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YouTube comme média politique : les différences de contenu entre interviews politiques classiques et émissions en ligne de trois représentants de La France insoumise

YouTube as a political medium: differences in content between traditional political interviews and online broadcasts by three representatives of La France Insoumise
YouTube como medio político: las diferencias de contenido entre entrevistas políticas clásicas y las emisiones en línea de tres representantes de La France insoumise
Antoine Bristielle
p. 103-121

Résumés

La plateforme YouTube est devenue un élément central dans le fonctionnement et la communication d’un parti français en particulier, La France insoumise. Adoptant une méthodologie mêlant analyse qualitative et quantitative – à partir d’un codage systématique de corpus de vidéos en ligne et d’interviews traditionnelles –, l’article montre que les interventions en ligne permettent de développer davantage de thématiques politiques de fond, tout en adoptant un registre plus personnalisé que les interviews politiques classiques.

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Texte intégral

1La France insoumise est un mouvement politique français créé dans les mois précédant l’élection présidentielle de 2017, autour de la figure de Jean-Luc Mélenchon, ancien ministre socialiste et candidat de la gauche radicale sous l’étiquette du Front de gauche lors de l’élection présidentielle de 2012. Contrairement à la stratégie de fédération des forces de gauche alternative, retenue en 2012, le mouvement opte depuis pour une stratégie « populiste » (Mudde, 2004 ; Jagers, Walgrave, 2007 ; Laclau, 2008) reposant avant toutes choses sur l’opposition entre le peuple – « les gens » – et l’élite – « l’oligarchie » (Birnbaum, 2017 ; Chiocchetti, 2019). Le positionnement idéologique d’un parti déterminant en grande partie sa communication (Borah, 2016), on peut se demander comment le positionnement populiste de La France insoumise pèse sur sa communication politique.

2D’une part, le fait de dénoncer en permanence les élites, et avec elles les élites journalistiques, pousse à développer une stratégie de contournement du système médiatique grâce à l’utilisation des réseaux sociaux, et notamment la plateforme de partage de vidéos YouTube, qui a fait une percée remarquable dans le paysage politique et audiovisuel français lors de l’élection présidentielle de 2017. Le candidat de La France insoumise, J.-L. Mélenchon, a largement fondé sa stratégie de communication sur cet outil, à travers notamment la mise en ligne d’une émission hebdomadaire, la Revue de la semaine, qui compte plus de 320 000 abonnés sur sa chaîne à la fin du premier tour des élections, soit six fois plus que le second représentant politique français du classement. Il est par ailleurs intéressant de constater que cette stratégie de communication en ligne s’est poursuivie en dehors de la période électorale et qu’elle a été également adoptée par d’autres membres du groupe parlementaire de La France insoumise, comme François Ruffin et Adrien Quatennens. D’autre part, la rhétorique populiste qui oppose le peuple et les élites incite également à adopter un style de communication direct et personnel afin de marquer son appartenance au camp du peuple (Castaño, 2018).

3Dans ce contexte, les réseaux sociaux constituent-ils un espace de réalisation, parmi d’autres, d’une stratégie populiste qui trouve aussi à s’exprimer dans l’ensemble des médias ? Ou sont-ils les supports privilégiés d’un discours qui, comme le disent les représentants de La France insoumise, ne peut se faire entendre dans les médias hors ligne ? Autrement dit, peut-on mettre en évidence des caractéristiques spécifiques aux interventions des représentants de La France insoumise sur YouTube ?

4Deux hypothèses principales seront ici testées grâce à la comparaison – à l’aide d’une méthodologie quantitative et qualitative – de la communication en ligne et hors ligne de trois représentants de La France insoumise au début de l’année 2018. L’article montre ainsi que YouTube est un espace permettant aux représentants de La France insoumise de mettre en avant les enjeux politiques qui sont les leurs, dans une plus grande mesure que ce qui est ordinairement possible dans les émissions politiques classiques, notamment parce que cet espace de liberté dans le choix des sujets abordés permet de construire l’agenda politique à leur avantage. Par « enjeux politiques », nous entendons ainsi l’ensemble des moments lors desquels les représentants politiques discutent des grands thèmes de politiques publiques, un parallèle pouvant être établi avec la notion anglaise de « policy » (Gerstlé et al., 1992). Malgré tout, le jeu politique n’est pas non plus totalement absent de la communication sur YouTube, preuve qu’il ne s’agit pas forcément d’un intérêt purement journalistique. Par « jeu politique », nous entendons, en écho à la notion anglo-saxonne de « politics », l’ensemble des séquences mettant en scène l’interaction stratégique entre les différents acteurs politiques, pour commenter l’actualité du mouvement politique ou la vie politique nationale. Par ailleurs, le traitement des thématiques abordées se fait sur YouTube d’une manière beaucoup plus personnalisée que dans les médias traditionnels, le représentant politique n’hésitant pas à mettre en scène son expérience personnelle dans sa communication, et ce, avant tout, dans un objectif de construction d’une relation de proximité avec son auditoire.

