Entre dévotions et injonctions de genre : Philippe de Gueldre, épouse du duc René II, face au cours des affaires (1486-1508)
Résumés
Philippe de Gueldre (1464-1547) épouse du duc de Lorraine René II, a fait l’objet de nombre d’études qui soulignent la spiritualité et la piété qu’elle a manifestées, particulièrement lors de son veuvage. Ici, essentiellement grâce aux sources comptables et aux registres de lettres patentes du règne ainsi qu’à une partie de sa correspondance qui a été conservée, sont éclairées sa présence au sein de l’hôtel ducal et ses activités politiques et administratives au côté ou en l’absence du duc. Ayant vécu à la cour de Bourgogne puis à celles de Louis XI et de Charles VIII, Philippe de Gueldre connait les arcanes de la politique européenne. Elle fait face au conflit armé entre Empire et royaume de France qui menace les duchés ; elle résout divers problèmes financiers, administratifs et diplomatiques, notamment dans la guerre avec la cité de Metz, tout en assurant, outre l’entretien du personnel de l’hôtel ducal, 11 grossesses et l’éducation de ses 5 fils : elle fait pourvoir d’évêchés lorrains, ses deux fils destinés aux ordres. Cependant la régence de la principauté au décès de René II, en 1508, lui échappe. Les Etats Généraux déclarent Antoine majeur et apte à régner.
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- 1 Bien qu’elles permettent d’énumérer les établissements ecclésiastiques qui bénéficient des largesse (...)
- 2 Les lacunes restent nombreuses, mais plusieurs centaines de registres de comptes sont conservés pou (...)
- 3 Assignations que l’on trouve, largement développées dans la thèse de G. TRANIĖ, Philippe de Gueldre (...)
- 4 L’article de fond demeure G. BERTRAND-DIDELON, « Philippe de Gueldre, princesse et moniale », Ėtude (...)
- 5 C’est seulement à la fin du règne que le trésorier général se place réellement au sommet de la hiér (...)
- 6 Les comptes du cellérier de Nancy destinés à tirer de ses greniers les provisions des occupants du (...)
- 7 Principalement dans le volume 7 de la collection Lorraine de la BNF, Paris, qui réunit des correspo (...)
1La seconde épouse du duc René II est par sa naissance la fille du duc de Gueldre et de Catherine de Bourbon ; recueillie et éduquée à la cour de Bourgogne, proche parente de Maximilien, elle est choisie pour chaperonner Marguerite d’Autriche envoyée à la cour de France pour épouser le futur Charles VIII. De tels débuts dans la vie placent cette princesse dans une position qui la prépare à la vie en Lorraine. L’historiographie, sans doute marquée par le remarquable gisant qu’a sculpté pour elle, Ligier-Richier et la réputation laissée par la dernière période de sa vie passée au couvent des clarisses de Pont-à-Mousson, en font une « otage » de la piété et de l’exemplarité de conduite attendues des douairières de cette époque. Mais, ce n’est pas sur cette question que les sources ici mises en œuvre apportent un éclairage relativement nouveau1 L’étude de la correspondance, des enregistrements de lettres patentes et des comptabilités ducales conservées plus largement en Lorraine et Barrois, à partir du règne de René II2, conduit à préciser sa place et ses activités, à nuancer les assignations rigoureuses de genre3 et de piété dont Philippe de Gueldre a fait l’objet, à travers plusieurs publications4 en tout cas, pour la période qui précède son veuvage, ici examinée. Sa vie au côté du duc son époux est éclairée par la variété des sources d’archives. Si tous les comptes concernant le train de vie quotidien de la princesse ont disparu, ceux des receveurs généraux des deux duchés, en particulier ceux du « chambre aux deniers » et du trésorier5 mais aussi ceux du bailliage d’Allemagne ou du cellérier de Nancy6 et d’autres encore permettent d’approcher plus précisément les faits et gestes de la duchesse et d’observer, la part d’initiative et d’action qu’elle s’est construite en 23 ans de mariage. Les lettres d’elle parvenues jusqu’à nous7 la montrent sous d’autres angles ; elles permettent notamment de préciser le ton des relations qu’elle entretient avec divers officiers du duché et la manière dont elle traite les affaires qui se présentent à elle. Bien sûr, il convient de se garder de toute extrapolation car les sources disponibles demeurent très lacunaires. Il parait cependant possible de démontrer que la duchesse prend de plus en plus d’initiatives dans la vie courante de la principauté, en particulier qu’elle a su gagner la confiance du duc et acquérir une certaine autorité sur les officiers, en matière financière et politique et qu’elle intervient dans quantité de domaines, plus précisément lorsqu’elle séjourne à Bar-le-Duc. Elle est partie prenante dans la politique tant intérieure qu’extérieure de la principauté, y compris lorsque le duc est présent. Philippe de Gueldre tient ainsi un rôle actif dans les duchés, que l’on peut examiner sous les angles successifs de son insertion dans les questions financières, de sa présence au sein de l’hôtel ducal et des questions administratives et politiques dans lesquelles elle intervient avec autorité.
I) Philippe de Gueldre et les finances des duchés
a) Les sources disponibles et leurs limites
- 8 Hormis pour l’année 1496 : plus de 240 pièces justificatives sont conservées : Arch. Dép. de Meurth (...)
- 9 On trouve par exemple cette énumération au premier feuillet du compte rendu pour 1495 : Arch. dép. (...)
- 10 Déjà secrétaire du duc depuis 1487, il est nommé chambre aux deniers en même temps qu’il est confir (...)
- 11 Ibid., B 989 pour 1492, B 991 pour 1493, B 993 pour 1495, B 994 pour 1496 avec pièces justificative (...)
2Philippe de Gueldre ne dispose pas de ressources propres à son arrivée en Lorraine : Maximilien occupe la Gueldre et le duc de Gueldre, frère de Philippe, est prisonnier des Français. La duchesse dépend donc entièrement du bon vouloir de René II, pour sa propre subsistance…. Il n’est pas aisé de dégager précisément les dépenses propres à la princesse, à partir de la comptabilité ducale conservée : les pièces justificatives des dépenses ont presque toutes disparu8. La comptabilité générale des duchés tant du Barrois que de la Lorraine, concerne essentiellement sinon exclusivement la gestion domaniale des duchés et non la vie de l’hôtel. Cette dernière apparaît plus souvent dans la comptabilité du « Chambre aux deniers » du duc dont l’entête précise qu’il contient la dépense ordinaire, les gages des gens du roi et de la reine de Sicile, les « argenteries » des dits seigneur et dame, les voyages et chevauchées, menus plaisirs et extraordinaires9. Ces registres annuels tenus par Jean Gerlet d’Amance, chambre aux deniers de René II depuis juillet 149110, ne sont conservés que pour 8 années entre 1486 et 1508, avec un intervalle qui varie de deux à quatre ans, ce qui permet au moins de se faire une idée de l’évolution de la situation11, d’autant que le titulaire de la fonction demeure le même personnage et que le périmètre de son office ne change pas ni la structure d’ensemble de ses registres, y compris lorsqu’il devient trésorier général du duc à la fin du règne.
3Ce qui est appelé dépense ordinaire recouvre en l’occurrence les dépenses de table du couple ducal et de ses proches, ainsi que des serviteurs nourris à l’hôtel.
- 12 Dans les registres des archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 989, B 991, B 993, B 994, (...)
Tableau n° 1 : Dépense ordinaire mensuelle en francs de Lorraine12
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Année, mois |
1492 |
1493 |
1495 |
1496 |
1499 |
1502 |
1506 |
1508 |
|
Janvier |
1905 |
1252 |
1080 |
1004 |
1372 |
1579 |
1202 |
1908 |
|
Février |
1449 |
1039 |
1286 |
993 |
806 |
1702 |
1173 |
1226 |
|
Mars |
1431 |
750 |
687 |
768 |
834 |
1038 |
1030 |
1500 |
|
Avril |
1841 |
1241 |
686 |
880 |
1258 |
1200 |
1075 |
814 |
|
Mai |
1640 |
1392 |
825 |
1600 |
1014 |
1404 |
1056 |
1155 |
|
Juin |
1214 |
1282 |
1083 |
946 |
1150 |
1887 |
1101 |
112 |
|
Juillet |
1547 |
130 |
910 |
914 |
1057 |
1028 |
1630 |
1190 |
|
Août |
1582 |
117 |
1558 |
973 |
1193 |
972 |
1352 |
1203 |
|
Septembre |
1571 |
1426 |
1115 |
797 |
1339 |
977 |
1585 |
1109 |
|
Octobre |
1828 |
118 |
1142 |
972 |
1199 |
1479 |
1564 |
1346 |
|
Novembre |
1341 |
1201 |
1215 |
2296 |
1511 |
2798 |
1379 |
3890 |
|
Décembre |
1489 |
2825 |
3329 |
3601 |
2895 |
2676 |
4154 |
1891 |
|
Total |
18 838 |
16 076 |
14 916 |
15 744 |
15 628 |
18 740 |
18 301 |
17 232 |
4On trouve ici la dépense ordinaire par mois de « l’ostel du roi ». Ces dépenses de nourriture ne précisent pas que les domaines du duc sont largement mis à contribution, pour la fourniture de la table ducale avec en amont, le compte du cellérier de Nancy et les comptabilités des prévôtés qui comportent nombre de transferts de charges vers la comptabilité de l’hôtel ducal. Seule l’absence du duc est parfois mentionnée, elle correspond souvent à une nette diminution des coûts ; l’importance des dépenses notée pour le mois de décembre, chaque année, est souvent justifiée par le fait que des réserves de vin sont alors constituées. Ces données présentent une certaine stabilité qui semble indifférente au nombre de convives présents.
- 13 Archives dép. de la Meuse, B 2913 : le compte commence à Mâcon le 1er octobre 1503.
- 14 C’est l’un des lieux litigieux entre le roi de France, ou plutôt son administration, et le duc de L (...)
- 15 Le compte du receveur général de Bar pour 1508 indique qu’il y est au début de l’année, il est enco (...)
5C’est ici l’année 1492 qui est marquée par la dépense ordinaire la plus élevée, mais les années 1500 s’en rapprochent avec une famille plus nombreuse et une implantation politique mieux assise. Il y a alors cinq enfants et les serviteurs de chacun d’entre eux à entretenir. Les dépenses de nourriture et de cuisine font l’objet d’une comptabilité quotidienne. Mais les registres de ce type ont totalement disparu à l’exception d’un compte de voyage d’Antoine à Lyon en octobre 150313 qui contient des dépenses de cuisine et d’écurie. Il n’est pas aisé de tirer de cet ensemble, des conclusions précises, car le périmètre de la famille est variable : à la descendance de René II, s’ajoute notamment le bâtard de Calabre ; peu à peu, les enfants aussi disposent d’un personnel attitré et séjournent soit au palais avec leurs parents, soit hors de la famille, dans un château comme celui de Gondrecourt où il convient d’affirmer la présence de la famille ducale, pour des raisons politiques14. Antoine, le fils aîné qui suit la cour royale de Louis XII à partir de 1505, se détache progressivement de la famille, mais revient par intermittence, auprès de ses parents15. Par ailleurs les proches et les invités extérieurs à l’hôtel doivent participer en nombre variable aux repas, mais les sources comptables sont muettes sur les réceptions.
- 16 Ibid., B 976, f° 426r° et l’année suivante, Nicolas Genest commis à la dépense ordinaire de la rein (...)
6On peut cependant établir une comparaison qui reste générale avec la période précédente : 22 000 francs ont été alloués au trésorier en 1481, pour convertir à la dépense ordinaire de la reine Yolande et de son fils durant toute l’année16, c’est davantage que la dépense ultérieure ne l’indique, mais les précisions manquent pour conclure. L’emprise de Philippe de Gueldre sur les questions de nourriture ne peut donc être appréhendée ; tout juste peut-on déduire des envois de pâtés de truites du Barrois à Nancy ou de la marée de Dieppe et autres prestations du même ordre, le goût de la princesse pour certaines nourritures.
7En revanche, on peut trouver des éléments du train de vie de la duchesse et de son évolution en rassemblant les indications des sommes qui lui sont allouées annuellement pour ses dépenses personnelles, sur le tableau suivant
Tableau n° 2 : Dépenses annuelles allouées à Philippe de Gueldre sur la chambre aux deniers
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Année de compte |
Argenterie, extraordinaire et menus plaisirs |
Gages des serviteurs |
Origine des fonds déclarée |
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1486 |
900 l.t. pour 9 mois |
Partie de 1800 fr pour 9 mois |
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1492 |
3600 fr |
3000 fr |
|
|
1493 |
4000 fr |
2800 fr |
|
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1495 |
4000 fr |
2900 fr |
7000 fr doivent être payés par les salines de Marsal |
|
1496 |
4000 fr ; 1829 fr 6 gr 4 d. |
2734 fr 8 gros |
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|
1499 |
6821 fr 11 gros 5 d. |
3112 fr 11 gros |
Le receveur du comté de Vaudémont a versé 900 fr pour payer les gens de la duchesse |
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1502 |
8370 fr 4 gros 6 d |
3050 fr 1 gros |
|
|
1506 |
11626 fr 11 gros 14 d en plusieurs fois |
3615 fr |
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1508 |
3112 fr |
3437 fr 6 gros |
- 17 Ibid., B 3, f° 45v : la somme prélevée sur les revenus de l’aide qu’Huin Roynette a charge de recev (...)
8Il ressort de ce tableau que la somme allouée à la duchesse et fixée à 100 l.t. par mois en 1486, première année de compte suivant son mariage, varie ensuite considérablement ; le compte de cette première année ne mentionne pas la situation des serviteurs de Philippe de Gueldre. Mais, dès janvier 1487, René II demande une allocation supplémentaire à prélever sur le produit de l’aide, pour assurer le paiement des gages des gens de la duchesse pour les 9 mois derniers passés, sans préciser le montant précis ainsi utilisé17.
- 18 Premier paiement attesté pour juillet 1479 : ibid., B 974, f° 431r°. Elle est alors mentionnée sous (...)
9D’autre part, par comparaison, ce montant de 100 l.t. par mois est celui qui était réservé à Jeanne d’Harcourt première épouse de René II tant pour ses menus plaisirs que pour payer les gages de ses gens18, par accord passé avec le duc en 1479. Quelques rares frais de vêtements apparaissant dans la comptabilité générale, s’y sont ajoutés au bénéfice de Jeanne d’Harcourt ; elle est alors mentionnée sous l’appellation de « Madame la Jeune », par opposition à « Madame la duchesse » qui désigne Yolande d’Anjou, mère de René II, laquelle partage alors avec son fils, les dépenses mensuelles ordinaires et quantité d’autres frais, comme le fera, plus tard, la seconde épouse du duc.
