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Chroniques vulciennes, 1. De l’âge d’or des fouilles à la création du service de tutelle des monuments

La nécropole de Cavalupo à Vulci : état des lieux

Benjamin Houal et Vincent Jolivet
p. 129-148

Résumés

Fouillée par Francesco Marcelliani entre 1879 et 1884, la nécropole de Cavalupo, au sud-est de Vulci, est surtout connue par un plan publié par Franz Messerschmidt en 1930, et n’a jamais fait depuis l’objet d’un programme de recherche spécifique. Son occupation, manifestement très dense, débute à l’époque villanovienne pour se poursuivre aux époques orientalisante, archaïque et hellénistique, avec des tombes qui présentent une très riche typologie. Cette contribution préliminaire se propose de faire le point sur les acquis des fouilles anciennes, en replaçant le plan dans son contexte topographique et en exploitant le rapport, pour l’essentiel inédit, rédigé par Marcelliani, ainsi que la bibliographie relative à certains des objets découverts à cette occasion ; elle propose également quelques pistes pour progresser dans notre connaissance de cette nécropole à partir des nouvelles technologies.

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Notes de l’auteur

Nous souhaitons remercier ici les membres de l’Arkeotrekking Canino Vulci qui nous ont initiés à ce secteur de la nécropole qu’ils parcourent et entretiennent de longue date, en particulier Claudio Ferretti et Giacomo Mazzuoli.

Texte intégral

  • 1 Messerschmidt 1930, Beilage 1. Voir infra.

1La nécropole de Cavalupo, ou de Mandrione di Cavalupo, est l’une des plus vastes, des plus denses, des plus singulières et des plus méconnues de Vulci. Le plan qui en a été publié par Franz Messerschmidt en 19301, sur lequel figurent des tombes dont la datation s’échelonne entre l’époque villanovienne et l’époque hellénistique, comporte des dessins d’hypogées inconnus dans les autres nécropoles de la cité, et dans tout le monde étrusque. Implantée face à l’acropole du site (fig. 1), dont la sépare le cours encaissé du Fiora, elle est largement tributaire d’une topographie accidentée qui a engendré une forme de régularité spontanée d’implantation des tombes le long de ses pentes, le long d’un axe central encaissé d’origine naturelle, utilisé comme voie funéraire.

Fig. 1 – La nécropole de Cavalupo est implantée face à l’acropole du site de Vulci, dont la sépare le cours du Fiora ; vers l’ouest (Benjamin Houal).

Fig. 1 – La nécropole de Cavalupo est implantée face à l’acropole du site de Vulci, dont la sépare le cours du Fiora ; vers l’ouest (Benjamin Houal).
  • 2 Le plan dressé à l’initiative de Renato Bartoccini en 1959, conservé dans les archives du musée de (...)
  • 3 Personnage tourmenté, moyennement honnête, passablement dilettante, mais archéologue confirmé en f (...)
  • 4 Sur l’histoire des fouilles, voir infra, en particulier Messerschmidt 1930, p. 21-25 et Moretti Sg (...)
  • 5 ADMANF, no inv. 309.
  • 6 DAI Rome, Archiv-A-VII-40-004.
  • 7 Messerschmidt 1930, Beilage 1.
  • 8 Publiées dans Messerschmidt 1930, fig. 14-16 (reprises dans Åkerström 1934, fig. 13), correspondan (...)
  • 9 Marcelliani 1979.
  • 10 Helbig 1880a, 1880b. Ms. Marcelliani, fol. 34v : « Anche le misure delle stanze e lettisterni furo (...)
  • 11 Comme c’est le cas pour les tombes à fosse villanoviennes, dont on peut se demander si elles étaie (...)
  • 12 Dans sa correspondance avec Helbig (DAI Rome), Marcelliani se plaint à deux reprises, en décembre  (...)

2Ce plan2 repose sur un document réalisé en 1880 à l’initiative du Ministero della Pubblica Istruzione au début des fouilles conduites par l’archéologue Francesco Marcelliani3 pour le compte d’Alessandro Torlonia, entre 1879 et 18844. Deux exemplaires en sont conservés, l’un dans les archives du musée archéologique de Florence5, l’autre au Deutsches Archäologisches Institut de Rome6 (fig. 2), où Messerschmidt l’avait redécouvert et publié un demi-siècle plus tard7. Il n’a jamais été inséré à ce jour (fig. 3) dans la topographie générale du site, probablement parce qu’il ne présente aucune indication d’orientation ni d’échelle – même si celles-ci peuvent être précisées à partir de la topographie générale du site, du dessin de détail de trois tombes8 et des indications d’orientation et de mesures fournies pour un certain nombre d’entre elles par Francesco Marcelliani9 et Wolfgang Helbig10 ; on est cependant fondé à douter de la fiabilité du plan de différentes tombes, parfois manifestement simplifié11, voire de leur position, puisqu’aucune tentative de vérifier ces données n’a été faite depuis12. Au demeurant, ce plan ayant été dressé en 1880, il ne peut figurer l’ensemble des tombes découvertes à la faveur de fouilles qui se sont poursuivies jusqu’en 1884.

Fig. 2 – Original du plan de la nécropole dressé par le Ministero della Pubblica Istruzione en 1880. DAI Rome, Archiv-A-VII-40-004 (redessiné et publié par Messerschmidt 1930, Beilage 1).

Fig. 2 – Original du plan de la nécropole dressé par le Ministero della Pubblica Istruzione en 1880. DAI Rome, Archiv-A-VII-40-004 (redessiné et publié par Messerschmidt 1930, Beilage 1).

Fig. 3 – Calage du plan de 1880 dans la topographie actuelle du site (Benjamin Houal).

Fig. 3 – Calage du plan de 1880 dans la topographie actuelle du site (Benjamin Houal).
  • 13 Voir déjà les propositions formulées dans Cerasuolo – Pulcinelli 2012.

3Compte tenu de l’état d’abandon actuel et de l’extension de cette nécropole, seul un projet organique, planifié sur plusieurs années, permettrait d’y voir plus clair dans son organisation et son développement planimétriques, et de récupérer un certain nombre d’informations issues des fouilles anciennes13. Nous nous limiterons ici, de manière très préliminaire, à faire un point rapide de nos connaissances en fonction d’une approche classique, mais aussi en présentant de quelle manière les nouvelles technologies pourraient nous permettre d’approfondir sa connaissance.

(Mandrione di) Cavalupo : un toponyme ambigu

  • 14 « Au commencement de l’année 1828 dans un champ appelé cavalupo, une grotte s’éboula sous les pied (...)
  • 15 Bonamici 1980 ; Nørskov 2009 ; Bubenheimer – Erhart 2010, p. 15-76. Utile chronique des fouilles d (...)

4Le toponyme de Cavalupo est étroitement lié à l’origine des fouilles de Vulci, puisque c’est là que se serait produit, au printemps 1828, l’épisode fondateur de l’histoire archéologique du site : la chute providentielle d’un attelage de bœufs à l’intérieur d’une tombe étrusque renfermant des vases grecs14, qui allait ouvrir la voie aux fouilles initiées par Alexandrine de Bleschamp et poursuivies dès lors sur une grande échelle par elle-même et son mari Lucien Bonaparte, puis par Charles-Lucien Bonaparte, jusqu’en 185215 (fig. 4), avant d’être reprises par Alessandro Torlonia et ses successeurs, devenus propriétaire du domaine en 1853.

Fig. 4 – Plan du secteur fouillé par Alexandrine et Lucien Bonaparte au Ponte Rotto, publié en 1829 (Nørskov 2009, fig. 1, d’après Bonaparte 1829, pl. h. t.). Le secteur G jouxte, vers le nord, la fouille de Francesco Marcelliani ; toute la zone, depuis la Badia, était alors englobée sous le vocable de Cavalupo.

Fig. 4 – Plan du secteur fouillé par Alexandrine et Lucien Bonaparte au Ponte Rotto, publié en 1829 (Nørskov 2009, fig. 1, d’après Bonaparte 1829, pl. h. t.). Le secteur G jouxte, vers le nord, la fouille de Francesco Marcelliani ; toute la zone, depuis la Badia, était alors englobée sous le vocable de Cavalupo.
  • 16 Vers la même époque, au moment de la découverte du site de Musarna, Giosafat Bazzichelli compare s (...)
  • 17 Bendinelli 1927, p. 130.
  • 18 Le plan figurant dans Gsell 1891, pl. h. t., indique sous ce vocable toute la zone comprise entre (...)
  • 19 Ce que semble confirmer Marcelliani 1879, p. 137, qui distingue, à l’intérieur d’une zone désignée (...)
  • 20 François 1857, p. 98.
  • 21 Helbig 1880a, p. 143, qui le distingue clairement de la Cuccumella et de Mandrione di Cavalupo. Pl (...)
  • 22 D’où provient l’ensemble des vases inscrits de « Cavalupo » publiées dans CIE, III, 3, 11073-11114
  • 23 Ce dont témoigne le nombre et l’importance des tombes peintes ou à décor architectural, dont la to (...)
  • 24 Mais les exceptions ne manquent pas : la tomba dei bronzetti sardi, mise au jour près de l’entrée (...)

