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Le populisme comme phénomène de communication : une comparaison transversale et longitudinale des campagnes politiques sur Facebook

Populism as a communication phenomenon: A cross-sectional and longitudinal comparison of political campaigning on Facebook
El populismo como fenómeno de comunicación: una comparación transversal y longitudinal de las campañas políticas en Facebook
Ulrike Klinger et Karolina Koc-Michalska
p. 177-199
Cet article est une traduction de :
Populism as a communication phenomenon: A cross-sectional and longitudinal comparison of political campaigning on Facebook [en]

Résumés

Dans cet article, nous envisageons la notion de populisme comme un phénomène de communication qui comprend des éléments typiques de contenu (le peuple, l’anti-élitisme et l’exclusion des hors-groupes) et de style (l’évocation de la peur, la simplification excessive et le registre de langue), nous éloignant ainsi des approches centrées sur les acteurs pour adopter une approche centrée sur les contenus. Empiriquement, notre étude mesure les différents degrés et les différentes formes de populisme à travers l’analyse de 3564 posts Facebook publiés sur les pages de partis politiques en France, en Allemagne et au Royaume-Uni pendant les campagnes des élections européennes de 2014, les campagnes des élections parlementaires nationales de 2017 et une période non électorale dans chaque pays en 2018. Les résultats montrent que le populisme n’est pas un phénomène marginal, mais qu’il est présent dans environ un quart des messages ; qu’il existe des distinctions dans le temps entre les pays, les types de partis, les domaines politiques. Si les partis radicaux sont très exclusifs à l’égard des groupes marginaux à droite et très anti-élitistes à gauche et à droite, cette observation ne donne qu’une vision partielle du phénomène multiforme du populisme.

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Notes de l’auteur

Cette étude a été partiellement financée par une subvention « Innovation and stability » de la Fondation Audencia, France.

Texte intégral

1L’article fournit une vérification empirique du concept de populisme comme phénomène de communication. Il s’éloigne ainsi d’une approche centrée sur les acteurs, où les partis sont perçus comme populistes ou non populistes en fonction de leur positionnement idéologique. L’approche du populisme en tant que phénomène de communication suppose que tout parti peut présenter un contenu populiste lorsqu’il communique avec les électeurs. Dans notre analyse, nous utilisons des données sur la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni pendant trois périodes différentes : les élections européennes de 2014 (second ordre), les élections parlementaires nationales de 2017 (premier ordre), et une période non électorale à partir de janvier 2018. Au total, l’article se fonde sur 3564 posts produits par les partis politiques sur Facebook pendant six semaines.

2Il contient une discussion des théories qui nous ont permis de mettre au jour quatre hypothèses et une question de recherche. Après avoir décrit la méthode de collecte et de traitement des données (parties 1 à 3), nous présentons les résultats dans une quatrième partie. La cinquième et dernière partie est entièrement consacrée à la discussion des résultats.

Le populisme comme communication

3Le populisme est partout : dans l’actualité, dans les discours publics et dans la recherche en communication politique. Au cours des trente dernières années, le soutien aux partis populistes de droite radicale a atteint un niveau historique (Tartar, 2017). Le populisme est devenu un sujet de recherche omniprésent, non seulement en raison de la recrudescence des leaders, partis et mouvements populistes de droite et de gauche, mais aussi parce que le populisme est un phénomène qui pose des défis extrêmement stimulants aux chercheurs en sciences sociales : le concept est notoirement vague (Canovan, 1999), « immaîtrisable, incontrôlable et inutilisable » (Pranchère, 2020), « confus » (Oliver et Rahn, 2016), « caméléon » (Taggart, 2000), et il est décrit au niveau théorique comme « un zeitgeist opaque » (Mudde, 2004).

4Récemment, Claes de Vreese et ses co-auteurs (2018, p. 3) ont évoqué une « nouvelle génération de chercheurs sur le populisme ». Dans cette section, nous soutenons qu’une compréhension du populisme en tant que phénomène de communication (Mazzoleni et Bracciale, 2018) permet en effet aux chercheurs de jeter un pont entre les débats sur la question de savoir si le populisme est ou non une idéologie, un discours, une stratégie de mobilisation, un type d’organisation ou une logique politique (Laclau, 2005 ; Moffit et Tormey, 2015 ; Zulianello, et al., 2018).

  • 1 En anglais, « thin ideology ».

5En accord avec C. de Vreese et ses co-auteurs (2018), nous considérons le populisme comme un phénomène de communication qui comprend des éléments typiques de contenu (le peuple, l’anti-élitisme et l’exclusion des hors-groupes) et de style (l’évocation de la peur, la simplification excessive et le registre de langue). En conséquence, « l’accent est mis sur les messages populistes comme “phénomène en tant que tel”, indépendant, et non plus sur une famille de partis ou un type de politicien particulier » (de Vreese et al., 2018, p. 3). Autrement dit, nous envisageons le populisme non seulement à travers les attributs des acteurs, mais surtout à travers leurs actions. Nous ne considérons pas le populisme en termes de dichotomie – soit/ou, populiste/non-populiste – mais comme un phénomène qui varie en degré. Par conséquent, le présent article ne se concentre pas sur le populisme en tant qu’idéologie, il n’adopte pas une approche centrée sur l’acteur (Mudde, 2004) et sur le caractère idéationnel du phénomène (Mazzoleni, 2008 ; Pauwels 2011 ; Hawkins et al. 2012), il ne porte pas plus sur sa nature d’« idéologie maigre1 [qui] devient si maigre qu’elle en perd toute validité conceptuelle et toute utilité » (Moffit et Tormey, 2014, p. 383), que sur le populisme « d’en-bas » (Ivaldi, 2018).

6Le populisme, dans le contexte de cet article, fait référence à trois éléments fondamentaux du contenu de la communication : le peuple, l’anti-élitisme et l’exclusion des hors-groupes.

  • Peuple : le populisme fait référence au peuple essentiellement par opposition aux valeurs et aux idées des élites et de certains groupes minoritaires qui sont exclus du « peuple », et non pas pour le bien du peuple en tant que tel. En tant qu’élément du populisme, le peuple est donc une construction rhétorique qui est instrumentale et qui peut être exploitée. Il ne désigne pas l’ensemble des citoyens ou de la population d’un territoire. C’est une fiction qui renvoie à un groupe uni et homogène de personnes ordinaires et à la majorité silencieuse (Oliver et Rahn, 2016). Dans cet imaginaire, le peuple est uni, solidaire, guidé par le bon sens, doté des mêmes intérêts, valeurs et opinions, et il peut être invoqué sous de nombreuses formes telles que la nation, les paysans, les électeurs ou le prolétariat (Rooduijn, 2014). Du point de vue du populisme, le peuple est dans un état de crise par défaut, menacé par les autres de l’extérieur, c’est pourquoi le populisme a été associé à une perspective manichéenne et à une vision du monde dualiste où un Nous s’affirme contre un Eux.
  • Anti-élitisme : l’élite est décrite comme un groupe homogène dont l’identité est fondée sur son opposition au peuple (Engesser et al., 2017a). On la retrouve dans les systèmes politiques, économiques et juridiques, dans les médias et dans les institutions supranationales. L’idée centrale de l’anti-élitisme est l’attribution de la faute. Lorsqu’on évoque un peuple en crise, on accuse les élites de ne pas pouvoir ou vouloir représenter la volonté du peuple ni respecter sa souveraineté. L’opposition du populisme à la complexité est liée à l’anti-élitisme : « La complexité est un racket égoïste perpétué par les politiciens professionnels » (Canovan, 1999, p. 6). Au contraire, le populisme affirme que la politique devrait être guidée par le bon sens du peuple qui, lui, serait pur et simple. Le degré d’antagonisme varie également : le populisme se présente toujours en opposition aux élites, mais il peut également s’opposer à d’autres groupes dans la société (Moffit et Tormey, 2014).
  • Hors-groupes : Certains chercheurs affirment que l’exclusion des hors-groupes n’est pas une caractéristique et un élément clé du populisme en tant que tel, mais seulement un élément du populisme de la droite radicale. Nous soutenons, à l’instar de C. de Vreese et ses co-auteurs (2018), que l’exclusion des groupes marginaux n’est pas un élément déterminant de toutes les variantes du populisme, mais qu’elle est présente à la fois à droite et à gauche du spectre populiste. L’exclusion des autres constitue la dimension horizontale du caractère intrinsèquement antagoniste du populisme. Les élites sont les personnes au pouvoir et, par conséquent, l’ennemi d’en haut ; les hors-groupes – c’est-à-dire les groupes que les populistes stigmatisent comme une menace ou un fardeau pour le peuple (Jagers et Walgrave, 2007) – sont l’ennemi de l’intérieur de la société. Ici encore, la notion de hors-groupe est une construction, celle « d’un groupe interne irréprochable opposé à un groupe externe coupable » (Hamleers et al., 2017, p. 872). En ce sens, Cristóbal Rovira Kaltwasser (2018) fait la différence entre le populisme d’exclusion et le populisme d’inclusion. Alors que le premier est souvent ancré dans la notion de nativisme et dans les idéologies de droite qui s’opposent aux immigrants, aux minorités ethniques et religieuses, aux homosexuels ou aux bénéficiaires de l’aide sociale, le second se concentre sur les positions de la gauche radicale et construit un groupe homogène à partir des personnes affectées par des politiques socio-économiques et des mesures d’austérité considérées comme injustes. De même, Michael Hameleers et Rens Vliegenthart (2020) différencient l’exclusion de gauche et de droite. Dans notre opérationnalisation, nous ne différencions pas en fonction de l’identité des groupes exclus mais nous nous concentrons sur la question de savoir si des groupes sont exclus. (Voir l’annexe B présentant le livre de codes : V8_OSTRACISME.)

7Sur la base des contributions de Jan Jagers et Stefaan Walgrave (2007) ainsi que de C. de Vreese et de ses co-auteurs (2018), nous appliquons une typologie du populisme qui différencie quatre niveaux de populisme comme phénomène de communication qui, à des degrés divers, peuvent être identifiés empiriquement dans les messages politiques.

  • Populisme intégral : peuple + élite + hors-groupe
  • Populisme anti-élitiste : peuple + élite
  • Populisme d’exclusion : peuple + hors-groupe
  • Populisme vide : peuple

8Dans cette typologie, l’invocation du peuple est au cœur du populisme et produit différents types de populisme selon qu’elle est liée ou non à l’élite et aux éléments extérieurs au groupe. Le populisme intégral combine ces trois éléments. L’anti-élitisme ou l’exclusion des groupes marginaux ne constituent pas à eux seuls un type de populisme ; ils ne le sont qu’en combinaison avec l’élément peuple. Inversement, la simple invocation du peuple sans référence à l’anti-élitisme ou aux hors-groupes est considérée comme un populisme vide, la « définition initiale à coquille vide » du populisme (Jagers et Walgrave, 2007, p. 323).

9Bien que, en ce qui concerne le contenu, le peuple, l’anti-élitisme et l’exclusion des hors-groupes forment les trois « piliers du discours populiste » (Bobba, 2019, p. 2), il est également important de considérer la façon dont le populisme se manifeste dans le style des messages, c’est-à-dire la façon dont les acteurs présentent les idées et les informations. Comme nous l’avons soutenu précédemment, le populisme comme phénomène de communication ne concerne pas les attributs d’un acteur politique, mais ses actions. De ce point de vue, le populisme peut être considéré comme performatif, dans le sens où il est conçu pour agir concrètement sur celles et ceux à qui il s’adresse ; il relève de ce qui est dit et de la manière dont cela est dit (Bracciale et Martella, 2017). De plus, le recours au populisme ne se limite pas à la droite ou à la gauche radicales, puisque « les politiciens peuvent se glisser dans le style populiste et en sortir » (Moffit et Tormey, 2014, p. 393). Le style performatif du populisme a été décrit comme direct, émotionnel (Canovan, 1999), simple (évitant la complexité) et brutal. Le populiste transgresse les limites du politiquement correct attendu : « tel un “invité ivre” […] aux “mauvaises manières” […], le populiste perturbe le déroulement normal du dîner, suscitant le malaise […] des convives habituels » (Oliver et Rahn, 2016, p. 191). Le populisme est émotionnel, il génère des émotions en brisant délibérément les tabous de la politique et de la culture politique dominantes, en ayant recours à des provocations calculées (Pauwels, 2011) et en adoptant un récit d’outsider (Mazzoleni, 2008) et d’auto-victimisation, entre autres thèmes symboliques. Ces émotions sont essentiellement la peur et la colère (Hameleers et al., 2017).