- 19 Apparemment en 1491, la somme allouée à Henri Claude pour le paiement des gages des « gens de Madam (...)
- 20 Le budget est alors difficile à équilibrer, car le gouverneur des salines de Marsal est mis à contr (...)
- 21 Il y a en effet dans le compte de 1495, mention de recettes de Jean d’Amance attestées par des cédu (...)
- 22 Sommes pouvant provenir de la seigneurie de Beauménil en Normandie.
- 23 La lettre de remerciements de la duchesse est datée du 22 avril 1496 et la quittance de l’évêque du (...)
- 24 Ibid., B 994, f° 65r°-v°
- 25 Après le voyage de Worms, intervient la guerre contre Robert de La Marck, pour laquelle il faut rec (...)
10Dès 1492 au plus tard19, le coût de l’« argenterie et menus plaisirs » de la jeune reine de Sicile s’élève à 3600 francs pour l’année auxquels s’ajoutent 3000 francs pour rémunérer ses officiers et serviteurs. La comptabilité montre que, d’année en année, les sommes allouées à Philippe de Gueldre augmentent considérablement et les dépenses de la duchesse non comprises dans les allocations croissent aussi régulièrement, sauf en l’année 1496 qui marque un léger recul, la situation financière de la principauté étant alors difficile après le coûteux voyage de René II à Worms, l’année précédente20. Et d’ailleurs, en 1496, parce qu’elle n’a pas utilisé les 20 000 francs octroyés en 1495 pour la dépense ordinaire, elle reçoit près de 6000 francs : la possibilité laissée en 1495 s’explique sans doute par le fait que René II ignorait la durée de son déplacement dans l’Empire et l’issue de l’expédition ; il avait donc, en prévoyant une importante somme d’argent pour la duchesse, probablement voulu lui déléguer toute latitude pour gérer les affaires courantes de l’hôtel pendant de longs mois, marquant ainsi sa confiance en elle21. Mais Philippe de Gueldre savait que ce voyage particulièrement dispendieux, pesait lourdement sur des finances peu solides, elle s’est personnellement préoccupée de trouver des moyens financiers supplémentaires pour ce voyage et elle a sans doute vécu, cette année-là, de ses propres deniers22. On apprend ses soucis financiers qui se poursuivent en 1496, par les pièces justificatives de la comptabilité : Philippe adresse, cette année-là une lettre très reconnaissante à Guillaume de Haraucourt, évêque de Verdun qui lui a fait porter 500 florins qu’elle rembourse un mois plus tard23. Le 25 avril 1495, elle a déjà reçu 60 ducats et saluts de Gérard d’Avillers et 100 florins d’or du Rhin de Gérard de Dommartin « prêtés comptant à sa nécessité pour convertir en ses affaires ». Ces trois prêts entrent dans la comptabilité officielle, contrôlée par la chambre des comptes : ils sont remboursés rapidement24, mais ces faits dénotent la précarité de la principauté en la matière, à un moment donné au moins25.
b) Le rapport de la reine à la dépense de la chambre aux deniers
- 26 Le trésorier fait apparemment office de chambre aux deniers, cette année-là : il prend en charge la (...)
- 27 Jean de Luestre qui doit venir en Lorraine, il s’agit de remboursement de frais de voyage : ibid., (...)
- 28 Ibid., B 991, f° 41r°.
- 29 Il s’agit de l’argent versé par les Messins à l’issue de la guerre de Metz : ibid., B 991, f° 72r° (...)
11Dans la première décennie de sa présence en Lorraine, la part des initiatives prises par Philippe de Gueldre dans l’ordonnancement des dépenses semble timide : la duchesse se limite apparemment strictement au budget qui lui est attribué sur l’état du duc : on n’observe pas de dépenses dues à son initiative personnelle sur le budget de la chambre aux deniers, outre les sommes qui lui sont allouées, encore moins sur les comptabilités ducales domaniales. Comme toute dépense est justifiée par un mandement ou une ordonnance de son auteur, on peut observer ici que c’est toujours le duc qui décide des dépenses, même quand elles concernent son épouse, et celles-ci sont peu nombreuses : en effet, en 1486, première année qui suit celle de leur mariage, on ne trouve ni ordonnance ni mandat émanant de la duchesse dans les registres de l’année26 ; c’est le duc qui donne tous les ordres de dépenses qu’il s’agisse de ses affaires à lui ou du transport des effets de la duchesse en Lorraine, de l’équipement de ses chevaux et litière, de velours pour faire une robe, de fil d’or pour son usage ou de frais de son aumônier27. Aucune initiative ne semble venir de la princesse. Il en va de même pour l’année de compte 1492 et encore en 1493, c’est René II qui ordonne l’achat d’un cheval pour le charriot de la reine et fait faire des bâts pour les mulets, les siens et ceux de Philippe de Gueldre : il prend l’ensemble des dépenses à sa charge ; de même pour les emplettes de la sage-femme et la robe de la fille de chambre de la reine de Sicile, c’est le duc qui mandate et paie la dépense28 et il n’y a qu’une initiative de Philippe de Gueldre en la matière, mentionnée cette année-là et elle n’est pas négligeable : elle a « en mains » l’argent de Metz et elle en prélève 500 florins d’or, c’est-à-dire 1000 francs, pour les donner à Roger de La Case, marchand florentin habitant Nancy, à qui elle les devait, selon le registre29 ; mais il faut alors apparemment des lettres missives de René II mandant aux auditeurs de la chambre des comptes d’allouer cette somme, pour que le paiement soit effectué.
- 30 Pour le détail de cette guerre et les difficultés à y mettre fin, H. SCHNEIDER, « Le face à face av (...)
- 31 Dans le Journal de Jehan Aubrion, L. LARCHEY (éd.), Metz, 1857, p. 343-345, Jean Aubrion, l’un des (...)
- 32 Le reste des bénéfices du compte ayant été envoyé à Longwy, pour en fortifier le château : Arch.dép (...)
- 33 Seigle et avoine pour la somme de 98 l, 10 s tournois sont ainsi vendus par le prévôt de Longuyon, (...)
12Il convient cependant de remarquer que la duchesse a en mains le montant d’un paiement que les multiples négociations consécutives à la guerre dite de Metz30 avaient échoué à obtenir jusque-là ; on ignore comment la duchesse de Lorraine est parvenue à faire plier les échevins messins mais cette démarche prouve son association étroite aux affaires politico-financières de la principauté31. D’autres démarches montrent qu’elle s’efforce de réunir de l’argent : la même année elle se rend de Bar à Neufchâteau, avec un serviteur du capitaine de Bar pour y recevoir 400 francs provenant des restes du compte du prévôt de Pont-à-Mousson32. La duchesse s’attache aussi à faire fructifier les récoltes : elle donne l’ordre de trier et mesurer les céréales après les moissons et en avril 1492, elle ordonne la vente des céréales restant de la dernière récolte à Longuyon et bien plus tard en 1506, elle développe une initiative comparable : elle écrit à dix officiers de recette du duché de Bar, pour leur enjoindre de faire cribler et trier toutes les céréales de leurs recettes33.
- 34 Au total, elle donne pour les deux achats 1677 francs monnaie de Lorraine, dont près de 277 francs (...)
- 35 Ibid., B 996, f° 67v : le florin d’or est alors évalué à 27 s 6 d t.
- 36 Comme le réaffirme l’acte du 18 septembre 1493 par lequel René II accroit le douaire de Philippe de (...)
13En outre, probablement en raison de difficultés récurrentes de trésorerie, la duchesse contribue sur ses propres ressources, sans que l’on précise l’origine des fonds, d’une part à l’achat de 13 chevaux à Metz et d’autre part au rachat de la seigneurie de Boulay, par le duc34. Cette seigneurie coûte alors 7000 florins d’or que le duc rassemble non sans peine semble-t-il, car l’argent provient de 7 versements différents, dont 4000 francs pris sur la pension du roi de France et 1400 francs donnés en deux fois par Philippe de Gueldre, ce qui montre qu’elle est mêlée de près à la question et s’ingénie à alléger les soucis de cet ordre, par ses contributions. De même, en 1499, le rachat de la seigneurie de Conflans-en-Bassigny au seigneur de Chemilly qui était hypothéquée, coûte 4363 florins et un demi écu d’or, somme fournie essentiellement par la reine de Sicile qui « a baillé de ses affaires 4000 florins d’or » pour conclure l’opération35. Certes, par son contrat de mariage, les biens meubles et acquêts du couple sont communs aux deux époux, il est donc normal qu’elle participe aux acquisitions, mais sa participation est parfois prépondérante36.
- 37 Cette somme exclut les remboursements des 6000 florins qu’elle avait avancés, apparemment sur ses b (...)
14Les années passant, durant la dernière décennie du règne, la duchesse reçoit sur la recette des sommes beaucoup plus importantes sur le compte de la chambre aux deniers : elles passent de 6800 francs en 1499 à 11 600 francs en 1506 ; quant à 1508, le compte recense 7782 francs en 3 versements37. Mais il faut y ajouter les dépenses de vêtements qui ont considérablement augmenté et ne sont pas comprises dans la dotation financière de Philippe de Gueldre.
15S’il n’y a plus, dans les dernières années du règne, de somme unique allouée à la princesse, c’est qu’elle a acquis plus de liberté d’accès direct aux recettes d’argent et obtient de nouvelles sommes en fonction de ses besoins, sans que des précisions sur leur nécessité transparaissent dans la comptabilité ou que l’autorisation du duc soit requise, préalablement au versement.
- 38 Ibid., B 993, f° 59r° la décision émane d’elle seule, semble-t-il : il n’y a en tout cas pas trace (...)
- 39 Trois paiements s’élevant respectivement à 2000 florins, 3000 florins et 1000 florins lui sont vers (...)
- 40 Sur un total de 9519 florins d’or du Rhin délivrés à Jacques Pouchy, marchand florentin habitant Ly (...)
- 41 Ghislain TRANIE renvoie à ce propos à Geneviève BERTRAND-DIDELON, p. 385.
16Par ailleurs, elle intervient souvent pour trouver des solutions dans diverses questions financières : à l’automne 1495, alors que René II est rentré depuis fin mai de Worms et qu’il séjourne à Bar-le-Duc, c’est son épouse qui règle la question de Ferry de Saint-Baussant à qui le duc a racheté sa part de la seigneurie d’Haussonville qui lui avait été donnée pour bons et loyaux services en 1477. Ultérieurement, René II lui rachète ce bien pour la somme de 1800 francs mais tarde apparemment dix ans durant, à payer cette somme et c’est Philippe de Gueldre qui négocie son dédommagement à 200 francs par an pendant dix ans, mode de règlement dont elle donne ordonnance, le 18 novembre 149538. À cette époque, René II se trouve à Bar-le-Duc, au moins du 20 octobre au 26 novembre, entre deux séjours à Nancy. Ou bien la question trainait depuis des semaines, ce qui est vraisemblable et dans ce cas la duchesse avait toute latitude pour la conclure après accord avec le duc, ou bien la princesse a réglé seule la revendication de Ferry de Saint-Baussant ; dans les deux cas, son rôle dans la gestion des affaires est non négligeable, au moins à partir du milieu des années 1490. De tels faits dénotent une large part d’initiative et même de maîtrise de sa part. En effet, il apparaît que la duchesse dispose en outre de suffisamment d’autonomie et de liquidités, à la fin du règne, pour prêter à l’évêque de Toul, 6000 florins d’or, somme qui lui est remboursée en trois fois en 1507 et 150839. Peu après, à l’été 1508, la duchesse sort 8900 florins d’or du Rhin de ses coffres pour aider à payer la vacance de l’évêché de Verdun, c’est-à-dire les annates et les bulles du pape réservant l’évêché au jeune Louis de Lorraine40. Il s’agit dans ces questions de l’avenir de deux de ses fils cadets que la duchesse prend à cœur. Pour autant, elle sait se montrer plutôt dure dans les négociations d’argent comme le montre le détail de ses revendications financières à l’égard de son fils, le duc Antoine, après la mort de René II : face à l’attitude de son fils aîné, elle réclame l’ensemble des revenus des duchés échus entre le 10 décembre 1508, date de la mort de René II et le 13 février 1509, date de l’avènement d’Antoine, sa part sur la pension versée par le roi de France, une pension pour la tutelle de François de Lorraine, etc., tous ces éléments montrent, même si elle est aidée, que Philippe de Gueldre connaît à la fois ses droits et les finances ducales dans le détail et veut se défendre41
- 42 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1001, f° 4r°.
- 43 Yann PHILIPP, Gondreville d’après les comptes de Pierre Robin, mémoire de maîtrise, Université Nanc (...)
- 44 Ibid. p. 103.
- 45 En 1505, Philippe de Gueldre sait bien que la seigneurie de Beauménil lui doit plus de 1200 livres (...)
17Les fonds dont elle dispose ne proviennent pas de son douaire dont elle n’aura la jouissance qu’au décès de René II : le comté de Vaudémont par exemple, dont la comptabilité subsiste en grande partie pour la période concernée, est administré directement par le duc. Une seule mention, en 1502, précise que le receveur du comté a versé 900 francs et que cette somme sera utilisée au paiement des gens de la duchesse42. Mais si la comptabilité du comté de Vaudémont rapporte systématiquement des ordonnances de René II pour justifier les dépenses, aucune n’émane de son épouse : c’est un comté hérité directement de son père, dont les terres sont proches de Nancy, hors de l’emprise de l’Empire ou du royaume de France et il ne semble nullement vouloir en déléguer la gestion ; semblablement à Gondreville où un palais a été édifié dès le XIIème siècle et où le duc et la duchesse séjournent volontiers surtout jusqu’en 150043. Le duc garde la main sur l’administration, même après l’insertion du domaine dans le douaire de son épouse et bien que Philippe de Gueldre s’y crée une bergerie avec fromagerie, disposant d’un nouveau bâtiment à partir de 149844 ; c’est une sorte de domaine réservé, dont on ne voit d’ailleurs pas la comptabilité avec celle du reste de la prévôté. En revanche, les seigneuries de Beauménil en Normandie et de Lambesc en Provence appartiennent à Philippe de Gueldre, par don de son époux : elle en nomme les officiers et recueille les revenus45, mais toute la comptabilité de ces domaines a disparu.