Étudier les différences de contenu entre YouTube et les émissions politiques classiques

Favoriser les enjeux politiques plutôt que le jeu politique

5De nombreux auteurs ont montré comment les médias traditionnels avaient tendance, depuis plusieurs décennies maintenant, à se focaliser davantage sur le « jeu politique » que sur la discussion des enjeux politiques (Gerstlé et al., 1992 ; Piar, 2012, 2017). Le traitement de la politique à la télévision, notamment en période électorale, se consacrerait en effet beaucoup plus au commentaire de l’interaction stratégique entre les acteurs politiques – la présentation de la compétition électorale comme une « course de chevaux » – qu’à la mise en lumière précise et documentée des propositions qu’ils sont amenés à porter (Gerstlé et al., 1992 ; Piar, 2012, 2017 ; Patterson, 1994). Pour les auteurs réunis dans le courant du « media malaise », cette évolution de la politique dans les médias classiques est une des causes de la crise de la représentation politique que traversent de nombreuses démocraties occidentales (Cappella, Jamieson, 1996 ; Schulz, 1997). La spectacularisation de l’information (Brunet, David-Blais, 2004 ; Lits, 2005 ; Kellner, 2003) favoriserait ainsi un traitement de la politique sous l’angle du jeu politique plutôt que des enjeux politiques.

6On peut dès lors supposer que l’utilisation d’internet et des réseaux sociaux permet aux représentants politiques de mettre davantage en avant les enjeux politiques que lorsqu’ils sont invités dans des médias politiques classiques (Ott, 2017 ; Casero-Ripollés et al., 2016). Une des raisons poussant des représentants politiques à utiliser un espace de communication contrôlée, et non pas négociée avec les médias et les journalistes, peut être en effet la volonté de mettre à l’agenda des thématiques différentes de celles habituellement développées. À la différence d’une interview où les thèmes abordés résultent toujours d’une négociation, préalable ou dans l’instant, entre le représentant politique et le journaliste, lorsqu’il est dans « son » émission en ligne, le représentant politique a tout intérêt à construire la réalité politique à son avantage. Cela passe par la mise à l’agenda des enjeux qui lui sont potentiellement favorables, d’autant que la forme de ce réseau social lui permet de développer en détail les enjeux qu’il souhaite médiatiser. Cela est d’autant plus vrai pour La France insoumise qu’elle reprend à son compte la critique classique des médias traditionnels, comme uniquement tournés vers le spectaculaire et la faible qualité informationnelle, et ce au détriment du fond. Pour Pablo Castaño (2018) en effet, une des raisons ayant poussé La France insoumise à utiliser les réseaux sociaux était le dénigrement constant (ou « bashing ») dont le parti faisait l’objet dans les émissions traditionnelles, rendant impossible le développement des enjeux politiques. De même, dans le cas de Podemos, parti politique espagnol dont s’est inspirée La France insoumise pour sa stratégie populiste et pour sa communication, l’émission en ligne La Tuerka répond à la volonté d’éviter la présence de journalistes agissant comme des leaders d’opinion pour les spectateurs, afin de pouvoir développer des enjeux stratégiques (Petithomme, 2019).

Hypothèse 1 : les enjeux politiques seront davantage traités sur YouTube que dans les interviews politiques classiques

YouTube, espace d’individualisation des contenus politiques

7Le contenu des émissions politiques ne se réduit pas aux simples thématiques mises en avant ou à l’opposition entre jeu et enjeux politiques. Il dépend aussi des registres selon lesquels sont traitées les thématiques politiques. Les travaux menés par Christian Le Bart (2013) ont justement montré comment, dans un contexte général de déclin des institutions (Dubet, 2002), la mise en scène de la politique était progressivement passée d’un registre institutionnel à un registre individuel, les représentants politiques prenant le pas sur les partis dont ils sont issus (Rosanvallon, 1998 ; Manin, 1995 ; Le Bart, 2013). Alors que les représentants politiques n’existaient auparavant que comme porte-parole des institutions politiques qui leur conféraient leur entière légitimité, c’est désormais sur leur expérience personnelle que se fonde cette légitimité. Comme l’écrit C. Le Bart,

[l]es politiques se mettent en scène comme témoins. De là où ils sont, ils voient et entendent des choses. La capacité à écouter ses interlocuteurs a remplacé la capacité à comprendre la société dans son ensemble ; plus exactement, la première conditionne la seconde. (Le Bart, 2013, p. 146)

8Dans cette dynamique de traitement des questions politiques selon un registre individuel et non plus institutionnel, les médias ont joué un rôle déterminant. De nombreux travaux sont en effet venus montrer à quel point la mise en scène de la politique était devenue une mise en scène des acteurs politiques. Ces derniers doivent pouvoir parler en leur nom propre des questions politiques, s’autonomiser des structures et fonder leur opinion sur leur propre expérience. L’apparition des émissions d’infotainment comme concurrents télévisuels des émissions politiques classiques s’inscrit largement dans cette logique de mise en scène d’un registre plus individuel (Van Zoonen, 2004 ; Brants, 1998 ; Leroux, Riutort, 2013 ; Le Foulgoc, 2010).