10Pour aborder ces questions et conceptualiser le populisme en tant que phénomène de communication, nous étudions à la fois le populisme de contenu (PiC) et le populisme de style (PiS). Ces deux aspects varient en degré, car tous les acteurs du spectre politique pris dans son ensemble peuvent employer des éléments de contenu et de style populistes dans leur communication publique. Comme le soulignent James Stanyer et ses co-auteurs (2016) :

[I]l est important de redire que la plupart des études sont centrées sur les acteurs et que nous manquons d’études empiriques systématiques. Par conséquent, nos connaissances sont pauvres sur la fréquence à laquelle les acteurs politiques traditionnels populistes et non populistes se réfèrent au peuple, expriment l’anti-élitisme et excluent divers hors-groupes dans leur communication. (p. 361)

Le populisme dans les campagnes électorales

11Des études empiriques récentes ont commencé à aborder le populisme comme un phénomène de communication, considérant par ailleurs que la prolifération des plateformes de médias sociaux permet d’accéder à la communication populiste à travers un nouveau type de données. Alors que les recherches antérieures se limitaient à des genres très formalisés, comme les discours publics et les publications des partis, les médias sociaux permettent aux chercheurs de saisir la communication politique et ses effets de manière plus granulaire. Les médias sociaux sont devenus des plateformes courantes pour les partis et les acteurs politiques en campagne, où ils diffusent leurs messages sans être filtrés par les journalistes. Les posts sur les médias sociaux sont moins formalisés que les publications des partis, la façon dont le contenu est produit, distribué et utilisé est très différente de celle des médias de masse traditionnels (Klinger et Svensson, 2015). Dans la quatrième ère des campagnes électorales (Roemmele et Gibson, 2020), les messages issus des médias sociaux fournissent une matière riche permettant d’étudier les éléments populistes dans la communication des partis.

12Il n’est pas surprenant que le populisme soit devenu un sujet de recherche populaire chez les chercheurs en communication politique qui s’intéressent aux effets des plateformes de médias sociaux. Bien que les données soient la propriété exclusive de ces plateformes, ce qui les rend partiellement accessibles par le biais d’interface de programmation (ou API), elles ont néanmoins entraîné une augmentation des modèles de recherche empirique quantitative (Ernst et al., 2017 ; Stier et al., 2017 ; Bobba, 2019 ; Zulianello et al., 2018). Il est d’autant plus intéressant d’y avoir recours que les éléments populistes ont des effets mobilisateurs et démobilisateurs sur les électeurs (Hameleers et al., 2018).

13Les médias sociaux offrent un environnement de communication qui diffère considérablement des médias de masse traditionnels. Les possibilités offertes par les plateformes de médias sociaux constituent un terrain particulièrement fertile pour la communication populiste car elles ne sont généralement pas éditées. Cela permet de produire une communication publique qui contourne les médias d’information. Sur les médias sociaux, les partis politiques restent maîtres de leurs messages, ils peuvent les adapter en fonction des groupes cibles ou utiliser des outils de micro-ciblage pour les publicités politiques (Kreiss, 2016). C’est la popularité et non l’actualité ou d’autres critères édictés par la profession journalistique qui détermine la pertinence et la portée d’un message. En effet, nous disposons désormais de preuves empiriques démontrant que les partis prétendument populistes ont profité des médias sociaux (Bobba, 2019), qu’ils trouvent de nouveaux partisans parmi les adolescents (Heiss et Matthes, 2017), que les messages populistes reçoivent davantage de commentaires en ligne que les autres et qu’ils « incitent les citoyens à utiliser eux-mêmes des messages populistes dans leurs commentaires » (Blassnig et al., 2019, p. 629).

14Cependant, des études antérieures ont montré que les plateformes de médias sociaux ne sont en aucun cas un « paradis populiste », car les partis populistes ont souvent une structure centralisée et évitent les dissensions internes (Jacobs et Spierings, 2019). Une étude sur l’utilisation de Twitter par des présidents populistes en Amérique latine a révélé que le mode de communication prévalent reste descendant (Waisbord et Amado, 2017), confirmant que la communication populiste sur les médias sociaux tend vers la normalisation (« politics as usual ») (Koc-Michalska et al., 2021). Dans leurs pratiques sur les médias sociaux, les acteurs populistes ne sont donc pas toujours ni nécessairement plus aptes à répondre et interagir avec le peuple (Spierings et al., 2019).

15Bien que les données des médias sociaux appellent des analyses comparatives, seules quelques études empiriques ont effectué des comparaisons entre pays et encore moins dans le temps. Matthijs Rooduijn (2014) a donné l’exemple en utilisant des données obtenues à partir d’articles de journaux, en comparant cinq pays où, sur deux décennies (1988-2008), les partis populistes (de l’époque) ont connu un succès variable. Nicole Ernst et ses co-auteurs (2017) ont analysé 1400 messages Twitter et Facebook de six pays, publiés par 88 politiciens de 29 partis politiques. Ils ont constaté que les partis en marge de l’échiquier politique et les partis d’opposition étaient plus enclins à la communication populiste. Dans une autre étude sur les déclarations des politiciens de six démocraties occidentales, Nicole Ernst et ses co-auteurs (2019) ont constaté que la communication populiste est associée à des problèmes typiques (tels que l’immigration, la criminalité et les difficultés économiques), et que les politiciens des partis considérés comme populistes sont en effet plus populistes que les autres dans leur communication. Ils soulignent particulièrement l’importance d’étudier le contenu et le style des messages populistes, affirmant que « l’idéologie du populisme ne peut être communiquée sans éléments stylistiques » (p. 167). L’analyse textuelle qualitative comparative de Sven Engesser et ses co-auteurs (2017a) a montré que « le populisme se manifeste sous une forme fragmentée sur les médias sociaux » (p. 1109), ce qui justifie la nécessité d’un examen différencié et comparatif des messages des partis sur Facebook ou Twitter. S. Engesser et ses co-auteurs (2017b) ont fourni une opérationnalisation utile, basée sur l’émotionnalisation et la négativité (p. 1282), pour identifier les variations de contenu et de style. Même si les seuils qu’ils appliquent sont discutables, Mattia Zulianello et ses co-auteurs (2018) ont comparé la communication sur Facebook de 83 dirigeants politiques de six pays occidentaux et latino-américains, montrant que le populisme en tant que communication peut être identifié empiriquement et qu’il varie considérablement selon les partis et les acteurs.

16Sur la base des recherches présentées ci-dessus, notre article cherche à tester les hypothèses suivantes.

17N. Ernst et ses co-auteurs (2017) ont conclu que la communication populiste est surtout utilisée par les partis situés aux extrêmes du spectre politique, à gauche comme à droite. S. Engesser et ses co-auteurs (2017a) ont montré que les partis de gauche avaient tendance à attaquer les élites économiques, tandis que les partis de droite s’attaquaient aux élites médiatiques et ostracisaient les groupes marginaux.

  • Hypothèse 1 (H1) : l’idéologie politique a un impact sur le populisme : les partis de la droite radicale ont un populisme de contenu (PiC) et un populisme de style (PiS) plus élevés que les partis de la gauche radicale.

18En utilisant une comparaison entre les pays, les types d’élections et dans le temps – les élections européennes de 2014, les élections parlementaires nationales de 2017 et une période non électorale de 2018 en France, en Allemagne et au Royaume-Uni – nous voulons également déterminer si le populisme dans le contenu et le populisme dans le style ont changé au fil du temps et, si oui, comment.

19Des études antérieures ont montré que la présence du populisme et des éléments populistes a augmenté au fil du temps dans les publications des partis et les médias traditionnels (Manucci et Weber, 2017 ; Hameleers et Vliegenthart, 2020), et que les populistes ont eu de plus en plus de succès aux élections (Tartar, 2017). Sur cette base, nous supposons que :

  • Hypothèse 2 (H2) : le populisme de contenu (PiC) et le populisme de style (PiS) augmentent de manière similaire dans le temps.

20Bien que le populisme n’augmente pas de manière linéaire et simultanée, Luca Manucci et Edward Weber (2017) montrent des augmentations du populisme dans les publications des partis et les journaux à travers quatre pays après 2010, y compris l’Allemagne et le Royaume-Uni. Nous cherchons à comprendre si :

  • Hypothèse 3 (H3) : le populisme de contenu (PiC) et le populisme de style (PiS) augmentent dans les trois pays étudiés.

21Les élections de second ordre se caractérisent par un taux de participation plus faible, de meilleures perspectives pour les petits et nouveaux partis, de moins bonnes perspectives pour les partis gouvernementaux, une tendance au vote de protestation et le sentiment que l’enjeu est moindre (Reif et Schmitt, 1980). En raison de ces différences, les campagnes et les stratégies de campagne varient, et nous nous attendons à détecter différents niveaux de populisme dans la communication. Lors des campagnes électorales européennes de 2014, l’intérêt du public pour les candidats et les élections, ainsi que la participation des électeurs, ont atteint des niveaux exceptionnellement bas (Treib, 2014). Sur cette base, nous nous attendons à une communication plus populiste lors des élections nationales.

  • Hypothèse 4 (H4) : le populisme de contenu (PiC) et le populisme de style (PiS) sont plus répandus pendant les élections de premier ordre que pendant les élections de second ordre et les périodes non électorales.

22À notre connaissance, la seule étude à ce jour qui relie le populisme à des sujets ou des domaines politiques spécifiques est celle de N. Ernst et de ses co-auteurs (2019), qui constatent qu’il existe effectivement des problèmes plus susceptibles que d’autres de donner lieu à une communication populiste. Une raison possible de cette lacune est que la recherche sur le populisme s’est concentrée soit sur les partis de la droite radicale, soit sur les partis de la gauche radicale, donc sur les idéologies plutôt que sur les thèmes du débat politique. Si nous suivons la notion de populisme en tant que communication, nous pouvons déterminer si et dans quelle mesure le populisme est lié à des thématiques politiques spécifiques (par exemple, la politique migratoire). Notre question de recherche est donc la suivante : Existe-t-il un lien entre la communication populiste et le sujet du post ?

Méthodes et cas

23En comparant la communication des partis lors des campagnes électorales en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, nous avons opté pour des cas basés sur des systèmes politiques et médiatiques différents (au sein des démocraties occidentales), afin de nous concentrer sur une seule caractéristique (le populisme dans la communication) que les partis politiques peuvent ou non avoir en commun. Les trois pays diffèrent considérablement en ce qui concerne leurs systèmes politiques, ayant des formes de gouvernance centralisées (comme en France) ou plus fédérales (Allemagne, Royaume-Uni), des systèmes présidentiels (France) ou parlementaires (Allemagne, Royaume-Uni), et des prises de décision majoritaires (Royaume-Uni) ou plus consociatives (Allemagne). Leurs systèmes médiatiques couvrent les trois types identifiés par Daniel Hallin et Paolo Mancini (2004) : polarisé-pluraliste (France), démocratique-corporatiste (Allemagne) et libéral (Royaume-Uni). Dans leur catégorisation actualisée et empiriquement plus riche des systèmes médiatiques, Michael Brüggemann et ses co-auteurs (2014) classent le Royaume-Uni et l’Allemagne comme des types centraux, « caractérisés par une forte radiodiffusion publique, une réglementation stricte de la propriété et de faibles subventions à la presse » (p. 1056), et la France comme le type méridional, combinant « le plus haut degré de parallélisme politique avec le journalisme le moins professionnel et le marché de la presse le moins inclusif » (p. 1056-1057). Aucun des trois pays ne compte de partis populistes en position gouvernementale.

24Facebook est devenu une source majeure d’information. Dans les trois pays, environ un tiers des internautes ont reçu leurs informations par le biais des médias sociaux – en France 36 %, en Allemagne 31 % et au Royaume-Uni 39 % – dont une grande partie provient de Facebook – en Allemagne 24 %, au Royaume-Uni 27 %, pas de données pour la France (Newman et al., 2018, p. 10). Contrairement à Twitter, avec ses messages informatifs très courts, les messages sur Facebook peuvent être plus longs, plus détaillés, et n’obligent pas les auteurs à être explicites et pointus. Comme Facebook est devenu une plateforme standard pour les stratégies de campagne des acteurs politiques (Klinger et Russmann, 2017), c’est une source de choix pour la communication officielle des partis. Dans les campagnes que nous analysons, tous les partis politiques concernés avaient des profils Facebook qu’ils utilisaient pour la communication du parti.

