L’auteur tient à remercier tout particulièrement les personnes sans qui ce site n’aurait jamais pu être diffusé : O. Blin (Inrap), P. Cauderlier (Université de Bourgogne), I. Jouffroy (Umr 6565), H. Gaillard-de-Semainville (Université de Bourgogne), A. Larcelet (Inrap), D. Lutignier (Société scientifique de Clamecy), C. Magister-Vernou, S. Mouton-Venault (Inrap), C. Vernou (Musée archéologique de Dijon), ainsi que les membres de l’équipe archéologique de l’Inrap et du Sra de Dijon.

1Découvert par photographie aérienne en 1998, le site gallo-romain de Chevroches (Nièvre) a fait l’objet de sondages et d’une fouille en 2001-2002. Les investigations ont montré qu’il correspond aux îlots d’une agglomération secondaire jusqu’alors ignorée, implantée au milieu du premier siècle de notre ère et abandonnée au début du v^e siècle. Sa surface totale n’est pas connue, mais au moins cinq îlots, délimités par des voies et des ruelles, ont été identifiés sur plus de 14 500 m². Enfin, la découverte d’objets singuliers durant la fouille donne un caractère exceptionnel au site de Chevroches.

2L’article qui suit privilégie les dynamiques d’urbanisation de cette agglomération secondaire en essayant de répondre à certaines questions qui se posent à l’issue de huit mois d’études sur le terrain : quelles ont été les motivations de l’implantation de ce site gallo-romain ? Peut-on cerner des dynamiques urbaines de développement ? Comment caractériser leur impact sur l’évolution de l’urbanisme et de la topographie urbaine ?

Le cadre de l’opération archéologique

3La commune de Chevroches se situe dans le département de la Nièvre, à 3 km au sud-est de Clamecy (fig. l). Elle présente sur son territoire deux formations naturelles particulières. Au sud, l’Yonne a laissé un méandre fossile dont le caractère exceptionnel a permis son classement en 1989 au titre de la loi de 1930. Au nord, un promontoire rocheux domine la plaine alluviale et le village.

4Un village de vacances d’une superficie de 12 ha sera bientôt implanté sur toute la moitié nord de cet éperon.

5Outre une occupation du Néolithique moyen (dont un mégalithe et un rempart qui barre l’éperon d’est en ouest), ainsi qu’une nécropole du haut Moyen Âge, les opérations de diagnostic et de fouille (5 000 m2) ont mis au jour en 2001-2002 un important site gallo-romain, qui semblait s’étendre depuis le sommet de l’éperon jusqu’à la plaine alluviale de l’Yonne, à l’ouest de ce dernier (fig. 2 et 3).

6Le secteur étudié – micro-région constituée de collines et de plateaux appelée « les Vaux d’Yonne » – est drainé par l’Yonne et ses affluents, dont les deux principaux sont le Beuvron et l’Armance. Le village de Chevroches domine le canal du Nivernais et l’Yonne, qui s'écoulent au pied du promontoire rocheux (fig. 4).

7Un fort contraste existe entre la végétation de la vallée (cultures et prairies) et celle des plateaux boisés. Le fond de la première, orientée nord-sud, est à environ 70 m sous le plateau et se développe sur plus de 500 m de large au droit du hameau de Chantenot, au sud de Chevroches. Il se réduit à 200 m environ vers « l’écluse de la Maladrerie ». L’éperon présente une déclivité assez forte du sud-est vers le nord-ouest. Le point le plus élevé du site se trouve à la cote moyenne de 197 m (Ngf). Le plateau calcaire est bordé à l’est par une falaise abrupte dans laquelle plusieurs cavités sont visibles. Le méandre fossile se situe à quelques mètres au-dessus du niveau actuel de la rivière (fig. 4a). Les alluvions qui se sont déposées ont donné à cette vallée un caractère très fertile ; l’agriculture y est omniprésente. Les mentions les plus anciennes de Chevroches semblent remonter à la période mérovingienne : le premier évêché de Nevers, créé durant la première moitié du vi^e siècle, avait pour limites, au sud-ouest « La Marche » (La Charité) et au nord, Chevroches (Solari 1976). Le nom de Cava Rocca figure également, à la même époque, parmi les points principaux de la frontière entre la Francie et la Burgondie. En 849, l’église de Chevroches est citée dans une charte de l’évêque Hériman. En 933, Raoul, duc de Bourgogne et roi de France, la remet à Tedalgrin, prélat de l’église de Nevers. En 935, le village se nommait Cavoraca, puis Cava Ruppe en 1287. Au xv^e siècle, « Chievroche » appartenait à la famille d’Armes et dépendait de la châtellenie de Clamecy. Le toponyme serait la réduction française du bas-latin Cava Rocca (roches creuses). Si cette étymologie semble acceptable, il reste encore à déterminer s’il s’agit de références à des cavités naturelles (grottes) ou à des carrières gallo-romaines (de Soultrait 1865). L’emplacement de l’église médiévale n’est pas connu. L’église actuelle fut achevée en 1787. Entre 1830 et 1840, le percement du canal du Nivernais donna un formidable essor aux carrières de Chevroches.

Le contexte archéologique

8La configuration particulière du territoire communal a permis une implantation humaine très ancienne. La colline qui surplombe Chevroches forme un éperon facile à défendre, et le rempart néolithique qui le barrait est encore visible. En 1874, des fouilles avaient mis au jour des ossements de chevaux, de hyènes, d’ours et de boeufs primitifs. En 1983-1984, le Groupe nivernais de recherches archéologiques (Gnra) a sondé une cavité nommée « la brèche » de Chevroches. Les prospections au sol menées par ce même groupe en 2000 en bordure sud du village et le ramassage de surface effectué sur l’ancien méandre de l’Yonne ont permis de récolter de nombreux silex attribuables à la période magdalénienne. Depuis le xix^e siècle, plusieurs tumulus ont été découverts au sud, sur la colline située au centre de l’ancien méandre, au lieu-dit « le Breuillard ». Jusqu’en 1998, l’occupation gallo-romaine n’avait toutefois pas été reconnue. Aux alentours de Chevroches et de Clamecy, faute de découverte archéologique tangible, seule une voie romaine était attestée dans le « Bois Fariot ». En revanche, trois grands axes routiers antiques orientés sud-est/nord-ouest, quasiment parallèles, sont relativement bien positionnés (Bigeard et Bouthier 1996). Deux d’entre eux reliaient Autun à Entrains-sur-Nohain par deux itinéraires, l’un traversant le Morvan par Arleuf et Champallement, l’autre sa bordure est, par Saulieu et Clamecy (Aujas 1987). Les fouilles archéologiques entreprises en 2001-2002 par l’Inrap (Devevey 2001) ont mis en évidence la traversée par cet axe de l’agglomération gallo-romaine de Chevroches (fig. 5) située au croisement de l’Yonne et de la voie reliant Entrains à Autun – ce qui lui donnait une position stratégique commerciale importante (Bouthier 1984).

9Le gué qui franchissait l’Yonne reste d’ailleurs en partie visible au lieu-dit « le Pré Ron ». Le site gallo-romain découvert par photographie aérienne en 1998 dans le « Grand-Champ » était par ailleurs connu des exploitants agricoles, dont les charrues raclaient souvent l’arase des murs. La présence du rempart de l’éperon barré, de nouveaux tumulus au nord de la commune et de bâtiments gallo-romains n’a été mise en évidence que très récemment, par le Gnra et l’Inrap.

