1L’enseignement à distance a été lancé en Algérie le 22 avril 2020 suite à la propagation de la pandémie du COVID-19 et à la décision des autorités locales de fermer totalement ou partiellement la majorité des établissements scolaires et universitaires. C’est ainsi que les universités se sont trouvées dans l’obligation de suspendre toutes les activités pédagogiques entrant dans le cadre de l’enseignement/apprentissage en présentiel. De ce fait, enseignants et étudiants se sont retrouvés dans une situation inédite, celle de l’obligation de l’enseignement à distance. Nous avons donc décidé de mener une étude pour et évaluer les comportements, les attitudes et les représentations des étudiants de l’ENSB en ce qui concerne l’usage des nouvelles technologies de la communication et de l’information mises en œuvre pour assurer les enseignements/apprentissages à distance. Le but de cette contribution est de présenter et de discuter les premiers résultats obtenus auprès des étudiants de l’ENSB concernant le recours aux enseignements à distance et l’emploi des nouvelles technologies de la communication et de l’information pour cela. Il s’agit aussi d’évaluer la qualité de cet enseignement à travers l’étude de leurs représentations et d’évaluer la qualité de l’enseignement/apprentissage à distance en identifiant les conditions du déroulement de cet enseignement et d’en dégager les limites. Notre objectif est d’apporter des réponses aux questionnements suivants :

• Comment les étudiants de master 2 apprécient-ils les leçons en ligne ?

• Combien d’entre eux ont bénéficié de ces leçons ?

• À quel point ont-ils trouvé que les contenus des cours étaient de bonne qualité ?

• Ont-ils tiré profit de cet enseignement ?

• Quelles sont les difficultés qu’ils ont rencontrées et quelles propositions peuvent-ils faire pour améliorer la qualité l’acte pédagogique à distance en milieu universitaire ?

Pour y répondre, nous avançons les hypothèses suivantes :

• Les étudiants de master 2 à l’ENSB trouvent que cette expérience était bénéfique pour leur formation par la qualité des contenus des cours reçus en ligne qui étaient riches, intéressants et très explicites.

• Les étudiants de master2 de l’ENSB trouvent que les interactions entre les enseignants et les étudiants, la qualité du feed-back et de l’évaluation des travaux dirigés étaient positives. 3- Les étudiants de master2 à l’ENSB trouvent que l’enseignement à distance propose une diversité de supports pédagogiques, ce qui rend les cours plus abordables et plus faciles à comprendre.

• Les étudiants de master2 à l’ENSB préfèrent l’enseignement en présentiel à l’enseignement à distance parce qu’ils trouvent que le contact direct avec l’enseignant permet d’apporter plus d’éclaircissements sur les cours.

• Les étudiants de master 2 à l’ENSB rencontrent des difficultés de connexion et manquent d’expérience dans l’utilisation de cette nouvelle forme d’enseignement.

Notre étude repose sur l’utilisation d’une méthodologie qualitative. Nous mettons l’accent sur une perspective de compréhension et d’interprétation plutôt que d’explication.

Définition des concepts liés au contexte d’étude

2Le cadre théorique de notre étude renvoie aux concepts d’enseignement/apprentissage à distance et de représentation des apprenants dans une situation de formation à distance.

Définition du concept de représentation

3Nous nous intéressons dans cette étude à l’évaluation des représentations des étudiants de master 2 dans une situation d’enseignement/apprentissage à distance. En effet, les représentations sont considérées comme un « outil psycho- social » ; cela nous amène à définir les représentations des sujets engagés dans une situation d’enseignement-apprentissage comme

« une trace de l’intimité du sujet mais aussi des matériaux d’échange avec les autres » (SALLABERRY, T.C, 1996 :278)

ou bien comme

« une réaction évaluatrice à un référent ou à un objet d’attitude, déduite sur la base des croyances ou opinions individuelles sur le référent » (GARDNER, 1985).

