de l’espace public dans un ancien quartier ouvrier de Rome
Sarah Lilia Baudry
p. 81-89

Abstracts

This text deals with the south-European «culture of place» through a former roman neighbourhood : Ostiense Testaccio. Indeed, according to collective representations, it would exist a Mediterranean specificity. This culture of place would contribute to the cultural mix of stakeholders and would reduce segregation. This text by highlighting the uses and practices of this neighbourhood shows the ambivalence of production modalities of the urban factory and the role of citizen practices in the urban factory. More specifically, during the past decades, this area has been undergoing a process of gentrification and urban revitalisation driven by a focus on cultural heritage. However, the urban regeneration pushed by public policies was partially complete and hinges on other urban and social processes. It generates a fragmentation of uses by the users of the public space. Then, these urban discontinuities within the neighbourhood are excuses for civil society to appropriate public space by taking over ‘urban holes’. But the management of public areas is not always completely inclusive as the bottom-up process remains specific.

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Full text

1La spécificité d’une ségrégation sud-européenne a fait l’objet d’une abondante littérature académique (Fioretti, 2010). Face aux théories de la polarisation sociale nées dans des villes globales (Mollenkopf et Castells, 1991 ; Sassen, 1991 ; Zukin, 1995 ; Smith, 1996 ; Hamnet, 2003) la recherche a souligné l’importance de mettre en perspective les modèles de ségrégation anglo-saxons dans les villes méditerranéennes (Maloutas, 2007 ; Arbaci et Malheiros, 2010 ; Barbagli et Pisati, 2012). La ségrégation résidentielle méditerranéenne aurait ses propres caractéristiques. L’immigration souvent illégale et l’absence de réelles politiques sociales en matière d’habitat et la faible mobilité résidentielle auraient empêché le phénomène de « ghettoïsation » à large échelle et favorisé la mixité dans les quartiers centraux (Fioretti, 2012). Cette « résistance méditerranéenne » (Leontidou, 1990) se traduirait aussi à travers une « culture de la place », c’est-à-dire une manière spécifique de vivre la ville à travers les espaces publics (Pitkin, 1993 ; Postiglione, 2011). Elle se manifesterait par un partage des pratiques dans l’espace public incluant la diversité de la société. Cependant, ce partage des usages, des pratiques et des appropriations des différentes couches de la population dans les espaces publics est-il synonyme de cohésion et d’inclusion ? Ne serait-il pas aussi facteur de fragmentation de la fabrique urbaine ?

  • 1 On peut entendre par « espace public » un espace ouvert et gratuit. Les limites du concept tenden (...)

2À travers un cas romain, nous souhaitons questionner les logiques contradictoires et rapports différents à la ségrégation qui se cristallisent autour des espaces publics1 et interroger la notion d’espace public en tant qu’espace dépourvu de neutralité sociale et lieu symbolique des rapports sociaux (Lefebvre, 1968 ; Bourdieu, 1979). Le texte qui suit interroge ainsi non pas la ségrégation résidentielle, mais celle qui concerne les espaces publics. Nous nous intéressons à une ancienne zone ouvrière au sud du centre historique de la capitale italienne, Testaccio Ostiense, quartier qui a subi des projets de requalification urbaine de la part de l’action publique. Cet exemple nous donne l’occasion de questionner les processus de construction de l’intérêt collectif qui ont cours dans un territoire.

  • 2 L’enquête s’inscrit dans le cadre d’une thèse de doctorat de géographie urbaine (Université Paris (...)

3À travers un corpus qualitatif2 – nous souhaitons mettre en évidence les modes de coproduction de l’espace public et le rôle ambivalent des pratiques habitantes dans la production de l’espace public. Pour cela, nous avons articulé notre travail autour de trois axes. En premier lieu, nous évoquons la « refonctionnalisation » de friches dans ce quartier anciennement ouvrier en montrant que cette régénération urbaine par la culture demeure inaboutie et participe à la fabrication d’un tissu urbain discontinu. Notre seconde partie s’attache à montrer que cette régénération urbaine, associée à une gentrification de la zone a transformé le territoire, cependant celle-ci se couple à d’autres phénomènes. Il en découle une diversification sociale du quartier et une fragmentation des usages de l’espace public par les différentes parties prenantes. Notre troisième partie souligne quant à elle le rôle des différents acteurs dans la fabrique et la gestion des espaces publics qui n’est pas seulement le fait d’une volonté institutionnelle. Ainsi, les pratiques habitantes participent de manière active à la (co)-production de la ville dans un contexte particulier de crise de l’action publique. Ces formes alternatives de gestion collective, le plus souvent locales, ont pour point commun de vouloir se (ré)-approprier leurs territoires (Scandurra et Attili, 2013). Fruit de l’activisme d’une catégorie de la population, elles peuvent aussi souligner la différence de la vision de la ville et du bien commun des habitants entre eux.

