1L’an 2020 a été marqué par un début de crise sanitaire mondiale inédite, associée à la propagation d’une nouvelle maladie à coronavirus (covid-19) dans de très nombreux pays, dont l’Algérie. La flambée de l’épidémie a contraint les gouvernements à prendre des mesures d’urgence dans l’espoir d’accélérer la sortie de cette crise internationale ayant profondément bouleversé tous les aspects de la vie quotidienne. Les populations se sont ainsi retrouvées confinées, totalement ou partiellement, et les écoles et les universités ont dû fermer. Selon l’Unesco, l’épidémie a empêché 87 % des élèves et des étudiants du monde d’accéder à leurs établissements scolaires et universitaires, soit 1,52 milliard d’apprenants privés d’enseignement pendant le confinement au printemps de 2020. Cependant, au bout de quelques mois de confinement, le virus n’a pas disparu et la vie a dû reprendre avec de nouveaux modes de fonctionnement, jusque-là inimaginables. En plus des comportements-barrière, le télétravail, la formation à distance, l’enseignement-apprentissage hybride sont progressivement devenus la seule alternative possible pour assurer la continuité économique, sociale et pédagogique.

2La popularité de l’enseignement à distance et de l’enseignement hybride a connu un grand essor en automne 2020 à l’occasion de la rentrée universitaire ayant fait suite au confinement (Louis, 2021). Ces modes d’enseignement ont par conséquent fait l’objet d’un nombre considérable de publications scientifiques en 2020. Les chercheurs ont notamment analysé la perception de ce mode d’enseignement par les apprenants, élèves ou étudiants, et/ou les enseignants (e.g. Descamps et al., 2020 ; Benaldjia, Bouhidel et Guedjati, 2020 ; Granjon, 2021 ; Lassassi et al., 2020 ; Plateau, 2020). Pour notre part, nous nous intéressons à une catégorie d’apprenants qui a été directement touchée par cette pandémie. Il s’agit des étudiants de Master 2 qui étaient appelés à réaliser un mémoire de recherche durant le second semestre de l’année universitaire 2019-2020. Ceux-ci se sont en effet retrouvés dans une situation très compliquée, car même si les soutenances ont été reportées à la rentrée, ces étudiants devaient tout de même poursuivre leur recherche, en pleine pandémie, eux-mêmes et leurs directeurs de recherche étant confinés. Dans quelles conditions ont-ils pu réaliser leur mémoire ? Comment ont-ils pu pallier les divers problèmes inhérents à la pandémie : fermeture des bibliothèques universitaires, des établissements scolaires où ils étaient censés passer leurs expérimentations, des cybercafés et des bureaux de traitement de texte qui devaient s’occuper de la partie informatique de leur mémoire, et notamment l’impossibilité de rencontrer leur directeur de recherche en présentiel ? Comment ont-ils perçu la décision du gouvernement d’introduire l’enseignement hybride à l’université ? Telles sont les principales questions auxquelles cette contribution se propose de répondre à travers la présentation des résultats d’une enquête menée en ligne auprès d’étudiants universitaires algériens ayant réalisé, en 2020, un mémoire de Master en français langue étrangère (FLE).

1. Méthode

1.1. Participants

3Vingt-cinq (ex)étudiants ayant soutenu un mémoire de M2 en FLE en 2020 ont participé à l’enquête. Ils sont pour la plupart de sexe féminin (84 %), âgés de 22 à 38 ans (25 ans en moyenne). La majorité d’entre eux (21 étudiants, 84 %) poursuivait des études de Master en didactique, 3 (12 %) en sciences du langage et un étudiant en littérature (4 %). Les participants représentent diverses universités du pays : 13 participants ont étudié à l’université de Bordj Bou Arreridj ; 3 à Batna ; 3 à Msila, 2 à Biskra, un à Béjaia, un à Sidi Bel Abbès, un à Saida et un à Khenchela.