4Cette définition citée par Jean-Marc DEWAEL (2009) dans son article « Perception, attitude and motivation » est considérée comme celle qui a une portée plus générale qui se rapproche le plus de notre objectif. A noter que l’on confond souvent les deux termes, attitudes et représentations. Toutefois, les représentations des sujets examinés peuvent constituer une image révélatrice de la réalité vécue par eux vis-à-vis de l’enseignement-apprentissage à distance et peuvent constituer aussi un élément fondamental permettant d’évaluer la qualité de cet enseignement et d’en saisir les limites. Enfin, pour lever l’ambiguïté autour du concept de représentation, nous essayerons de le définir en fonction des différentes acceptions qu’il prend selon les écoles de pensée. Étant donné qu’il est difficile d’évoquer tous les travaux concernant ce sujet dans les limites de cette contribution, nous nous limiterons à l’exposé de quelques définitions.

5Le concept de représentation trouve sa genèse dans la philosophie et la psychologie. En effet, les représentations jouent un rôle primordial dans l’autonomie personnelle concernant la prise de décision, la liberté d’opinion et de jugement ; l’homme peut donc transformer la représentation qu’il se fait de certains gestes ou actes traduisant un comportement d’accord ou de refus, en modifiant leur valeur affective, positivement en exprimant une satisfaction ou négativement en énonçant le rejet de quelques choses. En psychologie génétique et cognitive, les travaux de J. PIAGET sont fondés sur des représentations mentales ; ils permettent d’interpréter la manière dont les enfants appréhendent et construisent leurs représentations de l’univers. Ces représentations portent sur des situations d’acquisition et d’apprentissage dont l’action mène vers l’apparition de la pensée sensori-motrice qui représente la première étape de la croissance, et de l’émergence de l’intelligence chez l’enfant. PIAGET différencie trois formes de représentations en rapport avec le niveau de l’abstraction : les représentations liées à l’action, les représentations imagées et les représentations conceptuelles (MORIN, 2012 :42.43). Par contre DURKHEIM (2001 : 16), en sociologie, propose le terme de représentations collectives en le différenciant des représentations individuelles. Ce concept, qu’il soit employé en sciences de l’éducation, en psychologie ou en philosophie, occupe une grande place dans la compréhension et l’interprétation des comportements et des attitudes humaines.

6Le terme « représentation » vient du mot latin « reproesentatio » qui exprime» action de mettre sous les yeux » (MORIN, 2012 :42-43). Le dictionnaire Larousse (2005 :923) renvoie la définition des représentations soit au sens général, soit à la psychologie soit à la philosophie. Ainsi, au sens général, les représentations sont

« une image, une figure, un symbole, un signe qui représente un phénomène, une idée » ;en philosophie, c’est « ce par quoi un objet est présent à l’esprit (image, concept, etc.) » ; en psychologie, c’est « une perception, une image mentale etc., dont le contenu se rapporte à un objet, à une situation ou à une scène du monde dans lequel vit le sujet » COUPE, ( 2010 -2011 : 06).

La définition donnée par le dictionnaire ROBERT (1993 :2171) ne mentionne quant à elle que la représentation au sens psychologique qui renvoie à

« un processus par lequel une image est présentée aux sens par la perception, la représentation d’un objet par le moyen d’une impression... ».

En philosophie, pour LALANDE (1968 : 921-923), la représentation est

« ce qui est présent à l’esprit [...], ce qui forme le contenu concret d’un acte de pensée, l’image d’une chose irréelle, absente ou impossible à percevoir directement » Housset,(2020 : 6-8).

En éducation, LEGENDRE (1993 :1111), définit le concept de représentation des connaissances comme une « expression formelle des connaissances au moyen de figures, d’écriture ou d’un langage particulier ». Cette définition souligne l’importance des représentations cognitives et affectives des enseignants en regard de leur tâche et de leur relation avec l’étudiant. Cette perspective est confirmée par les résultats de l’étude de J.MORIN (2012).

7Les recherches actuelles nous ont permis de dégager la véritable nature des relations existantes et présentes entre les représentations des enseignants et leurs attitudes en classe. Dans les domaines de l’éducation et de la psychologie, on a introduit le concept de représentation cognitive : on appelle « cognitives » des connaissances assimilées grâce aux perceptions et à la conceptualisation ; il s’agit alors d’un processus de transformation permanente par lequel un organisme ou un dispositif acquiert des informations par l’intermédiaire du milieu et tente de les interpréter pour régler son comportement. Quant aux représentations de la cognition, elles correspondent à l’interprétation ou à la représentation de l’état du monde. Par contre, dans les domaines de la didactique et de la pédagogie, les représentations cognitives sont présentées comme constituant le monde intellectuel propre à une personne pour conceptualiser sa pensée (MORIN, 2012 :42-43). Les représentations sont l’un des éléments importants qui agissent sur la prise des décisions et les comportements d’un enseignant lors de la planification et le déroulement de son travail puisqu’il va changer sa conduite selon qu’il a affaire à des élèves forts ou à des l’élèves faibles. Évaluer le processus de la progression et la transformation des représentations cognitives des étudiants peut donc être une bonne technique d’intervention et de remédiation en situation d’enseignement-apprentissage pour aider les apprenants à percevoir le sens des savoirs assimilés et à fixer leurs connaissances.

