Ligne éditoriale
Confrontées à de vastes bouleversements, nos sociétés contemporaines ne peuvent maîtriser leur histoire présente et à venir que si elles préservent, en leur sein, un puissant courant scientifique qui prend comme objet la réalité humaine dans toutes ses dimensions, temporelles et spatiales. Si les sciences humaines et sociales ont connu un essor remarquable au xxe siècle et ont permis de développer l’analyse, d’une part, des régularités sociales d’une part, et d’autre part de la construction et de l’interprétation des faits singuliers, le contexte a aujourd’hui profondément changé. La globalisation s’accompagne en effet de l’universalisation des débats sur les valeurs qui sont susceptibles de donner sens et forme aux échanges scientifiques, ainsi qu’aux catégories qui permettent de penser l’ensemble des sociétés, traditions et relations humaines. Face aux idéologies délétères qui ne cessent de prospérer ces dernières années, le passé, même le plus lointain, doit rester présent dans le débat public et une connaissance critique des héritages, traditions et cultures, même les plus anciennes ou éloignées, doit demeurer notre aspiration commune. L’étude des mondes antiques, en premier lieu des sociétés de la Méditerranée ancienne mais aussi d’autres aires culturelles et dans une perspective comparatiste, constitue un élément indispensable au recul réflexif, au réexamen méthodique des connaissances, à la mise en perspective des modes de pensée dans la longue durée historique, sans lesquels il n’y a pas de compréhension du présent ni des relations complexes entre les cultures qui forment notre monde.
C’est à ce type de compréhension que les Cahiers « Mondes anciens » entendent apporter leur contribution, en publiant des travaux en lien avec les objets d’étude de l’unité de recherche « Histoire et anthropologie des mondes antiques » ANHIMA UMR 8210. Celle-ci, née en 2010 de la fusion du Centre Louis Gernet de recherches comparées sur les sociétés anciennes (CNRS/EHESS), du Centre Gustave Glotz de recherches sur les mondes hellénistiques et romain (CNRS/Paris 1/EPHE) et de l’équipe Phéacie (Pratiques culturelles dans les sociétés grecque et romaine, Paris 1/Paris VII), fait converger plusieurs courants intellectuels et traditions institutionnelles : l’anthropologie historique et comparatiste de l’Antiquité, qui accorde une place particulière aux pratiques et représentations sociales et religieuses dans la Grèce archaïque et classique ; l’histoire institutionnelle, politique, économique, sociale et religieuse de la Méditerranée hellénistique et romaine ; enfin l’étude des identités culturelles, de l’histoire du genre et de la (re)définition du politique. Situés au carrefour de ces diverses manières de penser, les Cahiers « Mondes anciens » visent à une meilleure diffusion des recherches sur l’Antiquité et entendent également témoigner de la variété des manières dont la connaissance des mondes antiques peut enrichir la compréhension du monde contemporain.