1 - La régénération d’un quartier ouvrier de Rome : des politiques urbaines et une revitalisation d’espaces en friches partielles

4La zone d’étude est constituée de deux quartiers administratifs : Testaccio, au pied de l’Aventin, au sud du centre romain, est compris dans le centre historique (municipio 1) ; Ostiense (dixième quartier de Rome, municipio 8), au-delà des murs auréliens, quartier limitrophe, s’étend vers le sud jusqu’à la Basilique San Paolo et à l’est vers le quartier Garbatella, ancienne cité jardin. Séparés au nord par une ceinture ferroviaire, ces deux quartiers péricentraux ont cependant pour point commun d’être nés d’une même volonté impulsée par l’action publique, celle d’industrialiser Rome à la fin du xixe siècle. Ainsi, le Piano Regolatore Generale de 1873 avait pour objectif de développer le long de la rue Ostiense des activités manufacturières en lien avec le port fluvial. À la même époque naissent les Case Popolari (logements sociaux romains) qui logent les ouvriers. Pour des raisons essentiellement politiques (Seronde‑Babonnaux, 1980 ; Rivière, 1996) l’expansion ouvrière et portuaire de la nouvelle capitale italienne ne fut que partielle. Cependant, l’héritage industriel même tronqué existe. Le développement industriel de ce territoire s’est ainsi construit autour des services à la métropole, avec l’économie du gaz et des produits carnés. Des équipements industriels s’implantent avec les abattoirs à Testaccio. Puis le développement du quartier industriel se dessine autour du gazomètre, de la centrale thermoélectrique, des magasins généraux, des marchés généraux et de l’usine de savons de Mira Lanza. À partir de la seconde moitié du xxe siècle, dans un contexte européen de désindustrialisation, ces établissements ferment leurs portes.

5Comme ailleurs dans d’autres métropoles européennes, ce tissu urbain industriel délaissé durant deux décennies suscite l’intérêt de l’action publique – et des investisseurs – avec la mise en vente du patrimoine de logement social par la région. Cette zone ouvrière subit une classique instrumentalisation de la culture avec la requalification d’espaces en friches et la création de nouveaux lieux culturels (Vivant, 2007 ; Guinand, 2012). Ces interventions urbanistiques s’inscrivent dans un contexte de patrimonialisation, observables dans de nombreuses villes, mais aussi spécifiques à l’Europe du Sud et l’Italie (Plaza, 1999 ; Rodrigues-Malta, 2001). Il s’agit moins de prendre en compte, à travers ces actions de réhabilitation, les questions sociales et d’habitat que de se focaliser sur des interventions culturelles. En effet, en Italie, malgré des efforts récents (Curti et Spill, 2007), les actions de réhabilitation intègrent difficilement les enjeux sociaux et préfèrent souvent se focaliser sur la revalorisation du patrimoine. Cela s’inscrit dans un contexte italien où la séparation entre politiques urbaines et politiques sociales et d’habitat est importante, les secondes sont ainsi quasi absentes des politiques locales romaines (Cremaschi, 2003 ; Fioretti, 2012).

6Les maires Rutelli (1993 à 2001) puis Veltroni (2001 à 2008) préconisent ainsi de rénover le patrimoine industriel et de créer de nouvelles infrastructures culturelles dans un territoire peu attractif et touristique jusqu’alors et de promouvoir un patrimoine plus « alternatif ». L’objectif est à la fois de réinvestir les abattoirs de Testaccio, magasins et marchés généraux, et de requalifier la zone Ostiense Marconi pour en faire un espace innovant et créatif, et un territoire qui fait système avec des lieux scientifiques (université) et/ou culturels connectés les uns aux autres (musées), créant un « effet de quartier » (Travaglini, 2004 ; Djament-Tran, 2016). Des anciennes infrastructures productives sont réinvesties : l’Istituto Superiore Antincendi est installé en 1994 à la place des magasins généraux, la centrale électrique Montemartini est réhabilitée en musée archéologique par la commune de Rome, et la fabrique Mira Lanza, de l’autre côté du Tibre, devient le Teatro India. L’ex-complexe des abattoirs est investi en partie par la faculté d’architecture de l’université de Roma Tre et le musée d’art moderne Macro Testaccio, antenne d’un des plus grands musées contemporains de la ville. Le Campo Boario, espace ouvert des anciens abattoirs, devient la Città dell’altra Economia, espace d’exposition promouvant l’agriculture et le commerce durable et solidaire.

7Malgré une action publique forte dans la zone, on ne peut parler d’une régénération complète. Cette patrimonialisation de l’archéologie industrielle s’inscrit dans un contexte spécifique qui est celui de Rome, ville à l’héritage culturel important et qui n’a pas besoin du patrimoine ouvrier pour être touristique. D’autre part, les politiques urbaines romaines manquent de cohérence territoriale et ont des difficultés à « faire système », comme c’est le cas dans d’autres quartiers romains objet de l’action publique (Delpirou, 2009). Les atermoiements des politiques et les révisions sans cesse actualisées des projets, l’insuffisance des ressources financières des politiques publiques, tributaires de promoteurs privés eux‑mêmes en crise sont autant de raisons qui ont ralenti le processus de régénération urbaine. La revitalisation de cette zone reste inachevée et parcellaire, pas toujours intégrée au tissu existant (peu de ponts fonctionnels et des coupures urbaines). Les différents projets dans le quartier contribuent à une fragmentation des espaces publics. Il s’agit plus d’une random regeneration (I., entretien 2015), que d’une politique de régénération articulée. Aussi, dans ce quartier peut-on encore observer :

  • Des espaces en friches. Les espaces autour du Gazomètre ne sont pas aménagés et les bords du Tibre restent peu réhabilités.