25La comparaison des trois pays permet également d’obtenir un aperçu longitudinal des différents types d’élections et de campagnes électorales, ainsi qu’une comparaison avec une période non électorale choisie au hasard. Tous les pays ont participé aux élections (de second ordre) du Parlement européen en 2014 et ont organisé des élections parlementaires nationales (de premier ordre) en 2017. Les données que nous utilisons proviennent des profils Facebook officiels des partis politiques et contiennent tous les messages publiés au cours des deux dernières semaines des campagnes électorales précédant les élections du Parlement européen de 2014 et les élections parlementaires nationales de 2017, ainsi que pendant deux semaines en janvier 2018 comme période non électorale pour la comparaison (données accessibles via Sotrender). Les données contiennent un total de 3564 posts de 24 partis politiques en Allemagne, au Royaume-Uni et en France (voir tableau 1). Les données représentent tous les grands partis présents au cours des trois périodes, à l’exception de la République en marche, la France insoumise, qui n’existaient pas en 2014, et Debout la France, qui a changé de nom en 2014 : aucune donnée n’est donc disponible pour eux en ce qui concerne l’élection du Parlement européen de 2014. (Voir l’annexe A pour les partis de l’étude et l’annexe C pour les résultats détaillés.)

Tableau 1. Nombre de posts du corpus pour chaque pays

2014 2017 2018
Allemagne 421 546 215
Royaume-Uni 586 686 273
France 253 337 247

26Nous reconnaissons que, souvent, les chefs de parti peuvent être plus pertinents politiquement, toucher un public plus large que leur parti et avoir un impact sur l’attractivité des messages. Cependant, nous nous concentrons uniquement sur les profils des partis, pour des raisons de comparabilité et pour éviter d’avoir à traiter les effets liés aux différences de personnalité, de statut politique, de réputation ou d’autres aspects biographiques. L’étude de S. Engesser et de ses co-auteurs (2017a) sur les leaders politiques a révélé que le populisme se manifeste sous une forme fragmentée sur Facebook, et notre étude cherche à se concentrer sur le volet de ce constat qui concerne plus particulièrement les partis politiques.

27Tous les posts ont été codés manuellement par trois codeurs formés intensivement (de langue maternelle allemande et française, parlant couramment l’anglais). La fiabilité inter-codeurs selon l’indice de Krippendorff était de α=.7622. Un test d’auto-fiabilité a été effectué pour chaque codeur quelques semaines après le premier codage, la moyenne des codeurs étant selon l’indice de Krippendorff α=.904. (Voir l’annexe D, qui présente les variables dépendantes et indépendantes, ainsi que l’annexe B pour le livre de codes détaillé.)

Résultats

28Sur les 3564 publications des partis sur Facebook, 376 ne contenaient que du populisme de contenu, 317 ne contenaient que du populisme de style et 213 contenaient simultanément les deux formes de populisme. Au total, nous avons identifié le populisme dans 906 posts, ce qui implique que le populisme n’est pas un phénomène marginal, mais qu’il est présent dans environ un quart des posts créés par les partis pendant les six semaines considérées.

Tableau 2. Analyse de régression pour le populisme de contenu et le populisme de style

PiC vide PiC excluant PiC anti-élitisme PiS
IRR IRR IRR IRR
Année (réf. 2014)
2017 1.170 1.251 1.079 1.702 **
2018 .806 1.015 .874 1.434
Pays (réf. France)
Allemagne 5.956 *** 5.260 *** 5.834 *** 12.013 ***
Royaume-Uni 15.844 *** 7.753 *** 11.981 *** 10.003 ***
Taille du parti (réf. Parlementaire majeure)
Parlementaire mineur .676 1.084 .823 .753
Fringe .322 1.024 .509 .813
Gouvernemental .585 .551 ** .510 * 1.144
Famille idéologique du parti (réf. Centre, Régional et Vert)
Gauche radicale 1.411 .770 2.715 * 1.447
Droite radicale 3.094 ** 2.706 * 3.604 *** 3.250 **
Droite 1.910 2.938 ** 2.307 1.432
Gauche 1.190 1.824 1.331 .888
Constant .016 *** .020 *** .020 *** .011 ***
(1/df) Déviance .4184 .5177 .4962 .4700
(1/df) Pearson 1.1809 1.2098 1.1216 .9584
Pseudo-vraisemblance logarithmique -1355.6 -1713.9 -1647.2 -1628.1

Note : GLM binomiale négative, IRR (Incidence Rate Ratios). Les données ont été regroupées par parti*année. ***p<.001 **p<.01 *p<.05.

29Le tableau 2 présente l’analyse de régression sur chaque forme de populisme évoquée ci-dessus. L’analyse de régression suggère notamment qu’il y a peu de variance dans le temps pour le populisme en tant que communication. L’exception est le populisme de style qui a été utilisé presque deux fois plus lors des élections nationales de 2017 que lors des élections européennes de 2014. Cela suggère que le populisme de style peut être utilisé comme une stratégie de campagne pour mobiliser les électeurs lors des élections de premier ordre. La variance entre les pays est également significative : au Royaume-Uni et en Allemagne, les partis politiques sont plus susceptibles d’employer la communication populiste dans son contenu et dans son style qu’en France. Au cours des trois périodes, le populisme a été beaucoup moins répandu en France qu’au Royaume-Uni et en Allemagne.

30Comme on pouvait s’y attendre et comme l’a montré à plusieurs reprises la littérature, les partis de la droite radicale utilisent largement la communication populiste dans toutes ses dimensions. Ils défendent fermement les messages anti-élites et sont le fer de lance de l’utilisation du populisme dans le style. Toutefois, si les partis de la droite radicale sont enclins à utiliser tout type de populisme, ils sont rejoints par certains partis de la droite traditionnelle et modérée (l’UMP/LR en France et les conservateurs au Royaume-Uni), qui utilisent également un populisme d’exclusion. Tant la gauche radicale que la droite radicale montrent une préférence pour une communication fortement anti-élite. L’annexe C présente un tableau comparant les résultats et le nombre de messages au niveau des partis.

31L’analyse Anova comparant la communication populiste en fonction de l’idéologie politique du parti suggère une variation à travers le spectre des partis concernant à la fois le populisme de style [F(4, 3559)=41,45 p=.000] et le populisme intégral (dans le contenu) [F(4, 3559)=37,05 p=.000]. Les tests post-hoc indiquent une forte dissimilarité non seulement pour les partis de la droite radicale mais aussi pour tous les autres partis. Cela confirme les résultats précédents. Nous avons trouvé une variation longitudinale pour le populisme de style [F(2, 3561)=7.96 p=.000] (le test post-hoc indique une différence plus forte entre 2014 et 2017), mais pas pour le populisme intégral. Les résultats (voir figure 1) suggèrent qu’à travers le spectre politique, aucun type de parti n’est exempt de déclarations populistes. L’évolution temporelle du populisme de style et du populisme intégral des partis radicaux est particulièrement remarquable. Depuis 2014, les partis radicaux – en particulier les partis de la droite radicale – sont devenus plus populistes dans leur style de communication, qu’il y ait eu une campagne électorale ou non. En fait, leur style était le plus populiste pendant la période non électorale de 2018.

Figure 1. Moyenne relative pour le populisme intégral et le populisme de style selon l’idéologie du parti

Figure 1. Moyenne relative pour le populisme intégral et le populisme de style selon l’idéologie du parti

32En outre, il est clair que les partis de la droite radicale poursuivent un populisme intégral : un contenu qui ne se contente pas de faire référence à un vague « peuple », mais qui est en même temps anti-élitiste et exclusif des hors-groupes. Ce message du British National Party (BNP) est un bon exemple de populisme intégral :

LIKE & SHARE La classe politique libérale en phase terminale a été critiquée hier soir pour son « désastre » en matière d’immigration par un membre du public de l’émission Question Time de la BBC. Hormis le fait qu’un individu ayant des opinions différentes de celles de l’extrême gauche de la BBC ait même été autorisé à prendre place dans le public soigneusement mis en scène, il n’y a rien d’inhabituel dans cet événement, oh… sauf que cet homme était asiatique !!! […] « Maintenant vous vous rendez compte que l’immigration a détruit le pays », a-t-il déclaré à un panel désapprobateur. « L’immigration a mis le pays en désordre […] tout le nord de l’Angleterre est rempli de ma communauté ! », a-t-il déploré. « Ce n’est plus l’Angleterre ! La Grande-Bretagne doit commencer à expulser les gens du pays et à les refouler », a-t-il dit, reprenant presque mot pour mot la politique du BNP. […] Quand il faut un immigré pour dire à la classe politique ce qui est quoi, voilà qui dépasse les bornes.. Rejoignez les rangs de plus en plus fournis des Britanniques qui disent « ça suffit » et qui prennent position. […]3

33Ce schéma reste stable dans le temps et il est indépendant des campagnes électorales. Cette situation diffère de celle des partis de gauche et de droite modérés qui mobilisent également leurs soutiens en utilisant des messages populistes, mais davantage lors des élections nationales de premier ordre, et beaucoup moins en dehors des périodes électorales. Sur la base de ces résultats, nous confirmons notre première hypothèse. Indirectement, ce résultat valide également la thèse de Ronald Inglehart et Pippa Norris (2016) selon laquelle les valeurs culturelles comptent.

34En ce qui concerne la variance longitudinale et transversale, la figure 2 représente la prévalence du populisme du point de vue du contenu et du style. Comme dans l’analyse de régression, les différences entre les pays sont clairement visibles. Les partis français sont réticents à utiliser le populisme dans le contenu et le style, un trait très probablement dû à la différence entre les partis considérés comme populistes (c’est-à-dire le Front national, actuellement Rassemblement national, et la France insoumise) et tous les autres partis. Les données descriptives suggèrent que les premiers utilisent largement le populisme dans leur communication, alors que les seconds y ont rarement recours. En revanche, tous les partis au Royaume-Uni et en Allemagne utilisent la communication populiste dans leurs messages. Le populisme de style augmente fortement avec le temps en Allemagne, tandis que le populisme vide ou la simple invocation du peuple domine dans les campagnes électorales britanniques, mais diminue clairement pendant la période non électorale. En France, toutes les formes de populisme se situent à un niveau beaucoup plus bas qu’au Royaume-Uni et en Allemagne, mais elles ont augmenté pendant la période non électorale.

Figure 2. Moyenne relative pour le populisme de contenu (PiC) et le populisme de style (PiS) par année

Figure 2. Moyenne relative pour le populisme de contenu (PiC) et le populisme de style (PiS) par année

Note : pour faciliter la comparaison entre les indices, la moyenne des scores a été calculée (par nombre d’éléments dans chaque indice).

35Au fil du temps, le populisme d’exclusion augmente fortement en Allemagne et légèrement en France, mais pas au Royaume-Uni où il diminue pendant les périodes non électorales. Cela confirme l’hypothèse H2 pour l’Allemagne et la France, mais pas pour le Royaume-Uni, où les niveaux du populisme de contenu et du populisme de style ont clairement atteint un pic pendant les campagnes électorales de premier ordre (le populisme vide dominant en 2014 et 2017 et le PiS en 2018). Nous rejetons l’hypothèse H3, car elle ne se vérifie que pour la France et l’Allemagne. L’hypothèse H4 est confirmée pour le Royaume-Uni, mais pas pour l’Allemagne et la France, où toutes les formes de populisme augmentent avec le temps, bien qu’à un niveau plus élevé en Allemagne qu’en France.

36En ce qui concerne notre question de recherche, les thématiques politiques sur lesquelles les partis ont le plus communiqué appartiennent à la politique économique et sociale, mais elles ne sont pas particulièrement populistes. Nous avons plutôt constaté que les thèmes les plus susceptibles d’une communication populiste sont les « usual suspects », à savoir les messages sur la migration et la politique de sécurité, qui contiennent plus de la moitié de tous les éléments populistes.

Tableau 3. Le populisme en fonction des thématiques abordées par les partis politiques

Populisme Populisme intégral PiS N
Politique migratoire .60 .48 .47 172
Politique de sécurité .50 .32 .37 119
Politique sociale .40 .28 .20 259
Politique économique .36 .23 .20 394
Politique de santé .32 .22 .14 152
Politique étrangère .31 .18 .19 156
Politique d’éducation .20 .08 .14 122
Politique environnementale .12 .07 .07 82
Brexit (pour le Royaume-Uni) .44 .35 .19 121

« Populisme » indique si une forme de populisme (PiC ou PiS) était évidente dans le message. Les chiffres indiquent le rapport entre les messages contenant un élément populiste et ceux qui n’en contiennent pas.

37Bien que cela ne soit pas surprenant, il est frappant de constater qu’environ la moitié des messages des partis politiques sur la politique migratoire contiennent du populisme intégral. Ces messages invoquent le « peuple » et contiennent des notions anti-élitistes ainsi que des messages sur l’exclusion des groupes marginaux, le même nombre utilisant un style populiste (PiC ou PiS). Environ un tiers des messages sur la sécurité et la politique sociale font preuve d’un populisme intégral. La politique de l’éducation et la politique de l’environnement sont les thématiques les moins liées au populisme intégral, bien qu’elles ne soient pas complètement exemptes de populisme non plus. Les autres catégories que nous avons vérifiées (par exemple la technologie, les transports et les médias) ne contenaient aucune communication populiste. Bien que cela ne soit valable que pour le Royaume-Uni, les messages concernant le Brexit contenaient des niveaux élevés de populisme, confirmant ainsi notre intuition. Sur la base de ces résultats, nous concluons que le PiC et le PiS sont plus répandus dans des thématiques politiques spécifiques. Bien que le populisme soit répandu dans les messages de tous les partis politiques à travers le spectre politique, il est évident qu’il domine les thématiques politiques typiquement de droite que sont la politique migratoire et la sécurité.

