Navigation – Plan du site

AccueilNuméros134-2Religion et humanitaire : renouve...Introduction

Sommaire -
Religion et humanitaire : renouveau historiographique et chantier des archives Pie XII

Introduction

Histoire croisée entre religion et humanitaire
Marie Levant et Nina Valbousquet
p. 187-207

Résumés

Français English

Depuis une vingtaine d’années, l’histoire de l’humanitaire connaît un essor remarquable. Pourtant la dimension religieuse de ce champ d’études reste encore à explorer, particulièrement dans le cas de l’Église catholique. L’ouverture récente des archives du Vatican pour le pontificat de Pie XII (1939-1958) offre de nouvelles sources pour aborder cette histoire qui se joue sur plusieurs échelles, du local au global. L’introduction de ce dossier présente ainsi un état de la recherche au croisement de l’histoire religieuse et de l’humanitaire. Elle souligne les spécificités de l’activité d'assistance menée par le Saint-Siège dans le contexte plus général d’une transformation de l’humanitaire face aux violences totalitaires, à la Seconde Guerre mondiale, aux reconfigurations migratoires de sortie de guerre, et à la reconstruction.

Haut de page

Texte intégral

Fig. 1 – Illustration extraite de l'opuscule : M. Gillet, L'aide catholique aux enfants palestiniens réfugiés au Liban, Beyrouth, 1950.

Fig. 1 – Illustration extraite de l'opuscule : M. Gillet, L'aide catholique aux enfants palestiniens réfugiés au Liban, Beyrouth, 1950.
Agrandir Original (png, 1,8M)
  • 1 ACDF, Rerum Variarum 1928 2 c. 206 Amici Israel, f. 65/4, avis de Mgr Virgilio Dalpiaz du 16 décem (...)

1Entre novembre 1944 et mars 1945, le père capucin Pierre Marie-Benoît fait l’objet d’une enquête du Saint-Office en raison de ses contacts fréquents avec la communauté juive à Rome et de son aide charitable envers les rescapés et réfugiés juifs (pour certains convertis), des relations jugées potentiellement dangereuses pour l’intégrité de la foi catholique. Un avis d’un des consulteurs de la Congrégation en décembre 1944 éclaire les positions de l’Église vis-à-vis de l’aide humanitaire : l’action du religieux français suivrait un dessein « au fond purement philanthropique et humanitaire » et « pour atteindre cette finalité naturelle, le père Benoît compromet le champ surnaturel de la foi »1. Le consulteur classe ainsi l’aide humanitaire dans une dichotomie plus large et héritée d’une tradition intransigeante dans laquelle l’ordre surnaturel est supérieur aux finalités naturelles.

  • 2 Zuccotti 2015.

2L’exemple choisi du père Marie-Benoît – reconnu « Juste parmi les nations » par Yad Vashem en 1966 pour son aide en faveur de quelques 4 000 Juifs entre France et Italie2 – montre que les modalités de la charité et des sauvetages ont pu soulever pour Rome des questions dogmatiques et des doutes théologiques. En interrogeant les interactions entre aide humanitaire et normes ecclésiastiques, ce cas nous invite à examiner dans quelle mesure la doctrine chrétienne a pu être un moteur de l’action humanitaire, à la fois comme cause et comme facteur de légitimation, ou au contraire un frein voire un obstacle – ici en raison de la peur d’une « contamination spirituelle » quand l’aide vise des non-chrétiens.

  • 3 Parmi les publications récentes : Coco 2020 ; Kertzer 2022 ; Perin 2022 ; Regoli – Sanfilippo 2022 (...)
  • 4 Voir la synthèse de Pierre Blet : Blet 1999. Les volumes sont aujourd’hui téléchargeables en ligne (...)

3Il y a bien là un nœud à défaire entre humanitaire et religion, et une analyse à conduire sur cette articulation, en particulier sous le pontificat de Pie XII (1939-1958). Notre exemple initial touche bien sûr à la question épineuse du Vatican face à la Shoah sur laquelle l’ouverture des archives Pie XII en 2020 a de nouveau attiré l’attention publique et médiatique, et offert déjà de premiers résultats de recherche3. Mais l’approche de ce thème controversé mériterait justement d’être renouvelée et révisée en étant insérée dans une discussion historiographique plus large sur les liens entre humanitaire et religion. Comme le montre la citation ci-dessus, extraite des archives de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, au-delà des aspects les plus sensationnalistes de cette ouverture des fonds Pie XII, les nouveautés et les apports sont probablement plus à attendre dans le champ de l’histoire de la sortie de guerre, de l’assistance et de la reconstruction, que dans celui de l’histoire essentiellement diplomatique de la Seconde Guerre mondiale déjà en partie documentée par la publication des onze volumes des Actes et Documents du Saint-Siège (ADSS)4. Ces documents, recueillis, sélectionnés et édités par une commission d’historiens jésuites entre 1965 et 1981, provenaient essentiellement de la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires, en charge des relations avec les États. Par rapport à ceux-ci, l’ensemble des archives Pie XII permet désormais une plongée dans une masse documentaire beaucoup plus variée. Les suppliques, les lettres, les rapports, de nombreux dossiers nominatifs, des photographies, des comptes rendus divers et des bilans de répartition des dépenses, issus par exemple des fonds des nonciatures et délégations apostoliques, de dicastères comme la Congrégation pour la Propagande de la foi (relative aux espaces de missions) ou celle pour les Églises orientales, mais aussi d’organismes ad hoc créés lors de la Seconde Guerre mondiale ou à sa sortie (la Commissione Soccorsi, la Pontificia Commissione di Assistenza, l’Ufficio Migrazione, notamment, en plus du déjà connu Ufficio informazioni per i prigionieri di guerra), constituent un continent archivistique à même de permettre une étude approfondie des normes et pratiques de l’action humanitaire et plus généralement assistentielle du Saint-Siège. En guise de repère, nous joignons à cette introduction un tableau offrant un récapitulatif de ces différentes agences pontificales.

  • 5 Barnett 2011.
  • 6 Colucci 2008 ; Gatrell 2013 ; Humbert 2020 ; Diaz 2021.
  • 7 Siméant 2009. Voir aussi : Weber 1996 ; Brauman 2009.
  • 8 Brauman 2009 ; Barnett 2011.
  • 9 Kott 2021.
  • 10 Reinisch – White 2011 ; Cohen 2012 ; Nasaw 2020.

4L’ouverture exceptionnelle de ces archives recouvre par ailleurs une période doublement charnière pour le développement de l’humanitaire. En effet, le cataclysme de la Seconde Guerre mondiale ouvre un tournant – l’« âge du néo-humanitarisme5 » – autant par l’ampleur des terrains d’intervention et des nouveaux circuits de migrations que par les transformations des modalités de l’aide. Le conflit a généré plus de 50 millions de déplacés, et plus de 20 millions de personnes sont encore dispersées en Europe en 1945 ; une crise massive des réfugiés, reflétée par la désignation d’une nouvelle catégorie, celle plus générale et aux contours parfois flous des déplacés (displaced persons, DPs). S’y s’ajoutent de nouvelles vagues de migrations contraintes par le travail et la pauvreté (depuis l’Italie par exemple), tandis que les premiers conflits de la Guerre froide et de la décolonisation entraînent de nouveaux déplacements massifs au-delà du vieux continent (en Inde, en Chine, en Corée et en Palestine notamment)6. Face à ces crises multiples, les organisations non gouvernementales, qui avaient commencé à émerger au sortir du premier conflit mondial – et que l’historiographie récente a pu qualifier de véritables « entreprises de biens de salut »7 – connaissent une croissance rapide : environ 200 ONG nouvelles se constituent entre 1945 et 1949, majoritairement aux États-Unis, à l’exemple de CARE (1945), mais parmi lesquelles on compte aussi la britannique OXFAM (1942)8. Les États-Unis, via cette assistance privée, mais aussi au moyen de structures publiques comme le War Relief Control Board, dominent très largement les efforts de secours pendant le conflit. Si à l’issue de la guerre, l’influence nord-américaine demeure prégnante, la reconstruction, la Guerre froide et les premières décolonisations marquent plus généralement un engagement nouveau des États sur le terrain humanitaire. Dès lors, si les principes d’indépendance et de neutralité hérités de la Croix-Rouge sont toujours revendiqués, en pratique l’humanitaire n’échappe guère aux enjeux de la bipolarisation. Enfin, l’apparition d’organisations supranationales, onusiennes en majeure partie, dans le secteur spécifique de l’aide, s’inscrit dans un tournant transnational plus général et dans des formes nouvelles de gouvernance globale9. On compte ainsi dès 1943 la United Nations Relief and Rehabilitation Administration (UNRRA), et après la guerre l’Unesco (l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture), l’Unicef (le Fonds des Nations unies pour l’enfance), et particulièrement pour ce qui nous concerne ici l’International Refugee Organization (IRO) qui devient en 1950 le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR)10.

  • 11 Rodogno 2022.
  • 12 Brodiez – Dumons 2009 ; Barnett 2011.

5Précisons par ailleurs que ces structures diverses ne travaillent pas en vase clos mais à la fois en coopération et en concurrence, ce qui contribue au développement des départements de fund raising, et plus généralement à l’accélération de la professionnalisation du secteur. Un dernier élément qui caractérise la période est une préoccupation essentiellement nouvelle – quand bien même elle émerge déjà pour le Moyen-Orient de l’entre-deux-guerres11 – pour un « au-delà » de l’urgence, en lien avec l’élargissement du welfare state, et qui inclut la reconstruction, physique, morale et culturelle, sur le long terme ; ce qui débouche un peu plus tard sur l’humanitaire dit de développement12.

  • 13 Ferris 2005 ; Barnett – Gross Stein 2012.
  • 14 Furniss – Meier 2012 ; Saunders – Snyder – Fiddian-Qasmiyeh 2016.

6L’engagement humanitaire des Églises est alors ample et multiple, à l’image de nouvelles ONG confessionnelles telles la Cimade en France, Aid to the Church in Need en Allemagne, Caritas International à Rome, le Catholic Relief Services de l’épiscopat américain (CRS) ou bien encore l’évangélique World Vision – aujourd’hui l’une des plus grandes ONG au niveau mondial13. Or, bien que l’historiographie de l’humanitaire connaisse un essor remarquable depuis une vingtaine d’années, et ait commencé à se pencher sur les relations entre humanitaire et religion, l’Église catholique demeure certainement le parent pauvre d’une historiographie plus centrée sur le monde protestant14. Ce dossier entend poser un premier jalon pour combler cette lacune et amorcer les pistes de recherche, au croisement de l’histoire religieuse et de l’humanitaire, d’un grand chantier archivistique pour les années à venir.

Fig. 2 – The Human Side of UNO, dans New York Times, 2 février 1946, p. 11.

Fig. 2 – The Human Side of UNO, dans New York Times, 2 février 1946, p. 11.
Agrandir Original (png, 466k)

L’Église catholique et le Vatican : un domaine encore peu exploré par l’historiographie sur l’humanitaire

  • 15 Brodiez – Dumons 2009.
  • 16 En plus des références citées ci-dessus, voir aussi : Kévonian 2004 ; Salvatici 2015 ; Paulmann 20 (...)
  • 17 Barnett 2011.