1.2. Questionnaire

4Le questionnaire utilisé dans le cadre de cette enquête a été conçu et administré en ligne, via le site Google Forms. Il comporte 18 questions à choix multiple, suivies pour la plupart d’un espace dédié aux commentaires libres des répondants. En plus des questions visant à recueillir les caractéristiques des répondants en termes de sexe, âge, spécialité de Master et université d’appartenance, les principales questions de l’enquête étaient réparties en 5 rubriques :

Conditions de confinement

5Les enquêtés devaient dans cette première rubrique préciser s’ils avaient ou non à leur disposition les outils suivants pendant le confinement : un espace de travail personnel (chambre ou bureau), un ordinateur personnel, un ordinateur familial, une tablette, un smartphone, une connexion ADSL, une connexion 4G (ou 3G).

Compétences informatiques

6Les répondants ont ensuite été interrogés sur leurs compétences informatiques « avant » et « après » la réalisation du mémoire. Quelle maitrise avaient-ils, avant la rédaction du mémoire, des deux programmes Word et Excel et de la recherche documentaire sur le net ? Et quelle maitrise en ont-ils désormais, après réalisation de leur recherche : parfaite, bonne ou aucune ?

Suivi de la recherche par le directeur du mémoire

7Dans cette rubrique, les participants devaient d’abord préciser la modalité d’encadrement de leur mémoire : complètement à distance, beaucoup plus à distance, complètement en présentiel. Ils ont ensuite été interrogés sur leur degré de satisfaction vis-à-vis : des échanges à distance avec le directeur de recherche, de l’accompagnement et de l’apport de ce dernier, et de la note obtenue à la soutenance : très satisfait, peu, pas du tout.

Effets négatifs et positifs de la pandémie sur la réalisation du mémoire

8Dans cette quatrième rubrique du questionnaire, les étudiants devaient d’abord dire si la pandémie a négativement influé sur leur recherche : beaucoup, un peu, pas du tout. Ensuite, ils ont été appelés à préciser les effets négatifs et positifs de la pandémie sur leur recherche, en cochant les items de leur choix dans deux listes qui leur ont été proposées : l’une relative aux aspects négatifs ; l’autre, aux aspects positifs.

Opinion sur l’enseignement hybride

9Dans cette dernière rubrique du questionnaire, les enquêtés ont été interrogés sur ce qu’ils pensaient de l’enseignement hybride appliqué dans les universités algériennes depuis la rentrée de 2020 : pour, contre, avis mitigé. Une dernière question leur demandait s’ils seraient favorables, ou non, au maintien de ce mode d’enseignement dans le futur, après disparition du virus.

1.3. Procédure

10Le lien du questionnaire a été envoyé à plusieurs collègues enseignants dans des départements de français à travers le pays. Nous leur avons demandé de l’envoyer à leurs étudiants de M2 de l’année dernière. Le lien a également été partagé sur certaines pages Facebook réservées aux étudiants de Master de français. La collecte des réponses s’est étalée sur une quinzaine de jours, du 25 avril au 6 mai 2021. Cependant, un nombre restreint d’étudiants a accepté de répondre au questionnaire : 27 au total. Les réponses de deux répondants ont été écartées, car il s’agissait d’étudiants qui n’ont pas encore terminé leur mémoire, leur recherche étant en cours.

2. Résultats

11Les réponses des répondants ont fait l’objet d’une analyse quantitative (statistiques descriptives). Les commentaires libres laissés par les participants ont servi à appuyer ou à illustrer les résultats obtenus.

2.1. Conditions de confinement

12La première rubrique du questionnaire interrogeait les participants sur les conditions matérielles dans lesquelles ils ont vécu le confinement imposé par les autorités, lors de la réalisation de leur recherche. Les résultats (voir Figure 1) révèlent que plus des trois quarts des participants disposaient d’un espace de travail personnel - chambre ou bureau - (76 %), d’un ordinateur personnel (88 %), d’un smartphone (76 %) et d’une connexion haut débit ADSL (76 %), en plus d’une connexion 4G pour un peu plus de la moitié d’entre eux (60 %). Globalement, et malgré le confinement, les participants ont donc pu réaliser leur mémoire dans des conditions matérielles favorables à la concentration et à la recherche.