L’occupation gallo-romaine du i^er siècle apr. J.-C.

10Les traces concrètes d’un début d’urbanisation semblent correspondre à la période tibérienne, selon une trame nord-sud/est-ouest complétée et élargie sous les Flaviens. De ces premières implantations, peu de choses ont subsisté en raison des remaniements postérieurs ainsi que de l’érosion naturelle d’une partie du site.

11Sa topographie présente un aspect particulier, puisqu’elle se développe à la fois sur d’anciennes terrasses de l’Yonne qui surplombent la plaine alluviale actuelle, sur la pente qui descend en direction de la plaine et enfin dans la plaine elle-même. Dès cette période, une trame viaire se dessine et dessert une série de bâtiments.

12Les rues principales 1 et 2, établies à cette époque, seront utilisées durant toute l’occupation antique, avec de régulières recharges et réfections. La rue 1, orientée nord-sud, semble d’abord assez modeste (2 à 3 m de largeur). Elle est installée sur la terrasse supérieure de l’Yonne et les divers sondages et prospections réalisés confirment qu’elle longe en totalité la bordure ouest de l’éperon. Dans sa partie nord, elle paraît rejoindre un axe est-ouest, venant du sommet du plateau et se dirigeant vers l’Yonne. La comparaison de ces données avec celles de la carte archéologique régionale du service régional de l’archéologie (Sra) de Dijon semble indiquer que nous sommes en présence de l’un des tronçons de la voie Autun–Entrains-sur-Nohain, ou du moins sur l’un de ses embranchements directs. Au i^er siècle, cette rue (pour la section fouillée) est bordée par des murets qui stabilisent le revêtement. Une ruelle vient s’y raccorder perpendiculairement et dessert la partie est du site.

13La rue 2 est implantée sur la pente qui relie la terrasse à la plaine alluviale. Durant toute la durée d’occupation du site, son important dénivelé (plus de 8 m de hauteur sur 50 m) n’est atténué qu’en partie. Des tentatives d’aménagements de terrasses artificielles ou d’élargissement ont été entreprises jusqu’au milieu du iv^e siècle.

14Dans la partie plane de la plaine, au nord, les sondages de 2001 et 2002 n’ont pu déterminer avec certitude la présence d’une trame de circulation.

15Au i^er siècle, les techniques architecturales employées font surtout appel aux « traditions indigènes » associant des unités d’habitats sur poteaux ou sur solins, dont toutes les élévations sont en matériaux de terre et de bois (pisé, torchis).

16Les pièces 17 et 19 correspondent à des structures excavées quadrangulaires maçonnées. Dans la pièce 17, des escaliers desservent la structure au fond de laquelle un foyer est installé (fig. 6). Cette pièce se situe dans un petit bâtiment quadrangulaire implanté en bordure de rue et dont le plan a été reconnu grâce à la présence de calages de poteaux. Plus au nord, la pièce 19, partiellement érodée, présente la même configuration.

17Les dimensions relativement réduites de ces structures (4 m² environ) et leur faible profondeur (moins d’1 m) interdisent de les identifier comme des caves. L’hypothèse de celliers ou de garde-manger peut être évoquée. Rappelons que la pièce 17 a livré un foyer, dont le fond était tapissé par une épaisse couche de cendres. Pourrait-il s’agir d’un fumoir ou d’un séchoir, ou bien d’un garde-manger ?

18Implantée à l’intersection de deux rues, la pièce 18 est la structure d’habitat la mieux conservée pour cette phase chronologique. Ses dimensions sont de 10 x 6 m. Elle est divisée en trois espaces, dont celui du milieu comporte un foyer central. Les murs, les cloisons, ainsi que la toiture étaient manifestement constitués de matériaux périssables. Son plan s’apparente au type classique des « maisons augustéennes, ou maisons indigènes », dont les exemples au sein des trames urbaines précoces sont connus dans l’Est de la Gaule à Auxerre (Bolle et Devevey 1992 ; Devevey et Henrion 1994) ou Besançon et perdurent parfois jusqu’à l’extrême fin du i^er siècle. Le mobilier archéologique abandonné dans cette pièce n’est pas postérieur au dernier quart du siècle.

19Au sud-ouest du site, les bâtiments desservis par la rue 2, partiellement conservés, n’ont été reconnus que par des calages de poteaux ou des lambeaux de niveaux de sols.

20Dans la partie nord de l’îlot A, les indices de la période 50/ 90 apr. J.-C. ne sont pas très nombreux, et certains ne sont datés que par la chronologie relative.

21Enfin, la fouille des restes de la pièce 21, en bordure nord de l’îlot A, a mis en évidence la présence d’une activité métallurgique (forge) aux déchets caractéristiques : scories informes rouillées, scories argilo-sableuses et quelques parois de fours. Mais aucune structure directement attribuable à cette activité n’a été conservée.

Les grandes transformations du ii^e siècle apr. J.-C.

22La fin du i^er siècle voit une transformation générale du site qui témoigne d’une romanisation véritable de l’espace urbain avec la création d’îlots.

23Le premier aspect de cette évolution concerne les axes de circulation : bien qu’ils conservent leur orientation d’origine, leur morphologie évolue.

24La rue 1 est élargie de 2 m vers l’est. De ce fait, l’ancien muret qui la bordait est « noyé » dans le nouveau revêtement (fig. 7). De part et d’autre de la voie, de nouveaux murs plus larges sont installés. Le long du mur est, un trottoir est mis en place. Ces remaniements se traduisent par l’abandon des pièces 17, 18 et 19 (fig. 8). La rue 2, décalée de plusieurs mètres vers le nord et élargie, permet ainsi la construction des bâtiments des îlots A et B, desservis par une nouvelle rue (rue 3) bordée de trottoirs et sans doute d’un petit portique. D’autres rues établies au nord du site délimitent deux nouveaux îlots (C et D). Cette nouvelle trame délimite donc des insula dont les constructions présentent de nombreuses similitudes dans le style et dans les techniques employées : moellons équarris, calibrés et montés en opus vittatum ou caementicum, utilisation de tuiles mais aussi (voire surtout) de dalles en calcaire oolithique pour les couvertures.

25Les îlots A et B accueillent des bâtiments quadrangulaires, bordés au nord par ce qui semble un portique (fig. 9). Le grand bâtiment de l’îlot A (31 x 15 m), construit en terrasses, se compose de deux grandes pièces (3 et 8). La pièce 3 est délimitée à l’est par un mur de terrasse au sein duquel un grand escalier était aménagé. Elle est vraisemblablement bordée par un portique dont des fragments de fausses colonnes en mortier, peintes en rouge, ont été retrouvés lors de la fouille. Un ambitus (passage étroit entre deux bâtiments, Bedon, Chevalier et Pinon 1988) permet de rejoindre la rue 2. En contrebas, une autre pièce (8) se développe dans la pente, à l’angle de la rue 3 et du portique de la rue 2. Un escalier fait communiquer les pièces 3 et 8 (fig. 10).