8Toutes ces définitions de la représentation font référence à la perception. Il semblerait que ces deux concepts soient indissociables car l’une ne peut apparaitre sans l’autre. Cela implique qu’une perception est une représentation de quelque chose mais que l’inverse aussi est vrai. Selon ces définitions, il existe une différence fondamentale liée au sens qui et donné au terme « représentation » par chaque discipline. Pour répondre aux objectifs visés dans cette présente étude, nous maintenons uniquement la signification associée au sens global du concept de représentation. Étant donné la difficulté de donner une seule définition au concept, nous l’avons défini comme suit :

« c’est un processus par lequel une personne perçoit une image, une situation, une idée en fonction de sa propre vision du monde et ses propres expériences ».

Cela nous conduit à exprimer les principaux buts de notre enquête comme suit :

• Connaître les représentations de nos étudiants sur les enseignements-apprentissage assurés en e-learning à propos de ce qu’ils souhaiteraient y trouver et qui serait en accord avec leurs attentes concernant la nature et la qualité des enseignements dispensés en ligne ;

• Connaître dans quelle mesure la qualité des enseignements dispensés en e-learning correspond aux espérances des étudiants de master 2. Et dans quelle mesure ils en sont satisfaits ;

• Connaître les avantages de l’expérience vécue par les étudiants et ses limites pour proposer des solutions pour l’amélioration de la qualité de l’acte pédagogique.

Enseignement/apprentissage à distance en Algérie

9Le secteur de l’enseignement supérieur est doté d’une infrastructure de télécommunication qui relie les établissements universitaires et de recherche entre eux à travers « le réseau national de télé-enseignement ». Ce projet a été initié par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS) en 2003 et a débuté à l’université de la formation continue (UFC) qui a lancé la formation à distance pour tous les cycles universitaires et pour toutes les spécialités dès 2019. Des formations diplômantes de master avaient déjà été lancées en 2017 par l’UFC qui est dotée d’une station de télévision et d’une station de radio pour l’enseignement à distance. Bien que ce projet de télé-enseignement date de 2003, l’utilisation des TICE et leur intégration dans les différents cursus n’ont pas encore atteint les objectifs assignés par manque de personnel qualifié et d’équipements adéquats. L’année universitaire 2019-2020 a été marquée par la pandémie de la COVID-19 et, par suite, par le confinement total ou partiel, ce qui a entraîné l’arrêt total des enseignements dans toutes les universités et les écoles supérieures du pays. Cette situation de crise sanitaire a nécessité de recourir à des solutions reposant sur l’utilisation des TICE pour la continuité des activités pédagogiques qui avaient été suspendues depuis le 22 mars 2020.