Figure  : Outils à disposition pendant le confinement

2.2. Niveau de maitrise de l’outil informatique avant et après la réalisation du mémoire 

13La deuxième rubrique du questionnaire concerne le niveau de maitrise de l’outil informatique par les participants, avant et après la réalisation de leur mémoire de Master. Comme le montre la Figure 2, la majorité des participants (64 %) avait une maitrise moyenne de l’outil Word, mais après la réalisation du mémoire, la quasi-totalité des participants (84 %) a acquis une très bonne maitrise de cet outil.

Figure  : Niveau de maitrise de l’outil Word

14Quant au programme Excel, la Figure 3 indique qu’avant la réalisation du mémoire, 40 % des participants n’en avaient aucune maitrise et seulement 16 % en avaient une bonne maitrise. Après réalisation du mémoire, le premier nombre a baissé à la moitié (20 %), tandis que le second s’est vu doubler (32 %).

Figure  : Niveau de maitrise de l’outil Excel

15En ce qui concerne la recherche documentaire sur le net, les résultats montrent une nette amélioration des compétences des participants après la réalisation de leur mémoire. C’est la majorité (88 %) qui, désormais, maitrise « très bien » la recherche documentaire sur le net, contre la moitié seulement (56 %) avant la rédaction du mémoire (voir Figure 4). Ces résultats sont appuyés par les commentaires de quelques participants, qui ont souligné l’effet positif de la réalisation du mémoire de Master sur leurs compétences informatiques :

• « Sans ce mémoire je n’aurais jamais pu maîtriser l’outil informatique. »

• « Mon niveau s’est bien amélioré. »

• « J’ai remarqué la différence au niveau de la maitrise de l’outil informatique. »

• « Après la réalisation de mon mémoire je maitrise très bien l’outil informatique Word et Excel. »

Figure  : Niveau de maitrise de la recherche documentaire sur le net

16Cet effet positif remarqué sur les compétences informatiques des participants est dû au contexte de confinement. Contrairement aux années précédentes, où de nombreux étudiants recouraient systématiquement aux bureaux de traitement de texte ou aux cybercafés pour la rédaction de leurs travaux de recherche, la fermeture de ces derniers en 2020, en raison de la pandémie de coronavirus, a contraint les étudiants à taper eux-mêmes leur mémoire sous Word. En effet, presque tous les participants à cette enquête (88 %) ont confirmé avoir écrit leur travail sur leur ordinateur personnel (voir Figure 5). Dans leurs commentaires, certains participants ont à juste titre souligné les effets positifs de ce contexte particulier sur leurs compétences informatiques :

• « Une grande amélioration dans la maîtrise de l’outil numérique, notamment en ce qui concerne Word vu que je l’ai écrit seul. »

• « Par moi et il m’a aidé à bien maîtriser l’outil d’informatique Word et Excel. »

Figure  : Rédaction du mémoire sous Word

2.3. Suivi du travail par le directeur de recherche

17La 3^e rubrique du questionnaire concerne le suivi du mémoire par le directeur de recherche. Les résultats (voir Figure 6) montrent, sans surprise, que quasiment tous les participants ont été dirigés à distance. En raison du contexte particulier de la pandémie, plus de la moitié ont été suivis « complètement » à distance (60 %), tandis que le tiers l’a été « beaucoup plus » à distance (36 %), ce qui sous-entend que des rencontres physiques ont eu lieu entre ces participants et leurs directeurs avant l’instauration du confinement, celui-ci n’ayant débuté qu’en mars, alors que les recherches de Master ont commencé bien avant pour plusieurs étudiants.

Figure  : Modalités de suivi du travail par le directeur de recherche

18Dans cette rubrique du questionnaire, relative à la direction du mémoire, une question interrogeait les participants sur leur degré de satisfaction vis-à-vis des échanges ayant eu lieu à distance avec leur directeur. Les résultats (voir Figure 7) montrent que ces échanges étaient « suffisants » ou « largement suffisants » pour un total de 60 % des participants, contre 40 % qui les trouvaient « insuffisants » ou « très insuffisants ».