26Les surfaces importantes des deux grandes pièces de l’îlot A (144 m² pour la pièce 3 et 180 m² pour la pièce 8) posent un problème pour la restitution en élévation et surtout celle des charpentes et des couvertures, dont l’existence est au moins attestée pour la pièce 3. Un très grand nombre de tuiles et de dalles sciées a été retrouvé dans la couche d’incendie datée des années 320. La destination de ces deux grandes pièces reste énigmatique pour cette période. En effet, elles ont été utilisées continuellement jusqu’au iv^e siècle et les structures ou niveaux de sols ont été régulièrement renouvelés. La pièce 3 n’a été conservée que sur sa moitié est en raison de l’érosion partielle de la terrasse sur laquelle elle avait été implantée (fig. 11a).

27La mise en place de conduites d’adduction d’eau permet au site d’accéder à un certain confort (fig. 11b).

28De l’autre côté de la rue 3, une maison à deux pièces rectangulaires appartient à l’îlot B, qui reprend la configuration générale du précédent, avec un trottoir le long de la rue 3 et une cour ou un portique le long de la rue 2.

29Au nord, l’îlot C est implanté vers les années 90/100 apr. J.-C. sur les vestiges d’un bâtiment attesté par une cave riche en mobilier repérée en avril 2001 (fig. 12). Cet îlot comporte au moins une maison de 32 m de long par 12 m de large dont les pièces s’ouvrent vers la rue 9 et donnent sans doute à l’arrière sur une galerie bordant une cour. L’une est chauffée par un hypocauste alimenté par une galerie semi-excavée, à laquelle on accède par un petit escalier extérieur (fig. 13a). Apparemment, une seconde habitation se développe dans le prolongement ouest de la première, le long de la rue 9.

30Au sud, de l’autre côté de la même rue, au moins deux structures particulières sont implantées dans l’îlot D. Il s’agit d’un édicule carré au nord et d’un bassin monumental au sud, séparés par un niveau de circulation qui divise l’îlot en deux parties. Ces structures n’ont pas été fouillées. Les dimensions modestes de l’édicule ont permis un décapage en plan, puis un diagnostic approfondi, alors que le bassin monumental n’a fait l’objet que d’un sondage dans sa bordure est. De ce fait, ses dimensions exactes ne sont, hélas, pas connues.

L’édicule de l’îlot D (fig. 13b)

31Bordé au nord par un niveau de circulation est-ouest, l’édicule se compose d’une première maçonnerie carrée de 4,80 m de côté au centre de laquelle se trouve une autre maçonnerie de 1,80 m de côté. Bien que ses dimensions soient réduites, le plan rappelle sans conteste celui d’un sacellum.

32L’angle nord-est comporte un aménagement de seuil constitué de deux dalles de calcaire à la patine d’usure bien visible. La bordure extérieure est faite d’un petit radier très compact de nodules de chaux et de fragments de tuiles.

33De part et d’autre du seuil, le dernier niveau d’utilisation a livré un antoninianus de Tétricus II (271-274) et un nummus de Constantin I (307-327) ou Constantin II (César en 317, Auguste en 337-340).

34Le seuil communique directement, à l’intérieur, avec un niveau de sol bétonné. La disposition de l’entrée dans un angle et non au centre du mur nord peut s’expliquer par des raisons pratiques. La largeur de la galerie intérieure n’est que de 1,05 m. Si l’entrée s’était trouvée au milieu, l’accès aurait été malaisé puisque le visiteur aurait « buté » sur l’autel. Placer l’entrée dans un angle permet d’accéder du côté le plus long de la galerie, ce qui favorise également la pénétration de la lumière (fig. 13c, fig. 14).

35Le remblai d’abandon qui recouvre ce petit bâtiment est composé d’un sédiment argileux comprenant une très grande quantité de nodules de chaux et de fragments d’enduits peints. Une douzaine de clous forgés et de tessons ont été récoltés.

36Plusieurs monnaies ont été découvertes au centre de l’édicule, dans le niveau de fondation. Leur caractère disparate peut s’expliquer par un dépôt à caractère votif :

• 1 denier en argent de Tibère (14-37),

• 1 dupondius de Vespasien ou de Domitien (69-96),

• 1 dupondius de l’empereur Hadrien (117-138),

• 1 sesterce usé de Faustine I sous le règne de Marc-Aurèle (161-180).

37La fondation de cet édicule présente donc un terminus ante quem du dernier tiers du second siècle de notre ère, c’est-à-dire postérieur à la construction des bâtiments des îlots A, B et C. Mais elle a livré aussi un fragment de chapiteau corinthien provenant d’un bâtiment antérieur dont la nature et l’emplacement sont inconnus.

38La présence de petits lieux de culte au sein d’habitats gallo-romains a déjà été notée à proximité de Chevroches. L’exemple le plus proche se situe dans l’Yonne, à quelques kilomètres à l’est, sur le site du « Crot-au-Port », dans la commune de Fontenay-près-Vézelay. L’édicule y est à peine plus grand que celui de Chevroches (7 m de côté pour 5 m à Chevroches) et semble dépourvu de galerie périphérique.

39À l’occasion des fouilles réalisées par l’Afan sur l’autoroute A77, le site de Pannes (Loiret) a livré un sacellum qui présentait de grandes similitudes avec celui de Chevroches : « Ce bâtiment offre la vue d’un carré parfait de 5,75 x 5,75 m. Les dimensions de l’autel font 2 x 2 m […]. Ce petit édifice comprend un autel au centre qui est maçonné à l’aide de matériaux mixtes. »

Le bassin monumental

40Le long de la rue 7, à la limite sud de l’îlot D, un bassin monumental donne au site de Chevroches un caractère tout à fait particulier (fig. 15a, 15b, 15c). Cette grande structure quadrangulaire est en deux parties.

41Une galerie extérieure (connue sur 3 côtés), dont les dimensions estimées sont de 18 m de large par 27 m de long (au moins), encadre le bassin proprement dit dont la largeur est de 10 m pour une longueur estimée de 20 m. Vu en coupe, le mur est de la galerie délimite une sorte de terrasse : à l’extérieur de la structure, le niveau de circulation correspond à celui des rues 7 et 8, c’est-à-dire qu’il est de plain-pied avec elles. À l’intérieur en revanche, il se situe à 1,30 m environ en contrebas. Il était pavé à l’origine de carreaux en schiste noir d’Autun ( ?), dont deux exemplaires ont été retrouvés. La qualité de la maçonnerie a été particulièrement soignée. Les murs sont montés en opus caementicium, avec des moellons de parement d’un module standardisé, et sont conservés sur dix assises. Cette galerie permettait vraisemblablement de faire le tour du bassin lui-même. L’accès à la galerie interne se faisait dans l’angle nord-est, par un double plan incliné (rampe ?) qui menait aux parties nord et est du bassin. Aucun élément n’a permis de déterminer si cette rampe supportait à l’origine un escalier.

42Le bassin à proprement parler est implanté au centre de la galerie périphérique. Sa profondeur est de 2,20 m environ. La maçonnerie, très différente de celle de la galerie, présente un parement de gros moellons de calcaire liés entre eux par de l’argile crue. L’absence totale de mortier hydraulique rappelle la technique utilisée pour les parements de puits. Le fond du bassin n’a pas reçu d’aménagement particulier et correspond à l’interface entre les limons et le sommet de la roche. De ce fait, il n’avait certainement pas une fonction de citerne.