7Accompagnant la remise en cause de la gouvernance nationale et de l’État-providence, un « nouveau paradigme humanitaire15 » s’est affirmé au cours du XXe siècle, dans un contexte de mondialisation. L’étude de ce phénomène a connu un essor remarquable, appuyé sur l’histoire sociale, l’approche globale et les études transnationales16. Sa définition, d’abord forgée par la Croix-Rouge autour des notions d’impartialité, de neutralité et d’indépendance, s’est à la fois précisée et complexifiée. Nous en retenons ici les éléments principaux, à savoir une compassion au-delà des frontières nationales – qui distingue l’humanitaire du care par exemple – et une dimension universelle – l’humanité –, elle-même emprunte des Lumières et du mouvement de sécularisation ; ce qui amène à différencier en particulier l’humanitaire faith-based de formes plus traditionnelles de compassions et de solidarités confessionnelles telles la tsedaka juive, la charité chrétienne, la zakât ou le waqf dans l’islam. Pour autant, l’action humanitaire prise dans son ensemble est bien souvent mue par quelque chose de l’ordre de la transcendance, précise Michael Barnett17. L’historien américain ajoute une autre caractéristique encore : la dimension organisationnelle de l’humanitaire, qui a quelque chose à voir avec la volonté de construire le progrès et de rendre les sociétés perfectibles.

  • 18 Par exemple : Prudomme 2005 ; Taithe 2012 ; Faure – Yankaya – Ferrière 2022. Pour le Moyen-Orient (...)
  • 19 Duriez – Mabille – Rousselet 2007, p. 9-19 ; Furniss – Meier 2012.
  • 20 Paulmann 2013 ; Paulmann 2019 ; Möller – Paulmann – Stornig 2020.

8C’est donc assez logiquement que les historiens se penchent depuis quelques années sur sa dimension religieuse, en lien avec le renouveau de l’étude des missions chrétiennes18, quand bien même il reste beaucoup à explorer, particulièrement dans le cas du catholicisme19. Nous avons souhaité en ce sens ouvrir ce dossier par un entretien avec deux spécialistes de l’histoire de l’humanitaire, Johannes Paulmann et Esther Möller, de l'Institut Leibniz d'histoire européenne (IEG). Leurs bilans et perspectives de recherche permettent d’ouvrir une discussion sur les articulations possibles entre cet essor historiographique du champ de l’humanitaire et le domaine des études religieuses. En particulier, ils nous offrent des points de comparaison sur les questions des médias, de l’humanitaire musulman, du genre, ou encore sur l’agentivité des bénéficiaires de l’aide20.

  • 21 Kévonian 2005. Voir aussi : Skran 1995 ; Haddad 2008 ; Reinisch – Frank 2017 ; Siegelberg 2020.
  • 22 Cabanes 2014.
  • 23 Sur le prisme des « cases nationales », en particulier, voir Frank – Reinisch 2017, Introduction, (...)

9L’historiographie de ces vingt dernières années s’est particulièrement intéressée aux mutations de l’aide humanitaire en relation avec le droit international (des conventions de Genève et du passeport Nansen au HCR) et avec les migrations forcées de la Première à la Seconde Guerre mondiale (Russes, Arméniens, Juifs, DPs), dans un contexte d’« institutionnalisation du champ humanitaire international21 ». La transformation des principes et des pratiques humanitaires du premier XXe siècle à l'après-1945 est en effet ancrée dans un contexte d’internationalisation des droits. Comme le souligne Bruno Cabanes, il est indispensable de prendre en compte en même temps l’action humanitaire sur le terrain et l’évolution du discours humanitaire intégrant de plus en plus les droits humains22. Cette question des réfugiés a été renouvelée plus récemment encore par une approche « par le bas », une attention aux voix et trajectoires des acteurs, des intermédiaires et des réfugiés eux-mêmes, au-delà des sources institutionnelles marquées par le prisme de « cases nationales23 ».

  • 24 Menozzi 2012 ; Moyn 2015 ; Zuber 2017 ; Loeffler 2018.
  • 25 Duriez – Mabille – Rousselet 2007, p. 9-19 ; Fath 2007 ; Benthall – Bellion-Jourdan 2009.

10Or, comme le déplorent tour à tour Samuel Moyn et Daniele Menozzi, la dimension religieuse de ces développements des droits, comme il en va de l’humanitaire et de l’étude des migrations, reste encore peu étudiée dans l’historiographie24. En outre, les dynamiques mises en lumière dans des travaux majoritairement anglophones paraissent davantage portées par l’humanitaire protestant, et plus récemment musulman25. Il en va ainsi par exemple de l’idée d’un certain effacement du religieux dans l’humanitaire au cours du second XXe siècle, alors qu’il avait joué un rôle central dans l’humanitaire moderne, et d’une réoccupation du terrain ces dernières années. Or, il est possible aujourd’hui de réviser cette lecture au regard des développements de l’humanitaire catholique, où l’euphémisation du religieux a semble-t-il été plus partielle, en partie en raison du rôle plus prégnant de la hiérarchie ecclésiastique.

  • 26 Sur le paradoxe d’une historiographie de l’Église catholique encore divisée en écoles nationales, (...)
  • 27 Ferragu 2014.

11Dans l’analyse historique des mutations du droit international et des réponses humanitaires aux crises migratoires, l’Église catholique demeure négligée, et quand elle ne l’est pas, c’est souvent au prisme d’écoles historiographiques nationales26. Ne constitue-t-elle pas pourtant un acteur transnational par excellence ? Et le Saint-Siège en particulier, à sa tête, ne se distingue-t-il par sa capacité à activer sur plusieurs fronts sa diplomatie traditionnelle, une puissance morale construite depuis le milieu du XIXe siècle27, les Églises locales et un vaste réseau associatif ?

  • 28 Cf. par exemple le programme New approaches to Medical Care, Humanitarianism and Violence during t (...)

12Les archives du Vatican désormais ouvertes pour le pontificat de Pie XII permettent de dépasser ces écueils, ainsi que d’étudier les transformations de l’humanitaire catholique en pensant ensemble les périodes de l’entre-deux-guerres, de la guerre et de la sortie de guerre, jusqu'à la reconstruction des années 1950. Le caractère inédit du chantier archivistique ainsi que l’approche croisée entre histoire de l’Église et histoire de l’humanitaire offrent la possibilité d’un renouvellement des questions historiographiques. L’un des apports des archives vaticanes est notamment d’offrir la perspective d’une histoire transnationale et globale. Tandis que les travaux sur les réfugiés de la guerre et de l’après-guerre se sont plutôt concentrés sur le vieux continent, en raison probablement de l’horizon prioritairement européen des interventions internationales et notamment de la Convention de Genève de 1951, la dimension globale de l’action vaticane et sa gouvernance à l’échelle universelle permettent de sortir de ce prisme aréal. En s’intéressant à l’Asie et au Moyen-Orient en particulier, ce dossier rejoint de nouvelles attentions de la recherche28.

Nouveaux apports des archives vaticanes et questions de recherche

  • 29 Pettinaroli 2009 ; Michel 2012.

13La richesse des archives vaticanes et la variété de thématiques qu’elles permettent d’approfondir au-delà de l’histoire de l’Église, mais bien aussi dans les domaines de l’histoire sociale et culturelle, de la science politique et des relations internationales, est aujourd’hui reconnue, au vu notamment des travaux menés depuis la dernière ouverture, en 2003-2006, qui avait concerné les fonds du pape Pie XI (1922-1939)29. Loin de se limiter à une perspective d’en haut, ces archives offrent à l’historien une multitude de points de vue et d’acteurs permettant de varier les échelles et les focales d’analyse – dossiers documentaires collectés sur le terrain, photographies, rapports informés, ou bien encore suppliques et lettres de bénéficiaires y sont par exemple rassemblés. Ainsi, il est désormais possible d’examiner la ou les politiques humanitaires du Saint-Siège telles qu’elles s’expriment dans les arbitrages contrastés de la Curie romaine, dans la diplomatie des nonces, et dans le développement exponentiel, au sortir du second conflit mondial, d’une administration de la charité avec de nouveaux bureaux et des organismes spécifiques.

14Mais ce dossier ne se limite pas au seul chantier romain, bien au contraire, car la nature de ces fonds incite au croisement de sources. La consultation des archives du Vatican permet d’exhumer des acteurs et leurs réseaux insérés dans des phénomènes multiscalaires, invitant ainsi à croiser ces informations avec d’autres fonds d’archives : celles, par exemple, du Bureau international du Travail, du Comité international de la Croix-Rouge et de la YMCA (Young Men’s Christian Association) à Genève ; les archives onusiennes, celles du « Joint » (American Jewish Joint Distribution Committee) à New York et à Jérusalem, ou encore les archives missionnaires et diocésaines, comme celles de différentes agences catholiques. En retour, ces autres fonds offrent une dimension comparative avec les archives vaticanes, éclairant ainsi la spécificité des différentes formes d’internationalisme humanitaire et d’humanitaire confessionnel. Comme ils permettent de mieux appréhender les collaborations – plus fréquentes sur le terrain que ne le laissent parfois penser des archives « centrales » –, ou des dynamiques plus concurrentielles.

15Ce dossier entend ainsi contribuer à une définition en cours de l’humanitaire confessionnel, et plus spécifiquement pontifical, en suivant une série de questions exploratoires.

Quelle diplomatie humanitaire du Saint-Siège ?

  • 30 Valente 2003 ; Pettinaroli 2015 ; Ruyssen 2013-2015 ; Ruyssen 2019 ; Melloni – Cavagnini – Grossi (...)
  • 31 Voir notamment Dieguez – Sanfilippo 2022.
  • 32 Sur ces différentes notions, voir par exemple Duprat – Petit 1994 ; Fassin 2010 ; Zunz 2012 ; Ruiz (...)

16Une première série de questions de recherche concerne les fondements politiques et théologiques de l’action du Saint-Siège en matière d'aide humanitaire, au regard d’expériences passées, tels que la tradition missionnaire, le christianisme social du XIXe siècle, ou encore les perspectives du catholicisme intransigeant de reconstruction d’une société chrétienne. La diplomatie de l’assistance mise en œuvre par la papauté durant la Première Guerre mondiale, à l’égard des prisonniers de guerre européens, des Arméniens et des populations du Moyen-Orient, des affamés de Russie et des enfants d’Europe centrale à la sortie du conflit, est par ailleurs déterminante30. Non dénuée d’enjeux politiques et missionnaires, elle n’englobe plus seulement des actions relevant de solidarités confessionnelles, comme cela avait été majoritairement le cas jusque-là notamment dans l’aide aux migrants – essentiellement encore italiens31. Quand bien même les chrétiens restent une priorité, il s’agit déjà d’un humanitaire plus universel, n’étant plus tourné vers les seuls catholiques. Ce dossier contribue ainsi aux réflexions sur les articulations avec d’autres formes plus traditionnelles de compassion, charité, bienfaisance et philanthropie. Ces formes circonscrites, et parfois plus confessionnelles, de secours, viennent s'agréger et nourrir une vision plus globale, ample et transcendant les frontières (géographiques, confessionnelles, politiques) : l'humanitaire32.

17Dès lors que la neutralité revendiquée sur la scène internationale n'exclut pas un engagement sur le terrain politique – ramassé derrière la défense de droits humains –, il s’agit bien aussi d’examiner les formes de plaidoyer qui accompagnent cet engagement sur le terrain des secours, dans le cadre des nouvelles formes, multilatérales, de prise en charge des réfugiés. De Genève à New York, comment le Saint-Siège se positionne-t-il face aux nouveaux instruments de gouvernance internationale des migrations, et quel rôle joue-t-il ou revendique-t-il quant à leur élaboration ?

  • 33 Sur la diplomatie spécifique du Vatican, voir par exemple Kent – Pollard 1994 ; Croce 1997 ; Fatto (...)