Discussion et conclusion

38Nos résultats soulignent qu’il est judicieux d’étudier le populisme en tant que phénomène de communication (plutôt que de se limiter à une approche centrée sur les acteurs) qui comprend des éléments typiques de contenu et de style. Les éléments populistes sont présents dans les messages de tous les partis à travers le spectre idéologique et confirment qu’avec le temps, un style populiste se développe particulièrement dans les messages des partis radicaux de gauche et de droite. Mais les partis modérés et du centre ne sont pas toujours exempts de populisme, car ils ont tendance à utiliser un style populiste lors des campagnes électorales de premier ordre surtout, moins lors des campagnes de second ordre et en période non-électorale. Comme on pouvait s’y attendre, les partis de la droite radicale emploient tous les types de populisme (intégral, anti-élite et exclusion des groupes marginaux) à un niveau constant dans le temps. En ce qui concerne les trois pays inclus dans notre étude, toutes les formes de populisme sont en augmentation en Allemagne. Au Royaume-Uni, la communication populiste a connu un pic lors de l’élection nationale de 2017, notamment le populisme vide, mais pas autant en 2014 et 2018. En France, toutes les formes de populisme sont également en augmentation, mais à un rythme plus faible. Si l’on considère la stratégie populiste du Front national (actuellement Rassemblement national), parti de la droite radicale, sous la direction de Marine Le Pen, le très faible niveau de messages populistes en France peut paraître quelque peu contre-intuitif. Un examen plus approfondi des données révèle qu’En Marche est le seul parti dont les messages ne comportent aucune preuve d’ostracisme, d’exclusion de groupes extérieurs ou d’évocation de la peur, même s’ils font occasionnellement référence au peuple (populisme vide). Ceci est remarquable en comparaison avec les autres partis. Cependant, les autres partis français se révèlent également très réticents à utiliser la communication populiste. Une explication possible réside dans la longue tradition de contraintes juridiques qui pèsent sur les campagnes en France. Le Front national étant en outre très centré sur Marine Le Pen, une grande partie de la communication en général et populiste en particulier est émise par le leader du parti, et non par le parti, et n’est donc pas prise en compte ici.

39L’étude du populisme en tant que phénomène de communication permet une vision différenciée : oui, le populisme progresse et a marqué des points dans les urnes. Mais dans de nombreux cas, il ne s’agit que de références vides au « peuple » par des partis modérés dans des contextes spécifiques. Cela ne menace guère l’intégrité des élections démocratiques. Les éléments plus problématiques, tels que l’exclusion de groupes spécifiques de la société, la xénophobie, l’homophobie, les attaques contre les élites, les institutions et les acteurs intermédiaires de diverses natures, peuvent néanmoins être occultés par une focalisation globale sur le populisme : dans de nombreux cas, la référence au « peuple » sert à camoufler des notions illibérales, antidémocratiques ou autoritaires en un programme présenté comme « populaire ».

40Une constatation intéressante est que le style populiste a augmenté beaucoup plus fortement que le contenu populiste. Cela souligne l’importance de considérer le populisme non seulement comme une idéologie ou une stratégie politique, mais aussi comme une forme particulière de communication - employée par des partis de tous les horizons politiques. Nous pouvons également interpréter cela comme un signe de la brutalisation du langage politique et du discours public.

41Le populisme ne se limite pas non plus aux éternels sujets de la migration et de la sécurité, puisque nous avons noté des éléments de style populiste dans des messages sur les questions environnementales et sur les politiques de l’éducation, des affaires étrangères et de la santé. La politique environnementale, en particulier, pourrait jouer un rôle croissant à l’avenir, puisque les partis de droite radicale se sont récemment mis à s’opposer à la notion de crise climatique et à attaquer les militants du climat.

42Pour mieux comprendre comment le populisme intègre les stratégies de campagne et comment il mobilise ou démobilise le soutien populaire, les chercheurs doivent regarder au-delà des partis désignés comme « populistes ». En réorientant la recherche sur le populisme d’une approche centrée sur les acteurs vers une approche centrée sur le contenu, il est possible d’améliorer les modèles de recherche comparative (au-delà des particularités de chacun des partis) et de réaliser des études quantitatives fondées sur des données portant sur un plus grand nombre de campagnes et sur des périodes plus longues. La différence notable entre les résultats concernant les élections de premier et de second ordre et les périodes non électorales suggère que, selon la situation politique, la prévalence et l’intensité du populisme en tant que communication varient.

43Notre étude présente plusieurs limites. Nous n’avons inclus qu’un seul type de période (premier ordre, second ordre, hors campagne). Il serait sans aucun doute intéressant de reproduire cette étude avec l’élection européenne de 2019 et le prochain tour des élections parlementaires nationales, d’une part, et d’inclure les chefs de partis dont la communication peut différer de celle des partis, d’autre part. Nous n’avons utilisé que les données de trois pays, qui sont similaires (démocraties occidentales) mais aussi distincts (système électoral). Par exemple, dans le cas de la France, les élections législatives ont lieu juste après les élections présidentielles, ce qui pèse sur le contenu et la dynamique de la campagne, et pourrait produire des résultats différents de ceux des campagnes distinctes au Royaume-Uni ou en Allemagne. Nous avons codé uniquement les publications Facebook des partis, en excluant les commentaires des utilisateurs et des partis en réponse (il est vrai que les partis ne sont pas très réactifs et contribuent rarement à la section des commentaires). L’inclusion des commentaires permettrait de montrer si les utilisateurs sont ou non aussi populistes que les partis. Une autre voie à suivre est une comparaison entre les plateformes, notamment Twitter et Instagram. Malheureusement, en raison de toutes les restrictions sur les données provenant des plateformes de médias sociaux, la recherche indépendante ne fait pour l’instant que « jeter un coup d’œil par le trou de la serrure » et ne saisit qu’en partie ce qui se passe sur les plateformes de médias sociaux pendant les campagnes politiques. En outre, on sait peu de choses sur la façon dont l’algorithme de ces plateformes influe ou non sur la popularité de certains posts (par exemple si les messages à contenu populiste sont particulièrement favorisés par les algorithmes). Cette situation constitue une menace pour la démocratie, d’autant plus que les plateformes de médias sociaux sont devenues une source majeure d’information, les messages populistes à travers le spectre politique, le temps et le lieu, faisant indéniablement partie de cet environnement.

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Annexe

Annexe A

Tableau 1. Caractéristiques des partis

Tableau 1. Caractéristiques des partis

Annexe B. Livre de codes

Ce que nous codons

Nos données sont constituées de 3 564 publications Facebook que 24 partis politiques ont publiées dans leur timeline dans les deux semaines précédant les jours d’élection en 2014 (parlement de l’UE) et 2017 (élections du parlement national), ainsi que deux semaines aléatoires en 2018 (période non électorale) en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.

Comment nous codons : quelques règles générales

  • Explicitement : nous codons uniquement les expressions explicites – tout ce que disent les messages, nous le prenons au pied de la lettre. Nous ne faisons pas d’hypothèses sur les significations implicites, le contexte caché, ce qui est signifié « entre les lignes ».
  • Individuellement : nous codons chaque message individuellement. S’il n’y a pas de référence explicite à un message précédent, chaque message se suffit à lui-même. Nous codons chaque message comme s’il s’agissait du seul message de la chronologie.
  • Unité d’analyse : nous traitons chaque message comme une unité. Si un message contient plusieurs phrases qui s’opposent les unes aux autres (par exemple, une phrase au ton positif et une autre au ton négatif), nous codons « émotions, mais difficile de distinguer si elles sont négatives ou positives ». Nous ne codons PAS positif et négatif dans ce cas – car notre unité d’analyse est l’ensemble du message, et non chaque phrase.
  • De manière approfondie : nous lisons chaque message avant de le coder. Puis nous le lisons à nouveau et nous codons. Puis nous le lisons une troisième fois et vérifions si nous avons codé correctement. Si nous ne comprenons pas le message, s’il contient du texte illisible (par exemple, uniquement des émoticônes ou des lettres sans sens), nous marquons la ligne d’une couleur et passons aux messages suivants.
  • Binaire : nous codons 0 si une variable ne s’applique pas et 1 si une variable s’applique. Dans les cas où nous ne pouvons pas décider, nous codons 99. Nous ne codons 99 que dans des cas exceptionnels – 99 n’est PAS un code régulier. Tous les 99 devront être recodés à la fin, donc nous l’utilisons avec parcimonie. Le codage binaire signifie également que nous décidons uniquement si un élément est présent ou non – nous ne codons PAS progressivement, en mesurant le degré d’application ou non d’un élément. Il est possible que pour certaines catégories, tous les codes soient à 0.

Liste de variables

Variable 1_TONALITÉ

Nous mesurons la tonalité générale du message. La tonalité fait référence au contenu, c’est-à-dire aux éléments de contenu positifs (succès, réussite) ou négatifs (crise, échec). S’il n’y a pas de contenu spécifiquement positif ou négatif, nous codons neutre. Si la tonalité d’un message est ambivalente, contient du contenu positif et négatif ou est difficile à évaluer pour d’autres raisons, nous codons « émotions, mais difficile à distinguer si pos ou neg ».

Veuillez noter que la majorité des messages sont généralement rédigés sur un ton neutre.

  • V1_1TONEneutre.
  • V1_2TONEpositif (ex : « Scotland’s hospital A&E performance has been the best in the UK for 24 months » ; « SNP is largest party in Clackmannanshire Council »).
  • V1_3TONEnégatif (ex : « Only the SNP will stand up for Scotland, including our fishing industry. The Tories will sell them out »).
  • V1_4TONEémotions, mais difficile de distinguer si pos ou neg.

Variable 2_ÉMOTION

Nous mesurons l’émotivité globale du message. L’émotivité ne concerne pas le contenu, mais la manière dont un message est présenté : il présente et/ou évoque des émotions positives (c’est-à-dire le bonheur, la fierté, la satisfaction) ou négatives (c’est-à-dire la colère, la peur, l’anxiété, le stress, la haine), des sentiments envers un parti, un candidat ou un événement.

  • V2_1EMOneutre.
  • V2_2EMOpositif (ex : « Thank you to all our volunteers who have been campaigning to secure strong and stable leadership »).
  • V2_3EMOnegative (ex : « On June 9th, this man could be Prime Minister. We can’t let that happen » ; « Tories think they can do what they like to Scotland and get away with it. Don’t let them »).
  • V2_4EMOmotions, mais difficile de distinguer si pos ou neg (ex : « We are the victims of our own success and now we pick ourselves up and go on to further success in the future »).

Variable 3_STYLE

Cette variable se rapporte à la langue du message. Les populistes utilisent généralement un registre de langue direct, non formel et non institutionnel, le langage de « l’homme ordinaire », de « l’homme de la rue ». Le langage informel étant également un élément typique des publications sur les médias sociaux, le codage de cette variable est un peu délicat. Les partis et les hommes politiques atténuent généralement leur langage élitiste, en essayant de faire des déclarations courtes et accrocheuses sur les médias sociaux. Nous codons le style informel uniquement si la publication est exceptionnellement informelle, de style familier, utilisant l’argot de la rue ou des jeunes, des expressions vulgaires, des émoticônes ou des abréviations (ROLF, LOL).

Nous codons également si le message contient un langage xénophobe. La xénophobie se distingue généralement par une opposition à la culture étrangère, elle exprime une « peur profondément enracinée envers les étrangers » (Oxford English Dictionary), et une « peur de l’inconnu » (Webster’s).

  • V3_1STYLE : est rédigé dans un style direct, non formel et non institutionnel.
  • V3_2STYLEposting : contient un langage imprécis, des allusions, des jeux de mots et une rhétorique vide, des proverbes, des stéréotypes, des clichés et autres expressions de la « sagesse populaire ».
  • V3_3STYLEposting : enfreint les règles du politiquement correct, fait preuve d’impolitesse pour distinguer un parti des autres partis (ex : « Why should our taxpayers’ money be used to molly coddle the whims of the EU? »).
  • V3_4STYLEposting : contient un langage vulgaire pour atteindre les « gens ordinaires » (ex : « Theresa May arrogantly risked Brexit and blew it »).
  • V3_5STYLE : contient un langage agressif et provocateur (ex : « I simply cannot understand the mentality of the pathetic geeks behind this crime »).
  • V3_6STYLEposting : contient des propos xénophobes.
  • V3_7STYLEposting : contient un langage ironique ou cynique.
  • V3_8STYLEposting : contient un langage humoristique, drôle (du moins, il essaie d’être drôle).