5Mais ces fouilles ont entraîné, au cours des décennies qui allaient suivre, une évolution et un affinement de la toponymie de ce secteur de Cavalupo, dont le nom même suggère la présence de cavités, de grottes, repaires potentiels d’animaux dangereux – le loup, par excellence –, telles que pouvaient l’être les tombes étrusques jadis béantes dans ce secteur16. Goffredo Bendinelli, inspecteur auprès de la Reale Soprintendenza per i monumenti e gli scavi di Roma, considérait encore en 1927 cette appellation, non sans un effroi palpable, comme une « denominazione generica, selvaggia e significativa… Il primo impulso quello di fuggire, come da una regione maledetta17 ». À l’origine, le toponyme de Mandrione del Cavalupo semble avoir désigné une vaste zone qui s’étendait, du nord vers le sud, depuis le château cistercien de la Badia jusqu’au gigantesque tumulus de la Cuccumella ; couramment utilisé au XIXe siècle18, il devait se rapporter plus spécifiquement (du moins en théorie) à la partie plane de ce vaste secteur, la plus septentrionale, où les troupeaux, les mandrie, pouvaient paître, mais nous n’avons pas connaissance de tombes qui y auraient été découvertes19 (fig. 5). Toutefois, dès 1857, on voit apparaître sous la plume d’Alessandro François un nouveau toponyme, celui de « Ponte Rotto20 », destiné à s’imposer à partie des années 1880, en particulier au travers des rapports de Helbig21. Il fut désormais systématiquement utilisé pour définir la partie la plus méridionale de Cavalupo, délimitée au sud par la Cuccumella. Ce secteur de la nécropole22 a livré les tombes de membres des plus hautes sphères de l’élite antique du site, de l’époque villanoviennejusqu’au début de la période hellénistique23. De ce fait, l’usage est aujourd’hui plutôt de désigner sous le nom de Cavalupo24 exclusivement la partie centrale du toponyme d’origine, séparant la nécropole du Ponte Rotto, au sud, du plateau qui s’étend jusqu’à la Badia, au nord. Mais le choix de l’un ou de l’autre toponyme – Cavalupo ou Mandrione di Cavalupo – dans la littérature archéologique, largement aléatoire, n’a pas valeur d’indication topographique précise.

Fig. 5 – Plan du site avec l’indication des secteurs de fouille de Stéphane Gsell (Gsell 1891, pl. h. t.).

Fig. 5 – Plan du site avec l’indication des secteurs de fouille de Stéphane Gsell (Gsell 1891, pl. h. t.).

Francesco Marcelliani à Cavalupo

  • 25 Ms. Marcelliani, fol. 1v : « io per dar vita a ciò che ho visto, studiato e scavato, in una necrop (...)
  • 26 Dans son seul article consacré à cette nécropole, publié en juillet 1879, il assure y avoir fouill (...)
  • 27 Marcelliani 1879 ; on ignore en revanche ce qu’est devenu le « processo verbale giornalmente elabo (...)
  • 28 ASMANF, fasc. A6/1894, senza prot. : Illustrazione della pianta topografica di una parte della Nec (...)
  • 29 Cristofani Martelli 1977, qui souligne l’importance de ce document et en exploite les apographes ( (...)
  • 30 Le plan du Ministero della Pubblica Istruzione, dressé en 1880, alors que les fouilles allaient se (...)
  • 31 Selon l’ordre du manuscrit, A-Z (21 tombes), a-m (11 tombes) et 1-35 (35 tombes). Ce choix, qui co (...)
  • 32 Helbig 1880a (pour Cavalupo, p. 148-150), 1880b et 1884 (p. 169-171), trois articles publiés respe (...)
  • 33 Helbig 1880a, p. 142.

6Engagé par Alessandro Torlonia en 1879 pour reprendre la recherche de tombes, l’archéologue Francesco Marcelliani affirmait avoir découvert lui-même la nécropole de Cavalupo25 – au sens où on l’entend généralement aujourd’hui –, dont il dirigea les fouilles parallèlement à d’autres secteurs pendant six années consécutives, jusqu’en 1884. Il semble cependant qu’une grande partie des tombes y ait déjà été mise au jour dès la première moitié de 187926. Il a laissé pour toute trace de ses travaux un article succinct27 et un rapport de fouilles passablement romancé conservé au musée archéologique de Florence28 qui, s’il a bien été consulté par le passé29, n’a jamais fait l’objet d’une transcription et d’une publication scientifique adéquates, en dépit d’indications intéressantes qu’il offre sur l’architecture et le mobilier des tombes au moment de leur ouverture. Composé de 43 feuillets, la plupart recto-verso, il comporte 67 entrées30, numérotées selon trois systèmes différents31. Sans qu’il soit possible d’en fournir un comptage assuré, on peut estimer que les tombes villanoviennes y représentent environ 27 % du total, les tombes orientalisantes ou archaïques 34 % et les tombes hellénistiques 39 %. Nous en savons un peu plus sur sept de ces tombes grâce à trois articles de Helbig qui a repris, entre 1880 et 188432, la publication initiée par Marcelliani, au travail duquel il rend un hommage appuyé, et probablement non dépourvu d’arrière-pensées, dans les colonnes du Bullettino dell’Istituto33.

  • 34 Bruni 1988, p. 278, n. 9.
  • 35 Gsell 1891, p. 220-231.

7Un peu plus tard, en 1889, les fouilles de Stéphane Gsell, que Marcelliani considérait manifestement comme un intrus, et avec lequel il semble avoir entretenu des rapports mitigés34, n’ont concerné que deux zones aux marges du secteur qui nous occupe ici (fig. 5) : U et, un peu plus loin, T, en direction du Ponte Rotto. La première a livré seize tombes villanoviennes (U 118-133), la seconde, neuf tombes villanoviennes (T 108-115, 117) et une tombe à chambre archaïque (T 116)35. Il s’agit manifestement du prolongement du secteur de nécropole mis au jour par Marcelliani dans la partie méridionale de sa fouille.

  • 36 Falconi Amorelli 1983, p. 15, à propos des fouilles de Goffredo Bendinelli, mais celui-ci n’en fai (...)
  • 37 Ceccanti – Cocchi 1980 : mobilier sans indication de contexte (impasto et céramique italo-géométri (...)
  • 38 Voir infra, n. 80.
  • 39 Voir infra, n. 81.
  • 40 Falconi Amorelli 1977, p. 73-74 : mobilier villanovien récupéré à un emplacement non mieux précisé (...)
  • 41 Nettoyage et récupération de mobilier dans la nécropole : Moretti Sgubini 2012, p. 1102-1103. Mais (...)
  • 42 Falconi Amorelli 1969 (mobilier de trois tombes d’époque villanovienne et orientalisante) ; Morett (...)
  • 43 Tombe del Dinos del Pittore Argivo (= del 14 giugno 1963) : Sgubini Moretti 1986, p. 73-77 (« nell (...)
  • 44 Ce terme ambigu désigne traditionnellement, à Vulci, les tombes archaïques dont le dromos débouche (...)
  • 45 Cerasuolo – Pulcinelli 2012 ; cette opération a été accompagnée d’une reconnaissance topographique (...)

8On trouve ensuite régulièrement mention de fouilles ou d’opérations limitées de récupération de mobilier, plus ou moins documentées, et souvent très approximativement localisées, dans les années 1923-192436, 195037, 195238, 195339, 195440, 195741, 196142 et 196343. En 2011, les premiers travaux véritablement archéologiques menés dans ce secteur depuis Gsell ont intéressé en particulier une tombe a cassone44 de l’Orientalisant récent située dans la partie méridionale de la nécropole, dans le cadre d’un projet de reprise de l’étude de celle-ci, malheureusement abandonné par la suite45.

Topographie actuelle du site

  • 46 La situation devait être analogue au début du siècle dernier : « Heute ist jedoch alles unter üppi (...)
  • 47 Probablement le « ruscello di Cavalupo » (Moretti Sgubini 2012, p. 1103).

9Situé sur le territoire actuel de la commune de Canino, le secteur fouillé par Marcelliani est aujourd’hui occupé par une forêt de moyenne densité composée de différents types de chênes et de buissons de ronces, dont le sol accidenté témoigne d’un passé chargé de fouilles officielles ou clandestines46. Il couvre les deux versants d’un vallon dont la dénivelée est de l’ordre de 7 m et dont le fond, probablement utilisé comme voie funéraire dans l’Antiquité, est traversé par un cours d’eau intermittent47, large de 5 m environ, qui débouchait directement, à l’ouest, sur une falaise dominant le Fiora. Il est probable qu’une voie aujourd’hui effondrée longeait le bord de la falaise, donnant ainsi accès au dromos des tombes 17, 18 et 25 vers le nord, et V, 24 et a vers le sud.

10Sur cette superficie d’un peu plus de deux hectares, une trentaine de tombes, qui s’étageaient sur deux ou trois niveaux au moins, est encore partiellement ou complètement accessible, ou dégagée en surface ; au sud-est, le profond puits d’accès (caditoia) d’une tombe hellénistique demeure béant. La nécropole présente en surface un petit nombre de fragments de tuiles et de nenfro (dalles, éléments d’architecture, bloc inscrit) appartenant aux tombes construites (fig. 6).