18Peut-on parler alors d’une véritable politique humanitaire dans la diplomatie des représentants du Saint-Siège auprès des États, dans les arbitrages de la Curie romaine et dans une certaine centralisation romaine de l’aide catholique – qu’illustre en particulier la constitution à Rome de Caritas Internationalis en 1951 ? Dans quelle mesure, le Vatican – micro-État et puissance sans armée – utilise-t-il l’humanitaire aussi comme un outil diplomatique et de légitimation sur une scène internationale bouleversée et face aux mutations de la souveraineté33? Par son statut spécifique, d’État ecclésiastique, à la fois pouvoir temporel et spirituel, le Vatican nous semble en effet offrir un observatoire privilégié de l’humanitaire comme forme de diplomatie et de politique.

Normes, échelles et pratiques de l’humanitaire du Vatican

19L’approche croisée entre religion et humanitaire soulève naturellement la question des normes de l’assistance vaticane. Dans quelle mesure la pensée chrétienne et l’humanitaire catholique façonnent-ils des catégories et des critères influençant les modalités de l’aide ? Quelle est la spécificité du discours catholique humanitaire sur les terrains d’intervention et les populations aidées ? Réciproquement quels sont les effets en retour sur les évolutions théologiques du catholicisme, et cela à plusieurs échelles, en rapport aux droits de l’homme et aux relations interreligieuses notamment ?

  • 34 Voir par exemple Sanfilippo 2022 au sujet de Montini et de Baldelli.

20Ce dossier doit permettre également de mieux cerner le fonctionnement, encore largement méconnu, de cette administration vaticane de la charité, ainsi que les modalités de l’aide et ses transformations. Il s’agit d’en analyser de plus près les rouages, les figures motrices, et le personnel – ecclésiastique ou non – qui y est rattaché. Ainsi, les organismes et bureaux reportés dans le tableau ci-joint nous sont encore assez mal connus, d'autant plus que les compétences de l'un à l'autre ne semblent pas toujours bien distinctes : elles varient plutôt selon la période, la personne qui transmet une requête ou un dossier, celle qui les reçoit en premier lieu. En arrière-plan, ce sont aussi plusieurs approches de l'assistance qui se profilent, et qu'il convient d'examiner34. En élargissant le regard à l’associationnisme des fidèles et aux agences catholiques qui, nombreuses, émergent dans la période et se fédèrent, on peut aussi chercher à comprendre comment fonctionne cette constellation, ou comment le Vatican cherche à la façonner. Le choix de penser ensemble le second conflit mondial, la sortie de guerre, et les crises provoquées par la Guerre froide et les premières décolonisations, nous permet alors de réfléchir à une possible maturation, un long process, depuis la fin des années 1930 et durant la guerre, qui aurait ouvert la voie à la mise en œuvre d’un humanitaire à grande échelle à la fin du conflit.

  • 35 Voir notamment Fouilloux 2011 et Steinacher 2011, ainsi que la mise au point historiographique dan (...)

21Quelques-unes des spécificités de cette assistance se dessinent, parfois revendiquées, et qu’il convient de vérifier, tels un personnel en large partie bénévole ou du moins non rémunéré pour ce type d’activités, ainsi qu’une préoccupation pour le long terme et la réhabilitation ancrée dans la tradition missionnaire. Il ressort aussi une attention portée sur ceux que d’autres organisations internationales peinent à intégrer ou choisissent d’exclure : par exemple les populations allemandes non concernées par les programmes de l’UNRRA et de l’IRO – via la Mission pontificale d’assistance en Allemagne notamment – comme le fait aussi de son côté la Lutheran World Relief ; ou bien encore les Dp’s hard-core demeurant dans les camps de réfugiés et plus difficiles à rapatrier. À ces spécificités s’ajoute la question complexe de l’aide aux anciens fascistes, nazis et collaborateurs, qui a pu être présentée par les prélats du Saint-Siège impliqués comme une action charitable en faveur de « réfugiés » dans l'après-guerre35.

  • 36 Constitution Exsul Familia du 1er août 1952 : Sanfilippo 2018, p. 80-89. Discours du 17 octobre 19 (...)
  • 37 Sur cette question de la catégorisation, voir Lochak 2013 ; Agier – Madeira 2017 ; Rodrigo 2019 ; (...)

22Il serait pertinent, par ailleurs, d’analyser les nouvelles archives disponibles à la lumière du magistère pacellien. On sait par exemple que le pontife élève en 1952 la migration au rang de droit naturel, après avoir rappelé l’obligation pour l’Église, l’année précédente, de s’occuper de toutes les migrations, qu’elles résultent de la guerre et de la persécution comme de la contrainte de la misère36. De ce point de vue, le religieux n’aurait-il pas à apporter à l’étude des catégorisations dans la perception et le traitement des migrations37 ?

23L’articulation des échelles du catholicisme constitue un niveau supplémentaire d’analyse, interrogeant la marge de manœuvre des Églises nationales et locales, en particulier dans leur rôle d’intermédiaire et de courroie de transmission entre les directions du Saint-Siège et les réalités du terrain. Comment les acteurs locaux (religieux, laïcs, associations caritatives et d’aide) investissent-ils le champ humanitaire dans des contextes différents et articulent-ils une bienfaisance sociale ciblée avec la cause humanitaire transnationale du Vatican ?

24Mais l'étude ne peut se contenter du seul point de vue interne à l’Église catholique : l’examen des influences extérieures, américaines surtout, et des grandes organisations humanitaires et onusiennes, ainsi que les interactions avec ces dernières, doit être pris en compte. Comment l'Église catholique étatsunienne, en particulier, intervient-elle dans ces secours, et avec quelles conséquences sur les conceptions et les modalités de l'aide ? Comment l’assistance vaticane s’articule-t-elle concrètement au nouveau cadre de l'humanitaire international ? Joue-t-elle un rôle de coordination, d’intermédiaire, et quelle est la teneur de sa participation ? Ces questions rejoignent le thème de la professionnalisation de l’humanitaire confessionnel, de la place de la technicité et des cultures managériales et, par là même, de la possible sécularisation de cet humanitaire catholique.

Confessionnalisation et sécularisation

  • 38 Brodiez – Dumons 2009, p.7

25Si au-delà de la neutralité affichée, on peut scruter les causes politiques sous-tendant l’humanitaire pontifical, une histoire complémentaire, par le bas, nous permet également d’approcher les moteurs de l’action humanitaire catholique par la vocation et l'expérience des acteurs. Comment l’aide humanitaire s’articule-t-elle à un éventail de phénomènes religieux allant de l’esprit missionnaire à la charité et au don de soi ? Axelle Brodiez et Bruno Dumons relèvent que « l’humanitaire apparaît comme un moyen contemporain d’actualisation de dispositions religieuses ne reposant pas tant sur la foi que sur des pratiques vécues comme positives (don de soi, vie de groupe, entraide, ascétisme, confrontation à l'extrême) et ainsi réactivées38 ». L’humanitaire est-il en somme l’expression du religieux par d’autres moyens et sous d’autres formes ?

26Tenter de définir la teneur véritablement confessionnelle de l’humanitaire catholique nous confronte à des frontières bien poreuses. Dès lors, l’humanitaire est-il un point de rencontre et de convergence avec d’autres confessions chrétiennes, voire non-chrétiennes ? Ou renforce-t-il au contraire la compétition et les antagonismes – en cette période, avec les Églises protestantes en particulier ?

27Quelles sont par ailleurs les influences mutuelles entre organisations confessionnelles et organisations séculières ? Enfin, si la rationalisation des moyens, la professionnalisation et le recours croissant à un personnel laïque ont entraîné une forme de sécularisation de l’humanitaire confessionnel à partir des années post-1945, l’implication du Saint-Siège et de ses différents relais ne révèle-t-elle pas aussi une dynamique inverse ?

Constitution du dossier : politiques et vocations de l’humanitaire confessionnel

  • 39 Les coordinatrices de ce dossier tiennent ainsi à remercier Laura Pettinaroli, directrice des étud (...)

28Ce dossier a d’abord été pensé dans le cadre du programme ANR Globalvat (2022-2025) Reconstruire le monde, les sociétés et la personne humaine (1939-58) : l'apport global des archives vaticanes, et du programme quinquennal de l’École française de Rome portant sur les archives Pie XII (2022-2026), qui ont permis d’organiser à Rome un atelier d’écriture et de discussion des premières versions des articles rassemblés ici39. Ce travail a permis de dégager quelques thèmes de réflexion transversaux aux articles de ce dossier.

Terrains d’intervention : politique humanitaire et neutralité

29Chacun des articles de ce dossier apporte sa contribution à une réflexion sur les terrains d’intervention de l’humanitaire religieux en général et catholique en particulier. Cette question de l’intervention humanitaire s’entend non seulement sur le plan géographique et social, mais aussi d’un point de vue de la légitimation (interne comme externe) : dans quels champs et dans quels contextes une institution religieuse peut-elle dépasser la stricte limite de ses fonctions ecclésiastiques pour entrer dans des domaines touchant inévitablement à la politique et à la géopolitique ?

  • 40 Discours au corps diplomatique et au Sacré Collège, les 23 février et 1er juin 1946, et constituti (...)

30Par la nature des diasporas et migrations religieuses, l’humanitaire confessionnel a une portée globale : d'où une attention dans ce dossier aux connections d’organisations religieuses européennes avec des espaces extra-européens, en particulier l’Asie et le Moyen-Orient. Le Saint-Siège lui-même adopte de plus en plus, dans cette période de transformation autour de la Seconde Guerre mondiale, une vision globale des questions humanitaires et migratoires, au nom de laquelle il participe à la Conférence de Genève sur le statut des réfugiés et des apatrides (1951). De la même manière, Pie XII rappelle plusieurs fois après la guerre l’obligation pour l’Église de s’occuper de toutes les migrations40. Annalaura Turiano et Joseph Viscomi, dans leur article autour des internés italiens en Égypte durant le conflit mondial, illustrent la traduction locale de cette approche de la catégorisation des migrations, en rapportant les paroles du délégué apostolique au Caire au sujet des Italiens d’Égypte considérablement appauvris et qu’il s’agit de faire entrer dans la catégorie des réfugiés : « If they are not geographically refugees, they are socially and economically refugees. »

31L’apparente neutralité politique et géopolitique de l’humanitaire religieux du Vatican permet à ses représentants de négocier un espace d’intervention dans des contextes en guerre ou de reconstruction, et de mettre en place une véritable diplomatie de la charité. Par exemple, la recherche d’un terrain d’entente autour de l’action humanitaire est de nouveau éclairée par A. Turiano et J. Viscomi. Dans ses négociations avec le gouvernement égyptien, le délégué apostolique du Saint-Siège, le britannique Mgr Hughes, met sur la table l’argument humanitaire présenté comme strictement religieux et donc dénué de toutes ingérences politiques : « Je suis sûr que votre Excellence partage avec moi la préoccupation humanitaire qu’inspire la religion » affirme-t-il au ministre égyptien des Affaires étrangères le 23 mai 1944. Hughes souligne l’universalisme de la mission charitable du Saint-Siège qui selon lui transcende les particularismes nationaux, y compris dans le cas des familles italiennes qu'il assiste. Pour se parer contre des accusations de partialité pro-italienne, le représentant diplomatique du Vatican affirme ainsi œuvrer charitablement pour cette population non pas en raison d’une préférence nationale mais essentiellement parce qu’elle est « victime de la guerre ».

