1Cet atlas de la collection « Dynamiques du territoire » (RECLUS) sur un pays très mal connu, sur lequel on ne disposait jusqu’à une période très récente que d’un faible appareil statistique, est particulièrement bien venu. Le recensement de la population et de l’habitat de 1995, premier véritable recensement couvrant l’ensemble du territoire national, a rendu possible cette série de cartes qui se basent également sur des données provenant des divers ministères techniques. Il s’agit donc essentiellement d’une cartographie assistée par ordinateur reposant sur des traitements de données statistiques, l’unité de base étant le district (au nombre de cent trente-trois en 1995). Les dix-sept provinces laotiennes sont trop vastes et hétérogènes ; elles ne constituent pas un maillage assez fin du territoire pour en donner une représentation comparable à celle des soixante-et-une provinces vietnamiennes ou des soixante-seize provinces thaïlandaises. Les grands domaines de la démographie, des activités économiques sont couverts par une batterie de cartes analytiques faisant appel à des données de 1995-1996. Chaque planche de trois à six cartes, représentant chacune généralement deux variables, est accompagnée d’un court texte d’une colonne qui commente le résultat cartographique. Ces textes sont inégaux, certains étant trop descriptifs et n’apportant pas toujours une valeur ajoutée à la carte ou aux cartes.

2La mise en forme cartographique de ces nombreuses données statistiques présente un grand intérêt pour les experts chargés d’aménagement et de développement. Par contre, le grand public intéressé principalement par la géographie du Laos risque d’être noyé par l’abondance des cartes analytiques, dont l’intérêt est très inégal, de même que la valeur statistique des données. Chacun des chapitres correspondant aux différents domaines comporte une ou deux cartes des structures spatiales correspondantes, faites à partir de l’analyse multivariée de six à huit des variables analytiques précédemment cartographiées.

3Le lecteur recherchant une vision d’ensemble aura intérêt à consulter les chapitres 1 (« Le territoire ») et 10 (« Organisation de l’espace »). Ce dernier chapitre est la partie la plus originale et la plus stimulante de cet atlas, car elle permet une vision synthétique spatialisée, en ensembles régionaux, du territoire laotien. Elle poursuit la réflexion sur l’espace laotien que Christian Taillard avait lancée dans un livre précédant (Le Laos, stratégies d’un État-tampon, RECLUS, 1989), en l’étayant sur des données quantitatives. Huit ensembles territoriaux sont définis en fonction des niveaux d’urbanisation, du réseau routier et du découpage provincial. Ils relèvent de modèles élémentaires d’organisation de l’espace : en bandes parallèles, en axes, ou en auréoles. Pour obtenir une régionalisation, il faut les mettre en regard de cartes représentant les espaces naturels et ethno-linguistiques et les partitions historiques. Il faut également les confronter à une représentation des différents réseaux de communication et de distribution de l’énergie. C. Taillard obtient finalement un modèle des dynamiques spatiales en trois régions, dans lequel ressortent les niveaux d’urbanisation et les centralités, les grands axes de communication et les liens avec les espaces voisins, les structurations spatiales à l’intérieur de chacune des trois régions. Ce modèle, d’une lecture assez complexe dans le détail, a tout de même l’avantage de faire ressortir très clairement les grands pôles et les grandes articulations du territoire laotien.

4L’intérêt de cet atlas dépasse le Laos proprement dit. Il fait partie d’une collection dans laquelle l’atlas du Vietnam a été publié par le même auteur en 1993 et l’atlas de Thaïlande est prévu en 2001, sous la direction de D. Kermel-Torres. On pourra ainsi avoir très prochainement une vision de la péninsule indochinoise, préfigurée par la carte de la page 153, intitulée « Des réseaux caravaniers aux nouveaux axes structurant la péninsule ».

5English editions : Copenhagen, Nias Publishing, 2000 ; Chiang Mai, Silkworm Books, 2000.