Variable 5_INTERACTIVITÉ

Cette variable permet de mesurer si une publication invite à des commentaires, des activités et/ou des réactions.

  • V5_1INTERencourager : encourage la discussion (avec n’importe qui ; ex : « Partagez pour que tout le monde soit au courant »).
  • V5_2INTERencourager : pousse à l’action (avec n’importe qui ; ex : « Allez voter ! »).
  • V5_3INTERencourager : appelle à un engagement plus poussé avec le parti (interaction avec le parti, retour d’information, participation ; ex : « Si vous voulez vous impliquer dans sa campagne, contactez-nous ! »).
  • V5_4INTERcontient : contient des questions qui invitent à formuler des opinions (ex : « Que pensez-vous de nos idées ? »).

Variable 6_PEUPLE

Les populistes se réfèrent généralement au « peuple » en tant qu’acteur unitaire, prétendent être le seul et véritable représentant du « peuple » et demandent plus de pouvoir pour « le peuple ». D’autres termes synonymes incluent l’homme du peuple, le citoyen ordinaire, les vrais gens, l’homme de la rue, etc.

  • V6_1PEOPLE : l’orateur fait référence au peuple comme étant l’origine théorique du pouvoir en démocratie.
  • V6_2PEOPLE : l’orateur fait l’éloge des réalisations du peuple, souligne les vertus du peuple.
  • V6_3PEOPLE : l’orateur demande plus de pouvoir pour le peuple et/ou promeut explicitement la mise en œuvre d’éléments de démocratie directe (ex : « Die da oben bestimmen über uns hier unten! Dieses Gefühl der Ohnmacht vieler Bürger will die AfD aufheben. Einer der wichtigsten Punkte in unserem Wahlprogramm ist deshalb dieser: Wir wollen dem Volk das Recht geben, den Abgeordneten auf die Finger zu schauen und vom Parlament beschlossene Gesetze zu ändern oder abzulehnen »).
  • V6_4PEOPLE : l’orateur présente le parti comme le véritable et seul représentant des personnes réelles (ex : « There is only one leader who can provide strong and stable leadership for the UK through Brexit and beyond » ; « Only UKIP MPs can be trusted to speak out firmly and courageously on behalf of hard-working British families » ; « We want to build a Britain for the many, not the few »).
  • V6_5PEOPLE : l’orateur présente les autres partis comme des non-représentants du peuple.
  • V6_6PEOPLE : l’orateur présente le parti comme le défenseur du bon sens, de la sagesse des gens ordinaires dans un monde fou, et promet un retour au bon sens (ex: « Deutschland ist vollkommen verrückt geworden »).

Variable 7_ANTIELITISM

La communication populiste se range toujours du côté du « peuple », refuse le pouvoir aux élites (les élites ont trop de pouvoir) et blâme les élites (pour tout ce qui va mal). Attention : il est important de distinguer l’anti-élitisme de la simple critique oppositionnelle des acteurs au pouvoir, comme le fait de pointer du doigt les erreurs du gouvernement (ex : « Le gouvernement n’a pas fait assez pour de meilleures écoles »). L’anti-élitisme est global : tous les autres partis politiques et leurs politiciens sont mauvais, corrompus, à blâmer pour la ruine et l’effondrement du pays et de la société en général. L’élite est perçue comme un acteur unitaire, une clique qui se serre les coudes et s’oppose au peuple. Une attaque contre un autre parti n’est pas de l’antiélitisme, mais une partie normale des campagnes électorales.

  • V7_1ATTACposting : attaquant les élites politiques comme les politiciens, le gouvernement, les autres partis, « Altparteien », la classe politique (ex : « Tim Farron and the Lib Dems will say anything to get elected. Their coalition of chaos would put the UK’s Brexit deal at risk » ; « Right now, the coddled elite are laughing at us, but that will change »).
  • V7_2ATTACposting : attaquant les élites économiques telles que les banques, les riches, les courtiers en bourse (ex : « Theresa May will protect workers’ pensions from irresponsible bosses who put them at risk » ; « We don’t rely on the money of a handful of super-rich donors »).
  • V7_3ATTACposting : attaquant les élites médiatiques, par exemple les journalistes, les éditeurs, les médias de service public.
  • V7_4ATTAC : attaquant les élites supranationales comme l’UE, l’ONU, la Banque mondiale, d’autres puissances.
  • V7_5ATTAC : attaquant les élites juridiques comme les tribunaux, les cours suprêmes, les avocats, les juges, les professeurs de droit.
  • V7_6ATTAC : attaquant d’autres institutions, telles que les scientifiques/experts, l’armée, les écoles, l’église, les ONG.
  • V7_7ATTACposting : attaquant des élites non spécifiées, par exemple l’establishment, l’État, l’officialité, le régime, la haute société.

Variable 8_OSTRACISM

L’ostracisme était une procédure sous la démocratie athénienne dans laquelle tout citoyen pouvait être expulsé de la cité-état d’Athènes. Le populisme tend généralement à identifier des groupes comme n’appartenant pas à la société, les marquant comme des outsiders. Ils affirment que ces groupes ne font pas partie du « peuple », traçant ainsi des lignes rouges, excluant et ségréguant certains groupes, tels que les migrants, les groupes religieux, les électeurs d’autres partis. Ils peuvent qualifier certains groupes de terroristes ou d’« ennemis de l’État ».

Attention : l’ostracisme concerne les personnes ou les groupes qui existent et vivent au sein de la société, et les exclut – pas les groupes extérieurs. Si une affiche, par exemple, affirme que les réfugiés ne font pas partie de la société, il ne s’agit d’ostracisme que si elle fait référence aux réfugiés qui sont déjà dans le pays ; si elle fait référence aux réfugiés dans les camps africains et demande de ne pas laisser entrer davantage de réfugiés, il ne s’agit pas d’ostracisme.

  • V8_1OSTRposting : déclare un peuple monolithique (« le peuple », nous vs eux).
  • V8_2OSTRposting : nomme des groupes que le parti ne considère pas comme faisant partie de la société.
  • V8_3OSTR : accuse d’autres partis d’ostracisme (déclare par exemple qu’ils sont fascistes, populistes, etc.).

Variable 9_SYMBOLS

Le populisme fait souvent référence à des symboles, c’est-à-dire à une forme ou un signe utilisé pour représenter quelque chose comme une organisation, par exemple une croix rouge ou une étoile de David. Les symboles peuvent être des événements historiques, des drapeaux, des documents nationaux importants, des lieux, etc. Les symboles sont instrumentalisés pour conférer une légitimité au parti, ou pour critiquer un autre parti. Les symboles sont des signifiants, ils sont utilisés pour homogénéiser, pour que les partisans d’un parti se rassemblent derrière un drapeau, pour donner une identité et une légitimité à une cause politique.

  • V9_1SYMBOLS : l’affichage contient un symbolisme (historique).

Variable 10_STORYtelling

La communication populiste contient souvent des récits alternatifs, racontant des versions « non officielles » de la réalité, semblant révéler des secrets non connus du public (par exemple parce que les « médias du système » les cachent). Il peut s’agir de « faits alternatifs », de la vraie vérité, de liens avec des théories du complot, etc. Le populiste a également tendance à se présenter dans le rôle du « perdant », de l’outsider, du David contre Goliath. In fine, les populistes se présentent comme des victimes, réprimées par les élites politiques et/ou médiatiques.

  • V10_1STORYposting : raconte les « histoires non officielles », non connues du grand public, présente des faits ou des données pour contester ou réfuter les positions de tous les autres partis ou élites (ex : « Damit stellt sich die Umweltbilanz ganz anders dar, als von sämtlichen anderen Parteien propagiert » ; « Und teilen Sie diesen Beitrag, denn über diese Fakten werden die Leitmedien wohl kaum berichten » ; « Teilen : Das muss Deutschland wissen ! »).
  • V10_2STORYposting : présente le parti comme un outsider (ex : « Im Gegensatz zu anderen Parteien haben wir keine Großspender »).
  • V10_3STORYposting : présente le parti ou les politiciens du parti comme des victimes (ex : « Hexenjagd der Presse nimmt immer absurdere Züge an ! »).

Variable 11_FEAR

La communication populiste évoque parfois la peur et l’anxiété, en affirmant qu’une menace imminente pèse sur la société. Ces messages cherchent à alarmer et à mobiliser les gens, en suscitant des émotions ou des actions négatives. Les messages cherchent à mettre en garde, à alerter le public et peuvent faire référence à des dangers venant de l’extérieur (guerre, migrants), de loin (apocalypse du changement climatique), de certaines politiques (effondrement du système de protection sociale ou du système fiscal) ou à des dangers plus généraux sur la fin de la civilisation occidentale, la culture locale ou nationale, la patrie, la cohésion de la société, la tradition, la décence, etc.

  • V11_1FEAR : message faisant appel à l’émotion de la peur pour alarmer ou mobiliser les gens sur un sentiment ou une action négative (ex : « WATCH and SHARE: Whoever wins this election will have to keep our country safe. Our security and Jeremy Corbyn – TOO BIG A RISK » ; « Jeremy Corbyn’s nonsensical and irresponsible ideas are a grave risk to Britain’s economic security and the finances of every UK family » ; « You can’t take tea with terrorists who want to kill us »).

Variable 12_SIMPLICITÉ

La communication populiste a tendance à simplifier à l’extrême des questions politiques complexes. Le codage de cette variable est délicat, car la simplification est également un élément typique de la communication sur les médias sociaux – et des campagnes électorales en général. Les messages postés peuvent suggérer des solutions simples aux principaux problèmes de la société. Le gouvernement ou d’autres partis ne font rien, alors que la vraie solution est si simple et de bon sens – comme le sait chaque homme de la rue. Les affiches promettent de réformer, de rendre la vie plus facile et plus simple, par exemple en permettant à l’avenir de faire une déclaration fiscale sur un sous-verre à bière.

Attention : si une solution simple est proposée, mais que l’affichage contient un lien promettant plus d’informations et de détails, nous ne la codons pas comme étant trop simplifiée (ex : « We’ll stand up for the many, not the few. How? Read our 2017 manifesto to find out more. Agree with our pledges? Share it now »).

  • V12_SIMPL : simplifie les problèmes ou les solutions (ex : « Theresa May will support working families by capping expensive and unfair energy prices » ; « Whether you rent or buy, everyone needs the security of a place to call home – that’s why we will fix the broken housing market ».

Variable 13_TOPIC

Cette variable mesure le sujet de l’affichage : questions politiques, vie personnelle d’un candidat, événements d’actualité ou campagne électorale elle-même. Il est possible de coder « Autre », si le sujet d’un message ne correspond pas à ces éléments. Si c’est le cas, écrivez en un mot quel est le sujet. Nous ne codons « Autre » que très rarement, car tous ces mots doivent être recodés à la fin.

  • V13_1TOPICmessage : sur les questions politiques qui doivent être résolues (souvent locales ou épisodiques, individuelles) et dont la résolution doit être rapide, par exemple les impôts, les transports publics, les soins de santé, la crise des migrants, le chômage. >> Continuer avec V14.
  • V13_2TOPICmessage : sur la vie personnelle d’un candidat ou d’un politicien de l’autre parti.
  • V13_3TOPICmessage : commentant les événements actuels, qui ne sont pas principalement politiques, mais d’actualité (sport, événements, nouvelles).
  • V13_4TOPICmessage : sur la campagne (comment elle est gérée) et sur les performances pendant la campagne.
  • V13_5TOPICmessage : n’est pas lié à la politique ou aux politiques (ex : « Happy birthday, Barack Obama »).
  • V13_6TOPICOther.

Variable 14_DOMAINE DE POLITIQUE

Uniquement si V13_1 a été codé, c’est-à-dire que si l’affichage concerne une question de politique qui doit être résolue, nous codons le domaine de politique concerné.

  • V14_1POLICY : politique économique (prix, monnaie, chômage, investissements, impôts, réglementation financière, banques, dette des consommateurs, inflation, questions de travail, prix du carburant).
  • V14_2POLITIQUE : politique sociale (aide sociale, logement, sans-abri, pauvreté, pensions).
  • V14_3POLITIQUE : politique de santé (soins de santé, hôpitaux, promotion d’un comportement sain, coût de l’assurance santé, santé).
  • V14_4POLITIQUE : politique d’immigration (migrants, réfugiés, intégration, contrôle des frontières, immigration).
  • V14_5POLITIQUE : politique d’éducation (jardin d’enfants, écoles, université, sciences).
  • V14_6POLITIQUE : politique étrangère (diplomatie, guerre, relations avec les dirigeants étrangers, institutions internationales [UE]).
  • V14_7POLICYBREXIT.
  • V14_8POLITIQUE : politique environnementale (climat, scandale du diesel, énergie nucléaire, pollution atmosphérique, recyclage, énergie).
  • V14_9POLITIQUE : politique de sécurité (criminalité, terrorisme).
  • V14_10POLITIQUE : politique des transports (trains, transports publics, péages de rue).
  • V14_11POLITIQUE : politique technologique (numérisation, fibre optique, régulation de l’internet).
  • V14_12POLITIQUE : politique des médias (médias de service public).
  • V14_13OTHER : si les champs 1 à 12 ne s’appliquent pas, tapez le champ de la politique en un seul mot.