II) La duchesse dans l’hôtel ducal
a) Philippe de Gueldre et ses serviteurs
- 46 Mais les registres de lettres patentes de l’hôtel ne sont pas exhaustifs en la matière : l’enregist (...)
18La place de Philippe de Gueldre dans la principauté se traduit aussi dans ses relations avec le personnel de l’hôtel : officiers, dames et modestes serviteurs ; la disparition de tous les rôles de paiement dressés par Henri Claude, chargé de leur rémunération, oblige à scruter dans le détail les sources disponibles pour trouver les mentions de ces officiers et observer de quel personnel elle dispose. Il n’est donc pas possible, à la différence du duc, de donner la liste des officiers à son service rémunérés pour une année donnée ; ses gens apparaissent soit quand ils sont nommés46, soit lors d’une rémunération annexe ou quand ils occasionnent une dépense supplémentaire, en particulier pour leur habillement qui représente, certaines années au moins, un important poste de dépense.
- 47 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 995, n° 12.
19L’intitulé concernant le personnel de Philippe de Gueldre est le suivant dans un courrier de son écuyer de cuisine Henri Claude qui veille à leur rémunération : les « dames, gentilshommes, officiers et autres serviteurs de ladite dame »47. Il y a effectivement nombre de femmes dans l’entourage de la duchesse, à la différence de celui de son époux, comme le montre le tableau des occurrences relevée ci-dessous :
- 48 G. BERTRAND-DIDELON, Philippe…, op. cit. p. 147 et G. TRANIĖ, Le Pays Lorrain, à sa suite ne citent (...)
Tableau n° 3 : Les officiers attestés de Philippe de Gueldre (1485-1508)48
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Intitulé des listes d’officiers |
Serviteurs de l’hôtel ducal affectés au service de Philippe de Gueldre, attestés dans les sources dépouillées |
Date(s)d’attestation dans l’office |
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Gentilshommes et gentilles dames |
Isabelle de CROY, cousine de René II Michaud du MESNIL, conseiller Colignon WAUTRIN, chambre aux deniers JACQUEMOTTE, baile de la duchesse et administrateresse du marquis, son fils Claude de BEAUVAU, dame de Domjulien décédée le 24/03/1508 Louis de HANGEST, grand écuyer |
1486-1494 1486-1490 1488 1491-1496 1502-1508 1506 |
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Maîtres d’hôtel |
François de HANESQUER maître d’hôtel Antoinette de CROIX, maîtresse d’hôtel, épouse puis veuve de François de Hanesquer, épouse de Jean de Baschy en 1498 René de Florenville maître d’hôtel ordinaire Geoffroy de Multon, maître d’hôtel |
1485-1491 1490- 1504-1509 1509 |
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La chapelle |
Jean de LUESTRE, aumônier Geoffroy RICHIER, chapelain « ad honores » Domange FABRI, chapelain « ad honores |
1485-1508 1488-1493 1498 |
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Médecins et chirurgiens |
Maître Hugues, médecin Jennin de VAILLY apothicaire et valet de chambre |
1495 1497-1508 |
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Demoiselles de la duchesse |
Montjoye, Beauvau, Louise, Glandon, Mogneville, Jeanne de SAMPIGNY, Philippes, Marguerite de VAULX mariée en 1507 Mahaut d’APREMONT résidant continuellement au service de la reine de Sicile La Normande Margot de FONTENOY Margot de LIGNEVILLE Domange est leur valet de pied |
1502 1502 1502 1502 1502 1502 1502 1502 1502 1502 1502 1502 1508 |
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Sage-femmes et nourrices |
Jacquemotte, la sage-femme Alison femme de Jean GUERIN de Nancy, sage-femme décédée le 06/12/1505 Marguerite GODEFRIN, sage-femme demeurant à Nancy Catherine femme de Pierresson PERRIN sert d’eau de René II, nourrice de Louis de Lorraine La nourrice de Vézelise décédée en juin 1506 Madame de La TOUR nourrice de François à Bar |
1493 1502-1505 1506-1507 1505-1508 1506 1507-1508 |
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Secrétaires |
Colignon WAUTRIN, chambre aux deniers Jean CONNAIN, secrétaire et contrôleur de la dépense ordinaire Henri CLAUDE, secrétaire et écuyer de cuisine Jean du PREVOST, conseiller et secrétaire Jean VOILLOT, secrétaire, clerc du diocèse de Langres |
1488 1488 1491-1508 1494 1504 |
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Officiers de Lambesc et de Beauménil |
Pierre GARNIER, tabellion et greffier d’Orgon Casin DU BRECT, garde des bois, garennes et étangs de la seigneurie de Beauménil Michaud du MENIL gouverneur et capitaine de Beauménil, destitué en 1490 Jean d’ORGLANDES remplace le précédent Pierre PERRON, receveur de Beauménil Jacques LE MARCIS, lieutenant, gouverneur et procureur de la seigneurie de Beauménil Pierre PERRON, receveur de Beauménil Henri WAUTRIN, procureur à Lambesc Pierre de PROVENCHERES, avocat et conseiller pour Lambesc François d’Arras, licencié en droit, juge de Lambesc et Orgon Pierre de PONTEVÈS, avocat et conseiller à Lambesc et Orgon Gervais BELLINET, bailli d’Orgon et Eygalières Alexis ROLLAND, bailli de Lambesc Jean du PREVOST, capitaine et receveur d’Orgon et Eygalières, puis lieutenant, gouverneur et receveur général de Lambesc et Orgon, Eygalières et autres Jean HARANC, receveur de Beauménil, |
1486-1490 1488 1490 1490 1490 1490 1490 1490 1493 1493 1493 1493 1493 1493-1494 1506 |
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Valets, pages et enfants de pied |
Gardennes, valet de pied Nicolas, valet de chambre Colot, enfant de pied Monnet enfant de pied puis valet de pied ou valet de chambre L’Allemand, valet de pied et page François page (4pages attestés mais non nommés, cette année-là) Dido valet de pied Girard page Pierre, valet de pied Le Picquart, page Marquet, huissier de salle Charles, page Simonnet de LABORDE valet de pied, sergent d’Etain Louis, 1 des 3 pages de la reine Jaquin, 1 des 3 pages de la reine Lorrible, 1 des 3 pages de la reine Emon, laquais Jennot le laquais ou valet de pied |
1486 1487 1492 1492-1508 1493-1499 1499 1499-1508 1499-1502 1499 1499 1499-1502 1502 1502 1503 1508 1508 1508 1508 1508 |
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La chambre |
Michelet CARDON, valet de chambre et tailleur anobli en 1497, décédé avant 1503 Jennin de CHAVONCOURT, valet de chambre ARAGONDE, fille de chambre de la reine (puis épouse de Didier ADAM) PERRINNE, fille de chambre Casin du BRECT, valet de chambre Katin fille de chambre PERRINNE, fille de chambre Etienne BERSE, tailleur et valet de chambre HUMBELOTTE, fille de chambre AGNES la buandière et chambrière BARBE, fille de chambre RENEE, fille de chambre |
1487-1497 1488-1490 Avant 1499 1493 1497-1508 1499 1493 1502-1508 1502 1502 1508 1508 |
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Panneterie |
COURSIN, écuyer, panetier |
1491-1508 |
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Ėchansonnerie |
Colin RICHIER, sommelier d’échansonnerie |
1487-1496 |
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Cuisine |
Didier, sert d’eau Pierre de PROVENCHERES, écuyer tranchant GRIZOGONUS, pâtissier Pierresson PERRON, sert d’eau |
1487 1488-1502 1498-1502 1507 |
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Fruiterie |
Jacques LE BRISEUR, fruitier Jacquot aide de fruitier |
1500-1508 1505-1508 |
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Fourrier |
Liénart HARTEMART, fourrier |
1491 |
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Écurie |
Mengin palefrenier décédé en 1506 Jean d’ANJOU valet d’étable Jean DENYS et son homme de l’écurie Jean de Farrages Colin, créat, (il y a plusieurs créats, cette année-là) Georges du Sollier, écuyer d’écurie de la duchesse 1 garçon d’écurie |
1489-1506 1492 1492 1499 1502 1508 1508 |
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Tabourin |
Jean de ROYAUMEIX |
1505-1508 |
- 49 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 975, f° 565v°.
- 50 Dès l’année de leur mariage, en 1485, René II désigne François de Hanesquer comme le serviteur de « (...)
- 51 En fait, le couple rentre seulement au début de mai 1486 : il est attesté à Bar-le Duc, le 7 et à N (...)
- 52 Ibid., B 993, f° 13v°.
- 53 Ibid., B 4, f° 126v°.
- 54 Ibid., B 9, f° 169v°, B 1006, f° 88v : il est rétribué en 1506 pour ce qu’il a fourni au roi, à la (...)
20Il est d’autant plus difficile de savoir précisément qui est au service de Philippe de Gueldre, qu’outre l’absence de listes de personnel rémunéré et de lettres de nominations pour la majorité d’entre eux, il n’est pas certain que la désignation des officiers en réserve l’affectation exclusive à la duchesse : selon les sources, certains sont désignés tantôt comme au service de la duchesse, tantôt comme au service de son époux. Le duc partageait déjà certains officiers avec sa mère. Ainsi, Yolande d’Anjou et son fils ont retenu Geoffroy Halloret en qualité de conseiller et maître d’hôtel pour servir dorénavant à ces offices, le 1er novembre 148049 ; ceci signifie qu’il était au service des deux. Il est probable que de telles pratiques ont perduré par la suite. On ne possède pas de mention précise comparable pour la période suivante, mais François de Hanesquer et Geoffroy de Multon sont tous deux désignés tantôt comme étant au service du duc et tantôt à celui de son épouse50. Et si, en 1486, le duc ne fait rémunérer aucun maître d’hôtel entre janvier et juin, c’est, selon le rôle, parce que « celui de Madame sert »51. Semblablement, Maître Hugues qualifié du titre de médecin de la reine apparaît en 1495 seulement ; mais il est également, cette année-là, médecin du duc qui lui verse 400 francs d’honoraires alors que son épouse lui en a réglé 200 francs52. Ultérieurement, Philippe de Gueldre ainsi que les enfants du couple recourent apparemment aux médecins rétribués sur les rôles des officiers de René II. D’ailleurs, l’un d’entre eux, maître Albert Clerici, docteur en médecine, bénéficie d’une « retenue de médecin et conseiller en l’hôtel du duc »53, ce qui signifie que ses soins ne sont pas réservés à René II, mais sont susceptibles de concerner tous les membres de l’hôtel. Semblablement, Jennin de Vailly anobli en 150554 parfois désigné comme «apothicaire de la reine » est en fait au service de tous les occupants de l’hôtel.
- 55 Ibid., B 996, f° 134r°.
21Par ailleurs, le titre de l’office décerné à un homme ne définit pas nécessairement le type d’emploi qu’il occupe, mais lui donne un rang dans le personnel : plusieurs officiers de l’hôtel le sont, semble-t-il, en raison d’une compétence particulière : si Wautrin Jennin est valet de chambre c’est d’abord parce qu’il est tailleur et pour s’attacher ses services, en tant que tel et lui permettre probablement d’avoir accès à ce titre, aux appartements de la duchesse, mais il n’apparaît pas dans la comptabilité pour d’autres motifs que l’habillement de la famille princière et celui de ses serviteurs ou la fourniture de tissus d’ameublement. De même, si Jennin de Vailly possède le titre de valet de chambre du duc puis du marquis de Pont-à-Mousson ou d’apothicaire de la reine, c’est en raison de ses services comme apothicaire, services qu’il déploie en faveur tant du duc que de son épouse et de leurs enfants55 ; il est rémunéré parmi les membres de l’hôtel du duc, bien que désigné parfois comme « apothicaire de la reine ».
- 56 Ibid., B 9760, compte pour 1503. L’inventaire de Delcambre le désigne à tort comme officier de René (...)
22Enfin, ces serviteurs, à l’exception de quelques nominations, n’étant appréhendés qu’à travers les mentions comptables qui les concernent et qui s’échelonnent sur plus de 20 ans avec des lacunes, il n’est possible de décrire l’hôtel de la duchesse, ni à un moment donné, ni dans son ensemble. Il faut s’en tenir à quelques remarques, en sachant que certains officiers restent dans l’ombre : par exemple, Colin Richier sommelier d’échansonnerie de la reine, après avoir été au service du duc, n’est connu comme tel que par l’enregistrement de décisions à son sujet parmi les lettres patentes du duc et par le versement de sa pension sur la comptabilité du comté de Vaudémont56. Il n’apparaît ni dans la recette générale de Lorraine ni dans celle de Bar : il conviendrait de dépouiller l’ensemble des comptabilités du règne sur les deux duchés et sur le comté de Vaudémont pour relever toutes les indications disponibles sur ces officiers.
- 57 Ibid., B 986, f° 522r°.
- 58 Il s’occupe chaque année de la comptabilité des serviteurs.
23Le premier élément frappant est le faible nombre d’officiers de haut rang dévolus proprement au service de la princesse, avec des responsabilités administratives : si Collignon Wautrin est attesté en 1488, en qualité de chambre aux deniers de la duchesse, il ne l’est que par une unique mention puis disparait des sources57. Seul Henri Claude, écuyer de cuisine, assume, par la suite, les charges financières de la gestion des fonds de la duchesse58 à partir de la dotation effectuée sur la chambre aux deniers de Lorraine ; il n’y a donc pas de comptabilité propre à ce niveau mais seulement à l’échelon inférieur, pour la rémunération annuelle des serviteurs, en particulier. En la matière la situation ne change pas, d’un bout à l’autre du règne de René II qui fait évoluer la gestion de ses finances vers plus de clarté et instaure une hiérarchie plus stricte des officiers de finances, en adoptant finalement le « chambre aux deniers » comme trésorier général.
- 59 Ibid., B 974, f° 456r° qualifié comme tel, le 3 avril 1479, il reçoit paiement d’un cheval fourni p (...)
- 60 Il reçoit comme pension de médecin de Madame la duchesse Yolande 100 écus d’or par an, le 3 juin 14 (...)
- 61 Le 2 août 1480, elle reçoit 52 francs du duc en reconnaissance de ses services quotidiens envers Yo (...)
- 62 Arch. Dép. de la Meuse, B 527, f° 167v : sa chambre est toute proche de celle de Philippe de Gueldr (...)