32Si l’humanitaire confessionnel revendique, au nom d’une identité religieuse, une neutralité politique à l’égard des États et des conflits internationaux, la tension entre le principe de neutralité et la dimension politique de l’humanitaire du Vatican se pose bien. Elle émerge ainsi clairement dans l’aide aux captifs de guerre, comme le souligne l’article de Fabien Théofilakis sur l’assistance religieuse dans les camps de prisonniers allemands. Ces derniers font l’objet de rivalités pastorales entre Église catholique et organisations protestantes (YMCA et COE, Conseil œcuménique des Églises) car ils deviennent « le terrain d’une reconquête des âmes et des corps, que se disputent plusieurs protagonistes ». L’enjeu pour le Saint-Siège et les représentants des Églises catholiques française et allemande en est éminemment politique selon l’auteur : la reconstruction de l'Europe d'après-guerre autour d'un idéal d’Occident chrétien, christlisches Abendland.

33Outre les prisonniers et internés, un autre groupe est également au cœur d’une compétition entre organisations humanitaires confessionnelles et non-confessionnelles : les enfants victimes de guerre, tel que le met en lumière l’article de Camille Mahé. Il s’agit d'un terrain d’intervention privilégié pour le Vatican, notamment par l’action de la PCA-POA (Pontificia Commissione di Assistenza ai profughi-Pontificia Opera di Assistenza) dans l’Italie d'après-guerre, laquelle se confronte immédiatement aux organisations communistes sur ce sujet. La dimension politique et de plus en plus politisée de l’humanitaire catholique émerge ainsi plus nettement avec la Guerre froide, comme le souligne Donato Verrastro dans son article sur la formation de la PCA-POA et son rôle dans la reconstruction du travail après-guerre. La fonction anticommuniste de cet organe charitable du Vatican, créé durant la guerre mais amplifié dans l'après-guerre, s’accentue dans la « structuration de son activité ordinaire en dehors du temps d'urgence ». Ce qui se pose en creux au travers de ces articles, c’est aussi la question des possibles transformations de la charité catholique comme de la philanthropie laïque par le rapport avec l’humanitaire international.

34Au-delà d’un équilibre toujours fluctuant entre discours de neutralité et réalités politiques, c’est bien souvent parce qu’il peut se jouer des limites nationales et articuler entre elles plusieurs échelles complémentaires que l’humanitaire du Vatican peut avoir un impact et une marge d’intervention : en s’appuyant autant sur des réseaux transnationaux (Italie – Égypte – États-Unis dans le cas présenté par A. Turiano et J. Viscomi) que sur la capillarité locale de certaines de ces organisations d'assistance (le maillage très fin de la POA dans l’Italie d'après-guerre dans les articles de D. Verrastro et C. Mahé). Pour F. Théofilakis, c’est bien la « synergie systématique des échelles » qui constitue l’un des points forts du Vatican lui permettant d’intervenir plus rapidement et efficacement que les organisations protestantes dans les camps de prisonniers allemands, notamment par le financement de l’aumônerie catholique et l’envoi massif de valises-chapelles et de brochures, « autant de voies pénétrables empruntées par le soft power pontifical ».

  • 41 O’Sullivan – Hilton – Fiori 2016.

35Nous avons choisi d'intégrer l’article d’Inger Marie Okkenhaug comme contre-point stimulant, autour d’une autre action humanitaire de type confessionnel, celle des protestantes danoises du KMA [Kvindelige Missionsarbejdere ou Travailleuses de la mission] auprès des réfugiés arméniens, pendant et après le génocide, notamment pour accompagner leur réinstallation au Liban. Contrairement aux déclarations de neutralité politique des représentants du Vatican et des organisations catholiques, l’action humanitaire du KMA prend explicitement une dimension politique, d’identité nationale, au point d'intégrer le « roman national » danois et d’être racontée à l’école pour soutenir l’image glorieuse du Danemark qui porte secours aux Arméniens comme aux Juifs : « Si nous, Danois, pouvons retirer quelque fierté des opérations de sauvetage menées en 1943, lorsque nos citoyens juifs étaient menacés, nous pouvons retirer la même fierté des efforts du KMA en faveur des Arméniens. C'est une grande chance d'appartenir à un peuple qui accomplit des actes tels que ceux du KMA », affirmait ainsi il y a quelques années la présidente de la congrégation, Kirsten Vind, illustrant une forme de « patriotisme humanitaire41 ». Cet article sur un humanitaire confessionnel différent de celui catholique nous offre également une réflexion plus générale sur l’articulation entre politiques humanitaires et motivations des acteurs/actrices qui est transversale à l'ensemble de ce dossier.

Acteurs et actrices de l’humanitaire religieux : motivations, vocation, émulation

36Un second axe des articles de ce dossier porte en effet sur la question des acteurs de l’humanitaire confessionnel et de leurs motivations, entre vocation et émulation.

37Ainsi, comment les acteurs locaux (religieux, missionnaires, laïcs, associations) articulent-ils le champ humanitaire, avec ses éléments profanes et modernes de plus en plus prégnants, et la dimension confessionnelle de leur engagement ? Ce dossier souligne la tension entre, d’une part, l’action et les finalités spirituelles, et, d’autre part, les dimensions plus techniques du travail médical ou de la levée de fond, par exemple, dans un contexte d’accélération de la professionnalisation. Marie de Rugy explique comment cette professionnalisation accrue des infirmières catholiques autochtones, au Viêt Nam, à laquelle œuvrent les Filles de la Charité, vise le progrès des soins, en particulier le soin aux femmes, et contribue à l'amélioration de la condition féminine ; mais elle répond aussi à un but d’évangélisation, en s’appuyant sur l’exemplarité des sœurs et catholiques infirmières autochtones, leur dévouement, et leur capacité à pénétrer dans les familles (via la maîtrise de la langue avant tout) pour évangéliser davantage et tenir la concurrence avec d’autres christianismes missionnaires.

38De son côté, I.-M. Okkenhaug souligne les difficultés qui se posent aux sœurs protestantes missionnaires du KMA quand elles sont amenées à rejoindre une organisation d’échelle supérieure, le Near East Relief (NER), d’essence protestante mais aux pratiques plus sécularisées : tandis que les sœurs cherchent à garder les orphelins recueillis plusieurs années, pour les éduquer dans le catholicisme (orphelinat – école – église), le NER donne la priorité aux secours d’urgence, en cherchant à soigner, à guérir, puis à faire la place aux autres. Elle montre encore comment ces femmes orientent leur vocation et leur devoir religieux dans les secours auprès des réfugiés et orphelins arméniens, durant comme après le génocide – Maria Jacobsen était bien convaincue qu’elle avait été choisie par Dieu pour sauver les enfants arméniens. Ces secours constituent le seul moyen de trouver un sens, après les tragédies dont elles ont été témoins, et ce n’est plus une activité missionnaire parmi d’autres, puisqu'elle devient chez certaines la raison centrale de leur vocation ; comme si la vocation religieuse prenait sens dans la vocation humanitaire.

39Norig Neveu, dans son article sur les formes d’assistance de l’Église melkite aux réfugiés palestiniens en Jordanie, montre comment l’effort porté sur le soin médical ne résulte pas seulement de traditions missionnaires relativement courantes, mais aussi d’un choix plus stratégique, qui lui permet de bénéficier du concours d’organisations internationales et de l’appui du gouvernement d’Amman. Cette action s’exerce d’ailleurs au moyen d’une certaine internationalisation du personnel religieux, notamment chez les sœurs, à rebours du processus d’arabisation. À l'échelle de l’institution, cet humanitarisme constitue le fondement d’un redéploiement catholique oriental dans le pays : le nouvel ancrage de l’Église melkite à l’Est du Jourdain reproduit ainsi les espaces d’installation des réfugiés. N. Neveu donne à voir une confrontation intra-catholique dans le secteur de l’aide, entre latins et orientaux, qu’il s’agisse de la répartition des subsides reçus du Saint-Siège ou d’organismes internationaux, comme de leur utilisation, notamment dans le domaine scolaire ; et cela jusqu’à remettre en cause l’unité réalisée difficilement quelques années plus tôt entre les deux Églises pour coordonner leur œuvre éducative.

40La voix des secourus et des bénéficiaires n’est pas non plus tue. Les documents examinés par A. Turiano et J. Viscomi révèlent bien ce que l’historiographie définit comme une agency, c’est-à-dire ici une capacité des acteurs à se mouvoir parmi différentes structures d’assistance, religieuses, civiles, internationales, et à faire jouer les concurrences, loin de l’image de figures passives de l’émigration.

Faire l’histoire de l’humanitaire catholique : l’articulation indispensable avec d’autres fonds d’archives

  • 42 Voir notamment : Revel 1996 ; Bertrand – Calafat 2018.

41Enfin, les différents articles du dossier permettent de mettre en avant la nécessaire complémentarité entre les archives vaticanes et d’autres sources, reflétant ainsi les jeux d'échelles dont la pertinence pour l’histoire de l’humanitaire confessionnel a été précédemment mentionnée42. Dans leur article, A. Turiano et J. Viscomi soulignent l’importance d’associer les fonds du Vatican avec des archives locales, dans une perspective de micro-histoire globale. Les archives des missions, des sociétés de bienfaisance catholiques locales et de l’État égyptien permettent ainsi de rendre compte de l’articulation de l’humanitaire du Vatican aux réseaux d’aide locaux et surtout de sa réception par la société égyptienne. De même, pour l’exemple de la PCA-POA, D. Verrastro s’appuie sur une connaissance des archives diocésaines italiennes, dans lesquelles la réception locale de cet organisme capillaire du Vatican est soigneusement documentée.

42L'étude des compétitions et collaborations entre plusieurs organisations humanitaires confessionnelles et non-confessionnelles se traduit nécessairement par une approche prismatique confrontant plusieurs fonds d’archives. Ainsi sur la captivité, F. Théofilakis mobilise les archives militaires allemandes (Bundesarchiv-Militärarchiv, Fribourg), les archives d’Églises protestantes d’Allemagne (Evangelische Kirche, dans Deutschland, Berlin) les archives de la Croix-Rouge (CICR, Genève), les archives de l'aumônerie catholique française (au Centre national des archives de l’Église de France, CNAEF, Issy-les-Moulineaux) et bien-sûr les archives genevoises de la YMCA et du COE. De même, C. Mahé replace les archives vaticanes de la PCA-POA dans le contexte d’une compétition pour l’aide à l'enfance victime de guerre, en associant les archives nationales italiennes (Archivio Centrale dello Stato, Rome), les archives de la Croix-Rouge à Genève, et les fonds de l’Unione Donne Italiane (UDI) à Rome, association féministe et communiste ayant créé en 1945 une Union nationale de secours à l’enfance en concurrence avec les organisations vaticanes.

43Enfin, les voix des acteurs et des actrices de l’humanitaire confessionnel sont mises en avant dans des écrits personnels, carnets et témoignages, autant de sources primaires pour relater des événements tragiques dont on a peu de traces. I.M. Okkenhaug s’appuie ainsi sur le Journal de la sœur Maria Jacobsen, un document qui revêt un rôle exceptionnel comme témoignage des événements survenus à Harput et à Mezereh pendant le génocide, et considéré comme « l'un des récits de première main les plus détaillés jamais écrits sur le génocide ».

44Ces exemples n'épuisent bien sûr pas les multiples articulations possibles des archives vaticanes récemment ouvertes avec d’autres sources pour documenter une histoire de l’humanitaire catholique. Ce sont d’autant plus de futures pistes de recherche que ce dossier espère susciter au croisement entre religion et humanitaire.