9Mais si les médias classiques ont adopté ce registre individuel et non plus institutionnel, les réseaux sociaux vont plus loin dans ce développement. De manière générale, Hayley L. Cocker et James Cronin (2017) expliquent comment la mise en scène d’un individu qui s’implique personnellement constitue la norme principale des réseaux sociaux. Plusieurs études menées dans différents contextes nationaux ont ainsi montré que les représentants politiques n’utilisaient pas seulement les réseaux sociaux pour développer leur programme, mais aussi pour mettre en scène leur personne (Enli, Skogerbø, 2013 ; Van Santen, Van Zoonen, 2010). L’étude menée par Manon Metz, Sanne Kruikemeier et Sophie Lecheler (2019) sur les comptes Facebook de membres du parlement allemand montre ainsi l’importance de la mise en scène du représentant politique, que ce soit dans un contexte privé ou public. Dans le cas de YouTube, l’impératif de personnalisation se trouve par ailleurs exacerbé, dans la mesure où la proximité textuelle se trouve renforcée par la proximité visuelle du Youtuber s’adressant à son spectateur. Cette individualisation des contenus politiques a par ailleurs toutes les chances d’être encore plus prononcée au sein des mouvements aux stratégies populistes visant à figurer la proximité du leader avec la population. Les différentes études menées sur Podemos ont ainsi largement montré à quel point les réseaux sociaux permettaient d’associer des contenus politiques à une mise en scène beaucoup plus personnelle des leaders du parti (Casero-Ripollés et al., 2016 ; López-Meri et al., 2017 ; Petithomme, 2019).

Hypothèse 2 : le registre individuel sera davantage présent sur YouTube que dans les interviews télévisées

Opérationnalisation

10Notre article vise à tester les deux précédentes hypothèses en comparant les contenus d’un corpus d’émissions YouTube et d’un corpus d’interviews dans des médias traditionnels à l’aide principalement d’une méthodologie quantitative de codage statistique, complétée par une analyse plus qualitative de certains passages clés de ces émissions.

  • 1 Dans la mesure où A. Quatennens n’avait publié aucune vidéo sur sa chaîne YouTube pendant la pério (...)

11Pour ce faire, nous nous sommes focalisé sur les trois représentants de La France insoumise cumulant une présence importante dans les médias traditionnels et une émission propre sur YouTube. L’ensemble des interventions dans les médias de J.-L. Mélenchon, F. Ruffin et A. Quatennens entre le 1er février 2018 et le 15 avril 2018 ainsi que l’ensemble des vidéos constituant leurs propres émissions, la Revue de la semaine, le Bulletin de Ruffin et le Forum d’Adrien Quatennens, ont constitué le corpus1. Cela représente onze interviews dans des médias traditionnels, à la radio ou à la télévision, et dix émissions en ligne. Le choix de ces trois représentants de La France insoumise repose sur plusieurs considérations. D’une part, au sein du mouvement, ce sont ceux qui utilisent le plus les réseaux sociaux, et en particulier la plateforme YouTube, tout en associant cette activité en ligne à une présence importante dans les médias classiques. D’autre part, ils présentent également des caractéristiques personnelles extrêmement différentes : J.-L. Mélenchon est le leader charismatique du mouvement, candidat de la gauche radicale à deux élections présidentielles et ayant obtenu lors du premier tour de la présidentielle de 2017 près de 20 % des suffrages exprimés. À l’opposé de cette position, A. Quatennens est un tout jeune député du mouvement, il a 27 ans au moment des différentes émissions et sa médiatisation est extrêmement récente. Quant à F. Ruffin, il présente une posture assez hybride, avec une médiatisation bien antérieure à la présidentielle de 2017. Rédacteur en chef du journal Fakir, réalisateur d’un film récompensé d’un César, s’il siège au sein du groupe parlementaire de La France insoumise, il accorde néanmoins une grande importance à son indépendance dans le mouvement. Étudier ces trois représentants aux profils variés permet ainsi de dégager d’éventuelles différences individuelles dans les éléments analysés, en fonction de leurs caractéristiques personnelles. Par ailleurs, le fait de concentrer l’étude sur une période restreinte permet d’assurer une comparabilité entre les corpus d’émissions en ligne et hors ligne, chose qui n’aurait pas été possible si les deux corpus étaient issus de périodes différentes. D’autre part, cette période correspond parfaitement à un « temps froid » de la politique, hors des conjonctures électorales, ce qui présente l’avantage de ne pas surreprésenter les questions de « jeu politique », toujours abondantes lors des périodes électorales (Gerstlé et al., 1992). Enfin, les émissions d’infotainment, bien que diffusées sur des chaînes généralistes, n’ont pas été prises en compte, dans la mesure où elles obéissent à des problématiques largement différentes des interviews traditionnelles (Leroux, Riutort, 2013).