24Le personnel plus spécialement dévoué à la reine de Sicile, réunit surtout dans les années 1490, des serviteurs qui auparavant ont passé un certain temps au service du duc ou de sa mère Yolande d’Anjou, au moins pour les plus notables d’entre eux évoqués dans les sources, ce sont donc des gens de confiance, aux qualités éprouvées ; par exemple Henri Claude, auparavant fruitier de Yolande d’Anjou59, maître Jean Bonnet son médecin60, Claude de Beauvau, dame de Domjulien61, qui passent du service de la mère de René II décédée au printemps 1483 à celui de sa seconde femme épousée deux ans plus tard. Claude de Beauvau, par exemple est rémunérée par René II en 1480 pour les services qu’elle rend quotidiennement à sa mère et elle dispose encore d’une chambre bien entretenue en 1502, au château de Bar62. Les serviteurs font bien souvent autre chose que ce que leur titre suppose et ils reçoivent aussi des offices ou des revenus d’offices extérieurs à l’hôtel destinés à les pourvoir de moyens d’existence : Casin de Brect valet de chambre de Philippe de Gueldre reçoit l’office de verdier et garde des bois de Beauménil dans l’Eure avec faculté de l’exercer ou de le faire exercer : on ne le voit guère apparaître nommément dans la comptabilité mais peut-être a-t-il choisi une installation en Normandie.
- 63 Respectivement Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 5, f° 44r° et B 6, f° 82r°.
25Les seuls nobles parmi les serviteurs attestés, sont apparemment outre Michaud du Mesnil destitué dès 1490, Louis de Hangest, grand écuyer de la reine, les maîtres d’hôtel François de Hanesquer et sa femme puis veuve Antoinette de la Croix ainsi que Geoffroy de Multon ; tous les serviteurs des débuts des années 1490 ont d’abord servi René II, avant d’être proprement affectés à son épouse. Certains sont anoblis par le duc : Henri Claude en 1493 et Michel Cardon en 149763, Jennin de Vailly en 1505. La plupart des officiers attitrés de la princesse cités dans la comptabilité ducale sont de modestes serviteurs de la vie quotidienne, dont la présence s’explique par le service de sa personne, l’entretien de ses appartements, la naissance de ses enfants, la table ou encore les écuries de ses chevaux.
- 64 Auxquels s’ajoutent au moins 9 pages : ibid., B 1010, f° 112r°.
26En ce qui concerne le personnel de chambre, la duchesse dispose de demoiselles de chambre et de valets en nombre moindre que ceux qui sont au service du duc : pour René II, on compte en 1508, pas moins de 6 valets de chambre, 2 valets de garde-robe, 5 valets de pied et 3 laquais64 ; pour Philippe, 2 valets de chambres, autant de laquais, deux filles de chambre et 3 pages sont cités.
- 65 Son nom correspond à une graphie de Chrysogonus, martyr d’Aquilée, fêté le 24 novembre. Il reçoit p (...)
27Si elle partage la table du duc et par conséquent les officiers qui le servent, divers serviteurs de table sont cependant qualifiés comme ceux de la duchesse et ne sont pas mentionnés dans les rôles de serviteurs du duc établis lors de l’octroi de gages et retranscrits dans les registres : ce sont principalement, parmi les plus fidèles, Pierre de Provenchère écuyer tranchant, Jacques le Briseur fruitier et Grizogonus65 le pâtissier, qui sont rémunérés par la duchesse.
b) La duchesse, mère de famille
28Assurer une descendance solide et nombreuse au duc est la tâche essentielle de son épouse, tâche rendue particulièrement pressante par les vicissitudes de la famille et de la principauté au XVeme siècle et par les tentatives de mainmise de Louis XI jusqu’à sa propre mort en 1483.
- 66 René II lui fait donner en sa présence 186 livres 13 sous 4 deniers, « pour avoir levé son fils le (...)
- 67 Ibid., B 1001, f° 54v°, 58r°, B 1003, 237v° et B 1004, f° 267r°.
- 68 D’après le compte, ibid., B 1005, f°268v°, rendu pour 1506 ; la pension est payée les années suivan (...)
29Le duc ne manque pas de souligner les qualités de sa seconde épouse en la matière et de justifier l’accroissement des moyens qui lui sont octroyés par l’augmentation de ses charges. L’environnement humain de la duchesse est composé pour coopérer à cette fonction : elle dispose toujours d’une sage-femme en fin de grossesse ; pour la naissance de Charles, l’aîné, une parisienne a été requise66 mais par la suite des femmes de la région remplissent ce rôle : Jacquemotte est la première désignée comme la sage-femme de la reine Philippe de Gueldre ; originaire de Bar, sa présence est attestée de 1490 à 1493 , pour les naissances d’Anne puis de Nicolas, tous deux décédés en bas âge ; Alison femme de Jean Guérin de Nancy, lui succède apparemment pour la naissance de Claude, une fille également décédée en bas âge ; cependant elle reçoit une pension jusqu’à son propre décès en décembre 150567. Marguerite Goddefrin sage-femme habitant Nancy est aussi gratifiée d’une pension par mandement de la reine daté du 28 juillet 1506, soit dix jours après le baptême de François68 ; deux ans plus tard, elle perçoit toujours cette pension.
Tableau n° 4 : Calendrier théorique des grossesses attestées de Philippe de Gueldre
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Années et mois concernés |
Enfants nés |
Enfants décédés |
Sources particulières |
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1485/11-1486 /08 |
Charles né à Nancy le 17 août 1486 |
Enterré le 15 avril 1493 à la collégiale Saint-Georges de Nancy |
Arch. Dép. de Meurthe-et-Mos., B 5, 89 r |
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1486/10-1487/07 |
François né à Pont-à-Mousson le 5 juillet 1487 |
Décédé le jour de sa naissance, inhumé à Sainte-Croix de Pont-à-Mousson |
Arch. Dép. de Meurthe-et-Mos., B 985, f° 529 |
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1488/10-1489/06 |
Antoine, futur duc, né à Bar, le 4 juin 1489 |
Décédé le 14 juin 1544, à Bar-le-Duc |
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1490/02-1490/12 |
Anne de Lorraine née à Bar-le-Duc, le 19 décembre 1490 |
Décédée en 1491 |
Arch. Dép. de la Meuse, B 516, f° 176 v, 177 r, 187 v, 210 v, 215 r, 216 r, 233 v et B 517, 147 v |
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1492/07-1493/04 |
Nicolas de Lorraine né à Nancy, le 9 avril 1493 |
Décédé en bas âge |
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1494/02-1494/11 |
Isabelle de Lorraine née à Lunéville, le 2 novembre 1494 |
Décédée en bas âge |
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1495/11-1496/10 |
Claude de Lorraine, futur duc de Guise, né à Condé sur Moselle (Custines), le 20 octobre 1496 |
Décédé le 12 avril 1550, au château de Joinville |
Arch. Dép. de Meurthe-et-Mos., B 994, f° 12 v |
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1497/07-1498/04 |
Jean de Lorraine né à Bar-le-Duc, le 9 avril 1498, émancipé le 10 mai 1506, futur évêque |
Décédé le 18 mai 1550 |
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1499-07-1500/04 |
Louis de Lorraine, né à Bar-le-Duc, le 27 avril 1500, futur évêque, puis comte de Vaudémont |
Décédé le 23 août 1528, inhumé à Naples |
Katherine femme Pierresson Perron sa nourrice (AD 55, B 531, f° 113 v, pension 188) |
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1502/02-1502/11 |
Claude de Lorraine (fille), née à Bar-le-Duc, le 24 novembre 1502 |
Décédée en bas âge |
Arch. Dép. de la Meuse, B 527, f° 166 |
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1502/02-1502/11 |
Catherine de Lorraine, jumelle de Claude, née à Bar-le-Duc, le 24 novembre 1502 |
Décédée en bas âge |
Arch. Dép. de la Meuse, B 527, f° 166 |
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1505/10-1506/06 pas de vêtements sur compte de Bar ni sur celui de chambre aux deniers |
François de Lorraine, né à Bar-le-Duc, le 24 juin 1506 (baptème le 15 juillet, AD 55, B 530, 129 v) |
Décédé à la bataille de Pavie, le 24 février 1525 |
Nourrice Madame de La Tour (Arch. Dép. de la Meuse, B 531, f° 131 v) |
- 69 Arch.dép.de la Meuse, B 529, f° 155v°, B 530, f° 120v°, B 531, f° 131v : la pension s’élève à 30 fr (...)
- 70 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1001, f° 80r° Ils sont logés à Bar, mais pas au château : ibid., B (...)
- 71 Ibid., B 531, f° 131v°.
- 72 Ibid., B 531, f° 131v°-132r° ; pour la seconde période, la dépense est notée sur un quaterne de 14 (...)
30Les nourrices des enfants sont aussi présentes dans l’entourage de la reine : Catherine, femme de Pierresson Perrin, sert d’eau de René II, est la nourrice de Louis de Lorraine né à Bar en 1500 ; elle bénéficie par la suite d’une pension69 ; une nourrice de Vézelise attestée en 1502 est apparemment décédée à Bar au service de la duchesse, alors que sa famille l’avait accompagnée, en juin 1506. Philippe de Gueldre prend en charge leurs frais de séjour et de voyage de retour70 et c’est une dame de La Tour qui est la nourrice de François de Lorraine né à Bar, cette année-là71. Tous deux avec leurs serviteurs et chambriers, demeurent seuls au château de Bar, depuis le 15 mai 1507 jusqu’au 13 juillet, date du retour du roi et de « tout l’Ėtat » à Bar72puis à nouveau du 15 novembre 1507 au 6 février suivant quand le duc et sa suite séjournèrent à Neufchâteau : ceci suppose que de telles femmes aient établi des relations de pleine confiance avec la duchesse.
- 73 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1001, f° 100r°.
- 74 Fourniture de taffetas rouge pour achever l’ouvrage de la duchesse « à besogner de soie » : ibid., (...)
- 75 Le 15 juillet 1504, à Bar, Il ménage la possibilité de rachat pour les héritiers du duc ; l’acte su (...)
31Ces femmes sont donc pour certaines au moins, issues de l’entourage du personnel de l’hôtel ducal ; elles sont généralement d’origine modeste et assurent ce que l’on appellerait maintenant la « mixité sociale » dans la vie quotidienne de la duchesse, alors que les dix demoiselles de son entourage en 1508, sont pour nombre d’entre elles d’origine noble et viennent à la cour de Lorraine parfaire leur éducation, sans doute comme le font les créats, jeunes écuyers, surtout nombreux autour de René II. Une Beauvau, une Ligniville, une Apremont y côtoient d’autres jeunes filles de lignées moins illustres désignées seulement par leur prénom et qui n'ont pu être identifiées. Ces jeunes filles sont traitées un peu comme des parentes ; elles bénéficient de serviteurs ; on met à leur disposition un bureau de jeu73 ; elles participent certainement aux travaux d’aiguille de la duchesse et à ses ouvrages de tissage auxquels il est fait allusion par la fourniture de fils de soie notamment74. Certaines au moins demeurent à la cour ducale jusqu’à leur mariage, comme c’est le cas de Marguerite de Vaulx à qui Philippe de Gueldre donne 700 francs, à cette occasion. Pour Mahaut d’Apremont, orpheline de père qui réside « depuis son jeune âge » auprès de la duchesse, René II est intervenu avec autorité, afin que la famille accepte de marier Mahaut avec Jean d’Anneville, conseiller et chambellan du duc ; il assigne à l’épouse un bien évalué à 2000 francs, la maison forte de Kœur la Grande où pourront résider les nouveaux époux75. Tous ces serviteurs constituent, pour une part, la société quotidienne de la famille ducale et sont à sa charge. Ils ont pour tâche d’entourer la reine de Sicile et ses enfants de leurs soins et reçoivent en retour un cadre de vie et des moyens d’existence.
c) Les serviteurs des enfants
- 76 Laurent le Sot : ibid., B 1001, f° 69r°.
- 77 Ibid., B 1001, f° 82v°, 86v ; à son sujet, Ė. de BOUTEILLER, « Hannès Krantz, ennemi de la cité de (...)
- 78 Ibid., f° 106v ; identifié plus précisément en 1508 : B 1010, f° 79v°. A. FERSING, « Antoine 1er « (...)
- 79 Sans doute fils de Didier de Darnieulles maître d’hôtel du duc, attesté jusqu’en 1499 ; le créat es (...)
32Les dépenses de vêtements, rapportées en détail dans la comptabilité en 1508 du moins, éclairent plus que les autres l’évolution de ce petit monde, plus nombreux d’année en année : outre la nourrice encore présente auprès de Louis deux ans après sa naissance, il y a un « sot » sans doute chargé de l’occuper 76et encore à l’âge de quatre ans, Jean bénéficie toujours de la présence de sa nourrice ainsi que de celle de deux filles de chambres en 1502. Cette année-là, Claude âgé de six ans a déjà un serviteur attitré aux fonctions indéterminées, le petit Robert, deux valets de table l’un appelé Le Picquart, l’autre dénommé Crantz et donc probablement apparenté au célèbre Hans Krantz77 et un valet de chambre : André Utrot. En outre, une vieille femme nommée Marguerite est chargée de le nourrir 78. Peut-être son rang de naissance et le départ de son aîné qui suit la cour de France pour parfaire son éducation, lui donnent-ils des prérogatives particulières ; il assiste avec son père aux messes de Noël, on lui achète un mulet en octobre et en décembre, le duc lui offre des armures. En 1508, il a 14 ans et son personnel se développe : André Utrot son valet de chambre, demeure à son service qui compte aussi Jean Martin son laquais, Darnieulles son créat79, Tichémont et le Rebecq ses deux grands pages et deux petits pages Pierrefort et Louis auxquels viennent s’ajouter les serviteurs de l’écurie ; tous forment un début d’hôtel conséquent.