  • Des projets en attente. Le principal projet non finalisé est celui des marchés généraux devant abriter la cité des jeunes depuis 2005, i.e. depuis que la starchitecte Rem Koolaas a gagné le concours international. Ces marchés généraux devaient être un grand centre polyvalent à la fois culturel et sportif. Abandonné pendant dix ans, le projet a été relancé par Giovanni Caudo, ancien adjoint à l’urbanisme de la commune de Rome, qui a rouvert le chantier. Le projet (qui a subi des révisions et dont la vocation universitaire a été remplacée par une vocation plus commerciale) devait être relancé et finalisé en 2017, et suscitait l’intérêt du financier Robert de Balkany. La démission d’Ignazio Marino, ancien maire de Rome et l’élection de Virginia Raggi permettront-ils une renaissance du projet ? De même a été abandonnée l’idée de créer un « Capitole 2 », une annexe de la mairie de Rome au sud d’Ostiense.

    • 3 L’université Roma Tre naît en 1992 et intègre la faculté d’architecture à l’intérieur du complexe (...)
    • 4 Lors de l’atelier « L’Ex Mattatoio di Testaccio : un bene non comune », de la Biennale Spazio Pub (...)

    Le complexe des anciens abattoirs (ex-Mattatoio)3 fournit des espaces publics, mais ses différentes structures ne communiquent pas entre elles, d’autres espaces sont inutilisés. La Città dell’altra economia reste quelque peu coupée des autres équipements – l’espace d’exposition est « caché » par un mur4.

8Les architectes interrogés et impliqués localement ont un regard critique et pointent les manquements d’une politique urbaine incohérente – comme S., architecte qui a travaillé sur des projets de jardins partagés à Garbatella, quartier limitrophe. Pour elle, la faillite du projet des marchés généraux fait presque partie de la routine des projets urbains romains (médiatisation du projet, processus de démocratie participative et finalement peu de concrétisation) :

(…) par exemple, [ce projet] dont je t’ai parlé, il y a eu toute une part de participation, des assemblées publiques ont eu lieu, avec les citoyens, ouah magnifique, et puis fermeture du projet, conférence des services, et ils ont tout changé. Donc dix ans sont passés, les personnes qui ont été à l’assemblée sont sans doute mortes et cela s’est fini comme ça...

2 - Quelle gentrification du quartier  ? Diversification sociale et fragmentation des usages de l’espace public

  • 5 235 000 à 380 000 migrants entre 2005 et 2012 (Caritas, 2014).

9Cette régénération incomplète s’inscrit dans un contexte plus global de recomposition de la capitale italienne. Ainsi, comme dans beaucoup de villes méditerranéennes, Rome a connu de profondes transformations ces dernières années : gentrification(s), vieillissement de la population, croissance exponentielle de la population migrante5. La coexistence de ces phénomènes a pu entraîner des dynamiques contradictoires et paradoxales comme une exclusion sociale de certaines catégories de la population dans des quartiers pourtant peu ségrégués et mixtes (Fioretti, 2012). Dans le quartier étudié, la gentrification très avancée (plus à Testaccio qu’à Ostiense) du territoire n’empêche pas la coexistence d’autres phénomènes plus interstitiels (l’instauration de « poches » de pauvreté ou de concentration d’étudiants) ou le maintien de la population sur place. Cela contribue à une diversification sociale du quartier, mais aussi à une forte fragmentation des usages de l’espace public, moins partagé que divisé et cloisonné entre les différents usagers (nouveaux « venus » – étudiants, migrants, gentrifiers – et anciens habitants).

  • 6 La sociologue urbaine Irene Ranaldi considère que l’on peut parler de véritables transformations (...)
  • 7 La Città dell’Altra Economia serait cependant confrontée à des polémiques concernant la gestion d (...)

10La rénovation urbaine du territoire et les projets urbains d’envergure – même incomplets – ont contribué à augmenter la valeur économique et symbolique du quartier et ont accéléré le processus de gentrification (Annunziata, 2008 ; Herzfeld, 2009 ; Ranaldi, 2011 & 2014). Ce dernier, qui avait un fort « potentiel gentrifiable » (proximité du centre historique, ancien site industriel, identité symbolique) est devenu en quelques décennies le stéréotype du quartier « désirable » à l’urbanité particulière, « village urbain » au passé ouvrier et « authentique » comme c’est le cas dans beaucoup de villes ayant connu le même phénomène (Bidou-Zachariasen, 2003 ; Bovone, 2005 ; Semi, 2004 ; Fleury et Van Criekingen, 2006 ; Diappi, 2009 ; Clerval, 2013). Ainsi, l’attractivité de ce territoire et la venue des classes créatives puis des classes moyennes supérieures ont contribué à la transformation des pratiques de consommation dans les espaces publics et à la mutation du tissu commercial et urbain6. L’espace Campo Boario peut apparaître comme symptomatique de ce processus. Espace des anciens abattoirs, abandonné après la fermeture de la fabrique, approprié par des collectifs dans les années 1990 (le centre social Villaggio Globale, le laboratoire urbain Osservatorio Nomado Stalker, les Rom Calderasha), il est devenu depuis 2007 la Città dell’altra Economia, lieu d’exposition comprenant une librairie, une ludothèque, un restaurant biologique7.