12Une fois ces corpus constitués, nous nous livrons à une analyse quantitative du contenu de ces deux corpus avec une méthodologie s’inspirant grandement des travaux de Jacques Gerstlé, Olivier Duhamel et Dennis K. Davis (1992) et de Christophe Piar (2012, 2017). Au sein de chaque émission, la quantification s’effectue à plusieurs niveaux :

  • Tester la première hypothèse nécessite de quantifier, pour chaque émission, le temps consacré à discuter des enjeux politiques et celui passé à se focaliser sur le jeu politique. Concernant les enjeux politiques, nous distinguons par ailleurs les enjeux politiques de court terme des enjeux politiques de long terme, la « culture politique », c’est-à-dire les moments lors desquels le représentant politique parle de sujets historiques, culturels, directement ou indirectement politiques, mais ne se trouvant pas directement liés à l’actualité politique la plus immédiate. Les différentes séquences composant l’émission sont ainsi codées en termes de jeu politique ou d’enjeu politique. Le temps passé à développer des enjeux politiques dans une émission, rapporté au temps total de l’émission, permet ainsi de déterminer la part d’enjeux politiques dans celle-ci, de même pour le jeu politique. Il est bien évidemment illusoire de penser qu’une séquence peut être totalement identifiée comme relevant du jeu politique ou au contraire des enjeux politiques. Bien que les chevauchements soient fréquents, nous prenons le parti de considérer « le centre de gravité » d’une séquence, et de l’interpréter comme séquence de jeu politique si elle fait majoritairement ressortir ces éléments de jeu politique et au contraire comme séquence d’enjeux politiques si elle est principalement centrée sur ces dimensions.
  • Pour tester la seconde hypothèse, nous déterminons ensuite si chaque séquence visant à développer un enjeu politique ou consacrée au jeu politique se déroule selon un registre institutionnel ou individuel. Alors que dans le premier registre, le représentant politique cherche à adopter un regard surplombant sur les problématiques abordées, dans le second registre il utilise clairement la mise en scène de son expérience personnelle pour développer son propos. Au sein de chaque émission, le temps passé à développer des séquences utilisant un registre individuel ou institutionnel, rapporté à la durée totale de l’émission, permet ainsi de déterminer la part de chacun des deux registres2.

Des différences de contenu marquées entre YouTube et les émissions politiques traditionnelles

13L’étude des données statistiques issues du codage de notre corpus vient confirmer les deux hypothèses formulées.

Un espace de mise en avant des enjeux politiques

14L’étude des thématiques abordées dans les émissions classiques et sur YouTube montre des différences entre les deux corpus. Si, dans les deux types d’émissions, les enjeux politiques sont davantage développés que le jeu politique, le différentiel est plus important sur YouTube qu’il ne l’est à la télévision et à la radio. C’est en effet 55 % du temps des interviews qui est consacré aux enjeux politiques dans les médias classiques, pour 66 % du temps dans les émissions sur YouTube.

Graphique 1. Les thématiques traitées dans les émissions politiques classiques et sur YouTube

Graphique 1. Les thématiques traitées dans les émissions politiques classiques et sur YouTube

Dans la mesure où le nombre d’émissions n’est pas similaire pour chacun des trois représentants politiques, et afin de ne pas survaloriser l’impact du représentant intervenant davantage, nous effectuons dans chaque cas la moyenne de chaque représentant, puis la moyenne de ces trois moyennes.

15Cette situation s’explique en grande partie par la capacité que peuvent avoir les représentants politiques à contrôler les thématiques qui sont abordées lorsqu’ils sont sur leur chaîne YouTube. En effet, lorsque les représentants politiques sont invités dans les médias, la communication est négociée avec les journalistes : ils n’ont pas la possibilité de choisir complètement les enjeux qui seront discutés. Si les représentants politiques, lorsqu’ils sont invités, tentent de mettre en avant les enjeux qui leur paraissent favorables (Van Aelst, Walgrave, 2016), ils doivent néanmoins largement s’adapter aux intérêts médiatiques du moment (Davis, 2007 ; Strömbäck, Esser éd., 2015) et au fait que chaque représentant n’est pas associé aux mêmes enjeux politiques (c’est la notion de cadrage discriminant développée par J. Gerstlé, 1996).

16Les émissions en ligne donnent au contraire aux représentants politiques un espace pour choisir les enjeux qu’ils souhaitent mettre en avant, sans être contraints par l’intérêt médiatique pour telle ou telle thématique. Lorsqu’ils contrôlent l’agenda, ils peuvent choisir un nombre limité d’enjeux, ceux qu’ils jugent les plus stratégiques (Chong, Druckman, 2012 ; Gubitz et al., 2018 ; De Vries, Hobolt, 2012). On remarque par exemple que l’enjeu environnemental, axe fort et stratégique de La France insoumise et enjeu pour lequel le mouvement bénéficie d’une « crédibilité sectorielle » particulière (Chiche, Mayer, 1997 ; Gerstlé, Piar, 2016), est abondamment présent dans les émissions en ligne alors qu’il n’est évoqué à aucun moment dans les interviews classiques. À l’inverse, les représentants politiques doivent s’adapter aux médias traditionnels dans lesquels ils interviennent et développer des thématiques qu’ils ne considèrent pas comme essentielles et/ou sur lesquelles ils ne sont pas toujours à l’aise (Davis, 2007 ; Strömbäck, Esser éd., 2015). Un bon exemple est donné par F. Ruffin, qui, lorsqu’il est invité sur France Inter, reconnaît que l’enjeu sur lequel il est interrogé, bien qu’il soit d’actualité, n’a pas ses faveurs :