Fig. 6 – La typologie des tombes et les indications figurant dans le manuscrit de Marcelliani permettent d’attribuer les tombes figurant sur le plan de 1880 à trois phases bien distinctes, villanovienne, orientalisante/archaïque, hellénistique ; l’échelle et le nord sont donnés à titre encore indicatif (Benjamin Houal).

Fig. 6 – La typologie des tombes et les indications figurant dans le manuscrit de Marcelliani permettent d’attribuer les tombes figurant sur le plan de 1880 à trois phases bien distinctes, villanovienne, orientalisante/archaïque, hellénistique ; l’échelle et le nord sont donnés à titre encore indicatif (Benjamin Houal).
  • 48 L’inscription portant le nom de Marcelliani signalée sur la paroi d’une vaste tombe du versant nor (...)

11Aucune des tombes fouillées par Marcelliani ne peut cependant être formellement identifiée sur le terrain48 : il est donc probable que celles encore ouvertes aujourd’hui l’ont été soit postérieurement à la rédaction du plan, soit à la faveur de fouilles clandestines, vraisemblablement dans le courant du XXe siècle.

Typologie des tombes

12Telles qu’elles sont représentées sur le plan de 1880, les tombes de ce secteur de la nécropole présentent une extrême diversité typologique, qui dérive manifestement de sa longue – et peut-être ininterrompue – période d’utilisation (fig. 7).

Fig. 7 – Blocs erratiques d’architecture en nenfro, dont l’un inscrit, demeurés en surface dans la nécropole (cl. Benjamin Houal).

Fig. 7 – Blocs erratiques d’architecture en nenfro, dont l’un inscrit, demeurés en surface dans la nécropole (cl. Benjamin Houal).
  • 49 Ms. Marcelliani, fol. 29r : « trovai ora sei ora otto e più vasi ossari o cinerari, ammucchiati l’ (...)

13Pour l’époque villanovienne, une quinzaine de tombes à puits carrées ou circulaires, à incinération, étaient pour l’essentiel concentrées au sud-ouest de la nécropole ; leur rendu sur le plan est manifestement schématique49.

  • 50 Certaines trouvent des parallèles assez étroits dans la typologie figurant dans Prayon 1975 : O, t (...)
  • 51 Messerschmidt 1930, fig. 14 (tombe 30) et 15 (tombe 23), dans ms. Marcelliani respectivement fol.  (...)

14À l’époque orientalisante et archaïque se rattachent de nombreuses tombes50, en particulier a cassone, dont le vestibule hypèthre ouvre sur une ou plusieurs chambres, souvent dotées de banquettes basses ; riches de mobilier, elles ont plus particulièrement retenu l’attention à l’époque de la fouille du fait de leur typologie particulière, puisque deux dessins de détail, publiés par la suite par Messerschmidt, en ont été réalisés51.

  • 52 Mentionné dans Bruni 1988, p. 277, n. 2, ce document, présenté en 2022 à l’université de La Sapien (...)
  • 53 Sgubini Moretti 1994, p. 43-44 ; selon le ms. Marcelliani, fol. 4r, trois des loculi de la tombe 2 (...)
  • 54 Ms. Marcelliani, fol. 41r ; la tombe 1 contenait également un squelette de cheval, mais pas de cha (...)

15C’est probablement à cette même époque qu’il faut assigner le tumulus de quelque 12 m de diamètre (Marcelliani 29) dont la tombe principale, accessible par un dromos flanqué de deux salles latérales, est formée d’un espace carré hypèthre de 6 m environ de côté sur lequel ouvrent sept espaces ; la périphérie construite du tumulus aurait été entourée de six autres chambres funéraires. Cette typologie, qui ne trouve aucun exemple ailleurs en Étrurie, est proche de la représentation contemporaine, passablement suspecte, donnée par Marcelliani du tumulus de la Cuccumella52, mais aussi (les tombes extérieures au tumulus mises à part) de la tombe dite de la Rotonda, dans le même secteur : ce petit tumulus d’époque romaine présente, comme la tombe de Cavalupo en son centre, une salle carrée autour de laquelle se disposent des niches destinées à des urnes cinéraires53. La présence d’un char, découvert par Marcelliani dans son entrée, oriente cependant en direction d’une datation haute de ce monument54.

  • 55 Ms. Marcelliani, fol. 1r (« tante volte trovai il nome inciso sull’architrave della porta di ciasc (...)

16L’époque hellénistique est celle qui présente la plus grande diversité. Les tombes, souvent en partie construites, et dont les architraves étaient fréquemment dotées d’inscriptions55, y sont équipées de banquettes plus hautes qu’au cours de la période antérieure. Pour simplifier à l’extrême une typologie très diversifiée, on rencontre en particulier :

  • 56 Jolivet 2011a, p. 24-29. On peut se demander si les hypogées hellénistiques dont le fond est occup (...)
  • 57 Tombes 14, 21.
  • 58 Tombes Q, R, 5, 11.
  • 59 Tombes A, 2.

– des tombes dont les chambres se regroupent autour d’un espace central qui évoque le cavaedium domestique56, transversal57, carré58 ou longitudinal59 ;

  • 60 Tombes M, g, 4, 7-9, 18.
  • 61 Ms. Marcelliani, fol. 22r, relève que dans cette tombe « le celle sono in principio più piccole, d (...)
  • 62 Cette typologie rappelle celle des tombes a spina di pesce propres au territoire tarquinien, compt (...)

– des tombes-couloirs comportant dix chambres funéraires ou plus60, dont la plus vaste, la tombe 1, longue de 23 m, compte une quarantaine de petites chambres clairement hiérarchisées en deux secteurs61 : le premier, le long d’un couloir rectiligne, débouche sur un espace carré flanqué de chambres sur ses quatre côtés, manifestement privilégié62 ; une tombe de ce type, qui ne figure pas sur le plan des fouilles Marcelliani, affleure encore en surface dans la partie centrale du versant nord de la nécropole (fig. 8) ;

  • 63 Tombes L et 25 ; cette typologie rappelle différents exemples de la région de Chiusi : voir, en de (...)

– des tombes dont le couloir rectiligne est scandé de niches latérales arrondies63.

Fig. 8 – Extrémité orientale d’une grande tombe à couloir central du versant nord de la nécropole ; elle ne figure pas sur le plan de 1880 (cl. Benjamin Houal).

Fig. 8 – Extrémité orientale d’une grande tombe à couloir central du versant nord de la nécropole ; elle ne figure pas sur le plan de 1880 (cl. Benjamin Houal).
  • 64 Marcelliani 1979, p. 138. Appliqué à des tombes d’époque hellénistique, ce terme désigne un puits (...)
  • 65 Ce dispositif figure sur le plan des tombes 11, 12, 14, 18, 21, 26 ; mais le ms. Marcelliani le ci (...)
  • 66 Ms. Marcelliani, fol. 32r (tombe 12) et fol. 40r (tombe 26). Les tuiles liées au mortier ont égale (...)

17Ces différents types peuvent être, ou non, dotés d’une caditoia64, puits situé dans le couloir central de la tombe, ou au centre de sa salle principale65 ; dans certains cas, les sépultures étaient disposées sur des banquettes, séparées l’une de l’autre par de grandes tuiles posées de chant et liées au mortier66.

Un mobilier dispersé

  • 67 Sur cette phase, en particulier à partir des fouilles Gsell, voir Iaia 1999, p. 81-92.

18Le mobilier le plus ancien de ce secteur de la nécropole, issu des fouilles Gsell, se rapporte à l’époque villanovienne, avec seize tombes dans la zone U (U118-133) et neuf tombes dans la zone T (T108-115, 117). Toutes les tombes de cette période contenaient un ossuaire biconique en terre cuite ou en métal, accompagné de quelques objets67.

  • 68 Ms. Marcelliani, fol. 3v-3r : « Però fra le cose più pregevoli che furono vi racchiuse sono i vasi (...)
  • 69 Ceccanti – Cocchi 1980 : impasto et céramique italo-géométrique.
  • 70 Falconi Amorelli 1969 ; tombes B et C de Mandrione di Cavalupo, orientalisantes ; tombe del Dinos (...)
  • 71 Gsell 1891, p. 220-231 : deux kyathoi, une œnochoé, deux tasses et une coupe. Cinq objets des foui (...)
  • 72 Ms. Marcelliani, tombes m (fol. 20v), 1 (fol. 21r ; la tombe étant d’époque hellénistique, il doit (...)
  • 73 Ms. Marcelliani, tombes H (fol. 5r), a (fol. 14v), 6 (fol. 29v), 10 (fol. 31r), 13 (fol. 32v), 23 (...)

19Pour les période orientalisante et archaïque68, outre la récupération de mobilier erratique69, dont celui de trois tombes non localisées, datables entre la fin du VIIIe et le milieu du VIIe siècle70, la tombe Gsell T11671, vers la limite sud-ouest de la nécropole, a livré différents vases en bucchero. Le manuscrit de Marcelliani mentionne de très nombreux exemplaires de bucchero72 et de vases corinthiens73, mais la céramique attique figurée paraît y avoir été peu répandue, à la différence du secteur du Ponte Rotto.