11À cette gentrification se juxtaposent des phénomènes interstitiels de studentification (Smith D., 2005) voire de gaytrification8 (Castells, 1983) et de concentration de migrants qui contribuent aussi à la fragmentation des usages de l’espace public. Ainsi, la présence de lieux universitaires de l’université Roma Tre à Testaccio et à Ostiense Marconi entraîne, quant à elle, une concentration de locaux destinés aux étudiants (bars et discothèques comme La Saponeria ou l’Alibi). La concentration des étudiants9 autour de l’université contribue à des nouvelles formes d’appropriation des lieux : occupation des places la nuit, dégradations, pollution sonore, augmentation du nombre de graffitis et d’affiches sur les murs. Elle entraîne aussi des conflits d’usage avec les résidents10. Moins importantes que dans le quartier de San Lorenzo ou à Bologne, ville universitaire (Annunziata, 2008 ; Baudry, 2013), ces pratiques de groupes de jeunes célibataires engendrent de nouveaux modèles de concentration sociale dans l’espace public et des questions de cohabitation avec les habitants et les migrants. Ce rassemblement d’étudiants autour de mêmes lieux, à proximité de leurs universités n’a cependant pas vocation à être pérenne – leur occupation de l’espace public est temporaire (les étudiants sont le plus souvent usagers et non-résidents). En outre, la valeur symbolique d’un espace « branché » change rapidement. Si Testaccio Ostiense demeure un quartier attractif, de nouveaux quartiers peuvent accéder au « statut » de districts culturels et être des lieux de consommation comme San Lorenzo ou le Pigneto à Rome (POSTIGLIONE, 2011). Ainsi, parmi les enquêtés, certains ont souligné que Testaccio avait un peu perdu son esprit de movida.

  • 11 1Ostiense, zone urbanistique 11A comprend 1 300 étrangers et Testaccio zone urbanistique 1A compr (...)

12L’ex-caserne Porto Fluviale devenue squat de migrants, le centre social kurde et, pendant longtemps, la présence d’un camp rom dans le quartier, contribuent à la diversification des usages de l’espace public11. Le difficile accès des migrants au système du logement public italien pousse ces derniers à se tourner vers l’habitat privé ou à utiliser le patrimoine public vacant (friches abandonnées), participant à la formation de petites enclaves plus que de réels ghettos. Mais leurs conditions d’habitat problématiques les invitent à se déporter vers l’espace extérieur et à être des usagers importants de l’espace public. Cette occupation de l’espace public par les migrants n’entraîne toutefois pas une perméabilité entre les différentes populations. S., déjà mentionnée, évoque ainsi la coupure entre les différents espaces à la fin des années 2000 :

Quand j’étais à l’université, la place était à proprement parler un ghetto. Il y avait nous, les étudiants en architecture, qui pouvions seulement pénétrer l’espace par l’entrée et la sortie, il y avait le camp rom, qui a été démantelé, il y avait la police municipale et puis la Città dell’Altra Economia. Donc, nous étions tous là – police, étudiants, Roms et cette chose culturelle – dans le même espace. Les Tsiganes avec les Tsiganes, les étudiants avec les étudiants…

  • 12 Les anciennes Case Popolari sont en vente. Toutefois, elles ont été principalement rachetées par (...)

13Enfin, la faible mobilité résidentielle par rapport à d’autres territoires gentrifiés romains (en raison d’un ancien patrimoine social important12) fait que les pratiques diurnes sont encore présentes dans certains espaces publics et pratiquées par les anciens résidents et peuvent être encore des lieux de sociabilité (RANALDI, 2011). Lors des entretiens menés, les personnes interrogées soulignent le caractère très fort de l’identité du Testaccio – plus que celle d’Ostiense – pour les habitants, les Testaccini et la valeur symbolique qu’elle revêt aussi pour les nouveaux arrivants. Al., architecte et membre d’un collectif qui a réalisé une étude indépendante sur la zone Ostiense‑Portuense et ses espaces en friche, a étudié et fréquenté le quartier plus jeune et affirme ainsi :

(…) Disons que Testaccio en soi a une identité très forte, parce que c’est un quartier du xixe siècle, un quartier populaire, avec un tissu très clair sur maille orthogonale, et donc son identité est très forte, bien conservée aussi par les habitants du quartier, je dois dire, qu’ils la ressentent beaucoup cette appartenance au rione.