Annexe C

Tableau 1. Populisme de contenu et populisme de style par parti

Tableau 1. Populisme de contenu et populisme de style par parti

Tableau 2. Nombre de posts par parti pendant les deux périodes hebdomadaires d’analyse

Tableau 2. Nombre de posts par parti pendant les deux périodes hebdomadaires d’analyse

Annexe D. Variables dépendantes et indépendantes

Variables dépendantes

Le populisme dans la communication est opérationnalisé en utilisant trois indices de populisme distincts pour le populisme dans le contenu (PiC : PiC vide, PiC exclusif, PiC anti-élitiste), suivant Clease de Vreese et ses co-auteurs (2018), et un indice pour le populisme dans le style (PiS), suivant Roberta Bracciale et Antonio Martella (2017). Il y a moins de littérature sur le populisme dans le style que sur le populisme dans le contenu, et notre opérationnalisation couvre également de nombreuses variables que Werner With et ses co-auteurs (2019) suggèrent dans leur livre de code du PRN sur le populisme et dans l’analyse des styles populistes de Martin Wettstein et ses co-auteurs (2019), comme l’émotionnalisation, le bon sens comme source et le langage familier.

Le populisme dans le style contient six caractéristiques :

  1. l’appel à l’émotion de la peur ;
  2. la simplification excessive des problèmes ou des solutions ;
  3. l’utilisation d’un langage non précis, avec des allusions, des jeux de mots et une rhétorique vide, des proverbes, des stéréotypes, des clichés et d’autres expressions de la « sagesse populaire » ;
  4. la rupture des règles du politiquement correct ;
  5. l’utilisation d’un langage vulgaire ;
  6. l’utilisation d’un langage agressif ou provocateur (2014 M=.142 SD=.43, 2017 M=.216 SD=.52, 2018 M=.185 SD.53; ALL M=.289 SD=.60, R-U M=.190 SD=.49, FR M=.021 SD=.15).

En ce qui concerne les domaines politiques, nous avons codé chaque message selon qu’il couvre ou non un sujet spécifique (en cas de sujets multiples, tous les sujets ont été codés comme présents). Les messages ont été codés selon douze thèmes : économie, questions sociales, santé, migration, éducation, politique étrangère, Brexit (Royaume-Uni uniquement), environnement, sécurité, transport, technologie et médias. Dans notre échantillon, dans 46 % (1661) des messages, au moins un des sujets ci-dessus était mentionné. Chaque message a été codé de façon binaire pour la présence ou l’absence des éléments de l’index. Ce codage n’est pas exclusif car les messages peuvent contenir plus d’un élément dans chaque index, par exemple un message anti-national, anti-gouvernemental et anti-UE.

Variable indépendante

Pour calculer les variables indiquant les caractéristiques des partis, nous utilisons le Chapel Hill Expert Survey (CHES). Les données de CHES 2014 et 2017 (et 2010 pour BNP) sont combinées (scores moyens ou score d’une année si un parti n’est étudié que dans une seule vague [par exemple LREM seulement dans CHES 2017]).

La famille de partis est une variable muette, codée séparément pour la gauche radicale (3 partis), la droite radicale (5 partis), le centre (6 partis), la gauche (3 partis), la droite (3 partis) et autres (6 partis, par exemple les Verts ou les partis régionaux).

Références

Bracciale Roberta et Martella Antonio, 2017, « Define the populist political communication style: The case of Italian political leaders on Twitter », Information, Communication & Society, vol. XX, no 9, p. 1310-1329.

De Vreese Claes H., Esser Frank, Aalberg Toril, Reinemann Carsten et Stanyer James, 2018, « Populism as an expression of political communication content and style: A new perspective », The International Journal of Press/Politics, vol. XXIII, no 4, p. 423-438.

Wirth Werner, Wettstein Martin, Wirz Dominique S., Ernst Nicole, Büchel Florin, Schulz Anne, Esser Frank, Weber Edward, Dalmus Caroline, Engesser Sven et Manucci Luca, 2019, « Codebook. NCCR Democracy Module II: The appeal of populist ideas and messages », https://doi.org/​10.17605/​OSF.IO/​RYX42 (consulté le 1er juillet 2021).

Wettstein Martin, Esser Frank, Büchel Florin, Schemer Christian, Wirz Dominique S., Schulz Anne, Ernst Nicole, Engesser Sven, Müller Philipp et Wirth Werner, 2019, « What drives populist styles? Analyzing immigration and labor market news in 11 countries », Journalism & Mass Communication Quarterly, vol. XCVI, no 2, p. 516-536.

Populism as a communication phenomenon: A cross-sectional and longitudinal comparison of political campaigning on Facebook

Le populisme comme phénomène de communication : une comparaison transversale et longitudinale des campagnes politiques sur Facebook

El populismo como fenómeno de comunicación: una comparación transversal y longitudinal de las campañas políticas en Facebook

klinger@europa-uni.de

Professor for Digital Democracy
Stiftung Europa-Universität Viadrina

kkocmichalska@audencia.com

Professor at Audencia Business School

The paper provides an empirical verification of the concept of populism as communication phenomenon. It moves away from the actor-centered approach, where parties are perceived as populistic or non-populistic according to their ideological positioning. The populism as communication approach assumes that any party may present populist content when communicating with the voters. In the analysis, we employ the data from France, Germany, and the United Kingdom during three different periods: EU elections 2014 (second-order), national parliamentary elections 2017 (first-order), and a non-electoral period from January 2018. The paper is based on the 3,564 posts produced by political parties on Facebook during six weeks.

The article first contains a comprehensive discussion of the theories and proposes the hypotheses, it is followed by the method description of the data and results are presented. The last part is dedicated to the discussion of the results.

Populism as communication

Populism is everywhere: it is evident in the news, in public discourses, and in political communication research. Over the past 30 years, the support for populist radical right-wing parties rose to a historic high (Tartar, 2017). Populism has become a ubiquitous research topic – not only due to the upsurge of right-wing and left-wing populist leaders, parties, and movements but also because populism is a mesmerizing phenomenon. It is notoriously vague (Canovan, 1999), “immaîtrisable, incontrôlable et inutilisable” (Pranchère, 2020), promiscuous (Oliver and Rahn, 2016), chameleonic (Taggart, 2000), and an opaque zeitgeist (Mudde, 2004) at the conceptual level, and therefore poses an irresistible challenge to social scientists.

Recently, Claes H. de Vreese and his co-authors (2018, p. 3) evoked the notion of “a new generation of populism researchers”. In this section, we argue that an understanding of populism as communication (Mazzoleni and Bracciale, 2018) indeed enables researchers to bridge the current debates on whether or not populism is an ideology, a discourse, a mobilization strategy, an organizational type, or a political logic (Laclau, 2005; Moffit and Tormey, 2014; Zulianello et al., 2018).

In line with C. H. de Vreese and his co-authors (2018), we view populism as a communication phenomenon that includes typical elements of content (i.e. people, anti-elitism, and the exclusion of out-groups) and of style (i.e. evoking fear, oversimplification, and style of language). Accordingly, “the emphasis is on populist messages as independent ‘phenomenon-as-such’ and no longer on a particular party family or type of politician” (de Vreese et al., 2018, p. 3). We see populism not only as actors’ attributes, but mostly as actors’ actions. We do not view populism in terms of an either/or, populist/non-populist dichotomy, but as a phenomenon that varies in degree. As a consequence, the proposed paper does not concentrate on populism as an ideology or actor-centred approach (Mudde, 2004), on its ideational character (Mazzoleni, 2008; Pauwels, 2011; Hawkins et al., 2012), its critique as “thin ideology can […] become so thin as to lose its conceptual validity and utility” (Moffit and Tormey, 2014, p. 383) or on the populism “d’en-bas” (Ivaldi, 2018).

Populism, within the context of this paper, refers to three core elements of the content of communication: the people, anti-elitism, and the exclusion of out-groups.

  • People: essentially, populism appeals to the people – not for the sake of the people as such, but in opposition to the values and ideas of elites and certain minority groups who do not belong to “the people”. As an element of populism, the people is a rhetorical construct that is instrumental and that can be exploited, and its meaning is not the same as the citizens or the population of a territory. As a united, homogenous group of ordinary people, the silent majority (Oliver and Rahn, 2016), the notion of the people is a fiction. In this view, the people are united, solidary, guided by common sense, endowed with the same interests, values and opinions, and can be invoked into many forms such as the nation, peasants, voters or the proletariat (Rooduijn, 2014). In populism, the people are in a default state of crisis, threatened by others from the outside, which is why populism has been associated with a Manichaean perspective and a dualist world view of Us vs. Them.
  • Anti-elitism: similar to the people, the elite refers to a homogenous group with its identity based on antagonism directed at the people (Engesser et al., 2017a). Elites are found in the political, economic and legal systems, in the media, and in supranational institutions. The core idea behind anti-elitism is the attribution of blame. When conjuring up a people in crisis, elites are blamed as either unable or unwilling to represent the people’s will and to respect the people’s sovereignty. Populism’s opposition to complexity is connected to anti-elitism: “complexity is a self-serving racket perpetuated by professional politicians” (Canovan, 1999, p. 6) suggesting that policy should be guided by the people’s common sense that is actually pure and simple. The degree of antagonism also varies: populism always presents itself as distinct from elites but, rather than blaming or shaming elites, it may oppose other groups in society as well (Moffit and Tormey, 2014).
  • Out-groups: some scholars contend that the exclusion of out-groups is not a key feature and element of populism as such, but only one of radical right-wing populism. We argue, along with C. H. de Vreese and his co-authors (2018), that the exclusion of out-groups is not a defining element of all variants of populism, but is one that features both on the right and the left of the populist spectrum. The exclusion of others constitutes the horizontal dimension of populism’s inherently antagonistic character. Elites are those in power and, therefore, the enemy from above; out-groups – being groups that populists stigmatize as a threat or a burden to the people (Jagers and Walgrave, 2007) – are the enemy from within society. Once more, the out-group is a construction of “a blameless in-group opposed to a culprit out-group” (Hameleers et al., 2018, p. 872). In this sense, Cristóbal Rovira Kaltwasser (2018) differentiates between exclusionary and inclusionary populism. While the former is often rooted in notions of nativism and right-wing ideologies that oppose immigrants, ethnic and religious minorities, homosexuals or welfare recipients, the latter focuses on radical left-wing positions and constructs a homogenous group out of those affected by alleged unjust socio-economic policies and austerity measures. Similarly, Michael Hameleers and Rens Vliegenthart (2020) differentiate left- and right-wing exclusion. In our operationalization, we do not make this differentiation of who is excluded but focus on the question of whether any groups are excluded (see in the codebook in Appendix B: V8_OSTRACISM).

Based on the contributions of Jan Jagers and Stefaan Walgrave (2007) and C. H. de Vreese and his co-authors (2018), we apply a typology of populism that differentiates between four levels of populism as a communication phenomenon and that to varying degrees can be empirically identified in political messages.

  • Full populism: people + elite + out-group
  • Anti-elitist populism: people + elite
  • Exclusionary populism: people + out-group
  • Empty populism: people

In this typology, the invocation of the people is at the core of populism and produces different types of populism depending on whether or not it is linked to the elite and out-group elements. Full populism combines all three elements. Anti-elitism or the exclusion of out-groups individually do not constitute populism; both only do so in combination with the people element. Similarly, the mere invocation of the people without reference to anti-elitism or out-groups is deemed to be empty populism, the thin, “empty-shell, initial definition” of populism (Jagers and Walgrave, 2007, p. 323).