  • 74 Hormis les quelques objets dont il donne une description plus ou moins détaillée, Marcelliani ment (...)

20Du mobilier très abondant mis au jour par Marcelliani74, dont une partie a été dispersée, mais dont de nombreux objets sont encore conservés dans la collection Torlonia, actuellement en cours d’inventaire, seuls quelques objets peuvent aujourd’hui être identifiés avec certitude. Son manuscrit fait état d’une très grande quantité de céramiques, de bijoux, d’armes, d’objets en pierre, en bronze, en fer, en ivoire ou en os, d’intailles, parfois avec une description suffisamment détaillée pour pouvoir espérer identifier un jour un certain nombre d’entre eux ; on ne peut actuellement en identifier que quelques-uns :

  • 75 Le ms. Marcelliani mentionne également des sculptures décorant l’entrée (fol. 27v, tombe 4 : « due (...)
  • 76 Scala 2011, p. 159-160 (I, 3, à tête féminine, et I, 4, à tête de gorgone).
  • 77 Ms. Marcelliani, fol. 17r, tombe g, « capitelli benissimo frastagliati » ; fol. 33r, tombe 14, « m (...)
  • 78 Scala 2011, p. 161 (III, 1-4 et 6-8, à tête féminine, provenance hypothétique).

– des éléments d’architecture des tombes construites75 : protomes décorés76, chapiteaux77, antéfixes78 ;

  • 79 Hus 1966, p. 666.
  • 80 Deux sarcophages de femmes de la famille des Tetnie (sur la présence de cette famille à Vulci, Ber (...)

– des sarcophages – ils sont rares à Vulci79 –, dont deux inscrits80 ;

  • 81 Kaimio 2017, no 969, p. 280, cippe-chapiteau de colonne toscane, découvert en 1953, « presso l’arg (...)

– des cippes funéraires, ou des blocs de fonction indéterminée, inscrits en étrusque81 ;

  • 82 Ces deux miroirs, datés des IIIe-IIe siècles, se rattachent au Kranzspiegelgruppe : Helbig 1880, p (...)

– des miroirs82 ;

  • 83 Le ms. Marcelliani mentionne deux statuettes figurant Énée avec Anchise et Ascagne (fol. 18v, tomb (...)

– des terres cuites83.

  • 84 Marcelliani indique seulement vaguement au fol. 40r que dans la tombe a caditoia 26 (voir supra, n (...)

21Aucun élément n’est suffisamment probant84 pour nous permettre de préciser l’époque de l’abandon de la nécropole, probablement intervenu entre la conquête romaine et le Ier siècle.

Pour une nouvelle approche du site : les outils numériques

  • 85 Pour une approche similaire appliquée à l’ensemble du site, habitat et nécropoles, voir Pocobelli (...)
  • 86 Le survol drone a été effectué par Giacomo Mazzuoli en mai 2022. Sur l’exploitation de ce type de (...)

22Dans une perspective d’approche non destructrice de la nécropole de Cavalupo, nous avons eu recours à un ensemble d’outils numériques85. Les images satellitaires fournies par Google Maps permettent de documenter l’environnement géographique du site et de le comparer aux données issues des fouilles Marcelliani. Nous avons mis en place un système d’information géographique (SIG) élémentaire et déterminé une zone de recherche qui représente une superficie, entièrement boisée, de près de 25 000 m². Une prospection aérienne par drone86 a permis ensuite de mieux définir la zone à couvrir et d’obtenir une cartographie du site sous forme d’orthophotographie aérienne (fig. 9), mais l’analyse des images obtenues ne permet pas de faire apparaître de témoignages probants de la présence de tombes dans la combe de Cavalupo.

Fig. 9 – L’orthophotographie aérienne ne permet pas, à elle seule, de localiser des tombes (Giacomo Mazzuoli).

Fig. 9 – L’orthophotographie aérienne ne permet pas, à elle seule, de localiser des tombes (Giacomo Mazzuoli).
  • 87 Sánchez 2018. La campagne de détection LiDAR de l’Italie a été réalisée entre 2008 et 2015 ; bien (...)

23En second lieu, nous avons eu recours à la télédétection par laser, ou technologie de Light detection and ranging (LiDAR), à partir des données numériques produites par le ministère de l’Environnement italien87. L’étude des images issues de cette campagne fait ressortir, à mi-hauteur du versant nord, une anomalie qui pourrait correspondre à une voie rectiligne, sur laquelle déboucheraient des entrées de tombes (fig. 10) ; il pourrait en avoir existé également une, parallèle, sur le versant sud. Cependant, la résolution de 1 m au sol de cette couverture LiDAR n’est pas suffisamment précise pour cartographier la zone et aboutir à une certitude quant à la nature des dépressions observées : une nouvelle prospection de ce type, avec une résolution plus fine, permettrait d’aboutir à de meilleurs résultats. En dépit de l’ensemble des informations dont nous disposons, et de la présence des multiples tombes encore visibles sur le terrain, la superposition du plan dressé en 1959 avec la topographie du site actuel demeure donc approximative.

Fig. 10 – Interprétation de l’image LiDAR du GeoPortale Nazionale (Benjamin Houal).

Fig. 10 – Interprétation de l’image LiDAR du GeoPortale Nazionale (Benjamin Houal).

24L’utilisation des outils numériques pour la collecte d’informations semble cependant pertinente à Cavalupo, préalablement à toute fouille, compte tenu de la nature très accidentée du terrain. Il serait souhaitable de réaliser une documentation numérique du site par photogrammétrie 3D (fig. 11) des structures visibles, et un relevé topographique des entrées de tombes apparentes. Le recours à un géoradar mobile sur chariot étant impossible dans la combe, du fait de la présence de nombreux arbres et de dépressions, une solution de numérisation par scanner 3D dynamique (SLAM) serait à envisager. Les informations obtenues, complétées par un système de virtualisation numérique, pourraient ainsi servir de nouvelle base de recherche.

Fig. 11 – Étapes successives de l’étude numérique d’une tombe (Benjamin Houal).

Fig. 11 – Étapes successives de l’étude numérique d’une tombe (Benjamin Houal).

25Enfin, des prospections géophysiques réalisées aux emplacements libres de végétation, au nord et au sud de la partie connue de la nécropole, seraient susceptibles de nous permettre de mieux définir ses limites, et en particulier son rapport avec celle, contiguë, du Ponte Rotto.

26Ce premier réexamen montre donc que la nécropole de Cavalupo présente, pour les époques villanovienne, orientalisante et archaïque, des tombes très comparables à celles des autres nécropoles de la cité. Pour l’époque hellénistique, et en dépit de la présence de quelques grandes tombes, elle semble correspondre à une composante du corps social inférieure à celle voisine du Ponte Rotto, du moins sur le plan de l’investissement funéraire : aucune tombe n’est peinte, et les hypogées présentent le plus souvent de moins vastes chambres funéraires. En revanche, les tombes-couloirs, analogues aux tombes a spina di pesce du territoire tarquinien, mais dont le fond est occupé par un espace privilégié, pourraient appartenir à la familia élargie de grandes gentes locales.

27Ces recherches préliminaires n’épuisent pas, loin s’en faut, l’apport potentiel des fouilles Marcelliani à Cavalupo, ni l’exploitation de la documentation qu’il nous a laissée. L’examen de l’ensemble des données d’archives, la réalisation d’un nouveau plan général et celui de détail des hypogées encore visibles, un recours plus systématique aux nouvelles technologies, une prospection géophysique menée sur le plateau, la fouille des monuments funéraires les plus singuliers et la recherche du mobilier dispersé issu de ces fouilles permettraient de replacer ce site, avec ses multiples singularités, dans le cadre de l’étude des nécropoles et, plus généralement, de l’ensemble de l’histoire de Vulci étrusque et étrusco-romaine.

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Bibliographie

Archives

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Notes

1 Messerschmidt 1930, Beilage 1. Voir infra.

2 Le plan dressé à l’initiative de Renato Bartoccini en 1959, conservé dans les archives du musée de la Villa Giulia (Falconi Amorelli 1983, p. 18), indique simplement la présence des quelques tombes alors visibles sur le versant septentrional de la nécropole.

3 Personnage tourmenté, moyennement honnête, passablement dilettante, mais archéologue confirmé en fonction des critères de l’époque – il avait dressé, dès 1865, la première carte archéologique du territoire de Cosa, et Helbig le considérait comme « il migliore conoscitore oggi delle antichità maremmane » (Helbig 1880a, p. 244) –, Marcelliani fouilla aussi d’« innumerevoli tombe » dans la nécropole de la Polledrara (ms. Marcelliani, fol. 39r), et reprit les recherches à la Cuccumella. Manifestement aigri dès les années 1880 (ibid., fol. 38r : « Ma mi costò studio e denaro per i scavi storici, nella speranza che si avverassero le promesse ad incoraggiamento ma restai deluso. L’unica fortuna fu quella di aver confutato tutti i scrittori, e di aver fatto una scoperta che dette Luce e verità »), il était encore actif à Vulci en 1893 (Bruni 1988, p. 276-282), en dépit de son âge – « mi starebbe a cuore, se prima di morire, potessi proseguire le mie scoperte in quel suolo » (ibid., p. 277).