L’administration de l’assistance sous Pie XII

  • 43 Les autrices remercient Gianfranco Armando, Emilia Hrabovec et Elena Serina pour leurs relectures.
  • 44 La Mission catholique suisse en faveur des victimes de la guerre 1945 ; Klinkhammer 1987 ; Papeleu (...)
  • 45 La NCWC, organisation de la hiérarchie catholique américaine dont la création remonte à la fin de (...)
  • 46 ADDS, vol. 6-10 ; Giordani 1956 ; Graham 1984 ; Pagano 2019 ; Di Giovanni – Roselli 2019.
  • 47 ADDS, vol. 11 ; Pagano 2021.
  • 48 Figure clé de l'assistance vaticane, Baldelli préside aussi à Rome Caritas Internationalis, à part (...)
  • 49 Cavalli 1945 ; Giovagnoli 1978 ; Armando 2017 ; Verrastro 2018 ; Serina 2021.
  • 50 Durand 1991 ; Ferrari 2014 ; Armando 2021.
  • 51 AAV, Segr. di Stato, Ufficio Migrazione, b. 2 et AAV, Arch. Nunz. Svizzera, b. 228, fasc 637. Voir (...)
  • 52 Cronaca Contemporanea 1945 ; Benedetti 2011 ; Carboni 2015.
  • 53 Rioli 2020 ; Levant 2022.
Nom Rattachement Dates Brève description43 Responsable(s)
Ufficio Informazioni Vaticano per i prigionieri di guerra Secrétairerie d'État
 1939-1947 L’Ufficio informazioni, établi durant la Première Guerre mondiale, est reconstitué dès l’invasion allemande de la Pologne en septembre 1939, et voit très vite son activité décupler. Il vise à faciliter la recherche des dispersés et de prisonniers, militaires comme civils, pendant mais encore à l’issue du conflit (dans les camps de prisonniers allemands en France à partir de 1944, par exemple). Il publie aussi la revue Ecclesia à partir de 1942. Son travail se diversifie vers la fin de la guerre et dans l’immédiate sortie de guerre ; il se réduit à partir de fin 1945, pour se terminer en octobre 1947.
Au plus fort de son activité, le Bureau reçoit plus de 2000 requêtes par jour. Pour y répondre, il recueille, trie et examine plusieurs milliers de missives, rapports, transmissions radio, documents divers. Il s’appuie sur un vaste réseau international, à commencer par les nonces et délégués apostoliques, qui installent à leur échelle des bureaux d’information. Ils visitent les camps de prisonniers, sous réserve d’autorisation, selon le territoire et la catégorie des internés, et parfois de manière seulement partielle.
Au cœur de la guerre, l’Ufficio informazioni emploie plus de 100 personnes réparties entre 16 sections : triage, correspondance, radio, prisonniers de langue anglaise, prisonniers de langue allemande et slave, statistiques, etc. Chaque chef de section présente toutes les semaines au directeur un compte-rendu d’activité, en faisant des propositions et des suggestions pour en accélérer et en améliorer le fonctionnement ; le tout est discuté, selon le même rythme, avec Mgr Montini et divers responsables.
Il collabore avec divers organismes à la Curie et à l’étranger : la Commissione Soccorsi (pour la distribution de secours dans les camps visités par les représentants pontificaux), la Pontificia commissione di assistenza ai reduci (à qui elle cède rapidement la compétence sur le retour des ex-prisonniers), Radio Vatican (notamment pour communiquer les informations obtenues) ; mais encore la Mission catholique suisse à Fribourg, le Comité international de la Croix-Rouge, et certaines ambassades.
Le fonds, ouvert à la consultation dès 2004, regroupe plus de 2000 cartons, ainsi qu’un catalogue de près de deux millions de fiches nominatives, aujourd’hui numérisées44.		 Mgr Giovanni Battista Montini (1897-1978)

Directeur : Mgr Alexander Evreinoff (1877-1959)

Secrétaire : Mgr Emilio Rossi (1900-1964)
Commissione Soccorsi Secrétairerie d'État 1939-1958 La Commissione Soccorsi est créée dès le début de la Seconde Guerre mondiale pour faire face à l’afflux de requêtes provenant de la Pologne envahie et des nouveaux Polonais en exil. Son champ d’action s'est rapidement élargi avec l'extension du conflit, pour concerner les prisonniers (distribution de colis, médiations ponctuelles et assistance spirituelle), puis les populations touchées par les bombardements et les destructions, et plus généralement victimes de la guerre, en Europe et très largement au-delà (nord de l'Afrique, Moyen-Orient, Asie). Organisme autonome au sein de la Secrétairerie d'État, elle coordonne l'ensemble des secours de la papauté.
La Commission centralise ainsi les innombrables demandes d’aide adressées au Vatican. Les aides accordées prennent la forme de secours financiers et alimentaires, de dons de médicaments, de livres ou d'objets liturgiques, d'assistance dans diverses démarches. Elle s’appuie sur les vastes structures de l'Église : représentations pontificales, clergés, épiscopats, missions, Caritas et œuvres catholiques nationales. Elle collabore avec l'Ufficio Informazioni de manière étroite, ainsi qu'avec l’Ente per la distribuzione dei soccorsi in Italia, la Croix-Rouge, la National Catholic Welfare Conference (NCWC) de l'épiscopat américain45.
La Commission s'attache le service d'une vingtaine de personnes. Si elle continue son travail après le conflit, la plupart des dossiers ne vont pas au-delà des années 1949-1950, dès lors qu'ils sont transmis à des structures ad hoc comme la Pontificia Commissione di Assistenza (PCA), l'Ufficio migrazione, la Mission pontificale pour la Palestine, etc. Parmi ces dossiers d'après-guerre, nombreux concernent l'aide aux étudiants et séminaristes, en fuite notamment des pays de l'Est ; d'autres concernent les procès, ainsi que l’aide à d'anciens fascistes, nazis et collaborateurs français.
Le fonds est constitué de 586 cartons, classé en 6 séries : Italiani ; Stranieri ; Razza (série lacunaire) ; Varia ; 1949 ; 1950. N.B : les premières séries comportent en leur sein la distinction civils/militaires, ainsi que la nationalité d'origine et le pays d'arrivée dans le cas de réfugiés (ex. Polacchi Civili Italia)46.		 Mgr Giovanni Battista Montini (1897-1978)

Secrétaire : don Mario Brini (1908-1995)

Parmi le personnel attaché : Carlo Chiarlo (1881-1964), Antonio Riberi (1897-1967), Clemente Micara (1879-1965), Ettore Felici (1881-1951), Filippo Cortesi (1876-1947), Angelo Rotta (1872-1965), Egano Righi Lambertini (1906-2000), Alfredo Zanchi (1906-1982), Renato Ausiello Lanteri (1911-1983), Giovanni Battista Scapinelli di Leguigno (1908-1971).
Beneficenza Pontificia Secrétairerie d'État 1939-1968 Le caractère gigantesque de ce fonds – plus de de 2 000 cartons – donne une idée de l’ampleur de la bienfaisance pontificale, qui concerne moins ici les urgences de la guerre que ce qui est adjacent, et s'accroît dans le contexte de la reconstruction. Le fonds ne semble pas correspondre à une structure en propre au sein de la Secrétairerie d'État, mais paraît plutôt rassembler l'activité d'autres bureaux comme la Commissione Soccorsi, dont il prolongerait aussi l'activité après 1958 ; après quoi, en 1968, Paul VI fait passer les compétences de la Beneficenza Pontificia à un nouvel organisme, le Servizio Assistenziale del Santo Padre – plus tard renommé Elemosineria Apostolica.
L’activité traitée est notamment centrée sur l'aide aux diocèses italiens et à diverses associations, la reconstruction des églises, mais aussi les subsides à des personnes privées. Le fonds compte 2394 cartons et environ 188 000 fiches47.
Pontificia Commissione di Assistenza / Pontificia Opera di Assistenza (PCA/POA) Secrétairerie d'État 1944-1970 La Pontificia Commissione di Assistenza ai profughi est officiellement créée le 18 avril 1944 au milieu de l'urgence causée par la guerre de libération et l'arrivée à Rome et dans le Latium de plusieurs milliers de réfugiés et déplacés. Elle fusionne l'année suivante avec la Pontificia Commissione di Assistenza reduci, œuvrant auprès des rapatriés des camps, pour prendre le nom raccourci de Pontificia Commissione di Assistenza (PCA).
La PCA œuvre en faveur des ex-prisonniers, blessés, déplacés de retour et rapatriés d'Afrique et de Méditerranée, principalement en Italie – et plus ponctuellement au-delà des frontières nationales – ainsi que pour les réfugiés de diverses nationalités en exil dans la péninsule. Elle s'occupe aussi des enfants libyens rapatriés en Italie pendant la guerre et de leur restitution aux familles. Son président, Mgr Baldelli48, s'intéresse encore aux prisonniers allemands, ainsi qu'aux émigrants d'Italie et d'Europe. La PCA semble bien liée par ailleurs à l'aide à la fuite des criminels de guerre et plus généralement des fascistes, nazis et collabos.
L'organisme se recentre plus encore sur l’Italie dans les années 1950. Il devient en 1953 la Pontificia Opera di Assistenza et dispose alors d’un statut juridique propre. Présente sur tout le territoire via les diocèses, et de concert avec l'ONARMO, la POA élargit son action à diverses mesures d’action sociales ; elle est notamment connue pour les « réfectoires du pape » qui délivrent quotidiennement des repas, et l'organisation de colonies d’été à destination des enfants de familles en difficulté. Le large développement de la PCA-POA, appuyé sur les subsides américains (plan Marshall, NCWC), tient aussi dans une certaine mesure aux défaillances de l'État italien dans le domaine de l'assistance.
Le fonds compte 1 136 cartons. Un riche matériel cinématographique est déposé à la Filmoteca Vaticana49.		 Mgr Ferdinando Baldelli (1886-1959)
Opera Nazionale per l’assistenza religiosa e morale degli operai – ONARMO Congrégation Consistoriale 1930-1976 L’organisation, créée en 1930 sur une base diocésaine – à partir d'une structure pré-existante – est centralisée à Rome et rattachée à la Consistoriale au début du second conflit mondial. Dirigée par Mgr Baldelli, elle est pensée comme un instrument de charité et de rechristianisation du milieu ouvrier via des « chapelains du travail ». Il s’agit alors d’apporter aux ouvriers, jusque dans les usines, et aux populations les plus pauvres d'Italie, les services sociaux que l'État peine à assurer, et de distribuer des aides.
Le fond compte 396 cartons et 9 500 fascicules50.		 Mgr Ferdinando Baldelli (1886-1959)
Ufficio Migrazione Secrétairerie d'État 1946-1966 Après avoir sollicité l'attention des États sur le sujet en février 1946, Pie XII décide en novembre de constituer une structure ad hoc. L'Ufficio Migrazione constitue à la fois un bureau de réflexion sur la question migratoire, un organe de liaison avec les conférences et structures internationales spécialisées sur le sujet de la gouvernance des migrations et de l’assistance aux réfugiés, ainsi qu'une structure de coordination des organisations vaticanes et agences catholiques apportant des secours en la matière. Il étudie notamment les projets de lois et de conventions en lien avec la question migratoire, à l'échelle nationale et supranationale. Il s'intéresse aussi, en lien avec la Congrégation Consistoriale (où existait un premier bureau dédié à l'émigration), à l'encadrement pratique et religieux des migrations, qu'elles concernent les réfugiés et déplacés de la guerre, les exilés de la Guerre froide, ou les contraintes du travail et de la pauvreté. Le fonds compte 69 cartons, qui s’arrêtent à l’année 1964. La partie centrale du fonds est classée selon les nations de départ et/ou d'arrivée, avec une priorité pour l'émigration vers les États-Unis et l'Amérique du Sud. Sont ensuite listées alphabétiquement les demandes individuelles d'aide à l'émigration.
Il existe en outre une Section Migrations-Alliés au sein des fonds de la Secrétairerie d’État, qui concerne les relations avec les représentants politiques et militaires des puissances Alliées (1940-1961), et compte 50 cartons.
Enfin, l’Ufficio Migrazione dispose d’une antenne à Genève, le Vatican Migration Bureau, qui fonctionne de 1947 à 1953 sous la direction du père Edward Killion, assisté d'Edwige de Romer. Il fait le lien entre le Saint-Siège et diverses organisations genevoises, et notamment l’IRO (International Refugee Organisation), avec lequel il traite de catégories précises de personnes déplacées (notamment les prêtres de retour des camps de concentration). Il est aussi en lien avec la mission pontificale d'assistance en Alllemagne, à Kronberg. Une partie de la documentation est repérable dans les fonds de la nonciature en Suisse51.		 Card. Raffaele Carlo Rossi (1876-1948)