Journaliste : « Partons d’abord de l’actualité la plus chaude, et de ce qui se joue aujourd’hui autour des frappes qui ont eu lieu contre le régime de Bachar-al-Assad en Syrie. Des frappes sans preuve et sans mandat de l’ONU que dénonçait Jean-Luc Mélenchon, est-ce que vous le suivez dans son analyse ? »

F. Ruffin : « Je tiens à dire que sur cette question je tiens à m’exprimer avec énormément de modestie. D’abord parce que c’est une question grave et ça met en danger des vies humaines, ça c’est la première chose. Et ma compétence en la matière est quand même extrêmement limitée. » (Questions politiques, France Inter, 15 avril 2018)

17On comprend donc aisément pourquoi les enjeux politiques sont favorisés dans les émissions en ligne par rapport aux émissions classiques : les représentants politiques y ont la possibilité de développer leurs thématiques favorites sans contradicteurs.

18Lorsque l’on se livre à une étude plus précise de la structure même des enjeux politiques présentés, d’autres résultats intéressants apparaissent. Le graphique 2 nous dévoile en effet la part des enjeux politiques de court terme, qui s’inscrivent dans l’actualité politique immédiate, et celle des enjeux politiques de long terme, la « culture politique », qui cherchent à dépasser le cadre de l’immédiateté pour replacer les enjeux politiques dans une perspective historique ou culturelle.

Graphique 2. Structure des enjeux politiques dans les émissions politiques classiques et sur YouTube

Graphique 2. Structure des enjeux politiques dans les émissions politiques classiques et sur YouTube

19Quand la culture politique est absente de la télévision et de la radio, elle représente 18 % du temps consacré aux enjeux sur internet. C’est par exemple J.-L. Mélenchon qui, dans la Revue de la semaine no 55, parle longuement de l’histoire politique de l’Amérique du Sud. C’est également F. Ruffin qui, dans son Bulletin no 23, explique, à partir d’un livre qu’il a lu, l’histoire croisée du développement du football et du capitalisme. La focalisation sur ces éléments de culture politique s’explique de deux manières différentes. D’une part, si certains de ces thèmes sont bien évidemment politiques, ils sont néanmoins déconnectés de l’actualité nationale la plus brûlante et n’intéressent donc pas les journalistes, dans la mesure où ils constituent tout l’inverse des « évènements médiatiques » si prisés par les médias (Champagne, 1991). YouTube apparaît donc comme un espace de choix pour développer de telles thématiques, en premier lieu parce que c’est un espace où les représentants politiques peuvent prendre le temps de développer plus en détail des questions pouvant passer pour secondaires aux yeux des médias. Il serait néanmoins erroné de considérer que tous les enjeux développés au sein de la catégorie de culture politique n’intéressent pas les journalistes et les médias traditionnels. Par exemple, J.-L. Mélenchon a été largement questionné dans les médias à propos de sa proximité idéologique avec différents régimes d’Amérique latine. Dans la plupart des cas, cependant, le cadrage médiatique adopté se révèle nettement dévalorisant pour le représentant de La France insoumise, dont le soutien à des régimes qualifiés de peu démocratiques est fortement critiqué. Le format relativement court des émissions politiques traditionnelles, tout comme la présence d’un journaliste contradicteur, ne lui permet pas de déconstruire l’argumentaire qui lui est opposé. Au contraire, sur YouTube, le format des émissions, plus long, et l’absence de contradicteur donnent au représentant politique l’occasion de revenir plus amplement sur ces thématiques problématiques tout en se défaisant du cadrage médiatique dévalorisant habituellement assigné. Ce contournement du système médiatique pour produire une vision contre-hégémonique du monde est par ailleurs largement assumé par le représentant politique lui-même :

Le consentement à l’autorité et l’évidence de celle-ci, reposent toujours sur des constructions idéologiques globales qui fondent leur légitimité. L’appareil qui produit et reproduit cette idéologie et l’injecte dans le sang du corps social doit donc être la première cible du combat contre l’ordre établi. […] Comme l’a dit le sociologue du « populisme de gauche », l’argentin Ernesto Laclau, « le seul parti effectif contre nous est le système médiatique ». (Mélenchon, 2017)

20On remarque néanmoins que le jeu politique, s’il est certes présent dans des proportions inférieures aux émissions classiques (34 % contre 45 %), n’est pas absent de la communication sur YouTube. Le commentaire de la vie politique n’est donc pas l’apanage des journalistes : même lorsqu’ils contrôlent leur communication, les représentants politiques développent des thématiques de jeu politique. Deux raisons à ce phénomène peuvent être avancées, l’une touchant aux acteurs politiques et l’autre à la sphère médiatique.