4 Sur l’histoire des fouilles, voir infra, en particulier Messerschmidt 1930, p. 21-25 et Moretti Sgubini 2012, p. 1093. La date traditionnellement donnée pour la fin de ces fouilles est 1883, mais le rapport publié dans Helbig 1884, p. 178-179, daté d’août-septembre, relate la fouille de deux tombes a cassone « sulla spianata di Cavalupo », donc dans le même secteur que celles dont il faisait état dans Helbig 1880, p. 215.

5 ADMANF, no inv. 309.

6 DAI Rome, Archiv-A-VII-40-004.

7 Messerschmidt 1930, Beilage 1.

8 Publiées dans Messerschmidt 1930, fig. 14-16 (reprises dans Åkerström 1934, fig. 13), correspondant aux tombes Marcelliani 30, 23 et 27, sans échelle, mais celle-ci peut être récupérée à partir des documents d’archive : ces dessins sont conservés à l’échelle au DAI Rome (respectivement A-VII-40.011 1387762, A-VII-40.009 1387752 et A-VII-40.010 1387754).

9 Marcelliani 1979.

10 Helbig 1880a, 1880b. Ms. Marcelliani, fol. 34v : « Anche le misure delle stanze e lettisterni furono da me sperdute, ma la pianta della tomba le può rendere chiare perché furono stabilite colla misura da 1 a 200, e la pianta della Necropoli e della Fiora da 1 a 2000 e ciò per renderla meno incomoda all’uso. »

11 Comme c’est le cas pour les tombes à fosse villanoviennes, dont on peut se demander si elles étaient encore visibles au moment de la réalisation du plan, si clair est le contraste avec les tombes de même type relevées un peu plus tard, à proximité, par Stéphane Gsell, et qui sont manifestement plus conformes à la réalité du terrain (Gsell 1891, fig. 62 et 78).

12 Dans sa correspondance avec Helbig (DAI Rome), Marcelliani se plaint à deux reprises, en décembre 1880, de la qualité de ce plan, dont les dessins de tombes auraient été embellis ou simplifiés : Messerschmidt 1930, p. 21.

13 Voir déjà les propositions formulées dans Cerasuolo – Pulcinelli 2012.

14 « Au commencement de l’année 1828 dans un champ appelé cavalupo, une grotte s’éboula sous les pieds des bœufs qui traînaient la charrue » (Bonaparte 1829, p. 12 ; les vases y sont considérés comme étrusques). Sur cet épisode, Messerschmidt 1930, p. 6 ; Bubenheimer – Erhart 2010, p. 24-25. Il s’est bizarrement reproduit, à peu près à l’identique, un siècle plus tard : Ferraguti 1929, p. 107.

15 Bonamici 1980 ; Nørskov 2009 ; Bubenheimer – Erhart 2010, p. 15-76. Utile chronique des fouilles de Vulci de 1783 à 1965 dans Falconi Amorelli 1983, p. 11-17, développée et élargie dans Moretti Sgubini 2012 ; voir également la contribution de Ch. Mazet, ici même.

16 Vers la même époque, au moment de la découverte du site de Musarna, Giosafat Bazzichelli compare sa nécropole – déjà certainement passablement pillée – à une ruche : Bazzichelli 1884, p. 216.

17 Bendinelli 1927, p. 130.

18 Le plan figurant dans Gsell 1891, pl. h. t., indique sous ce vocable toute la zone comprise entre la nécropole fouillée par Marcelliani et la Badia ; celui de Messerschmidt 1930, fig. 1 (= Åkerström 1934, fig. 12), localise les « scavi di Cavalupo » au nord de cette nécropole, où nous n’avons pas connaissance de la présence de tombes ; celui figurant dans Carosi – Regoli 2019, fig. 1, distingue en revanche les deux toponymes entre Cavalupo, au nord et au sud, et Mandrione di Cavalupo, au centre.

19 Ce que semble confirmer Marcelliani 1879, p. 137, qui distingue, à l’intérieur d’une zone désignée comme « Mandrione di Cavalupo », « una gola o meglio una sinuosità fiancheggiata da ambedue le parti da dolci declivi », qui est celle de ses fouilles.

20 François 1857, p. 98.

21 Helbig 1880a, p. 143, qui le distingue clairement de la Cuccumella et de Mandrione di Cavalupo. Planimétrie et histoire des fouilles de ce secteur dans Buranelli 1987, p. 47-56 (A. M. Sgubini Moretti) ; Buranelli 1994, p. 19-20 ; Sgubini Moretti 1993, p. 94-107 ; en tout dernier lieu, Pacciarelli et al. 2022. L’activité y a été pratiquement ininterrompue de 1828 à nos jours : Moretti-Sgubini 2012.

22 D’où provient l’ensemble des vases inscrits de « Cavalupo » publiées dans CIE, III, 3, 11073-11114.

23 Ce dont témoigne le nombre et l’importance des tombes peintes ou à décor architectural, dont la tombe François.

24 Mais les exceptions ne manquent pas : la tomba dei bronzetti sardi, mise au jour près de l’entrée du dromos de la tombe François, est encore indiquée récemment comme située « nella necropoli di Cavalupo » (Falconi Amorelli 1977, p. 74), ou « sul ciglio del pianoro di Cavalupo » (Arancio – Moretti Sgubini – Pellegrini 2010, fig. 1) ; les tombes fouillées par Lucien Bonaparte sont localisées « nella parte di Cavalupo circostante la Cuccumella » (Moretti-Sgubini 2012, p. 1085). On trouve aussi « Cavalupo sporco » pour désigner la « bassa valletta » : ibid., p. 1102.

25 Ms. Marcelliani, fol. 1v : « io per dar vita a ciò che ho visto, studiato e scavato, in una necropoli da me scoperta, senza interesse venale ed a mie spese ». Voir aussi la lettre adressée par Marcelliani a Milani (Bruni 1988, p. 277), relative à la « necropoli vulcente […] da me scoperta e scavata ». On trouve pourtant dans le ms. Marcelliani, fol. 42v, « queste sono tombe che fui costretto di chiudere per collocare lo sterro delle altre tombe vicine. Alcune di esse però furono osservate dal principe Luciano Bonaparte » ; cette dernière indication pourrait se rapporter au secteur G des fouilles Bonaparte : voir la fig. 4.

26 Dans son seul article consacré à cette nécropole, publié en juillet 1879, il assure y avoir fouillé et laissé ouvertes de nombreuses tombes « perché servano di studio e di ammirazione al visitatore di questo sepolcreto » (Marcelliani 1879, p. 137). La description très succincte qu’il en donne ensuite, en les rattachant à sept types différents, montre que la fouille des tombes (« un numero infinito », p. 141) était alors déjà très avancée ; aucune de celles décrites dans son texte n’est clairement identifiable sur le plan – elles avaient peut-être déjà été rebouchées au moment de sa rédaction. Ce premier rapport, qui fournit des indications génériques, mais importantes, relatives à l’architecture des tombes, aurait dû être complété par la suite, une tâche qui fut ensuite en partie reprise par Helbig : voir infra, n. 32.

27 Marcelliani 1879 ; on ignore en revanche ce qu’est devenu le « processo verbale giornalmente elaborato dal sig. Francesco Marcelliani » mentionné dans Helbig 1880, p. 142.

28 ASMANF, fasc. A6/1894, senza prot. : Illustrazione della pianta topografica di una parte della Necropoli Vulcente nel mandrione di Cavalupo presso il famoso etrusco ponte dell’Abbadia, proprietà di S. E. il Sigr Principe Don Alessandro Torlonia nel Principato di Musignano scavata da Francesco Marcelliani con ordine dell’Eccellenza suddetta. Ce document, cité ici comme « ms. Marcelliani », et dont la date de rédaction est inconnue, n’est pas exempt d’indications incongrues, par exemple lorsqu’il clôt sa présentation des sépultures villanoviennes en affirmant (fol. 2r) : « Questo vaso di pietra è coperchiato da una specie di cono della stessa pietra, concavo al di sotto e sull’orificio vi è per lo più (se di nenfro) lo scritto del nome e dell’età dell’estinto. » Il est très probable, par ailleurs, que des confusions soient intervenues dans la fouille ou dans l’attribution du mobilier aux différentes tombes : la gourde figurant Héraklès (infra, n. 83) est attribuée à la tombe h dans ms. Marcelliani, fol. 18, alors qu’il semble s’agir de la tombe m dans Messerschmidt 1931 ; de même, l’inscription de sarcophage (CIE, II, 5246 = ET Vc 1.9) est attribuée à la tombe m dans le ms. Marcelliani, fol. 20v, alors que Helbig 1880a, p. 215, assure qu’elle provient d’une tombe composée d’une seule chambre qui pourrait être la tombe 26, un peu plus au nord ; la présence anachronique de strigiles en fer dans deux tombes a cassone (Helbig 1880a, p. 216 ; 1884, p. 169) pourrait témoigner soit de ces mélanges, soit d’une réutilisation de certaines chambres funéraires à l’époque hellénistique.