Figure  : Degré de satisfaction vis-à-vis des échanges à distance avec le directeur

19Ces résultats évoluent en parallèle avec ceux de la question relative au degré de satisfaction des participants quant à l’apport et à l’accompagnement de leur directeur de recherche (voir Figure 8). En effet, les deux tiers des participants en sont très satisfaits (68 %), contrairement au tiers restant qui n’est que peu (16 %) ou pas du tout satisfait (16 %) de la qualité d’encadrement dont il a bénéficié.

Figure 8 : Degré de satisfaction vis-à-vis de l’accompagnement et de l’apport du directeur

20En dépit de cette insatisfaction, certains de ces participants ont tout de même obtenu une bonne note à la soutenance de leur mémoire. La grande majorité (88 %) est en effet « très satisfaite » de la note accordée par le jury, comme l’indique la Figure 9.

Figure 9 : Degré de satisfaction vis-à-vis de la note obtenue à la soutenance

2.4. Effets, négatifs et positifs, de la pandémie sur la réalisation du mémoire

21La 4^e rubrique du questionnaire concerne la perception, par les participants, des effets, négatifs et positifs, de la pandémie sur leur mémoire. Les résultats (voir Figure 10) montrent qu’un tiers des participants seulement confirme que la pandémie a négativement influé sur le déroulement de sa recherche de Master. En revanche, pour la majorité des participants, cette pandémie n’a impacté leur recherche que « peu » (60 %) ou « pas du tout » (8 %).

Figure 10 : Représentations sur l’impact négatif de la pandémie sur le mémoire

22Pour les trois quarts des participants (72 %), cet effet négatif est lié en premier lieu à la fermeture des bibliothèques universitaires (voir Figure 11). Viennent en deuxième position le manque d’échanges avec le directeur de recherche et le sentiment de solitude face aux exigences du mémoire, ces deux aspects ayant en effet affecté un peu moins de la moitié des participants (44 %). L’annulation de la partie pratique du mémoire n’est perçue comme aspect négatif de la pandémie que par un tiers des participants (32 %). Ce pourcentage inattendu est pourtant cohérent avec les résultats présentés dans la Figure 12. En effet, seul un tiers des étudiants n’a pu mener une étude sur le terrain en raison de la fermeture des établissements scolaires. Plus de la moitié avaient (56 %) passé leur expérimentation avant l’instauration du confinement et quelques-uns (8 %) pendant le confinement, à distance, selon leurs commentaires. Une participante a laissé un commentaire qui montre sa déception face à la réalisation d’un mémoire sans expérimentation :

• « Le fruit d’un travail de recherche réside dans la partie pratique qui donne de la crédibilité au travail, parce qu’on essaye d’apporter des solutions aux problèmes posés, et c’est ce fruit dont nous avons été privés. »

Figure 11 : Aspects négatifs de la pandémie

23La mauvaise qualité de la connexion internet vient en 4^e position dans les réponses des participants sur les aspects négatifs de la crise sanitaire. Ils sont en effet 28 % à l’avoir confirmé. Viennent ensuite, en 5^e position, les difficultés de concentration et le manque de collaboration ou de coordination avec le binôme (ou les membres du groupe), qui ont affecté 16 % des répondants. Conformément aux résultats relatifs aux conditions matérielles de confinement, favorables pour la plupart des participants, très peu de participants (8 %) ont souligné l’absence d’ordinateur personnel comme aspect négatif de la crise, et personne n’a coché les difficultés financières.

Figure 12 : Réalisation d’une étude sur le terrain dans le cadre du mémoire

24Dans cette même rubrique du questionnaire, les étudiants ont été interrogés sur les éventuels aspects positifs de la pandémie en lien avec leur recherche. Seuls quelques participants (12 %) ont confirmé l’absence totale de quelconque aspect positif à cette crise (voir Figure 13). Autrement dit, la majorité des répondants parvient, malgré toutes les difficultés évoquées précédemment, à percevoir quelques avantages dans la réalisation d’un travail de recherche dans un contexte de confinement. En témoignent les commentaires de quelques répondants : « Cette expérience vécue a des avantages et des inconvénients » ;