10Dans ce cadre, de nombreux travaux de recherche ont mis l’accent sur l’importance qu’occupe l’utilisation des TICE dans l’amélioration de la qualité des enseignements/apprentissages dispensés à distance. Par ailleurs, l’apparition de l’aspect interactif du e-learning a posé le problème de la faisabilité logistique pour le respect de l’égalité des chances pour l’accès aux enseignements à distance. C’est ainsi que la disponibilité du matériel informatique et de la connexion Internet ont été au cœur des préoccupations des chercheurs. Cependant, l’utilisation intensive des réseaux sociaux et l’évolution rapide des technologies du web ont permis d’introduire de nombreuses formes d’apprentissage collaboratif et de mettre les connaissances à la disposition de l’ensemble des apprenants (GILLES et al., 2018). Les TICE peuvent être définies comme une application pédagogique qui concerne les démarches, les approches, les méthodes, les procédés et les techniques d’enseignement- apprentissage spécifiques aux actions pédagogiques intégrant l’usage des outils numériques. Le e-learning, quant à lui, désigne généralement tout processus d’enseignement aux apprenants qui résidant dans des zones éloignées. Il leur permet de gérer l’espace et le temps d’une manière souple dans l’exécution des activités pédagogiques qui leur sont proposées, et ce quelque soit le lieu où ils se trouvent. Ce type d’enseignement a connu un nouvel élan avec l’avènement de nouvelles technologies informatiques ; conséquence de cela, les formes traditionnelles d’enseignement à distance basées sur la diffusion de documents écrits ont disparu peu à peu, faisant du e-learning le seul type d’enseignement-apprentissage à distance. A noter cependant que l’enseignement en ligne commence d’abord par une formation à l’apprentissage à travers une plateforme numérique, via un ordinateur connecté à Internet. Bien que l’enseignement en ligne concerne l’envoi de cours directement aux apprenants avec des moments d’échanges avec les enseignants en interactivité, les cours sont sauvegardés pour être relus par les apprenants à tout moment sur une plateforme numérique dédiée à l’enseignement/apprentissage en ligne. Cette plateforme constitue ainsi une base de données à propos de nombreux modules pédagogiques classés selon le niveau d’étude et la spécialité.

11Ces cours directs sont souvent renforcés par des cours préenregistrés, visualisables à tout moment de la semaine (TAG, A-M, 2019 : 172-173). De plus, il existe une formation hybride (blended learning) qui combine les méthodes d’apprentissage classiques et celles issues du e-learning. Entre les sessions, les apprenants avancent à leur propre rythme grâce à des modules associant révision des cours et exercices en ligne. L’enseignement à distance fonctionne comme un système formel d’apprentissage reposant sur un dispositif de formation et un ensemble de moyens matériels et humains ; il constitue une forme de socialisation particulière destinée à faciliter le processus d’apprentissage. BLANDIN (2001) affirme que, dans la communauté d’e-learning à distance, les apprenants jouent un rôle primordial dans le processus. En effet, le rôle principal de l’enseignant consiste à concevoir des cours et à définir les besoins des apprenants ; il se limite à guider les apprenants au cours de l’apprentissage et du déroulement des enseignements. De plus, l’e-learning fait appel à des groupes de personnes qualifiées en tant concepteurs de formation en ligne ; leur rôle est de déterminer les objectifs, les contenu, les systèmes de prestation ainsi que les modes d’interaction et d’évaluation. Il s’agit en réalité d’une équipe composée de personnes expertes en la matière (éducateurs, concepteurs pédagogiques et personnels de production) qui conçoivent l’environnement cybernétique et numérique adéquat pour un enseignement et un apprentissage plus efficaces.

12L’enseignement à distance offre souplesse et flexibilité ; il permet ainsi de s’adapter aux besoins, au niveau et à la disponibilité des apprenants. Il garantit aussi un libre choix des contenus de la formation, de la discipline et du type d’apprentissage. De plus, il offre la possibilité d’assister aux cours à partir de n’importe quel endroit ; l’apprenant peut se déplacer tout en étant sûr d’y accéder à tout moment. D’autre part, la bonne gestion de l’enseignement/apprentissage en ligne dépend de l’organisation du dispositif de formation ou d’enseignement à distance ; cette organisation représente est un véritable enjeu pour le formateur, le pédagogue, l’enseignant et l’étudiant. Aussi l’accompagnement des étudiants dans un contexte d’enseignement à distance est-il différent du tutorat ou de la médiation dans un contexte d’enseignement en présentiel. L’apprenant est en face d’une situation d’auto-formation ; il apprend en toute autonomie et il évolue à son propre rythme. Par ailleurs, si l’apprenant se trouve dans l’incapacité d’assimiler les cours de manière autonome, il peut faire appel à un tuteur dans un cadre synchrone en se connectant sur la plateforme à une date et une heure précises à des classes virtuelles ou en envoyant un courrier électronique ; il peut bien sûr combiner ces deux possibilités. Ce mode d’apprentissage est appelé « blended learning ».