29 Cristofani Martelli 1977, qui souligne l’importance de ce document et en exploite les apographes (nos 12-15 = ET Vc 1.13-16), à l’exception de deux documents, le miroir figurant au fol. 18r (CIE, III, 3, 11118 = ET Vc S.6) et le sarcophage au fol. 21v (CIE, II, 5246 = ET Vc 1.9) : voir infra, respectivement n. 82 et 80.

30 Le plan du Ministero della Pubblica Istruzione, dressé en 1880, alors que les fouilles allaient se poursuivre jusqu’en 1884, en comporte un total de 93, mais le no 35 correspond, dans le ms. Marcelliani, fol. 42v, à 8 tombes rebouchées à l’époque de sa rédaction pour permettre la poursuite des travaux (voir supra, n. 26), et sur lesquelles nous ne savons rien ; la lettre b à 4 tombes apparemment d’époque villanovienne, mais dans l’une desquelles le ms. Marcelliani, fol. 15r, signale la présence d’un miroir ; les nombres 32, 34 et la lettre Z à un total de 8 tombes villanoviennes ; la tombe S correspond en fait à trois tombes différentes (ms. Marcelliani, fol. 11r) ; enfin, les tombes n, o, p, q, r, s, t, u, v, z, figurant sur le plan, ne sont pas mentionnées dans le ms. Marcelliani, qui fait seulement allusion (fol. 42v) à quatre autres tombes numérotées de 36 à 39 ; s’y ajoutent les trois mentionnées dans Helbig 1880, p. 215-216 et 1884, p. 169-171. Soit un total de 127, certainement bien inférieur à celui des tombes réellement ouvertes au cours des différentes campagnes de fouilles de Marcelliani.

31 Selon l’ordre du manuscrit, A-Z (21 tombes), a-m (11 tombes) et 1-35 (35 tombes). Ce choix, qui correspond manifestement à trois étapes de la fouille, permet probablement d’en suivre, dans les grandes lignes, le déroulement, d’abord à peu près limité à la partie centrale du versant sud du vallon, avant de s’étendre à son versant nord et à la partie méridionale du versant sud. La numérotation a probablement été adoptée en dernier lieu, compte tenu des limites du système alphabétique : à la fin de son manuscrit, Marcelliani note en effet (fol. 42v) : « Tombe ultime, cioè dell’ultimo anno. Sono il numero 36, 37, 38, 39, di cui manderò separatamente la descrizione con gli oggetti che vi rinvenni. Sarà separata, ma da aggiungersi al presente rapporto. » Bien plus tard, une désignation alphabétique distincte (A-C) a été créée pour trois ensembles de mobilier villanovien et orientalisant issus de fouilles clandestines : Falconi Amorelli 1969 ; Maggiani 1973, p. 83 ; Rizzo 1983, p. 518-519.

32 Helbig 1880a (pour Cavalupo, p. 148-150), 1880b et 1884 (p. 169-171), trois articles publiés respectivement en juin et en octobre-novembre 1880, et en août-septembre 1884 ; ce dernier fait état de fouilles récentes. À l’exception de celles de la « spianata di Cavalupo » (Helbig 1880b, p. 215-216 et 1884, p. 169-171), probablement hors plan, les tombes qu’il mentionne peuvent être identifiées avec une bonne marge de probabilité en confrontant son texte à celui du ms. Marcelliani : Helbig 1880a, p. 148-149, tombe g (mais l’orientation du dromos est donnée vers le nord-ouest) et p. 149-150, tombe i ; Helbig 1880b, p. 209-215, tombe h et p. 215, tombe m. Voir aussi, pour la tombe m et la dispersion de son mobilier, Messerschmidt 1931, p. 45-59.

33 Helbig 1880a, p. 142.

34 Bruni 1988, p. 278, n. 9.

35 Gsell 1891, p. 220-231.

36 Falconi Amorelli 1983, p. 15, à propos des fouilles de Goffredo Bendinelli, mais celui-ci n’en fait pas état dans Bendinelli 1927, p. 141, qui ne comporte qu’une vague indication de travaux « nella folte macchia a monte e a valle » de la tombe François du Ponte Rotto, que M.T. Falconi Amorelli (1983, p. 33) localise « al limite meridionale del Mandrione di Cavalupo » ; ces fouilles semblent s’être déroulées exclusivement en contrebas de cette tombe.

37 Ceccanti – Cocchi 1980 : mobilier sans indication de contexte (impasto et céramique italo-géométrique), daté entre la fin du VIIIe siècle et la première moitié du VIIe siècle, et dont la vague indication de provenance – « dalle tombe villanoviane a Cavalupo » – est précisée arbitrairement dans le titre de l’article en « Mandrione di Cavalupo » (ibid., p. 21).

38 Voir infra, n. 80.

39 Voir infra, n. 81.

40 Falconi Amorelli 1977, p. 73-74 : mobilier villanovien récupéré à un emplacement non mieux précisé de la nécropole de « Mandrione di Cavalupo ».

41 Nettoyage et récupération de mobilier dans la nécropole : Moretti Sgubini 2012, p. 1102-1103. Mais la tombe hellénistique découverte cette année-là, présentée comme provenant de Cavalupo dans Falconi Amorelli – Fabbricotti 1971, p. 195-196, se trouvait en fait dans la nécropole de l’Osteria : Moretti Sgubini 2012, p. 1103.

42 Falconi Amorelli 1969 (mobilier de trois tombes d’époque villanovienne et orientalisante) ; Moretti Sgubini 2012, p. 1109 (quatre tombes à fosse).

43 Tombe del Dinos del Pittore Argivo (= del 14 giugno 1963) : Sgubini Moretti 1986, p. 73-77 (« nella necropoli di Cavalupo », à un emplacement non mieux spécifié) ; Moretti Sgubini 2012, p. 1109

44 Ce terme ambigu désigne traditionnellement, à Vulci, les tombes archaïques dont le dromos débouche sur un vestibule à ciel ouvert donnant accès à une ou plusieurs chambres funéraires : Hus 1971, p. 37-38. Hypèthre, mais déjà souterrain, c’est un espace liminaire entre le monde des vivants et celui des morts.

45 Cerasuolo – Pulcinelli 2012 ; cette opération a été accompagnée d’une reconnaissance topographique détaillée de l’ensemble de la nécropole.

46 La situation devait être analogue au début du siècle dernier : « Heute ist jedoch alles unter üppigen Dornenhecken verborgen, oder, was das Gewöhnliche ist, zusammengestürtzt » (Messerschmidt 1930, p. 25).

47 Probablement le « ruscello di Cavalupo » (Moretti Sgubini 2012, p. 1103).

48 L’inscription portant le nom de Marcelliani signalée sur la paroi d’une vaste tombe du versant nord de la nécropole dans Cerasuolo – Pulcinelli 2012, p. 6, ne semble pas pouvoir correspondre à celle qu’il dit avoir tracée dans la tombe i (ms. Marcelliani, fol. 20v : « Scrissi in quella parete il mio saluto, il mio nome, pregai per quell’angelo ») ; rebouché immédiatement après la fouille, ce petit hypogée est indiqué sur le plan par un simple point.

49 Ms. Marcelliani, fol. 29r : « trovai ora sei ora otto e più vasi ossari o cinerari, ammucchiati l’uno accanto all’altro ». Voir supra, n. 11.

50 Certaines trouvent des parallèles assez étroits dans la typologie figurant dans Prayon 1975 : O, type B2, seconde moitié du VIIe siècle ; 24 et 31, type D, VIe siècle ; 30 et N, type E, VIe siècle ; I et H, type F2, fin VIe-début Ve siècle. Le ms. Marcelliani, fol. 35v, fait une allusion fugace à des incinérations dans ce type de tombes.

51 Messerschmidt 1930, fig. 14 (tombe 30) et 15 (tombe 23), dans ms. Marcelliani respectivement fol. 39v (« Vasellami corinzi con tazzette di bucchero e qualcuna grande egualmente corinzia ») et fol. 40r (« molti ziri a scacchi colorati uno bianco ed uno rosso ») ; un troisième dessin de détail, fig. 16, concerne une tombe à chambre (tombe 27, fol. 41v : « molti avorj »).

52 Mentionné dans Bruni 1988, p. 277, n. 2, ce document, présenté en 2022 à l’université de La Sapienza à Rome à l’occasion de l’exposition « Vulci : il patrimonio disperso e ritrovato : dalle ricerche ottocentesche al digitale » demeure à ce jour inédit.

53 Sgubini Moretti 1994, p. 43-44 ; selon le ms. Marcelliani, fol. 4r, trois des loculi de la tombe 29 de Cavalupo auraient contenu « le ossa combuste di animali dentro Olle risposte ».

54 Ms. Marcelliani, fol. 41r ; la tombe 1 contenait également un squelette de cheval, mais pas de char (ibid., fol. 21r)

55 Ms. Marcelliani, fol. 1r (« tante volte trovai il nome inciso sull’architrave della porta di ciascuna cella ») et fol. 4v, de la tombe A (pour cette dernière, Cristofani Martelli 1977, no 12, p. 285-286).