Secrétaire : Mgr Emilio Rossi (1900-1964)

Attaché temporaire : Mgr Antonio Riberi (1897-1967)

Responsable du bureau de Genève : père Edward Killion (1900-1978)
IIIa Missione Pontificia di Assistenza per la popolazione tedesca Nonciature en Allemagne 1945-1950 Plusieurs missions pontificales sont créées vers la fin de la guerre en Allemagne pour les populations, allemandes ou non, qui s’y trouvent, en partent ou y arrivent. Cette IIIe Mission est constituée en octobre 1945 près de Francfort, à Kronberg. Elle vise à assister non pas tant la population allemande que les ex-prisonniers, réfugiés, exilés et déplacés, de diverses nationalités qui se trouvent sur le territoire allemand (Italiens, Hongrois, Ukrainiens, Baltes, Yougoslaves, Slovaques, Roumains, Polonais, selon la lettre d’instruction au premier chef de mission).
Sa gestion est confiée au départ à Mgr Carlo Chiarlo. Mgr Muench, arrivé en Allemagne en 1946 comme visiteur, puis régent et enfin titulaire de la nonciature, en prend ensuite la direction. Il s’appuie sur un réseau de délégués pour chaque groupe national, chargés de visiter les camps et d’y distribuer les secours, et dont les compétences sont rapidement accrues, notamment dans le domaine pastoral.
L’évêque d’Ermland avait une responsabilité quelque peu équivalente mais moins structurée pour le territoire occupé par les Soviétiques.
Les archives font partie de la série dite « agrégée » aux archives de la nonciature d’Allemagne52.		 Mgr Aloysius Joseph Muench (1889-1962)

Secrétaire : Mgr Carlo Chiarlo (1904-1964)

Assistants : père Ivo Zeiger (1898-1952) ; don Alberto Giovannetti (1913-1989).
Missione Pontificia per la Palestina Congrégation pour l'Eglise orientale 1949-aujourd’hui Suite à la crise de réfugiés provoquée par la première guerre israélo-palestinienne et la constitution de l'État israélien, Pie XII, avec l’appui du secrétaire de la Congrégation pour l’Église orientale, met sur pied une Mission pontificale pour secourir les réfugiés palestiniens sans distinction de confession. Un premier bureau est constitué à Beyrouth, suivi de deux autres à Jérusalem et à Amman. L'œuvre est confiée au secrétaire de la Catholic Near East Welfare Association (CNEWA), sous la tutelle du cardinal du New York et de l’épiscopat américain. Elle bénéficie ainsi du soutien matériel et financier des catholiques américains. À Rome, si les archives de la Mission sont conservées à la Congrégation pour les Églises orientales, une partie de la documentation relative à sa constitution se trouve aussi dans les fonds de la Commissione Soccorsi, qui s’est occupée dans un premier temps de la coordination des secours53. Card. Eugène Tisserant (1884-1972)

Card. Francis Spellman (1889-1967)

Président : Mgr Thomas McMahon (1909-1956)
Haut de page

Bibliographie

Archives

ACDF = Archives de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, Cité du Vatican.

AAV = Archives apostoliques vaticanes, Cité du Vatican.

Ouvrages à caractère de source

ADDS = Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale, 11 vol., Cité du Vatican, Libreria Editrice Vaticana, 1965-1981.

Cavalli 1945 = F. Cavalli, Aspetti dell'opera caritativa del Santo Padre, dans La Civiltà Cattolica, 1945-4 (anno 96), 2287, p. 25-35.

Cronaca Contemporanea 1945 = Cronaca Contemporanea. Santa Sede, dans La Civiltà Cattolica, 1945-4 (anno 96), 2290, p. 269-271.

Giordani 1956 = I. Giordani, Vita contro morte. La Santa Sede per le vittime della seconda guerra mondiale, Verona, 1956.

La Mission catholique suisse en faveur des victimes de la guerre 1945 = La Mission catholique suisse en faveur des victimes de la guerre : son activité de 1939 à 1945, Fribourg, 1945.

Études secondaires

Agier – Madeira 2017 = M. Agier, A.-V. Madeira (dir.), Définir les réfugiés, Paris, 2017.

Akoka 2020 = Karen Akoka, L'asile et l'exil. Une histoire de la distinction réfugiés/migrants, Paris, 2020.

Angoustures – Kévonian 2019 = A. Angoustures, D. Kévonian, Réfugiés, sujets d’une histoire globale, Numéro spécial de Monde(s), 15, 2019. 

Armando 2017 = G. Armando, Introduzione, dans Pontificia Commissione Assistenza – PCA. Pontificia Opera Assistenza – POA. Inventario generale, p. I-IV.

Armando 2021 = G. Armando, Gli archivi della POA e dell'ONARMO: Chiesa cattolica e ricostruzione post-bellica, Communication au colloque War and Genocide, Reconstruction and Change. The Global Pontificate of Pius XII, 1939-1958, Rome, 14-16 juin 2021.

Banko – Nowak – Gatrell 2022 = L. Banko, K. Nowak, P. Gatrell, What is refugee history, now?, dans Journal of Global History, 17-1, 2022, p. 1-19.

Barnett – Gross Stein 2012 = M. Barnett, J. Gross Stein (dir.), Sacred Aid: Faith and Humanitarianism, Oxford, 2012.

Barnett 2011 = M. Barnett, Empire of Humanity: a History of Humanitarianism, Ithaca, 2011.

Benedetti 2011 = C. Benedetti, Introduzione, dans Archivio della Nunziatura apostolica in Berlino-Bonn. III Missione pontificia di assistenza, Cité du Vatican, 2011, p. 2-6.

Benthall – Bellion-Jourdan 2009 = J. Benthall, The Charitable Crescent: Politics of Aid in the Muslim World, Londres, 2009 (2e éd.)

Bertrand – Calafat 2018 = R. Bertrand, G. Calafat, Micro-analyse et histoire globale, dans Annales, 73-1, 2018, p. 3-18.

Blet 1999 = P. Blet, Pie XII et la Seconde Guerre mondiale d'après les archives du Vatican, Paris, 1999.

Boscaino 2010 = S. Boscaino, Inventario, dans S. Boscaini, E. Antinucci, Segreteria di Stato, Ufficio Migrazione: Indice, Cité du Vatican, 2010. 

Brodiez – Dumons 2009 = A. Brodiez, B. Dumons, Éditorial : Faire l’histoire de l’humanitaire, dans Le Mouvement social, 227-2, 2009, p. 3-8.

Cabanes 2014 = B. Cabanes, The Great War and the Origins of Humanitarianism, 1918-1924, Cambridge, 2014. 

Carboni 2015 = L. Carboni, Gli archivi delle rappresentanze pontificie nell’Archivio Segreto Vaticano: versamenti e nuovi riordinamenti, dans Religiosa Archivorum Custodia. IV centenario della fondazione dell’Archivio Segreto Vaticano (1612-2012), Cité du Vatican, 2015, p. 273-303.

Chamedes 2020 = G. Chamedes, A Twentieth-Century Crusade. The Vatican’s Battle to Remake Christian Europe, Harvard, 2020.

Chenaux 2018 = P. Chenaux, La diplomatie vaticane à l’époque contemporaine, dans MEFRIM, 130-1, 2018, p. 135-145.

Coco 2020 = G. Coco, Gli scritti di Pio XII e il radiomessaggio del Natale 1942, dans Rivista di storia della Chiesa in Italia, 1, 2020, p. 217-241.

Cohen 2012 = D. Cohen, War’s Wake. Europe’s Displaced Persons in the Postwar Order, Oxford, 2012.

Colucci 2008 = M. Colucci, Lavoro in movimento. L’emigrazione italiana in Europa, 1945-57, Rome, 2008.

Croce 1997 = G.M. Croce, Le Saint-Siège et la Conférence de la Paix (1919). Diplomatie d’Église et diplomatie d’État, dans MEFRIM, 109-2, 1997, p. 793-823.

Debons 2009 = D. Debons, Le CICR, le Vatican et l'œuvre de renseignements sur les prisonniers de guerre : rivalité ou collaboration dans le dévouement ?, dans Relations internationales, 138, 2009, p. 39-57.

Di Giovanni – Roselli 2004 = F. Di Giovanni – G. Roselli, Introduzione, dans Inter Arma Caritas. L’Ufficio Informazioni Vaticano per i prigioneri di guerra (1939-1947), t. 1, Cité du Vatican, 2004, p. 3-37.

Di Giovanni – Roselli 2019 = F. Di Giovanni – G. Roselli, Introduzione, dans L'archivio della Commissione Soccorsi (1939-1958), Cité du Vatican, 2019, p. XI-XXVII.

Diaz 2021 = D. Diaz, En exil. Les réfugiés en Europe de la fin du 18e siècle à nos jours, Paris, 2021.

Dieguez – Sanfilippo 2022 = A. Dieguez, M. Sanfilippo, Gli organismi della Santa Sede per l’emigrazione, dans Archivio Storico dell'Emigrazione Italiana, 18, 2022, p. 55-65.

Dumons 2017 = B. Dumons (dir.), Approches transnationales du catholicisme contemporain, Numéro spécial de Chrétiens et sociétés, 24, 2017.

Duprat – Petit 1994 = C. Duprat, J.-G. Petit, Philanthropies et politiques sociales en Europe, XVIIIe-XXe siècles, Paris, 1994.

Duriez – Mabille – Rousselet 2007 = B. Duriez, F. Mabille, K. Rousselet (dir.), Les ONG confessionnelles : Religions et action internationale, Paris, 2007.

Fassin 2010 = D. Fassin, La raison humanitaire. Une histoire morale du temps présent, Paris, 2010.

Fath 2007 = S. Fath, Les ONG évangéliques américaines ou les ruses de la providence, dans B. Duriez, F. Mabille, K. Rousselet (dir.), Les ONG confessionnelles : religions et action internationale, Paris, 2007, p. 249-262.

Durand 1991 = J.-D. Durand, L'Église catholique et la crise de l'Italie (1943-1948), Rome, 1991.

Fattorini 2013 = E. Fattorini (dir.), Diplomazia senza eserciti. Le relazioni internazionali della Chiesa di Pio XI, Rome, 2013.