14Finalement, la gentrification s’articule avec d’autres processus et phénomènes urbains et sociaux : population migrante, interstices, studentification, faible mobilité résidentielle propre au modèle méditerranéen (PFIRSCH, 2012), ces phénomènes étant à cheval entre mécanismes de production de l’espace et nouvelles pratiques de consommation (Semi, 2015). Ceci participe à une segmentation des pratiques plus qu’à une réelle « culture de la place ».

3 - L’espace public : enjeu d’action « publique » et rôle des pratiques habitantes

La zone est peut-être un système très complexe de pièges... Je ne sais pas ce qui s’y passe en l’absence de l’homme, mais à peine arrive quelqu’un que tout se met en branle... La zone est exactement comme nous l’avons créée nous‑mêmes, comme notre état d’âme... Je ne sais pas ce qui se passe, ça ne dépend pas de la zone, ça dépend de nous.
A. Tarkovskij, Stalker, 1979

  • 13 Des liens entre la mairie et le crime organisé ont été dévoilés en 2014 à propos des secteurs : g (...)
  • 14 À Rome, plus de 2 millions de mètres carrés sont dégradés et dans un état d’abandon (source : « c (...)

15Cette citation, issue d’un film et reprise par le laboratoire urbain Stalker – le groupe international de déambulateurs de l’université de Roma Tre né dans le Campo Boario –, interroge la mobilisation des acteurs locaux sur le territoire. Lors de notre enquête, nous avons noté que face à l’absence d’action publique ou à son manque de légitimité13, les personnes interrogées souhaitaient participer aux aménagements de leur territoire en voulant se réapproprier des espaces urbains, avoir voix au chapitre dans les actions qui sont menées. Des formes alternatives d’aménagement, de gestion, ou d’occupation des espaces publics sont ainsi inventées, ce territoire pouvant apparaître comme un lieu d’expérimentation urbain. Les « trous » laissés par l’administration peuvent donc servir de « réservoir » d’idées pour les habitants impliqués dans la vie locale et devenir des enjeux d’action publique. En raison du discrédit actuel de l’administration romaine et de l’importance des friches14, des initiatives habitantes apparaissent, qui tendent à rendre floue la dichotomie aménageur/aménagé. Les mobilisations sont hétérogènes par leurs formes, leurs objectifs et les moyens utilisés, mais elles ont pour point commun d’être locales, de viser la fabrication d’un bien commun dans la ville – variant en fonction des intérêts des parties prenantes - et d’encourager la socialisation. Mais elles posent aussi la question d’une « nouvelle précarité », celle des classes sociales au capital économique faible, mais culturel et symbolique important. À ce titre, elles demeurent représentatives et s’inscrivent dans les « nouveaux mouvements sociaux », plus locaux que politiques – même si la frontière peut être floue entre les deux (Chazel et Touraine, 1993 ; Sommier, 1998).

16Stalker Osservatorio Nomade apparaît comme exemplaire dans ce sens. Désormais internationalement reconnu, ce collectif d’artistes-architectes arpente Rome depuis des décennies à travers divers projets artistiques et militants. Il en est de même pour le laboratoire LAC (Laboratorio Arti Civiche), un laboratoire de recherche du département d’architecture de l’université Roma Tre qui mêle recherche et actions participatives sur les territoires en transformation. Moins « engagées », des associations plus récentes comme Ottavo Colle, Marmorata 169 ou Architettura Fattaincasa souhaitent proposer des activités autour du quartier. Ces associations peuvent avoir le logo « labellisant » du municipio sans avoir forcément un soutien financier. Ottavo Colle, créée par une sociologue urbaine habitant depuis plus de trente ans dans le quartier, se propose « d’observer les transformations et les dynamiques des métropoles et des identités urbaines en mouvement15 » et organise des incursions urbaines dans des quartiers objet de gentrification. Comme elle le souligne elle-même, les personnes intéressées par ces visites sont souvent des personnes ayant des intérêts personnels ou professionnels pour l’architecture, l’art ou la sociologie. D’autres projets sont nés de manière auto-organisée et ont parfois eu le soutien après coup de la mairie de Rome. C’est le cas de l’événement Open Testaccio, créé en 2014 puis en 2015 par l’association Architettura Fattaincasa, décrit par F. :

C’est une association culturelle que nous avons créée avec quelques amis qui ont leur atelier là ou pas loin, parce que nous voulions faire autre chose, qui s’éloigne du travail classique des architectes. Nous voulions travailler un peu plus sur le quartier, donc chercher à être un peu actifs sur le quartier lui-même (…). Nous avons vu ce discours sur Open House, ce truc qui se fait à Rome là, où des ateliers d’architectes et d’autres choses réalisées par les architectes ouvrent leurs portes aux Romains (…) et nous avons voulu faire la même chose pour Testaccio (…). On a testé la première année sans fonds, à nos propres frais...

17On note que les initiateurs de ces projets se réfèrent à des standards métropolitains de la ville reprenant à leur compte le « marketing urbain » classique. Il s’agit de s’inspirer de modèles contemporains de la ville.