Déroulement de l’enquête : échantillon enquêté et méthode de recherche

13L’École Normale Supérieure de Bouzaréah (ENSB) a lancé la formation en ligne au mois d’avril 2020pour les étudiants des différentes filières en raison du confinement imposé par la pandémie de la COVID-19. À l’achèvement des cours suivis à distance et en vue d’évaluer les enseignements/apprentissage en ligne, nous avons soumis le 19 mai 2020 un questionnaire en ligne aux étudiants de master 2 en sciences de l’éducation inscrits à l’ENSB et qui avaient suivi des enseignements en ligne via l’outil Google Classroom. Notre objectif était d’évaluer la qualité des enseignements/apprentissage en ligne, de pallier les difficultés rencontrées par les étudiants et de proposer des solutions pour améliorer l’acte pédagogique afin d’amener les étudiants à mieux accepter ce type d’enseignement et de les aider à obtenir de meilleurs résultats dans leur apprentissage. Notre étude se veut essentiellement comme une approche préalable de la question dans la mesure où elle vise à formuler des interrogations et à suggérer des hypothèses pour de futures recherches qui pourraient confirmer nos résultats. Le questionnaire adressé aux étudiants nous a permis de proposer une première description et une analyse des données récoltées.

14Pour atteindre notre objectif, nous avons recueilli les réponses d’un échantillon constitué de 13 étudiants parmi les 29 qui constituent la promotion d’étudiants inscrits en master 2 option sciences de l’éducation pendant l’année universitaire 2019-2020. Ces étudiants ont suivi une formation en ligne via Google Classroom ; ce sont des enseignants de collège ou de lycée. Leurs réponses nous ont permis de noter leurs représentations quant à la qualité des enseignements dispensés à distance. Notre questionnaire est composé de 14 questions concernant les domaines suivants (voir tableau n° 1) :

• La qualité des contenus des cours (questions1 et2) ;

• La qualité du feed-back en ligne (questions 3et 4) ;

• La diversité des supports et leur utilité quant au travail sur les objectifs pédagogiques (questions 5, 6 et 7) ;

• La préférence pour le cours en présentiel ou le cours en distanciel (questions 8 et 9) ;

• Le mode d’évaluation des travaux dirigés (question10) ;

• L’interaction, la stimulation et la motivation de l’étudiant par l’enseignant (question11) ;

• L’importance de l’expérience de l’enseignement/apprentissage à distance vécue par l’étudiant (questions 12 et 13) ;

• Les difficultés rencontrées et les propositions pour améliorer la qualité des enseignements/apprentissages à distance (question 14).

Résultats et discussion

Analyse du paramètre relatif à la qualité de cours et aux contenus

15Question n° 1 : Comment avez-vous trouvé la qualité des cours dispensés en ligne ?

3.60 % des étudiants ayant répondu au questionnaire pensent que la qualité des cours dispensés était plutôt bonne ; 18.20 % d’entre eux l’ont trouvée excellente et 9.10 % l’ont trouvée bonne ou acceptable. Toutefois, aucun étudiant (zéro %)n’a trouvé la qualité des cours en ligne mauvaise ou faible.

16Question n° 2 : Avez-vous trouvé les contenus enseignés appropriés aux modules ?

81.8 % des étudiants ayant répondu au questionnaire trouvent que les contenus enseignés sont appropriés aux modules ; 9.1 % d’entre eux trouvent que ces contenus sont rarement appropriés ou parfois appropriés (9.1 %). Par contre, aucun étudiant (zéro %)n’a trouvé que les contenus enseignés ne sont jamais appropriés aux modules.

Analyse du paramètre relatif à la qualité du feed-back et la présence de l’interaction

17Question n° 3 :Trouvez-vous qu’il y a un feed-back et une interaction positive entre vous et votre enseignant ?

72.7 % des étudiants pensent qu’il y avait toujours un feed-back et une interaction positive entre l’enseignant et les étudiants ; 18 % d’entre eux ont estimé qu’il y avait rarement un feed-back et une interaction positive entre l’enseignant et les étudiants et 9.1 % des étudiants trouvent qu’il y avait parfois un feed-back et une interaction positive. Toutefois, aucun étudiant (zéro %) ne signale qu’il n’y avait jamais de feed-back ni d’interaction positive entre l’enseignant et les étudiants.

Analyse du paramètre concernant la diversité des supports pédagogiques et leur utilité dans la réalisation des travaux et la compréhension des contenus

18Question n° 05 : Trouvez-vous qu’il y a une diversité des supports pédagogiques en ligne ?