56 Jolivet 2011a, p. 24-29. On peut se demander si les hypogées hellénistiques dont le fond est occupé par deux chambres étroites (2 et 5) n’entretiennent pas un rapport avec des tombes analogues et contemporaines du monde alexandrin : on trouve des plans analogues, par exemple, dans Nenna 2009, fig. 18.1, 7, 9 (Hadra). Les liens de Vulci avec la Méditerranée orientale à l’époque hellénistique sont en tout cas attestés par une coupe de faïence originaire d’Alexandrie trouvée dans une tombe de la nécropole de l’Osteria (Poggetto Mengarelli, t. 18), datée du IIIe siècle : Carosi – Casi 2019, p. 45, VIII.1 ; Russo – Carosi – Pozzi Battaglia 2017, p. 75 et 117.

57 Tombes 14, 21.

58 Tombes Q, R, 5, 11.

59 Tombes A, 2.

60 Tombes M, g, 4, 7-9, 18.

61 Ms. Marcelliani, fol. 22r, relève que dans cette tombe « le celle sono in principio più piccole, di mano in mano che si avvicinano alla tomba principale, ingrandiscono » ; on note un procédé analogue dans l’hypogée des Velimna près de Pérouse (Jolivet 2011b, p. 170).

62 Cette typologie rappelle celle des tombes a spina di pesce propres au territoire tarquinien, comptant jusqu’à 80 sépultures individuelles, et dont les plus grands exemples sont conservés à Castel d’Asso et à Musarna (Lovergne 2014) ; une nouvelle tombe de ce type, comportant 67 sépultures, a pu être documentée en 2022 à Norchia, dans le secteur de la tombe Lattanzi (tombe Lattanzi 8). Les plus grandes de ces tombes, de conception beaucoup plus isonomique qu’à Vulci, peuvent présenter une sépulture privilégiée à l’entrée de la tombe, parallèle au couloir central, attestée dans la tombe Lattanzi 8, et surtout dans la tombe Orioli de Castel d’Asso (Colonna 1970, p. 120-123, à droite), dont la façade présente en son centre une fausse porte flanquée, sur la droite, d’une seconde fausse porte perpendiculaire placée précisément en correspondance de ce loculus.

63 Tombes L et 25 ; cette typologie rappelle différents exemples de la région de Chiusi : voir, en dernier lieu, Salvadori 2019, fig. 1-2, 4, 8, 16-17 (Chianciano, Chiusi, Montepulciano, Sarteano).

64 Marcelliani 1979, p. 138. Appliqué à des tombes d’époque hellénistique, ce terme désigne un puits donnant accès depuis la surface du terrain à une chambre funéraire, sans qu’il soit nécessaire pour y accéder de passer par le dromos : cette solution a pu être adoptée pour faciliter l’évacuation des déblais au moment du creusement de la tombe ou bien pour descendre les corps ou les sarcophages des défunts, voire dans cette double perspective. À Cavalupo, le puits était fermé par une ou plusieurs dalles, éventuellement surmontées, comme le rapporte le Ms. Marcelliani (infra, n. 75), par une sculpture (tombe A, fol. 4v, Scylla ; tombe P, fol. 9v, sphinx), ou encore par « una specie di torre » ou un « cono di nenfro » (Marcelliani 1979, p. 138-139 ; voir aussi Helbig 1880b, p. 210 et 1880c, p. 245). Sur des constructions analogues, vers la même époque, à Volterra, Banti 1967, p. 591-592.

65 Ce dispositif figure sur le plan des tombes 11, 12, 14, 18, 21, 26 ; mais le ms. Marcelliani le cite aussi à propos des tombes A, P, R, 1, 2, 5, 8, 18, 21, 26 (« buca »). En revanche, le carré figuré au centre de la tombe l correspond à un pilier ou à une « colonna di tufo straniero » (ibid., folio 6r).

66 Ms. Marcelliani, fol. 32r (tombe 12) et fol. 40r (tombe 26). Les tuiles liées au mortier ont également été utilisées pour fermer l’entrée des tombes ou des chambres funéraires : fol. 10v (tombe Q), fol. 11r (tombes S), fol. 19r (tombe i), fol. 30r (tombe 8), fol. 38r (tombe 20), fol. 39v (tombe 25) ; voir aussi Helbig 1880, p. 149 (tombe i).

67 Sur cette phase, en particulier à partir des fouilles Gsell, voir Iaia 1999, p. 81-92.

68 Ms. Marcelliani, fol. 3v-3r : « Però fra le cose più pregevoli che furono vi racchiuse sono i vasi greci a figure nere ed altri colori, a figure rosse in campo nero; e così delle grandi tazze a figure rosse con greche iscrizioni; tazze più piccole con semplice iscrizione greca che porta qualche sentenza sulla libazione come: bevi se ti aggrada e dalla parte opposta lascia di bere se ti pregiudica od il nome del fabbricante. Se poi non vi sono di questi monumenti di greco lavoro, allora si trovano dei grandi boccali od orci corinzi con diverse zone di animali a vario color, così di piatti con gli stessi animali, ed altri vasellami e balsamari dello stesso genere, che poi se neppur di questi vi siano, allora vi sono gli stessi vasi ma calcidici a vario colore sul graffito dell’arabesco. In ogni tomba poi, non manca la lancia, coltello e sterratojo d’aratro. »

69 Ceccanti – Cocchi 1980 : impasto et céramique italo-géométrique.

70 Falconi Amorelli 1969 ; tombes B et C de Mandrione di Cavalupo, orientalisantes ; tombe del Dinos del Pittore Argivo (voir supra, n. 43).

71 Gsell 1891, p. 220-231 : deux kyathoi, une œnochoé, deux tasses et une coupe. Cinq objets des fouilles Gsell parvenus dans la collection du Pontificio Istituto Biblico à Rome ont récemment été publiés dans Sciacca 2017 : tombes T114 (p. 62-63, tasse monoansée et 70-71, couvercle), T115 (p. 68-69, fusaïole), U124 (p. 42-43, urne biconique) et U131 (p. 40-41, urne biconique).

72 Ms. Marcelliani, tombes m (fol. 20v), 1 (fol. 21r ; la tombe étant d’époque hellénistique, il doit s’agir d’intrusions) ; tombe 23 (fol. 29v).

73 Ms. Marcelliani, tombes H (fol. 5r), a (fol. 14v), 6 (fol. 29v), 10 (fol. 31r), 13 (fol. 32v), 23 (fol. 39v), 24 (fol. 39v).

74 Hormis les quelques objets dont il donne une description plus ou moins détaillée, Marcelliani mentionne souvent les « soliti vasi », « suppellettili », « oggetti », ou encore « il solito vasellame » trouvé dans les différentes tombes, dont aucun inventaire n’a jamais été réalisé. Selon Falconi Amorelli 1983, p. 14, la partie conservée du mobilier découvert se trouverait « a Roma nel museo della Villa Giulia e nel museo Torlonia, nel museo archeologico di Firenze, nella glittoteca Ny Carlsberg di Copenhagen e in altri musei stranieri ».

75 Le ms. Marcelliani mentionne également des sculptures décorant l’entrée (fol. 27v, tombe 4 : « due leoni di pietra di nenfro o peperino come a guardia della tomba » ; fol. 35r, tombe 8 : « quattro leoni, due grandi e due più piccoli… Una grandissima ed erta lastra di bianco marmo porta scolpito in rilievo un grosso genio alato ») ou le sommet de la tombe, pour en sceller le puits d’accès (fol. 4v, tombe A : « Questa buca era chiusa da grossa lapide di nenfro e sopra di essa una scilla sculta nella stessa pietra » ; fol. 9v, tombe P : « Nell’imboccatura della buca era un coperchio o basamento di nenfro che la copriva e sul basamento di nenfro stava una sfinge ». Voir également Marcelliani 1979, p. 139 : « una sfinge o un putto a cavallo sopra di un delfino o sopra altro animale quadrupede […] architrave in forma di timpano, in cui eravi scolpito in bassorilievo una ghirlanda di fiori legata con un nastro ». Pour les sculptures de lions, voir en dernier lieu Morandini 2018, p. 81.