18Finalement, c’est la définition même de l’acteur de la ville qui est poreuse dans cette zone : l’acteur de la ville peut être l’habitant, le jeune professionnel, ou le chercheur militant. Les « savoirs citoyens » qui sont mis au service de l’espace urbain dans le quartier étudié sont des savoirs techniques et concernent une citadinité particulière. Anthropologues, sociologues, architectes, artistes, souvent engagés, appartiennent à la classe sociale supérieure. La participation à l’aménagement des espaces publics est, pour la plupart d’entre eux, liée à leur profession. Elle émane d’habitants aux « savoirs citoyens » techniques, ayant une capacité d’organisation et des outils pour revendiquer leur droit à la ville (Cellamare, 2011 ; Berry‑Chikhaoui, 2009 ; Semmoud, Florin, Legros, Troin, 2014). Il existe ainsi une perméabilité entre la société civile et l’administration locale, entre initiatives associatives, actions habitantes et actions publiques.

19Les projets de transformation urbaine à travers différentes mobilisations peuvent provenir du « bas », dans le sens où elles sont non-institutionnelles, voire parfois informelles ou illégales (sans autorisation de la mairie, elles peuvent être soutenues en aval, ou seulement tolérées). Ceci ne veut pas dire pour autant que cette fabrique de la ville est complètement inclusive. En effet, ces aménageurs/aménagés, qui se situent entre les aménageurs dits institutionnels et les résidents marginalisés (qui ne participent pas aux processus de fabrique du territoire), sont investis dans la zone et construisent une ville selon leurs canons de référence. Dans cette perspective, on retrouve le vieux constat que l’espace est un produit politique et idéologique, qu’il existerait ainsi des espaces publics à « faible légitimité » ou » forte légitimité » (Lefebvre, 1968 ; Semmoud, Florin, Legros, Troin, 2014).

20Le cas du squat de Porto Fluviale apparaît en ce sens intéressant. Il permet aussi de relativiser les catégories fermées d’« exclus/inclus ». La littérature universitaire a déjà pu souligner les enjeux qui se cristallisent autour des différents acteurs d’une occupation (Bouillon, 2007 ; Membretti et Mudu, 2013), relativisant l’idée d’une totale horizontalité entre les différentes parties prenantes. Véritable interstice dans le quartier d’Ostiense, Porto Fluviale est un ancien édifice militaire abandonné de 5 000 m² qui a été transformé en copropriété multiculturelle par une centaine de familles venant du monde entier (Maroc, Algérie, Tunisie, Équateur, Pérou, Colombie, avec des Italiens à l’origine qui deux ans plus tard sont partis). En juin 2003, le mouvement Le Coordinamento Cittadino di Lotta per la Casa, mouvement de droit au logement, très actif depuis dix ans, décide d’occuper cette ancienne caserne désaffectée. En se réappropriant un espace appartenant à l’État, il s’agit aussi pour les militants de signifier aux politiques publiques qu’ils font partie du processus de transformation urbaine (Harvey, 2001 ; Pisano, 2013). Mais ce « droit à la ville » n’était pas vécu de la même façon par les différentes parties prenantes – comme le souligne M.. Cette jeune architecte française était chargée de travailler avec le Coordinamento et de participer au processus de légalisation et de réhabilitation de l’occupation quelques années après sa création. Connaissant peu les centres sociaux et les mouvements de droit au logement italiens, elle avoue être frappée par la différence de perspectives entre les différentes parties prenantes du squat : les premiers ayant des savoirs militants et une certaine vision du bien commun, le droit à occuper l’espace est clairement pour eux une revendication de justice spatiale, une forme de résistance, alors que pour les seconds il s’agit de survivre illégalement dans un endroit insalubre :

Sur place, j’avais été marquée par la différence d’idéologie entre les Italiens du mouvement qui coordonnait l’occupation [Il Coordinamento Cittadino di Lotta per la Casa] et les étrangers occupants : les premiers, des jeunes alternatifs super militants, engagés politiquement et dynamiques, se battaient pour une autre politique urbaine, une autre politique du droit à la ville et à l’occupation. (…) Les seconds (…) résidant à Porto Fluviale, avaient envie d’une vie « normale » en Italie, pour pouvoir travailler et gagner de l’argent pour envoyer à la famille restée au pays, ou évoluer vers une vie plus simple. En vrai, la lotta, ils s’en f***. Ils le faisaient parce qu’ils étaient obligés, obligés de manifester sinon ils étaient virés de l’occupation. Les Italiens voulaient faire un lieu (...) alternatif, coopératif, social, etc., mais les occupants voulaient juste la paix, l’autonomie, l’indépendance (ce qu’ils n’avaient pas du tout…).

  • 16 En 2011, en partenariat avec le LAC, ce squat fait l’objet d’un séminaire lors de la Biennale del (...)