Although, regarding content, people, anti-elitism, and the exclusion of out-groups form three “pillars of populist discourse” (Bobba, 2019, p. 12), we must also consider how populism manifests in the style of messages, that is how actors present ideas and information. As previously argued, populism is not about the attributes of a political actor, but about the actions of an actor. Populism is performed; it is what is said and how it is said (Bracciale and Martella, 2017). Also, performing populism is not limited to the political right or left, since “politicians can slip in and out of the populist style” (Moffit and Tormey, 2014, p. 393). The performative style of populism has been described as direct, emotional (Canovan, 1999), simple (avoiding complexity) and blunt. The populist transgresses the limits of presumed political correctness: “like a ‘drunken guest’ [...] with ‘bad manners’ [...], the populist disrupts the normal dinner table, much to the discomfort, even alarm, of the usual patrons” (Oliver and Rahn, 2016, p. 191). Populism is emotional and evokes emotions by purposefully breaching the taboos of mainstream politics and political culture, by employing calculated provocations (Pauwels, 2011), and by taking on a narrative of underdogs (Mazzoleni, 2008), of self-victimization, or other symbolic themes. These emotions emphasize fear and anger (Hameleers et al., 2017).

To address these issues and to conceptualize populism as a communication phenomenon, we study both populism in content and populism in style. Both aspects vary in degree, as actors from across the political spectrum can employ populist content and style elements in their public communication. As James Stanyer and his co-authors point out:

It is important to reiterate that most studies are actor-centered and that we lack systematic empirical studies. Consequently, our knowledge is poor about how frequently both populist and non-populist mainstream political actors refer to the people, express anti-elitism, and exclude various out-groups in their communication. (2016, p. 361)

Populism in election campaigns

Recent empirical studies have begun to address populism as a communication phenomenon, also considering that the proliferation of social media platforms allows access to populist communication with an additional type of data. Whereas previous research was limited to highly formalized genres like public speeches and party manifestoes, social media enable scholars to monitor the use and effects of political communication in a more granular fashion. Social media have become standard platforms for election campaigns, where parties and politicians broadcast their messages unfiltered by journalists or other gatekeepers. Social media posts are less formalized than party platforms, the way content is produced, distributed and used is very different from traditional mass media (Klinger and Svensson, 2015). In the fourth era of campaigning (Roemmele and Gibson, 2020), social media posts provide numerous and fertile material to study the use of populist messages and populist elements in party communication.

Not surprisingly, populism has become a popular research topic of political communication scholars interested in the impact of social media platforms. Although the data is proprietary and only partially accessible through APIs, it has nonetheless brought about an increase in quantitative empirical research designs (Ernst et al., 2017; Stier et al., 2017; Zulianello et al., 2018; Bobba, 2019). This is all the more relevant as experiments show that populist elements have mobilizing and de-mobilizing effects on voters (Hameleers et al., 2018).

Social media offer a communication environment that significantly differs from traditional mass media outlets. The affordances of social media platforms provide a particularly fertile ground for populist communication, being mostly un-edited, enabling public communication outside of and circumventing journalistic outlets. On social media, political parties remain in control of their messages, they can tailor messages according to target groups or use micro-targeting tools for political advertisements (Kreiss, 2016). It is popularity and not news values or other professional criteria that determine the relevance and reach of a message. Indeed, there is empirical evidence that purported populist parties have profited from social media (Bobba, 2019), that they find new supporters among adolescents (Heiss and Matthes, 2017), that populist messages receive more comments online and “prompt citizens to use populist messages themselves in their comments” (Blassnig et al., 2019, p. 629).

However, previous studies have shown that social media platforms are by no means a “populist paradise” since so-called populist parties often have a centralized structure and avoid internal dissent (Jacobs and Spierings, 2019). A study on Twitter use by populist presidents in Latin America found that the prevalent communication mode remains top-down (Waisbord and Amado, 2017), confirming that populist communication on social media tends towards normalization/politics as usual (Koc-Michalska et al., 2021). In their social media practices, populist actors are not always and necessarily more apt to respond and engage with the people (Spierings et al., 2019).

While social media data call for comparative analyses, only few empirical studies have made comparisons across countries and even less so across time. Matthijs Rooduijn (2014) set an example by using data obtained from newspaper articles, comparing five countries where, over two decades (1988-2008), purported populist parties (at the time) had varying success. Nicole Ernst and her co-authors (2017) analyzed 1,400 Twitter and Facebook posts from 6 countries, published by 88 politicians from 29 political parties. They found that parties at the fringes of the political spectrum and opposition parties were more prone to populist communication. In another study on politician statements from six Western democracies, N. Ernst and her co-authors (2019) found that populist communication is associated with typical issues (such as immigration, crime and economic hardship), and that politicians from parties considered as populist indeed are more populist in their communication. They particularly stress the importance of studying the content and style of populist messages, claiming that “the ideology of populism cannot be communicated without stylistic elements” (p. 167). S. Engesser and his co-authors’ (2017a) comparative qualitative text analysis showed that “populism manifests itself in a fragmented form on social media” (p. 1109), justifying the need for a differentiated and comparative look at party messages on Facebook or Twitter. S. Engesser and his co-authors (2017b) provided a useful operationalization, based on emotionalization and negativity (p. 1282), to identify variations in content and style. Even though the thresholds they apply are debatable, Mattia Zulianello and his co-authors (2018) compared the Facebook communication of 83 political leaders from 6 Western and Latin American countries, showing that populism as communication can be empirically identified and that it varies extensively across parties and actors.

Based on the research presented above, our paper seeks to test the following hypotheses.

N. Ernst and her co-authors (2017) concluded that populist communication is mostly used by parties at the extremes of the political spectrum, both left and right. S. Engesser and his co-authors (2017a) showed that left parties tended towards attacking economic elites, whereas right-wingers attacked media elites and ostracized out-groups. Based on this, we expect to find more populism in communication among right-wing parties.

  • Hypothesis 1: political ideology impacts on populism: right-wing parties have a higher populism in content and populism in style than left-wing parties.

By using a comparison across countries, election types and over time – comparing EU elections 2014, national parliamentary elections 2017 and a non-electoral period 2018 in France, Germany and the United Kingdom – we also want to determine if and how populism in content and populism in style changed over time. Previously, researchers have shown that the presence of populism and populist elements have been increasing over time in party manifestoes and traditional media (Manucci and Weber, 2017; Hameleers and Vliegenthart, 2020), and that populists have been increasingly successful in elections (Tartar, 2017). Based on this we assume that:

  • Hypothesis 2: populism in content and populism in style increase similarly over time on Facebook.

While populism does not increase in a linear and simultaneous way, Luca Manucci and Edward Weber (2017) show increases of populism in party manifestoes and newspapers across four countries after 2010, including Germany and the UK. We seek to test whether

  • Hypothesis 3: populism in content and populism in style increase in time at the similar level in all three countries.

Second-order elections are characterized by lower turn-outs, better prospects for small and new parties, worse prospects for government parties, a tendency towards protest voting, and perceptions that less is at stake (Reif and Schmitt, 1980). Owing to these differences, campaigns and campaign strategies vary, and we expect to detect different levels of populism in communication. In the 2014 EU election campaigns, public interest in candidates and election as well as voter turnout were at record low levels (Treib, 2014). Based on this we expect more populist communication during national elections.

  • Hypothesis 4: populism in content and populism in style are more prevalent during first-order elections than during second-order elections and non-electoral periods.

To our knowledge, the only study so far connecting populism to specific topics or policy fields is N. Ernst and her co-authors (2019), finding that there are indeed typical issues connected with populist communication. A possible reason for this research gap is that populism research either focused on right-wing or on left-wing parties, thus on ideologies rather than on policy fields. If we follow the notion of populism as communication, we can determine whether and to what extent populism is linked to and more prevalent in specific policy fields (e.g. migration policy). Thus our research question is: Is there a link between populist communication and the topic of the post?

Methods and cases

In comparing party communication in election campaigns in France (FR), Germany (GER) and the United Kingdom (UK), we opted for cases based on different political and media systems (within Western democracies), in order to focus on only one feature (populism in communication) that political parties may or may not have in common. The three countries differ considerably with regard to their political systems, having centralized (FR) or more federal (GER, UK) forms of governance, presidential (FR) or parliamentary (GER, UK) systems, and majoritiarian (UK, FR) or more consociational (GER) decision-making. Their media systems cover all three types identified by Daniel C. Hallin and Paolo Mancini (2004): polarized-pluralist (FR), democratic-corporatist (GER), and liberal (UK). In their updated and empirically richer categorization of media systems, Michael Brüggemann and his co-authors (2014) classify both the UK and Germany as central types, “characterized by strong public broadcasting, strict ownership regulation, and low press subsidies” (p. 1056) and France as the southern type, combining “the highest degree of political parallelism with the least professional journalism and the least inclusive press market” (p. 1056-1057). None of the three countries had so-called populist parties in a government position.

Facebook has become a major source of information and news. In all three countries, approximately one-third of internet users received their news through social media (France 36%, Germany 31%, and the UK 39%), a large portion of which came from Facebook (Germany 24%, the UK 27%, no data for France) (Newman et al., 2018, p. 10). Unlike Twitter, with its very short informational messages, posts on Facebook can be longer, more detailed, and do not force authors to be explicit and pointed. Since Facebook has become a standard platform for the campaign strategies of political actors (Klinger and Russmann, 2017), it is a prime source of official party communication. In the campaigns we analyze, all relevant political parties had Facebook profiles that they used for party communication.

A comparison of the three countries also produces longitudinal insight into different types of elections and election campaigns, and also provides a comparison with a randomly chosen non-electoral period. All the countries participated in the (second-order) 2014 European Parliament elections and held (first-order) national parliamentary elections in 2017. The data we use originate from the political parties’ official Facebook profiles and contain all posts published during the last two weeks of the electoral campaigns prior to the 2014 European Parliament and the 2017 national parliamentary elections, as well as during two weeks in January 2018 as a non-electoral period for comparison (data accessed via Sotrender). The data contain a total of 3,564 posts from 24 political parties in Germany, the UK and France (Table 1). The data represent all major parties present during all three periods, except La République En Marche, La France Insoumise and Debout La France which did not exist in 2014 and no data are available for them in respect of the 2014 EP election. (Please see Appendix A for party in the study, and Appendix C for detailed results.)

Table 1. Number of postings for each country in time

2014 2017 2018
Germany 421 546 215
United Kingdom 586 686 273
France 253 337 247

We do recognize that often party leaders can be more relevant politically, reach a larger audience than their parties and can impact the likeability of messages. However, we focus only on the party profiles, for reasons of comparability and to avoid the intervention of personality traits, political status, celebrity status or biographical aspects. S. Engesser and his co-authors’ study (2017a) on political leaders found that populism manifests in a fragmented form on Facebook, and our study seeks to focus on the party side of this finding.

All posts were manually coded by three intensively trained coders (German and French native speakers, fluent in English). Inter-coder reliability of Krippendorff was α=.762b. A self-reliability test was run for each coder within a few weeks after the first coding, with the mean for the coders being Krippendorff α=.904. (The dependent and independent variables and the detailed codebook are available as Appendix D.)

Results

Of the 3,564 party posts on Facebook, 376 contained only populism in content, 317 contained only populism in style, and 213 simultaneously contained both forms of populism. In total, we identified populism in 906 posts, implying that populism is not a marginal phenomenon but that it is present in about one fourth of all posts created by parties during the six weeks under consideration.

Table 2. Regression analysis for Populism in Content (PiC) and Populism in Style (PiS)

PiC Empty PiC Excluding PiC Anti-elitism PiS
IRR IRR IRR IRR
Time (year 2014 ref.)
2017 1.170 1.251 1.079 1.702 **
2018 .806 1.015 .874 1.434
Country (France ref.)
Germany 5.956 *** 5.260 *** 5.834 *** 12.013 ***
United Kingdom 15.844 *** 7.753 *** 11.981 *** 10.003 ***
Party Size (Major Parliamentary ref.)
Minor Parliamentary .676 1.084 .823 .753
Fringe .322 1.024 .509 .813
Governmental .585 .551 ** .510 * 1.144
Party Ideological Family (Center, Regional and Green ref.)
Radical Left 1.411 .770 2.715 * 1.447
Radical Right 3.094 ** 2.706 * 3.604 *** 3.250 **
Right 1.910 2.938 ** 2.307 1.432
Left 1.190 1.824 1.331 .888
Constant .016 *** .020 *** .020 *** .011 ***
(1/df) Deviance .4184 .5177 .4962 .4700
(1/df) Pearson 1.1809 1.2098 1.1216 .9584
Log pseudolikelihood -1355.6 -1713.9 -1647.2 -1628.1

Note: GLM Negative binomial, IRR (Incidence Rate Ratios). Data was clustered by party*year. ***p<.001 **p<.01 *p<.05.

Table 2 presents the regression analysisc on each form of populism discussed above. Notably, the analysis suggests that there is little variance over time in populism as communication. The exception is populism in style that was used almost twice as much during the 2017 national elections as in the 2014 EU elections. This suggests that populism in style may be used as a campaign strategy to mobilize voters in first-order elections. The variance between countries is also significant as political parties in both the UK and in Germany are more likely to employ populist communication in content and in style than parties in France. During all three periods there was a much lower level of populism in communication within all parties in analysis prevalent in France than in the UK and Germany.