21D’une part, les enjeux politiques ne peuvent pas se suffire à eux-mêmes, et doivent être replacés dans une compétition politique dont la forme et les contours méritent d’être sans cesse réexpliqués. Comme l’analyse en effet Pierre Bourdieu (1984), l’état du champ politique est un marqueur essentiel pour les individus, il leur permet d’élaborer leur opinion sur les différents enjeux politiques. Dès lors, fournir aux citoyens une idée claire et précise de l’état de la compétition au sein du champ politique et de sa propre position au sein de celui-ci devient quelque chose d’essentiel pour le représentant politique. D’autre part, la présence non négligeable de jeu politique sur YouTube montre également la profonde imbrication et la complémentarité des « anciens » et des nouveaux médias, les réseaux sociaux n’étant en rien indépendants des médias politiques classiques (Moreira Cesar, 2017). Les représentants politiques ne peuvent en effet pas se contenter de faire la sourde oreille aux éléments de jeu politique, mais doivent au contraire réagir, quasiment en permanence, à cette actualité médiatique. L’exemple le plus parlant à ce niveau est certainement donné par J.-L. Mélenchon qui, dans sa Revue de la semaine no 56, passe de longues minutes à commenter non pas l’actualité judiciaire de La France insoumise, mais la façon dont cette affaire judiciaire est mise en scène dans les médias. Les intérêts médiatiques, et donc principalement les intérêts en termes de jeu politique, influencent ainsi, indirectement certes, mais néanmoins bien réellement, la communication politique, qui, même lorsqu’elle est totalement contrôlée, n’est jamais pleinement autonome.

22La nécessité pour les représentants politiques d’expliquer l’état du champ politique afin de permettre aux futurs électeurs de s’y repérer, tout comme la diffusion des intérêts des médias classiques aux sphères pourtant contrôlées de la communication politique, explique ainsi la présence non négligeable de jeu politique sur YouTube.

23Notre première hypothèse est néanmoins validée : les enjeux politiques sont davantage présents sur YouTube que dans les émissions politiques télévisées traditionnelles. Ce réseau social permet par ailleurs aux représentants du mouvement de prendre du recul par rapport au culte de l’immédiateté qui règne généralement dans les médias politiques classiques, en essayant de replacer les problématiques politiques contemporaines dans un contexte historique, culturel, philosophique et même idéologique plus large. Mais si le jeu politique est certes moins présent en ligne, il y demeure néanmoins comme un aspect significatif de la communication des représentants politiques.

Un média approprié au développement d’un registre plus individuel

24Comme nous le disions plus haut, l’étude du contenu d’un média ne se limite pas aux thématiques développées. Le graphique 3 présente ainsi, pour chaque média, la part des thématiques ayant été traitées selon un registre individuel – en mettant en scène l’expérience personnelle du représentant politique – et la part de celles ayant été abordées selon un registre plus institutionnel.

Graphique 3. Structure du registre utilisé, dans les émissions politiques classiques et sur YouTube

Graphique 3. Structure du registre utilisé, dans les émissions politiques classiques et sur YouTube

25On remarque ainsi, conformément à l’hypothèse que nous formulions, que le registre individuel est davantage présent sur YouTube qu’il ne l’est dans les émissions politiques classiques. Pour les trois représentants politiques présentés, le registre individuel est à chaque fois davantage présent sur YouTube. Les réseaux sociaux, en l’occurrence YouTube, constituent donc bien un espace qui permet une implication personnelle du représentant politique plus importante que dans les émissions politiques, où, très majoritairement encore, persiste le registre institutionnel censé faire ressortir la hauteur de vue du représentant politique.

26Il est néanmoins frappant de constater à quel point ces résultats diffèrent selon le représentant politique en présence. Quand F. Ruffin utilise presque exclusivement un registre individualisé lorsqu’il est sur YouTube, A. Quatennens fait l’exact inverse, tandis que J.-L. Mélenchon alterne entre les deux types de registres. Il est vrai que la position institutionnelle des trois représentants politiques est extrêmement différente : F. Ruffin dispose d’une part d’un capital médiatique bien supérieur à celui d’A. Quatennens, et bénéficie d’autre part d’une position largement autonome par rapport au mouvement, quand A. Quatennens est totalement dépendant de celui-ci. Quant à J.-L. Mélenchon, sa figure de leader de mouvement et de candidat à la présidentielle le pousse à ne pas abandonner ce registre plus institutionnel : le fait qu’il incarne le mouvement politique l’oblige dans une certaine mesure à parler au nom de celui-ci. Par ailleurs, dans l’immense majorité des cas, lorsque les représentants politiques mobilisent leur expérience personnelle, c’est dans l’objectif de marquer leur proximité avec la population. La mise en scène de la proximité politique s’inscrit en effet dans le contexte particulier d’une crise de la représentation politique où les liens entre les représentés et les représentants se distendent (Tiberj, 2017 ; Dalton, 2015 ; Norris, 2017). Dans cette situation, la norme traditionnelle de distinction (Manin, 1995) se trouve largement concurrencée par la mise en scène de la proximité du représentant politique avec les citoyens ordinaires. De nombreux auteurs insistent par ailleurs sur l’aspect décisif de cette stratégie au sein des partis « populistes » (Castaño, 2018 ; Jagers, Walgrave, 2007 ; López-Meri et al., 2017).