Faure – Yankaya – Ferrière 2022 = L. Faure, D. Yankaya, N. Ferrière, Les acteurs confessionnels du développement, Numéro spécial de Critique internationale, 96, 2022-3.

Ferrari 2014 = F. Ferrari, L’Opera nazionale assistenza religiosa e morale agli operai (Onarmo) dal fascismo al concilio Vaticano II. Un percorso tra Roma e Milano, dans Ricerche storiche sulla Chiesa ambrosiana, 32, 2014, p. 161-184.

Ferragu 2014 = G. Ferragu, Philosophie et diplomatie : le Saint-Siège et l'invention du concept de « puissance morale », dans Histoire, économie & société, 33-2, 2014, p. 95-106.

Ferris 2005 = E. Ferris, Faith-Based and Secular Humanitarian Organizations, dans International Review of the Red Cross, 87-858, 2005, p. 311-325.

Fouilloux 2011 = É. Fouilloux, Eugène cardinal Tisserant 1884-1972. Une biographie, Paris, 2011.

Frank – Reinisch 2017 = M. Frank, J. Reinisch, (dir.), Refugees, dans Europe, 1919-1959. A Forty Years' Crisis?, Londres, 2017.

Furniss – Meier 2012 = J. Furniss, D. Meier, Le laïc et le religieux dans l'action humanitaire, une introduction, dans A contrario, 18-2, 2012, p. 7-36.

Gatrell 2013 = P. Gatrell, The Making of the Modern Refugee, Oxford, 2013.

Giovagnoli 1978 = A. Giovagnoli, La Pontificia Commissione di Assistenza e gli aiuti americani (1945-1948), dans Storia Contemporanea, 5-6, 1978.

Graham 1984 = R.A. Graham, G.B. Montini Substitut Secretary of State (in tandem with Domenico Tardini), dans Paul VI et la modernité dans l'Église, Rome, 1984, p. 67-84.

Haddad 2008 = E. Haddad, The Refugee, dans International Society. Between Sovereigns, Cambridge, 2008.

Humbert 2020 = L. Humbert, Les réfugiés en Europe, dans Encyclopédie d'histoire numérique de l'Europe [en ligne], mis en ligne le 22/06/20, consulté le 21/08/2022, https://ehne.fr/fr/node/12457.

Kent – Pollard 1994 = P. Kent, J. Pollard A Diplomacy Unlike Any Other. Papal Diplomacy in the Nineteenth and Twentieth Centuries, dans P. Kent, J. Pollard (dir.), Papal Diplomacy in the Modern Age, Wesport, Conn., 1994, p. 11-21.

Kertzer 2022 = D. Kertzer, The Pope at War, New York, 2022.

Kévonian 2004 = D. Kévonian, Réfugiés et diplomatie humanitaire. Les acteurs européens et la scène proche-orientale pendant l’entre-deux-guerres, Paris, 2004.

Kévonian 2005 = D. Kévonian, L’organisation non gouvernementale, nouvel acteur du champ humanitaire, dans Cahiers du monde russe, 46-4, 2005, p. 739-756.

Klinkhammer Lutz, Leben im Lager. Die italienischen Kriegsgefangenen und deportierten im Zweiten Welkrieg. Ein Literarturbericht, dans Quellen und Forschungen aus italienischen Archiven und Bibliotheken, 67, 1987, p. 489-520.

Kott 2021 = S. Kott, Organiser le monde. Une autre histoire de la guerre froide, Paris, 2021.

Levant 2022 = M. Levant, Charity for Christian Unity. American Catholic and Vatican Relief Efforts in the Near East After World War I, dans Endowment Studies, 1-2, 2022, p. 1-28.

Levant – Pettinaroli – Sibre 2022 = M. Levant, L. Pettinaroli, O. Sibre, Le Vatican, un acteur religieux singulier dans un monde global, dans Monde(s), 22, 2022, p. 7-33.

Lochak 2013 = D. Lochak, Qu’est-ce qu’un réfugié ? La construction politique d’une catégorie juridique, dans Pouvoirs, 144, 2013, p. 33-47.

Loeffler 2018 = J. Loeffler, Rooted Cosmopolitans. Jews and Human Rights in the Twentieth Century, Yale, 2018.

Melloni – Cavagnini – Grossi 2020 = A. Melloni, G. Cavagnini, G. Grossi (dir.), Benedict XV: A Pope in the World of the “Useless Slaughter” (1914-1918), Turnhout, 2020.

Menozzi 2012 = D. Menozzi, Chiesa e diritti umani. Legge naturale e modernità politica dalla Rivoluzione francese ai nostri giorni, Bologne, 2012.

Michel 2012 = F. Michel, Les Archives secrètes vaticanes : des sources pour l'histoire des relations internationales, dans Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin, 36, 2012, p. 131-137.

Möller – Paulman – Stornig 2020 = E. Möller, J. Paulmann, K. Stornig (dir.), Gendering Twentieth-Century Humanitarianism. Practice, Politics and the Power of Representation, Londres, 2020.

Moyen 2015 = S. Moyn, Christian Human Rights, Philadelphie, 2015.

Naguib – Okkenhaug 2008 = N. Naguib, I.M. Okkenhaug, Interpreting Welfare and Relief in the Middle East, Leyde, 2008.

Nasaw 2020 = D. Nasaw, The Last Million. Europe’s Displaced Persons from the World War to the Cold War, Londres, 2020.

O'Sullivan – Hilton – Fiori 2016 = K. O’Sullivan, M. Hilton, J. Fiori, Humanitarianism in contexts, dans European Review of History, 23, 1-2, 2016, p. 1-15.

Pagano 2004 = S. Pagano, Una rilevante “apertura” dell’Archivio Segreto Vaticano: il fondo Ufficio informazioni vaticano, prigioneri di guerra (1939-1947), dans Inter Arma Caritas. L’Ufficio Informazioni Vaticano per i prigioneri di guerra (1939-1947), t. 1, 2004, p. IX-XXXV.

Pagano 2019 = S. Pagano, Dopo un lungo e paziente lavoro di preparazione, dans L'Osservatore Romano, 4-5 marzo 2019, p. 6-7.

Pagano 2021 = S. Pagano, Segreteria di Stato, Beneficenza Pontificia: Indice, Cité du Vatican, 2021.

Papeleux 1991 = L. Papeleux, L’action caritative du Saint-Siège en faveur des prisonniers de guerer (1939-1945), Bruxelles-Rome, 1991.

Paulmann 2013 = J. Paulmann, Conjunctures in the History of International Humanitarian Aid during the Twentieth Century, dans Humanity: An International Journal of Human Rights, Humanitarianism, and Development, 4-2, 2013, p. 215-238

Paulmann 2016 = J. Paulmann (dir.), Dilemmas of Humanitarian aid in the Twentieth Century, Oxford, 2016.

Paulmann 2019 = J. Paulmann (dir.), Humanitarianism and Media, Oxford, 2019.

Perin 2022 = R. Perin, Une diplomatie désarmée dans la Seconde Guerre mondiale : un bilan historiographique, dans Monde(s), 22, 2022, p. 35-66.

Pettinaroli 2009 = L. Pettinaroli, Les archives vaticanes : des ressources pour l'histoire contemporaine, dans Histoire@Politique, 7, 2009, p. 13-13 : https://doi.org/10.3917/hp.007.0013, consulté le 28 novembre 2022.

Pettinaroli 2015 = L. Pettinaroli, La politique russe du Saint-Siège (1905-1939), Rome, 2015.

Prudhomme 2005 = C. Prudhomme, Mission religieuse et action humanitaire : quelle continuité ?, dans Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 112-2, 2005, p. 11-29.

Regoli – Sanfilippo 2022 = R. Regoli, M. Sanfilippo, La Santa Sede, gli Stati Uniti e le relazioni internazionali durante il pontificato di Pio XII: studi dopo l’apertura degli archivi vaticani (1939-1958), Rome, 2022.

Reinisch – White 2011 = J. Reinisch, E. White, The Disentanglement of Populations. Migration, Expulsion and Displacement in Post-War Europe, 1944-1949, New York, 2011.

Revel 1996 = J. Revel (dir.), Jeux d’échelles. La microanalyse à l’expérience, Paris, 1996.

Rioli 2020 = M.C. Rioli, « A Liminal Church ». Refugees, Conversions and the Latin Diocese of Jerusalem, 1946-1956, Leyde, 2020.

Rodogno 2022 = D. Rodogno, Night on Earth: A History of International Humanitarianism in the Near East 1918-1930, Cambridge, 2022.

Rodrigo 2019 = A. Rodrigo, Le “réfugié” au Canada durant la Seconde Guerre mondiale : la création anglo-américaine d’une catégorie migratoire ?, dans Études canadiennes/Canadian Studies, 86-1, 2019, p. 39-61.

Ruiz de Elvira – Saeidnia 2021 = L. Ruiz de Elvira, S.A. Saeidnia, Les mondes de la bien-faisance, Les pratiques du bien au prisme des sciences sociales, Paris, 2021.

Ruyssen 2013-2015 = G.-H. Ruyssen, La Questione armena: 1894-1925, 7 vol., Rome, 2013-2015.

Ruyssen 2019 = G.-H. Ruyssen, La Questione caldea e assira: 1909-1938, 4 vol., Rome, 2019.

Salvatici 2015 = S. Salvatici, Nel nome degli altri. Storia dell'umanitarismo internazionale, Bologne, 2015.

Sanfilippo 2018 = M. Sanfilippo, L’emigrazione nei documenti pontifici, Todi, 2018.

Sanfilippo 2022 = M. Sanfilippo, Roma : rifugiati e migranti nel secondo dopoguerra. Fonti archivistiche e storiografiche in relazione anche all’intervento della Chiesa cattolica statunitense, dans R. Regoli, M. Sanfilippo, La Santa Sede, gli Stati Uniti e le relazioni internazionali durante il pontificato di Pio XII: Studi dopo l’apertura degli archivi vaticani (1939-1958), Rome, 2022, p. 160-194.

Saunders – Snyder – Fiddian-Qasmiyeh 2016 = J. Saunders, S. Snyder, E. Fiddian-Qasmiyeh (dir.), Intersections of Religion and Migration. Issues at the Global Crossroads, Londres, 2016.

Serina 2021 = E. Serina, From Charity to Welfare. The Transnational Role of the Pontificia Commissione di Assistenza (1944-1953), Workshop Transformative Impacts of War (Berlin, 15-16 octobre 2021), en cours de publication.

Siegelberg 2020 = M. Siegelberg, Statelessness. A Modern History, Harvard, 2020.

Siméant 2009 = J. Siméant, Socialisation catholique et biens de salut dans quatre ONG humanitaires françaises, dans Le Mouvement social, 227, 2009-2, p. 101-122.

Skran 1995 = C. Skran, Refugees in inter-war Europe. The Emergence of a Regime, Londres, 1995.

Steinacher 2011 = G. Steinacher, Nazis on the Run: How Hitler's Henchmen Fled Justice, New York, Oxford, 2011.

Taithe 2012 = B. Taithe, Pyrrhic Victories? French Catholic Missionaries, Modern Expertise, and Secularizing Technologies, dans M. Barnett, J. Gross Stein (dir.), Sacred Aid: Faith and Humanitarianism, Oxford, 2012, p. 166-187.

Théofilakis 2022 = F. Théofilakis, Les prisonniers de guerre français en 40, Paris, 2022.

Ticchi 2002 = J.-M. Ticchi, Aux frontières de la paix. Bons offices, médiations, arbitrages du Saint-Siège (1878-1922), Rome, 2002.