Tableau n° 5 : Les dépenses de vêtements dans le compte de la chambre aux deniers
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Personnes |
1499 |
1502 |
1506 |
1508 |
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René II |
2836 fr |
2708 fr |
639 fr |
1586 fr |
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Serviteurs du duc |
956 fr |
1178 fr |
2330 fr |
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Philippe de Gueldre |
357 fr 24 d |
1189 fr 4 g |
Aucune mention |
3399 fr |
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Serviteurs de la duchesse |
726 fr 2 g 12 d |
Aucune mention |
1492 fr |
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Antoine, duc de Calabre |
Aucune mention |
331 fr |
136 fr |
62 fr |
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Serviteurs d’Antoine |
Aucune mention |
Aucune mention |
267,5 fr 132,5 g |
652 fr 13 g 11 d |
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Claude né en 1496 |
27 fr 8 g 8 d |
395 fr 5 g 2 d |
Aucune mention |
219 fr 24 d |
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Serviteurs de Claude |
31 fr 10 g 12 d |
68,5 fr |
Aucune mention |
325 fr 1 g |
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Jean né en 1498 |
25,5 fr |
131 fr 1 g |
Aucune mention |
86 fr 3 g 12 d |
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Serviteurs de Jean |
11 fr 6 g |
31 fr 14 g |
Aucune mention |
91 fr |
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Louis né en 1500 |
123,5 fr |
Aucune mention |
86 fr 3 g 12 d |
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Serviteurs de Louis |
26 fr 8 g 4 d |
9,5 fr |
109 fr |
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François né en 1506 |
201 fr 3,5 g |
- 80 À l’été 1508 : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1010, f° 168r°, 175r° et 177r°.
- 81 Rémunéré à 300 livres tournois par an : ibid., B 1010, f° 182v : le compte prévoit de porter ses ga (...)
- 82 Ibid., f° 81v : il perçoit une menue somme « pour parties par lui fournies ».
33Philippe de Gueldre veille apparemment sur chacun d’eux ; elle n’oublie pas Créance valet d’écurie de Claude ni Jean et Craibe ses palefreniers, ni Simon le sert d’eau de Claude, quand en 1508, le duc et elle se préoccupent de faire faire des vêtements à quantité de leurs serviteurs respectifs et à ceux de leurs enfants. Le futur duc de Guise semble être l’objet de soins particuliers : on coud des couvertures à ses chevaux ; on lui fait confectionner des malles et un lit de camp et sa mère se soucie de son écurie à Bar, pour laquelle, entre juillet 1508 et janvier 1509, elle ordonne et paie à trois reprises des dépenses auxquelles viennent s’ajouter les frais de l’éperonnier 80. Cependant, Jean et Louis âgés de 10 et 8 ans et destinés au clergé ont un magister, le docteur Maître Jean Cave81. Ils disposent au moins d’un valet d’étable pour leur écurie. Ils sont désormais élevés ensemble ; chacun ayant un clerc auprès de lui, tous deux partagent en outre la présence de cinq jeunes clercs, leurs vêtements sont plus sobres et moins coûteux que ceux de leurs frères et presque tous réalisés en deux exemplaires semblables ; ils ont aussi un cuisinier et un « aide en cuisine ». François né en 1506, bénéficie en 1508 d’un valet de chambre qui lui est propre, François Poincelet82.
- 83 Les 11 accouchements ont lieu dans 5 cités et châteaux différents et nombre d’autres déplacements l (...)
34Ces serviteurs sont essentiellement connus par les dépenses de vêtements qu’ils occasionnent, à la fin du règne, dépenses qui sont en majeure partie commandées par la duchesse, sauf pour Claude en faveur duquel son père intervient davantage que pour les autres. Ils apparaissent ainsi par dizaines et la duchesse se trouve à la tête d’une nombreuse maison, veillant sur la santé et le bien-être de chacun, d’autant qu’avec les déplacements de la cour83, de nouveaux visages interviennent dans son entourage.
- 84 Le compte de la dépense d’Antoine de Lorraine qui suit la cour de France, en 1508, cite Jacques et (...)
- 85 François Frasques, marchand florentin habitant Lyon, Pierre Lorencii marchand habitant Lyon sont ré (...)
- 86 G. BERTRAND-DIDELON, Philippe, op. cit., p. 149 évoque ses travaux d’aiguilles et la rêverie qu’ils (...)
35En effet, outre le personnel de l’hôtel, principalement installé à Nancy, nombre de serviteurs gravitent autour de la famille, dans ses diverses résidences : Bar, Condé, Louppy, etc., sans porter le titre d’aucun office de l’hôtel : c’est le cas des artisans du bâtiment, de nombre de fournisseurs de tissus et de vêtements : le chaussetier, le pelletier par exemple. La cour ne constitue pas un foyer de consommation suffisant pour susciter un important marché local partout où elle s’installe, d’autant que ses séjours n’y durent que quelques semaines ou quelques mois tout au plus et pas chaque année, excepté Bar et Nancy où elle séjourne plus fréquemment. Il n’y a pas, dans la comptabilité, d’évocation de marchands suivant la cour ou de marchands attitrés du roi de Sicile, comme on l’observe dès lors en France84. Mais les achats princiers se font dans un vaste rayon : en particulier, beaucoup de tissus de prix sont achetés à des marchands italiens installés à Lyon, d’autant que les banquiers italiens installés dans la ville, y servent aussi de convoyeurs de fonds vers la papauté dont les exigences financières sont sans cesse renouvelées85. Si ses responsabilités domestiques laissaient quelque loisir à la duchesse de Lorraine, les difficultés sans cesse renouvelées des États ducaux et la lieutenance qu’elle exerça à plusieurs reprises constituaient une préoccupation constante et recouvraient d’autres tâches multiples86
III) Philippe de Gueldre s’implique dans la politique de la principauté
a) Des méthodes de travail et une autorité assurée
36La duchesse n’est pas très présente au conseil du duché de Lorraine d’après les enregistrements de lettres patentes conservés. Même lorsqu’elle assure la régence en l’absence de René II qui part pour la cour de France, entre mai et septembre 1498 ou entre mars et juin 1499, notamment, les actes de politique intérieure à la décision desquels elle participe ou préside sont peu nombreux et relatifs à la gestion ordinaire : nominations d’officiers, octroi de prébendes et lettres de rémission constituent la majeure partie des actes qu’elle commande. Elle réunit apparemment plus volontiers quelques officiers pour prendre l’une ou l’autre décision lorsqu’elle se trouve dans le duché de Bar, sinon, elle décide seule, par mandements que l’on retrouve comme justification des dépenses.
- 87 BNF, Paris, Lorraine 7, n° 70 : elle veut écrire à Monseigneur l’archiduc ainsi qu’au seigneur de V (...)
- 88 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 8, f° 93v° à 94v°.
37En revanche, elle entre dans le détail des procédures à suivre et guide de près, à travers ses lettres, le travail des officiers, leur précisant les démarches à suivre. Ainsi à propos de l’échange de prisonniers entre Epinal et Sedan après la guerre contre Robert de La Marck, en 1498, elle charge le secrétaire de confiance Johannès Lud de rédiger une lettre de non préjudice et elle précise qu’il faut faire passer par le bailli de Saint-Mihiel une certification de renoncement à toute poursuite. Puis elle ajoute, en post scriptum, la nécessité de lui envoyer le modèle de lettres à adresser aux autorités de l’Empire, pour la délivrance de Simon Bourdon d’Épinal, montrant son souci du retour de ce prisonnier87. Elle se représente de manière précise les situations très diverses des sujets ducaux ou des interlocuteurs extérieurs et s’efforce d’y répondre à la satisfaction des intéressés, dans le respect du droit et des intérêts des plus démunis, en général. Ainsi accorde-t-elle à Catherine de Ramburelles, la création d’une commission d’arbitrage pour régler le différend qui l’oppose au bailli de Clermont, parce que l’appel de cette dernière aux Grands Jours de Saint-Mihiel ne sera pas exécuté rapidement et qu’elle craint que son procès ne soit mis hors délai88.
- 89 La duchesse le recrutera comme maître d’hôtel ordinaire par acte du 29 juin 1504 : ibid., B 9, f° 1 (...)
- 90 Le franc lorrain se subdivise en 12 gros et le gros en 16 deniers.
38Ces décisions ne vont pas toujours dans le sens de l’intérêt financier des instances ducales : c’est le cas, par exemple, quand elle accorde à René de Florenville, seigneur en partie de Fains, alors échanson du duc89, contre le procureur général du duché de Bar, que ses hommes et femmes de corps ne soient pas soumis à la juridiction du maire de la partie ducale de Fains, tant pour les amendes que pour les aides. Dans un tout autre domaine, Philippe écrit en août 1496 au receveur de la chambre aux deniers, pour lui signaler l’arrivée à Pont-à-Mousson, où elle séjourne, de 16 compagnons des mines, arrivant de Stenay et de la guerre contre Robert de La Marck, seigneur de Sedan. Elle s’est informée à leur sujet et ayant appris qu’ils avaient été retenus à 3 francs de gages par mois, ce dont elle joint à son courrier déclaration et quittance, mais elle sait aussi qu’ils n’en ont reçu que 6 ou 10 gros90, elle lui demande de payer le reste des gages dus aux porteurs de ses lettres, afin que les compagnons partent rapidement, car ils ont déjà dépensé 20 gros chez l’hôtelier, somme que la duchesse a fait payer à l’hôte par le clerc du receveur auquel elle s’adresse. Elle précise à ce propos « lesquelx XX gros n’entendons estre comprins eu leurs gaiges » et ajoute que le receveur doit rapporter quittance de ce qu’il leur aura payé pour en être crédité sur ses compte « sans difficulté » par les auditeurs des comptes auxquels elle mande d’ainsi le faire. Philippe de Gueldre intervient également dans la gestion des prévôtés pour obtenir un meilleur rendement des recettes en nature.
- 91 BNF, Paris, Lorraine 7, n° 154 et 156.
- 92 Ibid., n° 58.
39Cependant, la duchesse ne tranche pas nécessairement dans toutes les situations : quand des procédures coutumières sont en cause, elle veille, tout comme le duc, à ne pas heurter les sujets en respectant les coutumes de chacun, en particulier lorsqu’il s’agit d’affaires financières à propos desquelles les populations sont particulièrement susceptibles. C’est par exemple le cas des sujets du chapitre de Toul : le maire de la localité de Vicherey a été prié de se déplacer pour porter la déclaration des foyers de sa mairie, manière de faire non accoutumée du passé « quant aucunes choses l’on veult avoir d’eulx »91 en conséquence, la duchesse transmet la lettre des chanoines de Toul à ce sujet, au conseil, déclare qu’il faut envoyer sur les lieux des « gens de bien » chapitrés pour agir selon les besoins des affaires du pays. Estimant qu’ils savent comment on a procédé précédemment en la matière et doivent continuer à agir de même, elle s’en remet aux membres du conseil de Lorraine pour cette question. Mais quand Saint-Nicolas de Port offre de contribuer pour 1200 florins à l’aide imposée en 1498, les gens du conseil lui ont écrit avant d’accepter cette somme ; elle la juge insuffisante, eu égard aux nécessités du moment et charges supportées par le duc « pour le bien de nos pays et pour les préserver de dommaige ». En conséquence, elle prie les gens du conseil de « remontrer » les difficultés de la situation aux intéressés, afin de les induire à apporter la plus grande aide possible, ce pour quoi elle leur fait confiance ; elle écrit le même jour au sénéchal sur cette question92.
b) La duchesse et les affaires de la principauté
- 93 C’est le cas pour la réponse aux doyen et chapitre de Toul : ibid., n° 154 et 156.
- 94 BNF, Paris, Lorraine 7 rassemble en effet 182 lettres du duc et de la duchesse et de leurs correspo (...)
- 95 Ibid., n° 159.
- 96 Ibid., n° 126 : par lettre du 27 juillet 1498, René II avertit Johannès Lud de la capture du présid (...)
- 97 BNF, Paris, Lorraine 7, n° 122 ; Maximilien trouve-t-il simplement là une excellente occasion d’aff (...)
40Philippe de Gueldre ne décide pourtant pas de tout et charge parfois le conseil de Lorraine ou nommément tel ou tel officier, en particulier Johannès Lud, de faire les démarches convenables, de donner réponse à une lettre comme il convient ou de prendre la bonne décision, ajoutant qu’elle a confiance en eux pour cette tâche93. Progressivement, la duchesse séjourne davantage en Barrois, d’autant que les travaux se multiplient au palais à Nancy, lorsqu’elle assure la régence des duchés, particulièrement en 1498 puis à nouveau l’année suivante. Elle réside au château de Bar, tandis que René II séjourne à la cour de France, dans le vain espoir d’arracher la Provence au roi de France. À Bar-le-Duc, elle occupe une position géographique intermédiaire pour les courriers, entre la cour de France séjournant dans le val de Loire ou la région parisienne et le conseil de Lorraine qui siège à Nancy : c’est ce que permet de saisir la correspondance qu’elle entretient alors avec Johannès Lud secrétaire ducal qui est la véritable cheville ouvrière du conseil et a sans doute, en qualité d’archiviste, conservé ces courriers94. Elle consulte régulièrement le duc d’une part et le conseil de Lorraine d’autre part, avant de prendre les décisions nécessaires. Mais, d’une manière générale, Philippe de Gueldre évite les réunions inutiles : elle annule par exemple le 31 mai 149995 la convocation d’officiers parce qu’ils ne disposent pas des pièces qu’elle veut examiner pour avancer une question importante et elle manifeste son mécontentement : ils ont volontairement détruit le dossier et pas conservé de double des pièces dans cette affaire, celle d’Huyn Roynette, président de la chambre des comptes, capturé et emprisonné à Vaudémont alors qu’il s’était réfugié au couvent des Franciscains de Toul à l’été 149896 ; du fait du zèle des officiers, ceux-ci n’ont « aucuns procès ou informacions touchant la matière et fait Huyn Roynette » dont on ignore tout, de ce fait. À ce propos, la duchesse a des raisons de s’inquiéter. L’affaire prend en effet une dimension internationale : depuis le 7 août 1495, Maximilien a publié à Worms l’ordonnance réglant l’organisation du Reichskammergericht, cour d’appel des justices de l’Empire et effectivement René II reçoit un mandement de la chambre impériale sur cette détention et faute de réponse, le 18 mars 1499, Philippe le Beau alors âgé de 20 ans, a écrit à sa cousine, la duchesse qu’il a côtoyée à la cour de Maximilien, la priant d’intercéder auprès de René II, pour en obtenir que maître Huyn Roynette soit délivré, au besoin contre caution, « pour ce que je scay bien que mon dit seigneur et père désire parler au dit maistre Huyn et qu’il a ceste chose à cueur ». René II se trouve alors à Blois et on ignore la réponse sans doute dilatoire faite par la princesse, mais on sait que René II, de retour en ses pays, charge le 29 juillet 1499, Johannès Lud de réfuter la citation de la chambre impériale, en raison de ce que « la correction de noz serviteurs ne leur appartient97». Finalement, Roynette a été décapité dans sa propre maison à Nancy. La tentative d’intervention de Philippe le Beau auprès de sa cousine montre combien la position de la duchesse pouvait être inconfortable.
c) Nécessité de protéger les duchés contre les entreprises de Maximilien
41En 1498 et 1499, alors que la lutte entre Empire et royaume de France provoque, des bruits de bottes et davantage, aux limites des duchés, tandis que René II s’efforce de fléchir le roi de France en sa faveur et d’éviter la guerre, Philippe de Gueldre installée à Bar-le-Duc, doit prendre les décisions nécessaires à la défense des duchés et les faire appliquer par le conseil qui siège à Nancy.