27C’est par exemple le cas de F. Ruffin dans son Bulletin no 22 qui, pour développer un discours sur une thématique écologique, et plus précisément sur l’artificialisation des sols, utilise son propre vécu.

F. Ruffin : « Tu vois par exemple tous les ans je prends mes vacances en Ardèche, je suis comme un chien je vais toujours pisser au même endroit. Et quand tu vas en Ardèche, c’est toute la vallée donc là où il y a de l’irrigation, là où il y a des bonnes terres qui est bouffée par toutes les habitations mais surtout les entrepôts tous azimuts. »

28Néanmoins, force est de constater que tous les représentants d’un mouvement populiste ne se fondent pas dans le même moule du registre individuel et de la proximité. Le cas d’A. Quatennens montre bien que l’impératif de distinction est manifeste dans certaines situations. La stratégie de personnalisation et de proximité nécessite ainsi d’avoir au préalable un capital politique bien affirmé. Dans la mesure où le registre individuel permet de montrer la proximité du représentant avec la population, les représentants politiques qui utilisent ce registre sont également ceux qui peuvent se permettre, ou du moins qui assument stratégiquement, de jouer la carte de la proximité avec la population. Et c’est à ce niveau, mais à ce niveau seulement, que YouTube apparaît comme le média idoine pour le développement du registre individuel et de la stratégie de proximité.

29Notre seconde hypothèse est néanmoins validée : le registre individuel est davantage utilisé sur YouTube qu’il ne l’est dans les émissions politiques classiques, en particulier par les représentants politiques voulant, et pouvant, jouer la carte de la proximité avec la population.

*

30L’étude de la communication en ligne et hors ligne de trois représentants de La France insoumise fait ainsi ressortir plusieurs résultats décisifs. Tout d’abord, les thématiques de fond, les enjeux politiques sont davantage traités sur YouTube qu’ils ne le sont dans les médias traditionnels. Plus encore, par sa forme extensive, ce média permet de prendre de la hauteur par rapport aux enjeux politiques d’actualité et fait une place importante à la « culture politique », soit la mise en perspective historique ou culturelle de ces enjeux politiques. Néanmoins, le « jeu politique », soit le commentaire de la vie politique, s’il est moins présent sur YouTube que dans les médias classiques, n’est néanmoins pas absent du média en ligne. Si le commentaire du champ politique sur YouTube prend indéniablement un aspect stratégique dans certaines circonstances, pour des représentants politiques qui cherchent à situer leurs positions par rapport à celles de leurs concurrents, il prouve également l’imbrication existant entre les différents types de médias. L’intérêt des médias traditionnels pour le commentaire de la vie politique se répercute ainsi dans les médias en ligne, qui ne sont donc pas totalement autonomes par rapport aux émissions politiques classiques.

31Par ailleurs, YouTube apparaît également comme un espace médiatique dans lequel le contenu politique est plus individualisé que dans les médias politiques classiques. L’expérience personnelle du représentant politique est ainsi davantage mise en avant, généralement pour marquer une relation de proximité avec les spectateurs. Néanmoins, ce registre individuel n’est pas non plus automatique sur YouTube et dépend largement du capital politique et médiatique de l’individu. Il n’y a donc aucun systématisme à l’individualisation du contenu sur YouTube, cette plateforme étant seulement particulièrement bien adaptée à la mise en scène de ces contenus plus personnels.

32D’une manière générale, YouTube est donc un espace permettant à la fois de prendre de la hauteur, du recul – en témoigne le développement de thématiques de « culture politique » –, et d’adopter un registre individuel avec un objectif de proximité.

33Cette étude mériterait d’être prolongée en envisageant les effets que ce type de communication sur les réseaux sociaux peut exercer sur le rapport des individus à la politique, que ce soit en termes de connaissances politiques mais également de confiance envers les représentants politiques. D’une part, ces types de contenus maximisant un registre individuel destiné à souligner la proximité du représentant politique avec les citoyens peuvent susciter la sympathie de l’auditoire. D’autre part, la part moins importante prise en ligne par les éléments de jeu politique peut apparaître comme quelque chose d’extrêmement positif, que ce soit en termes de connaissances politiques, mais aussi de confiance dans la politique, si l’on considère avec J. Gerstlé et C. Piar (2016, p. 130) que c’est avant tout la survalorisation du jeu politique qui renforce la désaffection du politique.