43Les prospections archéo-magnétiques faites en avril 2004 (Botella 2004) montrent que les berges de l’Yonne étaient certainement plus proches du site à l’époque gallo-romaine que de nos jours, sans qu’il soit pour autant possible de déterminer la façon dont le bassin communiquait avec la rivière. Le creusement du canal du Nivernais au xviii^e siècle et l’absence de fouille exhaustive de cette structure ne nous permettent pas d’avoir de certitudes sur ce point.

44La restitution en élévation reste à ce jour malaisée, dans la mesure où la structure n’a pas été dégagée entièrement et où des remaniements ont été effectués durant les iii^e et iv^e siècles. Sa taille importante incite à restituer une couverture de type portique d’atrium, plutôt qu’un bâtiment fermé qui aurait exigé des murs bien plus massifs. On peut également envisager l’absence totale de couverture (fig. 15d, 15e).

45La présence de ce bassin dans un contexte urbain estunique en Bourgogne, puisque celui d’Escolives-Sainte-Camille, à 10 km au sud d’Auxerre, fouillé de 1955 à 1989 par R. Kapps puis D. Prost, appartient à une vaste villa. Sa fonction reste pour le moment inconnue. S’agissait-il d’un bassin à vocation cultuelle, ornementale, piscicole, voire associant les trois fonctions ? Cette question pourrait presque faire l’objet d’un article à elle seule.

46Le seul équivalent antique du bassin de Chevroches est connu (dans des dimensions plus modestes) sur le site d’Argenton- sur-Creuse (Argentomagus) où il est interprété comme une fontaine publique (Dumasy et Paillet (dir.) 2002).

47À Feurs (Loire), des découvertes récentes ont mis en évidence, à 450 m au sud du Forum, un système de petits bassins dont la fonction reste très imprécise (latrines ?). Un autre bassin gallo-romain a été fouillé par C. Petit (université de Bourgogne) sur le site de Molesme (Côte-d’Or), en bordure de rivière, dans l’environnement immédiat de l’oppidum de Vertillum (Vertault). Son originalité réside dans la présence de grands bâtiments sur poteaux, peut-être à usage de banquets rituels de tradition celtique, mais aussi d’un grand bassin piscicole quadrangulaire coupant le méandre de la Laignes qui s’écoule au pied du site.

48D’une manière générale, le bassin de Chevroches ne peut être rattaché à aucun de ces exemples. Il ne présente pas les caractéristiques d’un captage (il était quasiment vide lors de son comblement), ni celles d’un bassin piscicole (aucun aménagement de niches n’a été observé dans les maçonneries). Enfin, ses dimensions importantes (18 m de large sur au moins 27 m de long) ne peuvent pas le rattacher non plus aux bassins de Feurs ou à ceux de la Bretagne romaine, dont les plans sont carrés et les dimensions plus modestes.

L’apport de la palynologie

49L’étude des sédiments issus du fond du bassin (niveau de limons argileux) fournit des informations importantes sur l’environnement général au début du iv^e siècle.

50L’analyse pollinique d’échantillons prélevés dans une couche de limons contemporaine de son utilisation a révélé une proportion de grains de pollen non négligeable, puisque le résultat du calcul de concentration absolue en donne presque 1 000 par gramme de sédiment. L’échantillon présentait par ailleurs une quantité très importante de micro-charbons, visibles à l’oeil nu.

51Ces résultats indiquent un environnement relativement ouvert, avec un taux quasi identique de taxons arboréens et de taxons herbacés. La forêt environnante est dominée par le hêtre, avec présence discrète du chêne. Les taux de noisetiers et d’aulnes reflètent la végétation locale et l’aulne indique une zone humide ou un cours d’eau proche. Le taux élevé de Tilia, plutôt rare dans la forêt à cette époque, évoque la présence d’un ou plusieurs tilleuls. Les indices d’anthropisation (couvert herbacé important) sont très présents. D’une manière générale, cette étude permet d’entrevoir une ambiance végétale caractéristique des zones urbanisées.

L’organisation urbaine au iii^e siècle

52Au iii^e siècle, la trame viaire est stabilisée au nord-est. Les principales évolutions interviennent au sein de l’îlot A.

53Trois nouvelles pièces construites (1, 2 et 6), viennent empiéter sur une partie du portique qui longeait la rue 2. Elles sont adossées à l’ancien mur de façade de la grande pièce 3. La stratigraphie a montré que ces nouveaux espaces ont été installés concomitamment.

54Afin de rectifier la pente naturelle sur laquelle la rue et le portique avaient été implantés, les bâtisseurs créent deux nouvelles terrasses horizontales.

55La première accueille les pièces 2 et 6. Leur terrassement ne semble pas avoir posé de problèmes particuliers dans la mesure où les différences de niveaux avec les constructions antérieures ne sont pas importantes. Une petite cave est creusée dans l’angle nord-est de la pièce 2 (fig. 16). On y accède par l’intérieur du bâtiment, alors qu’un soupirail donnant sur la rue en assure l’éclairage. La grande pièce 3 communique donc de plain-pied avec les pièces 2 et 7 et par des escaliers avec la pièce 8.

56En contrebas de la pièce 2, le sol de la pièce 1, pour être horizontal, a nécessité une mise à niveau plus poussée de la roche naturelle. Ce terrassement a eu pour premier effet de provoquer une différence de niveau importante entre la pièce 1 et celles qui la surplombent. Le mur de séparation entre les pièces 1 et 6 fait office de mur de terrasse. La seconde conséquence est la mise au jour du niveau de la fondation du mur contre lequel il venait s’appuyer. Afin de cacher ce « défaut esthétique », une couche de mortier de chaux a été appliquée, sans souci manifeste de consolidation...

57Enfin, alors que les pièces 2 et 6 présentent une entrée commune, l’entrée de la pièce 1 est indépendante.

58Ces trois nouvelles pièces sont à vocation domestique, comme l’attestent les céramiques à usage culinaire. Les lacunes dans le recollage des poteries, à l’exception de celles trouvées dans les niveaux d’incendies, sont caractéristiques d’une utilisation régulière associée à un balayage régulier des sols.

59Chevroches au iii^e siècle, ou tout au moins l’îlot A, connaît un fort développement de la métallurgie. Dans la grande pièce 3, des foyers associés à des rejets de forges (battitures, scories) témoignent d’une activité sidérurgique soutenue. Mais ces structures ne nous sont parvenues que partiellement, en raison des aménagements et « nettoyages » qui se sont succédé jusqu’à l’abandon de la pièce vers 320/ 322 (fig. 17). En revanche, deux bases d’enclumes ont été découvertes ainsi que, dans l’angle sud-est, un imposant dallage de 10 m2 dont la fonction exacte est en cours d’étude. Dans la pièce voisine 7, le comblement des fosses de rejets indique une spécialisation dans le travail du bronze (oxydes de cuivre, tôles, scories d’alliages à base cuivre).