21L’espace occupé, longtemps inaccessible aux riverains et réservé aux résidents, voit son « statut » se modifier en 2010 lorsque des jeunes chercheurs italiens décident de toquer à la porte du lieu. Souhaitant créer des passerelles entre les résidents du squat et les riverains, ces derniers participent à l’élaboration d’espaces communs (un salon de thé, une coopérative de vélos, un cinéma à coût réduit) et favorisent les initiatives culturelles : création de cours de cuisine, etc. Initialement réservé à l’habitation, cet espace devient un lieu interactif, sorte d’hybridation entre le centre social occupé culturel, le squat résidentiel, et le laboratoire de réflexion16. Ceci est souligné par A., une artiste française résidant à Rome et ayant travaillé avec différents mouvements et centres sociaux à Rome et en France :

(L’espace occupé), il n’a pas vocation à être occupé pour lui-même, il a vocation à être occupé par rapport à ce qui va rayonner autour, ce n’est pas le cas du squat d’artistes, le squat d’artistes (français) il a vocation être occupé pour lui-même…

22En s’impliquant dans ce lieu, les jeunes chercheurs ont souhaité ouvrir ce squat pour en faire un espace commun plus ouvert afin de créer des ponts entre les occupants et les habitants du quartier. L’espace marginalisé et excluant devenait ainsi plus inclusif et gagnait en légitimité. Aussi, désormais des groupes d’individus n’habitant pas la caserne ou même le quartier participent aux initiatives. L’œuvre du street-art Blu, commencée en 2013, qui a repeint la façade illégalement, a achevé d’en faire un endroit de tourisme « alternatif » – le bâtiment est désormais cité par le site officiel de l’office du tourisme romain.

Façade de Porto Fluviale, devenue objet de street art

Façade de Porto Fluviale, devenue objet de street art

© Sarah Lilia Baudry, printemps 2015.

23L’évolution de cet espace occupé réaménagé souligne à la fois la complexité morphologique de l’espace urbain romain (mi-privé, mi-public) et la porosité entre action citoyenne et action locale. Si ces initiatives d’inclusion sont celles d’un groupe social spécifique, la valorisation de cet espace contribue à diminuer son caractère de marge. Cet exemple montre que le droit à la ville passe par l’accès aux aménités urbaines, mais aussi et surtout par la visibilité dans l’espace public, étape nécessaire pour le « droit » à produire de l’espace urbain.

Conclusion

24D’après nos premiers résultats, il semblerait que les liens entre politiques urbaines et construction des inégalités socio-spatiales (dans un double contexte de gentrification et néolibéralisme) ne se confondent pas complètement dans le cas étudié avec ceux observables dans d’autres métropoles européennes ou anglo-saxonnes. Tout d’abord, la régénération patrimoniale du quartier anciennement ouvrier n’est pas totalement aboutie. Ensuite, s’il existe une gentrification avérée dans le quartier, celle-ci est combinée à d’autres processus. Enfin, l’action parcellaire des politiques urbaines dans cette zone a permis la formation d’appropriations par le « bas ». Ces initiatives sont des réponses face aux « trous » urbains laissés par la ville de Rome. Pourtant, il serait réducteur de parler d’un « modèle méditerranéen » qui résisterait au phénomène de ségrégation de l’espace public dans le cas romain étudié. En effet, on assiste plus à une division des pratiques des usagers dans l’espace public qu’à une réelle homogénéité des usages. Si le rôle des habitants dans la coproduction de la ville participe à la déconstruction des catégories clivées de « politiques » et « pratiques », la société civile qui s’investit dans la fabrique du territoire appartient à une citadinité spécifique, au capital culturel parfois important et à plus « forte légitimité ». Ces différentes appropriations, plus ou moins organisées ou autonomes, plus ou moins engagées ou militantes, n’ont pas toujours les mêmes stratégies et outils. Et, malgré des discours inclusifs, elles peuvent ne pas toujours bien mettre en valeur les aspirations formulées par les migrants. Notre étude s’est penchée sur les mécanismes qui se matérialisent autour de la construction de l’espace public dans un quartier. Il serait intéressant d’approfondir dans un autre temps et plus en détail les revendications, exigences des migrants par rapport aux politiques urbaines ainsi que les formes d’échanges des différentes parties prenantes au sein de ces appropriations.

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Notes

1 On peut entendre par « espace public » un espace ouvert et gratuit. Les limites du concept tendent à devenir de plus en plus indéterminées. Des lieux de loisirs « fermés », des centres culturels gérés par l’administration publique ou des marchés couverts et centres commerciaux peuvent être entendus comme espaces publics. La variété des types d’aménagement, la diversité de gestion et de contrôle des espaces publics, la pluralité des pratiques et appropriations, et les interactions – du dialogue au conflit – entre professionnels et population tendent à rendre l’acception du terme toujours plus complexe (Fleury, 2007).

2 L’enquête s’inscrit dans le cadre d’une thèse de doctorat de géographie urbaine (Université Paris Diderot, sous la direction de Dominique Rivière). Elle a été menée auprès d’une quinzaine d’individus au printemps 2015, tous Italiens – sauf deux Françaises –, impliqués localement dans l’aire étudiée et dans des projets urbains locaux (associations, collectifs ou mouvements). Au fil de l’enquête, nous avons pu constater les multiples « statuts » de l’acteur interrogé, à la fois architecte, militant et parfois chercheur et donc lui-même observateur. Ceci nous invitait à nous interroger aussi sur notre positionnement (grande proximité sociale vis-à-vis des enquêtés), mais aussi sur la manière d’interroger l’enquêté (« qui » interroge‑t‑on lors de l’enquête – le scientifique, le militant ?). Nous avons aussi fait de l’observation sur le territoire étudié et de l’observation participante (participation aux événements proposés par les associations et collectifs).