As expected and repeatedly shown in the literature, radical right-wing parties extensively employ populist communication in all its dimensions. They strongly advocate anti-elite messages and spearhead the use of populism in style. However, while radical right-wing parties are prone to use any kind of populism, they are joined by some traditional, moderate right-wing parties (the UMP in France and the Conservatives in the UK), who also use exclusionary populism. Both the radical left and radical right show a preference for strong anti-elite communication. (Appendix C provides a table comparing the results and number of posts on the party level.)

ANOVAd analysis comparing populist communication according to party political ideology suggests a variation across the party spectrum regarding both populism in style [F(4, 3559)=41.45 p=.000] and full populism (in content) [F(4, 3559)=37.05 p=.000]. The post-hoc tests indicate strong dissimilarity not only for radical right-wing parties but also for all other parties. This confirms the previous results. We found a longitudinal variation for populism in style [F(2, 3561)=7.96 p=.000] (the post-hoc test indicates a stronger difference between 2014 and 2017), but not for full populism. The results (see Figure 1) suggest that across the political spectrum, no party type is free from populist statements. The temporal development of populism in style and full populism by the radical parties is particularly notable. Since 2014, radical parties – especially radical right-wing parties – have become more populist in their communication style, whether there was an election campaign or not. In fact, their style was most populist during the non-electoral period of 2018.

Figure 1. Relative mean for full populism and populism in style by party’s ideology

Figure 1. Relative mean for full populism and populism in style by party’s ideology

Moreover, it is clear that radical right-wing parties pursue full populism: content that does not merely refer to a vague “people”, but content that at the same time is anti-elitist and exclusionary of out-groups. Take this post by the British National Party as an example for full populism:

LIKE & SHARE The terminally liberal political class were slammed last night for their Immigration “disaster” by a member of the BBC Question Time audience. Except for the fact that an individual with different opinions to the far-left BBC was even allowed to take a seat in the carefully staged audience, there’s nothing unusual about this event, oh… except that this man was ASIAN!!! […] “Now you realize that immigration has destroyed the country”, he told a disapproving panel. “Immigration has messed up the country […] the whole of the North of England is full of my community!” he lamented. “This is not England anymore!” Britain must start expelling people from the country and turning people away he said, echoing BNP policy almost word for word. […] When it takes an immigrant to tell the political class what’s what, you know they’re beyond the pale. Count yourself among the growing ranks of British people saying “enough is enough” and taking a stand. […]e

This pattern remains stable over time and is independent of election campaigns. This differs from the moderate left-wing and right-wing parties who also mobilize support by using populist messages, but more so in national, first-order elections, only to relax their emphasis on populism outside the election periods. Based on these results, we confirm Hypothesis 1. Indirectly, this finding also validates Ronald F. Inglehart and Pippa Norris’ notion that cultural values matter (2016).

Regarding longitudinal and cross-sectional variance, Figure 1 represents the prevalence of populism in the perspectives of both content and style. As in the regression analysis, the country differences are clearly visible. French parties are reluctant to use populism in content and populism in style, a trait most likely due to the difference between parties seen as populist (i.e. the Front National and France Insoumise) and all other parties. The descriptive data suggests that the former extensively uses populism in communication, whereas the latter seldom uses it. In contrast, all parties in the UK and Germany extensively use populist communication in their posts. Populism in style strongly increases over time in Germany, while empty populism or the mere invocation of the people dominates in the UK election campaigns, but clearly decreases during the non-electoral period. In France all forms of populism are at a much lower level than in the UK and Germany, but increased during the non-electoral period.

Figure 2. Relative mean for populism in content and populism in style by year

Figure 2. Relative mean for populism in content and populism in style by year

Note: to facilitate inter-index comparison, the mean score was averaged (by number of elements in each index).

Over time, exclusionary populism strongly increases in Germany and slightly increases in France, but not in the UK where it decreases during non-electoral periods. This confirms Hypothesis 2 for Germany and France, but not for the UK where the levels of both populism in content and populism in style clearly peaked during first-order election campaigns (with empty populism dominating in 2014 and 2017 and populism in style in 2018). We reject Hypothesis 3, because it only holds true for France and Germany. Hypothesis 4 is confirmed for the UK, but not for Germany and France where all forms of populism increase over time, albeit on a higher level in Germany than in France.

With regard to our research question, the most prominent policy fields that parties posted about were economic and social policy, but they were not particularly populist. Rather, we found that the perennial (“usual suspect”) topics were the most populist, with posts on migration and security policy containing more than half of all the populist elements.

Table 3. Policy fields and populism

Populism Full populism PiS N
Migration policy .60 .48 .47 172
Security policy .50 .32 .37 119
Social policy .40 .28 .20 259
Economic policy .36 .23 .20 394
Health policy .32 .22 .14 152
Foreign policy .31 .18 .19 156
Education policy .20 .08 .14 122
Environmental policy .12 .07 .07 82
Brexit (for UK) .44 .35 .19 121

Populism indicates if any kind of populism (populism in content PiC or populism in style PiS) was evident in the posting. Numbers indicate the ratio of the posting containing populist element to those which do not contain such element.

While not surprising, it is striking that about half the posts by political parties on migration policy contain full populism. These posts invoked the “people”, and they contained anti-elitist notions as well as messages about the exclusion of out-groups, with the same number using a populist style. About one third of the posts on respectively security and social policy exhibited full populism. Education policy and environmental policy were the fields least related to full populism, although not completely free from populism either. Other categories that we controlled (e.g. technology, transportation, and media) did not contain any populist communication. Although only valid for the UK, posts about Brexit confirmed intuition and contained high levels of populism. Based on these findings, we conclude that populism in content and populism in style are more prevalent in specific policy fields. While populism is prevalent in messages of all the political parties across the political spectrum, it is evident that typical right-wing policy fields dominate the populist posts.

Discussion and conclusion

Our results underline that it makes sense to study populism as a communication phenomenon (rather than only as an actor type approach) that includes typical elements of content and elements of style. Populist elements were evident in the messages of all parties across the ideological spectrum, and confirm that over time a populist style is increasing particularly in the messages of radical parties on the left and right. But moderate and center parties are not always “non-populists”, as they tend to use a populist style during first-order election campaigns, but less so during second-order campaigns and in non-electoral periods. As was expected, radical right-wing parties employ all types of populism (full, anti-elite, and excluding out-groups) on a constant level over time. Regarding the three countries included in our study, all forms of populism are increasing in Germany. In the UK, populist communication peaked during the 2017 national election, particularly empty populism, but not as much in 2014 and 2018. In France, all forms of populism are also increasing, but at a lower rate. Considering that the radical-right Front National (currently RN) under Marine Le Pen, the very low level of populist messages in France is somewhat counter-intuitive. Closer scrutiny of the data reveals that En Marche, while occasionally referring to the people (empty populism), is the only case where no evidence of ostracism, the exclusion of out-groups, and the evoking of fear was found in their posts. This is remarkable in comparison to all the other parties. However, other French parties are also very reluctant to use populist communication. A possible explanation lies in the long tradition of legal constraints that prevent negative campaigning in France. Also, Front National is very centered on Marine Le Pen, a lot of communication in general and populistic in particular is emitted by the party leader, not by the party and thus not captured here.

Studying populism as a communication phenomenon allows for a differentiated view: Yes, populism is increasing and has been scoring at the ballot boxes. But in many cases, it consists only of empty references of “the people” by moderate parties in specific settings. This is hardly threatening the integrity of democratic elections. The more problematic elements, such as the exclusion of specific groups from society, xenophobia, homophobia, attacks on elites, institutions and intermediary actors of various kind, can be obscured by a global focus on populism. In many cases, referring to “the people” is a cloak to mantle illiberal, anti-democratic or authoritarian notions as a presumable “popular” agenda.

An interesting finding is that populist style increased much stronger than populist content. This underlines the importance to see populism not only as an ideology or a political strategy, but as a particular form to communicate – employed by parties across all political spectrum. We can also interpret this as a sign for the brutalization of political language and public discourse.

Populism is also not limited to the perennial topics of migration and security, as we noted populist style elements in posts on environmental issues and on education, foreign and health policies. Environmental policy, in particular, could play an increasing role in the future since radical right-wing parties have recently turned to opposing the notion of a climate crisis and attack climate activists.

To better understand how populism forms part of campaign strategies and how it mobilizes or demobilizes support, researchers need to look beyond parties nominated as “populist”. Improved comparative research designs (beyond the particularities of individual parties) and quantitative, data-based studies on more campaigns and over more extended periods, can be attained by redirecting populism research from actor-centered approaches towards content-centered approaches. The notable difference between the findings in respect of first-order and second-order elections and non-electoral periods suggests that, depending on the political situation, the prevalence and intensity of populism as communication varies.

Our study faces several limitations. We only included one case of a specific time-period. Undoubtedly it would be valuable to reproduce this study with the 2019 EU election and the next round of national parliamentary elections. Also, including party leaders, which may differ in their communication style from parties. We only used data from three countries, which are similar (Western democracies) but also distinct (electoral system). For example, in the case of France, parliamentary elections take place right after presidential elections, which impact campaign content and dynamics, and could produce different results as in the separate campaigning in the UK or Germany. We only coded Facebook posts made by the parties, excluding comments of users and parties in response (although the parties were not very responsive and rarely contributed to the comment section). The inclusion of comments would show whether or not users similarly populist as parties. Another way forward is a comparison across platforms, including Twitter and Instagram. Unfortunately, due to all restrictions on data from social media platforms, independent research is only “peeking through the keyhole” at the moment and only grasping in part what is happening on social media platforms during political campaigns. Also, little is known on how affordances of the platform can influence the popularity of certain posts (e.g. are post with populist content somehow differently promoted by the algorithms). This situation poses a threat to democracy, especially since social media platforms have become a major source of news and information, also considering that populist messages across the political spectrum, time and location, undeniably form part of this environment.

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Notes

1 En anglais, « thin ideology ».

2 Calculé selon la syntaxe d’Andrew F. Hayes, http://www.afhayes.com.

3 En ligne : https://www.facebook.com/71523830069/posts/10155285526230070 ; 2 juin 2017 à 16 h 19 ; traduction par les autrices.

b Calculated according to syntax by Andrew F. Hayes, http://www.afhayes.com.

c Statistical method allowing to search for relation between dependent variable and several explanatory variables.

d ANOVA analysis allows to estimate the differences between the means.

e British National Party, official Facebook account, 2 June 2017, https://www.facebook.com/71523830069/posts/10155285526230070.

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Table des illustrations

Titre Figure 1. Moyenne relative pour le populisme intégral et le populisme de style selon l’idéologie du parti
URL http://journals.openedition.org/mots/docannexe/image/29645/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 83k
Titre Figure 2. Moyenne relative pour le populisme de contenu (PiC) et le populisme de style (PiS) par année
Légende Note : pour faciliter la comparaison entre les indices, la moyenne des scores a été calculée (par nombre d’éléments dans chaque indice).
URL http://journals.openedition.org/mots/docannexe/image/29645/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 86k
Titre Tableau 1. Caractéristiques des partis
URL http://journals.openedition.org/mots/docannexe/image/29645/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 414k
Titre Tableau 1. Populisme de contenu et populisme de style par parti
URL http://journals.openedition.org/mots/docannexe/image/29645/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 655k
Titre Tableau 2. Nombre de posts par parti pendant les deux périodes hebdomadaires d’analyse
URL http://journals.openedition.org/mots/docannexe/image/29645/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 346k
Titre Figure 1. Relative mean for full populism and populism in style by party’s ideology
URL http://journals.openedition.org/mots/docannexe/image/29645/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 80k
Titre Figure 2. Relative mean for populism in content and populism in style by year
Légende Note: to facilitate inter-index comparison, the mean score was averaged (by number of elements in each index).
URL http://journals.openedition.org/mots/docannexe/image/29645/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 86k
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Pour citer cet article

Référence papier

Ulrike Klinger et Karolina Koc-Michalska, « Le populisme comme phénomène de communication : une comparaison transversale et longitudinale des campagnes politiques sur Facebook »Mots. Les langages du politique, 128 | 2022, 177-199.

Référence électronique

Ulrike Klinger et Karolina Koc-Michalska, « Le populisme comme phénomène de communication : une comparaison transversale et longitudinale des campagnes politiques sur Facebook »Mots. Les langages du politique [En ligne], 128 | 2022, mis en ligne le 01 janvier 2025, consulté le 16 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/mots/29645 ; DOI : https://doi.org/10.4000/mots.29645

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Auteurs

Ulrike Klinger

Professeur de Digital Democracy
Stiftung Europa-Universität Viadrina

Karolina Koc-Michalska

Professeur à l’Audencia Business School

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