60Sans connaître les raisons qui ont poussé les bâtisseurs gallo-romains à implanter des îlots sur une pente importante, il apparaît qu’avec le temps, les problèmes liés au ruissellement des eaux pluviales se sont faits de plus en plus ressentir, jusqu’à engendrer des catastrophes. Ce phénomène a été reconnu en détail dans l’îlot A : afin de pallier les infiltrations devenues récurrentes, un système de drainage a été installé le long de la bordure est des pièces 2, 3, 7, et sans doute au-delà. Cette décision a entraîné le remblayage complet de l’ambitus qui les longeait et qui reliait la rue 2 à l’escalier et à l’entrée de la pièce 3. De ce fait, ils ont été définitivement condamnés. Un drain a été ensuite implanté dans le remblai et un nouveau niveau de circulation mis en place (fig. 18).

61Afin de canaliser au mieux l’eau dans le bas de la pente, il a fallu faire passer le drain en sous-œuvre sous plusieurs murs et lui faire traverser toute la pièce 7.

62L’aménagement défectueux entraîna l’effondrement de tout un pan de mur dans la cave de la pièce 2, d’une portion du drain et des remblais de l’ambitus ! Cette pièce n’a pas pour autant été pas abandonnée. La cave a été, en revanche, définitivement obstruée par des gravats et un nouveau mur rapidement reconstruit. L’espace entre la terrasse et le mur a été comblé, mais le drain n’a jamais été réinstallé sur cette section. Dans l’îlot B, l’agrandissement des bâtiments a supprimé le trottoir de la rue 3.

63L’artisanat du métal, surtout la sidérurgie, se développe dans les îlots A et B : la pièce 2 perd sa vocation domestique et accueille un foyer de forge. Les niveaux d’occupation qui lui sont associés comportent une grande quantité de scories (environ 8 kg), cendres et battitures. Un foyer a été creusé en partie dans la roche, dans le quart sud-est de la pièce. Tout autour, les sédiments fortement rubéfiés dessinent comme une couronne. Le creusement ovale, aux parois verticales et à fond plat, est peu marqué : à peine 6 cm de profondeur, pour une longueur de 0,37 m et une largeur de 0,29 m.

64L’ouverture vers l’alandier est marquée par un rétrécissement du creusement, lui aussi ovale et peu profond, avec un profil en cuvette. À la périphérie, trois trous de piquets coniques étaient visibles. Le foyer et son alandier ont été comblés par une couche charbonneuse riche en déchets : scories en gouttes, calottes et éléments de parois vitrifiées. Le fond du foyer était occupé par une scorie en calotte associée à des gouttes vitrifiées. Le niveau de sol contemporain de cette structure a livré des charbons de bois ainsi que de nombreuses battitures.

65À environ 0,60 m au nord de ce premier foyer, une petite zone rubéfiée (0,60 x 0,32 m), orientée est-ouest, était installée à la surface d’un affleurement rocheux, au milieu du sol de la pièce. Aucun élément de parois ou de scories n’a été trouvé. En revanche, des battitures en plaquettes et en paillettes ont été observées à la fois dessus et autour.

66Dans la pièce 3, de nombreuses « plaques de coulées » pourraient correspondre à une étape de réduction ou d’épuration de la loupe – ce qui pose un véritable problème dans la mesure où elles ne peuvent provenir que de grands bas-fourneaux, c’est-à-dire d’une installation de réduction très importante qui ne peut être implantée au sein d’une agglomération. L’hypothèse d’une activité de réduction aux abords de l’agglomération est d’autant plus envisageable que du minerai de fer sous forme d’oxydes (goethite ?) est présent sur le site.

La décennie de 320 apr. J.-C.

67Dans les années 318-322, un violent incendie a ravagé l’îlot A. Dans la pièce 7, des étagères sur lesquelles reposaient de nombreux vases de stockage produits dans les ateliers de Domecy-sur-Cure, quelques outils de tailleurs de pierres ainsi que du grain, se sont écrasées au sol en brûlant. Rien n’a été récupéré. La grande pièce 3 n’a pas non plus été déblayée. S’il est certain que ces bâtiments sont définitivement ruinés, leur occupation « ponctuelle » est attestée par la découverte de dépôts métallurgiques, parmi lesquels un dépôt monétaire dont l’enfouissement est immédiatement postérieur à l’incendie (voir infra).

68On pourrait croire que l’îlot A a été abandonné après avoir subi les ravages de l’eau, puis du feu, à quelques années d’intervalle. Il n’en est rien, puisque à la suite de cette nouvelle catastrophe un vaste atelier métallurgique (pièce 14) a été implanté en bordure de la rue 2, dans le prolongement ouest de la pièce 1 (fig. 19). D’une surface de 105 m², sa construction a exigé un nouveau nivellement important. Construite dans le sens de la pente, la partie haute de l’atelier est décaissée (le sol, une fois encore se retrouve sous le niveau de la fondation de la pièce 1 !). La zone centrale conserve une partie de l’ancien niveau de circulation et la partie basse a été remblayée sur plus de 40 cm avec d’imposantes dalles en calcaire. Les bâtisseurs en ont profité pour exhausser et élargir la rue 2, y adjoindre un mur sur sa rive nord, et installer une nouvelle conduite d’eau.

69Mais les modifications de l’espace ne s’arrêtent pas là. Bien qu’il soit hasardeux d’y voir une corrélation, l’îlot B a aussi été modifié et, surtout, la rue 3 a été condamnée pour permettre la construction d’un bâtiment carré de 5,50 m de côté, qui se retrouve véritablement « coincé » entre les îlots A et B, et dont la fonction reste inexpliquée (fig. 20). Les habitations de l’îlot C ont aussi été modifiées, l’hypocauste de la pièce 30 entièrement démonté, les pièces cloisonnées et les galeries extérieures supprimées.

70C’est également à cette période que le bassin monumental a été remblayé entièrement après récupération de matériaux. L’étude stratigraphique du comblement, qui représente plusieurs centaines de mètres cubes, montre qu’il a été fait très rapidement. L’accumulation et le pendage des couches donnent une vision claire de la diversité des apports qui ont été déversés à l’intérieur (poubelles, sables, cailloux, terre…). Le mobilier céramique y est abondant et chronologiquement homogène : il est attribuable au milieu du iv^e siècle. L’étude stratigraphique a également montré que, juste avant ce comblement, le bassin n’était plus en service. Les sédiments liés à son utilisation étaient en place et ils n’avaient pas été altérés ou « bioturbés ». Le remblaiement a donc eu lieu rapidement après l’assèchement.

71Le mur est de la galerie extérieure a été conservé pour une raison qui nous est inconnue. Une nouvelle série de bâtiments ont été construits (pièces 40, 41, 42). Faute de temps, ces derniers n’ont pas été fouillés.

72Le sacellum est resté quant à lui en activité, au moins jusqu’à la fin du iv^e siècle, comme l’indique la découverte d’un aes 3 de Valens (371-375 apr. J.-C.) sur le seuil.

73La question qui se pose alors est de déterminer pourquoi le bassin a été abandonné. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées :

• sa fonction n’avait plus lieu d’être ;

• son assèchement peut avoir été involontaire – dû à un manque d’eau, une mauvaise adduction, ou une perte de captage. On l’aurait alors comblé et utilisé l’espace libéré pour construire de nouveaux bâtiments ;

• cet assèchement a pu être volontaire et justifié par un besoin d’espace où implanter de nouveaux bâtiments. Une fouille exhaustive aurait pu apporter bien des réponses.