• « Il y a beaucoup d’avantages de ce contexte sur la réalisation du mémoire. »

• « Malgré les difficultés rencontrés, je me suis développé en termes d’autonomie aussi que sur le plan éducatif grâce à l’utilisation d’internet. »

Figure 13 : Aspects positifs de la pandémie

25Parmi les 7 items positifs proposés, le sentiment d’autonomie est arrivé en premier, coché par les deux tiers des répondants (64 %). Viennent ensuite, avec de légers écarts, l’apprentissage de la recherche documentaire sur le net (52 %), la découverte de sites ou de logiciels ayant facilité le travail de recherche (48 %) et le gain de temps qui aurait été perdu dans les transports (44 %). Le tiers des répondants (36 %) a confirmé la disponibilité du directeur de recherche, en raison du confinement, et la facilité d’échanger avec lui. Enfin, pour 28 % des enquêtés, une meilleure concentration était l’un des aspects positifs de cette crise.

2.5. Représentations vis-à-vis de l’enseignement hybride

26La dernière rubrique du questionnaire a servi à recueillir les avis des enquêtés sur la décision du gouvernement d’imposer l’enseignement hybride dans les établissements de l’enseignement supérieur dans le but de freiner la propagation de la covid-19 dans le pays. Les résultats (voir Figure 14) révèlent un engouement pour ce type d’enseignement pour plus de la moitié des répondants (56 %). Peu de participants sont fermement contre (16 %), tandis que les indécis représentent un peu plus du quart de l’ensemble (28 %).

Figure 14 : Avis sur l’enseignement hybride pendant la pandémie

Quelques répondants ont laissé des commentaires, pour justifier ou expliquer leur réponse. Ceux qui sont « pour » ce type d’enseignement ont écrit :

• « Je suis pour cette décision car elle a contribué à assurer une continuité pédagogique. »

• « Une bonne décision, après tout la vie continue avec la science. »

• « Ils ont bien fait pour éliminer ce virus et pour minimiser le nombre de victimes. »

En revanche, une participante qui est contre l’enseignement hybride pense que « c’est trop mauvais pour les étudiants et pour l’enseignement supérieur ».

27Par ailleurs, trois commentaires illustrent la position des répondants ayant un avis mitigé :

• « Avoir des séances présentielles dans certains modules et distancielles dans d’autres modules n’est pas mauvais. Le problème est dans la durée d’étude, étudier un mois pour passer les examens est insensé. Les étudiants en souffrent beaucoup parce qu’ils ne comprennent pas les paquets de cours partagés sur les plateformes. »

• « Pour moi, je suis pour la décision d’imposer l’enseignement/apprentissage hybride dans les universités, mais dans notre pays, l’enseignement/apprentissage à distance n’est pas adapté car il y a toujours un problème de connexion et sans oublier qu’il y a beaucoup d’étudiants qui n’ont pas des outils d’informatiques. »

• « Je suis pour et contre, pour car c’est bien de faire un enseignement/apprentissage hybride afin que les étudiants deviennent autonomes dans leurs apprentissages et contre car ce n’est pas tout le monde qui dispose d’une connexion internet à la maison. »

28Si la majorité des répondants salue la décision du gouvernement d’avoir introduit l’enseignement à distance dans les universités, précisément, dans ce contexte de pandémie, il n’en est pas de même pour ce qui est de l’idée de le maintenir dans le futur, après la disparition du coronavirus. En effet, les avis sont partagés avec très peu d’écarts entre le « pour » et le contre ». 44 % des enquêtés sont contre le maintien de l’enseignement hybride après la fin de la crise sanitaire dans le pays, et 40 % sont pour (voir Figure 15).