72,7 % des étudiants ayant répondu au questionnaire trouvent qu’il y avait toujours une diversité de supports pédagogiques ; 9.1 % d’entre eux pensent qu’il avait parfois ou rarement une diversité des supports pédagogiques en ligne et 9.1 % des étudiants estiment qu’il n’y avait jamais de diversité des supports pédagogique en ligne.

19Question n° 6 : Avez-vous trouvé que la diversité des supports pédagogiques vous a aidés et vous a facilité la réalisation de vos travaux en ligne ?

72.7 % des étudiants ayant répondu questionnaire trouvent que la diversité des supports pédagogiques en ligne les a toujours aidés et leur a facilité la réalisation de leurs travaux ; 18.2 % d’entre eux ont trouvé que la diversité des supports pédagogique en ligne les a rarement aidés et leur a rarement facilité la réalisation de leurs travaux en ligne et 9.1 % des étudiants trouvent que la diversité des supports pédagogique en ligne ne les a jamais aidés à réaliser leurs travaux.

Analyse du paramètre concernant la préférence du cours en présentiel ou du cours à distance

20Question n° 8 :Pensez-vous que le cours en présentiel est meilleur que le cours à distance ?

50 % des étudiants ayant répondu au questionnaire pensent que les cours en présentiel sont meilleurs que les cours à distance ; 20 % d’entre eux pensent que les cours en présentiel sont rarement meilleurs que les cours à distance et 30 % des étudiants estiment que les cours en présentiel ne sont jamais meilleurs que les cours à distance.

21Question n° 9 : Trouvez-vous que les contenus des cours numériques sont beaucoup plus difficilement accessibles au point que vous leur préféreriez les cours en présentiel ?

60 % des étudiants ayant répondu au questionnaire préfèrent les cours en présentiel parce que les contenus des cours numériques sont toujours assez difficiles à comprendre ; 30 % d’entre eux trouvent que les contenus des cours numériques sont rarement difficiles et 10 % estiment que les contenus des cours numériques ne sont jamais difficiles au point de leur préférer les cours en présentiel.

Analyse du paramètre concernant le mode d’évaluation des travaux dirigés en ligne

22Question n° 10 :Avez-vous apprécié le mode d’évaluation des travaux dirigés en ligne ?

50 % des étudiants ont toujours apprécié le mode d’évaluation des travaux dirigés en ligne tandis que les autres 50 % étudiants ont rarement apprécié ce mode d’évaluation.

Analyse du paramètre concernant l’interaction, la stimulation et la motivation des étudiants par l’enseignant au cours de l’enseignement/apprentissage en ligne

23Question n° 11 : Avez-vous ressenti de la stimulation et de la motivation de la part de votre enseignant lors du suivi des cours en ligne ?

63.60 % des étudiants ayant répondu au questionnaire ont toujours perçu un sentiment de stimulation et de motivation par leur enseignant lors du déroulement des enseignements//apprentissage en ligne alors que 36.40 d’entre eux l’ont rarement ressenti.

Analyse du paramètre concernant l’importance de l’expérience vécue de l’enseignement/apprentissage en ligne

24Question n° 12 : Pensez-vous que cette expérience a été bénéfique pour votre formation ?

63.60 % des étudiants ayant répondu au questionnaire pensent que cette expérience a toujours bénéfique, à leur formation ; 18.20 % d’entre eux pensent que cette expérience a été rarement bénéfique et 18.20 % d’entre eux estiment que cette expérience ne l’a jamais été.

25Question n° 13 :Voudriez-vous refaire cette expérience dans d’autres circonstances ?

63.60 % des étudiants aimeraient refaire cette expérience dans d’autres circonstances ; 18.20 % d’entre eux voudraient rarement la refaire et 18.20 % n’espèrent n’avoir jamais à la refaire.

Analyse du paramètre concernant les propositions des étudiants pour pallier les difficultés rencontrées lors de l’enseignement/apprentissage à distance

26Pour la dernière question (Quelles sont vos proposions pour améliorer la qualité de l’acte pédagogique ?), nous n’avons recueilli que 7 réponses contenant les propositions suivantes :

• En raison des possibilités qui ne sont pas offertes à tous, il serait préférable que le cours en ligne soit dispensé en vidéoconférence. Il serait bon aussi d’ajuster le calendrier de la formation et l’emploi du temps aux disponibilités des étudiants et d’être sur le site afin d’enregistrer la présence des étudiants.