74Outre une activité traditionnelle de forge, de très nombreux indices laissent penser que des monnaies (minimmi) ont été frappées à Chevroches dans la seconde moitié du iv^e siècle. La matière première était fournie par des réserves de métal. Les archéologues en ont retrouvé trois enfouies dans les remblais de destruction (postérieurs à 320 apr. J.-C.) de l’îlot A.

75La première est un assemblage hétéroclite d’objets et de fragments d’objets en fer et en bronze ; de toutes tailles et de toutes origines, ils étaient certainement voués à la récupération, aux « pièces détachées ».

76La deuxième est un dépôt monétaire qu’il serait abusif d’assimiler à un trésor, puisqu’il est composé à 99 % de monnaies n’ayant plus cours lors de leur enfouissement. Il s’agit ici d’une réserve de métal dont la composition est exclusivement fondée sur des alliages base-cuivre, destinée au recyclage et à la refonte.

77La troisième est, elle, un vrai trésor de quelque 900 monnaies, presque toutes frappées à Chevroches et cachées dans les années 350 – en même temps que les deux autres.

Les trois dépôts métalliques

La cache d’objets métalliques de la pièce 8

La cache Us 1020 a été trouvée dès les premiers jours de la fouille dans une grande fosse creusée à l’angle sud-ouest de la pièce 8, dans les niveaux incendiés vers 320 (fig. A).

Le dépôt se présentait comme un enchevêtrement d’objets de diverses natures et fonctions en fer, bronze ou plomb : outils en état de fonctionnement (compas, marteaux d’orfèvres, ciseaux…), usagés ou cassés ; éléments de construction (agrafes), serrures et clés, éléments de chars, clous, barres de forge… Aucun tri particulier ne semblait avoir été effectué par son propriétaire. L’unique lot correspondait aux clous, qui devaient être, à l’origine, tous réunis dans un sac. Le reste des objets, regroupés dans un grand sac, était sans doute destiné à la refonte ou à la réparation d’autres ustensiles.

Mais, dans cet assemblage hétéroclite se trouvait aussi une stupéfiante calotte astrologique et une garniture de fourreau fabriquée à Aquae Helveticae (actuelle Baden, Suisse) par les ateliers de Gemellianus (voir infra).

Le trésor monétaire de la pièce 8

Ce trésor de 867 monnaies était à l’origine contenu dans une sacoche dont il ne reste aucune trace. Il n’a pas été enfoui mais caché parmi les gravats de la pièce 8.

La monnaie « officielle » la plus récente a été produite à Trèves en 342-343 apr. J.-C. D. Gricourt, numismate chargé de l’étude, a ainsi repéré 73 coins de droits pour 72 coins de revers. Seuls trois autres exemplaires officiels ont été reconnus : le trésor est donc composé à 99,65 % d’imitations. Certains coins sont surreprésentés, ce qui est statistiquement incompatible avec les trésors monétaires « classiques » amassés par des particuliers. De plus, la quasi-totalité des monnaies du trésor Us 1027 ont été frappées à Chevroches : aucune trace d’utilisation n’est perceptible sur plus de 98 % de ces pièces. Elles ont donc été forgées sur place et n’ont pas circulé, ou bien, si elles proviennent d’un autre lieu forcément très proche, elles n’ont jamais été dispersées.

Le dépôt de monnaies de la pièce 3 (fig. B et C)

Le dépôt Us 1028 était caché dans les gravats de démolition de la pièce, contre l’un des murs de l’angle sud-est de la pièce 3.

Le premier objet découvert est une assiette en bronze étamé, complète et intacte, posée à l’envers sur un petit vase en céramique. Ce dernier renfermait 263 monnaies, 3 flancs et une petite applique circulaire à 2 rivets.

Contrairement au trésor précédemment décrit, le lot de monnaies était hétéroclite : quelques sesterces très usés, un denier de Trajan très usé également, des imitations radiées de la fin du iii^e siècle et des nummi au 1/ 96^e de livre. Les monnaies les plus récentes correspondent à ce dernier type et sont à l’effigie de Constantin I ou de Lucinius I. Elles ont été émises par l’atelier de Trèves en 316-317. De ce fait, la composition des monnaies bute sur la réforme de 318 apr. J.-C.

La fouille du dernier niveau de sol de la pièce 3, scellé par sa couche d’incendie, a livré une monnaie qui correspond à un nummus réformé de Constantin II, émis en 321-322 apr. J.-C. Il présente encore la totalité de son argenture d’origine, ce qui signifie qu’il a très peu circulé.

 Cet élément prouve sans équivoque que, au moment de leur enfouissement, plus aucune monnaie n’avait cours. Nous avons donc affaire à une réserve de métal certainement destinée à la fonte et non à un trésor, au sens pécuniaire du terme.

La fin du iv^e siècle : déclin ou transformation ?

78Comme souvent, déterminer les causes et les conditions du « déclin » d’une agglomération antique reste un exercice peu aisé, car ces dernières peuvent êtres multiples. L’exemple de Chevroches est caractéristique de ce problème.

79L’étude de l’abondant mobilier archéologique et des monnaies montre que l’îlot B, puis l’îlot A, sont occupés jusqu’au milieu du iv^e siècle au moins. La céramique y est en adéquation chronologique avec le terminus ante quem de ce secteur, établi par un demi-maiorina de Constance frappé entre 354 et 356.

80À compter du milieu du siècle, les rues ne sont plus entretenues, des fosses dépotoirs et des zones d’épandage y sont implantées, alors même que l’activité métallurgique se poursuit dans l’îlot A. Lorsque celui-ci est abandonné dans le dernier quart du iv^e siècle, personne ne vient récupérer les stocks d’objets en métal ni les deux dépôts monétaires. Faut-il voir là un signe d’abandon rapide, voire « violent » ? La couche cendreuse qui correspond au niveau final d’utilisation de la pièce 14 pourrait en effet résulter d’un incendie.

81Plus au nord, les îlots C et D sont occupés au moins jusqu’au début du v^e siècle. Le mobilier y est caractéristique : mortier en céramique commune sombre et jattes à bords rentrants, fragments de mortiers type Chenet 323a, dont la technique de fabrication (épaisseur des parois et aspect de l’engobe) semble postérieure au milieu du iv^e siècle, mollettes du Groupe 1 de Hübener. Les bâtiments de l’îlot D ont livré du mobilier datable de la seconde moitié du iv^e siècle. Outre les céramiques sombres lustrées, mal connues dans la région mais fréquentes sur les sites tardifs, on peut noter la présence d’un mortier Drag. 45 tardif de Jaulges-Villiers-Vineux, du milieu du siècle.

82La présence d’une amphore africaine de type Keay XXXV B (Laubenheimer 1990), produite après les années 370-380, est particulièrement remarquable, étant donné la rareté de ces productions en Gaule du Nord. Dans ce lot de céramiques, nous pouvons aussi remarquer des jattes produites à Domecy-sur-Cure, ce qui permet d’attester leur production jusqu’au milieu du iv^e siècle au moins. Enfin, le terminus monétaire de ce secteur est donné par un Aes 4 de Théodosien, frappé entre 383 et 402 apr. J.-C. Au-delà, l’abandon semble achevé. Aucune trace de mobilier ou de structure plus tardive n’a été retrouvée sur ce secteur.