- 98 Ibid. n° 64.
- 99 Ibid. n° 116 et 154.
42Les gens de guerre menaçant les places du Bassigny, la duchesse s’efforce de s’informer en recueillant des nouvelles de la bouche des gens de passage comme le chevalier de Dinteville98 ou bien elle charge les officiers sur place d’envoyer des hommes s’enquérir des mouvements de troupes ou encore elle envoie elle-même son cousin Claude d’Arberg, seigneur de Valangin « devers les lignes » et ce dernier lui fait porter son rapport et les nouvelles qu’il a glanées. Elle envoie le document au duc et le double de ce rapport au conseil de Lorraine demandant leur avis sur la suite à donner, le seigneur de Valangin attendant les ordres99. Elle écoute en septembre 1498, le rapport sur la question de Jacques de Haraucourt envoyé à Maximilien dont il a obtenu l’interdiction faite à ses armées de causer des dommages aux pays du duc. Elle n’omet pas de faire remercier Maximilien des engagements pris, pour les renforcer. Comme l’acte impérial doit passer par le capitaine de Saint-Hippolyte, la duchesse mande l’envoi d’un serviteur sûr pour aller le chercher. Ayant recueilli des informations sur la position des belligérants, leurs intentions et leurs itinéraires futurs, elle en déduit la nécessité de prendre des mesures de protection : contre le danger que représentent les mouvements de troupes dans le Bassigny, elle demande la garde des places et précise, à deux reprises, qu’il ne faut pas que l’argent nécessaire manque et empêche les actions projetées. Cette attitude manifeste son sang-froid et sa pratique de la conduite à suivre, alors qu’elle manifeste le souci de la sauvegarde des populations concernées.
d) Efforts pour maintenir de bonnes relations avec la France
- 100 Archives de l’Ėtat autrichien, Vienne, Lothringische Urkunden, n° 164-3-1 et 164-3-3 pour 1485 et n (...)
- 101 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 982, f° 25r° et B 984, f° 7v°.
- 102 Ibid., B 984, f° 12r°.
43Cependant, à l’ouest, la France a tenté d’engager le duc de Lorraine de son côté, dans la lutte contre l’Empire au tournant du siècle. La régente Anne de Beaujeu et son époux, oncle de Philippe par la mère de cette dernière, continuent à veiller de près, semble-t-il, sur son sort depuis le mariage : ils ont signé les accords passés à Orléans en 1485, pour établir le douaire de la future duchesse de Lorraine, mais aussi les aménagements ultérieurs du contrat100. On trouve en outre la trace des étrennes, cadeaux symboliques de début d’année, que la duchesse adresse en janvier 1486, aux demoiselles de la dame de Beaujeu, à leur cuisinier, mais aussi aux pages, au trompette et au chevrier du seigneur de Beaujeu101. Est-ce en retour que la dame de Beaujeu fait présenter cette année-là deux haquenées à Philippe de Gueldre : on peut le supposer102.
44La mémoire de Philippe de Gueldre est apparemment demeurée vive à la cour d’Anne de Beaujeu, après son départ pour la Lorraine, comme en témoigne une aquarelle représentant la « duchesse de Bar » montant une mule, en amazone dans une robe élégante aux manches à crevés et coiffée d’un chapeau rouge orné de deux grandes plumes claires. Il semble que cette représentation appartenait à une série de portraits de dames dont la Française constituait le sommet et qui était le support d’un jeu pratiqué à la cour de la Régente de France ; on pourrait gloser sur les termes du quintil qui accompagne ce portrait :
Pour haultain port, pour gaye contenance,
Riche acoulture en nouvelle ordonnance,
Pour bel accueil et beauté prinse au chois
Nulle n’en est dont on ait souvenance
- 103 Le manuscrit est consultable à cette adresse : https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc852 (...)
Qui tant pleust onc à Charles roy françoys 103
45En effet, Philippe de Gueldre, chargée d’accompagner à la cour de France la future épouse de Charles VIII, il semble d’après ces quelques mots, que le chaperon ait davantage attiré le souverain que la fiancée qu’il n’épousera finalement pas, au « bénéfice » d’une troisième, la duchesse de Bretagne. Mais peut-être s’agit-il seulement d’une plaisanterie, sans lien direct avec la réalité ; autrement dit on peut se demander si le mariage de Philippe de Gueldre avec René II ne soulage pas la cour de France d’une difficulté supplémentaire, dans ses stratégies matrimoniales.
- 104 Pour 1506, Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1006, f° 38r° et 97v°, pour 1508, ibid., B 1010, f° 57v (...)
- 105 Achat du canevas pour faire le patron de ce manteau : ibid., B 1001, f° 93v°, sans doute s’agit-il (...)
- 106 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1010, f° 104r°.
46Toujours est-il que les relations ne sont pas simples, car la France tente sans cesse non seulement d’étendre ses possessions aux dépens de celle des Anjou, mais aussi d’engager le duc de Lorraine de son côté, dans la lutte contre l’Empire au tournant du siècle, en jouant notamment des liens familiaux. On n’observe plus, après 1487, d’échanges d’étrennes, mais les échanges de cadeaux subsistent pour tenter sans doute de maintenir des relations parfois difficiles entre la cour de France et celle de Lorraine, notamment à cause de la Provence que René II ne parvient pas à récupérer. Ainsi, en juin 1506, le serviteur d’un écuyer de la reine de France apporte à René II deux chiens en cadeau et le mois suivant, ce sont des oiseaux que ce dernier lui envoie, cadeau renouvelé à deux reprises au moins, en 1508 : le fauconnier de René II présente des oiseaux de la part de son maître, au roi et à la reine de France104. La cour de France qui accueille Antoine, le fils aîné de René II sert aussi probablement de modèle dans divers domaines, en particulier pour la mode : un manteau « à cheval » est ainsi fabriqué pour la duchesse, pareil à celui de la reine de France105. Pourtant les tissus de prix sont achetés à Lyon auprès de marchands florentins qui y sont installés, plutôt qu’à Paris. Les relations sont également maintenues avec les Bourbons ; René II leur envoie son échanson, René de Florenville en 1508106. Mais les intérêts de chacun divergent trop de ceux des autres pour que les relations soient vraiment cordiales, d’autant que la Lorraine refuse obstinément de s’assujettir à la France.
e) Souci permanent de la Gueldre
- 107 Ibid., B 1950, f° 146v°, B 1952, f° 138r°, B 1954, f °165r°.
- 108 Ibid., B 1952, f° 138v° et 140r°.
47En outre, Philippe s’intéresse particulièrement aux affaires de la Gueldre et utilise souvent pour communiquer avec son frère et les pays concernés, l’intermédiaire des officiers du bailliage d’Allemagne ; son autorité est apparemment plus facilement reconnue dans cette partie des duchés : le receveur du bailliage cite simplement les dépenses faites « à l’ordonnance du roi et de la reine [de Sicile] »107 dont il confond ainsi les ordres dans sa comptabilité, les mettant sur un pied d’égalité quant à l’obéissance qu’il manifeste à leur égard et la reine de Sicile en use apparemment, sollicitant souvent le prévôt de Sierck, Jacques de Saint-Hillier, Henchin de Oudrenne, messager à cheval de Sierck ou Hans Rencher autre messager108. Elle recourt probablement à eux parce qu’ils sont germanophones et plus proches géographiquement des régions où elle les envoie.
- 109 Les Français ont mis Charles de Gueldre à rançon 13 mois plus tôt, pour 200 000 florins marchands ( (...)
- 110 Ces deux « billets » informels se trouvent dans BNF, Paris, Lorraine 11, n° 10 et Lorraine 10, n° 2 (...)
- 111 René II hypothèque la seigneurie de Boves, dans la Somme pour 25 000 livres dues à Philippe de Crev (...)
- 112 BNF, Paris, Lorraine 11, n° 72 et 73, Lorraine 209, n° 5 à 8, 10, Lorraine 210, n° 5, 6, 8., archiv (...)
- 113 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 993, f° 23r°.
- 114 Il y envoie Hans Krantz, puis Henri de Helmstat, doyen de Spire : ibid., B 993, f° 24v° et 34v ; le (...)
- 115 Rémission en août 1494 à Thierry de Lenoncourt pour le meurtre de sa femme adultère, Utellinne de P (...)
- 116 Un bâtard de Gueldre émarge au budget du duché de Lorraine cette année-là, pour 200 francs sur la d (...)
- 117 Il s’agit de l’abbaye de Stenay : ibid., B 1006, f° 35v°, 36r°.
- 118 Arch. dép. de la Meuse, B 525, f° 173r°.
- 119 On refait une couchette dans la chambre du château où il se tient en janvier 1503 : ibid., B 527, f (...)
- 120 BNF, Paris, Lorraine 7, n° 164.
48La question de la Gueldre est épineuse, à l’époque : le frère de la duchesse de Lorraine, Charles a, comme elle, été élevé à la cour de Bourgogne devenue celle de Maximilien au côté duquel il a combattu les Français qui l’ont fait prisonnier, près de Béthune en 1487. Anne de Beaujeu, soucieuse de savoir quelle est la position du couple ducal lorrain en la matière écrit à René II qu’elle qualifie de l’appellation « mon nepveu » ; elle lui demande de faire savoir ses intentions à l’égard de « mon neveu de Gueldre … afin de prendre quelque bonne conclusion en sa délivrance »109 puis elle appose sa signature autographe « votre bonne tante Anne de France ». Plus tard, elle écrit encore à René II, cette fois qualifié de cousin, se disant très joyeuse de la venue de son autre cousin le duc de Gueldre110. Dans l’intervalle, les Français ont fixé une rançon pour la délivrance du jeune duc de Gueldre mais Maximilien désireux de s’emparer du duché qui tient la basse vallée du Rhin, n’est pas pressé de le voir libre et finalement René II, en qualité de beau-frère, doit participer au paiement de la rançon, au prix de l’aliénation de seigneuries111. Avant de pouvoir se faire rembourser par les villes et les nobles de Gueldre, nombre de démarches auprès des parties prenantes sont nécessaires : quantité de pièces d’archives jalonnent les péripéties lorraines en la matière112. Une fois libéré, Charles de Gueldre, vient à plusieurs reprises en Lorraine ou en Barrois. En 1495, René II fait acheter un harnais complet offert ensuite à son beau-frère113 et les relations sont assez étroites : à deux reprises, René II envoie cette année-là, l’un de ses serviteurs en Gueldre, pour « ses affaires »114. Le duc de Gueldre intervient dans les affaires lorraines : il pèse en faveur de l’octroi d’une rémission puis pour la nomination du bailli de René II dans la seigneurie de Wallers115. L’un de ses bâtards semble s’installer au service du duc de Lorraine, en 1495116. Il apparaît irrégulièrement dans les sources, jusqu’en 1502. Le chancelier de Gueldre, maître Eustache de Nevers est pourvu par l’évêque de Verdun d’une abbaye au détriment d’un chanoine de Metz que René II fait dédommager117. En contrepartie de ce service rendu, deux Allemands, serviteurs du duc de Gueldre, viennent travailler aux fortifications de Stenay en 1501118. Charles de Gueldre lui-même séjourne parfois à Bar119. En septembre 1499, René II a décliné une invitation du comte Palatin à aller faire « bonne chair » avec lui à La Petite Pierre, déclarant que depuis la veille, arrivent à Bar les gens de son frère le duc de Gueldre qui doit bientôt venir lui aussi et que lui-même ne peut partir avant de l’avoir vu, autrement ajoute-t-il « la Royne notre espouse ne se pourroit contenter de nous » 120. Ces mots montrent bien que Philippe de Gueldre sait se faire respecter par son époux, qui craint de lui déplaire et prend en charge les problèmes de sa belle-famille comme les siens.
- 121 Pour ce sujet, Hélène SCHNEIDER, « Les relations de la principauté de lorraine et de Bar avec l’Emp (...)
- 122 Référence jadis communiquée par Léonard Dauphant : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 752, n° 50 : l’ (...)
49La Gueldre devient un enjeu tel que le mariage d’Antoine qui en est le futur duc est envisagé par Philippe le Beau avec une de ses filles. La question est longuement discutée dans de multiples entrevues et a pour objectif l’abandon de toutes prétentions sur la Gueldre, par la famille de Lorraine, le frère de la duchesse n’ayant pas de descendance légitime121. La cour de France qui a appris ce projet, s’en inquiète et doit être rassurée : René II envoie le sénéchal de Barrois, Louis de Stainville qui est aussi gouverneur du futur duc Antoine, rassurer Louis XII et son épouse en leur disant qu’aucune décision en la matière n’aurait été prise sans l’avis du roi de France et de la reine et que le duc de Lorraine ne veut pas conclure l’affaire, eu égard aux « differens qu’il vist survenir entre le roy et le feu roy de Castille ». Le sénéchal est surtout chargé, au bout de quatre ou cinq jours d’échanges avec la cour de France, de recueillir l’avis du légat pontifical sur la question122, Maximilien demeure hostile à ce projet qui finalement, ne se réalise pas.
50Femme d’État plus que femme de pouvoir, en ce sens qu’elle ne semble pas chercher à étendre sa propre influence, ni à se construire un pouvoir personnel, Philippe de Gueldre a montré, durant son mariage avec le duc de Lorraine et de Bar au cours des années 1487 à 1508, des aptitudes variées. Elle les a largement déployées au service du duc et de sa politique, avec un dévouement remarquable ; elle a fait ainsi bénéficier la principauté, ses habitants, les officiers ducaux et ses proches de ses aptitudes à l’administration rigoureuse des affaires et au commandement des hommes dans les situations conflictuelles, de sa connaissance des rouages du pouvoir et des hommes, de son sens de la justice et de sa probité financière, mais aussi de son attention sourcilleuse à l’équité et de son intérêt très concret pour tous et pour les humbles, en particulier. En nombre de circonstances, elle a su s’adapter, écouter les membres de son entourage, quelle que soit leur situation sociale et prendre des décisions allant dans le sens de la droiture et de l’honnêteté. La duchesse, reine de Sicile, n’a pas poursuivi, semble-t-il, de buts politiques personnels parce qu’elle a pleinement défendu ceux de René II et de la principauté telle qu’il la concevait : elle a œuvré dans ce sens en accord sincère avec les objectifs poursuivis, sans y ajouter d’ambitions propres.