• Grâce à cette expérience, les étudiants ont pu mesurer les avantages de ce mode d’enseignement/apprentissage et prendre connaissances de l’étendue de leurs lacunes et des besoins pour transmettre les connaissances et mieux les comprendre. En effet, chaque méthode d’enseignement/apprentissage, qu’elle soit de type classique ou de type enseignement à distance, présente des points positifs et des points négatifs. Afin que l’étudiant puisse mieux comprendre et exploiter l’acte pédagogique par la méthode de l’enseignement à distance, il serait préférable que le message vidéo ou audio permette aux apprenants d’exprimer leurs opinions et leurs pensées car on ne peut pas se passer des discussions spontanées qui sont nécessaires pour approfondir la compréhension des cours.

• L’esprit de l’élève soulève souvent de nombreuses questions et on ne peut pas dire que telles applications aident les élèves à clarifier les choses quand ils restent muets. Les cours présentés de manière théorique ne tiennent pas compte de la réalité pédagogique ; il ne suffit pas de faire de l’apprenant quelqu’un qui ne soit capable que de répéter ce qu’il a vu et entendu à travers les actes pédagogiques qui ont lieu dans les salles de cours.

• Il faut améliorer le flux d’Internet pour accélérer le processus d’interaction en classe, activer la formation des étudiants dans les technologies de l’enseignement électronique et établir des liens avec d’autres universités afin de suivre les développements réalisés ailleurs dans ce domaine.

• Faciliter l’accès aux Internet à tous les foyers pour assurer le succès du processus pédagogique virtuel dans l’élaboration de leçons numériques.

• Communiquer et motiver pour mieux travailler.

• Organiser un suivi pédagogique et une sensibilisation aux TICE.

Discussion des résultats

27L’analyse des données recueillies nous a permis de constater que l’expérience de l’enseignement/apprentissage à distance durant le confinement imposé par la pandémie du Covid-19 a bien révélé les représentations des étudiants de master2 en sciences de l’éducation. Nous avons pu ainsi distingue deux catégories distinctes à travers les opinions exprimées : la première exprime des satisfactions quant à la qualité des enseignements/apprentissage assurés à distance. Les étudiants de cette catégorie ont une vision positive des enseignements/apprentissages assurés à distance, et cela malgré les insuffisances vécues à travers leur expérience. Ils estiment que les enseignements à distance leur permettent d’apprendre de manière autonome en s’appuyant sur l’auto-apprentissage et l’auto-évaluation et en utilisant les différentes techniques de recherche pour exploiter les ressources documentaires disponibles sur le web et accessibles à travers la navigation sur Internet. De plus, ils considèrent les enseignements à distance comme une source de motivation personnelle.

28Par ailleurs, les contenus proposés dans les cours à distance correspondent en majorité aux attentes des apprenants. Ils admettent qu’ils ont acquis des compétences personnelles leur permettant de développer la capacité de reconnaître les points forts et les limites de cette expérience. Plusieurs d’entre eux ont signalé que le faible débit d’Internet constitue un inconvénient majeur qui empêche beaucoup d’étudiants d’accéder aux enseignements/apprentissages à distance. Cependant, la majorité des étudiants pensent que cette expérience était bénéfique pour leur formation mais qu’elle ne peut en aucun cas remplacer l’enseignement en présentiel, riche en expériences interpersonnelles et intrapersonnelles. En effet, dans cette dernière formule, l’étudiant est souvent confronté à des échanges intellectuels et à des débats sans fini sur la connaissance alors que l’enseignement à distance n’offre pas cette opportunité. De plus, les problèmes de connexion – et souvent son absence –font que cet enseignement n’est pas accessible à tous les étudiants, surtout ceux qui résident dans des zones défavorisés, appelées « zones d ‘ombre".

