Larissa Zakharova avait conscience de bénéficier à l’EHESS du milieu idéal pour nourrir ses propres recherches et composer une œuvre originale. Fidèle à cette « articulation du personnel et du commun » dont ses travaux font ressortir la valeur et la singularité dans l’histoire de la Russie soviétique, cette chance était toutefois pour elle la contrepartie d’un devoir : faire vivre autant qu’elle le pouvait une institution qu’elle aimait. Ce qui, pour partie, devait se traduire par le fait d’y développer sans relâche, depuis son champ de compétence, le comparatisme et la réflexion interdisciplinaire.
Dès son entrée à l’EHESS, elle s’y était attelée avec tout le sérieux et la détermination qui la caractérisaient. Il faut dire qu’elle pratiquait sa discipline de façon radicalement ouverte, l’interdisciplinarité étant moins un principe a priori qu’une évidence dictée par la complexité de ses objets et les difficultés spécifiques à son terrain. Avec avidité, elle lisait donc les anthropol...