51En effet, elle a réuni dans son identité toutes les ambigüités de la situation géopolitique lorraine ; son aisance reposait tant sur un large réseau de relations et de familiarité avec les cours les plus prestigieuses d’Europe, que sur la connaissance des rouages juridiques et financiers du pouvoir, alliés au détachement apporté par les drames et les ballottements de ses jeunes années. Une certaine frilosité a sans doute gagné les représentants des ordres réunis à Nancy en février 1509, pour choisir le successeur du duc René II. Ils ont déclaré le jeune Antoine de Lorraine majeur et de ce fait apte à prendre la tête des duchés à la suite de son père décédé. Ce faisant, ils n’ont pas choisi de faire confiance à une femme, pensant probablement qu’un jeune duc serait plus malléable par les élites ducales, moins dangereux pour le respect de la coutume et du « particularisme » lorrains, qu’une femme intelligente et fort expérimentée. Enfin une veuve constitue toujours un danger pour une principauté par les opportunités d’alliances qui lui sont offertes. Ainsi peut s’expliquer le fait que Philippe de Gueldre ait eu ensuite à se détourner de la politique ; elle a alors donné toute la mesure de ses capacités dans le domaine de la piété et de la spiritualité dont elle avait auparavant donné des signes tangibles, sans que nul n’y puisse intervenir.
Notes
1 Bien qu’elles permettent d’énumérer les établissements ecclésiastiques qui bénéficient des largesses de la duchesse, si l’on peut ainsi qualifier les « tonnettes » de harengs et pièces de bétail dont elle les gratifie. Mais il semble que René II soit aussi fort généreux ; le renouvellement de la question demanderait de plus amples dépouillements. C. GUYON, « Spiritualités, dévotions et pratiques religieuses d’une duchesse de Lorraine devenue clarisse : Philippe de Gueldre », Le Pays Lorrain, 115ème année vol. 99, sept. 2018, n° 3 p. 243-252 en donne une étude récente. Les sources narratives n’ont pas non plus été utilisées ici.
2 Les lacunes restent nombreuses, mais plusieurs centaines de registres de comptes sont conservés pour la période à Bar-le-Duc et à Nancy, principalement. Cette étude n’aurait pas été possible sans les nombreuses transcriptions de comptes effectuées par Monsieur Gilles Poplineau : qu’il trouve ici l’expression de la gratitude de l’auteur.
3 Assignations que l’on trouve, largement développées dans la thèse de G. TRANIĖ, Philippe de Gueldre (1467-1547) « Royne de Sicile » et « povre ver de terre », Paris, Classiques Garnier, 2018.
4 L’article de fond demeure G. BERTRAND-DIDELON, « Philippe de Gueldre, princesse et moniale », Ėtudes Franciscaines, 51, n° 290-293, 1939, p. 5-22, 133-164, 267-286, 379-414. S’y ajoute G. TRANIĖ, « Philippe de Gueldre (1467-1547) duchesse de Lorraine : les pratiques d’un pouvoir au féminin dans la Lorraine de la Renaissance » Autour de Philippe de Gueldre et de Ligier-Richier, P.-H. PĖNET (dir.), Pays Lorrain, sept. 2018, p. 221-228.
5 C’est seulement à la fin du règne que le trésorier général se place réellement au sommet de la hiérarchie financière de la principauté ; sur cette question H. SCHNEIDER, « Les Angevins et les chambres des comptes des duchés de Bar et de Lorraine (1430-1508), Périphéries financières angevines, S. MORELLI (dir.), Rome, 2018, p. 77-94.
6 Les comptes du cellérier de Nancy destinés à tirer de ses greniers les provisions des occupants du palais ducal ainsi que les matières premières des travaux dont il assure en outre la rémunération, jalonnent les réfections et l’occupation du palais ducal, avec quantité de lacunes qui posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses, notamment sur la distribution des pièces et leur occupation à cette époque. Abel DEBIZE, Le palais ducal de la famille de Lorraine à Nancy 1477-1739 Histoire, Architecture, Décor, Université de Lorraine, HAL, 2023, p. 142 et suivantes, examine les travaux entrepris sous René II mais constate la difficulté de préciser l’affectation des pièces ; le mémoire de maîtrise inédit d’Alexandre PARAYRE, Le palais ducal de Nancy à la fin du XVeme siècle (1476-1503), Nancy, juin 1998 garde son utilité.
7 Principalement dans le volume 7 de la collection Lorraine de la BNF, Paris, qui réunit des correspondances entre le duc, la duchesse, le conseil de Lorraine et leurs correspondants, ensemble qui conduit à penser qu’il a été constitué par le fidèle secrétaire Johannès Lud, destinataire de nombre de ces courriers et rassembleur en qualité d’archiviste, de cette collection unique en son genre pour les duchés lorrains de l’époque.
8 Hormis pour l’année 1496 : plus de 240 pièces justificatives sont conservées : Arch. Dép. de Meurthe-et-Mos., B 995.
9 On trouve par exemple cette énumération au premier feuillet du compte rendu pour 1495 : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 993.
10 Déjà secrétaire du duc depuis 1487, il est nommé chambre aux deniers en même temps qu’il est confirmé secrétaire ordinaire du duc, le 2 juillet 1491 : ibid., B 4, f° 113v°.
11 Ibid., B 989 pour 1492, B 991 pour 1493, B 993 pour 1495, B 994 pour 1496 avec pièces justificatives, B 996 pour 1499, B 1001 pour 1502, B 1006 pour 1506 et B 1010 pour 1508 : ce dernier classé après un compte concernant Antoine de Lorraine, a échappé à la sagacité de la plupart des spécialistes.
12 Dans les registres des archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 989, B 991, B 993, B 994, B 996, B 1001, B 1006 et B 1010. Elle est prise en charge sur les comptes de la chambre aux deniers.
13 Archives dép. de la Meuse, B 2913 : le compte commence à Mâcon le 1er octobre 1503.
14 C’est l’un des lieux litigieux entre le roi de France, ou plutôt son administration, et le duc de Lorraine ; à ce sujet H. SCHNEIDER, « René II duc de Bar et les rois de France : l’exercice de la souveraineté sur la frontière commune (1482-1508) », Annales de l’Est, n° spécial 2014, p. 115-130.
15 Le compte du receveur général de Bar pour 1508 indique qu’il y est au début de l’année, il est encore présent au conseil à Bar, le 15 mars 1508 : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 11, f° 132v° et le compte de Jean Cousin, son argentier, ne recense respectivement que 22 l 1 s 2 d et 21 l 2 d de dépenses pour les mois de janvier et février 1508, puis 458 l 13 sous pour mars et ensuite des sommes d’environ 1000 livres par mois, quand il « suit la cour » : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1009, f° 5r°.
16 Ibid., B 976, f° 426r° et l’année suivante, Nicolas Genest commis à la dépense ordinaire de la reine se voit allouer 9000 francs pour en couvrir les frais : ibid., B 978, f° 392r°.
17 Ibid., B 3, f° 45v : la somme prélevée sur les revenus de l’aide qu’Huin Roynette a charge de recevoir, doit être délivrée à Colignon Wautrin, chambre aux deniers de Philippe de Gueldre, qui n’apparaît plus en cette qualité, dans la comptabilité ultérieure. Il s’agit de 1800 francs qui doivent aussi servir au paiement de la nourriture des gens de l’écurie du duc pendant 3 mois.
18 Premier paiement attesté pour juillet 1479 : ibid., B 974, f° 431r°. Elle est alors mentionnée sous l’appellation de « madame la Jeune », par opposition à « Madame la duchesse » qui désigne Yolande d’Anjou, mère de René II, laquelle partage avec son fils, les dépenses mensuelles ordinaires et d’autres frais, comme le fera, plus tard, la seconde épouse du duc. Ghislain TRANIE intitule « Madame la Jeune » le chapitre de sa thèse consacré aux 30 années de participation au pouvoir de Philippe de Gueldre, G. TRANIĖ, Philippe de Gueldre, Classiques Garnier, op. cit., p. 195-248, mais quand celle-ci arrive à Nancy en 1486, Yolande d’Anjou est décédée depuis 3 ans, Jeanne d’Harcourt s’est retirée en Normandie et Jeanne de Laval vit en Anjou.
19 Apparemment en 1491, la somme allouée à Henri Claude pour le paiement des gages des « gens de Madame » ne suffit pas : 300 francs, c’est-à-dire 240 livres, lui sont allouées en outre, sur la recette générale de Lorraine, le 26 juin 1491 : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 988, f° 28v°.
20 Le budget est alors difficile à équilibrer, car le gouverneur des salines de Marsal est mis à contribution : il doit verser à la duchesse 7000 francs pour son argenterie et pour les gages de ses officiers, 3000 francs pour aider à la dépense ordinaire et 1000 francs pour l’habillement des pages et jeunes écuyers de René II : ibid., B 5, f° 125r°. Le mois suivant Claude d’Einvaux est prié de fournir 2000 francs pour la dépense ordinaire de l’hôtel ducal : ibid., f° 126r°.
21 Il y a en effet dans le compte de 1495, mention de recettes de Jean d’Amance attestées par des cédules de Philippe de Gueldre : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 993, f° 4v°.
22 Sommes pouvant provenir de la seigneurie de Beauménil en Normandie.
23 La lettre de remerciements de la duchesse est datée du 22 avril 1496 et la quittance de l’évêque du 12 mai suivant : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 995, pièces 13 et 14.
24 Ibid., B 994, f° 65r°-v°
25 Après le voyage de Worms, intervient la guerre contre Robert de La Marck, pour laquelle il faut recruter puis payer des combattants : ibid., B 995, n° 29, n° 139 etc. : l’écuyer de cuisine de Philippe de Gueldre verse 200 francs le 17 juillet, sans que l’on sache la destination de cette somme.
26 Le trésorier fait apparemment office de chambre aux deniers, cette année-là : il prend en charge la dépense mensuelle et diverses autres que l’on retrouve ensuite dans le compte de la chambre aux deniers : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 984, f° 5v° et suivantes.
27 Jean de Luestre qui doit venir en Lorraine, il s’agit de remboursement de frais de voyage : ibid., B 984, f° 21v°.
28 Ibid., B 991, f° 41r°.
29 Il s’agit de l’argent versé par les Messins à l’issue de la guerre de Metz : ibid., B 991, f° 72r° : « à elle de l'argent de Metz qu'elle avait en main qu'elle a baillé à Roger de La Case sur ce qu'elle lui devait 500 florins d'or qui valent 1000 francs : « il a apparu par lettres missives du roy que ordonne mettre en dépense les dits 1000 francs que la royne a prins de l'argent venant de Mets et par icelles mande aux auditeurs lui alloer ».
30 Pour le détail de cette guerre et les difficultés à y mettre fin, H. SCHNEIDER, « Le face à face avec le duc de Lorraine », Metz 1500, L. DAUPHANT (Dir.), Presses universitaires du Septentrion, 2023, p. 65-80.
31 Dans le Journal de Jehan Aubrion, L. LARCHEY (éd.), Metz, 1857, p. 343-345, Jean Aubrion, l’un des arbitres du conflit, toujours prompt à souligner les hauts faits des Messins, demeure muet sur ces sommes versées ; p. 331, il indique brièvement la rencontre qui aboutit à la paix, à Pont-à-Mousson, le 5 août 1493, puis p. 343-345, décrit pourtant longuement la visite de la « roynne de Cesille » qui, arrivée le 12 mai, à Sainte-Barbe, consentit à se rendre pour dîner à Metz d’où elle ne repartit avec de multiples cadeaux, que le surlendemain.
32 Le reste des bénéfices du compte ayant été envoyé à Longwy, pour en fortifier le château : Arch.dép.de la Meuse, B 518, f° 180r°.
33 Seigle et avoine pour la somme de 98 l, 10 s tournois sont ainsi vendus par le prévôt de Longuyon, en 1492 : arch.dép.de la Meuse, B 518, f° 114r°, en 1506, les prévôts de Clermont, Varennes, Longuyon et Ėtain, les receveurs de Dun, Stenay, Marville, Virton, Sancy et Briey reçoivent une lettre de la reine de Sicile : ibid., B 530, f° 163r°.
34 Au total, elle donne pour les deux achats 1677 francs monnaie de Lorraine, dont près de 277 francs pour l’achat de chevaux conclu auprès de Jean d’Alisy : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 989, f° 51r° et 500 fr. par les mains de son aumônier, f° 65v°, pour l’achat de la seigneurie de Boulay.
35 Ibid., B 996, f° 67v : le florin d’or est alors évalué à 27 s 6 d t.
36 Comme le réaffirme l’acte du 18 septembre 1493 par lequel René II accroit le douaire de Philippe de Gueldre, acte enregistré dans : ibid., B 5, f° 15r° à 16v°.
37 Cette somme exclut les remboursements des 6000 florins qu’elle avait avancés, apparemment sur ses biens propres sommes versées à l’évêque de Toul : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1010, f° 85v°.
38 Ibid., B 993, f° 59r° la décision émane d’elle seule, semble-t-il : il n’y a en tout cas pas trace d’une décision du conseil.
39 Trois paiements s’élevant respectivement à 2000 florins, 3000 florins et 1000 florins lui sont versés par l’officier le 20 mars 1507, le 13 juillet 1508 et le solde encore après : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1010, f° 85v°.
40 Sur un total de 9519 florins d’or du Rhin délivrés à Jacques Pouchy, marchand florentin habitant Lyon et suivant la cour de Rome, qui lui sont remis le 6 janvier 1509 : ibid., B 1010, f° 88v°.
41 Ghislain TRANIE renvoie à ce propos à Geneviève BERTRAND-DIDELON, p. 385.
42 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1001, f° 4r°.
43 Yann PHILIPP, Gondreville d’après les comptes de Pierre Robin, mémoire de maîtrise, Université Nancy II, 1998, p. 33 : tableau des séjours attestés et p. 34 « l’importance de Gondreville pour les duchesses ».