L’approvisionnement céramique de l’agglomération de Chevroches (Fig. D)

L’approvisionnement au cours du i^er siècle apr. J.-C. est principalement régional. À l’image des différents sites étudiés dans le Nivernais, les habitants de Chevroches adoptent la vaisselle commune produite à Nevers et Entrains-sur-Nohain (Nièvre). Pendant la première moitié du siècle, ils affirment une nette préférence pour les céramiques fines régionales, dont la Terra Rubra et la Terra Nigra. Seules quelques importations de la péninsule italique marquent le début du règne de Tibère, tandis que petit à petit, les poteries à parois fines des ateliers lyonnais se glissent au sein d’un répertoire largement dominé désormais par les sigillées du Sud de la Gaule (La Graufesenque) et essentiellement voué au service de la boisson.

À partir de l’époque flavienne, un goût prononcé pour les céramiques communes claires entraîne un changement de la zone d’approvisionnement : il correspond à l’activité du centre de production de Domecy-sur-Cure, corrélée à la montée en puissance des productions du Centre Gaule (Delor 2002 ).

L’atelier de Domecy-sur-Cure va alimenter abondamment la région, dès cette période et durant les ii^e et iii^e siècles apr. J.-C., sans subir de concurrence réelle. Les céramiques communes et les amphores vinaires (Gauloises 3 et 4) affluent à Chevroches, comme dans les agglomérations et villae voisines. Ce phénomène s’étend peu à peu à toutes les catégories de céramiques, vaisselle de table comprise, et perdure, pour s’amplifier jusqu’aux premières décennies du iv^e siècle. À cette période, l’activité des potiers de Domecy permet de répondre à la demande locale (amphores, vaisselle culinaire ou vaisselle destinée au service de table ou des boissons…) et ne connaît pas de véritable concurrence de la part des ateliers du Centre ou de l’Est. À la fin du premier tiers du iv^e siècle, l’apparition encore timide mais sensible des productions de Jaulges présentes dans la vallée de l’Yonne (Avallonais, vallées de la Cure, du Serein…) ou d’un groupe rattaché à cette mouvance (les céramiques communes sombres lissées) marque un changement total des courants commerciaux en territoire eduen.

La mise en relief des contextes du Bas- Empire relance les recherches sur le centre de production de Domecy-sur-Cure et ouvre de nombreuses perspectives quant à sa diffusion, à sa chronologie et à la place qu’il occupe au sein d’un territoire déjà bien desservi par d’autres grands centres de productions, dont celui de Jaulges-Villiers-Vineux. D’ores et déjà, une réflexion est ouverte sur l’approvisionnement de l’agglomération galloromaine de Chevroches : tenter de la replacer dans une dynamique économique régionale permettra peut-être de restituer sa place au sein de la civitas des Eduens. Cet exercice demande d’élargir l’enquête aux sites voisins, jusqu’à Escolives-Sainte-Camille (Yonne), qui présente un faciès céramique identique.

Le haut Moyen Âge : rupture ou continuité ?

83L’occupation humaine du plateau de Chevroches ne cesse pas pour autant complètement. Si un hiatus persiste entre le v^e et le vi^e siècle, des mentions anciennes de Chevroches remontent à la période mérovingienne.

84Faut-il y voir une « agglomération » nouvelle, une extension tardive de l’agglomération antique ou bien la survivance de certains quartiers de la ville (Van Ossel 1992) ?

85Dans l’îlot A, des trous de poteaux sont venus couper certains murs, notamment dans les pièces 3, 8 et 14. Si ces structures tardives ne sont pas datées en chronologie absolue, la chronologie relative prouve sans conteste qu’elles ont été implantées sur les niveaux de démolition des bâtiments construits aux iii^e et iv^e siècles. Enfin, le niveau supérieur de destruction de la pièce 3 a livré un élément de vase attribuable sans équivoque à la période du haut Moyen Âge.

86Une série de sondages réalisée au sommet de l’éperon calcaire de Chevroches a révélé en 2001 la présence d’une occupation gallo-romaine (habitat et inhumations d’enfants en imbrices) et surtout celle d’une nécropole mérovingienne dont l’emprise est estimée à plus de 5 000 m² pour environ 200 tombes (sépultures rupestres, en coffres et en sarcophages). Au centre de cette nécropole, un bâtiment quadrangulaire de l’Antiquité tardive ou du haut Moyen Âge a été partiellement identifié grâce à la chronologie relative déduite par l’étude stratigraphique. Ses dimensions ne sont pas connues précisément, mais l’amas de pierres qui le recouvre présente un diamètre de 10 m environ. S’agit-il d’un édifice religieux chrétien ? Orienté sud-ouest/nord-est, il est construit dans un niveau de démolition antique, sur les vestiges d’un bâtiment gallo-romain fortement arasé qui peut correspondre à une memoria ou un fanum. Dans la mesure où la céramique recueillie dans le niveau de démolition est une vaisselle de service, on peut se demander si l’on n’est pas en présence d’un bâtiment public ou d’un quartier d’habitations…, d’autant plus que l’on retrouve l’épandage de cette céramique assez loin de la nécropole. Un autre fait marquant est l’utilisation de grands blocs d’architecture (gallo-romains ?) dans la conception de certaines cuves de sarcophages.

87Dans ce cas, s’agit-il d’une memoria installée dans la pièce d’une habitation antique dont l’architecture persiste après le v^e siècle ? Si un lieu de culte gallo-romain a effectivement existé à cet endroit, il a peut-être généré à l’époque mérovingienne un bâtiment dont les proportions évoquent celles d’un oratoire, d’où la présence de tombes. Quoi qu’il en soit, un groupe humain relativement important était encore (ou à nouveau ?) présent à la période mérovingienne, sans que nous puissions dire à l’heure actuelle où se situait son habitat.

Éléments de réflexions sur le statut de cette agglomération

88Quelles ont été les motivations des gallo-romains pour implanter et développer une agglomération dans ce secteur de la vallée de l’Yonne ? Rappelons qu’a priori il ne semble pas très propice : la plaine alluviale de l’Yonne est certainement inondable et le flanc du plateau relativement abrupt. Trois éléments peuvent expliquer cette volonté : la pierre, l’eau et le feu.

La pierre

89La pierre de Chevroches, dont l’aspect est très caractéristique, a été utilisée à plus de 90 % dans la construction des bâtiments, du i^er au iv^e siècle (les autres matériaux correspondent à du calcaire oolithique tendre et à du schiste noir). Ce constat induit donc la présence de carrières à proximité du site. Rappelons d’abord l’étymologie issue du haut Moyen Âge du nom de Chevroches : Cava Rocca. Plusieurs outils de tailleur de pierres ont été découverts en fouille et appartiennent à un répertoire tout à fait caractéristique de cette activité : pics, polkas, gradines, masses et barre à mine (Larcelet 2004). Cette pierre faisait-elle déjà l’objet d’un commerce, comme ce fut le cas aux xix^e et xx^e siècles ? La reprise de l’activité des carriers à partir du xviii^e siècle a manifestement provoqué la disparition des carrières gallo-romaines.