29Nos résultats confirment ceux obtenus par LASSASSI et al. en 2020 lors de l’enquête menée auprès de 200 enseignants qui ont souligné que l’absence de contact entre l’enseignant et l’étudiant représente la principale difficulté dans l’enseignement à distance. De plus, l’absence d’une base de données fiables et tenue à jour sur l’ensemble des étudiants rend leur suivi et leur évaluation particulièrement difficiles. Par ailleurs, l’étude d’OWUSU FORDJOU et al. (2020) a mis l’accent sur l’importance, au plan pédagogique, de la présence de l’enseignant en classe et de la collaboration entre étudiants. L’hypothèse que nous avons formulée et selon laquelle les étudiants de master2 à l’ENSB trouvent que l’interaction entre l’enseignant et les étudiants ainsi que la qualité du feed-back et de l’évaluation des travaux dirigés étaient positives a été confirmée par la réaction de la majorité des enquêtés. Toutefois, l’absence de contact entre l’enseignant et les étudiants, telle qu’elle a déjà été signalée par LASSASSI et al. Reste une contrainte majeure pour le développement d’un tel type enseignement. Cette difficulté serait-elle due au manque de formation des enseignants, à un manque d’engagement de la part des étudiants ou bien seulement à des circonstances défavorables liées à une situation de crise et d’insécurité ?

30Aussi, la majorité des étudiants suggèrent-ils qu’il serait préférable que le cours en ligne soit assuré par visioconférence avec un emploi du temps adapté. Mais ils ont toutefois signalé le problème de la gestion de la présence des étudiants en classe virtuelle. Un tel constat avait déjà été fait par BOURKERMA et ABDI en 2014 qui avaient signalé un nombre important de problèmes observés au niveau des plateformes de télé- enseignement, en particulier le manque de suivi de la part des prestataires de services en plus des dysfonctionnements du matériel, et cela dans plusieurs universités algériennes. Enfin, pour atténuer ces difficultés, les étudiants recommandent d’améliorer le flux d’Internet pour permettre une meilleure interaction en classe virtuelle et de procéder à une formation sérieuse efficace des enseignants et des étudiants aux technologies de communication et d’information liées à l’enseignement à distance. Dans ce cadre, il est souhaitable d’entreprendre une action de sensibilisation pour un meilleur suivi pédagogique de l’enseignement en ligne. Il serait souhaitable aussi que les établissements universitaires procèdent à l’attribution de mails institutionnels aux enseignants et aux étudiants afin de constituer une base de données qui permette un meilleur suivi des étudiants.

31La présente étude s’était fixée comme objectif principal d’évaluer la qualité des enseignements/apprentissages en ligne et de faire un état des lieux de l’enseignement à distance à l’ENSB. Nous avons essayé de recenser les difficultés rencontrées par les étudiants au cours de l’apprentissage à distance, de pallier leurs difficultés et de proposer des solutions pour améliorer l’acte et aider à obtenir de meilleurs résultats dans leur apprentissage. Un questionnaire soumis aux étudiants de master2 dans la filière sciences de l’éducation par l’intermédiaire de Google Classroom nous a permis d’approcher la réalité de l’enseignement à distance à l’ENSB à travers l’expérience vécue par les étudiants et de cerner leurs représentations quant à différents aspects de l’enseignement à distance. Les résultats de notre enquête montrent que le contact direct entre l’enseignant et l’étudiant est beaucoup mieux perçu en situation d’enseignement présentiel car il permet un meilleur partage émotionnel et cognitif. En effet, la majorité des étudiants préfèrent ce type d’enseignement parce qu’il leur permet de comprendre et d’assimiler les contenus plus rapidement et avec moins d’efforts de concentration mentale. De plus, le contact direct avec l’enseignant permet à l’étudiant de poser des questions et de comprendre de manière plus claire les explications de l’enseignant.

32Enfin, l’expérience vécue par les étudiants a montré deux choses. D’une part, ce type d’enseignement occupera une place de plus en plus importante dans leur formation ; il leur a permis d’avoir plus d’assurance en eux-mêmes et les a incités à fournir davantage d’efforts en situation d’autoapprentissage. D’autre part, les difficultés soulignées par les étudiants montrent à quel point l’enseignement à distance est encore insuffisant développé sur les plans psychopédagogique et didactique. Néanmoins, les résultats que nous avons obtenus peuvent être exploités afin d’améliorer l’enseignement/apprentissage à distance ; ils peuvent aider les enseignants à mieux répondre aux attentes des étudiants par l’application de méthodes pédagogiques plus appropriées.