44 Ibid. p. 103.
45 En 1505, Philippe de Gueldre sait bien que la seigneurie de Beauménil lui doit plus de 1200 livres tournois et donne commission d’aller chercher la somme : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 9, f° 171v°. En avril 1506, elle donne quittance pour 622 livres tournois qui proviennent aussi de Beauménil : ibid, B 10, f° 51v°.
46 Mais les registres de lettres patentes de l’hôtel ne sont pas exhaustifs en la matière : l’enregistrement reste, le plus souvent, à la charge des bénéficiaires, il n’est donc pas systématique et par ailleurs une partie notable des enregistrements ont disparu avant leur réunion en volumes après 1550.
47 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 995, n° 12.
48 G. BERTRAND-DIDELON, Philippe…, op. cit. p. 147 et G. TRANIĖ, Le Pays Lorrain, à sa suite ne citent que 7 des serviteurs, précédemment au service de Yolande d’Anjou ; il a donc paru utile de donner ici la liste de ceux qui ont pu être identifiés au fil des sources dépouillées ; cependant, le palefrenier « Negun » n’a pu être retrouvé : cf. G. TRANIĖ, op. cit., Classiques Garnier, p. 213.
49 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 975, f° 565v°.
50 Dès l’année de leur mariage, en 1485, René II désigne François de Hanesquer comme le serviteur de « notre très chère et très renommée compagne, la duchesse de Lorraine » : ibid., B 985, f° 35r°.
51 En fait, le couple rentre seulement au début de mai 1486 : il est attesté à Bar-le Duc, le 7 et à Nancy le 11 du mois : ibid., B 2, f° 379r° et 383r°.
52 Ibid., B 993, f° 13v°.
53 Ibid., B 4, f° 126v°.
54 Ibid., B 9, f° 169v°, B 1006, f° 88v : il est rétribué en 1506 pour ce qu’il a fourni au roi, à la reine de Sicile et à leurs enfants.
55 Ibid., B 996, f° 134r°.
56 Ibid., B 9760, compte pour 1503. L’inventaire de Delcambre le désigne à tort comme officier de René II alors que le manuscrit le désigne bien comme sommelier d’échansonnerie de la duchesse en 1488 : ibid. B 3, f 188v°.
57 Ibid., B 986, f° 522r°.
58 Il s’occupe chaque année de la comptabilité des serviteurs.
59 Ibid., B 974, f° 456r° qualifié comme tel, le 3 avril 1479, il reçoit paiement d’un cheval fourni par lui pour Menault d’Aguerre.
60 Il reçoit comme pension de médecin de Madame la duchesse Yolande 100 écus d’or par an, le 3 juin 1479 : ibid., B 974, f° 544v .
61 Le 2 août 1480, elle reçoit 52 francs du duc en reconnaissance de ses services quotidiens envers Yolande d’Anjou : ibid., B 975, f° 475v°.
62 Arch. Dép. de la Meuse, B 527, f° 167v : sa chambre est toute proche de celle de Philippe de Gueldre : les taques de cheminée voisinent.
63 Respectivement Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 5, f° 44r° et B 6, f° 82r°.
64 Auxquels s’ajoutent au moins 9 pages : ibid., B 1010, f° 112r°.
65 Son nom correspond à une graphie de Chrysogonus, martyr d’Aquilée, fêté le 24 novembre. Il reçoit pourtant une pension de René II comme son pâtissier le 18 janvier 1498 : ibid., B 6, f° 22v°.
66 René II lui fait donner en sa présence 186 livres 13 sous 4 deniers, « pour avoir levé son fils le marquis du Pont, en don, dont ne sera fait aucun rapport » : ibid., B 984, f° 27r°.
67 Ibid., B 1001, f° 54v°, 58r°, B 1003, 237v° et B 1004, f° 267r°.
68 D’après le compte, ibid., B 1005, f°268v°, rendu pour 1506 ; la pension est payée les années suivantes : ibid. B 1007, f°263r°, B 1008, f°271v°.
69 Arch.dép.de la Meuse, B 529, f° 155v°, B 530, f° 120v°, B 531, f° 131v : la pension s’élève à 30 francs par an.
70 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1001, f° 80r° Ils sont logés à Bar, mais pas au château : ibid., B 1001, f° 80r° et arch.dép.de la Meuse, B 530 bis, f° 126v°.
71 Ibid., B 531, f° 131v°.
72 Ibid., B 531, f° 131v°-132r° ; pour la seconde période, la dépense est notée sur un quaterne de 14 feuilles de papier signé, contrôlé et visé par le clerc de Bar et un mandement de la reine engage le receveur à soutenir la dépense.
73 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1001, f° 100r°.
74 Fourniture de taffetas rouge pour achever l’ouvrage de la duchesse « à besogner de soie » : ibid., B 1001, f° 79v°.
75 Le 15 juillet 1504, à Bar, Il ménage la possibilité de rachat pour les héritiers du duc ; l’acte suppose que le duc a eu du mal à conclure l’affaire : ibid., B 9, f° 118v°.
76 Laurent le Sot : ibid., B 1001, f° 69r°.
77 Ibid., B 1001, f° 82v°, 86v ; à son sujet, Ė. de BOUTEILLER, « Hannès Krantz, ennemi de la cité de Metz 1483-1493, extrait de Mémoires de la Société d’Archéologie et d’Histoire de la Moselle, 1864, 38 p.
78 Ibid., f° 106v ; identifié plus précisément en 1508 : B 1010, f° 79v°. A. FERSING, « Antoine 1er « le bon » », Ducs de Lorraines biographies plurielles de René II à Stanislas, L. JALABERT (dir.), éditions des Paraiges, p. 40- 60, indique, p. 43, qu’Antoine est envoyé avec son cadet Claude à la cour en 1500, mais Claude rentre en Lorraine et y demeure sous l’autorité de ses parents, comme en attestent les dépenses de comptes, jusqu’à la fin du règne de René II au moins.
79 Sans doute fils de Didier de Darnieulles maître d’hôtel du duc, attesté jusqu’en 1499 ; le créat est un jeune écuyer subalterne ou vassal éduqué à la cour d’un seigneur.
80 À l’été 1508 : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1010, f° 168r°, 175r° et 177r°.
81 Rémunéré à 300 livres tournois par an : ibid., B 1010, f° 182v : le compte prévoit de porter ses gages à 400 livres par an à payer à 4 termes.
82 Ibid., f° 81v : il perçoit une menue somme « pour parties par lui fournies ».
83 Les 11 accouchements ont lieu dans 5 cités et châteaux différents et nombre d’autres déplacements longs dans d’autres châteaux encore interviennent, notamment ceux de Louppy, Sierck, etc.
84 Le compte de la dépense d’Antoine de Lorraine qui suit la cour de France, en 1508, cite Jacques et Louis Merveilles, armuriers du roi, Pierre Fouchier éperonnier du roi, Bricet Dupré, tapissier du roi, Jean et Mery Les Testuz, marchands de Tours suivant la cour, Charles Brodeau mercier suivant la cour, etc : Arch. dép de Meurthe-et-Mos., B 1009, f° 4r°, 34v°, 48v°, 61r°, 70v°,° 71v°, etc.
85 François Frasques, marchand florentin habitant Lyon, Pierre Lorencii marchand habitant Lyon sont rémunérés pour achats de tissus : ibid., B 1010, f° 109r°, mais Jacques Pouchy, marchand florentin, André Cesaro, facteur de banque, Bartholoméi Peuchaty, banquier, Jacques Pouchy marchand florentin, etc. interviennent dans des transferts d’argent : ibid. B 984, f° 15r°, 29v° et B 1010, f° 87r°, 88v°. Sur cette question consulter M. CHARTIER, le costume à la cour de René II. Les approvisionnements, Annales de l’Est, 1978, n° 2, p. 99-135.
86 G. BERTRAND-DIDELON, Philippe, op. cit., p. 149 évoque ses travaux d’aiguilles et la rêverie qu’ils suscitent.
87 BNF, Paris, Lorraine 7, n° 70 : elle veut écrire à Monseigneur l’archiduc ainsi qu’au seigneur de Vergy, pour le cas où le dit Bourdon se présenterait à lui, afin qu’ils ne fassent pas obstacle à cette libération.
88 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 8, f° 93v° à 94v°.
89 La duchesse le recrutera comme maître d’hôtel ordinaire par acte du 29 juin 1504 : ibid., B 9, f° 114v° ; pour cette décision concernant Fains : ibid., B 8, f° 95r°.
90 Le franc lorrain se subdivise en 12 gros et le gros en 16 deniers.
91 BNF, Paris, Lorraine 7, n° 154 et 156.
92 Ibid., n° 58.
93 C’est le cas pour la réponse aux doyen et chapitre de Toul : ibid., n° 154 et 156.
94 BNF, Paris, Lorraine 7 rassemble en effet 182 lettres du duc et de la duchesse et de leurs correspondants, conservées pour les années 1483-1508, fait unique en son genre à notre connaissance dans les archives du trésor des chartes des duchés de Lorraine et de Bar. D’autres lettres sont dispersées dans divers dossiers.
95 Ibid., n° 159.
96 Ibid., n° 126 : par lettre du 27 juillet 1498, René II avertit Johannès Lud de la capture du président de la chambre des comptes et lui demande son avis.
97 BNF, Paris, Lorraine 7, n° 122 ; Maximilien trouve-t-il simplement là une excellente occasion d’affirmer son autorité sur René II ou a-t-il, à l’occasion des ambassades de celui-ci, noué avec Huyn Roynette une relation dont le duc a des raisons de se plaindre ?
98 Ibid. n° 64.
99 Ibid. n° 116 et 154.
100 Archives de l’Ėtat autrichien, Vienne, Lothringische Urkunden, n° 164-3-1 et 164-3-3 pour 1485 et n° 164-3-2 pour 1493.
101 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 982, f° 25r° et B 984, f° 7v°.
102 Ibid., B 984, f° 12r°.
103 Le manuscrit est consultable à cette adresse : https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc85278c?collect : sa présence a été signalée par Vincent Dorothée : qu’il soit ici vivement remercié. Cette aquarelle, récemment exposée à Ėcouen, a fait l’objet d’une notice : G. FONKENELL À cheval, le portrait équestre dans la France de la Renaissance, Ėcouen, Coédition Musée national de la Renaissance-Château d’Ėcouen / in Fine éditions d’art 2024, la notice, p. 108 donne la bibliographie antérieure, relative à ce portrait.
104 Pour 1506, Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1006, f° 38r° et 97v°, pour 1508, ibid., B 1010, f° 57v° et 102v°.
105 Achat du canevas pour faire le patron de ce manteau : ibid., B 1001, f° 93v°, sans doute s’agit-il d’un manteau permettant de monter à cheval.
106 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 1010, f° 104r°.
107 Ibid., B 1950, f° 146v°, B 1952, f° 138r°, B 1954, f °165r°.
108 Ibid., B 1952, f° 138v° et 140r°.
109 Les Français ont mis Charles de Gueldre à rançon 13 mois plus tôt, pour 200 000 florins marchands (à 20 sous tournois pièce) : il en avertit René II par une lettre d’août 1488, dans laquelle il lui demande de l’aide pour payer cette somme et pouvoir ensuite se faire rendre la Gueldre : BNF, Paris, Lorraine 10, n° 31.
110 Ces deux « billets » informels se trouvent dans BNF, Paris, Lorraine 11, n° 10 et Lorraine 10, n° 26.
111 René II hypothèque la seigneurie de Boves, dans la Somme pour 25 000 livres dues à Philippe de Crevecœur, seigneur d’Esquerdes, puis la rachète : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 4, f° 195v° et B 5, f° 246v°.
112 BNF, Paris, Lorraine 11, n° 72 et 73, Lorraine 209, n° 5 à 8, 10, Lorraine 210, n° 5, 6, 8., archives de l’Ėtat autrichien, Lotringuische Urkunden, n° 172, 173 à 177, nombreuses pièces dans le « Karton 65 » relatif à la Gueldre.
113 Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 993, f° 23r°.
114 Il y envoie Hans Krantz, puis Henri de Helmstat, doyen de Spire : ibid., B 993, f° 24v° et 34v ; le premier y retourne en 1496, pour avoir des nouvelles d’une assemblée de Juliers et de Gueldre : ibid., B 994, f° 42r°. En 1505, le prévôt de Sierck s’est chargé de la réparation d’un bracelet du duc de Gueldre : archives de l’État autrichien, Vienne, Karton 65, 3, 2, 3.
115 Rémission en août 1494 à Thierry de Lenoncourt pour le meurtre de sa femme adultère, Utellinne de Parroy à ce propos voir ibid., B 5, f° 120r° et nomination d’Étienne de Tencey en mars 1495 : ibid., f° 255r°.
116 Un bâtard de Gueldre émarge au budget du duché de Lorraine cette année-là, pour 200 francs sur la dépense ordinaire du duc et pour 100 francs sur celle de la reine : ibid., B 993, f° 9v ; en mai 1499, on fait faire une robe de drap noir et une paire de chausses de drap rouge à son serviteur, sur mandement de la duchesse : ibid., B 996, f° 109v° et 119v ; le bâtard reçoit une pension annuelle de 500 francs en 1502 : ibid., B 1001, f° 12v°.
117 Il s’agit de l’abbaye de Stenay : ibid., B 1006, f° 35v°, 36r°.
118 Arch. dép. de la Meuse, B 525, f° 173r°.
119 On refait une couchette dans la chambre du château où il se tient en janvier 1503 : ibid., B 527, f° 171r°.
120 BNF, Paris, Lorraine 7, n° 164.
121 Pour ce sujet, Hélène SCHNEIDER, « Les relations de la principauté de lorraine et de Bar avec l’Empire d’après le trésor des chartes ducal (1480-1508) », Mémoires des Princes Angevins, OpenEdition, 2021.
122 Référence jadis communiquée par Léonard Dauphant : Arch. dép. de Meurthe-et-Mos., B 752, n° 50 : l’importance accordée à l’avis du légat manifeste l’intérêt persistant de René II pour Naples dont le pape est la clé.
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Référence électronique
Hélène Schneider, « Entre dévotions et injonctions de genre : Philippe de Gueldre, épouse du duc René II, face au cours des affaires (1486-1508) », Mémoire des princes angevins [En ligne], 16 | 2025, mis en ligne le 23 octobre 2025, consulté le 09 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/mpa/648 ; DOI : https://doi.org/10.4000/153aa
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