L’eau

90Comme Mathilde Botella l’a démontré (Botella 2004), les berges de l’Yonne à l’époque gallo-romaine semblent avoir été plus proches du site que de nos jours. La proximité de cette rivière navigable est sans doute l’une des raisons pour lesquelles l’agglomération gallo-romaine de Chevroches s’est développée. Sans que nous puissions affirmer la nature des produits qui transitaient par elle, force est de constater que la voie qui la traversait (rue 1) était un atout supplémentaire, et pourrait étoffer l’hypothèse d’une installation portuaire. Les pièces 8 et 9 pourraient tout à fait correspondre à des entrepôts. Quel rôle pouvait alors jouer le bassin monumental ?

Le feu

91La fouille de l’îlot A (et dans une moindre mesure celle des îlots B et E) a révélé une activité métallurgique particulièrement soutenue à partir du iii^e siècle. Le fer (réduction et forge) ainsi que le bronze ont été travaillés.

92Si la présence de minerai de fer est attestée à Chevroches, il est difficile de déterminer s’il a été exploité, ni à quelle échelle. Les très nombreux fragments de plaques de coulées retrouvés dans l’un des ateliers ne peuvent provenir que d’un bas fourneau de réduction important, mais ils restent à étudier et à interpréter. Leur présence dans un habitat est en tout cas tout à fait inhabituelle. Rappelons qu’à moins de 10 km à l’est, un vaste centre de réduction (et d’extraction ?) du minerai de fer a été partiellement reconnu dans les années 1960 par l’abbé Lacroix (Collectif 1989). Mais en l’absence d’analyses métallographiques sur les échantillons de Chevroches, il restera difficile de déterminer l’importance réelle de l’activité de réduction du minerai de fer (Guillaumet 1996 ; Mangin (dir.) 2004).

93En revanche, la production et la réparation (dont le recyclage) d’outils et d’objets divers en métal ont été reconnues et tenaient une place particulièrement importante au sein de l’agglomération, comme à Blessey-Salmaise (Côte d’Or). Si la présence d’une grande quantité d’objets en fer liés à la construction (agrafes, gonds, charnières…) est un phénomène tout à fait classique en milieu urbanisé, celle d’un important lot de pièces rattachées au charronnage est plus singulière (cette activité est aussi particulièrement bien représentée dans les objets en bronze). Faut-il y reconnaître une spécialisation en rapport avec le transit de certaines marchandises par voie routière puis fluviale ? Cet élément n’est pas sans rappeler les agglomérations secondaires de relais ou d’étapes qui étaient installées le long des axes commerciaux.

94La présence d’un nombre non négligeable d’outils de carriers est un autre visage de la production (ou réparation) d’outils en fer. Leur utilisation est justifiée dans la mesure où les pierres utilisées pour la construction des bâtiments de l’agglomération ont une origine locale incontestable. À contrario, il a été noté la quasi-absence d’objets métalliques à vocation agricole ou d’armes (chasse). Ce phénomène se retrouve dans des proportions égales au sein des objets métalliques issus des couches archéologiques et de ceux provenant de l’importante cache mise au jour dans la pièce 8 de l’îlot A.

95Au regard de tous ces éléments, les deux activités principales qui se dégagent sont l’extraction et le transport, l’atelier métallurgique correspondant plutôt à une activité complémentaire pour la fabrication ou la réparation d’outils et de chars.

96La présence d’une énorme quantité de monnaies renforce le caractère commercial du site gallo-romain de Chevroches.

97Le processus de développement de l’agglomération est difficile à cerner, mais quelques points sont éclairés. À l’image de nombreuses agglomérations secondaires comme Auxerre, Malain ou Alésia (Bénard et al. 1994), la phase d’extension des îlots s’opère pendant tout le premier siècle et durant une partie du second. Ensuite, la création ou la modification de bâtiments, la reprise de certaines rues se produisent au sein d’îlots dont la trame reste relativement stable jusqu’au premier tiers du iv^e siècle. À partir des années 320, le phénomène paraît plutôt s’inverser, le maillage viaire n’est plus respecté ou, du moins, il devient moins rigide. Cet aspect est particulièrement visible au niveau de la rue 2, dont l’élargissement vers le nord ne peut s’expliquer que par l’absence (disparition) des bâtiments de l’îlot E. De même la rue 3, qui délimite les îlots A et B, est définitivement coupée. Dans les îlots A et C, les modifications apportées à la topographie urbaine se font en fonction d’évènements « catastrophiques », non planifiés (incendies, effondrements, infiltrations d’eau).

98L’évolution chronologique de Chevroches répond donc à deux facteurs essentiels :

• une dynamique d’urbanisation planifiée, qui correspond plutôt aux phases ascendantes de l’urbanisation, mais également à toutes les modifications relevant d’une gestion réfléchie, à plus ou moins long terme, de la configuration urbaine. Cette dynamique prend également en compte les implantations tardives, sans doute datées du haut Moyen Âge ;

• une dynamique événementielle, qui regroupe les accidents dont l’influence directe ou indirecte est assez forte pour « changer le cours » du développement d’une agglomération : incendies, crues, dégradations climatiques, crises économiques… Mais toute dynamique événementielle n’est pas forcement « négative » et peut au contraire influer positivement sur l’essor économique et urbain d’une agglomération, comme l’a démontré E. Le Roy Ladurie au sujet des changements climatiques (Le Roy Ladurie 2004).

Quelques découvertes gallo-romaines singulières…

Une garniture de fourreau de couteau à décor ajouré fait partie des objets les plus singuliers mis au jour au sein des caches de métallurgistes, dont l’enfouissement est daté des années 350/360 apr. J.-C. (Devevey 2001/2002).

Il ne subsiste que les neuf dernières lettres de la marque de l’atelier : …ellianvsf, mais la lecture ne fait aucun doute, l’inscription complète ayant été reconnue auparavant sur d’autres objets antérieures : aqvis he(lveticis) gemellianvs f(ecit).

Si l’aire de diffusion de ces revêtements en bronze à décor ajouré se situe traditionnellement autour de Baden et sur le limes rhéno-danubien, l’exemplaire de Chevroches en repousse les limites occidentales.

 L’apogée des productions de Gemellianus est estimée à la fin du ii^e siècle, mais la date d’enfouissement du dépôt dans lequel la bouterolle a été trouvée dans un contexte de récupération est bien plus tardive (seconde moitié du iv^e siècle). Elle ne fournit donc pas de précision pour la chronologie du travail de Gemellianus. Pourquoi et comment une bouterolle signée Gemellianus est-elle arrivée à Chevroches ? Si bien des hypothèses peuvent être émises, aucune certitude n’est établie. La plupart des lieux de découverte correspondent à des villes de garnisons romaines – ce qui montre nettement le caractère militaire de l’objet.

La découverte de ce fragment de « garniture de fourreau » enrichit nos connaissances sur les productions si particulières de cet atelier helvète. D’une manière plus générale, il va contribuer à l’étude des courants commerciaux et de leurs ramifications en milieu rural à l’époque gallo-romaine.