Figure 15 : Avis sur le maintien de l’enseignement hybride dans le futur, après la pandémie

Ceux qui sont contre affirment que : 

• « Ça ne donne rien. »

• « Ce sera la médiocrité pour l’enseignement supérieur. »

En revanche, ceux qui sont pour ce type d’enseignement soulignent ses bienfaits en termes d’économie de temps et d’attrait pour les jeunes étudiants, qui vont sans doute finir par s’habituer à ce mode de fonctionnement :

• « Il faut qu’on s’habitue à ce mode de travail » qui « permet d’atteindre une plus grande audience en moins de temps et c’est aussi amusant pour tout le monde. » 

• « Le travail à distance économise le temps et la distance. » 

• « C’est vrai que c’est une nouvelle méthodologie mais avec le temps les étudiants s’habituent. »

29Quant aux répondants avec un avis mitigé, ils ont souligné les points suivants, liés à la connexion internet et à la nécessité de revoir les modalités actuelles d’application de l’enseignement à distance tout en s’appuyant sur l’expérience des pays développés dans ce domaine :

• « Je suis pour mais il faut qu’ils assurent la connexion à tous les étudiants. » 

• « Sauf s’il est bien appliqué comme dans d’autres pays. » 

• « Mais à condition que le gouvernement améliore et développe le système éducatif et pourvoit à tous les besoins des étudiants dans chaque région du pays. »

30Le bilan de cette étude fait ressortir les principaux résultats suivants. Contrairement à ce que pourraient penser certains, les trois quarts des participants à cette enquête avaient à leur disposition les principaux outils nécessaires à l’accomplissement de leur travail dans de bonnes conditions pendant le confinement : une chambre privée, un ordinateur personnel, un smartphone et une connexion internet. Plus des trois quarts ont été très satisfaits de la note qu’ils ont obtenue à la soutenance, même s’ils n’ont pas tous pu mener une étude sur le terrain. De plus, les deux tiers ont été très satisfaits de l’apport et de l’accompagnement de leur directeur de recherche, même si près de la moitié ont estimé les échanges à distance avec leur directeur insuffisants ou très insuffisants.

31Quant aux effets de la pandémie sur le déroulement des recherches de Master, les résultats ont mis en évidence une supériorité des aspects positifs sur les aspects négatifs. D’abord, le confinement a obligé les étudiants à taper eux-mêmes leur mémoire sur ordinateur, avec tout ce que cela suppose en termes d’appropriation des principaux outils informatiques, tels que les deux programmes Word et Excel. Il en a résulté une nette amélioration des compétences informatiques de ces étudiants. De plus, les deux tiers des participants ont confirmé avoir éprouvé un sentiment d’autonomie en réalisant leur travail de recherche pendant le confinement. Aussi, un peu plus de la moitié des enquêtés ont appris à faire des recherches documentaires pertinentes sur le net, pour contourner le problème de la fermeture des bibliothèques universitaires, qui, par ailleurs, constitue pour les trois quarts des étudiants enquêtés l’aspect négatif majeur de la pandémie en lien avec leur recherche.

32Quant à l’enseignement à distance, les résultats ont révélé que plus de la moitié des étudiants approuvent la décision des autorités de faire appel à l’enseignement hybride dans les universités, pour assurer la continuité pédagogique dans le contexte actuel de la pandémie. En revanche, les répondants ne sont pas unanimes quant à l’éventuelle décision de le maintenir dans le futur, après la disparition de cette crise sanitaire. Pour le rendre plus efficace, les étudiants appellent à juste titre à l’amélioration de la qualité d’internet, son dépoilement dans toutes les régions du pays, sa mise à la disposition de tous les étudiants, provenant de toutes les classes sociales. Les étudiants réclament également plus d’engagement de la part des enseignants pour aboutir à un vrai processus d’enseignement-apprentissage à distance qui soit interactif, loin de la pratique actuelle qui consiste à mettre les cours en format PDF sur les plateformes d’enseignement à distance disponibles dans nos universités.

33Pour conclure, il va sans dire que cette recherche présente de nombreuses limites, ayant trait principalement au nombre limité des répondants au questionnaire. Il convient ainsi de prendre les résultats de cette étude avec précaution et de ne pas prétendre à les généraliser. Pour de futures études, nous recommandons de poursuivre et d’approfondir la recherche à la fois sur la direction à distance des mémoires de Master et de doctorat, et sur les représentations des étudiants vis-à-vis de l’enseignement à distance à l’université.