34La limite majeure de l’article est de ne se focaliser que sur le cas de La France insoumise, parti considéré comme populiste. Les résultats que l’on obtient ici sont-ils ainsi liés au type de média ou proviennent-ils du fait que les représentants politiques analysés mettent en place une stratégie populiste ? Pour répondre à cette question, une étude comparative entre la communication des partis populistes et des partis traditionnels semble nécessaire. Néanmoins, dans les faits, La France insoumise est quasiment le seul parti politique français à utiliser la plateforme YouTube pour produire un contenu politique propre. C’est parce que ce parti est populiste qu’il utilise YouTube, car ce réseau permet d’amplifier une communication qui cherche à figurer la proximité avec la population tout en développant des enjeux politiques, chose que remarquaient déjà, dans un contexte international, Nicole Ernst, Frank Esser, Sina Blassnig et Sven Engesser (2019), ainsi que S. Engesser, Nayla Fawzi et Anders Olof Larsson (2017). D’ailleurs, parmi les trois représentants de La France insoumise étudiés, celui qui utilise le moins YouTube est également celui qui est le plus éloigné d’un style de communication populiste.

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Annexe

Tableau 1. Liste et caractéristiques des émissions traditionnelles prises en compte

Émissions traditionnelles
Chaîne Émissions Durée Date
Jean-Luc Mélenchon CNEWS Le Grand Rendez-vous 00:35:45 dimanche 8 avril 2018
BFM TV Bourdin direct 00:19:20 jeudi 1er février 2018
France 3 Dimanche en politique 00:22:35 dimanche 11 mars 2018
BFM TV Bourdin direct 00:20:25 jeudi 22 mars 2018
François Ruffin BFM TV Bourdin direct 00:20:13 mercredi 14 mars 2018
BFM TV BFM politique 00:28:31 dimanche 1er avril 2018
France Inter Questions politiques 00:39:09 dimanche 15 avril 2018
Adrien Quatennens RFI Le matin de RFI 00:09:31 mercredi 4 avril 2018
France 2 Les 4 vérités 00:07:02 mercredi 14 février 2018
BFM TV Bourdin direct 00:20:04 mercredi 11 avril 2018
France Info L’instant politique 00:09:30 mercredi 7 février 2018

Tableau 2. Liste et caractéristiques des émissions YouTube prises en compte

Émissions en ligne
Émissions Durée Date
Jean-Luc Mélenchon Revue de la semaine no 55 00:29:56 dimanche 18 février 2018
Revue de la semaine no 56 00:40:51 jeudi 22 février 2018
Revue de la semaine no 57 00:34:44 jeudi 8 mars 2018
Revue de la semaine no 58 00:29:13 mercredi 21 mars 2018
Revue de la semaine no 59 00:22:56 mercredi 28 mars 2018
François Ruffin Bulletin no 21 00:16:00 jeudi 8 février 2018
Bulletin no 22 00:20:34 vendredi 23 février 2018
Bulletin no 23 00:23:42 mardi 6 mars 2018
Bulletin no 24 00:19:08 samedi 31 mars 2018
Adrien Quatennens Le Forum no 1 00:30:30 vendredi 22 décembre 2017
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Notes

1 Dans la mesure où A. Quatennens n’avait publié aucune vidéo sur sa chaîne YouTube pendant la période sélectionnée, nous avons choisi d’utiliser dans son cas précis une émission sortant légèrement de la période d’étude et datant du 22 décembre 2017.

2 Les précautions concernant les éventuels chevauchements entre les catégories de codage valent également ici, et nous codons également les séquences selon leur centre de gravité.

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Table des illustrations

Titre Graphique 1. Les thématiques traitées dans les émissions politiques classiques et sur YouTube
Légende Dans la mesure où le nombre d’émissions n’est pas similaire pour chacun des trois représentants politiques, et afin de ne pas survaloriser l’impact du représentant intervenant davantage, nous effectuons dans chaque cas la moyenne de chaque représentant, puis la moyenne de ces trois moyennes.
URL http://journals.openedition.org/mots/docannexe/image/26867/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 79k
Titre Graphique 2. Structure des enjeux politiques dans les émissions politiques classiques et sur YouTube
URL http://journals.openedition.org/mots/docannexe/image/26867/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 118k
Titre Graphique 3. Structure du registre utilisé, dans les émissions politiques classiques et sur YouTube
URL http://journals.openedition.org/mots/docannexe/image/26867/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 134k
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Pour citer cet article

Référence papier

Antoine Bristielle, « YouTube comme média politique : les différences de contenu entre interviews politiques classiques et émissions en ligne de trois représentants de La France insoumise »Mots. Les langages du politique, 123 | 2020, 103-121.

Référence électronique

Antoine Bristielle, « YouTube comme média politique : les différences de contenu entre interviews politiques classiques et émissions en ligne de trois représentants de La France insoumise »Mots. Les langages du politique [En ligne], 123 | 2020, mis en ligne le 01 janvier 2023, consulté le 15 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/mots/26867 ; DOI : https://doi.org/10.4000/mots.26867

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Auteur

Antoine Bristielle

Sciences Po Grenoble, UMR PACTE

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Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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