Valbousquet 2022 = N. Valbousquet, L’ouverture des archives du Vatican pour le pontificat de Pie XII (1939-1958) : controverses mémorielles, apports historiographiques et usages de l’archive, dans Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, 69-1, 2022, p. 56-70.

Valente 2003 = M. Valente, La nunziatura di Eugenio Pacelli a Monaco di Baviera e la ‘diplomazia dell’assistenza’ nella grande guerra (1917-1918), dans Quellen und Forschungen aus italienischen Archiven und Bibliotheken, 3, 2003, p. 264-287.

Valente 2019 = M. Valente, Benedetto XV e l’Ufficio provvisorio per informazioni sui prigioneri di guerra (1914-1918), dans Quellen und Forschungen aus italienischen Archiven und Bibliotheken, 99, 2019, p. 367-386.

Verdeil 2020 = C. Verdeil, Missions, Charity, and Humanitarian Action in the Levant (19th-20th century), dans I.M. Okkenhaug, K. Sanchez Summerer (dir.), Christian Missions and Humanitarianism in The Middle East 1850-1950: Ideologies, Rhetoric, and Practices, Leyde, 2020, p. 21-37.

Verrastro 2018 = D. Verrastro, Lontani dal focolare domestico. La Pontificia Commissione di Assistenza Profughi nell’Italia del secondo dopoguerra, dans Archivio storico dell’emigrazione italiana, 14-18, 2018, p. 45-57.

Watenpaugh 2015 = K.D. Watenpaugh, Bread from Stones: The Middle East and the Making of Modern Humanitarianism, Oakland, 2015.

Weber 1996 = M. Weber, Sociologie des religions, Paris, 1996.

Wolf 2022 = H. Wolf, Verschlossen, verwechselt, verlegt, verbrannt: Das Schicksal der Weihnachtsansprache Pius’ XII. von 1942, dans Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, 70-4, 2022, p. 723-759.

Zuber 2017 = V. Zuber, L’origine religieuse des droits de l’homme, Genève, 2017.

Zuccotti 2015 = S. Zuccotti, Père Marie-Benoît. Comment un prêtre capucin a sauvé des milliers de Juifs de l'Holocauste, Paris, 2015.

Zunz 2012 = O. Zunz, La Philanthropie en Amérique. Argent privé, affaires d’État, Paris, 2012.

Haut de page

Notes

1 ACDF, Rerum Variarum 1928 2 c. 206 Amici Israel, f. 65/4, avis de Mgr Virgilio Dalpiaz du 16 décembre 1944 : « in fondo è puramente filantropico e umanitario, […] per raggiungere […] un fine naturale, il P. Benedetto compromette il campo soprannaturale della fede ».

2 Zuccotti 2015.

3 Parmi les publications récentes : Coco 2020 ; Kertzer 2022 ; Perin 2022 ; Regoli – Sanfilippo 2022 ; Valbousquet 2022 ; Wolf 2022.

4 Voir la synthèse de Pierre Blet : Blet 1999. Les volumes sont aujourd’hui téléchargeables en ligne parmi les actes officiels du Saint-Siège : https://www.vatican.va/archive/actes/index_fr.htm, consulté le 29 août 2022.

5 Barnett 2011.

6 Colucci 2008 ; Gatrell 2013 ; Humbert 2020 ; Diaz 2021.

7 Siméant 2009. Voir aussi : Weber 1996 ; Brauman 2009.

8 Brauman 2009 ; Barnett 2011.

9 Kott 2021.

10 Reinisch – White 2011 ; Cohen 2012 ; Nasaw 2020.

11 Rodogno 2022.

12 Brodiez – Dumons 2009 ; Barnett 2011.

13 Ferris 2005 ; Barnett – Gross Stein 2012.

14 Furniss – Meier 2012 ; Saunders – Snyder – Fiddian-Qasmiyeh 2016.

15 Brodiez – Dumons 2009.

16 En plus des références citées ci-dessus, voir aussi : Kévonian 2004 ; Salvatici 2015 ; Paulmann 2016.

17 Barnett 2011.

18 Par exemple : Prudomme 2005 ; Taithe 2012 ; Faure – Yankaya – Ferrière 2022. Pour le Moyen-Orient en particulier, voir : Naguib – Okkenhaug 2008 ; Watenpaugh 2015 ; Verdeil 2020.

19 Duriez – Mabille – Rousselet 2007, p. 9-19 ; Furniss – Meier 2012.

20 Paulmann 2013 ; Paulmann 2019 ; Möller – Paulmann – Stornig 2020.

21 Kévonian 2005. Voir aussi : Skran 1995 ; Haddad 2008 ; Reinisch – Frank 2017 ; Siegelberg 2020.

22 Cabanes 2014.

23 Sur le prisme des « cases nationales », en particulier, voir Frank – Reinisch 2017, Introduction, p. 477-490 ; Angoustures – Kévonian 2019, Introduction, p. 7-24. Sur le renouveau récent d’une approche classique de l’histoire des réfugiés, notamment une histoire par le bas, voir Diaz 2021 et Banko – Nowak – Gatrell 2022.

24 Menozzi 2012 ; Moyn 2015 ; Zuber 2017 ; Loeffler 2018.

25 Duriez – Mabille – Rousselet 2007, p. 9-19 ; Fath 2007 ; Benthall – Bellion-Jourdan 2009.

26 Sur le paradoxe d’une historiographie de l’Église catholique encore divisée en écoles nationales, voir Dumons 2017.

27 Ferragu 2014.

28 Cf. par exemple le programme New approaches to Medical Care, Humanitarianism and Violence during the ‘long’ Second World War, 1931-1953 de l’université de Manchester, 2021-2022 (R. Balu, L. Humbert, M.L. Desgrandhchamps, B. Taithe).

29 Pettinaroli 2009 ; Michel 2012.

30 Valente 2003 ; Pettinaroli 2015 ; Ruyssen 2013-2015 ; Ruyssen 2019 ; Melloni – Cavagnini – Grossi 2020.

31 Voir notamment Dieguez – Sanfilippo 2022.

32 Sur ces différentes notions, voir par exemple Duprat – Petit 1994 ; Fassin 2010 ; Zunz 2012 ; Ruiz de Elvira – Saeidnia 2021.

33 Sur la diplomatie spécifique du Vatican, voir par exemple Kent – Pollard 1994 ; Croce 1997 ; Fattorini 2013 ; Chenaux 2018 ; Ticchi 2002 ; Chamedes 2020 ; Levant – Pettinaroli – Sibre 2022.

34 Voir par exemple Sanfilippo 2022 au sujet de Montini et de Baldelli.

35 Voir notamment Fouilloux 2011 et Steinacher 2011, ainsi que la mise au point historiographique dans Sanfilippo 2022.

36 Constitution Exsul Familia du 1er août 1952 : Sanfilippo 2018, p. 80-89. Discours du 17 octobre 1951 aux délégués de la Conférence internationale des migrations, en ligne sur le site officiel du Vatican : https://www.vatican.va/content/pius-xii/fr/speeches/1951/documents/hf_p-xii_spe_19511017_conferenza-emigrazione.html des organisations, consulté le 28 novembre 2022.

37 Sur cette question de la catégorisation, voir Lochak 2013 ; Agier – Madeira 2017 ; Rodrigo 2019 ; Akoka 2020.

38 Brodiez – Dumons 2009, p.7

39 Les coordinatrices de ce dossier tiennent ainsi à remercier Laura Pettinaroli, directrice des études, ainsi que les modérateurs de cette journée : Fabrice Jesné, Silvia Salvatici et Anne Jusseaume. Nous précisons que les deux années de restrictions sanitaires entre 2020 et 2022 ont eu inéluctablement un impact négatif sur l'accès aux archives.

40 Discours au corps diplomatique et au Sacré Collège, les 23 février et 1er juin 1946, et constitution Exsul Familia du 1er août 1952 : Sanfilippo 2018, p. 73-89. Discours du 17 octobre 1951 aux délégués de la Conférence internationale des migrations, en ligne sur le site officiel du Vatican : https://www.vatican.va/content/pius-xii/fr/speeches/1951/documents/hf_p-xii_spe_19511017_conferenza-emigrazione.html des organisations, consulté le 28 novembre 2022.

41 O’Sullivan – Hilton – Fiori 2016.

42 Voir notamment : Revel 1996 ; Bertrand – Calafat 2018.

43 Les autrices remercient Gianfranco Armando, Emilia Hrabovec et Elena Serina pour leurs relectures.

44 La Mission catholique suisse en faveur des victimes de la guerre 1945 ; Klinkhammer 1987 ; Papeleux 1991 ; Debons 2009 ; Di Giovanni – Roselli 2004 ; Pagano 2004 ; Valente 2019 ; Théofilakis 2022.

45 La NCWC, organisation de la hiérarchie catholique américaine dont la création remonte à la fin de la Première Guerre mondiale, institue en 1943 sa propre agence de secours, le War Relief Services, elle-même constituée en réseau diocésain et international. L'organisme siège à New York, et se pérennise sous le nom de Catholic Relief Services quelques années après la guerre. Il est dirigé à partir de 1947 par Mgr Edward Swanstrom (1903-1985), assistant directeur déjà depuis 1943. Il dispose de bureaux en Europe, en Asie, au Moyen-Orient. Le bureau de Rome, ouvert en 1944, est jusqu'en 1962 sous la responsabilité de Mgr Andrew Landi (1907-1999).

46 ADDS, vol. 6-10 ; Giordani 1956 ; Graham 1984 ; Pagano 2019 ; Di Giovanni – Roselli 2019.

47 ADDS, vol. 11 ; Pagano 2021.

48 Figure clé de l'assistance vaticane, Baldelli préside aussi à Rome Caritas Internationalis, à partir de sa constitution en décembre 1951.

49 Cavalli 1945 ; Giovagnoli 1978 ; Armando 2017 ; Verrastro 2018 ; Serina 2021.

50 Durand 1991 ; Ferrari 2014 ; Armando 2021.

51 AAV, Segr. di Stato, Ufficio Migrazione, b. 2 et AAV, Arch. Nunz. Svizzera, b. 228, fasc 637. Voir aussi Boscaino 2010 et Dieguez – Sanfilippo 2022.

52 Cronaca Contemporanea 1945 ; Benedetti 2011 ; Carboni 2015.

53 Rioli 2020 ; Levant 2022.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Illustration extraite de l'opuscule : M. Gillet, L'aide catholique aux enfants palestiniens réfugiés au Liban, Beyrouth, 1950.
URL http://journals.openedition.org/mefrim/docannexe/image/12568/img-1.png
Fichier image/png, 1,8M
Titre Fig. 2 – The Human Side of UNO, dans New York Times, 2 février 1946, p. 11.
URL http://journals.openedition.org/mefrim/docannexe/image/12568/img-2.png
Fichier image/png, 466k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Marie Levant et Nina Valbousquet, « Introduction », Mélanges de l’École française de Rome - Italie et Méditerranée modernes et contemporaines, 134-2 | 2022, 187-207.

Référence électronique

Marie Levant et Nina Valbousquet, « Introduction », Mélanges de l’École française de Rome - Italie et Méditerranée modernes et contemporaines [En ligne], 134-2 | 2022, mis en ligne le 29 mars 2023, consulté le 16 septembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/mefrim/12568 ; DOI : https://doi.org/10.4000/mefrim.12568

Haut de page

Auteurs

Marie Levant

École française de Rome – Institut français du Proche-Orient – marie.levant@efrome.it

Nina Valbousquet

École française de Rome – CNRS – nina.valbousquet@gmail.com

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Sommaire -
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search