3 L’université Roma Tre naît en 1992 et intègre la faculté d’architecture à l’intérieur du complexe (100 000 m2). En 2002, deux pavillons sont assignés au Musée Macro puis, en 2007, sur la via del Campo Boario est créée la Città dell’altra Economia. En 2010 est inaugurée La Pelanda, un espace d’exposition et galerie d’art contemporain.

4 Lors de l’atelier « L’Ex Mattatoio di Testaccio : un bene non comune », de la Biennale Spazio Pubblico en 2013, biennale organisée par différentes institutions (l’INU, institut national d’urbanisme ; le CNAPPC, conseil national des architectes, aménageurs, paysagistes et conservateurs ; l’université Roma Tre...), des intervenants ont démoli le mur qui sépare l’Ex Mattatoio de l’extérieur, soulignant la coupure entre l’ex‑Campo Boario, espace d’exposition ouvert et le reste du territoire.

5 235 000 à 380 000 migrants entre 2005 et 2012 (Caritas, 2014).

6 La sociologue urbaine Irene Ranaldi considère que l’on peut parler de véritables transformations du tissu urbain dans la zone lorsqu’apparaissent la Scuola di musica popola, la Casa della Pace, l’Alibi (première discothèque gay), des cafés et boutiques de restauration via Galvini, le centro sociale occupato Villagio Globale, et le premier commerce biologique Il Canestro.

7 La Città dell’Altra Economia serait cependant confrontée à des polémiques concernant la gestion de ses espaces. La mairie de Rome a en effet signé une convention concernant la gestion de la Città dell’altra economia avec un Consorzio, le Consorzio Cae. Celui-ci aurait confié l’organisation de certaines activités à des personnes non signataires de la convention. La mairie de Rome estime que la convention n’a pas été respectée (sous-traitance non légale). La justice administrative devrait se positionner sur ce point. 2 adresses : [en ligne] et en ligne], consultées le 30 mai 2016.

8 Ostiense Testaccio est devenu une aire de socialisation homosexuelle, qui a été aussi mise en évidence par les films du réalisateur italien Ozpetek.

9 L’université de Rome Tre comptait en 2012 36 000 étudiants inscrits, dont environ 1 600 étudiants en architecture (Université Roma Tre, 2016)

10 [http://riprendiamociroma.blogspot.fr/2010/11/affissioni-abusive-roma-tre.html], consulté le 14 avril 2016.

11 1Ostiense, zone urbanistique 11A comprend 1 300 étrangers et Testaccio zone urbanistique 1A comprend 643 étrangers. Ces chiffres sont issus du recoupement administratif précédent. Il s’agit de la population inscrite sur les listes de référencement, sans tenir compte de la population migrante non régularisée. (Osservatorio Romano Sulle Migrazioni, 2014).

12 Les anciennes Case Popolari sont en vente. Toutefois, elles ont été principalement rachetées par les habitants d’origine.

13 Des liens entre la mairie et le crime organisé ont été dévoilés en 2014 à propos des secteurs : gestion des déchets, transports, immigration. En mars 2015, une manifestation « Spiazziamoli ! », « Déconcertons-les ! », a eu lieu sur 50 places (« 50 places contre les mafias »). Une régénération des institutions et un changement des classes dirigeantes diffuses, politiques, administratives, du monde des professionnels de la ville sont désormais indispensables et urgents. Il est intéressant de noter que ce « droit à la ville » se matérialise dans un espace commun et public, les places.

14 À Rome, plus de 2 millions de mètres carrés sont dégradés et dans un état d’abandon (source : « censimento aree degradate in stato di abbandono, Settore Parchi e Giardini, Comune di Rome», cité par Giovanni Attili [2013]).

15 [http://www.ottavocolle.com/], (consulté le 14 avril 2016).

16 En 2011, en partenariat avec le LAC, ce squat fait l’objet d’un séminaire lors de la Biennale dello Spazio Pubblico.

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Title Façade de Porto Fluviale, devenue objet de street art
Credits © Sarah Lilia Baudry, printemps 2015.
URL http://journals.openedition.org/mediterranee/docannexe/image/8452/img-1.jpg
File image/jpeg, 462k
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References

Bibliographical reference

Sarah Lilia Baudry, ““Culture of place” or fragmentation of the public space?”Méditerranée, 127 | 2016, 81-89.

Electronic reference

Sarah Lilia Baudry, ““Culture of place” or fragmentation of the public space?”Méditerranée [Online], 127 | 2016, Online since 01 November 2016, connection on 16 June 2025. URL: http://journals.openedition.org/mediterranee/8452; DOI: https://doi.org/10.4000/mediterranee.8452

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