76 Scala 2011, p. 159-160 (I, 3, à tête féminine, et I, 4, à tête de gorgone).

77 Ms. Marcelliani, fol. 17r, tombe g, « capitelli benissimo frastagliati » ; fol. 33r, tombe 14, « magnifico e grande capitello jonico, con 4 teste di donna con berretto frigio ». Voir aussi les « due mensole di nenfro, scorniciate nel davanti e di fianco » de la tombe 18, ms. Marcelliani, fol. 34v-35r : « Una di queste rappresenta una testa di femmina che mostra il vero tipo tosco […]. L’altra mensola è una testa maschile con orecchie e corna d’ariete. »

78 Scala 2011, p. 161 (III, 1-4 et 6-8, à tête féminine, provenance hypothétique).

79 Hus 1966, p. 666.

80 Deux sarcophages de femmes de la famille des Tetnie (sur la présence de cette famille à Vulci, Berrendonner 2006) : Helbig 1880a, p. 215 (CIE, II, 5246 = ET Vc 1.9), avec figure de Vanth, attribué par Marcelliani à la tombe m (voir supra, n. 28) ; postérieurement aux fouilles Marcelliani, Rivista di epigrafia etrusca, Studi etruschi (= REE, SE), 31, 1963, p. 199, no 26 (M. T. Falconi Amorelli) = ET Vc 1.10, sarcophage à couvercle en bâtière découvert en 1952 dans une tombe à cinq chambres « nella necropoli di Cavalupo ». Un troisième sarcophage, trouvé en 1880, est conservé à la Ny Carlsberg Glyptotek depuis 1893 : REE, SE, 56, 1989-1990, p. 296-298 (E. Paschinger) = ET Vc 7.42 ; sa cuve est richement décorée sur trois de ses côtés, et son couvercle porte en bas-relief une représentation de Vanth, dont le nom est mentionné sur un cartouche. D’autres sarcophages sont mentionnés dans le ms. Marcelliani : fol. 17v, tombe h, sept sarcophages ; fol. 20v, tombe m, deux sarcophages, dont un inscrit ; fol. 33v, tombe 17, sarcophage à couvercle figuré féminin, dont Helbig 1880, p. 149, précise qu’il était acéphale.

81 Kaimio 2017, no 969, p. 280, cippe-chapiteau de colonne toscane, découvert en 1953, « presso l’argine del fossato vicino alla necropoli di Mandrione di Cavalupo », REE, SE, 31, 1963, p. 199, no 25 (M. T. Falconi Amorelli) et REE, SE, 38, 1970, p. 324, no 3 (H. Rix) = ET Vc 1.10 ; p. 282, no 983, cippe cubique (Cristofani Martelli 1977, p. 287, no 15 = ET Vc 1.16) ; ce dernier peut être identifié comme celui trouvé dans la tombe 18, ms. Marcelliani fol. 35r, avec une « base oblonga » également inscrite (Cristofani Martelli 1977, p. 286-287, no 14). Le nombre de cippes inscrits de Cavalupo est donc très faible : l’inventaire dressé dans Kaimio 2017 en recense treize du Ponte Rotto, sept de l’Osteria, six de Camposcala et trois de la Polledrara. Les blocs de nenfro inscrits des tombes Q (ms. Marcelliani, fol. 10v, « grande sasso quadrilungo di ciotto nenfro […] esso porta una scritta che mal distinguesi ») et R (fol. 11r, « un sasso scritto » : Cristofani Martelli 1977, p. 286, no 13) ont pu appartenir à des cippes ; la « lastra » CIE, II, 5245 = ET Vc 1.8 (Helbig 1880a, p. 149, probablement de la tombe g, mais non mentionnée dans le ms. Marcelliani), à une architrave.

82 Ces deux miroirs, datés des IIIe-IIe siècles, se rattachent au Kranzspiegelgruppe : Helbig 1880, p. 149-150 (CIE, III, 3, 11118 = Vc S.26), figurant Castor, Pollux, Œnone et Atrée ; Helbig 1880b, p. 212 (CIE, III, 3, 11119 = Vc S.25), figurant Hector, Hélène, Paris, Hécube et Priam. Le ms. Marcelliani permet de préciser leur provenance, respectivement la tombe B pour le premier, la tombe h pour le second ; il signale au total une quinzaine de miroirs (tombes B, U, d, h, i, 4, 7, 8, 15, 17, 18, 39, avec deux exemplaires dans les tombes 1 et 8), dont certains sont suffisamment précisément décrits pour pouvoir faire l’objet, à l’avenir, d’une tentative d’identification.

83 Le ms. Marcelliani mentionne deux statuettes figurant Énée avec Anchise et Ascagne (fol. 18v, tombe h et fol. 33r, tombe 14), quatre masques (fol. 18v, tombe h ; Helbig 1880b, p. 214), un bœuf (fol. 32v, tombe 12) et huit fruits (fol. 21r, tombe m). S’y ajoutent une statuette en terre cuite d’acteur comique (Helbig 1880b, p. 212-213 ; Messerschmidt 1931, fig. 1, de la tombe a cassone m dont elle pourrait attester, avec d’autres éléments du mobilier qui lui est attribué, de la réutilisation à l’époque hellénistique) et une gourde en terre cuite figurant Héraklès au jardin des Hespérides (fol. 18v, tombe h) : voir Messerschmidt 1930, p. 24-25, Kossatz-Deissmann 1994 et LIMC, suppl. 2009, p. 252 et 262 (S.J. Schwarz) ; compte tenu du contexte, une datation autour de 300 av. J.-C. semble la plus plausible.

84 Marcelliani indique seulement vaguement au fol. 40r que dans la tombe a caditoia 26 (voir supra, note 63) « Le suppellettili erano di epoca più romana che etrusca », et signale, au fol. 22v, la découverte de « otto monete romane poste una sull’altra ».

85 Pour une approche similaire appliquée à l’ensemble du site, habitat et nécropoles, voir Pocobelli 2003.

86 Le survol drone a été effectué par Giacomo Mazzuoli en mai 2022. Sur l’exploitation de ce type de documentation, voir Poirier – Hautefeuille – Calastrenc 2017.

87 Sánchez 2018. La campagne de détection LiDAR de l’Italie a été réalisée entre 2008 et 2015 ; bien qu’incomplète, elle intègre le site de Vulci.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – La nécropole de Cavalupo est implantée face à l’acropole du site de Vulci, dont la sépare le cours du Fiora ; vers l’ouest (Benjamin Houal).
URL http://journals.openedition.org/mefra/docannexe/image/14541/img-1.jpg
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Titre Fig. 2 – Original du plan de la nécropole dressé par le Ministero della Pubblica Istruzione en 1880. DAI Rome, Archiv-A-VII-40-004 (redessiné et publié par Messerschmidt 1930, Beilage 1).
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Titre Fig. 3 – Calage du plan de 1880 dans la topographie actuelle du site (Benjamin Houal).
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Titre Fig. 4 – Plan du secteur fouillé par Alexandrine et Lucien Bonaparte au Ponte Rotto, publié en 1829 (Nørskov 2009, fig. 1, d’après Bonaparte 1829, pl. h. t.). Le secteur G jouxte, vers le nord, la fouille de Francesco Marcelliani ; toute la zone, depuis la Badia, était alors englobée sous le vocable de Cavalupo.
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Titre Fig. 5 – Plan du site avec l’indication des secteurs de fouille de Stéphane Gsell (Gsell 1891, pl. h. t.).
URL http://journals.openedition.org/mefra/docannexe/image/14541/img-5.jpg
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Titre Fig. 6 – La typologie des tombes et les indications figurant dans le manuscrit de Marcelliani permettent d’attribuer les tombes figurant sur le plan de 1880 à trois phases bien distinctes, villanovienne, orientalisante/archaïque, hellénistique ; l’échelle et le nord sont donnés à titre encore indicatif (Benjamin Houal).
URL http://journals.openedition.org/mefra/docannexe/image/14541/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 921k
Titre Fig. 7 – Blocs erratiques d’architecture en nenfro, dont l’un inscrit, demeurés en surface dans la nécropole (cl. Benjamin Houal).
URL http://journals.openedition.org/mefra/docannexe/image/14541/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 1,8M
Titre Fig. 8 – Extrémité orientale d’une grande tombe à couloir central du versant nord de la nécropole ; elle ne figure pas sur le plan de 1880 (cl. Benjamin Houal).
URL http://journals.openedition.org/mefra/docannexe/image/14541/img-8.jpg
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Titre Fig. 9 – L’orthophotographie aérienne ne permet pas, à elle seule, de localiser des tombes (Giacomo Mazzuoli).
URL http://journals.openedition.org/mefra/docannexe/image/14541/img-9.png
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Titre Fig. 10 – Interprétation de l’image LiDAR du GeoPortale Nazionale (Benjamin Houal).
URL http://journals.openedition.org/mefra/docannexe/image/14541/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 97k
Titre Fig. 11 – Étapes successives de l’étude numérique d’une tombe (Benjamin Houal).
URL http://journals.openedition.org/mefra/docannexe/image/14541/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 71k
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Pour citer cet article

Référence papier

Benjamin Houal et Vincent Jolivet, « La nécropole de Cavalupo à Vulci : état des lieux »Mélanges de l'École française de Rome - Antiquité, 135-1 | 2023, 129-148.

Référence électronique

Benjamin Houal et Vincent Jolivet, « La nécropole de Cavalupo à Vulci : état des lieux »Mélanges de l'École française de Rome - Antiquité [En ligne], 135-1 | 2023, mis en ligne le 27 juillet 2023, consulté le 29 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/mefra/14541 ; DOI : https://doi.org/10.4000/mefra.14541

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Auteurs

Benjamin Houal

Atelier Archéologie 3D, Grenoble - benjamin.houal@neuf.fr

Vincent Jolivet

CNRS, UMR 8546, Paris - vincent.jolivet@ens.fr

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Droits d’auteur

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